La Nouvelle Calédonie

entre la Chine et l’Australie

Athénaïs Jalabert-Doury  (*)
Stagiaire chez ESPRITSURCOUF

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La Nouvelle-Calédonie, territoire français situé au cœur du Pacifique Sud, se trouve au centre d’une compétition stratégique entre deux grandes puissances : la Chine et l’Australie.

 

Cette île, dotée de ressources naturelles abondantes, dont le nickel, et d’une position géopolitique stratégique, attire les convoitises et les efforts d’influence de ces deux nations. Autrefois considérée comme un territoire dont l’éloignement constituait l’un des principaux intérêts, la France se voit aujourd’hui dans une position stratégique difficile, notamment par les volontés indépendantes locales, et semble devoir réaffirmer son influence face à de nouveaux acteurs. Justement, n proie à des tensions récurrentes depuis des années, la Nouvelle-Calédonie est depuis le 13 mai 2024 pris sous le poids des émeutes. Celles-ci ont éclaté alors que l’Assemblée nationale allait se prononcer sur une révision constitutionnelle prévoyant une réforme du corps électoral, très contesté par les indépendantistes de l’île, les Kanaks. Préciser en quelques lignes quoi consiste cette réforme

L’état d’urgence a été déclaré sur le territoire après plusieurs jours de violences qui ont fait jusqu’à 9 morts aujourd’hui et des dizaines de blessés selon le Haut-Commissariat de la République en Nouvelle-Calédonie.

Si la France affiche des ambitions dans cette région, sa place est aujourd’hui contestée par un jeu d’équilibre des puissances régionales et les ambitions indépendantistes locales, tout cela dans la continuité de la rivalité sino-américaine.

En effet, en marge de cette situation conjoncturelle, la Chine est de plus en plus présente dans le Pacifique, par le biais d’investissements économiques massifs et d’une diplomatie active. Elle voit en cette île la pièce maîtresse dans son projet d’expansion dans la zone Indopacifique. Ceci contraste avec les efforts de l’Australie pour maintenir son rôle traditionnel de leader et de protecteur dans la région, par le biais d’alliances tel que l’AUKUS dans un contexte de rivalités sino-américaines.

Un territoire stratégique

Historique et statut politique

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Suite à la découverte de cette île par James Cook en 1774, ce n’est qu’en 1853 que la France prend officiellement possession de la Nouvelle-Calédonie. Elle conserve le statut de colonie jusqu’en 1946 et devient alors un Territoire d’Outre-Mer : les Kanaks obtiennent donc la citoyenneté française et le droit de vote dont les effets ne seront complets qu’en 1957. Cette même année, l’autonomie est accordée au territoire jusqu’en 1963, avant d’être réduite. Ce qui conduisit au retournement des Kanaks qui, jusqu’alors, ne remettaient pas en cause la souveraineté française. En 1979, le « statut Dijoud » confirme l’autonomie de la Nouvelle-Calédonie. Le 24 septembre 1984 marque le jour de la création du Front de Libération nationale kanake socialiste (FLNKS) qui approuve la création d’un « gouvernement provisoire de la future Kanaky » et dénonce la négation de leur droit à l’autodétermination. Ce mouvement a toujours milité pour l’indépendance du peuple kanak. Il boycotte ainsi les élections territoriales de l’archipel et contribue à ce que rixes et violences se multiplient. À partir de cette date, règne atmosphère de quasi-guerre civile, appelée « les Événements », qui sera ensuite atténuée par les accords dits « de Matignon ». Ces accords ont été ratifiés lors d’un référendum approuvant le renforcement des institutions calédoniennes. L’accord de Nouméa en 1998 va encore plus loin en organisant l’émancipation étape par étape de l’archipel.

Plus récemment, en 2018, un référendum d’autodétermination était prévu entre 2014 et 2019 pour décider de l’indépendance ou non de l’île. Seulement, la majorité pencha en faveur du « non » à l’autodétermination, et de deux autres referendums en 2020 et 2021. Face à cet échec, des discussions bilatérales ont eu lieu dès 2022, entre l’État et les indépendantes, tout en prenant en compte les attentes des loyalistes. Mais ces échanges destinés à établir un nouveau statut de l’île restent au point mort.

