USA-EUROPE
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La dette et les haches
Denis Jacquet (*)
Avocat fiscaliste
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L’auteur, au regard de ce qui prévaut outre-Atlantique, estime que la dynamique argentine et l’influence trumpiste ouvrent la voie à des politiques de réduction drastique des rouages onéreux de l’Etat…y compris en France.
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Le mouvement est lancé. Il est massif. Il est convergent. Il est multiple. Un populisme de droite, anticentralisateur, anti-dette et privilèges, décidé à « dégraisser le mammouth façon puzzle », une façon d’allier la formule qui a valu sa place à Claude Allègre et en référence au maître du mot qui fusille, Audiard. Le mot qui circule est simple, ces technocrates s’engraissent à votre détriment, ils pillent la bête pendant que vous tirez la langue et mangez parfois difficilement à votre faim. Ils donnent à l’Ukraine par milliards et rien pour vous. Ils sont déconnectés ? Alors déconnectons les définitivement afin de les rendre à un emploi enfin utile pour la société. Pour faire simple.
À l’heure des populismes
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Ce mouvement est qualifié de populiste. C’est vrai. Mais nous sommes manipulés par un jargon journalistique et intellectuel (ou pseudo intello) qui aime à labéliser les idées et mouvements qui ne conviennent pas à leur référentiel, celui qui garantit leur situation et leur rente, pour mieux les disqualifier. Ceux qui questionnent les problèmes liés à l’immigration sont forcément des « xénophobes » et bien entendu « d’extrême droite », bien que les barbares les plus dangereux sont pourtant désormais, bien à gauche, et trônent à l’assemblée quand leur place serait ailleurs (20 de leurs élus sont en cours d’instruction pour harcèlement sexuel, d’autres pour apologie du terrorisme raison pour laquelle ils ont voulu amender la loi qui punit ce type de crime ou simplement fichés S..le gratin !!). On appelle cela la LFI. Ils sont membres d’un front dit Républicain, alors que la LFI est tout sauf républicaine, ou alors Républicaine Islamique, tant sa passion pour les frères musulmans la distingue de nombre de forces d’extrême gauche d’autres pays. Ceux qui sont un peu ou beaucoup Souverainistes sont forcément de dangereux « fachistes », ce qui fait rire un homme pourtant de gauche, qui dénonce ces supercheries, le philosophe Michel Onfray. Ce qui est rassurant.
Le problème c’est que les « gens » votent pour eux. Et massivement. Partout. Si l’on faisait un tant soit peu preuve de jugement, de tolérance, ou simplement d’intelligence on devrait quand même se poser la question de savoir pourquoi. Ce ne sont pas de pauvres décérébrés, des inutiles nocifs de droite, qui remplaceraient les idiots utiles de gauche. D’ailleurs, pour ce qui concerne la France, ce sont des ouvriers qui votaient à gauche de père en fils depuis 3 générations et qui votent désormais pour le RN. Ils sont passés d’une force devenue nocive et dangereuse (extrême gauche) à une force devenue puissante malgré son incompétence (extrême droite).
Pourquoi votent-ils ainsi et pourquoi le discours qui s’appuie sur la gabegie, l’anti-centralisme, trouve-t-il aussi facilement son chemin ?
Ils vivent dans des villes petites et moyennes, abandonnées par tous. USA ou Europe, France, même combat. Plus d’entreprises, plus d’emplois, plus d’écoles, plus d’hôpitaux, plus de services publics. Le désert et pas seulement médical. Les communautés de communes et métropole, une supercherie suprême inventée par ceux qui anticipaient la disparition des départements, et l’allègement du mille-feuille administratif à la Française, ont ainsi inventé 2 échelons pour remplacer celui que l’on pourrait leur « voler ».
Ils voient disparaître les derniers emplois qui leur restaient, notamment depuis cette folle politique française du Covid qui vient, comme c’était prévisible (et que j’avais annoncé en 2021), voler la vie, un record en 30 ans, la vie à 40 000 PME, du jamais vu dans notre pays d’origine. Chiffre qui va encore s’aggraver du fait du crime en bande organisée que les députés de la LFI et du RN associés s’amusent à commettre et va coûter des années de croissance à notre pays, avec la complicité d’un PS qui n’a définitivement plus de consistance et de LR abasourdis par sa propre impuissance.
