FORCES DE L’ORDRE ENTRE SUICIDES ET CONTRÔLE FISCAL…
Richard Labévière
Rédacteur en chef
Dernièrement, la presse s’est fait l’écho d’une vague de suicides sans précédent dans les forces de l’ordre. Après un pic en 2014, année noire au cours de laquelle 55 policiers (contre 40 en moyenne annuellement) et une trentaine de gendarmes, avaient mis fin à leurs jours, le nombre de suicides parmi les forces de l’ordre avait décru en 2015 et 2016. Après ces années d’accalmie, policiers et gendarmes craignent qu’en 2017, le fléau des suicides dans leurs rangs ne retrouve ses plus hauts niveaux.
Sept fonctionnaires viennent de mettre fin à leurs jours en une semaine, dont l’ex-patron de la lutte contre le hooliganisme : gardiens de la paix ou commissaire de police, gendarme membre d’une unité d’intervention ou commandant d’une brigade de proximité, fonctionnaires ou militaires exerçant en zone rurale ou dans l’agglomération parisienne : ils font partie des 45 policiers et 16 gendarmes qui se sont donnés la mort depuis le début de l’année 2017, selon un décompte du ministère de l’Intérieur.
Les causes de ce phénomène sont multiples et profondes, touchant tant la déglingue généralisée – économique, sociale et culturelle – de nos sociétés, l’érosion du lien social avec la montée des incivilités, des délinquances, banditismes et criminalités. Selon des organisations professionnelles de la branche, il faut aussi interroger d’autres facteurs tous aussi morbides : management déplorable, manque de considération, conditions de travail détériorées, usure professionnelle, désocialisation et politique du chiffre !
En matière de prévention et de lutte contre le terrorisme, la machine législative s’est emballée, mais les circulaires d’application d’une quinzaine de lois supplémentaires en moins de dix ans, sont souvent inapplicables, justement ! Quant à la coordination des administrations, elle est trop souvent inexistante alors que les dysfonctionnements se multiplient par manque de moyens. Le dernier assassinat des deux petites de la gare Saint-Charles de Marseille par un connard qui aurait dû être expulsé de France depuis bien longtemps n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Ne parlons pas des fichés « S », dont l’identité n’est pas communiquée aux maires qui sont obligés d’accepter des embauches d’animateurs sociaux ou d’entraîneurs de foot… sans pouvoir être avertis que leurs nouvelles recrues sont dangereusement radicalisées ! On rêve !
Et pour compléter le paysage, comme si la barque des forces de l’ordre n’était déjà pas suffisamment surchargée, il faut savoir et se préparer à s’habituer à ce que, désormais le gendarmes de France et de Navarre, procèdent à … des contrôles fiscaux. Ainsi, depuis peu et dans plusieurs régions de France, les gendarmes convoquent maintenant des citoyens pour qu’ils présentent les factures de telle ou telle prestation d’entreprises de maçonnerie, plomberie, etc. ou d’entretien et de service.
Exemple : trois clients d’une société d’entretien viennent de passer la matinée à la gendarmerie de leur village pour répondre sur les conditions et le paiement des prestations reçues. Plusieurs heures d’entretien, signatures de procès-verbaux, etc… c’est-à-dire de jours, sinon de semaines d’enquête et de tâches administratives qui visent, la plupart du temps, de jeunes entrepreneurs qui viennent de se lancer ou commencent à peine…
En l’occurrence, la région concernée est connue pour ses concentrations de fichés « S » et ses cambriolages en série de villas principales et secondaires. Mais les ordres sont les ordres et la chaîne de commandement régionale préfèrent voir ses pandores se transformer en auxiliaires du Trésor public, que de les envoyer courir la campagne à la poursuite des malfaiteurs. Avec le risque de voir les suicides de patron de PME augmenter à leur tour…
Comprenne qui pourra ! Les personnels des forces de l’ordre le déplorent unanimement : trop de tâches administratives, donc des patrouilles de terrain, de plus en plus réduites. Mais, il importe davantage de traquer les p’tits gars dont les PME ne respecteraient pas au cordeau les règles de plus en plus abracadabrantesques de l’URSSAF, du RSI et d’autres officines chargées de tondre les classes moyennes, tandis qu’on laisse les Starbucks cafés – qui ne paient pas un sou d’impôt en France – détruire les brasseries et les estaminets de quartier, tandis que les Apple, Google et autres Face-Book sont réfugiés à Dublin pour échapper aux législations nationales européennes. On se demande aussi vraiment à quoi a servi le sacrifice de tous ces grands patriotes Irlandais pour en arriver là !