LE SENS
D’UN ENGAGEMENT
par le général(2s) Henri Pinard Legry (*)
Président de l’ASAF
C’est pour remplir leur mission coûte que coûte, celle de libérer et ramener vivants deux otages français, que deux commandos des forces spéciales de notre armée ont été tués dans la nuit du 9 au 10 mai 2019. Ils ont accepté de sacrifier leur vie pour ne pas risquer celle des otages. Il y a là l’expression d’un sens supérieur du devoir que le colonel Arnaud Beltrame incarna avec superbe et que les Français identifient intuitivement et admirent. Ils le mesurent d’autant mieux quand ils comparent le sens des responsabilités et du sacrifice des soldats engagés dans cette opération à l’irresponsabilité égoïste des deux touristes.
En effet, si le soldat estime que sa mission revêt toujours un caractère sacré qui justifie si nécessaire le sacrifice de sa propre vie et celle de ses camarades, le touriste, lui, dans une démarche toujours individualiste, oublie que, s’aventurant dans une zone dangereuse, il constitue une cible monnayable et qu’il engage alors la France, sa Patrie, dont la règle de conduite est de ne jamais abandonner aucun de ses citoyens. Pour tenir cet engagement notre pays met en œuvre toutes les capacités militaires dont il dispose, en acceptant de risquer la vie de ses soldats. Car, par nature, une opération de libération de ressortissants, contrainte par le souci de préserver la vie des otages, est toujours complexe et dangereuse. Elle se déroule souvent de nuit, sur court préavis, dans une zone favorable et sur un terrain connu des ravisseurs qui restent toujours aux aguets.
C’est cette exigence supérieure et permanente qui fait du soldat un citoyen à part au sein de la Nation. L’armée cultive inlassablement des valeurs qui ne s’arrêtent pas à de simples « paroles verbales » ponctuant les discours politiques mais qui sont appliquées au quotidien par les soldats au prix de leur sang. En ces temps de doute et de fragilisation de la société, ces deux commandos de la Marine adressent un message à chacun d’entre nous.
La France est notre Patrie. Nous avons reçu en héritage un pays de liberté. Nous devons le défendre et être prêts, lorsqu’il est menacé comme aujourd’hui et comme ce fut souvent le cas dans son histoire, à nous battre et à nous sacrifier pour lui si nécessaire. La France entretient une armée, mais elle ne peut vaincre que si la Nation tout entière est rassemblée et soutient indéfectiblement ses soldats, marins et aviateurs qui veillent au quotidien et se battent souvent au loin ou dans l’ombre.
La primauté de la communauté nationale
Car, répétons-le, notre liberté, notre sécurité et notre culture sont aujourd’hui menacées. Après avoir vaincu deux totalitarismes en moins d’un siècle, le nazisme et le communisme, notre pays doit en affronter un troisième : l’islamisme. Pour vaincre cette nouvelle idéologie conquérante, le combat qui est engagé exige une nation soudée, une armée forte et une détermination sans faille de tous nos concitoyens, responsables comme anonymes, dans la durée.
En effet, la force d’une nation réside dans les liens qui unissent l’ensemble de ses membres. Les talents de chacun doivent être identifiés puis sollicités et surtout conjugués. L’esprit de corps des unités militaires s’appuie sur ce constat. Du général au simple soldat, tous ont fait le même choix à vingt ans. Si c’est au chef qu’il appartient d’orienter les énergies et les capacités pour permettre à chacun de se dépasser, la victoire demeure toujours collective.
La France et son armée : le lien du sang
Le sacrifice de ces deux officiers mariniers, comme celui du colonel Beltrame et de tous ceux qui depuis des siècles sont morts pour la France, rappelle la force du lien qui attache le peuple français à ses soldats. C’est ce qui explique la fidélité à la cérémonie quotidienne du ravivage de la flamme qui brûle sans interruption depuis 1923 devant le tombeau du Soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe.
