-GÉOPOLITIQUE : relations internationales, zones pays
-DÉFENSE : militaire, sécurité intérieure, terrorisme
-ÉCONOMIE : entreprise, industrie
La revue de presse de Jacques Raimond
ESPRITSURCOUF.fr donne cette semaine aux relations internationales la place militaire et de défense stratégique qu’il convient de bien connaître pour forger son avis sur les volontés d’expansion des deux grands que sont les Etats-Unis et la Chine. Les rivalités armées de la mer de Chine méridionale sont explicitées par le centre d’études spécialisées de la Marine, le Sénat américain inflige un nouveau veto au président et les interrogations sur les discussions entreprises en Afghanistan posent de nombreuses questions d’importance dans le délicat « bourbier » afghan, d’où les Américains éprouvent tant de difficultés à s’extraire.
Notre revue de presse de cette semaine s’interroge sur la viabilité du service national universel, tandis que la puissance de défense européenne pose explicitement la question de sa pertinence, et alors que le bilan des opérations de notre armée de l’air relève d’une suprématie et d’une autonomie en tous points remarquables.
Entre succès et défaites, l’économie nous livre ses bons et mauvais points dans un monde en perpétuel mouvement, et où se concentrent des conflits économiques de premier plan, dans les domaines de la défense, autant que sur un plan plus général. Les grands acteurs stratégiques et décideurs qui se livrent aux tentatives de stabilisation de l’économie se retrouvent souvent mis en difficultés, comme l’Allemagne à l’égard de ses dépenses militaires, AREVA, dans une guerre sans merci pour l’achat stratégique du groupe canadien URAMIN, ou l’Afrique du Sud, face à un déclin sans précédent. Mais, bonne nouvelle et succès pour Naval group, qui remporte un nouveau mégacontrat.
- GÉOPOLITIQUE :
- Mer de Chine méridionale : entre luttes et coopérations locales
- Yémen : Le Sénat américain exige de Trump l’arrêt de tout engagement militaire
- Afghanistan : qu’attendre des « discussions » entre les talibans et l’administration US ?
- DÉFENSE :
- Qui fait quoi et qui paie ? la difficile mise en place du service national universel
- Défense : l’Europe impuissante
- OPEX : en 2018, l’armée de l’air a assuré plus de 22.000 heures de vol et tiré 205 munitions
- ÉCONOMIE :
- L’OTAN tance l’Allemagne sur le niveau de ses dépenses militaires
- Et Naval Group remporta le mégacontrat de chasseurs de mines belgo-néerlandais
- A qui profite l’échec stratégique d’AREVA dans l’acquisition du groupe canadien URAMIN ?
- L’économie sud-africaine à bout de souffle
- TOUR D’HORIZON DE MEDIAS SPÉCIALISÉS
- TEXTES PARUS AU JOURNAL OFFICIEL
GÉOPOLITIQUE
ESPRITSURCOUF.fr donne cette semaine aux relations internationales la place militaire et de défense stratégique qu’il convient de bien connaître pour forger son avis sur les volontés d’expansion des deux grands que sont les Etats-Unis et la Chine. Les rivalités armées de la mer de Chine méridionale sont explicitées par le centre d’études spécialisées de la Marine, le Sénat américain inflige un nouveau veto au président et les interrogations sur les discussions entreprises en Afghanistan posent de nombreuses questions d’importance dans le délicat « bourbier » afghan, d’où les Américains éprouvent tant de difficultés à s’extraire.
1- Mer de Chine méridionale : entre luttes et coopérations locales (CESM, BM 221)
La mer de Chine méridionale, espace de transit d’un tiers du commerce mondial, est le théâtre de rivalités entre grandes puissances qui masquent souvent des oppositions locales. Sept pays riverains y ont des revendications territoriales, appuyées par l’occupation d’îlots au statut juridique ambigu dont la souveraineté n’a pas été éclaircie par la sentence de la Cour permanente d’arbitrage du 12 juillet 2016.
LA MER DE CHINE MÉRIDIONALE, UN « PRÉ CARRÉ » CHINOIS ?
La République populaire de Chine revendique près de 90 % de cette mer semi-fermée au nom de « droits historiques » matérialisés par la « ligne en neuf traits » (un dixième a été ajouté en 2013). Pékin contrôle aujourd’hui l’ensemble de l’archipel des Paracels et une partie des îles Spratleys ; plus d’une vingtaine d’avant-postes militaires et l’équivalent de près de 13 km² d’îles artificielles y ont été construits. L’expansion maritime chinoise dans la zone est perçue comme la principale menace sécuritaire par les pays riverains. Paradoxalement, Taïwan défend une vision identique, selon la même approche de droits historiques. Outre l’intérêt économique que ces zones représentent, les installations militaires répondent à des enjeux stratégiques pour Pékin. En premier lieu, le contrôle des îles permet à la Chine de repousser géographiquement toute menace extérieure sur cette aire qui concentre ses flux commerciaux. Le « dilemme de Malacca » illustre l’inquiétude chinoise face à toute interférence contrariant la fluidité de son commerce maritime, qui lui est essentiel : 80 % de ses importations pétrolières transitent ainsi par la mer de Chine méridionale. La militarisation des îles sert également la crédibilité de sa dissuasion nucléaire. Pour Pékin, la possession des Paracels, trop proches de l’île de Hainan où sont basés ses SNLE, est une nécessité pour la mise en œuvre de ces unités.
RIVALITÉS ARMÉES POUR L’ACCÈS AUX RESSOURCES
La Chine n’est pas seule à entretenir des installations militaires « sur récif ». Ainsi le Vietnam, principal opposant à la présence de Pékin dans cette mer, a été chassé des Paracels par la Chine en 1974 mais revendique la majorité des îles Spratleys, où il dispose de plusieurs postes avancés. Ces îles sont d’ailleurs un bon résumé de la situation en mer de Chine, puisque six États en revendiquent une partie : outre la Chine et le Vietnam, les Philippines en sont le troisième plus important « propriétaire », la Malaisie occupe cinq îlots et Taïwan, un. À l’est de l’archipel, Manille a perdu l’accès en 2012 au récif de Scarborough suite à une opération chinoise. Si toutes ces revendications sont mues par la fierté nationale et une volonté d’affirmation, elles marquent aussi l’ambition des États de s’approprier les riches eaux adjacentes.
