Soudan,
terre maudite

L

Pascal Le Pautremat (*)
Rédacteur en chef d’Espritsurcouf

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Alors que les médias sont massivement focalisés sur la question israélo-palestinienne, et le début du second mandat présidentiel de Donald Trump, il n’est pas porté une attention soutenue au devenir du Soudan, plongé dans une nouvelle phase conflictuelle. L’intensité infernale de celle-ci en fait la crise humanitaire la plus importante au monde, actuellement.

Sous le régime dictatorial d’Omar el Béchir, de 1993 à 2019, le pays avait déjà été dévasté par les tensions cycliques entre islamistes radicaux, au pouvoir, et factions tribales modérés, au Darfour, outre les affrontements récurrents avec les ethnies chrétiennes au Sud. Ce qui avait d’ailleurs abouti, en juillet 2011, à une partition du pays et la création du Soudan du Sud.

Depuis avril 2023, le Soudan a donc basculé dans une nouvelle période effroyable de son histoire, opposant les partisans de deux chefs égocentriques : Mohammed Hamdan Daglo, dit « Hemetti », chef des forces paramilitaires, dont les sbires ont commis de nouvelles atrocités au Darfour, et le général Abdel Fattah Abdelrahman Al-Bourhane, chef des forces armées soudanaises (FAS), qui aurait autorisé le recours à des armes chimiques contre ses adversaires. Les sanctions qui sont renforcées par les Etats-Unis à son égard notamment, ne l’ont pas empêché de faire une vaste tournée en Afrique de l’Ouest et de se rendre ainsi au Mali, en Guinée, en Sierra Leone, au Sénégal et en Mauritanie, sans doute pour chercher à faire réintégrer le Soudant au sein de l’Union africaine, ou à susciter des alliances de circonstances en fustigeant le soutien que le Tchad et les Emirats arabes unis apporteraient à son rival, le général Daglo…

À la mi-janvier, on estimait que les combats avaient causé la mort de plus de 150 000 personnes et obligé plus de 13 millions de personnes à se déplacer pour échapper aux exactions et sortir des zones de guerre. Plus de 3 millions de Soudanais ont fui leur pays pour se rendre notamment au Soudan du Sud, pour 28% d’entre eux, ou au Tchad (plus de 23%). Les moyens du service de santé, les hôpitaux sont inopérants à plus de 80%. Selon les estimations de l’UNICEF, dans l’ensemble du pays, ce ne sont pas moins de 730 000 enfants qui souffrent de malnutrition aiguë sévère (MAS). Quant au Darfour, il est touché par une famine dans sa partie nord ; famine orchestrée notamment pour décimer des ethnies non arabes, par les forces de Daglo alliées aux milices janjawids « les cavaliers de l’Apocalypse » de triste mémoire, qui ont déjà perpétré le pire sous la conduite Omar El Béchir.

Oui, assurément, la malédiction frappe à nouveau ces territoires, soumis à la folie, à l’aveuglement d’êtres immondes.

 

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Espritsurcouf, dans ce N°249, n’occulte pas pour autant les observations que peut susciter l’arrivée au pouvoir de Donald Trump. On sait combien les avis sont partagés. Ici, Denis Jacquet analyse cette nouvelle étape de rupture concomitante à l’urgence de réduire de manière drastique, les dépenses publiques, sur fond d’affirmation d’une volonté d’apporter des réponses fortes à des problèmes de fond.: « USA-EUROPE. La dette et les haches » (rubrique HUMEURS).

Autre facette de l’actualité internationale : la zone caucasienne. En l’occurrence, Paul Charles, propose la suite et fin de son étude consacrée à l’Arménie, par l’interview de l’universitaire Vahram Ter-Matevosyan, expert des questions de géopolitique régionale, de sécurité et de construction nationale dans le Caucase du Sud et l’espace post-soviétique : « La fin de l’équilibrisme arménien ? (2ème partie) » (Rubrique GEOPOLITIQUE).

Avec Alexandre Mirlicourtois, nous vous proposons un focus sur l’un des problèmes majeurs de la réalité socio-économique de la France, à savoir la pauvreté qui ne cesse de s’étendre : Alexandre Mirlicourtois, « Les vrais chiffres de la pauvreté en France » (Rubrique ECONOMIE).

Compte tenu de la situation qui prévaut au Proche-Orient, et notamment autour de la question israléo-palestinienne, nous vous invitons à découvrir l’entretien que Gilles Képel a accordé à Alain Juillet sur le thème « Israël au pied du mur et le bouleversement du monde » (Vidéo GEOPOLITIQUE).

André Dulou, pour sa part, revient avec une nouvelle REVUE D’ACTUALITE pleine d’informations plurithématiques et notamment avec un sujet sensible : « Bruits de bottes » :  réarmons-nous ? »

Enfin, dans la mesure où nous avons à cœur d’attirer votre attention sur des lectures diversifiées, certains seront peut-être tentés de découvrir ou redécouvrir les spécificités de la stratégie russe, avec la réédition de l’œuvre éponyme, d’Alexandre Andreievitch Svetchine : Stratégie. L’ouvrage préfacé par Guillaume Canoy est paru aux éditions de l’Asymétrie, (400 pages, 20 euros., 2024).
Cette œuvre de la théorie militaire soviétique fut initialement publiée en 1926 et foisonne d’enseignements et de retours d’expériences tant d’anciens cadres de l’armée tsariste, ayant participé à la guerre russo-japonaise de 1905, que de ceux qui ont été plongés dans la Première Guerre mondiale comme dans la guerre civile russe. Un précieux document historique (rubrique LIVRES).

Bonne lecture

Pascal Le Pautremat

 

(*) Pascal Le Pautremat est Docteur en Histoire Contemporaine, diplômé en Défense et Relations internationales. Il est maître de conférences à l’UCO et rattaché à la filière Science Politique. Il a enseigné à l’Ecole Spéciale militaire de Saint-Cyr et au collège interarmées de Défense. Auditeur de l’IHEDN (Institut des Hautes Études de Défense nationale), ancien membre du comité de rédaction de la revue Défense, il est le rédacteur en chef d’ESPRITSURCOUF.
Son dernier ouvrage « Géopolitique de l’eau : L’or Bleu » est présenté dans le numéro 152 d’ESPRITSURCOUF.

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