SYRIE : L’OPÉRATION HAMILTON,
UNE RÉUSSITE MILITAIRE FRANÇAISE

René Occhiminuti

 

Nous ne revenons pas sur les raisons et les conséquences politiques de ces bombardements réalisés par les armées américaine, britannique et française a la demande de leurs gouvernants, nous nous concentrons sur le rôle des armées françaises (essentiellement armée de l’air et marine nationale).

L’opération menée par les forces armées françaises a été baptisée « Hamilton ».

La France a engagé un dispositif assez complet et complexe :

17 avions — 5 chasseurs-bombardiers Rafale armés chacun de 2 missiles SCALP (Système de Croisière Conventionnel Autonome Longue Portée, d’une portée de 250km), 4 chasseurs d’escorte Mirage 2000-5 de l’Escadron de chasse 1/2 Cigognes, 6 ravitailleurs C 135 FR du Groupe de ravitaillement en vol Bretagne et 2 AWACS E-3F de la 36e EC2A

frégates de premier rang — les FREMM ( Frégates Multi-Missions) Languedoc, Aquitaine et Auvergne, équipées de 3 Missiles de Croisière Navale (MdCN d’une portée de 1000km a la précision métrique), la frégate anti sous-marine Jean de Vienne et la frégate de défense aérienne le Cassard — accompagnées d’un pétrolier ravitailleur, le Var.

La France avait comme objectif deux cibles militaires près de HOMS, un site de stockage d’armes et un site de production. Les anglais visaient une ancienne base de missiles et les américains se réservant des cibles près de Damas avec entre autres un site de recherche.

Le déroulement de l’opération HAMILTON.

Il était prévu deux tirs de trois missiles de croisière navals (MdCN) par les 2 frégates désignées depuis la mer Méditerranée. En fait la première frégate n’a pas réussi à tirer ses 3 missiles, en raison sans doute d’un problème de lanceur. C’est la frégate en second le Languedoc qui a tiré avec succès ses 3 missiles. La frégate en secours ne pouvait pas tirer sa salve de 3 missiles car la fenêtre de tir était fermée. En effet toute la séquence de tirs de l’opération HAMILTON devait se dérouler en une heure et c’était au tour des Rafale d’entrer en action. 

Comme Washington et Londres, Paris a insisté sur l’étroite collaboration qui a permis ces frappes « coordonnées ».

Ainsi un des AWACS français avait la responsabilité de la coordination de l’ensemble des opérations menées par les composantes navales françaises et les composantes aériennes françaises, américaines et anglaises comme cela peut se faire dans des opérations entre alliés au sein de l’OTAN. Les avions français avaient plus de 3500km à parcourir, les chasseurs américains, les 2 bombardiers supersoniques B-1 et les avions ravitailleurs partaient d’Aviano en Italie, tandis que les 4 Tornados britanniques décollés de Chypre.

Parlant d’une « parfaite synchronisation », la ministre des Armées Florence Parly a expliqué s’être entretenue avec ses homologues étrangers toutes les nuits de la semaine précèdent les tirs. Ce qui laisserait entendre que l’opération était déjà en cours de préparation depuis plusieurs jours.

 Cette opération menée par les trois armées a nécessité une coordination très précise, ce qui explique sans doute, le délai entre l’information concernant l’utilisation d’armes chimiques en Syrie, le samedi 7 avril, la réaction des Présidents Trump et Macron du mercredi 11 avril annonçant une réponse militaire et l’opération militaire dans la nuit du samedi 14 avril à 3 heures du matin. Ce délai pourrait avoir permis aux autorités syriennes d’évacuer les cibles potentielles et ainsi, éviter des pertes en vies humaines…

Il est important de souligner qu’il s’agissait de la première utilisation opérationnelle de ce type de missiles par la marine nationale. Ces MdCN sont des missiles dont les caractéristiques sont proches de celles des TOMAHAWKS de portée de 3 à 4000km utilisés par les américains en Lybie en 2011 et qu’ils ont mis en œuvre aussi pour ces frappes. Les Russes viennent de mettre en opération fin 2015 les KALIBRES qui sont aussi des missiles à longue portée. La France est donc le 3ème pays à être opérationnel avec ce type d’armes.

 La première vague de Rafale est partie de la base aérienne 113 Saint-Dizier-Robinson.  La mission durera une dizaine d’heures avec cinq ravitaillement en vol, 3 à l’aller et 2 au retour. Les 5 Rafale tiraient neuf SCALP, une demi-heure après les tirs des frégates françaises. Cependant, à cause de problèmes techniques, un dixième missile SCALP sera largué en mer,

En ce qui concerne les réactions des russes et des syriens, on pourrait penser que les russes prévenus par le Président français avaient mis leur système de défense en veille. La défense syrienne, elle, n’est entrée en action que pour attaquer les missiles, les Rafale étant, après leur tir, déjà hors d’atteinte. En effet ils ne s’approchent pas à plus de 200km de leur cible.

Certains se sont émus de ce qu’ils ont appelé des « couacs » en indiquant que cela n’était pas une « bonne publicité » pour les ventes de nos matériels d’armement à l’étranger.

On peut penser que les missiles McDN ne font pas partis des systèmes d’armes destinés à être commercialisés car ils participent à la défense stratégique de notre pays, qu’ils sont des armes de dissuasion, des outils de suprématie. Le MdCN vise à permettre la conduite d’opérations vers la terre en disposant d’une capacité de frappe dans la profondeur depuis les frégates multi-missions (FREMM) et les sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) Barracuda. La détention de cette capacité contribue à la diversification et à la permanence multi-théâtres des plates-formes de lancement des missiles de croisière.

De plus les objectifs ont été atteint parce que les armées françaises avaient su mettre en œuvre suffisamment de moyens pour faire face aux aléas. C’est le signe d’une bonne qualité de la préparation de l’opération. Certes après ce premier tir opérationnel de MdCN il est nécessaire de bien analyser les raisons du mauvais fonctionnement du système d’arme sur l’une des FREMM.

Ce que les autorités demandent aux armées c’est que les objectifs militaires soient atteints. Malgré la complexité de la mission réalisée en pleine nuit, avec une coordination de nombreux systèmes d’armes (AWACS, FREMM, RAFALE, …), au sein d’une coalition internationale. La marine nationale et notre aviation ont réussi la mission qui leur avait été assignée : atteindre et endommager fortement deux installations militaires près de Homs en Syrie.

 

 Voir le Billet du n°56 « Bombardements foireux en Syrie »

 


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