Pour tous les pays riverains, ces requêtes territoriales sont effectivement autant économiques que politiques. Dans une région où la pêche est essentielle, les États doivent s’assurer un accès à des stocks halieutiques suffisants. Le Vietnam est le troisième exportateur mondial de produits de la pêche, les Philippines font partie des quinze plus grands producteurs mondiaux. Cependant, leurs eaux côtières sont aujourd’hui surexploitées et les pêcheurs doivent aller toujours plus loin en mer, un mouvement d’ensemble qui suscite rivalités et tensions. Si des altercations opposent fréquemment les pêcheurs entre eux, ce sont surtout les incidents entre navires de pêche et forces de souveraineté qui se multiplient. Les garde-côtes chinois, notamment, refusent aux Vietnamiens et aux Philippins l’accès aux zones de pêche autour de récifs occupés, au prix parfois d’accrochages violents. Les demandes territoriales, qui concernent aussi les fonds marins, s’expliquent également par la présence de réserves d’hydrocarbures offshore. Disposant de plusieurs gisements dans ses eaux territoriales, le Vietnam est le troisième producteur du sud-est asiatique, tandis que le pétrole représente 96 % des exportations du sultanat de Brunei. La volonté d’exploiter des gisements plus éloignés et l’espoir de nouvelles découvertes expliquent sûrement aussi certaines revendications.
L’ASEAN DANS LE DÉLICAT ÉQUILIBRE INTERNATIONAL
Le Vietnam, qui subit le plus fortement l’expansion chinoise et s’inquiète de la diminution de ses ressources halieutiques, tente de s’appuyer sur l’ASEAN pour organiser une opposition commune contre Pékin.
Cependant, l’organisation peine à trouver une posture unie dans ses relations avec la Chine. Parmi les États riverains qui sont membres de l’organisation, la Malaisie, l’Indonésie et Brunei optent pour des positions prudentes. Ce dernier, par exemple, revendique une ZEE qui s’avance dans la « ligne des neuf traits », mais les activités économiques qu’il y mène n’ont pas rencontré de grande opposition de la part de la Chine. La Malaisie, quant à elle, prend soin d’éviter toute confrontation avec Pékin. Une coopération entre la Chine et l’ASEAN a en outre abouti à l’adoption, en août 2018, d’un projet de texte pour de futures négociations sur un Code de conduite en mer de Chine méridionale. Par ailleurs, de nombreuses coopérations régionales existent, y compris avec la Chine, reléguant au second plan les antagonismes politiques. Malgré leurs dissensions, Hanoi et Pékin organisent depuis 2006 des patrouilles communes de contrôle des pêches dans le golfe du Tonkin. En 2003, les compagnies nationales chinoise et philippine se sont entendues pour une exploitation conjointe de gisements de pétrole offshore. En dépit de leurs différends, des États peuvent trouver intérêt à coopérer et unir leurs moyens pour développer des activités économiques difficilement réalisables seuls.
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http://cesm.marine.defense.gouv.fr/index.php/18-accueil/122-breves-marines-n-221-mer-de-chine-meridionale-entre-luttes-et-cooperations-locales
2- Yémen : Le Sénat américain exige de Trump l’arrêt de tout engagement militaire (L’Expression)
Le Sénat américain, contrôlé par les républicains, a infligé mercredi dernier, un nouveau camouflet à Donald Trump en approuvant une résolution l’exhortant à arrêter tout soutien américain à la coalition saoudienne dans la guerre au Yémen, sauf en cas d’autorisation formelle du Congrès. Ce texte a été adopté par 54 voix pour, contre 46, avec le soutien de sept républicains. Il doit encore être approuvé par la chambre basse, où il devrait être voté puisqu’une résolution similaire a récemment reçu une solide majorité des voix. Le texte n’ira toutefois pas plus loin car le président républicain Donald Trump mettra son veto, a indiqué la Maison-Blanche mercredi, en se déclarant «fermement opposée» à cette résolution «bancale». Cela représenterait néanmoins une humiliation pour le président américain, forcé de recourir au veto présidentiel alors même que les républicains contrôlent le Sénat (53 sièges sur 100). Donald Trump est en plus sous la menace d’un autre vote sanction du Sénat, lorsque la chambre haute procèdera au vote final sur une résolution démocrate exigeant de mettre fin au financement en urgence du mur qu’il construit à la frontière avec le Mexique. Là aussi, il a promis de faire usage de son veto, ce qui serait une première depuis son arrivée à la Maison-Blanche en janvier 2017. Avec la résolution sur le Yémen, «le Congrès exige au président de retirer les forces armées américaines des hostilités dans, ou affectant, la République du Yémen, à l’exception» des opérations visant Al-Qaïda et associés, sous 30 jours après l’adoption du texte. Le texte prévoit que le président puisse demander un report de cette date, que le Congrès devrait approuver. C’est maintenant au tour de la Chambre des représentants, à majorité démocrate, d’approuver définitivement la résolution. Elle avait adopté un texte similaire le 13 février, par 248 voix favorables contre 177. Portée par le sénateur indépendant Bernie Sanders, cette résolution avait déjà été approuvée au Sénat en décembre 2018.
