Regards croisés
sur les guerres d’Algérie et israélo-palestinienne
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Danièle Sabbah (*)
Jean-Louis Fanjeau (*)
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Une fois n’est pas coutume, nous vous proposons deux articles pour une même rubrique. Deux regards croisés, saisis à hauteur d’enfant, de Français d’Algérie qui, à travers leur vécu et en rétrospective, expriment combien les horreurs perpétrées le 7 octobre 2023, en Israël, leur rappellent celles qui les ont marqués au moment de la guerre d’indépendance (1954-1962). Les propos n’engagent que leurs auteurs.
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7 octobre 2023, retour du terrorisme sauvage
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Danièle Sabbah (*)
La sidération, le chagrin et la colère…
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7 octobre 2023 : les maisons mises à sac, incendiées, criblées de balles, l’amoncellement des débris de vaisselle, des meubles défoncés, des chaises renversées, des petits déjeuners interrompus, des jouets d’enfants, les trainées de sang figé, les habitants saisis au petit matin, torturés, démembrés, violés avant d’être tués. Tandis que nous assaillent les images de l’horreur et que tombent les informations avec les noms des kibboutz attaqués, de la fête martyrisée, les chiffres des morts ou des disparus, tandis que les premiers journalistes dépêchés sur le terrain s’effondrent au milieu de leurs phrases, montent notre incompréhension, notre chagrin, notre colère. Comment est-ce possible, comment un peuple en vigilance, une armée, des services de renseignement parmi les meilleurs du monde ont-ils pu se faire surprendre ? Et, en parallèle, comment des sauvages en hordes peuvent-ils massacrer des civils, violer des femmes, torturer des enfants, s’acharner sur des cadavres, enlever bébés et vieillards ?
Le savoir et la mémoire des enfants
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Alors, les images enfouies d’une autre guerre, que l’on croyait révoquées, reviennent, insistantes, hideuses, nous rappeler que « cela » a déjà existé.
Nous le savions, nous les rescapés d’une guerre qui n’en portait pas le nom, réduite au statut d’« événements d’Algérie ». Nous savions les égorgements, les fermes isolées dévastées et tous leurs occupants, les Français comme les autres, tués, découpés, les femmes enceintes éventrées, les hommes émasculés. Nous savions : le couple d’instituteurs français, les Monnerot, visé par une rafale, au déclenchement de la « Toussaint rouge » le 1er novembre 1954. Cet attentat fera de Guy Monnerot le premier mort de cette guerre. Nous entendions les bruits qui circulaient sur le massacre du village de Melouza, en 1957, qui punit les hommes d’une exécution collective pour avoir suivi le mouvement rival du FLN.
Nous, le savions, et pourtant les adultes baissaient la voix devant nous.
Mais les enfants boivent l’angoisse des parents. Ils captent la terreur d’une société en guerre divisée en deux camps où les uns ne sont plus que danger mortel pour les autres. Ils captent les images, les sensations, les odeurs. Odeur d’huile et de goudron des maisons saccagées de nos voisins arabes, cris des terroristes rattrapés par une foule en fureur après qu’ils ont commis un attentat, tirs à bout portant de petits voyous venus abattre de sang-froid un chauffeur de camion et son aide à l’arrêt au feu rouge.
Les bruits de la guerre, explosions, mitraillages, coups de feu secs, manifestations de casseroles à cinq temps – trois, puis deux, comme « Algérie française » -. Tout cela revient, ou plutôt, n’a jamais vraiment disparu.
Sitôt débarqués en Métropole, il avait bien fallu « tourner la page ». C’était là l’injonction. Mais l’actualité bestiale du 7 octobre fait effraction et surgissent les angoisses, les scènes gardées au plus profond.
Peurs dans la rue
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Sur le chemin du retour de notre école qui est à la limite du quartier arabe, un jour, des bruits confus, des cris sourds dans notre dos. Les passants se mettent à courir, les volets se ferment précipitamment, la peur se répand, on entend : « les Arabes, les Arabes »…
C’est une manifestation arabe. Ce n’est pas la première. Elle part du quartier arabe, tourne autour des écoles de la Cité Petit où nous étions élèves et vient se répandre dans la partie plus européenne, en l’occurrence, le quartier des Mimosas, ensemble de bâtiments modestes majoritairement peuplé d’Espagnols, juste avant notre paisible quartier de villas.
Des femmes nous crient par la fenêtre de nous sauver. Nous courons affolées. Il nous semble qu’ils sont sur nos talons. Nous les entendons vociférer, nous entendons les « youyous ». Nous savons que cette foule peut devenir incontrôlable, que l’école de garçons a déjà été prise d’assaut, les instituteurs – dont mes parents – et les élèves se sont réfugiés dans ce qui sert de cantine (et parfois de salle de cinéma), au sous-sol. Ce qui les a sauvés, c’est le hasard ou le caprice des plus virulents déjà prêts à franchir les grillages et qui ont finalement préféré suivre la foule, la fameuse « rue arabe ».
