-GÉOPOLITIQUE : relations internationales, zones pays
-DÉFENSE : militaire, sécurité intérieure, terrorisme
-ÉCONOMIE : entreprise, industrie
La revue de presse de Jacques Raimond
La revue de presse « Esprit Surcouf » vous propose une sélection hebdomadaire d’une dizaine d’articles, peu diffusés dans les médias traditionnels, présentés dans trois rubriques : géopolitiques, défenses, économies. La revue de presse y ajoute un tour d’horizon des médias spécialisés, ainsi que les textes officiels parus dans la semaine passée, utiles à consulter et à retenir.
Trois grandes réflexions et constats, avec des propositions pour les relations internationales, commencent cette année 2019. D’une part, grâce à la rétrospective de décembre 2018, les enjeux se découvrent avec force, d’autre part, les menaces à la fois terrestres et spatiales démontrent la nécessité majeure de l’anticipation, dans un climat d’incertitudes internationales.
Trois sujets très différents, qui se complètent cependant dans leur globalité, et sans méconnaître ce que le lecteur doit découvrir dans les récentes parutions du journal officiel, en ce qui concerne la condition militaire, viennent en ce début d’année rappeler les fondamentaux : l’esprit guerrier, le patrimoine de notre gendarmerie, et les questions de la formation des officiers de l’armée de terre.
Une confrontation naît autour de la propriété du Nil, de ses produits stratégiques, que ce soit l’eau ou/et l’électricité. Quant aux nouvelles technologies, elles ont envahi la discipline économique, au point d’en toucher tous les secteurs, dont la sécurité n’est pas la moindre.
La revue de presse d’Esprit Surcouf présente à ses fidèles lecteurs ses meilleurs vœux pour 2019
- GÉOPOLITIQUE :
- Orient XXI- En Syrie, le retrait américain exacerbe les incertitudes
- Synthèse de l’actualité internationale de décembre 2018
- Espace : l’Europe contre-attaque
- DÉFENSE :
- Le chef d’état-major de l’armée de Terre place l’année 2019 sous le signe de « l’esprit guerrier »
- La gendarmerie veut doper sa visibilité et défendre ses marques
- Plusieurs écoles, différents objectifs
- ÉCONOMIE :
- L’Hydro-guerre dans la corne de l’Afrique : confrontation entre l’Ethiopie, le Soudan et l’Egypte
- Talk Sapiens – La Tribune#1 : faut-il avoir peur de l’intelligence artificielle ?
- En matière de cybersécurité, se prémunir contre les menaces ne suffit plus
- TOUR D’HORIZON DE MEDIAS SPÉCIALISÉS
- TEXTES PARUS AU JOURNAL OFFICIEL
GÉOPOLITIQUE
Trois grandes réflexions et constats, avec des propositions pour les relations internationales, commencent cette année 2019. D’une part, grâce à la rétrospective de décembre 2018, les enjeux se découvrent avec force, d’autre part, les menaces à la fois terrestres et spatiales démontrent la nécessité majeure de l’anticipation, dans un climat d’incertitudes internationales.
1 – Orient XXI- En Syrie, le retrait américain exacerbe les incertitudes (Orient XXI, Joseph Bahout)
La Maison Blanche a décidé le retrait des forces américaines de Syrie. Le président Donald Trump a tweeté : « Nous avons vaincu Daech en Syrie, ma seule raison d’y être pendant la présidence Trump ». Quelle sera la prochaine étape ? Selon une blague sinistre en vogue à Washington, la fin de la présence américaine dans le nord-est de la Syrie n’était qu’à un tweet de Donald Trump. La plaisanterie est devenue réalité avec l’annonce soudaine du retrait des deux mille soldats américains de Syrie, comme Trump l’avait promis depuis longtemps. Pour les initiés de Washington, c’était prévisible. Le président n’a jamais été convaincu que les États-Unis avaient besoin d’une présence physique dans un théâtre où ils n’avaient qu’un pouvoir et une influence minimaux. Mais cette analyse n’était pas partagée par tous à la Maison Blanche. Le conseiller à la sécurité nationale John Bolton considérait la présence américaine comme un moyen de dissuasion contre l’Iran, son obsession de longue date. Le secrétaire à la défense James Mattis craignait qu’une sortie anticipée ne laisse un vide que l’organisation de l’État islamique (OEI) pourrait combler, forçant Washington à se redéployer à nouveau, et dans de pires conditions. Il a donc décidé de démissionner, suivi par Brett McGurk, représentant des États-Unis dans la coalition internationale contre l’OEI. Ce retrait permet à Trump d’affirmer que « l’État islamique a été vaincu » et de tenir une promesse électorale de retrait total des troupes américaines. Beaucoup de gens contesteraient cette évaluation, y compris les propres services de renseignement du président, et le Pentagone. Dans des rapports rendus publics en août 2018, les services de renseignements américains estimaient que l’OEI comptait encore quelque 17 000 hommes en Irak et 14 500 en Syrie. Ces chiffres traduisent un risque similaire à celui du retrait prématuré d’Irak en 2011 sous l’administration Obama. Il avait entraîné une augmentation de la violence et des attaques terroristes. En fait, quand il était candidat à l’élection présidentielle, Trump se plaisait à dépeindre ce retrait d’Irak comme le plus grand péché de son prédécesseur au Proche-Orient. La décision abrupte de Trump en Syrie est encore plus risquée. Le tumulte du nord-est de la Syrie pourrait déclencher une confrontation régionale plus large et incontrôlée. Le vide laissé par le départ des troupes américaines ouvrira une course mortelle pour le contrôle de la région. Les plus proches alliés de Washington dans la lutte contre l’OEI ont longtemps été les Forces démocratiques syriennes (FDS) kurdes. La Turquie, autre acteur clé dans la région, considère les Kurdes comme une menace pour son propre gouvernement. Avec le départ de leurs protecteurs américains, elle aura enfin une occasion en or de tenter d’écraser ses ennemis kurdes. L’ouverture de ce nouveau front retirera des forces engagées contre l’OEI, offrant ainsi des perspectives à celle-ci et augmentant la violence dans la région.
Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
https://orientxxi.info/magazine/en-syrie-le-retrait-americain-exacerbe-les-incertitudes,2831
2 – Synthèse de l’actualité internationale de décembre 2018 ( Diploweb, Axelle Degans)
Agrégée d’histoire, Professeure de chaire supérieure au lycée Faidherbe (Lille) où elle enseigne la géopolitique en classes préparatoires économiques et commerciales. Membre du laboratoire HABITER (EA 2076) de l’Université Reims Champagne-Ardenne.