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http://www.lexpressiondz.com/internationale/311952-le-senat-americain-exige-de-trump-l-arret-de-tout-engagement-militaire.html
3- Afghanistan : qu’attendre des « discussions » entre les talibans et l’administration US ? (IRIS, Olivier Guillard)
En cette mi-mars annonciatrice d’un crépuscule hivernal imminent, quel peut bien être le sentiment de la population afghane à la lecture des satisfecit bien hardis de l’administration américaine et – pis encore assurément – des émissaires de l’insurrection radicale talibane, à l’issue d’une quinzaine de jours de discussions menées dans la capitale qatarie, laquelle abrite depuis le printemps 2013 une ambassade talibane quasi-officielle ? « Mon temps ici a été bien utilisé. Nous avons fait des progrès et nous avons eu des discussions détaillées pour nous entendre sur des questions difficiles et compliquées[1] » clamait le 12 mars depuis Doha le très entreprenant Z. Khalilzad[2] en sa qualité de U.S. Special Representative for Afghanistan Reconciliation de l’administration Trump, ce à quoi répondait sur un ton tout aussi enjoué son « homologue » taliban Z. Mujahid en déclarant « Cette série de pourparlers a donné lieu à des discussions approfondies et détaillées sur deux questions : le retrait de toutes les forces étrangères d’Afghanistan et la prévention de tout dommage causé à d’autres personnes sur le sol afghan. Des progrès ont été réalisés dans ces deux domaines[3] ». Pour un peu, on en oublierait presque que l’on parle de l’interminable bourbier afghan, enferré dans sa quatrième décennie de crise politique, de guerres et de drames humains… Cette bouffée d’optimisme survitaminé insufflée depuis Doha, Washington et Kandahar[4] a dû être reçue avec la réserve et la douleur que l’on imagine dans la province afghane de Badghis (nord-ouest du pays): lundi 11 mars, les autorités locales annonçaient que les attaques répétées portées ces derniers jours par l’insurrection talibane avaient ni plus ni moins réduit à néant une compagnie de l’Afghan National Army (ANA) positionnée dans le district de Bala Murghab, soit une cinquantaine d’hommes. Dix jours plus tôt, à l’autre extrémité du pays, dans la sensible province méridionale du Helmand, une autre attaque perpétrée par les talibans contre une base de l’armée régulière avait déjà fait une quarantaine de victimes. Selon les macabres décomptes repris par la presse internationale[5], plus de 120 personnels de sécurité ont perdu la vie sur les divers théâtres d’affrontement afghans lors de la première semaine de mars ; alors que l’offensive printanière annuelle de ces « étudiants en religion », généralement engagée les premières semaines d’avril avec forte intensité, n’a pas encore débuté. Pendant ce temps-là, la hiérarchie talibane se montre visiblement plus diplomate et moins funeste du côté de Doha. Il n’est pas que l’émirat qatari à accueillir ces derniers mois quelque entreprise de dialogue avec les représentants des talibans, et ce à l’heure où le principe d’un désengagement militaire américain d’Afghanistan, plébiscité par l’administration Trump, semble a priori rencontrer, dans certaines capitales étrangères, celui d’une inéluctable association prochaine des talibans au pouvoir à Kaboul. Une double thématique qui n’apparaît guère plus anathème, nonobstant ses évidentes limites, ses dangers. La Fédération de Russie – familière de ce théâtre de crise duquel elle s’exfiltra péniblement, exsangue et éreintée, voilà trente ans- ne ménage pas ses efforts[6] et, depuis fin 2017[7] et la création du Moscow Process for political settlement in Afghanistan, transforme à cette fin Moscou, à grand renfort de forums, de conférences et de tables rondes, en un terrain neutre pour les parties prenantes désireuses d’échanger pacifiquement (mais non nécessairement sans arrière-pensée, s’entend…) sur les contours de l’Afghanistan de demain. Et tant pis si le gouvernement afghan et son Président démocratiquement élu cinq ans plus tôt (A. Ghani) demeurent largement exclus[8] – de leur plein gré ou non – de ces projets. À l’heure où Washington se heurte à quelques limites dans ses velléités de dénucléarisation de la péninsule coréenne (dans ce qui apparaît davantage comme un camouflet malvenu pour l’impétueux locataire de la Maison-Blanche qu’une surprise pour les observateurs), l’administration américaine semble désireuse de reprendre un certain élan dans ses ambitieux projets asiatiques de pacification en prenant appui – un pari bien osé – sur la matrice afghane du moment. Si la patience du successeur de B. Obama est déjà soumise à rude épreuve par la dictature nord-coréenne et ses très déplaisantes manières, il est fort probable que cette dernière soit a minima autant éprouvée par le très complexe échiquier afghan et sa multitude d’acteurs (domestiques et régionaux) au jeu proverbialement retors, sujet à ajustements permanents quand il n’est pas sujet à caution…
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DÉFENSE
Notre revue de presse de cette semaine s’interroge sur la viabilité du service national universel, tandis que la puissance de défense européenne pose explicitement la question de sa pertinence, et alors que le bilan des opérations de notre armée de l’air relève d’une suprématie et d’une autonomie en tous points remarquables.
1- Qui fait quoi et qui paie ? la difficile mise en place du service national universel (Marianne, Anthony Cortes)
Alors que la phase de test du service national universel doit démarrer le 16 juin 2019, la répartition des charges et des tâches entre Etat et collectivités locales paraît encore floue. Avec au centre des question : le financement du SNU. C’est un des chantiers les plus symboliques du gouvernement. Son but : souder les futures générations autour d’un rendez-vous républicain annuel, le fameux service national universel (SNU). Un souhait en passe de se concrétiser avec le coup d’envoi, le 16 juin prochain, de sa phase de test. Dans les treize départements sélectionnés pour essuyer les plâtres, 3.000 jeunes âgés de 15 à 16 ans seront accueillis pendant deux semaines dans un centre en internat pour « des formations aux premiers secours, des ateliers sur les valeurs républicaines ou sur la protection environnementale », indique le gouvernement. Mais aussi « des parcours dans la nature, des courses d’orientation ou des franchissements d’obstacles », en plus de « bilans de maîtrise du français, de santé et des points d’orientation professionnelle ». Avant de participer à une « mission d’intérêt général » pendant deux autres semaines, en immersion dans une association, des corps en uniforme, des collectivités territoriales ou encore divers services publics. Comment cela va-t-il être financé et s’articuler ? Les nombreuses zones d’ombre restent nombreuses à ce stade.
LE BUDGET DE L’ÉDUCATION NATIONALE PONCTIONNÉ
Mesure prioritaire du candidat Macron, la mise en place du SNU devait à l’origine représenter une sorte de version allégée du service militaireobligatoire supprimé en 1997 par Jacques Chirac. Lors de ses premiers vœux adressés aux « forces vives de la Nation et aux corps constitués » le 30 janvier 2018, le président de la République a quelque peu modifié son discours : « Il ne s’agit pas de réinventer le service militaire. Mais de donner à la jeunesse de France des causes à défendre, des combats à mener dans le domaine social, environnemental, culturel ». Et d’afficher sa détermination : « Beaucoup disent que c’est impossible à faire. Cela forge plutôt en moi la conviction que c’est une nécessité de le faire ». Un an plus tard, le SNU est donc sur les rails pour une phase de rodage. Mais le flot des critiques ne s’est pas tari. Et le flou gouvernemental sur sa mise en œuvre n’y est pas étranger. Lors de son audition au Sénat le 5 mars, par la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées et celle de la culture, de l’éducation et de la communication, le secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse, Gabriel Attal, n’a pu que balbutier quelques éléments de réponse très vague, notamment sur son financement. La phase de test ? Chaque jeune coûtera 2.000 euros, assure-t-il, avant d’avancer le chiffre de « 4 millions d’euros » qui seront « investis en 2019 » pour assurer la mise en place du premier SNU. « Mais où seront-ils puisés ? », lui demandent plusieurs sénateurs, qui s’interrogent sur l’absence de ligne budgétaire dédiée à son financement. « On est dans l’épaisseur du trait », balaie-t-il, promettant que « ces crédits seront régularisés en projet de loi finance rectificatif (PLFR) en fin de gestion » après avoir été piochés dans deux programmes (jeunesse et vie associative ; conduite et soutien des politiques sanitaires, sociales, du sport, de la jeunesse et de la vie associative) du ministère de l’Education nationale. Cela avant qu’un programme budgétaire spécifique ne voie le jour en 2020 à partir des « besoins » constatés lors de la phase de test. Les prévisions que nous a communiquées le ministère prévoient in fine une enveloppe de 1,6 milliard d’euros par an lorsque le processus atteindra « son rythme de croisière ».