Dans la panique, j’aperçois ma petite copine, qui est aussi ma voisine, courir, blême, le visage fermé, avec son cartable trop lourd, secoué dans le désordre de la course et comme elle, je cours avec l’impression terrible de ne pas avancer tandis que les hurlements se rapprochent. Pas un mot, toute notre énergie est tendue vers le carrefour où nous allons pouvoir prendre, sur la droite, une rue plus tranquille. La violence de la rue, il faut l’avoir perçue une fois, pour savoir quelles terreurs venues de la nuit des temps elle suscite. Pas seulement celle de la mort mais celle d’une rage plus terrible, plus cruelle encore : celle que nous devinons quand les adultes interrompent soudainement leurs conversations ou parlent à mots qu’ils croient couverts.
Peurs dans les maisons
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C’est dire combien alors pour les enfants – et sans doute pour les adultes – la peur permanente, la plus viscérale, la plus folle, celle qui peuplait nos cauchemars et continuera à les peupler pendant de longues années, était de se faire attaquer dans sa maison, quand elle ne peut plus nous protéger, des hordes sans retenue, autrement nommées « armées de libération » par les idéologues romantiques, ou « de résistance » par les plus cyniques.
Les images du 7 octobre, dans leur paroxysme de cruauté, viennent tragiquement donner consistance et réalité à cette terreur archaïque.
En Algérie déjà, cette peur n’était pas que fantasmatique : il y avait les massacres des colons, les maisons dévastées, il y a eu le 5 juillet à Oran, avec ses rafles, ses razzias, ses disparus à jamais, ses torturés, ses morts sans traces. Mais de tout cela, impossible d’en parler en Métropole. Nous étions les porteurs de la faute de la colonisation, dont s’exonéraient à peu de frais et beaucoup de silences les beaux penseurs de la guerre dite d’« indépendance » et jusqu’aux historiens coulés dans le moule de la repentance, laquelle avait remplacé l’analyse politique et en avait figé les termes pour de longues années.
Nos maisons étaient exposées, dans ce quartier limitrophe. Elles subissaient les assauts indirects de la guerre. C’était soudain les balles perdues qui sifflaient en traversant l’abricotier du jardin et finissaient leur course dans la rue de l’autre côté de la maison, des « 12/7 », que l’on retrouvait pointues et brillantes sur le goudron, et que les Oranais, par ironie ou par déformation involontaire appelaient « doucettes ». Et les nuits étaient rythmées par les explosions, les bombes au plastic, de plus en plus fréquentes, de plus en plus violentes au fur et à mesure que l’on basculait dans le chaos.
Dans la rue proche, il y avait une maison dont les habitants avaient fui. On disait qu’elle servait de QG mais la prudence en faisait taire l’appartenance. Des coups de feu en partaient la nuit. Certains atteignaient de plein fouet nos volets, tandis que ceux que l’on appelait les fellaghas affrontaient l’armée ou des tenants de l’Algérie française. On ne savait plus trop qui luttait contre qui. L’étau du danger se resserrait, nous n’habitions plus les pièces donnant sur la rue. Nous entendions des mots. Ils s’entrechoquaient, personne ne nous les expliquait, mais ils étaient chargés de lourdes menaces, « communistes », « OAS », « barbouzes », « FLN » « fellaghas »…Ce qu’il y a de sûr, c’est qu’il n’y avait pas de mots pour signifier protection pour nous, pris entre tous les feux : français mais pas métropolitains, algériens mais pas arabes, colons pour les uns, mais en réalité fonctionnaires au service de la France, ni communistes, ni OAS, sensibles aux inégalités, mais nés depuis des générations dans ce pays que nous aimions et dont la terre portait nos morts. Morts que nous avons dû abandonner aux profanations et … aux travaux routiers (l’élargissement de la route pour l’aéroport de La Sénia a écrasé les tombes du cimetière qui « gênait ». On n’ose penser à ce qui a été fait des ossements…).
Et puis, il y avait tous ces signes inquiétants : nos familles avaient ouvert les grillages qui séparaient les maisons mitoyennes pour pouvoir fuir plus facilement. Parfois, la nuit, un voisin venait frapper aux volets des parents. Ils se retrouvaient alors en longs conciliabules. Ils étaient tellement pris par leur propre inquiétude qu’ils ne se rendaient pas compte que nous, les enfants, entendions leurs pas et que nous guettions leurs chuchotements. Ils avaient d’ailleurs fini par se répartir en quarts de surveillance la nuit, depuis une maison à étage, qui ouvrait sur une large vue, car des bruits circulaient, des attaques se préparaient contre notre quartier.