Voici une synthèse de l’actualité internationale de décembre 2018 qui sera fort utile à tous ceux qui veulent disposer d’un point de l’actualité géopolitique, voire préparent un concours. Pour ne rien manquer, et recevoir nos alertes sur des documents importants, le plus simple est de s’abonner gratuitement à notre Lettre d’information hebdomadaire ou au compte twitter de veille géopolitique @diploweb (+ de 12 000 followers)
Le sort des urnes
En Géorgie, Salomé Zourabichvili est devenue en décembre 2018 la nouvelle présidente de la Géorgie, république du Caucase. C’est la dernière élection présidentielle qui procède du suffrage universel direct, la prochaine sera indirecte, le président étant choisi par les parlementaires. La nouvelle présidente est connue en France pour avoir précédemment embrassé une carrière au Quai d’Orsay. Andry Raejolina a remporté en décembre 2018 les élections présidentielles malgaches avec un peu plus de 55 % des suffrages exprimés pour une participation d’un peu moins de 50%. La commission électorale doit confirmer les résultats alors que son challenger dénonce des fraudes électorales. Cette élection a été l’occasion de dépenses somptuaires alors que le revenu moyen des malgaches est aujourd’hui inférieur à celui du moment de l’indépendance. Le pays est gangréné par la corruption et le système de la « rapine », c’est-à-dire des prélèvements effectués sur les produits exportés. En République démocratique du Congo (RDC) les élections présidentielles prévues pour décembre 2018 ont de nouveau été repoussées, ce qui laisse planer de fortes inquiétudes. Une vingtaine de candidats se présentent pourtant à ces élections. … L’Eglise catholique, une des rares structures qui maille encore l’ensemble du territoire congolais, promet d’être vigilante et de veiller à ce que le scrutin puisse se dérouler dans les meilleures conditions possibles. Joseph Kabila est président depuis la mort de son père – le seigneur de guerre Laurent-Désiré Kabila -en 2001. Il a été élu en 2006 puis en 2011. Les élections présidentielles auraient dû se tenir en 2016, mais elles sont depuis sans cesse ajournées, le président – qui ne peut se présenter pour un troisième mandat – restant au pouvoir. Le report partiel des élections, qui doivent se tenir le 30 décembre, n’est pas un bon signe.
Les nouvelles d’Afrique
En Tunisie, huit années presque jour pour jour après l’immolation du jeune Mohamed Bouazizi (décembre 2010) qui a été le point de départ de la « révolution du jasmin » et plus généralement des révoltes arabes, un autre jeune, journaliste cette fois-ci, s’est immolé en décembre 2018 à Kasserine. Il a voulu, par son geste désespéré, dénoncer l’absence de perspective d’avenir dans son pays. Des heurts ont éclaté dans plusieurs villes tunisiennes, montrant que rien n’est réglé depuis la chute du président Ben Ali (2011) et la transition vers la démocratie. La situation économique et sociale reste bloquée, pour le malheur d’une jeunesse nombreuse et diplômée. L’islamisme radical monte dans ce pays où l’avenir semble sombre. Le danger djihadiste est loin d’avoir disparu au Sahel comme le rappelle les récents affrontements au Mali. Le président Emmanuel Macron est allé réveillonner avec les troupes françaises au Tchad, réaffirmant ainsi son soutien à l’engagement militaire au côté du G5 Sahel (Tchad, Burkina Faso, Mali, Niger et Mauritanie). Il demande à l’Union européenne de contribuer au plus vite au financement de cette action commune visant à éloigner le danger djihadiste de l‘UE. Au Maroc, deux jeunes touristes scandinaves ont été assassinées en décembre 2018 par des djihadistes. Une révélation perturbante pour le royaume chérifien. Au Niger, une centaine d’écoles ont été fermées en raison de menaces djihadistes.
Les Etats-Unis de Donald Trump
Le président Donald Trump annonce en décembre 2018 le retrait les troupes américaines de Syrie, déclarant que l’Etat islamique a définitivement été battu… mais rien n’est moins sûr. Il tient ainsi une de ses promesses électorales. C’est une décision assez populaire au sein de la population américaine, attachée à l’« America first ». Les effectifs militaires engagés (2 000 en Syrie et 14 000 en Afghanistan) devraient être divisés par plus de deux, mais les effectifs en Irak (5 200 hommes) devraient être maintenus. Cette décision, essentiellement décidée pour des considérations internes aux Etats-Unis n’est pas étrangère à la démission du secrétaire à la Défense, le général James Mattis. Elle pénalise les Kurdes que Washington avait jusque là soutenus mais satisfait grandement la Turquie qui ne veut pas de la création d’un Kurdistan indépendant. Les Etats-Unis sont de nouveau confrontés en décembre 2018 à un « shut down », comme ils l’ont déjà été sous les mandatures de Bill Clinton ou Barack Obama. Le Congrès américain doit donner son accord pour un dépassement de budget – creusant donc davantage le déficit – pour financer la politique voulue par le président. Sinon, les fonctionnaires arrêtent d’être payés et des administrations ferment leurs portes. Il s’agit du troisième « shut down » de l’année 2018 après ceux des mois de janvier et février. Le bras de fer avec les parlementaires se cristallise autour du financement du mur que Donald Trump a promis d’ériger à la frontière avec le Mexique. Le quarante-et-unième président des Etats-Unis, Georges Herbert Bush est décédé. Il a reçu des hommages nationaux et même internationaux. Il a été le président de la fin de la Guerre froide et de la guerre du Golfe, deux guerres gagnées par les Etats-Unis. L’actuel président a ostensiblement marqué une certaine indifférence à cette occasion. La bulle qui s’est formée avec les cryptomonnaies – comme le bitcoin – au cours de l’année 2017 a fini par éclater en 2018. Ainsi, l’indice Bloomberg des cryptomonnaies les plus importantes a baissé de 80%, pour le plus grand malheur des spéculateurs qui y ont cru. Le krach des cryptomonnaies correspond aussi à une très mauvaise année boursière
Quelques nouvelles d’Asie
Le Japon est confronté à un environnement qu’il perçoit comme de plus en plus dangereux. Moscou a décidé de construire des bâtiments pour accueillir des soldats russes sur les iles Kouriles revendiquées par le Japon. Inquiet face à une Chine dont l’affirmation ne lui apparait pas pacifique, de l’imprévisibilité de la Corée du Nord, le Japon vient d’accroitre en décembre 2018 son budget militaire de plus de 200 milliards d’euros sur les cinq prochaines années, pour acquérir de nouveaux avions de chasse auprès de Washington et transformer deux porte-hélicoptères en porte-avions. Le Qatar, qui est l’objet d’un boycott de ses voisins emmenés par l’Arabie saoudite, a décidé de façon très symbolique de sortir en décembre 2018 de l’OPEP, le cartel des exportateurs de pétrole. C’est une manière de montrer sa résistance face à la politique de Riyad. Une angoissante nouvelle vient de se produire, la naissance de bébés – des jumelles – génétiquement modifiées. Elles le sont pour résister au Sida, une maladie qui n’afflige pas sa famille et qui n’empêche pas de naissance viable. Le chercheur et généticien français Axel Kahn a des mots très durs vis-à-vis de celui qui a permis cette naissance, qui ne relève d’aucune avancée scientifique mais d’une simple « audace » pour entrer dans l’Histoire. Il ajoute que le Sida ne sera peut-être même plus un fléau du monde quand ces petites chinoises parviendront à l’âge adulte, par contre, le code génétique de ces enfants est modifié sans en avoir la maitrise complète. Le médecin a une terrible responsabilité envers elles, qu’il ne pourra jamais assumer. Un terrible précédent pour une humanité qui n’a rien à gagner à jouer aux apprentis-sorciers avec la génétique.
