NUAGES SUR LE BUDGET
DE LA DÉFENSE

Patrick Toussaint

Il ne suffit pas qu’un budget soit voté encore faut-il qu’il soit respecté et c’est un travail difficile qui nécessite une vigilance de tous les instants.

En effet, il y a d’abord le respect de l’équilibre budgétaire du Gouvernement.

Si celui-ci  doit réduire le montant global budgétaire voté,  tous les ministères doivent subir un abattement fondé sur le pourcentage des sommes leur revenant dans le budget initial : c’est le cas actuellement  pour  2.700.000 € au ministère de la Défense.

On voit toute suite l’intérêt porté par le Gouvernement à tel ou tel ministère qu’il peut dispenser, en tout ou en partie de ce gel de crédits et donc la politique du Chef des Armées, le Président de la République, et du Premier Ministre : on connait donc assez bien la politique gouvernementale en matière de défense.

Toutefois, un budget voté par les représentants de la Nation peut parfaitement ne pas être respecté, sous contrôle, a posteriori, des députés et sénateurs ce qui exige de la part des ministères une vigilance constante.

L’exécution du budget des armées montre qu’au 12/10/2016, le total des gels s’élevait à 1.860 milliard d’euros ce qui faisait dire à Monsieur Laurent Collet-Billon (Directeur de la Délégation Générale de l’Armement), le 24/10/2016, que la défense ne pouvait plus payer quoique ce soit car il n’y avait plus de crédits de paiement.

Ce gel se composait pour 800 million de réserve de précaution, 590 million de  crédits ouverts en 2015 , gelés puis dégelés puis gelés à nouveau et pour 470 millions de participation à un projet en faveur de l’emploi (Que venait-il faire là ?).

Ces sommes  furent remises dans le budget fin 2016 mais, en attendant, il y eu des factures qui restaient non payés au  01/12/2016 et des programmes qui ne furent pas ouverts..

En début d’année 2017, furent également gelé 2.700 milliard d’euros soit un chiffre supérieur à l’année précédente que le nouveau Gouvernement a entériné et dans lequel  il y a là encore une réserve de précaution de 800 million d’euros. 

Par ailleurs, dans son discours de présentation  de sa politique, le Premier Ministre a ajouté que le budget des Armées n’est absolument pas arrêté et qu’il participera à l’effort de recherche d’équilibrage du budget général.

On voit ainsi qu’il ne suffit pas qu’un budget soit voté, il faut encore que la Ministre des Armées se batte tout au long de l’année pour le conserver.

Ceci explique que ce soit des femmes accoutumées à la « bagarre » des budgets qui ont été investies successivement car il va falloir que la défense soit bien défendue.

Il n’en reste pas moins que le montant des crédits gelés est très élevé et que le montant des sommes à reporter atteint 50 milliards d’euros, cette fameuse bosse dont tout le monde parle et dont la solution est reportée « ad vitam aeternam ».

Il est donc à craindre que le budget des Armées soit encore l’objet d’un « ajustement budgétaire » à un moment où il est absolument nécessaire que tout soit fait pour donner aux Armées qui ont des besoins criant et urgent.

Patrick Toussaint
09/07/2017