« Emmanuel Macron : face à la guerre russo-ukrainienne« 

Eloïse Herbreteau (*)
Etudiante en en 3ème année de licence de sciences politiques

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Etudiante en Science politique, l’auteure publie ici les résultats d’une étude qu’elle a effectuée dans le dans le cadre d’un stage avec Sten Rynning, directeur de la
Danish Institute for Advanced Study.

 

Le conflit russo-ukrainien a débuté le 22 février 2022. En envahissant l’Ukraine, la Russie a redistribué les cartes diplomatiques et déclenché une phase de tensions avec l’Occident. La France a quasi automatiquement décidé de soutenir l’Ukraine. Mais comment ? Et surtout jusqu’à quelle limite ? Et qui sont les principaux acteurs en faveur de l’Ukraine ?

Les puissances européennes et l’OTAN constituent ainsi une sphère d’appui et de soutien à l’Ukraine dans ce conflit. Les Etats européens, dont la France, se sont réunis pour envoyer des aides financières, militaires et humanitaires.

La France est l’une des plus grandes puissances européennes. En effet, elle possède l’arme nucléaire, fait partie de l’OTAN, et est l’un des membres fondateurs de l’Union européenne comme de l’ONU. Elle dispose d’un siège permanent au Conseil de sécurité. Nous savons que la position d’Emmanuel Macron sur la guerre russo-ukrainienne a changé tout au long du conflit. Pour quelles raisons ? Il en résulte que la position diplomatique française fait souvent débat.

Avant la guerre en Ukraine, la politique étrangère française a subi de nombreux changements depuis l’ère gaulliste jusqu’un certain fléchissement durant les années 2010. Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, en 2017, nous constatons une place plus marquée de la politique étrangère de la France, qui se traduit par de nombreuses conférences et prises de position. Mais est-ce que la France est actrice d’une véritable politique étrangère ou le théâtre de celle-ci ?

Le conflit russo-ukrainien a mis la France sous les projecteurs car le monde se demandait comment cette « vieille puissance » allait réagir et à quel niveau mondial et européen.

Avant le début de la guerre, le 7 février 2022, Macron avait joué la carte de la diplomatie et était allé rencontrer Poutine au nom de l’Union européenne – et de la France – en Russie. Après cette rencontre très médiatisée, Macron avait assuré avoir ouvert la discussion avec le dirigeant russe et pouvoir réussir à trouver des solutions aux tensions.

Cependant,15 jours après, Poutine lança la première offensive russe contre l’Ukraine. Fût-ce une humiliation pour la politique étrangère française ? Macron du début du conflit au printemps 2022, resta en tout cas neutre et soutient l’Ukraine sans inciter à la haine contre la Russie.

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Cette courte période de février au printemps 2022 a été marquée par la surprise de l’offensive russe. La France s’est concertée avec les institutions puis le président Macron a prononcé un premier discours le 24 février 2022 en parlant pour l’OTAN, l’UE et le G7, en sanctionnant la Russie et en soutenant l’Ukraine. Cependant, il a été formel et ne voulait pas attiser la haine de la Russie, espérant sans doute un compromis pour arrêter la guerre. Il insista sur l’importance de la diplomatie et la nécessité d’éviter de renouveler les erreurs du passé.

Mais début mars 2022, le président français décide de prendre des mesures à l’encontre de la Russie. C’est donc dans un discours national qu’il évoque une « résilience économique et social » pour soutenir l’Ukraine. Le 11 mars, il déclare à Versailles, lors d’une réunion informelle des chefs d’État ou de gouvernement, d’une opération pour accueillir les réfugiés ukrainiens en France.

Quelques mois plus tard, en juin 2022, l’Ukraine reçoit le statut de candidat à l’Union Européenne. La France a mis du temps avant de se positionner en faveur de cette adhésion. Nous pouvons traduire cela comme une volonté française d’être neutre et d’essayer d’ouvrir la discussion avec la Russie.