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https://www.diploweb.com/Synthese-de-l-actualite-internationale-de-decembre-2018.html
3 – Espace : l’Europe contre-attaque (Institut Montaigne, Arthur Sauzay)
Arthur Sauzay est avocat au Barreau de Paris. Il travaille notamment sur des grands projets, des partenariats public-privé et des questions de régulation complexe. Il est diplômé de Sciences-Po Paris et du Master 2 Droit Public des Affaires de l’université Panthéon-Sorbonne.
Mission de Thomas Pesquet à bord de la station spatiale internationale (ISS), réussite de la sonde Rosetta/Philae, mise en service du service du GPS européen Galileo, lancements de satellites, construction d’une nouvelle fusée avec Ariane 6, ces dernières années, l’Europe a enchaîné les succès dans l’espace. En dépit de dépenses relativement faibles comparées à celles engagées par d’autres puissances, l’Europe s’est imposée comme un acteur de premier plan dans la course aux étoiles.
Aujourd’hui, cette position est menacée. Le secteur spatial connaît de profondes mutations économiques, technologiques et géopolitiques à l’échelle mondiale. De nouveaux acteurs privés américains comme SpaceX et Blue Origin, mais aussi étatiques comme la Chine ou l’Inde, émergent et développent de nouvelles technologies à même de concurrencer les acteurs historiques du secteur. Leurs ambitions sont très élevées.
L’aspect le plus visible de cette course est l’accès à l’espace, avec les fusées : en misant sur une rupture économique et technologique consistant à réutiliser plusieurs éléments clefs des fusées (au lieu de les détruire après chaque vol), ces nouveaux acteurs disposent d’un avantage compétitif important. Ils peuvent également compter sur un soutien public massif (le gouvernement américain leur achète par exemple des lancements pour les satellites de la NASA et de l’armée, ou pour ravitailler la station spatiale). Dans ce nouveau contexte, on peut craindre que la future Ariane 6, non-réutilisable et disposant d’un marché gouvernemental trois fois inférieur à celui des Etats-Unis ou de la Chine, ne soit pas suffisamment compétitive pour maintenir le leadership européen dans la décennie 2020.
Mais l’enjeu le plus important est moins visible : il s’agit des nouvelles activités économiques et des questions de défense. Comme pour le numérique, où l’Europe n’a pas réussi à concurrencer les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon), l’Europe risque de voir émerger les “GAFA du spatial” aux Etats-Unis et en Chine. Sur la défense, l’Europe investit trop peu et ne se coordonne pas, alors même que c’est un outil essentiel pour la sécurité et que les infrastructures spatiales (GPS, télécommunications) sont devenues critiques pour la souveraineté européenne.
À moins de réagir, l’Europe ne sera pas au premier rang des puissances spatiales du XXIème siècle. Les choix stratégiques qui seront faits dans les mois qui viennent, au moment même où l’on s’interroge sur le futur de l’Union européenne, auront des conséquences qui dépassent la sphère spatiale et toucheront directement notre économie, notre souveraineté et in fine notre sécurité.
L’Institut Montaigne appelle à réagir et formule des propositions pour que l’Europe contre-attaque.
2020 : l’Odyssée de l’espace
Comment est organisé le secteur spatial aujourd’hui ?
Au niveau mondial, il s’organise entre trois grandes catégories d’acteurs :
- Les opérateurs de lancement de fusées (ex : Arianespace, SpaceX).
- Les sociétés de production des satellites (ex : Thales Alenia Space, Boeing).
- Les entreprises ou acteurs qui exploitent les satellites (ex : Eutelsat, Intelsat).
Les opérateurs de lancement ont pour principaux clients les États. Trois d’entre eux (États-Unis, Chine et Russie) assurent les trois quarts des lancements. Les contrats portent sur la mise en orbite de satellites qui ont des objectifs divers (principalement télécommunications et observation). Le secteur public reste à ce jour le contributeur le plus important : en 2016 dans le monde, 62 lancements gouvernementaux ont été effectués, comparés à seulement 25 lancements commerciaux.
En 2016, l’Europe bien placée pour les lancements commerciaux
Dans la famille des lanceurs, l’Europe a cependant réussi à s’assurer un leadership sur le segment commercial (les lancements qui sont mis en concurrence entre opérateurs). En 2016 par exemple, Arianespace, filiale du groupe Airbus, a lancé 10 des 19 satellites commerciaux et remporté 7 marchés sur 13. Ce segment est intéressant économiquement et surtout important pour l’Europe.
L’arrivée de nouveaux acteurs dans tous les domaines du spatial
Le mouvement “New Space” traduit la place grandissante du secteur privé dans le domaine spatial par rapport au secteur public traditionnel. Deux sociétés américaines, SpaceX, fondée par Elon Musk (également patron de Tesla) et Blue Origin, créée par Jeff Bezos (fondateur d’Amazon), sont les plus connues et les plus ambitieuses à ce jour. Mais de très nombreuses start-ups sont également apparues pour proposer de nouveaux services, grâce notamment à de nouveaux petits satellites bon marché. Par exemple, l’entreprise américaine Planet dispose de plus de cent “nanosatellites” photographiant la terre en totalité, chaque jour. Elle propose, avec ses données et ses algorithmes, des services pour l’agriculture, l’anticipation des activités économiques, etc.
Les puissances émergentes développent également rapidement leur programme spatial. La Chine, tout d’abord, ambitionne de dépasser l’Union européenne puis les États-Unis pour devenir la principale puissance spatiale du XXIème siècle. L’Inde développe également de nouveaux lanceurs et des projets de sondes lunaires et martiennes. Beaucoup de pays créent leur propre agence spatiale (l’Australie par exemple).
