ATTENTAT À LA PRÉFECTURE DE POLICE DE PARIS : LES CONSÉQUENCES
..
par Xavier Raufer (*)
Criminologue, enseignant
.
Le philosophe Clément Rosset édicta naguère que « la réalité est insupportable, mais irrémédiable ». Nous y voilà !
Le 3 octobre, Mickaël Harpon, fonctionnaire de la préfecture de police de Paris, a poignardé à mort quatre de ses collègues avant d’être abattu par un policier. Le parquet antiterroriste est saisi de l’enquête. Si les informations les plus inquiétantes sont exactes, et rien ne permet d’en douter, la sécurité de la France et des français s’en trouve gravement affectée. Et les dégâts potentiels en sont vertigineux.
Résumons. Un individu, depuis dix ans fasciné par l’islam, converti au radicalisme depuis deux ans peut-être, se retrouve, habilité au secret-défense, niché au cœur informatique d’un service de renseignement, dans une capitale mondiale majeure. Le DRPP (Direction du Renseignement de la Préfecture de Police), de par sa taille réduite, son étanchéité et son esprit de corps, semblait exemplaire à tous points de vue. On ne compte plus les missions ultra-sensibles qu’on lui a récemment confiées. Et voilà cette confiance pulvérisée avec fracas !
Interrogations légitimes
Comment expliquer que les agents du renseignement n’aient pas pu identifier les risques d’un passage à l’acte ? C’est inouï.
Trois pistes cependant. :
1 – Quand vos chefs prônent le politiquement-correct, quand cent stages vantent l’idéal du vivre-ensemble et l’horreur de la discrimination, quand toute blague déclenche la foudre ; s’inquiéter d’un collègue infirme et antillais est très mal vu. Pour preuve, la réaction de l’État : Monsieur Castaner, ministre de l’intérieur, bredouille que tout est normal et une péronnelle de la présidence suggère d’éviter les amalgames. Quand de telles réactions émanent du sommet d’un État pyramidal, sa base évite tout propos malsonnant. Comment lui donner tort ?
2 – On lit que l’assassin était « signalé » depuis 2015. Mais signalé par qui ? Et vers qui ? En 2015, l’ambiance était électrique entre la direction de la DGSI et celle de la DRPP, pour affaires touchant à la Françafrique. Que s’est- il alors passé, ou plutôt, que ne s’est-il pas passé ? Il serait judicieux d’aller y voir de près.
3 – Emmanuel Macron a fondé la coordination du renseignement : bonne chose. Mais depuis, sous l’emprise de la nécessité – protéger le président de ses « affaires »- la coordination semble oublier ses fondamentaux, dont celui-ci : coordonner est bien s’il s’agit d’un tout étanche et cohérent. Sinon, le résultat est brutal. Le protocole de la médecine d’urgence vaut pour le renseignement : toujours envisager le pire. Et si Mickaël Harpon était une taupe islamiste ? Qu’a-t-il transmis et à qui ? A-t-il livré les bases numériques de la DRPP ? Y a-t-il caché un logiciel malveillant, cheminant ensuite, vers où ? On imagine la réaction des services alliés ! Tout ou partie de l’informatique de la DRPP est à revoir.
Dangers certains
.
Connait-on l’ampleur de la radicalisation au sein des services de l’État ? Comment peut-on lutter contre cette menace ? On l’ignore. Pire, on aggrave les choses. Un exemple inquiétant. Pour grappiller quelques sous, le ministère de l’Intérieur externalise la réparation de ses véhicules, camions de CRS, voitures de police, etc. Or, dans leurs garages, les mécaniciens de la police voient les sous-traitants venir chercher les véhicules à réparer. Parmi eux, parfois, des barbus portant au front la zebiba, tache noire du prosterné en prière. Et on leur confie, sans autre forme de procès, les camions des CRS !
On détecte des fondamentalistes sots, trop voyants. Mais de longue date, les durs des Frères musulmans et les salafistes savent se planquer. Leurs militants disposent de fatwas leur permettant de se raser et de porter costume-cravate pour infiltrer les structures infidèles. Dans le monde musulman, quand ils l’ont pu, ils ont ainsi infiltré les centres d’éducation :
Alors que l’on est focalisé sur les « revenants » de Syrie et d’Irak, l’attaque sur la préfecture de police de Paris interroge. La menace vient-elle davantage de vétérans du djihad ou des radicalisés sur le sol français, notamment les convertis ? Le péril de l’État islamique recule, Baghdadi est éliminé, donc la pression diminue. Faut-il pour autant baisser la garde ? Quand on jette une pierre dans un étang, des cercles concentriques se forment à partir du point d’impact. Nous en sommes aux cercles extérieurs. Plus espacés, moins visibles, mais dangereux car plus proches de nous ;
Atlantico est un site d’information français de type pure player, uniquement disponible sur Internet, qui a ouvert le 28 février 2011.
ESPRITSURCOUF parait tous les quinze jours
Prochaine parution le lundi 18 novembre 2019
ESPRITSURCOUF est aussi
IN ENGLISH, AUF DEUTSCH, EN ESPAÑOL, EN PORTUGUÊS IN ITALIANO IN HET NEDERLANDS PO POLSKU NO PYCCKИ
Click HERE
4 novembre 2019 at 9 h 12 min
Rien de bien nouveau. J’étais inspecteur au groupe antiterroriste de RGPP dans les années 75-80 et déjà le laxisme et la lâcheté régnait dans les services. Il ne fallait pas toucher un cheveu des terroristes et le renseignement transmis était non-exploité et rapidement dépassé, ou alors pour éviter de prendre le phénomène de front on s’attaquait à des cas marginaux ce qui évitait une médiatisation de l’action. Il y avait aussi un conflit latent au sein des différentes Direction du Renseignement entre les pro-arabes et les pro-israéliens. Mais je crois que le pire était le carriérisme et la prudence des chefs du renseignement qui conduisait à l’inaction. Les agents de bases eux passaient leur temps à vivre de petites combines et des facilités de l’activité. Il y aurait encore beaucoup à dire mais je pense que j’ai décris le terreau sur lequel a pris racine le mal d’aujourd’hui.