 Ainsi, la loi impose le dégel du corps électoral du scrutin provincial pour l’ouvrir aux natifs et aux résidents présents depuis au moins dix ans. Cela cause, dès lors, un point épidermique pour les camps indépendantistes de l’archipel. L’exécutif est accusé “d’avoir soufflé sur les braises”, tout cela a entraînant une vague de violences à nouveau.[1]

Ressources naturelles et importance stratégique

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La Nouvelle-Calédonie regorge de ressources stratégiques qui, depuis longtemps, attisent les convoitises. L’île possède le deuxième gisement mondial de nickel et représente l’essentiel des exportations. De ce fait, son économie est liée aux variations des cours mondiaux. Le nickel calédonien s’est rapidement confronté à la concurrence du Canada puis de l’Australie. Depuis la fin du XIXe siècle, l’Asie est un partenaire commercial majeur. En effet, le nickel est une ressource stratégique pour la fabrication d’aciers spéciaux pour la construction navale et l’armement.

C’est avec la restructuration du secteur du nickel dans les années 2000 et la forte demande portée par l’Asie, que la Nouvelle-Calédonie réouvre de nouvelles usines et remet en marche l’exploitation. D’autre part, l’archipel demeure le point d’appui le plus solide du dispositif militaire français dans le Pacifique, malgré de diverses dissolutions d’unités en Polynésie française dans les années 2000.

À l’aune des tensions en mer de Chine autour de la question de Taiwan et du risque de guerre de haute intensité, la Nouvelle Calédonie joue un rôle essentiel dans la région, du fait de sa position. Dès la Seconde Guerre mondiale, l’archipel est un atout maître pour le général de Gaulle, tributaire de l’Australie avec l’Empire britannique, pour poursuivre les combats. Plus tard, l’entrée en guerre des Etats-Unis va transformer l’île et la doter d’infrastructures militaires et civiles, sous l’influence de l’« American way of life ».

Pour la France aujourd’hui, le Pacifique Sud est une réalité géographique, stratégique et sécuritaire. Cette réalité est confrontée au changement climatique et à la perte de biodiversité, mais aussi la lutte contre la pêche illégale. Le renforcement de la coopération face à un contexte géopolitique menaçant est aussi un point d’ordre. Jusqu’alors par exemple, le dispositif interarmées et interarmes du commandement des forces armées en Nouvelle-Calédonie (FANC) est jugé tout juste suffisant. De même, le matériel date d’une quarantaine d’années comme les P400 (patrouilleurs) ou le Casa (avion de transport). L’État affiche alors de réelles ambitions de réaffirmation de la défense et de la souveraineté notamment par la loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030.  

L’investissement totale dans la région durant cette loi est estimé à 5 milliards d’euros dont 600 millions pour mener des opérations de surveillances maritimes et des exercices conjoints avec d’autres puissances de la région[2]. Face à la puissance chinoise, la France entend développer, à travers l’archipel, des partenariats de souveraineté avec l’Australie ou le Japon et les organisations régionales comme l’AUKUS afin de s’affirmer comme une puissance d’équilibre dans la région. Cette forte volonté est à nuancer compte tenu de la relation qu’entretient la métropole avec l’archipel. A titre d’exemple, a été organisé en décembre 2023 à Nouméa pour la dixième édition, le South Pacific Defence Ministers’ Meeting (SPDMM), qui est l’unique enceinte ministérielle de sécurité et de défense du Pacifique Sud. Selon Cédric Perrin et Rachid Temai, cette voie d’équilibre amène à penser que la France fragilise sa position face aux ambitions chinoises. Selon eux, son comportement est « contre-productif auprès de certains de ses partenaires, car il peut leur laisser croire que la France a une position ambiguë et surtout que ses ambitions ne sont pas en adéquation avec son poids réel« . Les sénateurs recommandent justement de réaffirmer « une position forte et réaliste »[3], d’autant plus que la France se retrouve dans un isolement géostratégique dangereux du fait de la rupture du partenariat stratégique entre l’Australie et cette dernière en 2021, l’enjeu néocalédonien est primordial pour sa stratégie dans l’Indopacifique.

 

La Chine : Une puissance montante dans le Pacifique

La stratégie d’expansion chinoise

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La Chine expose un engagement certain dans la région du Pacifique. Et sa volonté de s’y implanter durablement modifie les équilibres géopolitiques, dans un contexte de rivalités sino-américaines. Seulement, le niveau de la puissance militaire chinoise est à nuancer, surtout à propos de sa marine de guerre, qui n’est pas capable de se mesurer aux Etats-Unis. La RPC use de son influence sous toutes ses formes, entre le « soft power » et le « hard power », afin de soumettre les États ou territoires et s’installer progressivement en leur au sein, dans la continuité de son objectif politique et stratégique de disposer de forces de premier plan.