Des projections de croissance importantes
Entre 2007 et 2016, le chiffre d’affaires lié au secteur spatial mondial a doublé pour atteindre 260,5 milliards de dollars. Deux études parues en 2017 anticipent même un chiffre d’affaires de 1 100 à 2 700 milliards de dollars d’ici 2040 et 2050, soit potentiellement une multiplication par dix par rapport à aujourd’hui.
Ces projections s’expliquent en partie par le développement important de nouveaux projets spatiaux comme par exemple la fourniture d’accès à internet depuis l’orbite terrestre, à très haut débit et bon marché.
Lanceurs réutilisables : l’ubérisation de l’espace ?
Le principe de réutilisabilité n’est pas nouveau mais aucun opérateur n’a réussi jusqu’à aujourd’hui à le rendre fiable et compétitif. La navette spatiale américaine était fondée sur ce principe mais son coût prohibitif et deux accidents tragiques ont conduit à l’arrêt du programme.
Lanceur réutilisable : comment ça marche ? Le cas de SpaceX
SpaceX est à ce jour le seul opérateur à avoir réussi cette rupture technologique. Celle-ci repose sur un nouveau concept : ramener l’ensemble du premier étage (moteurs et réservoirs) du lanceur – qui représente 70 % du coût d’un lanceur entier – afin de le mettre en état de vol. La technologie est aujourd’hui maîtrisée, comme l’ont démontré les nombreux retours réussis (plus d’une vingtaine depuis 2015). Blue Origin et la Chine développent activement des technologies similaires. L’objectif à terme est de pouvoir tout réutiliser, avec deux idées : baisser très fortement les coûts et pouvoir lancer très fréquemment. Si le coût de l’accès à l’espace diminue comme annoncé grâce à cette technologie, l’effet sera majeur pour l’ensemble du domaine spatial. Si l’Europe ne parvient plus à conserver ses parts de marché, elle risque de perdre sa capacité d’investissement et in fine d’innovation. C’est tout un secteur qui a beaucoup à perdre, et le France aussi car elle a un grand poids dans le secteur.
L’Europe spatiale menacée
Historiquement, l’Europe a su créer sa place dans l’espace
Dans l’ombre des puissances américaine et soviétique, l’Europe a su progressivement s’imposer dans l’espace pour être aujourd’hui reconnue comme un acteur majeur du secteur spatial. Ses forces sont :
- une place de premier rang dans les lancements “commerciaux” grâce aux fusées Ariane ;
- un système de positionnement par satellite (GPS) européen avec Galileo ;
- un programme de niveau mondial d’observation spatiale avec Copernicus et Sentinel (essentiel par exemple pour la lutte contre le réchauffement climatique) ;
- une place de leader dans les télécommunications spatiales, l’exploitation et la construction de satellites ;
- un capital humain de premier rang grâce à son système d’enseignement supérieur et de recherche publique.
Ariane 6 : une nécessité… qui risque de ne pas suffire
Au milieu des années 2000, les responsables européens ont pris conscience de la nécessité d’envisager un lanceur moins coûteux et plus adapté aux nouveaux besoins.
En 2015, notamment pour réagir face à SpaceX, la décision a été prise d’inscrire Ariane 6 dans la continuité d’Ariane 5, en réduisant les coûts, en répondant à l’évolution du marché et en simplifiant la gouvernance du projet (rapprochement des principaux acteurs industriels dans ArianeGroup). Ce choix pragmatique place pourtant l’Europe dans une situation de fragilité, du fait des moyens engagés par les concurrents américains et demain chinois. En tenant compte de l’impact vraisemblable de la réutilisabilité, Ariane 6 pourrait être significativement plus chère et moins flexible que ses concurrentes. Dans un environnement de plus en plus compétitif, la future Ariane 6 risque ainsi de perdre son leadership en matière de lancements commerciaux. Par ailleurs, en ne garantissant pas suffisamment de lancements gouvernementaux aux lanceurs européens (y compris le petit lanceur Vega), l’Europe spatiale pourrait fragiliser son accès indépendant à l’espace.
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https://www.institutmontaigne.org/publications/espace-leurope-contre-attaque
DÉFENSE
Trois sujets très différents, qui se complètent cependant dans leur globalité, et sans méconnaître ce que le lecteur doit découvrir dans les récentes parutions du journal officiel, en ce qui concerne la condition militaire, viennent en ce début d’année rappeler les fondamentaux : l’esprit guerrier, le patrimoine de notre gendarmerie, et les questions de la formation des officiers de l’armée de terre.
1 – Le chef d’état-major de l’armée de Terre place l’année 2019 sous le signe de « l’esprit guerrier » (OPEX 360, Laurent Lagneau)
Lors de ses voeux pour l’année 2018, le général Jean-Pierre Bosser, le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], avait insisté sur la modernisation des équipements ainsi que sur l’innovation, qui, l’an passé, aura été l’une des priorités du ministère des Armées, avec la mise en place de nouvelles structures, comme l’Agence del’ Innovation de Défense [AID]. Au niveau de l’armée de Terre, cette priorité donnée à l’innovation technologique s’est traduite par plusieurs annonces, dont celles relatives à la création d’un « Battle Lab Terre », afin de fédérer et d’encourager les initiatives, et à la mise en place de référents « innovation » au sein de chaque unité. De l’innovation, il en été encore beaucoup question lors des voeux du CEMAT pour 2019. « La révolution technologique de l’armée de Terre est engagée », s’est-il félicité, images à l’appui. Et, a-t-il ajouté, elle est à la fois « indispensable » puisqu’elle doit permettre de garder, voire de prendre, l’ascendant sur l’adversaire, et « inéluctable » car, chaque soldat « souhaite avoir accès à l’information au quotidien. » « Cette révolution technologique se fera avec vous car l’homme a besoin de la haute technologie et la haute technologie doit conserver une part d’humanité », a ensuite continué le général Bosser. Quant à la nouvelle année, elle sera placée « sous le signe de l’esprit guerrier », a enchaîné le CEMAT. Ce qui n’est pas une surprise étant donné qu’il a abordé ce thèmes à plusieurs reprises au cours de ces derniers mois. « Du caporal au général, par tous et pour tous, [c’est] une action qui vise à combiner à la fois rusticité, dit autrement, ‘aguerrissement’, haute technologie et traditions militaires », a résumé le général Bosser lors de sa courte intervention. Cet « esprit guerrier » que le CEMAT entend promouvoir en 2019 est le « supplément d’âme » nécessaire pour dominer l’adversaire, étant donné que la technologie ne suffit pas, à elle-seule, pour l’emporter sur le terrain. Comme il l’a déjà expliqué, il s’agit ainsi de « développer chez chacun l’intelligence de situation, l’audace, la rusticité, la détermination nécessaire pour comprendre plus vite, agir plus fort et durer plus longtemps. » Dans la dernière livraison de la lettre mensuelle « Brennus » [*], le général Pascal Facon, le directeur du Centre de doctrine et d’enseignement du commandement [CDEC] explique que cet « esprit guerrier » repose notamment sur « quatre qualités incontournables », qui sont « l’audace, indispensable à la prise de décision », le « pragmatisme », qui « permet d’intégrer le milieu, la contingence, la prise de risques et de prendre l’ascendant sur l’adversaire », la « résilience face aux pertes et à l’incertitude », et la « rusticité, pour évoluer et combattre dans un milieu hostile et évolutif, hors de sa zone de confort ».
Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
http://www.opex360.com/2019/01/02/le-chef-detat-major-de-larmee-de-terre-place-lannee-2019-sous-le-signe-de-lesprit-guerrier/
2 – La gendarmerie veut doper sa visibilité et défendre ses marques (Lignes de défense, Philippe Chapleau)
De la visibilité!
La Gendarmerie nationale a décidé d’initier le développement d’une stratégie visant à défendre ses marques et son image, à accroître son rayonnement tant au niveau national qu’international et à développer ses recettes via la commercialisation de produits dérivés. Un avis de marché a été mis en ligne le 3 janvier, détaillant les quatre objectifs qui seront confiés à un agent de licences:
Accroître la visibilité de la Gendarmerie nationale et faire des Produits dérivés un vecteur de son image
La Gendarmerie nationale souhaite développer la proximité et le contact avec la population par la commercialisation de Produits dérivés. Les Produits permettront à la Gendarmerie nationale de se distinguer des autres corps de métier assurant le maintien de la paix (notamment la Police nationale), de mettre en avant ses spécificités et d’affirmer sa place entre modernité et tradition. C’est également l’occasion de favoriser la connaissance par le public du lien entre la Gendarmerie nationale et ses composantes (Garde républicaine et GIGN notamment) et de développer le potentiel de rayonnement de ces marques. L’accroissement de la visibilité de la marque passe également par un élargissement des cibles. La Gendarmerie nationale souhaite notamment toucher les jeunes de façon cohérente avec les enjeux de recrutement et de développement de la marque-employeur. Ø
Protéger le patrimoine immatériel de la Gendarmerie nationale
La Gendarmerie nationale entend protéger et valoriser les marques emblématiques que sont le GIGN, la Garde républicaine et la Gendarmerie nationale elle-même. Actuellement, des tiers utilisent sans autorisation l’image de ces marques, en contradiction avec l’exigence de qualité et les valeurs de la Gendarmerie nationale. Un travail d’enquête et de poursuites a été initié afin de faire cesser ces troubles, mais cette action doit être renforcée par une logique plus offensive d’exploitation des marques de la Gendarmerie nationale. Ø
Donner de la cohérence aux Produits développés
Aujourd’hui, les actions de développement des différentes marques sont effectuées de manière diffuse, sans stratégie d’ensemble. Il est important de centraliser et de professionnaliser ces démarches afin de mieux les contrôler, d’assurer la cohérence entre les différentes marques de la Gendarmerie nationale et de sécuriser d’un point de vue juridique les process. Ø
Développer des licences pour générer des recettes
La contractualisation des accords de licence y compris de co-branding et la vente directe des Produits dérivés via le site Internet ont également pour but d’accroître les recettes propres de la Gendarmerie nationale. Ces recettes sont destinées à devenir une nouvelle source de financement annexe de la Gendarmerie nationale et sont donc un aspect à prendre en compte par le Titulaire. Au développement des trois marques: Gendarmerie, GIGN (« l’objectif est d’entretenir le mythe du GIGN tout en créant davantage de proximité », dit l’appel d’offres) et Garde républicaine, pourra s’ajouter le développement d’autres marques comme le Peloton de Gendarmerie de Haute Montagne, le Musée de la Gendarmerie nationale, le Groupement blindé de la Gendarmerie nationale, l’Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale…
Le site Ligne de Défense est répertorié dans la rubrique REVUES et LETTRES de la "Communauté Défense et Sécurité" d'ESPRITSURCOUF.fr Cliquez ici
3 – Plusieurs écoles, différents objectifs (défense.gouv.fr, armée de terre)
Dans l’armée de Terre, l’enseignement militaire supérieur est dispensé dans quatre écoles, subordonnées au Centre de doctrine et d’enseignement au commandement (CDEC). Qu’ils se destinent à intégrer l’école de guerre ou s’orientent vers un diplôme technique ou un parcours de diplômé d’état-major, les officiers passent au moins par l’une d’entre elles.
L’école d’état-major
Tous les officiers passent par l’école d’état-major (EEM), située aux écoles militaires de Saumur depuis 2012 et rattachée au CDEC depuis juillet 2017. La qualification interarmes de niveau 2 (QIA 2) est le socle commun de l’enseignement militaire supérieur. Avant même leur temps de commandement, les jeunes capitaines auront été formés pendant trois semaines à l’EEM pour leur QIA 1. Une formation est également dispensée ici pour les officiers de recrutement tardif : la formation d’état-major-officiers (FEM-O). Les stages de l’EEM ne se limitent pourtant pas à un public d’officiers. L’école a pour mission de former les cadres officiers et sous-officiers servant à des postes de commandement en état-major. « Récemment, l’école a connu de nombreuses réformes avec la création de la QIA1 pour les jeunes officiers, l’allongement de la QIA2 pour les capitaines plus expérimentés et la généralisation de la FEM-O. Ces réformes renforcent la vocation de l’EEM, creuset dans lequel se forge le socle de compétences et d’attitudes commun à tous les officiers afin de garantir la cohérence et la cohésion des états-majors. »
Colonel Guillaume Couëtoux, directeur de l’EEM
L’école de guerre – Terre
Les lauréats du concours de l’école de guerre (EDG) effectuent une année de scolarité à l’école de guerre–Terre avant d’intégrer l’EDG. C’est donc l’école par laquelle passent notamment tous les futurs chefs de corps. La scolarité alterne phases d’enseignement et mises en situation sur le terrain ou via des exercices. Sur 43 semaines de formation, 13 sont consacrées au développement d’un projet personnel choisi par l’officier stagiaire. Seule orientation : les travaux doivent être utiles à l’armée de Terre. « L’école de guerre – Terre forme les futurs chefs en tant qu’experts de la conception et de la conduite des opérations aéroterrestres et spécialistes de l’organisation et du fonctionnement de l’armée de Terre. Elle s’appuie sur un enseignement d’excellence, centré sur l’approfondissement des connaissances interarmes, interculturelles, interministérielles et interprofessionnelles. »