Ils se retrouvent au Resto du Cœur qui devient leur seul espoir de manger à leur faim, des fruits, légumes, poissons, devenus des produits de luxe, grâce, à nouveau à la politique folle d’une partie de l’Europe, des USA, du Canada ou encore de l’Australie pendant le Covid. Les seuls pays qui échappent à ce marasme (ou Etats comme la Floride ou le Texas) sont ceux qui n’ont pas cédé aux sirènes du confinement intensif. Les autres sont au fonds du trou, sans voir sauvé plus de vies que les « non confinants ». Beau résultat !
Toutes ces femmes et ces hommes sont désespérés, et il faut vraiment vivre à NYC ou Paris, pour ne pas le réaliser. Trump, qu’il puisse ou non leur apporter une solution réelle, ou Milei en Argentine, l’ont compris. Et ils ont décidé de leur livrer la bête à dépecer, afin de prouver qu’elle vivait de trop de gras, sans intérêt pour quiconque sauf eux-mêmes. C’est ainsi que le mouvement s’est lancé. Si l’on veut avoir un aperçu de ce que cela peut donner, il faut regarder l’Argentine.
Le bilan argentin : un exemple à suivre pour les Etats-Unis ?
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Les champions du prêt à penser, les olympiens de la bienpensance, se sont empressés de moquer ce terroriste de la dépense publique et ennemi du tout État. Il allait échouer, c’est certain. Les mêmes annonçaient d’ailleurs, en France comme aux USA, la victoire de Harris face à Trump. Avec le succès que l’on sait.
Bilan argentin. État dégonflé. Excédent budgétaire. Inflation passée de 17% à moins de 3%. Du jamais vu en 40 ans en Argentine. Cela questionne malgré des effets à priori temporaire sur la pauvreté. Mais la véritable pauvreté n’est-elle pas de n’avoir aucun avenir ?
La méthode Milei est assez simple et néanmoins différente à certains égards, de la proposition de Trump. Notamment sur le sujet de l’impôt. Milei n’a pas pour méthode, ni pour objectif de baisser massivement les impôts comme Trump l’a fait pendant son premier mandat et pourrait le faire à nouveau. Notamment sur les pourboires, qu’il avait proposé de défiscaliser. Idem sur les cryptos dont Trump veut se faire le champion. Pas de traces identiques en Argentine.
Milei c’est moins d’État. Les agences inutiles, les subventions trop nombreuses, les dépenses non productives, les emplois non justifiés et toujours plus nombreux. Sabrées à la hache. Sans trop d’égard pour les effets sur la pauvreté, mais on ne peut pas guérir tous les maux à la fois. Il est à observer, que la pauvreté semblerait commencer à baisser.
Désormais cela va être le tour des USA. Elon Musk le champion du déshabillage/rhabillage des process, génie de la réussite sur base de coût amoindris et de process super efficaces, va tester sa capacité à faire au niveau d’un État, ce qu’il a su faire brillamment dans ses entreprises. La question reste ouverte. Sa mission c’est essentiellement de mettre fin à la gabegie hallucinante que représente le surpoids de l’État, mais surtout de remédier à son inefficacité. Tout à fait dans les cordes de Musk. Bien entendu, à la dernière minute, il y aura des arbitrages politiques. La décision en politique dépend de nombreux facteurs et souvent l’efficacité n’est pas son critère de choix principal.
La façon de le gérer sur X est d’ailleurs perturbante, mais compréhensible. En annonçant sur twitter les cibles à abattre ou mettre au régime, on rassemble ainsi le camp qui a voté Trump, autour d’une cible terrorisée qui hésitera à se battre aussi ostensiblement pour ses privilèges. On n’imaginait pas, il y a 15 ans qu’une partie de la gestion présidentielle pourrait ainsi se dérouler sur Twitter ou tout autre réseau social plutôt que dans les enceintes de la république ou de l’État. Il y a un côté indécent et un côté intéressant à cette gestion. L’indécence est de gérer des idées et projets en 140 caractères. L’intérêt est de voir comment le monde entier s’est immédiatement mis au garde à vous, ou à minima en ordre de réaction à ces annonces un peu X…
En revanche Musk semble ne plus avoir de limites, et le fait de considérer que le parti allemand (AFD) serait celui sur lequel il faudrait se reposer pour redonner du lustre à l’Allemagne, alors qu’une partie de ses rangs sont des néo nazis, commence à inquiéter à juste titre. Créer un anti-Soros, n’apportera pas plus d’équilibre, il en rajoutera.
Quelle voie pour la France ?