LES COLLECTIVITÉS À L’APPUI DE L’ETAT ?
Faut-il en déduire que seules les finances de l’Etat seront mises à contribution ? A en croire le rapport parlementaire « relatif à la création d’un service universel » établi par le groupe de travail dédié et publié au mois d’avril 2018, pas vraiment… En effet, celui-ci prévoit que la mise en place du service national universel « sollicitera des moyens ou des compétences » qui seront « très majoritairement ceux des collectivités territoriales ». « Il sera sans doute nécessaire de procéder à des adaptations législatives pour que les obligations légales des collectivités et de leurs établissements soient étendues à la mise en œuvre du service national universel, conseille le groupe présidé par le général Daniel Ménaouine. Notamment pour que la mise à disposition de locaux scolaires, sportifs, hospitaliers ou sociaux par exemple puisse s’opérer de droit ». Et ce, possiblement en échange d’une « compensation des coûts entraînés ». Dans un contexte où de nombreux élus locaux se plaignent de la baisse constante des dotations accordées aux collectivités, cette condition paraît incontournable pour ne pas raviver les tensions.
« Nous n’avons aucune réponse, aucun détail sur ce qui se prépare »
Mais en l’absence de texte de loi, Gabriel Attal préférant attendre la fin de la phase d’expérimentation, rien n’indique que les communes, départements et régions qui participent à la phase de test, et qui seront sollicités pour engager certains frais, revoient la couleur de leur argent. De quoi provoquer quelques inquiétudes du côté des élus locaux : « Nous serons très attentifs à ce que les conseils départementaux, ceux qui participent à la phase de test comme les autres, n’aient pas à payer une certaine enveloppe pour permettre le succès d’un projet gouvernemental contesté. Malheureusement, c’est pourtant ce qui se profile, s’agace Christine Prunaud, sénatrice communiste des Côtes-d’Armor et membre de la commission affaires étrangères, auprès de Marianne. C’est un des éléments qui renforcent cette impression de grand flou. Quel argent, quel encadrement, quelle formation ? Nous n’avons aucune réponse, aucun détail sur ce qui se prépare ». En réalité, chacune des 13 zones tests fait sa cuisine dans son coin. Ce sont plus précisément les préfectures qui sont à la baguette et qui sollicitent les collectivités ou les associations pour obtenir leur appui, qu’il soit matériel, logistique ou humain. Dans les Ardennes, 150 à 200 jeunes passeront deux semaines au sein du lycée Bazin de Charleville-Mézières, des locaux mis à disposition par la Région, nous indique-t-on. Même chose dans le Vaucluse, où le lycée Pétrarque d’Avignon se tient prêt à accueillir les jeunes volontaires, ou encore dans la Creuse où le lycée des métiers du bâtiment de Felletin leur servira de camp de base. Dans les Hautes-Pyrénées, le lieu d’hébergement sera un centre d’hébergement de l’association des pupilles de l’enseignement public (Pep) à Artigues. Tandis que dans le Morbihan, rien n’a été fixé. « Cela reste encore très flou à ce stade », nous confie-t-on du côté du Conseil départemental, dans l’attente « d’informations supplémentaires », voire de sollicitations plus insistantes.
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2- Défense : l’Europe impuissante (ASAF, la rédaction)
Isolés, les pays européens seront rapidement dominés stratégiquement par les grandes puissances. Pour rester indépendants, ils sont condamnés à coopérer. Sont-ils prêts ? Veulent-ils encore peser sur le destin du monde ? Pour ce faire, il est urgent que des pays motivés, dotés de compétences avérées, coopèrent sur des projets stratégiques concrets.
Richesse et faiblesse européennes
« L’Europe puissance » n’existe pas mais chaque État européen peut s’appuyer sur un long et riche passé. Le Danemark, le Portugal, l’Espagne ou la Pologne ont tous été de grandes puissances. Leur histoire millénaire n’a rien de comparable avec celle du Nevada ou de l’Utah. Le modèle américain n’est pas transposable à l’Europe. Les querelles entre populistes et progressistes semblent dérisoires quand se joue l’indépendance stratégique de chacune de nos nations. Inutile de dénigrer tel ou tel pays ; agir ainsi, c’est créer du ressentiment entre les peuples et faire le jeu des grandes puissances. Nous savons hélas que les intérêts des États européens divergent souvent, mais il en est d’autres, hautement stratégiques, qui peuvent être communs. Efforçons-nous de les identifier et de rassembler nos forces pour relever les défis et porter une véritable ambition mondiale. Sinon, il est illusoire de croire que nous pourrons conserver notre identité, assurer notre indépendance et participer aux transformations du monde.
Autonomie stratégique
L’exemple de Galileo est à cet égard emblématique puisque ce système de localisation, aujourd’hui le plus performant au monde, procure à chaque pays européen une totale indépendance dans le domaine essentiel et en pleine expansion de la géolocalisation. Aucun pays européen n’aurait pu mener seul un tel projet et tous seraient alors restés dépendants du système GPS américain, y compris pour ses applications militaires comme ils l’étaient depuis plusieurs décennies. La dépendance se paie cher et sans doute beaucoup plus que l’indépendance. Ainsi, la France ayant refusé de participer à l’opération militaire en Irak déclenchée en 2003, les États-Unis ont mis sous embargo les pièces de rechange des catapultes (d’origine américaine) du porte-avions Charles de Gaulle. Maintenue plus de 6 mois, cette mesure aurait conduit à son indisponibilité opérationnelle !
Rapport de force
Dans le rapport effectué sur le secteur spatial qu’ils ont présenté devant la commission de la Défense, en janvier 2019, MM. Olivier Becht et Stéphane Trompille relèvent : « pour la surveillance des orbites basses, la France utilise les données d’un catalogue publié par les États-Unis mais on ne peut pas s’y fier totalement : il omet certains appareils américains et certaines données orbitales sont particulièrement floues… C’est pourquoi la France a développé le système de radar GRAVES. Signe de l’importance cruciale de cette capacité: jusqu’à l’entrée en service de GRAVES, les Américains rendaient public ce qui concernait nos satellites militaires ; avec GRAVES, la France étant en position de faire de même pour les satellites américains, les États-Unis ont cessé ces publications. » Si dans ce cas précis la France a pu réaliser ce programme, l’importance croissante des satellites d’observation, de communication et d’interception, notamment pour notre Défense, exige des capacités complémentaires satellitaires que la France ne pourra pas financer seule, d’autant qu’il existe de nombreux autres domaines dans lesquels elle révèle d’importantes lacunes. Faut-il rappeler que nous louons des avions de transport de très grande capacité à des compagnies aériennes russes et ukrainiennes pour assurer la logistique d’une partie de nos forces engagées au Sahel dans l’opération Barkhane ? Face aux États-Unis ou à la Chine, la France peut-elle développer seule le système de combat aérien du futur, des capacités de cyberdéfense efficaces, renforcer ses moyens de recherche et d’exploitation du renseignement si ce n’est en multipliant par deux son effort de Défense ? Et quand bien même elle le pourrait, aurait-elle les ressources scientifiques et techniques suffisantes pour travailler dans ces différents domaines stratégiques alors que les Américains sont 5 fois plus nombreux et dépensent pour leur défense plus de 10 fois ce que nous consentons ?