Pendant une période, mon père avait été rappelé pour servir dans la Territoriale. Il mettait son treillis de soldat et partait patrouiller la nuit dans des quartiers dangereux. L’angoisse était palpable. C’étaient alors des nuits blanches pour la famille, qui craignait le pire pour ces cibles faciles. Après être parti à vingt ans pour la guerre en 1939, après la captivité, les évasions, les relégations successives vers l’Est et la menace de Rawa Ruska, voilà que cela recommençait. Revenait le temps des armes, de la mort, de la haine, avec de surcroît, la peur pour sa famille, et l’impossibilité de vivre la vie paisible et honorable d’instituteur qu’il avait méritée…
Peurs dans la ville
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Il y avait également, cette présence lancinante des hélicoptères de l’armée, qui tournaient au-dessus de nous pendant des heures, quand quelque chose de grave se passait. Leur bourdonnement continu, leur proximité portaient une menace imminente, d’autant plus dangereuse qu’on ne savait ni d’où elle venait ni comment elle allait se concrétiser. Aujourd’hui encore, aucun hélicoptère ne passe dans le ciel sans que, les sens en alerte, l’angoisse et le désarroi ne reviennent.
La dernière année de l’Algérie française, j’étais en 6ème. J’allais au seul Lycée de Jeunes Filles d’Oran, en plein centre-ville. Et chaque matin, sur le trajet, il y avait un corps étendu sur le trottoir. Règlement de comptes ou Arabe qui s’était aventuré dans le quartier européen, on n’en savait rien. Car il ne fallait pas se tromper de direction, c’était vrai pour les Arabes, mais aussi pour les Européens : celui qui entrait dans le village arabe était perdu. C’est arrivé à un cousin, de retour d’une soirée où il fêtait la promesse de sa vie sauve. Il partait faire son armée en Métropole, ce qui mettait les jeunes gens – a priori suspects d’appartenir à une cause – à l’abri de tous les clans qui s’entretuaient. Détourné du convoi (il y avait couvre-feu) vers le village arabe par les « barbouzes », il a été retrouvé mort, le ventre ouvert empli de pierres, le sexe arraché. C’était aussi cela, « avoir vingt ans dans cette effroyable tourmente » (à propos de la guerre 1939-1945, Hélène Berr, Journal 1942-1944, Editions Tallandier, 2008.)
Ô France, pourquoi nous as-tu abandonnés ?
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Au retour du lycée, au début, j’attendais un bus incertain devant un Cinéma. Il s’appelait La Paix. On a découvert plus tard que le bien nommé servait de dépôt d’armes pour les fellaghas. Alors, j’ai attendu que mon père vienne me chercher le soir, depuis l’autre bout de la ville. Cela n’a pas duré longtemps car dans la débâcle qui s’annonçait, les horaires bousculés par les alertes, les effectifs réduits par le bouclage des quartiers qui duraient des heures, les transports qui ne fonctionnaient plus, les explosions rapprochées qui perturbaient les cours et nous figeaient dans l’attente du pire, l’administration a organisé avec brutalité et prématurément –il me semble que c’était pendant les vacances de Pâques –, sans que nous ne revoyions aucun de nos professeurs, les compositions de troisième trimestre puis les « conseils de classe » (ont-ils réellement eu lieu?), elle nous a remis nos bulletins et le lycée a fermé.
Le personnel venait presque exclusivement de la Métropole. Il y retournait se mettre à l’abri et nous laissait à notre sort. C’était un bout de France qui nous abandonnait, avant que la France entière ne le fasse, dans le mépris et l’hostilité pour ces « Pieds Noirs » qui « faisaient suer le burnous », qui s’étaient « fait des ponts d’or », et au bénéfice desquels on « envoyait se faire massacrer les petits appelés français ». Autant de préjugés qui ont arrangé à peu près tout le monde, sauf la population des Français d’Algérie, victime d’obstinations politiques, de putsch, de soudains revirements, victime des violences que ces errements engendraient ; et pour finir, désignés coupables des pertes et dégâts de cette guerre qui nous désespérait.
La guerre nous est déclarée : a-t-elle jamais cessé ?
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C’est ce mépris – ou cette bêtise arrogante, ou cette lâcheté – des politiques et, pour une part, de certains métropolitains, qui a empêché d’entendre les alertes que lançaient en vain les rapatriés d’Algérie, quand leur intuition a commencé à les éveiller face au danger terroriste qui perçait. Les autorités étaient apparemment trop savantes pour écouter les Cassandre d’outremer et pour méditer sur l’expérience des « terrorisés ».
Quand ont eu lieu de nouvelles séries d’attentats sur le sol de France, quand des militaires français, puis des enfants, dans leur école à Toulouse, ont été tués à bout portant en 2012, nous avons compris que cela revenait. « Cela » : la peur, l’arbitraire de la mort, l’angoisse diffuse sans répit et surtout sans issue.
Avec l’exode d’Algérie, en cet été terrifiant de 1962, nous avions tout perdu, mais nous avions gagné la paix. Et c’était là un trésor infini que seuls peuvent goûter ceux qui ont connu le chaos de la guerre civile.