La France ainsi que Taïwan sont particulièrement visées du fait de leur territoires présentant un intérêt stratégique fort. L’unification de Taiwan avec la Chine est aujourd’hui l’un des objectifs prioritaires de Pékin Le contrôle de Taïwan offrirait à Pékin une possible base pour ses sous-marins nucléaires lanceurs d’engins qui pourraient alors se diluer rapidement dans le Pacifique et ainsi faire peser une menace sur les Etats-Unis. De plus, les tensions en mer de Chine méridionale sont le résultat de différends territoriaux et maritimes entre les pays riverains. Cette mer est un point de communication stratégique entre différents détroits et un accès privilégié aux ressources énergétiques et halieutiques. La Chine, progressivement, poldérise et militarise certaines de ces îles et renforce ses capacités de surveillances avec des navires de recherche ou même des drones sous-marins[4]. Pour l’instant, les principales activités de la Chine dans la région restent focalisées sur mes missions d’observation et des patrouilles, outre la présence et l’entraînement en haute mer dans le Pacifique, de ses forces aéronavales[5].

L’Indopacifique implique aussi une guerre idéologique entre la Chine et les Etats-Unis : alors que Washington cherche à contrer l’influence chinoise, Pékin souhaite développer son « faisceau de relations » (Immanuel Wallerstein) à travers son projet « les Nouvelles routes de la soie » qui se traduit par la militarisation constante de la région.

L’intérêt chinois pour la Nouvelle-Calédonie

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L’archipel néocalédonienne est une source stratégique pour Pékin, suite à l’abandon des essais nucléaires français en Polynésie française à la fin des années 1990. Plus largement, elle convoite toute la zone maritime qui comprend d’immenses ressources halieutiques.

De même, l’île est au cœur des voies de passages qui sont nécessaires à la Chine, notamment pour l’acheminement du lithium en provenance d’Amérique du Sud. La Chine réussit à s’imposer sur le territoire grâce à un discours qui séduit les peuples autochtones, caldoches ou polynésiens aspirant à l’indépendance. De plus, la réussite du modèle économique chinois est séduisante car, en quarante ans, le pays est devenu la deuxième puissance économique du monde.

D’autre part, la diaspora chinoise est également un moyen de pression et levier d’influence en Nouvelle-Calédonie. Dès le XIXe siècle, la population chinoise s’y est établie. De par cette influence grandissante, la Chine a développé une véritable stratégie à travers un soutien voilé aux indépendantistes de Nouvelle-Calédonie en vue d’affaiblir ses concurrents régionaux et d’imposer une nouvelle tutelle, comme l’affirment Paul Charon et Jean-Baptiste Jeangène Vilmer. « S’il y a eu des soupçons d’ingérence chinoise dans le référendum de 2018 sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie, et si Pékin suit de près la progression du camp indépendantiste confirmée par le référendum de 2020, c’est parce qu’une Nouvelle-Calédonie indépendante serait de facto sous influence chinoise et présenterait au moins deux intérêts majeurs pour le Parti-État ». D’abord, elle « deviendrait la clé de voûte de la stratégie d’anti-encerclement chinoise », tout en isolant l’Australie « puisqu’en plus de Nouméa, Pékin pourra s’appuyer sur Port Moresby, Honiara, Port-Vila et Suva ». La Chine signant déjà des accords sécuritaires notamment avec les îles Salomon en 2022, il peut être imaginer un scénario de « stratégie du lotus » c’est-à-dire que la Chine s’implante dans un lieu central pour petit à petit essaimer son influence sur les territoires alentours. Face à cela, la France tente tout de même d’avoir une stratégie inexplicite en protégeant la biodiversité et mettre en avant la polyculture contrairement à Xi Jinping menant une politique de destruction massive des forêts.