Réagir pour restaurer notre indépendance
Face aux grandes puissances, les États européens qui le veulent doivent mettre en commun certaines de leurs ressources pour développer des capacités stratégiques essentielles. Tirons le meilleur parti de nos cultures distinctes et combinons, sur des projets concrets, nos différents talents, capacités et génies et nous serons supérieurs à nos concurrents. Concernant nos armées, chaque pays a une culture militaire propre et des domaines d’excellence. C’est autour de ces atouts qu’il faut organiser nos forces. Devons-nous demander aux Baltes et aux Finlandais d’envoyer autant de soldats au Sahel ou en Libye que les Portugais ou les Italiens ? Il vaut mieux prendre en compte la position géographique, la perception des menaces, mais aussi les capacités naturelles, le tempérament et les pôles d’excellence de chacune des nations.
Agir au plus tôt
Il serait erroné de croire que le financement collectif de capacités trop difficiles ou impossibles à posséder au niveau national, permettrait de réaliser des économies. Malgré la crise des gilets jaunes, la France doit en effet tenir l’engagement, qu’elle a pris comme tous les pays appartenant à l’OTAN, de consacrer 2 % de son PIB pour sa Défense en 2025. En attendant une hypothétique défense européenne, pourquoi ne pas proposer de faire financer dès à présent le surcoût des opérations menées contre les islamistes au Moyen-Orient et au Sahel par les pays qui estiment qu’ils sont un ennemi commun
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3- OPEX : en 2018, l’armée de l’air a assuré plus de 22.000 heures de vol et tiré 205 munitions (OPEX 360, Laurent Lagneau)
Le 14 mars, le Commandement de la Défense Aérienne et des Opérations Aériennes [CDAOA] vient de publier le bilan des activités de l’armée de l’Air en 2018. Et il en ressort que le nombre d’heures de vol effectués sur les théatres d’opérations extérieurs est quasiment stable par rapport aux années 2016 et 2017, en raison notamment d’une sollicitation accrue des drones MQ-9 Reaper dans la bande sahélo-saharienne [BSS]. Alors que l’un d’entre-eux s’est écrasé au retour d’une mission, en novembre dernier et qu’un autre a été redéployé sur la base aérienne 709 de Cognac, ces appareils ont assuré 1.407 missions au-dessus de la BSS, ce qui représente 9.190 heures de vol [soit 383 jours]. En 2017, avec 5 Reaper disponibles, le 1/33 Belfort avait accompli 390 missions, soit 5.700 heures de vol, au profit de l’opération Barkhane. Les Mirage 2000 engagés au Sahel ont assuré 5.471 heures de vol pour 1.650 sorties, au cours desquelles ils ont délivré 64 munitions. Par rapport à 2017, les missions qu’ils ont effectuées ont été plus nombreuses [1.400], ce qui ne s’est pourtant pas traduit par un volume d’heures de vol plus élevé. S’agissant des frappes, on ne peut pas faire de comparaison : le bilan 2017 du CDAOA avait seulement évoqué « 189 interventions sur des groupes armés terroristes », sans pour autant préciser le nombre de munitions tirées [une intervention peut aussi être une démonstration de force – « show of force »]. Toujours au sujet de l’opération Barkhane, le Casa « Nurse », c’est à dire l’avion médicalisé utilisé pour les évacuations sanitaires [EVASAN], a été sollicité à 106 reprises pour évacuer « 245 personnels », qui ne sont pas forcement des militaires français étant donné que cet appareil peut être aussi mis à la disposition des forces partenaires. Au Levant, l’activité des Rafale engagés dans l’opération Chammal a été considérablement réduite par rapport à 2017, avec 40% de sorties en moins [922 missions pour 4.470 heures de vol assurées en 2018 contre 1.581 missions pour 8.000 heures de vol un an plus tôt]. Le califat « physique » de l’État islamique [EI ou Daesh] ayant pratiquement disparu, le nombre de munitions tirées a été divisé environ par trois [424 larguées en 2017 contre 132 en 2018]. À noter que les avions ravitailleurs C-135FR ont connu une année 2018 chargée, malgré leur grand âge. Au titre de l’opération Chammal, ils ont assuré 41 missions [soit 266 heures de vol] pour délivrer 587 tonnes de carburant. Leur activité a encore été plus importante au Sahel, avec 361 missions pour fournir 5.700 tonnes de pétrole aux Mirage 2000. Ces appareils ont évidemment été sollicités pour l’opération Hamilton, sur laquelle le bilan du CDAOA revient longuement. Conduite dans la nuit du 13 au 14 avril, cette dernière a mobilisé 5 Rafale, 4 Mirage 2000-5, 2 E-3F AWACS et 6 C-135FR. Et elle a donné lieu au tir de 9 missiles SCALP contre des cibles liées programme chimique syrien. Enfin, s’agissant des missions réalisées au profit de l’Otan, l’année 2018 a été marquée par le déploiement de 4 Mirage 2000-5 de l’Escadron de chasse 1/2 Cigognes en Estonie, au titre de l’opération enhanced Air Policing [eAP]. Les avions de l’armée de l’Air y ont assuré 604 heures de vol et 23 décollages sur alerte pour identifier 29 appareils ne respectant pas les règles de la circulation aérienne [le bilan du CDAOA se garde de préciser leur nationalité mais on sait qu’il s’agit principalement d’aéronefs russes]. Parallèlement à ce déploiement en Estonie, les E-3F Awacs de la 36e escadre de commandement et de conduite aéroportée ont effectué 13 missions [pour 144 heures de vol] dans la région de la Baltique. Enfin, s’agissant du territoire national, le CDAOA souligne que « le retour depuis 2007 des vols des bombardiers russes au-dessus des approches maritimes de la France et les missions potentielles d’espionnage d’aéronefs étrangers font l’objet de toutes les attentions du personnel renseignement qui travaille au Centre national des opérations aériennes. » En 2018, il a été constaté 298 « situations anormales » qui ont nécessité 149 décollages sur alerte au titre de la « Posture permanente de sécurité – Air », dont 88 pour les avions de chasse [dont 35 pour des pertes de contact radio] et 61 pour les hélicoptères Fennec « MASA ».
