Patrimoine national
L’empreinte de vies

Pascal Le Pautremat (*)
Rédacteur en chef d’ESPRITSURCOUF

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Les 42ème Journées européennes du Patrimoine se déroulent du 19 au 21 septembre. En France, elles se tiennent du 20 au 21 septembre et s’organisent autour de la notion de « patrimoine architectural ».

À l’origine, c’est la France qui lança en 1984, sous l’influence de Jack Lang, alors ministre de la Culture, cet évènement devenu aujourd’hui incontournable. Etabli initialement sur une journée, l’événement culturel s’étend désormais sur un week-end, voire trois jours dans certains pays européens. Et cela fait dorénavant 26 ans que l’on fait état des « Journées européennes du patrimoine ».

À partir de 1999, ce moment fort a su séduire les pays signataires de la Convention culturelle européenne, tant il est destiné à inviter les citoyens de divers pays à découvrir leurs richesses patrimoniales sinon à s’y attarder et à les aborder sous des angles originaux. Que cela s’inscrive dans le cadre d’une convention européenne est loin d’être anodin. Signée en décembre 1954 et entrée en vigueur en mai en 1955, la Convention culturelle européenne a en effet pour objectif « de développer la compréhension mutuelle entre les peuples d’Europe et l’appréciation réciproque de leurs diversités culturelles, de sauvegarder la culture européenne, de promouvoir les contributions nationales à l’héritage culturel commun de l’Europe et ce dans le respect des mêmes valeurs fondamentales en encourageant, notamment, l’étude des langues, de l’histoire et de la civilisation des Parties à la Convention. La Convention contribue à une action concertée en encourageant des activités culturelles d’intérêt européen. »

L’engouement citoyen pour ces journées se perpétue ainsi, s’amplifiant même d’année en année.

Dès les années 2000, la moyenne de fréquentation en France était estimée à une douzaine millions de visiteurs, pour 15 480 sites dont plus de 3 000 ouverts de manière exceptionnelle. En 2010, les Journées européennes du patrimoine (18-19 septembre 2010) avaient pour thème les « Grands Hommes : quand femmes et hommes construisent l’histoire » ; plus de 12 millions de personnes s’étaient alors répartis sur plus de 15 000 sites. Pour 2025, ces jours de sensibilisation devraient attirer près de 20 millions de personnes. En Europe, ce sont quelque 70 000 événements qui sont prévus.

Depuis ces dernières années, au-delà des seules journées du patrimoine, ce sont plus de 46 millions de visiteurs qui profitent annuellement de 1 200 musées de France qui ont ouvert leurs portes, tout comme près de 46 000 monuments historiques répartis entre les DROM-COM (départements et régions d’outre-mer et collectivités d’outre-mer) et l’hexagone, sans oublier les archives nationales, régionales ou départementales, près de 260 « Maisons des illustres », 1 646 architectures contemporaines et des jardins définies comme « remarquables ». Ce à quoi s’ajoutent plus de 6 000 sites classés en péril, dont l’urgence de sauvegarde et restauration est au cœur du Loto du patrimoine, lancé en 2019 pour permettre à la Fondation du patrimoine (1995) de récolter des fonds destinés à financer les travaux.

Avec l’inflation et l’obligation pour nombre de Français de faire des choix en matière de consommation, on observe que plus de 40% d’entre eux tiennent à profiter de la gratuité des espaces dits patrimoniaux. Et les journées dites du patrimoine font évidemment partie de ces moments opportunément visés.

Œuvres d’art, empreintes architecturales des générations passées, vestiges d’époques révolues, lieux marqués par des évènements heureux ou tragiques…L’Histoire laisse une empreinte profonde, plus ou moins oubliée ou méconnue, voire occultée mais que la politique de valorisation du patrimoine tend à rappeler à l’esprit du plus grand nombre.

 

Pour le 264ème numéro d’Espritsurcouf, l’Association Espritscorsaire vous propose, dans un premier temps, le ressenti de Jean-Dominique Giuliani, président de la fondation Robert Schuman, suite à l’accord signé entre Ursula von der Leyen et Donald Trump qui pèse sensiblement en défaveur des intérêts européens : « Trump, l’Europe et son destin : Le réveil ou l’humiliation » (rubrique HUMEURS).

En matière de sociologie, Louise Fisson a réalisé une étude approfondie des violences conjugales au Sénégal, suite à une immersion dans le pays pour étudier au plus près la condition des femmes, en vertu des traditions, des habitudes et de l’influence familiale : « Violence et genre au Sénégal » ? (rubrique SOCIETE).

Corentin Meyer, pour sa part, vous dévoile le deuxième volet de son article consacré au Japon, pays en pleine phase de réaffirmation, faisant valoir ses spécificités culturelles et ses logiques géopolitiques : « Le Japon : une puissance résiliente ? » (rubrique GEOPOLITIQUE).

Dans la rubrique LU, VU ET ENTENDU POUR VOUS, découvrez deux vidéos (Patrimoine culturel et paix  et Europe: Quel avenir pour la Culture ?) revenant sur le thème du Billet : la culture notamment européenne.

De son côté, André Dulou, parachève ce numéro avec sa nouvelle REVUE D’ACTUALITE avec en focus : « un monde de tous les dangers ». L’OTAN, la Russie, l’Iran mais aussi le déséquilibre économique sino-indien outre des questions de Défense et de Sécurité ; autant de points qui y sont mis en exergue.

Côté parution en librairie, nous citerons l’ouvrage collective dirigé par Jean Lopez, consacré à la guerre à l’époque médiévale. Les spécialistes requis embrassent ainsi près de 1 000 ans d’histoire conflictuels, transcontinentale et pluri civilisationnelle du Ve au XVe siècle, en combinant analyses, descriptions et illustrations, avec un souci constant d’une approche pédagogique préservée. Jean Lopez (dir.), La guerre au Moyen-Âge. Paris, éd. Perrin, 2025, 440 pages. (rubrique LIVRES).

Bonne lecture !

Merci pour votre fidélité.

 


(*) Pascal Le Pautremat est Docteur en Histoire Contemporaine, diplômé en Défense et Relations internationales. Il est maître de conférences à l’UCO et rattaché à la filière Science Politique. Il a enseigné à l’Ecole Spéciale militaire de Saint-Cyr et au collège interarmées de Défense. Auditeur de l’IHEDN (Institut des Hautes Études de Défense nationale), ancien membre du comité de rédaction de la revue Défense, il est le rédacteur en chef d’ESPRITSURCOUF.
Son dernier ouvrage « Géopolitique de l’eau : L’or Bleu » est présenté dans le numéro 152 d’ESPRITSURCOUF.