Peu après notre retour, à chaque bruit sourd, à chaque claquement, quel soulagement profond de se rappeler que le temps des bombes et des fusillades, c’était « là-bas », sur une terre qui appartenait à un passé désormais révolu. C’était fini, et l’on pouvait vivre en toute quiétude dans ce pays qui ne nous avait pas aimablement accueillis mais qui nous offrait, sans bien le mesurer, l’inestimable cadeau de la paix.
Avec le retour des attentats dans les années 2010, est montée en moi une colère inépuisable, une immense rage désespérée. Nos politiques n’ont rien vu, rien voulu voir. Ils ont narcissiquement cru que l’autre était comme eux – c’est à dire précisément qu’il n’était pas autre –, et chrétiennement cru que si on était bon envers l’étranger, l’étranger serait bon envers nous, comme si la réciprocité était inscrite dans le gène humain. La lâcheté, la paresse mentale, la vue à court terme, l’ignorance historique, les délices de la soumission ont fait le reste. Tout comme l’incapacité à sortir de ses schémas mentaux pour voir ce que la réalité criait. Malheureusement, ce sont les petites gens qui subissent le terrorisme aveugle ; ceux qui vivent au milieu des autres sans pouvoir se protéger, qui ont des occupations ordinaires, des moyens de transport collectifs, des loisirs partagés.
Au début, les victimes étaient ciblées, des enfants juifs, des soldats musulmans, des journalistes insolents… puis le terrorisme s’en est pris aux formes heureuses de notre civilisation : les cafés, les terrasses, les concerts, la jeunesse, les fêtes populaires, les professeurs (Dominique Bernard comme Samuel Paty, comme Guy Monnerot en 1954). Malgré l’émoi, le choc et les tensions, parce que cela ne touche pas la société entière, et parce que ce n’est pas quotidien (à condition d’omettre attaques au couteau, viols sauvages et agressions de policiers), il n’est pas officiellement permis de parler de guerre. Et d’ailleurs, après le choc des attentats, après les bougies, nounours, discours, et minutes de silence, la vie reprend presque comme si de rien n’était.
On appelle cela résilience et on se flatte que le peuple français soit si résilient.
Sauf que cette doxa d’un terrorisme « contenu » en actes sporadiques ou prétendument limités à quelque « loup solitaire », n’est portée et imposée que par les seuls milieux protégés et décisionnaires. Le petit peuple, avec son bon sens, a bien compris qu’il s’agit d’une guerre. Et, sondage après sondage, il le signifie (cf le fameux André, à propos de l’attaque de Crépol: « pour nous, la guerre d’Algérie, c’est fini, mais pas pour eux… »). Quant à nous, Français d’Algérie, si pour avoir la paix, nous avons dû quitter notre terre et rentrer auprès de la mère patrie, la question est désormais : nous faudra-t-il aussi quitter la mère patrie ?
Les Barbares et les bavards
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Etablir un continuum depuis la guerre d’Algérie – avec sa violence, sa brutalité, ses exactions terrifiantes –, en passant par la succession des attentats en France, notamment depuis 2012, jusqu’au « pogrom à l’orientale » du 7 octobre en Israël : certes, ce rapprochement peut être contesté d’un point de vue politique ou historique et sans doute mériterait-t-il une analyse sur le plan de la stricte rigueur. On imagine surtout se complaire à évoquer, avec paraphrases savantes, les différences géopolitiques, comme savent le faire nos sophistes du déni, nos acrobates du renversement des faits, nos Mozarts de la confiscation de la mémoire. Reste que, par-delà les différences, cette continuité est puissante réalité pour celui qui a, une fois, connu ces violences et qui les identifie d’instinct à son sentiment de terreur revenue, à son désespoir et à son impuissance d’oublié de l’histoire, condamné, de ce fait, à la voir se répéter.
(*) Danièle Sabbah est née en Algérie, à Perrégaux, petite ville du Département d’Oran. Parents instituteurs, famille d’instituteurs et de fonctionnaires.
Après le départ familial pour la métropole en juillet 1962, installation à Grenoble, après avoir attendu que l’Education Nationale attribue aux parents un poste dans une école, sur la seule bonne foi de leurs déclarations, le Rectorat et l’Inspection Académique ayant brûlé à Oran, dans les grandes explosions finales des réservoirs d’essence.
Quelques semaines de cours au Lycée de La Tour du Pin, professeurs et administration désagréables. Puis Lycée des Eaux Claires à Grenoble, dans une classe créée à la hâte devant l’afflux (imprévu) des élèves rapatriés, avec des professeurs recrutés dans l’urgence et peu expérimentés. Des mois plus tard, une enquête aura lieu pour voir si les petites rapatriées se sont bien intégrées.
Etudes de Lettres Classiques en classes préparatoires au Lycée Champollion, puis à l’Université Stendhal de Grenoble.
Agrégation de Lettres Classiques, enseignement en collèges, Lycées et à l’Ecole Normale d’instituteurs de la Gironde.
Enseignant Chercheur à l’Université Bordeaux-Montaigne (thèse sur l’écrivain juif né en Egypte Edmond Jabès), spécialiste de littérature XX° et Extrême Contemporain. Les recherches portent plus particulièrement sur les représentations du traumatisme de la guerre et des camps, sur la mémoire et sur l’écriture de l’exil.