Le 30 juin 2022, la visite tardive des dirigeants de grandes puissances européennes (Italie, Allemagne et France) à Kiev marque un tournant dans la position française à l’égard de la Russie et de l’Ukraine. En effet, lors de cette visite, les liens franco-ukrainiens ont pu se renforcer alors qu’Emmanuel Macron constatait sur place l’envergure et la violence du conflit. Lors d’un nouveau discours, il insiste sur l’importance de l’’unité européenne. Et il intensifie l’envoi d’armes à l’Ukraine qui, jusqu’alors, était encore très limité… Près de 100 millions d’euros d’aide militaire sont ainsi fournis par la France.

Après cette rencontre qui marque un tournant dans la position de Macron, la période du printemps 2022 à la fin 2023 est interprétée comme celle d’une posture d’équilibriste pour le président français. Effectivement, il est dans une phase de transition sans opter pour une politique internationale trop frontale à l’égard de Moscou.



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Comme nous le savons, Emmanuel Macron considère la diplomatie comme le point central et primordial d’un équilibre de paix. Face à un président russe qui n’acceptera pas un accord de paix avec l’Ukraine qui lui soit défavorable, devant une Europe qui le voit comme un agresseur. Macron, tout au long de ce conflit, semble toutefois éviter de faire de la Russie une ennemie. Le 20 décembre 2022, le président français souligne, lors d’un discours, l’importance de donner des garanties russes pour une négociation de paix. Nonobstant, il va être accusé d’entente avec Moscou, tant sa proposition déplaît aux pays de l’Est comme au chef diplomatique européen Josep Borell. Mais Emmanuel Macron ne changera pas de position directement, persuadé que la paix est possible. Le 18 février 2023, lors de la conférence de Munich, Macron assure qu’il ne faut pas créer de la haine vis-à-vis de la Russie.

Malgré cette position de volonté de paix avec la Russie, l’entente franco-ukrainienne persiste. Nous avons pu le remarquer avec des élans de coopération comme en témoigne l’échange téléphonique du 20 février 2023, entre le président Macron et son homologue Ukrainien, Voldimir Zelenski, à propos d’une accélération du réarmement de l’OTAN et de l’UE.

Ce n’est qu’en mai 2023, que le Président Macron se positionne en faveur d’adhésion de l’Ukraine dans l’Union européenne et du renforcement des livraisons d’armes et d’une accentuation de l’action de l’OTAN.

Autant de délais et de choix qui font qu’Emmanuel Macron est perçu, par les pays étrangers, comme un président individualiste. Nous avons pu le constater lors du discours de Macron à Bratislava où il prend position sur la place de l’OTAN et de l’Union Européenne en estimant que l’UE a délégué sa prise de décision à l’OTAN et que cette dernière n’avait pas assez agi.

Pour autant, Macron continue d’assoir son influence comme le 28 juin 2023, lorsqu’il il rencontre Jens Stoltenberg pour aider l’Ukraine et gérer la crise de Wagner en Biélorussie.

Emmanuel Macron garde en tête que la guerre russo-ukrainienne reste un nouveau marché ouvert. Aussi, le 28 septembre 2023, le ministre des Armées, des parlementaires et des représentants d’entreprises d’armement se rendent à Kiev pour signer des contrats. Cependant, les Ukrainiens craignent l’enlisement du conflit et le ralentissement des aides des pays étrangers.

Même si Macron a créé une politique étrangère française transitoire, il a augmenté ses aides de plus de 2 milliards d’euro vers l’Ukraine. La France reste, fin de 2023, à la 9ème place des donateurs d’aides à l’Ukraine avec une aide de presque 3 milliards d’euros. Pourtant, le président Macron souhaite jouer de son influence auprès des grandes institutions et veut ouvrir une discussion avec Poutine.

Mais début 2024, Emmanuel Macron change de position et et décide d’assoir sa position de chef de guerre.

Macron, le chef de guerre assumé

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Le Président Emmanuel Macron, dès le début de janvier 2024, fait passer un budget de 3 milliards d’euros de soutien en faveur l’Ukraine.