Colonel Frédéric Gauthier, directeur de l’EdG-T
L’enseignement militaire supérieur scientifique et technique
L’enseignement militaire supérieur scientifique et technique (EMSST) prépare puis intègre une centaine d’officiers chaque année. Ces officiers déjà expérimentés sur le plan opérationnel doivent ensuite suivre scolarité externalisée, d’un à trois ans dans l’une des 50 écoles ou universités partenaires. Ils deviennent experts dans des spécialités très variées allant de la physique nucléaire à la logistique en passant par les langues étrangères ou la gestion de crise. L’EMSST s’appuie sur une offre de formation civile pour répondre aux besoins en compétences de l’Institution. « Depuis 1947, l’EMSST a pour mission première de préparer les officiers appelés à effectuer des scolarités en milieu civil. Il entretient des liens étroits avec le monde académique de façon à fournir à l’armée de Terre des officiers aptes à tenir des fonctions de responsabilité, à l’issue de formations exigeantes, individualisées et adaptées, collant aux besoins d’une armée moderne ainsi qu’aux appétences des intéressés. »
Colonel Jean-Michel Fouquet, directeur de l’EMSST
L’école supérieure des officiers de réserve spécialistes d’état-major
Cette école est la seule dédiée exclusivement à la formation d’officiers d’état-major (et de sous-officiers) de réserve. L’école supérieure des officiers de réserve spécialistes d’état-major (ERSOSEM) conçoit, organise et conduit leur formation du stage d’initiation aux techniques d’état-major jusqu’au brevet technique d’études militaires générales. Elle propose des stages de cursus de la voie état-major et des stages d’adaptation pour les militaires de réserve, mais aussi d’active, en particulier pour le personnel servant, ou appelé à servir, dans la chaîne organisation territoriale interarmées de défense (OTIAD). Comme l’EMSST et l’EDG-T, l’ESORSEM est située à Paris, au cœur de l’école militaire.« Créée en 1900, l’ESORSEM forme des officiers de réserve diplômés et brevetés pouvant occuper tous types de postes en état-major, dans et hors armée de Terre. Elle assure également des formations d’adaptation pour les officiers adjoint réserve des unités et au profit de la chaîne de l’organisation territoriale interarmées de Défense. »
Colonel Gilles Perchet, directeur de l’ESORSEM
Le site du ministère des Armées est répertorié dans la rubrique INSTITUTIONS de la "Communauté Défense et Sécurité" d'ESPRITSURCOUF.fr Cliquez ici
ÉCONOMIE
Une confrontation naît autour de la propriété du Nil, de ses produits stratégiques, que ce soit l’eau ou/et l’électricité. Quant aux nouvelles technologies, elles ont envahi la discipline économique, au point d’en toucher tous les secteurs, dont la sécurité n’est pas la moindre.
1 – L’Hydro-guerre dans la corne de l’Afrique : confrontation entre l’Ethiopie, le Soudan et l’Egypte ( Info guerre, Yemi Djakopo)
Pendant des milliers d’années, l’Egypte est la puissance dominatrice de la corne de l’Afrique dont l’un des grands atouts est le Nil. Il a toujours eu le véto sur les eaux du Nil même si ses voisins le Soudan et l’Ethiopie semblent pas toujours d’accord. En 1959, il fait signer à ses voisins un traité sur le partage des eaux du fleuve et contrôle tous les plans le concernant jusqu’en 2010. En Avril 2011, l’Ethiopie lance un projet pharaonique et stratégique de construction d’un nouveau barrage baptisé « Barrage de la Renaissance » sur les eaux du Nil bleu. Ce projet longtemps controversé, sera source de nouvelles confrontations avec l’Egypte, le Soudan et l’Erythrée.
Barrage de la renaissance ou de la discorde ?
Devenue une puissance régionale grâce au textile, l’immobilier et l’agriculture, l’Ethiopie a aujourd’hui, un besoin croissant de + 30% par an en électricité. Pour assurer ce besoin, l’Ethiopie multiplie la construction des barrages sur le cours du Nil dont celui de la Renaissance, appelé à être le plus grand barrage de l’Afrique avec un coût de près de 6 milliards de dollars. Haut de 170 m et près de 2km de large, il aura une capacité de production d’électricité de 6000MW (soit trois fois le barrage d’Assouan en Egypte).La construction de ce barrage permettra à l’Ethiopie d’irriguer ses terres pour l’agriculture, prévenir l’inondation (rétention de 62 à 100 milliards m3 d’eau), de satisfaire à la fois, ses propres besoins énergétiques et surtout, d’exporter à coût de plus de 730 millions d’euros par an de l’électricité aux pays voisins comme le Djibouti, le Soudan et le Kenya. Les eaux venues des plateaux éthiopiens représentent 86 % de l’eau consommée en Egypte et 95 % en période de crue. À lui seul, le Nil bleu fournit 59 % du débit du Nil. Le projet de barrage de la Renaissance diminuera de 25 % le débit du Nil en Egypte. Les tensions avec le gouvernement du Caire sont inévitables. Pour comprendre l’impact potentiel de ce barrage sur l’Egypte, il faut aller dans la région du delta du Nil, le poumon de l’agriculture de l’Egypte, où 30 millions d’habitants vivent des eaux du fleuve. Les agriculteurs de cette région sont, depuis des milliers d’années, spécialistes de la riziculture. Cette dernière ne sera cependant plus adaptée avec la baisse des eaux du fleuve, ce qui incite le gouvernement à encourager la population à d’autres cultures. Très inquiet, l’Egypte parle de sécurité alimentaire et donc de sécurité nationale. Le Soudan est confronté à la même problématique : une population jeune qui augmente en raison d’une transition démographique ; un pays confronté à des difficultés de développement. Le Nil bleu fournit principalement au Soudan, 77 % d’eaux entrant et le barrage de la renaissance impactera l’agriculture et les besoins énergétiques du pays. Mais aujourd’hui, le Soudan semble soutenir le projet Ethiopien.
