Un 7 octobre…
Il y a un an
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Pascal Le Pautremat (*)
Rédacteur en chef d’Espritsurcouf
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Le 14 mai 1948 était créé l’Etat d’Israël, suscitant déjà un premier conflit d’irréguliers (30 novembre 1947-15 mai 1948,) avant la première guerre d’indépendance (1948-1949) suivie d’une longue période de guerres israélo-arabes, jusqu’en 1973. Depuis, un processus de guerre asymétrique, entre contre-terrorisme et guérilla urbaine, semble s’être pérennisé …Avec en sous-main, l’hypothétique formation d’un Etat palestinien qui, 76 ans plus tard, apparaît encore plus improbable depuis l’attaque massive lancée contre Israël…le 7 octobre 2023…
Le 7 octobre 2024 ; cela fera donc une année qu’Israël a lancé toutes ses forces conventionnelles et spéciales, ses services de renseignement, ses moyens hydrides et électroniques dans une vaste offensive pluridimensionnelle et transfrontalière, pour annihiler, selon une stratégie jusqu’auboutiste, politiquement assumée, mais vivement critiquée, les forces du Hamas, comme celles du Hezbollah. Conjointement, chefs et responsables divers de ces organisations politico-militaires sont régulièrement neutralisés. Et le bras armé d’Israël ne tremble pas.
Bombardements et actions terrestres, avec forces blindées et mécanisées, assassinats ciblés et processus de reconquête territoriale se poursuivent ainsi, pour sécuriser les frontières communes avec Gaza, grignotée au passage, et le Liban, au prix de milliers de morts : plus de 42 000 tués et près de de 100 000 blessés côté palestinien ; plus de 1 500 tués et de 8 000 blessés israéliens, sans compter les morts et blessés au Liban, et des milliards de dollars de destruction. Et rien ne semble empêcher l’Etat de Benjamin Netanyahou de conserver une ligne froide aux conséquences profondément tragiques.
Nous pourrions ici, comme le font moult analystes, dresser des scenarii quant à la suite des évènements, en faisant des hypothèses sur l’avenir. En somme, faire de la géostratégie en bibliothèque, sans émotion, en saluant au passage l’excellence des services israéliens– c’est indéniable – en matière de renseignement et d’attrition des menaces paramilitaires, en soulignant l’état de sidération qui touche le Hamas, comme le Hezbollah et l’Iran…qui, le mardi 1er octobre, a toutefois réagi en lançant près de 200 missiles à destination des villes d’Israël avec, en point de mire, des sites de l’armée israélienne et des services secrets.
C’est surtout une profonde tristesse et lassitude que nous pouvons retenir ici, très largement partagée à travers le monde d’ailleurs, face aux drames humains qui touchent tant de familles…en Israël, comme dans la Bande de Gaza et aujourd’hui, à nouveau, au Liban.
Bien des Israéliens, logiquement, veulent une politique qui corrige les affres de leur sécurité, restée vacillante depuis trop longtemps. Et nombre d’entre eux s’accrochent à l’espérance de revoir leurs proches, retenus en otages…si tant est qu’ils soient encore en vie.
Les Palestiniens, de leur côté, aimeraient légitimement qu’on les reconnaisse à part entière. Et faute d’espérance, ils ont subi – et pour, un certain nombre, adhéré à – ce jeu mortifère des courants panislamiques, paramilitaires, qui n’ont fait qu’aggraver la situation globale, en prônant la destruction d’Israël et l’extermination de sa propre population…
Comment peut-on avoir laissé s’installer sur des décennies, une telle dichotomie relationnelle ? Comment avoir pu passer sous silence, dans les arcanes de la diplomatie, une telle incohérence qui ne pouvait aboutir qu’à un effroyable chaos, après des signes avant-coureurs, au gré des guerres récurrentes, limitées mais finalement sans portée réellement salvatrice ? Les certitudes dogmatiques n’ont que trop duré, tant elles sont contre-productives. Pourtant, elles persistent et semblent conduire cette fois, nous semble-t-il, à une escalade apocalyptique aux multiples conséquences funestes, de manière intercontinentale.
La Communauté internationale semble totalement dépassée et ne sait pas quelle nouvelle mesure adopter. Il est vrai que le chantier est colossal : tout est à redessiner tant les relations internationales sont en pleine mutation systémique.
L’antisémitisme connaît en tout cas un regain effarant, remontant de temps que l’on pensait révolus, avec les mêmes clichés, la même bêtise humaine, voire une ignorance crasse. Quant au panislamisme radical, qui colporte notamment ce même antisémitisme, il continue de tisser sa toile, de promouvoir un fondamentalisme cynique, présentant tactiquement les musulmans comme des victimes, et en favorisant le communautarisme.
Espritsurcouf, pour son présent numéro (N°242) vous propose, dans un premier temps, le second volet de l’analyse de Jérémy Bachelier, quant à la posture de la France dans la région indopacifique, et notamment ses relations avec les pays concernés : « La stratégie indopacifique française » (rubrique GEOPOLITIQUE).
La situation des Etats-Unis interpelle aussi compte tenu, notamment, du retrait progressif de Joe Biden de ses fonctions présidentielles, en raison de ses faiblesses cognitives que son staff n’est pas parvenu à dissimuler plus longtemps. Mais le flou qui entoure aussi l’évolution générale du pays n’invite pas à une analyse rassurante. Vincent Gourvil, à ce titre, nous livre son ressenti : « Chute d’un Président, déclin d’un Empire ? » (rubrique HUMEURS).
Sur fond de commémoration du 7 octobre 2023, Laure Fanjeau offre un focus en lien avec le conflit proche-oriental en vigueur depuis un an, mettant aux prises Israël et ses adversaires directs. Elle propose des vidéos et podcasts, ainsi qu’une veille sur les informations publiées depuis le début du conflit dans la presse (rubrique VIDEOS et dossier VEILLE).
En matière de lecture potentielle, nous vous informons de la parution de l’ouvrage L’armée et l’islam. Enjeux et débats en France du XIXe au XXIe siècle, (aux éditions du Cerf, collection Patrimoine) réunissant les actes du colloque éponyme qui s’est tenu en 2023 à l’Académie des Sciences d’outre-mer, sous la direction de Julie d’Andurain, Jérôme Bocquet et Christian Frémeaux. L’occasion de découvrir ou de se remémorer quelles sont les relations que l’armée française entretient avec les soldats musulmans, depuis le XIXème siècle jusqu’à nos jours, entre valeurs culturelles, attente cultuelle et démarche politique (rubrique LIVRE).
Enfin, nous attirons votre attention sur le Sémaphore, précieux repères pour mettre en lumière, après le discours de politique générale, les questions de souveraineté et de sécurité en France.
Bonne lecture
Pascal Le Pautremat
(*) Pascal Le Pautremat est Docteur en Histoire Contemporaine, diplômé en Défense et Relations internationales. Il est maître de conférences à l’UCO et rattaché à la filière Science Politique. Il a enseig. né à l’Ecole Spéciale militaire de Saint-Cyr et au collège interarmées de Défense. Auditeur de l’IHEDN (Institut des Hautes Études de Défense nationale), ancien membre du comité de rédaction de la revue Défense, il est le rédacteur en chef d’ESPRITSURCOUF. Son dernier ouvrage « Géopolitique de l’eau : L’or Bleu » est présenté dans le numéro 152 d’ESPRITSURCOUF. |
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