ÉCONOMIE
Entre succès et défaites, l’économie nous livre ses bons et mauvais points dans un monde en perpétuel mouvement, et où se concentrent des conflits économiques de premier plan, dans les domaines de la défense, autant que sur un plan plus général. Les grands acteurs stratégiques et décideurs qui se livrent aux tentatives de stabilisation de l’économie se retrouvent souvent mis en difficultés, comme l’Allemagne à l’égard de ses dépenses militaires, AREVA, dans une guerre sans merci pour l’achat stratégique du groupe canadien URAMIN, ou l’Afrique du Sud, face à un déclin sans précédent. Mais, bonne nouvelle et succès pour Naval group, qui remporte un nouveau mégacontrat.
1- L’OTAN tance l’Allemagne sur le niveau de ses dépenses militaires (OPEX 360, Laurent Lagneau)
En septembre 2014, lors du somment de Newport, les pays membres de l’Otan ont tous convenu de porter le niveau de leurs dépenses militaires à 2% de leur richesse nationale [PIB] d’ici 2024. Et depuis qu’il est à la Maison Blanche, le président américain, Donald Trump, en a fait l’un de ses chevaux de bataille. Et pour cause : les États-Unis sont déjà largement au-dessus de ce seuil. Pour autant, à en croire le dernier rapport annuel de l’Otan [.pdf], le budget militaire américain a significativement baissé entre 2011 et 2018, étant donné qu’il est passé de 740 à 680 milliards de dollars [en prix courants]. La différence est encore plus importante en prix constants de 2010. Mécaniquement, les États-Unis ont consacré à leurs forces armées 3,39% de leur PIB [contre 4,77% en 2011]. Globalement, les dépenses militaires de l’ensemble des pays membres de l’Otan représentent 2,36% du PIB, les Européens et le Canada étant à la traîne [avec 1,48% du PIB]. Cependant, quelques États du Vieux Continent ont déjà atteint l’objectif fixé en 2014. Tel est le cas de la Grèce [2,22%], du Royaume-Uni [2,15], de l’Estonie [2,07%], de la Pologne [2,05%], de la Lettonie [2,03%] et de la Lituanie [2%]. Cela étant, les Alliés adoptèrent une autre règle à Newport : 20% de leurs dépenses militaires devaient être dédiés à la modernisation de leurs capacités. Sur ce plan, 16 pays [sur 29] sont dans les clous. Ce qui n’est pas le cas de la Grèce, dont le budget militaire est le second plus élevé de l’Otan en terme de pourcentage de PIB. De même que l’Estonie. Or, cette règle est tout aussi importante, si ce n’est plus, que celle dite des 2%. « Il existe en fait une triple règle, dite la règle des ‘trois C’ : cash, capacités, contribution. Les États-Unis insistent […] quant au fait que les pays européens ne peuvent pas dépendre du parapluie américain et doivent investir sur le cash – ce sont les 2 % – qui correspondent au niveau d’ambition de l’Otan traduit en termes militaires », a expliqué le général [2S] Denis Mercier, ex-Commandant suprême allié Transformation [SACT], lors d’une récente audition à l’Assemblée nationale. « Mais cela ne suffit pas » car « le budget ne fait pas tout », a-t-il continué. « Ainsi, certains pays ont des budgets de défense supérieurs à celui de la France, mais investissent tout dans les salaires du personnel. Ce faisant, ils ne modernisent pas leurs capacités. Le deuxième C correspond donc aux capacités […] », donc aux 20% des 2% du PIB, a poursuivi le général Mercier. Et ce dernier d’ajouter : « Mais cela ne suffit encore pas. En effet, il existe un pays qui investit les 2 %, y compris pour sa modernisation, mais qui conserve le tout pour sa défense personnelle et ne met rien à disposition des coalitions menées par l’Otan. D’où le troisième C, pour commitment ». Quoi qu’il en soit, même si elle est particulièrement engagée dans les opérations de l’Otan [entre autres, elle dirige, cette année, le « fer de lance » de la force de réaction rapide tout en étant la nation cadre d’un bataillon multilnational en Lituanie, ndlr] l’Allemagne, qui a l’économie la plus puissante en Europe, ne respecte ni les 2% du PIB, ni les 20% dédiés aux capacités. D’ailleurs, lors du dernier sommet de l’Otan, à Bruxelles, en juillet 2018, elle a assuré que le niveau de ses dépenses militaires atteindraient 1,5% du PIB d’ici 2024… Sauf que, selon les chiffres du rapport annuel, elle n’en prend pas le chemin : le niveau de son effort de défense a stagné à 1,23% du PIB entre 2017 et 2018. Et, d’après Der Spiegel, le ministre allemand des Finances, le social-démocrate Olaf Scholz, entend freiner l’évolution du budget de la Bundeswehr, en le portant à 44,7 milliards d’euros en 2020, sout 2,5 milliards de moins que prévu. Pour Ulrike Frank, un analyste l’European Council on Foreign Relations, cité par l’AFP, « cela signifie qu’il est très vraisemblable que l’Allemagne n’atteindra pas l’objectif pour 2024. » D’autant plus que les dépenses militaires sont un sujet récurrent de fricton entre les conservateurs de la CDU et les sociaux-démocrates du SPD au sein de la « Grande coalition » dirigée par Angela Merkel. D’où le commentaire de Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan. « J’attends de tous les alliés, y compris l’Allemagne, qu’ils tiennent leurs promesses », a-t-il prévenu, lors de la conférence de presse organisée pour présenté le rapport 2018 de l’Alliance. « Je m’attends à plus. Je m’attends à d’autres augmentations », a-t-il encore insisté, en évoquant l’engagement de Berlin d’augmenter le budget de la Bundeswehr de 80% entre 2014 et 2024. Reste que, malgré tout, les dépenses militaires des pays européens membres de l’Otan et du Canada ont augmenté d’environ 4% de 2017 à 2018. Et de 41 milliards de dollars entre 2016 et 2018. « Ce chiffre devrait atteindre 100 milliards de dollars d’ici à la fin de l’an prochain », a estimé M. Stoltenberg.
2- Et Naval Group remporta le mégacontrat de chasseurs de mines belgo-néerlandais (La Tribune, Michel Cabirol)
C’est la fête chez Naval Group, qui réussit un très gros coup commercial aux dépens du consortium français STX/Thales et du chantier néerlandais Damen. Après l’Australie et les pétroliers ravitailleurs, le groupe naval a gagné vendredi en tant qu’outsider un nouveau contrat important, comme l’avait annoncé La Tribune. Naval Group et son partenaire ECA ont remporté l’appel d’offres piloté depuis 2016 par la Belgique sur l’achat de douze chasseurs de mines par la marine belge (six bâtiments) et néerlandaise (six autres) pour un montant de plus de 2 milliards d’euros, dont 1,1 milliard pour la partie belge. Selon nos informations, Naval Group a remporté haut la main cette compétition devant les deux autres concurrents en étant devant sur la totalité des critères : techniques, coopération industrielle (au moins 39 partenaires) et prix. Le montant belge de cet achat pèse 1,11 milliard d’euros, selon le site de la RTBF, ce qui représente 200 millions d’économie par rapport au budget initialement prévu. Ce qui confirme les informations de la La Tribune.
