L’Amérique latine et l’Amazonie
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Laure Fanjeau (*)
Responsable recherche / développement et communication digitale d’ESPRITSURCOUF
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FOCUS
L’Amérique latine et l’Amazonie
Découvrez ce nouveau focus dédié à l’Amérique latine et l’Amazonie, leur évolution, les acteurs, ou encore leurs faiblesses …
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I. L’Amérique latine, une région contrastée en profonde transformation.
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L’Amérique latine s’étend du nord du Mexique jusqu’à la Patagonie et forme un vaste ensemble d’environ 660 millions d’habitants. Bien que très diversifiée, elle partage un héritage culturel commun lié aux colonisations espagnole et portugaise, ce qui se traduit par une large diffusion de l’espagnol et du portugais. Les sociétés y sont marquées par un métissage historique entre populations indigènes, colons européens et descendants d’esclaves africains. Cette diversité se retrouve dans les cultures (cuisine péruvienne, carnaval brésilien, littérature latino-américaine) mais aussi dans les tensions identitaires et sociales qui traversent régulièrement la région.
1. Un espace économique dépendant des ressources naturelles.
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L’extractivisme.
L’économie latino-américaine repose traditionnellement sur l’exportation de matières premières, ce qu’on appelle l’extractivisme.
Le Brésil est le premier producteur mondial de soja et un géant de l’élevage bovin. Ses ports, comme Santos, exportent chaque année des millions de tonnes vers la Chine.
Le Chili dépend du cuivre exploité par BHP. La mine de Chuquicamata ou le complexe minier d’Escondida sont parmi les plus grands centres miniers du monde.
La Bolivie, l’Argentine et le Chili détiennent ensemble le « Triangle du lithium », un minerai essentiel aux batteries électriques, attirant les investissements asiatiques et européens.
Deux problèmes majeurs liés à cette dépendance.
Les économies sont très vulnérables aux fluctuations des cours mondiaux. Par exemple, la chute des prix du pétrole a plongé le Venezuela dans une crise sans précédent.
Le modèle extractiviste provoque des dégradations environnementales et des conflits avec les populations locales, comme au Pérou où plusieurs communautés andines s’opposent aux mines (ex. mine de Las Bambas dans l’Apurímac).
2. Une région marquée par d’importantes inégalités sociales.
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Malgré des progrès récents, l’Amérique latine reste l’une des régions les plus inégalitaires du monde.
À São Paulo ou Mexico, de gigantesques quartiers pauvres comme les favelas, les « colonias populares » jouxtent des enclaves riches comme Jardins au Brésil ou encore Santa Fe au Mexique.
En Argentine, l’inflation chronique fragilise les classes moyennes. En 2023, le pays dépasse 200 % d’inflation annuelle.
Au Guatemala ou au Honduras, la pauvreté structurelle pousse chaque année des dizaines de milliers de personnes à tenter de rejoindre les États-Unis.
Ces inégalités nourrissent une forte contestation sociale. Le Chili a été secoué en 2019 par des protestations massives contre la hausse du ticket de métro. Ce détail a révélé un malaise global lié au coût de la vie, aux retraites et à l’accès à l’éducation.
3. Un nœud politique entre instabilités et recompositions.
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Entre cycles progressistes et conservateurs.
Le Venezuela est devenu un symbole de crise politique. L’effondrement économique, la corruption et l’autoritarisme ont provoqué l’exil de plus de 7 millions de Vénézuéliens.
La Colombie a signé la paix avec les FARC en 2016 mais les groupes armés et les narcotrafiquants restent actifs dans les zones rurales comme dans le Cauca ou le Catatumbo.
Le Mexique fait face à une violence massive. Certains États, comme le Sinaloa ou le Guerrero, sont en partie contrôlés par les cartels.
Des dynamiques politiques nouvelles.
En Uruguay, la stabilité politique et les politiques sociales en font un cas rare de continuité démocratique.
Au Brésil, l’alternance entre Bolsonaro et Lula illustre la polarisation extrême de la société mais aussi le retour des enjeux environnementaux au cœur de l’État.
4. Une région convoitée par les grandes puissances.
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La position géostratégique de l’Amérique latine attire de plus en plus la Chine qui investit dans le cuivre chilien et le lithium argentin, construit des infrastructures comme des (ports en Équateur ou encore des autoroutes au Pérou et devient le premier client des exportations brésiliennes.
Les États-Unis, traditionnellement dominants, renforcent surtout leur action au Mexique et en Amérique centrale pour gérer les flux migratoires, la sécurité liée aux cartels et l’approvisionnement en minerais stratégiques.
II. L’Amazonie, un espace vital pour la planète et au cœur de tensions locales.
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L’Amazonie couvre plus de 5,5 millions km² et constitue la plus grande forêt tropicale du monde. C’est un espace-clé pour la biodiversité, le climat mondial et les ressources en eau. Elle abrite plus de 300 peuples autochtones, dont certains vivent en isolement volontaire (comme les Flecheiros au Brésil).