Deux époques, un même danger
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Jean-Louis Fanjeau (*)
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7 Octobre 2023, les massacres commis par le Hamas ont résonné en moi comme un rappel aux actes commis en Algérie : non seulement les meurtres en tant que tels mais aussi la manière dont ils étaient perpétrés doublée d’un acharnement sadique : femmes éventrées, hommes émasculés, enfants égorgés… Un rappel … et peut-être aussi un avertissement.
Cette guerre d’Algérie, qu’on appelait de manière pudique les « Événements d’Algérie », quels souvenirs a-t-elle laissés en moi ? Quel témoignage direct puis-je apporter ?
L’Algérie française
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Ce témoignage sur une période d’histoire ne peut avoir de sens que si on le place dans un contexte historique, une chronologie car, n’en déplaise à certains, l’histoire est causale et non une simple succession de faits disjoints.
L’histoire officielle de la conquête de l’Algérie a commencé avec le débarquement de Sidi Ferruch le 14 juin 1830 puis la reddition de l’Emir Abdelkader le 22 novembre 1847. En fait, la plage des dates est plus large : les premiers incidents dus à un litige financier remontent à 1827, avec, entre autres, la décapitation (déjà) et la vente des têtes des marins, d’une chaloupe de la frégate française « Duchesse de Berry ». Et si le Sahara ne fut complètement conquis qu’en 1902, il faut citer Charles de Foucault assassiné le 1er décembre 1916.
Les anecdotes sur cette période initiale ne manquent pas dans la famille de mon grand-père maternel qui racontait la vie de son propre grand-père, né déjà en Algérie, qui menait la vie dure de tributier apportant des marchandises à dos de mules dans les douars et que je qualifiais en plaisantant aux affaires indigènes. Dans une certaine mesure, cette colonisation me fait penser à la conquête de l’ouest aux États-Unis mais nous n’eûmes pas le même comportement avec les populations locales. Ma mère, quant à elle, nous parlait des rezzous et de sa grand-mère qui labourait son champ, un fusil sur l’épaule.
Certes, le danger existait mais les gens vivaient en paix, voire en harmonie. La demeure de mon grand-père, alors enfant, donnait sur une petite cour où cohabitaient juifs et musulmans. Et c’est probablement dans ce contexte qu’il apprit à parler et lire l’arabe, lui qui, pourtant d’origine espagnole, ne le parlait pas., enfant et déjà commerçant, il négociait l’extinction des chandelles pour le shabbat contre des gâteaux. Nous fûmes donc très tôt ouverts aux autres cultures et religions.
Puis il y eut la Première Guerre mondiale. Les forces militaires de l’Empire colonial furent mobilisées. Sur une table, trônait une photo de mon grand-père arborant fièrement sa grande tenue de Spahis. Cette image me fit demander, un jour en plein restaurant en métropole, avec la candeur propre aux enfants, si mon grand-père était arabe.
Vint la Seconde Guerre mondiale. L’Armée d’Afrique, composante essentielle des forces françaises dans ce combat, eut le tort d’être l’Armée « Giraud »… Le Maghreb avait tenu bon pendant le conflit mais le prestige de France avait été terni. La campagne 43/45 fut le chant du cygne de cette Armée. Puis, ce fut le temps des guerres dites de décolonisation.
Si la guerre d’Algérie débuta officiellement le 1er novembre 1954, la situation qui ne fut jamais vraiment d’un calme absolu. Elle s’envenima en 1945 avec les massacres de Sétif dont on n’a retenu que la dure répression (prémices de la repentance) oubliant qu’elle faisait suite à un massacre d’Européens dans des conditions identiques à celles perpétrées dans les Kibboutz par le Hamas en octobre 2023.
Une enfance normale ou presque jusqu’à ce 1er novembre 1954
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Mes premiers souvenirs remontent à ce 1er novembre 1954, date de la « Toussaint rouge ». Nous revenions, après avoir roulé de nuit, mes parents et moi, chez une de mes grand-mères qui habitait au plateau Saint Michel dans le centre d’Oran. Inquiète, elle ne dormait pas et annonça à mes parents le meurtre des voyageurs, dont un instituteur. Trop petit, je ne me rappelle que de son inquiétude et de la radio allumée.
Nous habitions à Oran, ville très européanisée, restée longtemps relativement calme où mon père possédait un magasin de cycles et où ma mère, institutrice, exerçait dans les quartiers, à très forte majorité musulmane tels que Lamure, sans aucune appréhension et où la dame qui nous gardait, mon frère et moi, nous emmenait parfois la retrouver.
C’était une période d’insouciance.
