LA COLONELLE
ET SON LIEUTENANT

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par le colonel André Dulou (*)
Ecrivain, historien

Merci à André Dulou, lecteur d’ESPRITSURCOUF.fr de  nous apporter comme historien ces précisions au lendemain des défilés militaires des troupes à pied du 14 juillet.

Pourquoi on ne devrait pas dire « madame la colonelle » ? Il ne faut pas aller chercher très loin dans l’histoire militaire de la France.

C’est au 16ème siècle, sous le règne de Charles IX, que Philippe Strozzi, parent de la famille Médicis se nomme « colonel général » de l’infanterie, en sa qualité de mestre de camp  ,des gardes françaises, par adjonction du terme « colonello », à celui de général, commandant la colonne d’armée correspondante.

Deux années auparavant, en 1567, étaient nés les régiments des gardes françaises, pour succéder aux gardes de la maison du Roi, et aux bandes de Picardie, Piémont et Champagne. Ces trois formations deviennent 1er et 2ème puis 3ème régiment d’infanterie, en gardant les traditions « vieilles », faisant du régiment de Picardie le 1er régiment d’infanterie d’Europe.

Le règlement est très rigide à ce sujet : le colonel général de l’infanterie dispose, dans chaque régiment, d’une « compagnie colonelle ».

Le mot est d’une importance capitale, puisque c’est cette colonelle qui doit marcher en tête, en toute circonstance, que ce soit pour le combat ou pour le service de garnison. Mais très vite, le colonel général constate qu’il ne peut physiquement, se tenir à la tête de chaque compagnie colonelle.

Le drapeau de la Colonelle du régiment Royal – La Marine
Le drapeau
de la Colonelle du régiment Royal
– La Marine

Il faut alors nommer un officier qui tiendra lieu de colonel : ce sera un « lieu-tenant », désigné d’abord pour tenir lieu de colonel, puis qui prendra alors l’appellation de lieutenant, selon l’étude qui sera conduite en latin par les clercs lettrés de l’époque, en ce qui concerne les textes issus de la Rome antique (Caius Trebonius, puis Titus Labenius, notamment « locum tenens », puis « legatus ») : Le lieutenant commande la colonelle.

Cet officier devient très vite lieutenant-colonel. Ce grade apparaît sous Louis XIV, en 1668, mais avec des originalités, puisque ce garde n’est pas « achetable », ni « transmissible ». Les lieutenants-colonels sont nommés parmi « les capitaines anciens et expérimentés ». On en trouve dans l’infanterie et dans la cavalerie.



Le drapeau colonel
du Régiment de Bretagne



Il y a toujours d’ailleurs, une compagnie colonelle, qui, sous le règne de Louis XV reçoit un drapeau « colonelle », dont la réglementation devient active avec l’évolution des régiments, notamment la formation des garde suisses, dont les drapeaux et l’uniforme sont aisément reconnaissables.










Major, sous l’Empire : Henri Bayle,
ou encore « Stendhal »



La convention supprime le grade de lieutenant-colonel, tout en exigeant que chaque bataillon puis chaque demi-brigade de ligne, puis de bataille possède un drapeau. Le Premier consul Bonaparte cherche à rétablir un grade intermédiaire entre le capitaine et le colonel. Après avis du Conseil d’Etat, le grade de major est créé : le colonel exerce désormais le commandement réel du régiment. Le major le seconde dans son commandement. On passe de compagnie colonelle à la numérotation et à la personnalisation des compagnies.






On retiendra donc que la « colonelle » ne fut pas toujours l’épouse du colonel, puis la féminisation du grade actuel, mais bien la première compagnie de chaque régiment, dont le drapeau était d’un blanc immaculé, celui « de la pureté des sentiments », ce qui, on en conviendra, portait à la fois la valeur des hommes et leur engagement dans la perfection du combat aussi bien que dans la vie de garnison.



Aujourd’hui,
le drapeau
de l’Ecole Polytechnique.


Dernier livre paru d’André Dulou répertorié dans la rubrique “Livres” de ce numéro 116 du 15 juillet 2019  d’ESPRITSURCOUF
Dans la ligne d’Esprit Surcouf, voici un roman qui commence en mer, et qui s’inscrit dans le contexte réaliste de ce que chaque lecteur découvre avec délices.
La guerre froide a consacré l’effroi que l’on éprouve, quand on évoque le terme de « missiles ». Par ailleurs, les menaces qui pèsent sur les océans voient réapparaître les pirates maritimes. Dans ce contexte, une frégate française se déplace par les mers du sud pour porter assistance aux bateaux du golfe de Guinée. Les circonstances forment autant de drames que l’on découvre au fur et à mesure de la progression du navire. Une fois à terre, notre héros retrouve les missiles, sous une autre condition, toute aussi dangereuse.  Et, pour donner au roman son intrigue, c’est un amour qui naît, sur fond d’opérations et de déroulements personnels, et qui va aller jusqu’au terme de son accomplissement, celui de la génération future.

En bref, un nouveau roman, au style enlevé, dans un contexte connu, avec cette circonstance singulière de la présence de deux personnages, héroïne et héros, campés de manière sobre et judicieuse, pour donner toute la saveur d’une aventure digne d’Esprit Surcouf !l   

En vente sur la Fnac https://livre.fnac.com/a12991021/Andre-Dulou-Missiles-egares et sur le site Edilivre 

André Dulou est né le 26 janvier 1947 à Sainte-Savine, dans la banlieue de Troyes, dans l’Aube.
Après avoir suivi les cours des lycées de Troyes et de Tonnerre, il entre à l’école militaire préparatoire d’Aix-en-Provence où il réussit son baccalauréat, série Mathématiques élémentaires, puis suit les classes préparatoires scientifiques.
Il a été ouvrier, puis chargé d’études dans une grande entreprise de construction navale, il bénéficie de l’extraordinaire ascenseur social qu’est l’armée française.
Ancien élève de l’école militaire d’administration, son parcours est atypique : Chancelier, chef de cabinet, spécialiste des questions d’événements graves, il quitte le service avec le grade de colonel.
Diplômé technique, breveté, il est auditeur du CFRH et de l’IHEDN.
Il est directeur des relations médias d’ESPRITSURCOUF.