1. Une biodiversité exceptionnelle mais fragile.
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La forêt amazonienne concentre 10 % des espèces vivantes connues.
On y trouve le dauphin rose, l’ara bleu, le jaguar, ou encore des plantes aux usages médicinaux encore largement inexploités.
Les grands fleuves, comme le Rio Negro ou le Rio Tapajós, irriguent toute l’Amérique du Sud : l’Amazonie influence même les pluies en Argentine ou au sud du Brésil.
2. La déforestation, un phénomène massif et documenté.
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Les menaces sont nombreuses.
Agriculture et élevage.
Au Mato Grosso, des millions d’hectares ont été défrichés pour cultiver du soja.
Élevage bovin.
80 % de la déforestation brésilienne serait liée à l’ouverture de pâturages.
Mines illégales.
En territoire Yanomami, l’orpaillage pollue les cours d’eau au mercure, provoquant des maladies graves et une explosion du paludisme.
Routes et infrastructures.
La Transamazonienne au Brésil, ou les projets d’autoroutes au Pérou, facilitent l’arrivée de bûcherons illégaux.
Les années 2019–2021 ont été particulièrement critiques, avec des incendies spectaculaires dans les États du Pará, du Rondônia et de l’Amazonas. En 2019, les images de São Paulo plongée dans une pluie noire venue des incendies amazoniens ont marqué l’opinion mondiale.
3. Les peuples autochtones, gardiens de la forêt mais menacés.
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Les populations autochtones jouent un rôle central dans la préservation de l’Amazonie.
Les territoires kayapó, par exemple, sont parmi les zones les mieux conservées.
Pourtant, ces peuples subissent les invasions de garimpeiros (orpailleurs clandestins), les pressions des entreprises agro-industrielles ainsi que des violences et parfois des assassinats de leaders comme Paulo Paulino Guajajara en 2019.
4. Les réponses politiques et internationales.
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Depuis 2023, le Brésil a relancé une politique de protection active avec le renforcement des contrôles par l’IBAMA, la destruction de camps illégaux dans la zone Yanomami et la baisse notable de la déforestation dans certaines régions.
Les pays riverains se sont réunis dans l’Accord de Leticia pour coopérer en matière de surveillance et de protection.
La communauté internationale met également la pression. L’Union européenne conditionne l’accord commercial UE–Mercosur à des garanties environnementales notamment la lutte contre la déforestation.
LU POUR VOUS
«Amère discipline »

Le Chili vient d’acheter à la France le dernier né de la famille « Mirage ». Le destin veut que les officiers chargés du convoyage trouvent et développent plus qu’une fratrie d’arme, à travers la fusion d’âme. Un amour qui paraît impossible est présent, et place les acteurs dans des situations tour à tour pleines d’embûches de toutes sortes.
A travers le déroulement des existences, et des carrières des héros et héroïnes, des anecdotes et des traditions, c’est un récit enlevé qui ne ménage pas l’action, qu’elle soit concrète, psychologique et pleine de rebondissements.
La vertu l’emporte, dans le succès inattendu de la coutume aéronautique.
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« Nuremberg : L’album du procès »

Le 20 novembre 1945 s’ouvre à Nuremberg l’un des procès les plus importants de l’histoire au cours duquel furent jugés 24 hauts responsables du IIIe Reich, dont Hermann Göring, Joachim von Ribbentrop, Albert Speer ou Rudolf Hess.
Charles W. Alexander, photographe américain, réalise durant une année des clichés exceptionnels qui montrent, avec une netteté et un niveau de détails rares, les personnes impliquées dans le procès, notamment les accusés, leurs accusateurs, les juges, les témoins et les défenseurs, ainsi que les lieux, le palais de justice, les cellules et la salle d’audience. Ces photographies permettent ainsi de voir et de saisir ce que les innombrables livres sur le procès de Nuremberg n’ont décrit qu’avec des mots.
À l’issue des audiences consacrées aux accusés, un album de 115 photographies est offert au juge français Henri Donnedieu de Vabres. Cet album historique, unique en Europe, est aujourd’hui conservé à la Maison d’Izieu.
À partir d’une sélection de 70 photographies, pour certaines inédites, les auteurs livrent un témoignage visuel unique et bouleversant sur le procès le plus décisif du XXe siècle.