Nous n’ignorions certes pas ce qui se passait à Alger ou dans le Constantinois. Pourtant la vie continuait. Nous allions, à la campagne, en particulier pour la « mouna » traditionnelle de Pâques, aux spectacles, faisions visiter, à des membres de notre famille venus de Métropole, des villes comme Tlemcen avec sa mosquée … Il y avait aussi des courses cyclistes dont le public, toutes confessions confondues, était friand et que nous suivions en voiture. Il y avait aussi le traditionnel pèlerinage de l’Ascension de notre Dame de Santa Cruz, grand moment de ferveur et de fête, après avoir traversé sans crainte des quartiers exclusivement habités par des musulmans. Le jeudi j’allais chez un oncle au camp Saint Philippe où je jouais avec les enfants d’autres officiers, l’après-midi c’était ciné-club avec mes cousins et ces camarades, puis retour au camp avant de rentrer, toujours à pieds, sans crainte, au magasin de mon père en passant par le quartier juif… tout en récitant mes leçons.
Il y avait surtout, l’été, qui dure longtemps de ce côté de la Méditerranée, rythmé par les sorties à la plage de notre famille, les femmes et les enfants assis sur le plateau arrière de la 203 camionnette, mon père au volant et un oncle, ou un ami, à ses côtés dans la cabine. Situation impensable avec les règles actuelles de sécurité mais que de rires partagés. Sur place, nous retrouvions d’autres amis ou parents et utilisions la capote de la camionnette pour nous abriter du soleil lors des repas et de la longue sieste, hélas, obligatoire.
Une vie sommes toute normale … Mais nous évitions de « rouler la nuit ».
Mes parents firent construire, Cité Protin, ce qu’on appelait une Villa dans un lotissement érigé autour d’une place en forme de fer à cheval : Le Square.
Dans Le Square, très majoritairement habité par des fonctionnaires, surtout des enseignants, vivaient en excellente intelligence, chrétiens, juifs et musulmans. Ainsi pour ma communion solennelle notre voisine musulmane apporta des gâteaux arabes.
La guerre n’était pas encore vraiment à notre porte et ma mère exerçait « Cité Petit, » quartier populaire où toutes les origines étaient représentées dont forte proportion d’espagnols et de musulmans. Les instituteurs y étaient appréciés. Aussi, rapportait-elle, lors des fêtes musulmanes, des couffins de gâteaux « orientaux » offerts par les mères pour le plus grand plaisir de mon arrière-grand-père.
Aller dans cette école, en groupe avec ma mère ses collègues et la marmaille du square, était une fête, tout comme lorsque mon père nous y amenait en 4cv, ma mère devant et les enfants entassés derrière.
La fin de l’insouciance
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Mais la guerre se répandait pourtant comme une tache d’huile et signe des temps nouveaux, mon père qui avait combattu les nazis en Italie, en Métropole après le débarquement de Provence puis opéré en Allemagne en 1944/1945, fut rappelé dans les territoriaux. Ces territoriaux qui, avec leur vieux Lebel, montaient notamment la garde devant les écoles furent dissous.
Pour nous rendre à Mascara, autre pôle de la famille, nous pouvions intégrer en convoi encadré par deux EBR (automitrailleuses caractéristiques avec leur avant et arrière identiques) et souvent survolé par un piper, trop lent et cible de choix selon mon père. Si bien que le plus souvent, mes parents préféraient gagner Mascara de façon autonome, car il n’y avait que 100km de distance dont une petite partie délicate quand on attaquait le massif montagneux.
Inquiétude, méfiance et montée des périls
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Mascara, dont j’ai beaucoup de souvenirs, était une ville à forte majorité indigène avec le quartier peu sûr de Bab Ali. Bien avant Oran, la ville fut gagnée par le terrorisme.
Mon oncle y tenait une grande brasserie « Le Marignan », sur la place Gambetta, où venait souvent des légionnaires. Mes parents, méfiants à l’égard d’un des plongeurs, refusaient que je sois seul avec lui. En effet, Bouziane avait juré de venger un de ses frères, abattu par la police lors d’un cambriolage, en tuant des Français … Mais il dessinait tellement bien les voitures que je le rejoignais souvent. Malheureusement, les craintes de mes parents étaient fondées. Lorsque tout bascula, il tenta de pénétrer avec des complices chez une grand tante.
Les serveurs étaient « dignes » de confiance. L’un d’eux, Moktar, fut même formé par mon oncle pour prendre les commandes d’un pressing qu’il venait d’acheter, … Mais, à terme, peut-être a-t-il subi le sort de beaucoup de musulmans restés fidèles jusqu’au bout à la France, comme l’un de nos autres amis, Mr Djillalli.
La cave de la brasserie était très profonde, on y descendait par un escalier ancien et très large. Elle était vaste, disposant de plusieurs cellules. Mon oncle et mon grand-père s’y entraînaient au tir au pistolet… Aucun bruit n’était perceptible à l’extérieur de ces anciennes prisons d’Abdelkader.
Quand mon oncle m’amenait au cinéma le soir, je me souviendrais toujours de son rituel : mouvement de culasse, une balle dans la chambre de son 7,65 et nous y allions sans ma tante et mes cousines.
