L’information sous influence
vidéos, podcasts et livre
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Laure Fanjeau (*)
Responsable recherche / développement et communication digitale d’ESPRITSURCOUF
FOCUS
L’information sous influence
de la manipulation à la lutte …
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Aujourd’hui, l’information circule plus vite que jamais grâce aux réseaux sociaux, sites d’actualités et les plateformes de messagerie. Cette rapidité s’accompagne d’un phénomène inquiétant … celui de la prolifération de contenus trompeurs rendant difficile la distinction entre le vrai et le faux.
Tandis que certains internautes diffusent volontairement de fausses informations (désinformation, malinformation …) pour influencer l’opinion publique ou servir des intérêts personnels, d’autres partagent des contenus erronés sans en connaître la véracité (mésinformation).
Face à cette crise de confiance dans l’information, le fact-checking s’impose comme un rempart essentiel pour rétablir la vérité et promouvoir un débat public fondé sur des faits vérifiables. Comprendre les mécanismes de ces dérives informationnelles et les moyens de les contrer est devenu une nécessité citoyenne.
Des termes clés à connaitre
- Désinformation
La désinformation repose sur une intention délibérée de tromper. Il s’agit de créer et de diffuser de fausses informations dans le but de manipuler l’opinion publique, de discréditer un individu ou une institution ou encore de provoquer des divisions sociales et politiques. Elle est donc un outil stratégique souvent utilisé dans des contextes de conflits idéologiques, économiques ou géopolitiques.
La désinformation peut prendre de nombreuses formes comme de faux articles de presse, vidéos truquées, images sorties de leur contexte ou encore comptes fictifs diffusant massivement des messages mensongers. Elle est souvent utilisée pour semer la confusion, affaiblir la confiance dans les médias traditionnels ou influencer des élections (ex. lors de certaines campagnes électorales, des groupes organisés créent de fausses pages ou diffusent des rumeurs infondées pour orienter les votes, salir un candidat ou encore encore susciter la peur).
Les réseaux sociaux jouent un rôle majeur dans la propagation de la désinformation. Leur fonctionnement algorithmique favorise les contenus choquants, polarisants ou viraux, ce qui offre une opportunité idéale pour les campagnes de manipulation. De plus, l’anonymat relatif offert par ces plateformes permet aux auteurs de désinformation d’agir sans être immédiatement identifiés ou sanctionnés.
- Mésinformation
Contrairement à la désinformation, la mésinformation correspond à la diffusion d’informations inexactes ou trompeuses mais sans volonté consciente de nuire. Souvent, les individus qui relaient ce type de contenu le font en toute bonne foi, convaincus de l’authenticité de ce qu’ils partagent.
Les internautes peuvent partager des contenus erronés (ex. articles, vidéos, images sorties de leur contexte) pensant rendre service à leur entourage ou alerter sur un danger. C’est ce qui rend la mésinformation particulièrement insidieuse : elle se propage par des mécanismes sociaux basés sur la confiance, comme les cercles familiaux, amicaux ou communautaires.
Le rôle des réseaux sociaux facilitent la viralité de contenus non vérifiés, grâce à des algorithmes, ce qui suscite des réactions émotionnelles fortes (ex. indignation, peur, espoir). Dans ce contexte, la mésinformation trouve un terrain fertile pour se répandre rapidement et largement et ce avant même que les vérifications ne puissent être réalisées. - Malinformation
La malinformation représente une forme plus subtile mais tout aussi dangereuse, de manipulation de l’information. Contrairement à la mésinformation et à la désinformation, la malinformation repose sur des faits authentiques mais dont l’utilisation ou la diffusion vise intentionnellement à nuire. Il ne s’agit donc pas d’inventer des mensonges mais plutôt de déformer le contexte, de sélectionner certaines vérités de manière biaisée ou encore de révéler des informations privées dans un but malveillant.
La malinformation est souvent utilisée dans des campagnes de harcèlement, de déstabilisation politique ou de vengeance personnelle. Elle tire parti de la perte de nuances dans les débats publics où une vérité partielle peut suffire à détruire une réputation ou à créer un scandale. Dans certains cas, elle s’appuie même sur des pratiques de journalisme peu éthique qui privilégient le buzz à l’analyse.
Le danger de la malinformation réside aussi dans sa prétendue « légitimité ». En effet, les faits sont vrais, le public est plus enclin à les croire et à les partager sans se poser de questions. Pourtant, cette utilisation manipulée de la vérité peut avoir des conséquences graves : perte de confiance, atteinte à la vie privée, diffamation et même violences physiques ou symboliques. - Fact-checking (en français « vérification des faits »)
Le fact-checking est une pratique devenue essentielle à l’ère de la surinformation et des fake news. Il s’agit d’un processus rigoureux qui consiste à examiner l’exactitude des informations diffusées dans les médias, les discours politiques ou les publications sur les réseaux sociaux. L’objectif est de distinguer le vrai du faux, en s’appuyant sur des sources fiables, des données vérifiées et une méthode transparente.
De nombreux médias et organisations indépendantes ont mis en place des cellules de fact-checking, qui analysent en temps réel les déclarations des personnalités publiques, les rumeurs virales ou les contenus douteux circulant en ligne.
Le rôle du fact-checking est double
1. Il permet de corriger les erreurs et de rétablir la vérité ;
2. Il contribue à éduquer le public à une lecture plus critique de l’information.
En exposant les sources, les méthodes de vérification et les éventuelles manipulations, les fact-checkeurs permettent aux citoyens de mieux comprendre comment l’information est produite et diffusée.
