Les brouillards de l’hiver…
et de la guerre

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Pascal Le Pautremat (*)
Rédacteur en chef d’Espritsurcouf

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En France, le remaniement du gouvernement, avec le changement de Premier ministre et le mercato interministériel qui en découle, ne nous aura même pas épargné les dissensions internes et jalousies, sur fond de sempiternelles luttes d’egos des poids lourds de l’entourage direct du Président de la République. Un nouvel exemple d’absence de sérénité et de calme de l’Exécutif, pour un début d’année qui décevra – ou continuera de décevoir – bien des Français.

Nombre d’entre eux, sans doute, voudraient croire en la capacité du nouveau et très jeune Premier ministre, Gabriel Attal – 34 ans, contre 37 ans pour Laurent Fabius –, à proposer des mesures fortes, à offrir un nouveau souffle dans notre pays en profonde souffrance sociale et économique. Mais sans majorité parlementaire, cela demeure improbable pour l’intéressé, d’autant qu’à peine nommé, des analystes subodorent déjà qu’il n’aura aucune marge d’initiative et sera strictement aux ordres du locataire de l’Elysée et de son bon vouloir.

L’actualité politique a fait oublier ou passer dans le brouillard du second plan, les déclarations de Bruno Le Maire qui a annoncé la nécessité d’économiser, en 2025, près de 12 milliards d’euros. Depuis plusieurs années, le ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, scande qu’il n’est pas favorable à une politique d’austérité. Pourtant, il semble bien que nous y soyons amenés sans qu’elle soit nommée ainsi, stricto sensu. Bruno Le Maire a ainsi affirmé le 8 janvier dernier : « Les décisions que nous avons prises et celles qui nous restent à prendre sont des décisions difficiles. Nous ne reculerons pas devant la difficulté de ces décisions ».

Ainsi, l’Etat a déjà sifflé la fin du bouclier tarifaire qui devait contrecarrer la hausse du prix des sources d’énergie, l’abandon du chèque alimentaire, pourtant promis en 2020, sans compter la hausse insidieuse de diverses taxes. Les Français paient de nouveau les frais de politiques onéreuses et mal ciblées qui ont donc conduit à une effarante dette du pays, soit aujourd’hui plus 3 000 milliards d’euros avec un déficit public projeté en 2024 à 4,4%.

Sur le champ international, nous avons fait le choix, dans ce premier numéro 2024 d’Espritsurcouf, de consacrer la majorité de nos rubriques à la « nouvelle » guerre israélo-palestinienne et plus précisément aux événements effroyables du 7 octobre 2023, avec des angles d’approche divers.

Ainsi, deux témoins de la guerre d’Algérie, Pieds-noirs alors enfants au moment des faits, ont combiné leurs regards, motivés par leur ressenti face à l’actualité du 7 octobre dernier, pour dire combien ils avaient été confrontés à des actes similaires. Une histoire tragique donc, qui se perpétue sous d’autres latitudes, avec les mêmes drames et mêmes effets (rubrique Histoire).

Des effets qui ont de lourdes répercussions pour ceux qui s’en sortent, survivants traumatisés, récupérés par des compatriotes qui ne le sont pas moins au regard des scènes de crimes découvertes. Emmanuelle Halioua souligne que des méthodes efficaces de gestion du stress post-traumatique ont été mises en place et qu’elles gagneraient à être largement appliquées : « Face aux traumatismes psychologiques. Représenter et former au protocole de premiers secours psychologiques d’urgence israélien » (rubrique Défense).

Il est clair que les modes d’action du Hamas ont été probants en matière d’attrition aveugle et sauvage. Anatole Lhermite revient ainsi sur l’onde de choc qu’a constitué cette attaque surprise des commandos palestiniens : « 7 octobre 2022 : le 11 septembre israélien. Face à la tactique du Hamas » (rubrique Sécurité).

La situation de l’Etat d’Israël, pour le reste, demeure complexe, ne serait-ce que par la composition pluriethnique et multiconfessionnelle de sa propre population. Une réalité qui est au cœur d’un documentaire allemand, réalisé par Duki Dror, Naftaly Gliksberg et Jens Strohschnieder, et que nous vous recommandons : « Israël, le combat des tribus » (rubrique Géopolitique).

Pour sa nouvelle Revue d’actualité, André Dulou, revient sur la naissance de la Société des Nations (SDN) et dresse un tour d’horizon des faits géopolitiques et économiques marquants de ce début d’année.

Côté livre, nous mettons en avant l’ouvrage Antisionisme, une histoire juive, constitué de textes choisis par Béatrice Orès, Michèle Sibony et Sonia Fayman, et paru aux éditions Syllepse, en 2023 (Antisionisme, une histoire juive. Syllepse, Paris, 2023, 368 pages, 25 euros). Textes qui jalonnent une longue période – de 1885 à 2020 – au cours de laquelle divers intellectuels de confession juive se sont élevés contre le sionisme en le dénonçant pour diverses raisons. On retrouvera ainsi, notamment, les textes de Hannah Arendt, Daniel Bensaïd, Judith Butler, Hilla Dayan, Isaac Deutscher, Henryk Erlich, ou encore Karl Kraus, Ilan Pappé, Maxime Rodinson, Abraham Serfaty, et Michel Warschawski.

Bonne lecture
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Pascal Le Pautremat

(*) Pascal Le Pautremat est Docteur en Histoire Contemporaine, diplômé en Défense et Relations internationales. Il est maître de conférences à l’UCO et rattaché à la filière Science Politique. Il a enseigné à l’Ecole Spéciale militaire de Saint-Cyr et au collège interarmées de Défense. Auditeur de l’IHEDN (Institut des Hautes Études de Défense nationale), ancien membre du comité de rédaction de la revue Défense, il est le rédacteur en chef d’ESPRITSURCOUF. Son dernier ouvrage « Géopolitique de l’eau : L’or Bleu » est présenté dans le numéro 152 d’ESPRITSURCOUF.

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