C’est aussi, hélas, l’occasion de dénoncer l’incongruité du projet d’empaquetage de l’Arc de Triomphe par Christo en avril 2020. Les réactions de milliers de Français à la suite du sondage lancé par l’ASAF contre ce projet sont unanimes ; tous, jeunes ou anciens, civils ou militaires, jugent insultant ce détournement par un « artiste » en mal de publicité de ce qui est aujourd’hui un sanctuaire national inviolable destiné à rassembler les Français autour des immenses sacrifices de nos soldats d’hier et d’aujourd’hui.
Espérance
Heureusement, chaque événement tragique que notre pays traverse offre aussi l’occasion de montrer que se trouvent en son sein certains de ses fils prêts à mourir pour lui. Même si c’est à bas bruit, une guerre se déroule actuellement. Il importe donc que tous les Français participent au combat et se mettent en ordre de bataille, chacun dans son domaine de compétence et en remplissant au mieux son devoir. C’est seulement à ce prix et dans une unité retrouvée face à un ennemi clairement identifié et désigné que notre pays vaincra et que le sacrifice de ces deux héros français ne sera pas vain.
L’armée, toujours prête à défendre les Français où qu’ils se trouvent et quelles que soient les circonstances, a plus que jamais besoin de sentir le soutien indéfectible de la Nation.
Général (2s) Henri Pinard Legry (*)
Président de l’Association Soutien à l’Armée Française (ASAF)
Il entre à Saint Cyr en 1969, est nommé général de brigade en 1999 et quitte à sa demande le service actif en 2002 pour raisons personnelles.
A sa sortie d’école, il choisit l’infanterie puis est affecté pendant 3 ans dans les forces françaises en Allemagne. Il rejoint ensuite la Légion étrangère qu’il sert en France et en Afrique pendant 11 ans comme chef de section, officier adjoint et commandant de compagnie (1975-1982), chef de bureau opérations (1988-1990) et chef de corps (1993-1995). Il participe également à la formation des élèves officiers à Coëtquidan pendant 2 ans (1982- 1984). Il assume enfin, au sein de l’administration centrale les fonctions de chef du bureau presse du SIRPA de l’armée de terre (1990-1993) et sert à la Direction du renseignement militaire (1996-2001). Au cours de ces deux affectations il sert respectivement en Arabie dans le cadre de l’opération Daguet et en Bosnie. Breveté parachutiste et instructeur commando, il est également breveté de l’Ecole supérieure de guerre (100ème promotion 1986-1988) et auditeur de la 45ème session du CHEM et de la 48ème session de l’IHEDN (1995-1996). Il est en outre titulaire d’un DEA d’histoire militaire et études de défense (université Paul Valéry de Montpellier).
Délégué général des associations de l’Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale (2007- 2010), il est depuis 2009 président de l’Association de Soutien de l’Armée Française (ASAF).
(*) L’ASAF, Association de Soutien à l’Armée Française, est une association loi de 1901 créée en 1983. Elle regroupe tous les citoyens qui estiment que l’armée doit demeurer au « cœur de la Nation », c’est-à-dire une priorité pour l’Etat et une préoccupation pour les Français.
Indépendante de tout pouvoir, sans aucun caractère politique ou syndical, ne sollicitant aucune subvention de l’Etat, elle s’exprime en toute liberté, avec rigueur et sans polémique, dans le seul souci de l’intérêt supérieur du Pays.
Elle compte aujourd’hui plus de 4.000 adhérents, dont 500 associations, qui représentent plusieurs centaines de milliers de personnes. Elle fait partie des « Grandes Instances du Monde Combattant » qui rassemblent les 12 associations les plus représentatives de ce monde associatif, régulièrement consultées par les Autorités Nationales.
Son but est de sensibiliser et d’informer tous les Français sur les questions militaires et de Défense, de défendre l’honneur de l’armée et de ses soldats s’ils sont injustement mis en cause pour des actions ordonnées par les autorités politique françaises, et d’affirmer son soutien envers eux.
L’ASAF, Association de Soutien à l’Armée Française
est répertoriée dans la rubrique « Associations » de la « Communauté Défense et Sécurité » d’ESPRITSURCOUF.fr
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