La guerre des eaux du Nil
Le projet du grand barrage de la Renaissance assurera la continuité du développement de l’Ethiopie. C’est un enjeu national car, longtemps controversé par ses voisins, les bailleurs de fonds étrangers se sont désolidarisés du projet et l’Ethiopie le réalise sur fonds propres et grâce à une taxe imposée à la population. Pour l’Egypte, il n’est pas question que ce projet voit le jour. En 2011, dans une réunion diffusée à la télé, le président Egyptien Hosni Moubarak et ses ministres abordent le sujet du barrage, et pour la plupart des ministres, ils doivent passer par tous les moyens pour arrêter ce projet. Il est bon de savoir qu’en 1875, l’Égypte et l’Éthiopie s’étaient déjà affrontés à cause d’une controverse relative au Nil. En 1978, le président égyptien d’antan Anouar el-Sadate, avait menacé son homologue éthiopien, le général Mengistu, de représailles s’il se mettait en tête de retenir une partie des eaux du fleuve. Malgré les menaces des pays voisins, l’Ethiopie entame son projet. En 2014, pour des raisons de crédibilité, le nouveau président Abdel Fattah al-Sissi se penche rapidement sur le sujet, créé une cellule de gestion d’hydro-crise pour tenter de trouver un accord avec l’Ethiopie. En mars 2015, un accord de principe a été signé entre l’Égypte, le Soudan et l’Éthiopie, portant sur la répartition de l’eau et plus particulièrement sur le barrage de la Renaissance. Mais rien n’avance. En mars 2017, l’Ethiopie a affirmé avoir neutralisé une attaque planifiée contre le barrage de la Renaissance par un groupe soutenu par l’Erythrée. Une déclaration qui n’apaisera pas les tensions entre les deux pays. Le porte-parole adjoint du gouvernement, Zadig Abrha, qui a révélé l’information, a affirmé que les forces de sécurité éthiopiennes avaient tué 13 des 20 membres de la Benishangul Gumuz People’s Liberation Movement (BPLM) à l’origine de l’attaque. Les 7 restants ont réussi à fuir vers le Soudan où ils ont été arrêtés et ramenés en Ethiopie.
Les dénégations de l’Erythrée
Le gouvernement érythréen a, pour sa part, démenti ces allégations affirmant ne jamais avoir entendu parler dudit groupe. « Cette accusation est grotesque et propagée pour de sinistres raisons », a affirmé sur Twitter Yemane Gebremeskel, le ministre érythréen de l’information. L’Erythrée a obtenu son indépendance de l’Ethiopie en 1993, après une guerre qui aura duré 31 ans. Entre 1998 et 2000, les deux pays sont ensuite entrés dans une dispute territoriale pour la région de Badme qui a fait 50 000 morts. La BPLM, qui est mise en cause par l’Ethiopie pour cette attaque, est un membre de la People’s Alliance for Freedom and Democracy, une coalition anti-gouvernementale éthiopienne qui, selon Mr Zadig Abrha, est « clairement supportée et entrainée par l’Erythrée ». D’autres sources soutiennent que l’Egypte serait probablement impliqué dans cette attaque. En décembre 2017, Sameh Choukry, ministre égyptien des Affaires étrangères s’était rendu en Éthiopie afin de faire avancer les négociations mais ce fût encore un échec.
Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
https://infoguerre.fr/2019/01/lhydro-guerre-corne-de-lafrique-confrontation-entre-lethiopie-soudan-legypte/
2 – Talk Sapiens – La Tribune#1 : faut-il avoir peur de l’intelligence artificielle ? ( La Tribune, Institut Sapiens)
| Pour prendre le temps de comprendre le monde dans lequel nous vivons et d’anticiper celui qui vient, l’Institut Sapiens a développé en partenariat avec La Tribune, un programme original, qui réuni tous les mois 3 experts qui prennent le temps de décrypter un des grands enjeux du futur. Pour le premier numéro de notre podcast TalkSapiens, nous nous sommes intéressés à la question de l’intelligence artificielle (IA), de ses dangers, de ses espoirs aussi. Pour prendre le temps de comprendre le monde dans lequel nous vivons et d’anticiper celui qui vient, l’Institut Sapiens a développé en partenariat avec La Tribune, un programme original, qui réuni tous les mois 3 experts qui prennent le temps de décrypter un des grands enjeux du futur. Pour le 1er numéro de notre podcast TalkSapiens, nous nous sommes intéressés à la question de l’intelligence artificielle (IA), de ses dangers, de ses espoirs aussi.
Intervenants :
- Laurent Alexandre : président de DNAVision et cofondateur de Doctissimo, auteur de « La guerre des intelligence » (actionnaire de La Tribune, Ndlr).
- Aurélie Jean : scientifique numéricienne et fondatrice In Silico Veritas.
- Borna Scognamiglio : fondateur de la startup Pixis.
Débat animé par Philippe Mabille, directeur des rédactions de La Tribune.
Résumé : Les technologiques d’intelligence artificielle connaissent des progrès extraordinaires dans de nombreux domaines : santé individualisée, voitures autonomes, traduction en temps réel, reconnaissance faciale, commerce personnalisé, etc. Une avancée qui entraîne autant d’inquiétudes que de fantasmes. Quelle sera notre place dans ce nouveau monde ? Devons-nous craindre l’hostilité de ces nouvelles technologiques ? Vont-elles nous rendre totalement passifs ? Quels types de créations économiques inhérentes pouvons-nous espérer ? Jusqu’où ira la révolution sociale ? De quelles ampleurs seront les bouleversements politiques ?
Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/podcast-les-talk-sapiens-la-tribune-1-faut-il-avoir-peur-de-l-ia-802785.html
3 – En matière de cybersécurité, se prémunir contre les menaces ne suffit plus ( économie matin, Maxim Frolov)
Malgré la prise de conscience croissante des décisionnaires, pas une semaine ne passe sans que la presse ne relaie la découverte d’une nouvelle faille de sécurité.
En mars 2018, les données de 87 millions d’utilisateurs de Facebook avaient été rendues publiques. Puis en juin, ce fut le tour du site Ticketmaster, qui a révélé que les données personnelles et coordonnées bancaires de près de 40 000 personnes avaient connu le même sort. Début septembre, des pirates se sont introduits dans les systèmes informatiques de British Airways, exposant au total 380 000 transactions. Enfin, une épée de Damoclès a flotté au-dessus des achats de fin d’année, puisque selon une étude, un tiers des consommateurs a vu ses informations sensibles livrées à des tiers malveillants. Les brèches ouvertes, quelle que soit leur envergure, ont toujours des conséquences inattendues… et parfois dramatiques. Si l’on prend l’exemple du secteur de la vente de détail, de récentes études ont montré que 19% des consommateurs arrêteraient totalement de faire des achats auprès d’un détaillant s’il accuse des failles de sécurité. Il va sans dire qu’une telle perte serait catastrophique pour n’importe quelle entreprise. Avec la mise en place de nouvelles réglementations telles que le RGPD, les amendes représentent un réel risque pour les dirigeants. Selon les estimations, si le règlement était entré en vigueur plus tôt, Facebook se serait vu infliger jusqu’à 1,4 milliard de dollars d’amende pour sa participation au scandale Cambridge Analytica, soit une somme non négligeable, et ce même pour un géant mondial. Et dans le cas des petites entreprises, l’idée de devoir s’affranchir de 4% de leur chiffre annuel ne serait franchement pas une bonne nouvelle.