Un appel d’offres belgo-néerlandais
Cette modernisation de la flotte belge renforce la position de la Belgique au sein de l’OTAN en tant qu’expert dans le domaine de la chasse aux mines. La marine belge attend le premier de ses six navires en 2023, les Néerlandais étant livrés un an plus tard. La future capacité utilisera des drones en surface, dans les airs et sous l’eau afin de détecter puis neutraliser des mines. « Grâce à cette nouvelle méthode de travail, le vaisseau-mère et son personnel pourront rester hors du champ de mines car seuls les drones y seront actifs », a expliqué le ministère de la défense belge dans son communiqué publié vendredi. Le 8 juin 2018, la Belgique et les Pays-Bas avait officialisé l’achat de seize navires militaires (deux frégates et six navires de lutte contre les mines pour chaque pays) pour un montant total de plus de quatre milliards d’euros. La Belgique avait décidé d’investir 2,2 milliards d’euros dans l’acquisition de ces huit navires. Chaque pays assure la direction d’un programme. Les Pays-Bas s’occupent de celui des nouvelles frégates tandis que la Belgique a pris en charge la construction des douze nouveaux navires de lutte contre les mines pour les deux pays. La mise en service de la première frégate est quant à elle prévue pour 2027.
Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/et-naval-group-remporta-le-megacontrat-de-chasseurs-de-mines-belgo-neerlandais-810902.html
3- A qui profite l’échec stratégique d’AREVA dans l’acquisition du groupe canadien URAMIN ? ( Info guerre, Anselme Patrick Houlaguele)
Après avoir utilisé AREVA comme un appât, la Chine rentre dans le cercle fermé du monde nucléaire par le développement de sa propre centrale qui est en phase de commercialisation dans le monde. À défaut de protéger son patrimoine industriel, AREVA et EDF ne risquent-ils de se laisser surprendre par la capacité chinoise à acquérir une partie de cette technologie, dont certains doutaient à l’époque, de la nature du partenariat qui a été signé en marge du C8 par « EDF, Areva et China Guangdong Nuclear Power Company (CGNPC) en octobre 2012. Il est supposé permettre le développement d’un nouveau réacteur de 1 000 mégawatts commun aux trois signataires, selon EDF. Mais son contenu reste flou. Validé par le gouvernement français, il suscite des craintes sur d’éventuels transferts de technologie nucléaire à la Chine, dans un domaine éminemment sensible.
Les ambitions chinoises
Dans la période de recapitalisation du groupe AREVA en 2015, la Chine s’est manifestée en prenant des parts au capital du groupe, démontrant ainsi sa volonté de construire à terme des centrales, dites low-cost dans les pays émergents et peut-être dans quelques pays d’Afrique. La Chine finira par prendre la main sur son marché intérieur en associant ses rivaux dans la construction des 21 centrales prévues, afin de saisir de leur savoir-faire dans la partie dont elle n’a pas encore la capacité de réaliser. Le marché chinois est le plus grand marché du nucléaire au monde avec 21 centrales en constructions après l’Arabie saoudite avec 16 centrales qui suscite un appétit grandissant des Chinois (CNNC et CGN). Selon l’agence Bloomberg Abdel Malek al-Sabery, consultant au King Abdullah City for Atomic and Renewable Energy (Kacare) « Ryad devrait ainsi présélectionner deux à trois entreprises internationales parmi cinq groupes originaires de Chine, des États-Unis, de Russie, de Corée du Sud, et de France ». Le partenariat AREVA et les géants CNEC / CNNC avaient pour but de faciliter l’accès au marché international au groupe Chinois pour enfin vendre des réacteurs 100 % made in China.
Les réalisations chinoises à l’international et les marchés en vue :
- 4 réacteurs au Pakistan ;
- Acquisitions d’un contrat en Roumanie pour les réacteurs 3 et 4 Cernavod;
- Le partenariat du CGNPC avec EDF sur l’EPR d’Hinkley Point au Royaume-Uni ;
- Des marchés en cours de négociation en Égypte, l’Afrique du Sud, Turquie, au Royaume-Uni, en Iran, au Kenya, au Soudan, en Arménie, en Argentine et au Kazakhstan) ;
- Acteurs de son propre marché en Chine.
La Chine ne se contente pas de miser sur le développement du nucléaire, elle augmente sa capacité par d’autres sources d’énergie durables et se met en avant dans une transition énergétique qui est aussi un levier important de la croissance et de l’économie verte par la construction de différentes centrales dans l’énergie solaire, et dans l’énergie l’éolienne. Une telle politique offensive rendra la Chine incontournable dans les prochaines décennies vis-à-vis des autres nations. Si elle réussit à maintenir ce cap, aucun État au monde pourra résister à la démultiplication de ses offres par rapport au coût, à sa démographie et sa vision stratégique de renforcer et consolider sa politique de l’accroissement de puissance par la diversification de l’économie au niveau national et international.
La Russie et la Chine, les leaders du marché nucléaire au monde.
La société Rosatom a été créé en 2007 et emploie plus de 255 000 personnes dans 40 pays. La firme a pour objectif d’assurer la gestion des projets et du parc nucléaire de la fédération de Russie. Le groupe nucléaire russe a su passer des partenariats utiles notamment avec AREVA NP sur le système de contrôle commande de sûreté (I&C) ». La technologique TELEPERM XS D’AREVA NP, a permis à Rosatom d’avoir un système performant et moderne pour équiper ses anciennes centrales en modernisation et des nouvelles en construction. L’industrie nucléaire russe peut désormais répondre aux normes et aux exigences de la sûreté nucléaire comme le démontre l’équipement de la Centrale de Novovoronezh-2, de Leningrade-2, et l’intégration des composants d’I&C pour la modernisation des unités 3 et 4 de la centrale de Kola.
Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
https://infoguerre.fr/2019/03/a-profite-lechec-strategique-dareva-lacquisition-groupe-canadien-uramin/
4- L’économie sud-africaine à bout de souffle ( Le Point Afrique, Marlène Panara)
Alors que Cyril Ramaphosa fête sa première année au pouvoir, et malgré les réformes mises en place, les indicateurs économiques sont dans le rouge, en attendant les élections de mai.
