LA SAGA DU BREXIT

de Jean Dominique Giuliani,
Président de la Fondation Robert Schuman

Après le rejet par les députés britanniques de l’accord de sortie de l’UE négocié entre le gouvernement britannique et la commission européenne, l’incertitude est totale. Personne ne sait exactement ce qu’il va se passer dans les 10 semaines qui nous séparent maintenant de l’échéance prévue du Brexit. Une chose est cependant sure : l’issue du processus aura son importance tant à court qu’à long terme, parce qu’un Brexit sans accord n’est pas du tout la même chose qu’un Brexit avec accord. Patrick Viard explique la différence entre un BREXIT, avec ou sans accord, quelles différences. http://www.cepii.fr/BLOG/bi/post.asp?IDcommunique=646 

Nous avons à plusieurs reprises fait le point sur le BREXIT :

  • Pour lire l’Humeur du 18 septembre 2017 :  “BREXIT : THERESA MAY ENTRE LES LIGNES.“en ligne, cliquez ICI
  • Pour lire l’Humeur du 05 février 2018 : “BREXIT : PARTIR ET RESTER”en ligne, cliquez ICI 
  • Focus du 05 mars 2018 : « BREXIT : TRANSITION MODE D’EMPLOI ». Pour y accéder, cliquez ICI
  • Pour lire l’Humeur du 03 décembre 2018 : “BREXIT BLUES“ en ligne, cliquez ICI

La situation politique inextricable dans laquelle se trouve le Royaume-Uni à propos du Brexit résulte directement de l’incapacité de sa classe dirigeante à trouver une solution au problème qu’elle a créé.
L’élite politique britannique n’est plus ce qu’elle était.
Dès l’origine , le référendum, qui s’est tenu le 23 juin 2016, n’a été qu’un palliatif destiné à résoudre un problème interne au parti conservateur. Diviser à ce point le pays qui a inventé la démocratie parlementaire pour départager des clans  pourrait, historiquement, s’apparenter à un vrai crime.
Dès l’ouverture des négociations de l’accord de retrait, la Première ministre Theresa May a tout fait faux. Traduire les résultats forcément populistes d’un référendum en propositions raisonnables et rationnelles, est vraisemblablement impossible (Qu’on se le dise!). Mais la manière dont elle l’a fait démontre une méconnaissance abyssale des réalités européennes et internationales. En fixant des « lignes rouges »  (sortie de l’union douanière, du marché unique) que personne ne lui demandait, elle se privait de toute marge de négociation alors que la Turquie est en union douanière avec l’Union et que la Norvège a accès à son marché unique!
En partant, flamberge au vent, sans préparation, négocier avec 27 Etats membres rien de moins qu’un divorce après 43 ans de vie et de législation communes, elle surestimait le savoir-faire de ses propres équipes, qui ont littéralement explosé en vol. A la vérité, dans cette négociation, les Britanniques ont été absents, du début à la fin, incapables de mettre sur la table la moindre proposition concrète, alors que l’équipe de négociation européenne, habilement conduite par Michel Barnier, s’est révélée d’une exceptionnelle qualité, rassemblant, comme souvent à Bruxelles, les meilleurs juristes et spécialistes administratifs du monde.
Enfin, plus grave, il aurait certainement fallu tenir des consultations au Royaume-Uni même, au sein du Parlement, pour tenter de traduire dans les faits les résultats confus d’un référendum illisible et établir un consensus minimum sur les souhaits britanniques. Aujourd’hui, nos voisins d’outre-Manche ne savent pas ce qu’ils veulent de l’Europe. Mais ils ne sont même pas d’accord sur ce qu’ils ne veulent pas!
Westminster s’est vengé de cet oubli impardonnable et a sèchement humilié la Cheffe de gouvernement. La Chambre des Communes a repris la main. Elle tentera vraisemblablement d’imposer un report de la date effective du Brexit.

Nul ne sait encore comment elle fera fléchir une Premier ministre décidément bien raide dans ses escarpins, mais les élus voudront certainement s’éviter la dernière grave erreur que serait une sortie de l’Union européenne désordonnée, brutale et sans accord.

Au regard des mois écoulés, pourtant, le risque du pire existe toujours.

 


 
La Fondation Robert Schuman, créée en 1991 et reconnue d'utilité publique, est le principal centre de recherches français sur l'Europe. 
Elle développe des études sur l'Union européenne et ses politiques et en promeut le contenu en France, en Europe et à l'étranger. 
Elle provoque, enrichit et stimule le débat européen par ses recherches, ses publications et l'organisation de conférences.

La Fondation est présidée par M.Jean-Dominique Giuliani.
La Fondation Robert Schuman est répertoriée dans la rubrique THINKTANKS 
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