Dans mes souvenirs, il y a aussi cette anecdote où, passant près d’un appelé, probablement vite ou mal formé, qui montait la garde devant le marché… au bord du trottoir. Mon grand-père lui fit remarquer qu’un terroriste passant derrière lui pouvait le poignarder puis prendre son arme et que la bonne posture était dos au mur et n’avoir plus que 180 degrés à surveiller. Quand nous repassâmes, nous vîmes qu’il avait compris.
µOui, cette guerre m’apprit très jeune à avoir des comportements de prudence et réflexes : se jeter à plat ventre, par exemple, lors de tirs ou de lancers de grenades. Mais il restait une forme d’insouciance due, peut-être, à une certitude que rien ne pouvait m’arriver … Pourtant, une de mes cousines et mon oncle furent blessés par une grenade, mais la femme allongée à côté fut tuée… Quand il apprit ceci, mon grand-père, qui était chez nous à Oran, à ce moment, entra dans une rage froide.
La grande illusion ou la grande mystification ?
Vint le 13 mai 1958. Les musulmanes se dévoilaient. Il n’y avait que des Français, le pouvoir avait été pris par l’armée après les émeutes qui avaient suivi l’assassinat de quatre militaires prisonniers de guerre du FLN. Les généraux Salan et Massu avaient fait crier « Vive De Gaulle » à une population pourtant non gaulliste à la base.
Tout allait pour le mieux, pour nous c’était fini et on parlait parfois de « paix des braves ». Avec le recul, je pense qu’en métropole la vision était différente. Venu y passer les vacances d’été 1958 dans la famille je dus retirer la petite croix de Lorraine – un comble quand on y pense – que je portais comme écusson car le retour de De Gaulle était mal vu.
Les métropolitains ne devaient pas avoir perçu la portée de l’événement dans la guerre d’Algérie. Je me souviens ainsi que, revenant d’une messe, quand ma cousine dit à ses amies que je repartais à la fin des vacances à Oran, elles se retournèrent, vers moi, surprises que je replonge dans cette ambiance qu’elles pensaient être l’enfer… elles anticipaient quelque peu.
De retour à Oran, le calme régnait, les barrages bloquaient l’armée « régulière » algérienne au Maroc et en Tunisie, les forces de l’ordre rétablissaient la confiance, les réformes étaient en cours, les grands travaux continuaient.
J’étais entré en 6ème, la langue arabe était au programme. Demi-pensionnaire je déjeunais à la cantine et quand il y avait du porc le surveillant employait le terme de rigueur en proposant aux « Français-musulmans » les tables sans porc… Oui l’horizon se débouchait, c’était l’intégration.
Puis il y eu le discours de Charles De Gaulle avec le projet d’auto-détermination. Ce fut un choc, c’était incompréhensible car la guerre était gagnée, surtout après avoir parlé d’intégration et d’une seule France… engageant la confiance de tous, en particulier des populations musulmanes et de l’armée, un 180 degrés qui aura de lourdes conséquences à l’approche de l’indépendance et lors de l’indépendance de l’Algérie. La situation empira alors.
J’étais élève, avec un voisin, dans ce lycée des Palmiers à la sortie d’Oran. Le matin mon père, ou le père d’Hubert, nous y conduisait en voiture, et nous revenions à bord d’un bus aux fenêtres grillagées par sécurité. Parfois, je rentrais à pied était-ce de l’insouciance ou de l’inconscience ? Un élève fut assassiné à la sortie du lycée et un autre enlevé… Déjà, les adolescents n’étaient plus des victimes collatérales mais des cibles individuelles choisies.
Parfois un quiproquo, ou un oubli bienvenu, nous privait de conduite en voiture le matin . Quelle joie, alors, d’aller et revenir, autonomes, à vélo.
La tension monte d’un cran
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Les choses empiraient.
Le magasin de cycles de mon père était un commerce en gros, demi-gros et détail. Un jour, profitant d’une de nos balades en voiture, nous passâmes dans un village assez éloigné pour rendre visite à un revendeur. Celui-ci prévint mon père : Pierrot ne vient plus « ils » m’ont demandé de te tuer… ce fut une douche froide pour nous et la conversion des musulmans par la terreur amplifiait.
Il y eut les barricades à Alger, je suivais les informations. Les enfants ne sont ni aveugles ni sourds. Avec l’ordre stupide donné aux gendarmes de monter au contact, il y eu une vingtaine de morts dont une quinzaine de gendarmes. La rupture avec les gendarmes et CRS était consommée, les paras à qui seuls les insurgés avaient accepté de se rendre, avec les honneurs, montaient encore plus dans notre estime.
Vint l’été 1960. Nous avions décidé de visiter les châteaux de la Loire et nous constatâmes que les métropolitains, dans leur grande majorité, ne voulaient plus nous soutenir ; c’était fichu.