Un an après la démission du président Jacob Zuma, l’économie sud-africaine a-t-elle repris des couleurs ? Certes, le pays est sorti de la récession en décembre dernier. Mais son taux de croissance estimé à 0,8 % cette année, selon l’Office sud-africain de la statistique (StatSA), est en baisse par rapport à 2017. Cyril Ramaphosa, au pouvoir depuis février 2018, peine à relancer l’économie et à endiguer le chômage, priorités qu’il s’était pourtant fixées lors de son accession à la tête de la nation arc-en-ciel. Les fruits de la politique mise en œuvre par son gouvernement se font donc attendre, contrariés par une conjoncture peu propice à la reprise, mais aussi par les nombreux conflits internes à l’ANC, le parti au pouvoir. Une situation qui fait dire au directeur de l’Institut sud-africain des relations raciales (IRR), Frans Cronje, que « la stratégie du gouvernement » en matière économique « frise la folie ». « L’administration Ramaphosa gaspille la potentielle confiance des investisseurs », affirme-t-il également dans un communiqué.
Une refonte de l’ANC
Objets de ses critiques, entre autres : la Charte minière, qui, selon lui, a, « en vérité, fermé la porte à de nouveaux investissements miniers dans les zones vertes », le régime d’assurance maladie national proposé – un nouveau système qui « risque de détruire le système de santé privé de l’Afrique du Sud et, avec lui, la capacité du pays à conserver une classe moyenne forte » – ou encore « les menaces qui pèsent sur les droits de propriété ». D’après lui, « elles ont atteint un stade suffisamment avancé pour empêcher une reprise économique ». Ces décisions privilégient, d’après Frans Cronje, « plutôt le contrôle de l’État sur des réformes structurelles » que les entreprises et investissements issus du privé. Un point de vue que partage Bianca Botes, analyste financière chez la firme sud-africaine Peregrine Treasury. Les autorités doivent « attirer davantage d’investissements du secteur privé et d’investisseurs étrangers en veillant à ce que les politiques soient favorables aux entreprises, équitables et dans l’intérêt du pays, plutôt que du parti au pouvoir », préconise-t-elle. Car c’est de ce parti, l’ANC, que la morosité dans laquelle se trouve aujourd’hui l’Afrique du Sud trouve son origine d’après l’analyste. « Le président Ramaphosa a déployé beaucoup d’efforts pour améliorer l’image de l’Afrique du Sud, reconnaît-elle. Mais il faudrait un changement radical au sein du parti au pouvoir pour éradiquer les années de corruption institutionnelle, rétablir la stabilité politique dans le pays. » Et donc attirer, pour de bon, les « investissements directs étrangers, limités aujourd’hui par l’incertitude politique associée à une faible croissance économique ». « Créer une base favorable à l’investissement en établissant au moyen de politiques de croissance proéconomique et d’un gouvernement fort qui donne la priorité au bien-être de l’économie » sera alors la seconde étape du processus sud-africain de « reconquête » d’après Bianca Botes.
« Des passifs considérables »
Pour le moment, « les taux de croissance de l’Afrique du Sud sont inférieurs aux prévisions », prévient Frans Cronje, dont le communiqué est basé sur les chiffres présentés dans le budget du ministre des Finances, Tito Mboweni. « Un déclassement d’une agence de notation est inévitable », pense le directeur de l’IRR. Et il est vrai que l’Afrique du Sud ne rassure toujours pas. En fin d’année 2018, les économistes de Standard & Poor’s ont maintenu la note de la nation arc-en-ciel dans la catégorie spéculative. En cause : « une croissance économique anémique et des passifs considérables ».
Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
https://www.lepoint.fr/economie/l-economie-sud-africaine-a-bout-de-souffle-13-03-2019-2300774_28.php
TOUR D’HORIZON DE MEDIAS SPECIALISÉS :
ESPRITSURCOUF.fr vous offre un tour d’horizon des titres de fond propres à susciter la réflexion de défense et de sécurité.
Les Etats-Unis sanctionnent la Cour pénale internationale pour tenter d’empêcher des enquêtes sur des militaires américains (Franceinfo, avec AFP)
https://www.francetvinfo.fr/monde/usa/les-etats-unis-sanctionnent-la-cour-penale-internationale-pour-tenter-d-empecher-des-enquetes-sur-des-militaires-americains_3235191.html
Les présidentielles en Ukraine et le futur de l’Europe (Télos, Cyrille Bret)
https://www.telos-eu.com/fr/les-presidentielles-en-ukraine-et-le-futur-de-leur.html
Réforme militaire argentine : regain militariste ou renoncement à la Défense ? (Diploweb, Lucas Fabre)
https://www.diploweb.com/Reforme-militaire-argentine-regain-militariste-ou-renoncement-a-la-Defense.html
Libye-Tchad. La France lâche les Toubous et étend la guerre (Orient XXI, Ali Bensaad)
https://orientxxi.info/magazine/libye-tchad-la-france-lache-les-toubous-et-etend-la-guerre,2941
Boko Haram versus Daesh a un nouveau chef (L’Expression)
http://www.lexpressiondz.com/internationale/311951-boko-haram-versus-daesh-a-un-nouveau-chef.html
PARUS AU JOURNAL OFFICIEL
Textes à ne pas négliger pour comprendre l’actualité de défense et de sécurité.
Décret n° 2019-190 du 14 mars 2019 codifiant les dispositions applicables aux installations nucléaires de base, au transport de substances radioactives et à la transparence en matière nucléaire
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=415093171039207F9F7EF3F14C72AC48.tplgfr29s_2?cidTexte=JORFTEXT000038232601&dateTexte=&oldAction=rechJO&categorieLien=id&idJO=JORFCONT000038232585
Décret n° 2019-188 du 13 mars 2019 portant convocation des électeurs pour l’élection des représentants au Parlement européen
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=415093171039207F9F7EF3F14C72AC48.tplgfr29s_2?cidTexte=JORFTEXT000038230002&dateTexte=&oldAction=rechJO&categorieLien=id&idJO=JORFCONT000038229724
Arrêté du 28 février 2019 modifiant l’arrêté du 18 juin 2018 portant organisation et attributions de la direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=415093171039207F9F7EF3F14C72AC48.tplgfr29s_2?cidTexte=JORFTEXT000038226800&dateTexte=&oldAction=rechJO&categorieLien=id&idJO=JORFCONT000038226647
Arrêté du 7 mars 2019 relatif aux conditions médicales d’aptitude exigées pour le personnel de la réserve opérationnelle du service des essences des armées
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=415093171039207F9F7EF3F14C72AC48.tplgfr29s_2?cidTexte=JORFTEXT000038226732&dateTexte=&oldAction=rechJO&categorieLien=id&idJO=JORFCONT000038226647
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