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Il nous faudrait la même chose dans notre bonne République. Cette vingtaine d’agences inutiles que nous connaissons toutes et tous, qui coûtent sans bénéfices pour la nation. Ces agences de santé ARS, dénoncées par tous pour leur inutilité quasi-totale et leurs décisions désastreuses. Les CNIL et autres agences qui, au final, augmentent leur budget chaque année, sans être comptables de leurs résultats.
Ce ministère de l’agriculture qui a vu son nombre de fonctionnaires multiplié par 2 pendant que ses bénéficiaires et ses montants distribués ont été diminués par deux. Plus de 40 000 jobs injustifiables quand des centaines d’agriculteurs à la retraite, qui nous ont nourri, reçoivent eux 600€ par mois et se suicident massivement pour échapper à leur détresse. Et je ne compte pas ces postes fantaisistes (Ségolène Royal ambassadeur pour l’antarctique pour un salaire et des avantages que je n’ose écrire ici par honte pour la France, ou Rama Yade à Washington. Jack Lang à l’institut du monde arabe que la France renfloue.). Les frais des membres du conseil constitutionnel. La retraite des députés obtenues en 2 mandats quand il faut toute une vie pour un salarié du privé, autrement utile à la société. Etc.
Le rapport Perotin, que le gouvernement de l’époque avait interdit d’accès, dénonçait également ces dizaines de milliers de fonctionnaires fantômes, qui en réalité étaient des « syndicalistes » recasés pour s’attirer les faveurs de leur syndicat d’origine qui n’avais pas les moyens de les entretenir. Ils sont toujours là pour la plupart. On pourrait également parler des centaines de fonctionnaires « hors cadres », qui, déplaisant à tel ou tel pouvoir politique, sont mis au « placard », payés à ne rien faire alors que les Consulats et Ambassades manquent de bras pour assumer leurs tâches partout dans le monde.
Mais ce n’est rien à côté de la dérive de la sécu, une santé gérée contre tout bon sens et surtout, surtout, l’inflation des collectivités territoriales, en pleine dérive salariale, multipliant le clientélisme qui ferait rougir Cuba ou certains Etats Africains (et dieu sait que j’aime l’Afrique), de la Mairie de Paris, qui achète sa réélection coup d’emplois « fictifs », destinés à gagner leur vote futur de tous, y compris à droite. La part de ces dépenses dans le budget de l’État a plus que doublé dans les 10 dernières années, représentant une charge in supportable pour l’État.
Tout cela représente une gabegie et aboutit à un millefeuille de type cloaque, qui promettait des regroupements et moins de coûts, et a accouché de poignées d’amour et d’obésité. En effet, le jour où l’on a évoqué la disparition du Département, les Maires des grandes villes et députés (souvent ils cumulaient les 2 fonctions), se sont empressés de créer les communautés de communes et les métropoles, empilant au passage des dépenses pharaoniques supplémentaires.
Il faut, malheureusement, y aller à la tronçonneuse, dégraisser le mammouth, Allègre avait raison, mais il ne fait pas bon le dire en France, mais cela va changer.
Plus vite que nous ne l’imaginons. A suivre.
* Denis Jacquet est diplômé d’HEC (89) et titulaire d’un Maitrise de Droit des Affaires. Il est avocat fiscaliste chez Baker & Mac Kenzie, dirigé par Christine Lagarde. Il est depuis l’âge de 25 ans, Entrepreneur et a développé plusieurs entreprises qu’il a revendues. Il est désormais fondateur et CEO de Top Cream, un service B2B, sorte de Netflix des meilleures conférences mondiales. Par ailleurs, il est chairman (USA) de la principale ONG Sahélienne, SOS SAHEL, dédiée à l’Afrique sahélienne et son développement économique pour le recul du désert. www.sossahel.org. Il est également l’auteur de livres à succès (Ubérisation : Un Ennemi qui vous veut du bien ? (Dunod) et Pourquoi votre prochain patron sera Chinois (Eyrolles). Il est chroniqueur chez Atlantico et un habitué de CNews, Europe1, BFM business, RCF… En 2018, il a fondé le Mouvement Day One (2018), guide mondial pour la vision technologique positive, ainsi qu’une fondation dédiée à l’impact de l’IA sur les jobs et la société, l’observatoire de l’Ubérisation en 2016. Il a été en 2013 l’un des initiateurs du mouvement des Pigeons contre les mesures fiscales de François Hollande et porte-parole des Assises de l’Entrepreneuriat. Son dernier livre, COVID : Début de la Peur, fin d’une démocratie, a été publié, en 2021, aux éditions Eyrolles. |
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