L’aide de la France est précisément de 3,2 milliards, depuis le début de la guerre , mais  elle est jugée trop faible par l’opinion étrangère.

Le 18 janvier 2024, alors que le front ukrainien est gelé, la France et les Etats-Unis créent une coalition opérationnelle pour fournir des batteries d’artillerie.

Même si, depuis le début de la guerre, Macron essaye de temporiser avec la Russie c’est en février qu’il remet en cause ses propos de ne « pas humilier la Russie ». Il commence d’ailleurs a évoquer la possibilité d’envoyer des troupes. Lors de la conférence avec les pays européens du 26 au 27 février 2024, cinq points de défense sont même établis : le cyberdéfensif, la coproduction d’armement en Ukraine, la défense de pays menacés directement par l’offensive russe en Ukraine, la place de la Moldavie dans le conflit, la capacité de soutenir l’Ukraine à sa frontière avec la Biélorussie avec des forces non militaires et les opérations de déminage.

Mais la perspective d’envoyer des troupes est rapidement démentie par les autres pays européens tel que l’Allemagne mais aussi les Etats-Unis. La réponse de Vladimir Poutine ne tarde pas. Lors de son célèbre discours à la nation, il répond à l’Occident et particulièrement à la France en soulignant que l’envoi des troupes de leur part déclenchera « une fin tragique ».

Tout au long de l’année 2024, Emmanuel Macron réitère son soutien à l’Ukraine, comme le 5 mars 2024 lors de la conférence à Prague où il souligne vouloir augmenter la frappe militaire et « ne plus avoir de limite face à la Russie ».

La guerre s’enlise. Les envois d’aides militaire à l’Ukraine sont globalement en baisse. C’est pour cela qu’en juin, Zelenski, en voyage en Europe, vient à Paris et s’adresse à l’Assemblée nationale pour remercier du soutien français et demander une hausse des envois de matériels militaires. Cependant, la France subit un bouleversement de la politique intérieure et les questions ukrainienne ne sont plus prioritaires dans la politique française.

Lors du sommet de Bürgenstock en Suisse, Macron invoque la nécessité d’un soutien plus important de l’Europe en Ukraine. Mais est-il légitime ou crédible pour le faire ? En effet, d’après KIEL (Institute for the world economy), la France est toujours placée au 9ème rang pour l’aide fourni à l’Ukraine. Globalement, depuis le printemps 2022, les aides envoyées à l’Ukraine ont subi une baisse de 19,32%.

En juillet 2024, la France est secouée par les élections et vit au rythme des jeux olympiques. Toutefois, le président français met un point d’honneur à maintenir sa présence sur la scène internationale. C’est pour cela que le 11 juillet, il assiste au sommet de Washington alors que les élections législatives venaient de se dérouler 4 jours plus tôt. Il restera au second plan et toutes les questions qui lui seront posées porteront sur la politique intérieure. Mais, il insiste sur les avancées de l’OTAN et des aides pour reconstruire l’hôpital pédiatrique en Ukraine.

Entre janvier 2022 et septembre 2024, les aides de la France sont estimées à 4,4 milliards d’euro. Cependant, le gouvernement français reste flou quand il s’agit de communiquer les montants exacts envoyés à l’Ukraine.  

Le 18 juillet 2024, lors du sommet de la communauté politique européenne (née de la volonté française d’unir l’Europe), Macron restera effacé mais réitère une fois encore son soutien à l’Ukraine. En effet, par l’instabilité intérieur actuelle, les pays étrangers regardent d’un mauvais œil l’évolution de la politique interne en France. La France par son instabilité perd-elle de son influence internationale ?

Quoiqu’il en soit, la crédibilité du président Macron est entachée.

Eloïse Herbreteau (*) est étudiante à l’Université catholique de l’Ouest (campus de Nantes) en 3ème année de licence de sciences politiques, le parcours géopolitique et stratégie internationale. Elle se spécialise en relations internationales.