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VU POUR VOUS
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« Amérique latine, un continent sous influences »

L’Amérique latine oscille depuis des décennies entre élans démocratiques et traditions autoritaires. À travers des archives saisissantes et les récits bouleversants de témoins des événements, cette série offre une plongée dans l’histoire contemporaine de six pays emblématiques, soumis, comme le reste du continent, aux desseins des États-Unis. Au Brésil, en 1964, l’armée, soutenue par les États-Unis, renverse le président démocratiquement élu João Goulart. Une nouvelle forme de dictature émerge en Amérique latine. Les opposants trouvent refuge au Chili, où Salvador Allende tente d’instaurer légalement un régime socialiste. Le 11 septembre 1973, il meurt lors du coup d’État militaire mené par le général Pinochet. Le nouvel homme fort du pays s’allie avec les dictateurs de la région pour lancer l’opération « Condor ». Les opposants aux juntes sont traqués où qu’ils soient, sous le regard complaisant de Richard Nixon. Mais lorsque, en septembre 1976, les services secrets chiliens tuent à Washington un ancien ministre d’Allende, le nouveau président Jimmy Carter refuse de collaborer avec ces régimes autoritaires. En 1977, il redonne au Panamá le contrôle de son canal et, deux ans plus tard, laisse les rebelles sandinistes triompher au Nicaragua. Mais l’élection de Ronald Reagan en 1980 annonce une nouvelle ère. On la compare aux terres meurtries par les ouragans, là où la désolation laisse peu à peu place à la reconstruction, jusqu’au prochain cataclysme. Depuis la Seconde Guerre mondiale, l’Amérique latine affronte des fléaux témoignant de ses fractures profondes et des appétits dangereux des grandes puissances. Putschs en série, répressions féroces, guerres civiles, narcotrafic et effondrements financiers dessinent le tableau d’un continent à la fois instable, fiévreux et violent. Pour l’illustrer, la série documentaire de Delphine Jaudeau et Jean-Baptiste Péretié choisit de se concentrer sur six pays (Brésil, Chili, Colombie, Nicaragua, Panamá et Venezuela) pour remonter le fil de ces soixante dernières années. Exilé chilien, opposant au chavisme, sandiniste de la première heure, proche de Lula, conseillers à la Maison-Blanche et agents de la CIA livrent des récits personnels et historiques qui font revivre les événements. Ces trois épisodes, où l’on découvre notamment des archives déclassifiées de l’administration américaine, dont celle du président Johnson livrant le Brésil aux militaires, montrent l’imbrication des dynamiques nationales et des enjeux internationaux, avec un voisin états-unien sans cesse à la manœuvre, interventionniste aux doctrines évolutives, entre soutien aux juntes militaires et alliance avec des forces démocratiques. Les enjeux économiques, illustrés par le canal de Panamá et l’irruption de la Chine, y ont aussi toute leur place, à l’heure où la guerre commerciale sino-américaine s’intensifie. Les ouragans n’ont pas fini de tourmenter ce continent résolument sous influences.
Média : ARTE
Série : Coups
Compte YouTube d’ARTE
Date de mise en ligne : 19/06/2024
Durée : 00:51:41
Pour visionner l’épisode, cliquez ICI
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« L’Amazonie, mort imminente »

Derrière les feux qui ravagent l’Amazonie se révèlent les rouages d’un système où intérêts politiques et économiques priment sur la protection de la forêt, avec des conséquences environnementales et humaines dévastatrices. Chaque année, à la fin de la saison sèche, l’Amazonie brésilienne est en proie aux flammes. L’année 2024 s’est distinguée par un nombre record de départs de feu : plus de 140 000, du jamais-vu depuis vingt ans. Si la situation est aussi dramatique pour le poumon vert de la planète, c’est notamment parce qu’il est à la merci de manœuvres politiques et d’une course au profit. Les incendies criminels, la déforestation illégale et les crimes environnementaux organisés ont ainsi été tolérés pendant des décennies. Quant au commerce du soja, de l’or et de la viande bovine, il rapporte des milliards, y compris aux maires locaux, aux membres du Congrès et aux banques. Cœur asséché Le réalisateur allemand Albert Knechtel et le cameraman Sylvestre Campe se rendent dans les zones protégées de l’Amazonie autour de Porto Velho et du río Madeira, au cœur asséché de la forêt tropicale. Là, ils s’entretiennent avec des activistes autochtones qui luttent pour leurs droits, avec des scientifiques placés sous protection policière, ou encore avec Marina Silva, militante écologiste et ministre de l’Environnement et du Changement climatique depuis 2023. Leurs témoignages mettent en lumière une vaste fraude financière liée aux certificats d’émission de carbone (perpétrée avec la complicité de hauts fonctionnaires brésiliens), ainsi que la défaite du président Luiz Inácio Lula da Silva face au lobby agricole, sans oublier l’impact de la mise hors service des principaux satellites d’observation du réchauffement climatique par Donald Trump. Un documentaire édifiant, appel à la prise de conscience face à la mort imminente de l’une des dernières grandes forêts primaires du monde.
Documentaire d’Albert Knechtel (Allemagne, 2025, 52mn)
Média : ARTE
Nature : Documentaire
Compte YouTube d’ARTE
Date de mise en ligne : 19/11/2025
Durée : 00:52:26
Pour visionner le reportage, cliquez ICI
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