L’Australie : Un allié traditionnel sous pression

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Historiquement, l’Australie a toujours porté un intérêt pour l’archipel, à un emplacement stratégique pour l’accès au Pacifique. Outre sa position géographique très intéressante, l’Australie et par extension, à travers l’AUKUS, les Etats-Unis, ont des intérêts également vis-à-vis du nickel : rien qu’en mars 2021, après plusieurs mois d’hésitation et de conflits violents, l’ancien actionnaire de l’usine du Sud, Vale NC, a cédé ses parts à différents acteurs, dont un consortium néo-calédonien et un fonds d’investissement australien Agio Global. Dans la même période, le constructeur automobile Tesla a signé un accord d’approvisionnement avec l’usine du Sud. Ces deux acteurs possèdent une influence économique comparable à la Chine. Même s’ils sont moins mentionnés dans la presse, ils affichent une réelle volonté de coopération stratégique avec la France malgré la crise des sous-marins en 2021.

Dans le contexte de tensions grandissantes dans la région, les Etats-Unis ainsi que l’Australie se considèrent les seuls capables de renverser la Chine en cas de conflit. Justement, en avril 2024, pour la première fois, l’Australie dévoile une stratégie de défense nationale mettant l’accent sur le Pacifique afin de faire face aux tactiques coercitives de la Chine, en développant par exemple une flotte de sous-marins furtifs à propulsion nucléaire. Même, l’alliance AUKUS se renforce et intéresse de nouveaux pays tels que le Japon et la Corée du Sud : ce pacte consiste notamment à doter l’Australie d’une flotte de puissants sous-marins à propulsion nucléaire et de renforcer, par exemple, le développement de technologies de pointe comme des missiles hypersoniques de longue portée. L’Australie entend aussi étendre son influence en signant notamment un pacte avec le Tuvalu comprenant un volet défense qui engage ainsi l’Australie à venir en aide en cas « d’agression militaire ». Ce jeu d’influence et d’équilibriste se retrouve également au sein de la Nouvelle-Calédonie où est soupçonné des interférences dans les référendums : la Chine a été suspectée d’influencer les votes dès celui de 2018 car des associations pour la diaspora chinoise existent telle que l’Alliance pour la promotion de la réunification pacifique chinoise en Océanie (APRPCO). Même l’Australie a fait l’objet de discrètes mentions dans la presse suggérant des campagnes de désinformation pour influencer le référendum, mais tout cela reste des soutiens discrets. Canberra montre alors une réelle ambition d’asseoir sa position dans la région face à Pékin, en optant pour l’innovation et la coopération régionale ; ce qui fait de de la Nouvelle-Calédonie un des points névralgiques d’un jeu d’équilibristes, amenant à une « mentalité de Guerre froide ».

Conclusion

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Depuis l’établissement d’une stratégie dédiée en 2018, la France affiche clairement ses ambitions dans l’Indopacifique et propose une troisième voie entre la Chine et les Etats-Unis. Les ambitions chinoises dans le Pacifique créent un contexte de rivalité où la France cherche à maintenir son influence et à renforcer ses alliances avec des partenaires comme l’Australie, in fine les Etats-Unis dans un contexte de rivalités sino-américaines. Le jeu d’influences constant où Washington, Pékin et Canberra rivalisent met en lumière l’importance de la Nouvelle-Calédonie comme futur terrain d’opération entre ces puissances. Il est donc essentiel pour la France d’équilibrer sa position, la Nouvelle-Calédonie étant le point névralgique dans la souveraineté française.

[1] PICCOLO, Coppélia. « Décryptage. Nouvelle-Calédonie : retour sur les dates clés qui ont marqué l’histoire du Caillou », Libération, 15 mai 2024.

[2] « SPDMM 2023. Le Pacifique Sud, zone d’intérêt stratégique pour la France », Ministère des Armées, 5 décembre 2023.

[3] SOUBROUILLARD, Régis. « Indo-pacifique : ce rapport qui tacle des moyens français pas à la hauteur des ambitions face à la Chine », Challenges, 31 janvier 2023.

[4] Jérémy Bachelier et Céline Pajon, « La France dans l’Indo-Pacifique. Pour une posture stratégique pragmatique », Focus stratégique, n° 117, Ifri, octobre 2023.

[5] EUDELINE, Hugues. “L’influence de la République Populaire de Chine dans les îles du Pacifique », Institut Thomas More, rapport n°26, juillet 2022.

 

 

 

(*) Athénaïs Jalabert-Doury est actuellement étudiante en relations internationales à l’ILERI et stagiaire au sein de la revue Espritsurcouf. Elle se passionne notamment sur les sujets de sécurité internationale, plus particulièrement dans les zones géographiques des Amériques et de l’Europe.

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