Le budget sécurité doit-il vraiment être soumis à un calcul de retour sur investissement ?
Les conséquences de divulgation publique de données personnelles sont dans tous les cas pénalisantes, qu’elles donnent lieu à des amendes, des pertes financières lourdes ou une détérioration de la relation de confiance établie avec les clients. Elles sont déstabilisantes et peuvent mettre une entreprise en bien mauvaise posture. Malgré le risque, les RSSI peinent toujours à justifier leurs demandes d’allocations budgétaires en cybersécurité. Plusieurs raisons expliquent ce phénomène, à commencer par le fait que ce budget est le plus souvent déduit du budget informatique global, destiné en priorité à la transformation numérique de l’entreprise ou son passage au cloud, par exemple. Une autre raison prévaut cependant : un RSSI n’est jamais en mesure de garantir une protection à 100% contre les menaces. Si l’on se place du côté de l’entreprise et de son directeur, cela n’est pas dénué de bon sens. Sachant qu’il se focalise sur son chiffre d’affaires, pourquoi allouer du budget pour combattre un ennemi qui parvient apparemment toujours à ses fins ? Dès lors, il semble plus judicieux aux dirigeants d’investir dans les domaines où la mise rapportera à coup sûr.
Lutter contre la fatalité pour mitiger le risque
Selon les résultats de l’enquête Kaspersky, près de neuf RSSI sur dix (86%) sont persuadés que les brèches sont une fatalité. Et pour cause, les entreprises sont de plus en plus exposées. La transformation numérique a agrandi de manière significative la surface d’attaque possible, donnant aux cybercriminels davantage de possibilités pour trouver des failles, s’introduire dans les systèmes et exploiter des données ou les faire fuiter à l’extérieur. L’adoption du Cloud, la mobilité croissante des collaborateurs et l’essor de l’utilisation des canaux digitaux, sont autant de vecteurs qui participent à accroître les risques. Les RSSI doivent également prendre en compte d’autres facteurs, notamment celui d’une menace venant de l’intérieur, à la suite d’un acte de malveillance ou simplement d’une erreur de manipulation d’un salarié. Ce type de menace est particulièrement délicat à repérer pour réagir de manière proactive. C’est d’ailleurs le type de scénario que redoutent le plus les RSSI.
Se poser les bonnes questions pour prendre les bonnes décisions
Si les probabilités d’attaques sont réelles et en augmentation, le cœur du problème se situe ailleurs : une entreprise est-elle ou non capable de détecter une attaque assez vite pour réagir de manière adéquate et suffisante afin de minimiser ses effets ?
Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
http://www.economiematin.fr/news-cybersecurite-se-premunir-contre-menaces-ne-suffit-plus
TOUR D’HORIZON DE MEDIAS SPÉCIALISÉS
Esprit Surcouf vous offre un tour d’horizon des titres de fond propres à susciter la réflexion de défense et de sécurité.
La Chine teste sa plus puissante bombe non nucléaire (Le Figaro, Jeanne Sénéchal)
http://www.lefigaro.fr/international/2019/01/04/01003-20190104ARTFIG00205-la-chine-teste-sa-plus-puissante-bombe-non-nucleaire.php?utm_source=app&utm_medium=sms&utm_campaign=fr.playsoft.lefigarov3
Les contentieux ne cessent de croître entre la Russie et l’Ukraine ( Slate, David Teurtrie)
http://www.slate.fr/story/171873/russie-ukraine-accumulation-contentieux-danger-conflit-porochenko-poutine
Vers une base britannique à Singapour : derrière la morosité du Brexit, quel espoir de retour pour l’Empire sur lequel le soleil ne se couche jamais » ? (Atlantico, Thibaut Arrois)
https://www.atlantico.fr/decryptage/3562694/vers-une-base-britannique-a-singapour–derriere-la-morosite-du-brexit-quel-espoir-de-retour-pour-l-empire-sur-lequel-le-soleil-ne-se-couche-jamais–
Retrait américain de Syrie : vers un nouvel ordre régional ? (L’Orient le Jour, Michael Young)
https://www.lorientlejour.com/article/1151074/retrait-americain-de-syrie-vers-un-nouvel-ordre-regional-.html
Washington appelle Téhéran à renoncer à des tirs de fusées spatiales ( L’Expression)
http://www.lexpressiondz.com/linformation_en_continue/306996-washington-appelle-teheran-a-renoncer-a-des-tirs-de-fusees-spatiales.html
Pompeo au Moyen-Orient la semaine prochaine pour ressouder les alliances (45° Nord, AFP)
http://www.45enord.ca/2019/01/pompeo-au-moyen-orient-la-semaine-prochaine-pour-ressouder-les-alliances/
Le démonstrateur de drone de combat nEUROn a effectué son 150e vol d’essai ( OPEX 360 Laurent Lagneau)
http://www.opex360.com/2019/01/05/le-demonstrateur-de-drone-de-combat-neuron-a-effectue-son-150e-vol-dessai/
PARUS AU JOURNAL OFFICIEL
Textes à ne pas négliger pour comprendre l’actualité de défense et de sécurité.
Ordonnance n° 2019-2 du 4 janvier 2019 portant simplification des dispositifs de reconversion des militaires et des anciens militaires dans la fonction publique civile
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=14D6B1EEB7E1D4624980D0373BE2230D.tplgfr26s_2?cidTexte=JORFTEXT000037952550&dateTexte=&oldAction=rechJO&categorieLien=id&idJO=JORFCONT000037952499
Ordonnance n° 2019-3 du 4 janvier 2019 relative à certaines modalités d’incitation au départ à destination de personnels militaires
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=14D6B1EEB7E1D4624980D0373BE2230D.tplgfr26s_2?cidTexte=JORFTEXT000037952563&dateTexte=&oldAction=rechJO&categorieLien=id&idJO=JORFCONT000037952499
Décret n° 2019-4 du 3 janvier 2019 modifiant diverses dispositions du code de la défense
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=14D6B1EEB7E1D4624980D0373BE2230D.tplgfr26s_2?cidTexte=JORFTEXT000037952569&dateTexte=&oldAction=rechJO&categorieLien=id&idJO=JORFCONT000037952499
Décret n° 2019-5 du 4 janvier 2019 portant application de l’ordonnance n° 2019-2 du 4 janvier 2019 portant simplification des dispositifs de reconversion des militaires et des anciens militaires dans la fonction publique civile
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=14D6B1EEB7E1D4624980D0373BE2230D.tplgfr26s_2?cidTexte=JORFTEXT000037952584&dateTexte=&oldAction=rechJO&categorieLien=id&idJO=JORFCONT000037952499
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