- Troll
Le terme « troll » sur Internet vient du verbe anglais « to troll » qui signifie appâter ou attirer volontairement quelqu’un dans un piège. C’est exactement ce que faisaient les premiers trolls en ligne en lançant des propos provocateurs dans des discussions, dans le seul but de faire réagir les autres, souvent avec colère ou confusion.
L’origine des premiers trolls
Les premiers trolls sont apparus dans les années 1980 et 1990, sur les premiers forums et groupes de discussion en ligne, notamment sur des plateformes comme Usenet, un réseau de forums textuels utilisé avant l’essor du Web moderne.
L’évolution du trolling et des trolls
À cette époque, le trolling était souvent vu comme une sorte de jeu ou de test d’intelligence sociale et non comme quelque chose de malveillant.
Les premiers trolls se moquaient des gens trop sérieux, ou trop crédules. Ils faisaient des blagues absurdes, lançaient de fausses rumeurs, ou posaient des questions idiotes juste pour voir les réactions, on parlait alors de « trolls ludiques ». Mais rapidement, cette pratique a évolué. Certains trolls ont commencé à adopter des comportements hostiles, haineux ou destructeurs, visant à harceler, humilier ou manipuler les autres. Avec l’arrivée des réseaux sociaux, le phénomène s’est amplifié, et les trolls sont devenus un vrai problème de société numérique.
De nos jours, les trolls sont des individus ou des groupes qui cherchent à provoquer, perturber ou manipuler les échanges en ligne souvent de manière délibérée et malveillante. Leur objectif n’est pas nécessairement de convaincre ou d’informer mais plutôt de déstabiliser, d’attirer l’attention ou de créer du chaos. Ils utilisent pour cela des messages provocateurs, des insultes, des mensonges ou encore des sujets sensibles pour susciter des réactions émotionnelles.
Le phénomène du trolling a pris une ampleur nouvelle avec les réseaux sociaux, les forums, et les espaces de discussion anonymes. Les trolls exploitent la viralité des contenus en ligne et la facilité avec laquelle une fausse information ou une attaque personnelle peut se diffuser rapidement. Certains agissent seuls par goût du conflit ou de la provocation alors que d’autres font partie de campagnes coordonnées, parfois à but politique, idéologique ou économique.
Un danger à combattre
Le danger des trolls va bien au-delà du simple « humour noir » ou de la provocation gratuite. Leurs actions peuvent avoir de vraies conséquences (ex. harcèlement ciblé, diffusion de rumeurs, sabotage de débats publics, ou encore propagation de désinformation). Dans certains cas, ils participent à des attaques contre des personnalités publiques, des journalistes, ou des minorités, contribuant à créer un climat de peur ou de haine en ligne.
Certains trolls sont même organisés et stratégiques, on parle alors de « trolls d’État » ou de « fermes à trolls » souvent utilisées dans des campagnes de désinformation à grande échelle. Le trolling peut devenir un outil de manipulation politique visant à affaiblir des démocraties ou à semer la confusion dans l’opinion publique.
Pour lutter contre le phénomène, plusieurs leviers sont nécessaires comme la modération des plateformes, le signalement des comportements abusifs, l’éducation aux comportements numériques et le renforcement des lois contre le harcèlement et la haine en ligne.
Il est essentiel que chaque internaute développe une forme de vigilance personnelle comme ne pas nourrir les trolls en répondant à leurs provocations, signaler leurs contenus, et prendre du recul face aux débats enflammés.
La suite sera à découvrir dans le dossier d’Espritcors@ire sur la manipulation informationnelle
LU POUR VOUS
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« Kolwezi, La legion saute sur le Katanga »
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En mai 1978, le 2e régiment étranger de parachutistes (REP), alors commandé par le colonel Philippe Érulin, est choisi pour une mission dont fort peu d’unités auraient pu s’acquitter : être parachuté sur Kolwezi, au cœur de la région minière du Shaba, dans le sud-est du Zaïre, où des rebelles séparatistes se livrent à de sanglantes exactions. L’objectif est de sauver les milliers d’otages européens et africains tombés entre leurs mains et menacés d’une mort imminente. L’opération, baptisée « Bonite », est montée sur place et repose sur l’audace et la rapidité d’exécution afin de créer un effet de surprise favorable aux assaillants. […]
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Stratégie nationale de résilience dans le domaine de la défense et de la sécurité nationale
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Suivez l’audition de Stéphane Bouillon, Secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale, sur la stratégie nationale de résilience dans le domaine de la défense et de la sécurité nationale. […]
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Guerre informationnelle et résilience citoyenne
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Ce café stratégique a exploré les mécanismes de la guerre informationnelle — Intelligence artificielle, désinformation, propagande, manipulation de l’opinion — et les moyens de renforcer la résilience citoyenne face à ces menaces. […]
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Résilience écologique
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Face au déclin de la biodiversité, apparaît la nécessité de changements profonds des relations des humains avec la nature. Ce qui conduit à la notion de « changements transformateurs », proposée par l’IPBES, définie comme une réorganisation systémique des sociétés, comprenant changements de paradigmes et de valeurs. […]
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ENTENDU POUR VOUS
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La résilience, une notion faussement simple
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.L’histoire de la Seconde Guerre mondiale comme celles des attentats de Paris sont riches d’enseignement sur la capacité de se reconstruire, que ce soit à l’échelle de l’individu ou à celle de la société. Mais pourquoi la résilience fonctionne-t-elle chez certains individus et pas chez d’autres ? […]
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