De retour à Oran, mes parents entreprirent les démarches pour « rentrer ». Ma mère, institutrice, ne pouvait pas changer de département. Il fallait un exeat (autorisation de sortie d’Algérie, lors d’une demande de mutation) et un ineat pour entrer en métropole. Aussi, mes parents utilisèrent, avant la date, la technique du regroupement familial. Mon père rentra le premier en France, à Grenoble où un ami lui avait trouvé un travail… qui s’avéra définitif puis ma mère put demander sa mutation.
En Algérie, la situation continuait d’empirer. Il y eut le putsch d’avril 61 mais l’essentiel du contingent et la marine ne rejoignant pas les généraux insurgés il n’y eut ni redite du 13 mai ni copie de l’opération résurrection.
Vint l’OAS (Organisation de l’Armée secrète) et c’est avec un certain plaisir que j’entendais le bruit caractéristique des explosions. Un de mes grands oncles eut, un jour, son appartement gravement endommagé par l’explosion qui avait détruit l’appartement d’un proche du pouvoir en place. Sa seule remarque fut « il n’y a pas d’omelette sans casser des œufs » mais je me souviens aussi que ce même oncle, à l’époque du 13 mai, nous avait prévenu : « méfiez-vous de De Gaulle ».
Face aux menaces et à la violence, la valise ou le cercueil !
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Les manifestations de masse de musulmans s’organisèrent. Un jour, venant de la cité Petit, ils se dirigeaient vers les quartiers « plus européens » comme le nôtre. Mon père était déjà parti et ma mère n’avait pas classe. Notre voisine nous proposa de venir chez elle, son mari chasseur avait une belle collection d’armes.
Nous étions à l’étage de la maison face à la seule entrée du square en forme en fer à cheval, les fusils chargés alignés sur la table. Je n’avais pas peur et, au contraire, les youyous des femmes me donnaient encore plus envie d’en tuer le maximum. L’alerte fut levée car la « meute » rebroussa chemin à l’arrivée de renforts.
Le climat avait bien changé. Je devais taire notre départ pour la métropole, l’OAS interdisant les départs pour éviter de laisser l’Algérie dépeuplée des Européens.
Je finis mes dernières semaines en Algérie à Mascara avant de revenir à Oran, pour notre départ en juillet 1961. Après une dernière nuit chez des amis, nous partîmes le matin, en passant devant mon lycée. Sur la route de l’aérodrome de la Sénia, ma mère me dit : « regarde et dis adieu à ton lycée » je ne fis que serrer les poings.
Le retour définitif en France
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De retour en France, ma mère eut un poste dans un village encaissé de la vallée de la Romanche. Le soleil s’y faisait rare et les usines crachaient leurs fumées au niveau de l’école…quel contraste après le soleil et la méditerranée.
Nous passâmes le dernier dimanche des vacances scolaires à la Tour du Pin chez des amis instituteurs qui y avaient une maison. Ils allaient retourner en Algérie où l’enfer les attendait avec le divorce entre les communautés… pour un an avant de revenir définitivement, mais ils ne le savaient pas…
La guerre physique était finie pour moi. Mais dans mon esprit, elle continuait à la fois en Algérie, où le pire allait arriver, et aussi quelque part en Métropole.
62 ans plus tard …
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Les années ont passé mais j’ai retenu la leçon et je ne crois pas que les attentats dans les pays occidentaux ne soient que le produit de la seule contre-offensive menée par Tsahal. N’oublions non plus que ces événements ont pour origine les massacres et les enlèvements de masse, actions ayant déclenché l’ire justifiée de tout un peuple contre le Hamas. Ce conflit a par contre révélé la véritable appartenance d’une partie de la population de France qui mène sa guerre contre Israël en s’attaquant à nos compatriotes. Je rajouterais: à ses propres « compatriotes légaux », avec la complaisance électoraliste de certains.
Comment ne pas oublier, dans ce contexte, ce qu’on a appelé la « Bataille d’Alger » de janvier à octobre 1957 et que les attentats aveugles n’y avaient cessé que grâce à l’action de l’armée.
Le 8 janvier 1957, le général Massu entrait, avec la 10ème division parachutiste, dans la ville à l’appel de Robert Lacoste, ministre résidant et Gouverneur Général de l’Algérie utilisant les « pouvoirs spéciaux » votés à l’assemblée Nationale.
Le pouvoir en place, totalement englué, avait ainsi donné pleins pouvoirs à l’armée pour régler une situation devenue hors de contrôle.
(*) Jean-Louis Fanjeau est né à Oran d’un père commerçant et d’une mère institutrice, il rentra en métropole en juillet 1961. Il fit sa scolarité au lycée Vaucanson à Grenoble et ses études supérieures à l’université de Grenoble avec l’obtention d’un DEA scientifique (diplôme d’études approfondies) puis un Certificat d’Aptitude à l’Administration des Entreprises (DESS) à l’IAE de Paris.
Il fit son service national comme Aspirant puis devint officier de réserve.
Ingénieur puis contrôleur de gestion, il finit sa carrière comme responsable financier d’une Joint Venture entre deux groupes industriels.
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