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LE 21ème siècle et les alliances

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L’histoire nous apprend que les peuples, puis les Nations, puis les Etats, n’ont pas cessé de rechercher et de trouver les moyens de se comporter selon ce que nous décrivent les premières convoitises de l’humanité. Les mythologies nous confient tout au long de la mise en place, puis de la mise en œuvre des civilisations, la nécessité de ne pas être seul, pour affronter l’adversaire. Déjà, l’Illiade raconte comment les Grecs des diverses contrées se sont alliés pour combattre Troie. Les auteurs latins nous racontent, à travers les épopées, comment l’Empire s’est formé. La période médiévale distingue le vassal et l’allie à son suzerain. Puis, plus près de nous, les coalitions sont nombreuses au XIXème siècle, puis au XXème.

Lors de sessions, les auditeurs de l’IHEDN ont étudié et rédigé des prospectives pour le XXIème siècle. Le rôle de l’ONU, celui de l’OTAN face à la CEI, avec une certaine montée de périls tous plus ou moins importants, alors même que le Pacte de Varsovie et l’Union des Républiques socialistes soviétiques ont volé en éclat.

L’apparition et la montée en puissance des questions de sécurité « Cyber » conduisent à la recherche de nouvelles versions de ces alliances qui redéfinissent alors à l’aide des technologies une partie de l’échiquier mondial.

Il paraît donc intéressant de découvrir quelles sont les alliances de ce début de XXIème siècle, pour prendre de la hauteur et tenter d’anticiper en ce qui concerne les enjeux et les défis géopolitiques de cette ère nouvelle.

Deux articles parus ces derniers temps semblent en tracer les grandes lignes.

Bonne lecture !

André Dulou

 

👉 LA RECOMPOSITION DES ALLIANCES AU XXIE SIECLE
(La vie des idées, Olivier Schmitt)

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Qu’est-ce qu’une alliance ? Pourquoi les pays s’allient-ils, quittent-ils des alliances, ou en fondent-ils de nouvelles ? Dans le contexte actuel de retour de la guerre et de compétition stratégique tant militaire qu’économique, l’analyse des mécanismes d’alliances n’a sans doute jamais été aussi cruciale.

À l’automne 2021, les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie annonçaient, en grande pompe, la création d’une nouvelle alliance tripartite, surnommée AUKUS. Le projet comprenait un volet industriel important, notamment l’achat par le gouvernement australien de sous-marins nucléaires d’attaque fournis par Washington ou Londres, rompant de facto l’engagement pris en 2016 d’acquérir auprès de la France des sous-marins conventionnels. Les réactions françaises furent vives, le Quai d’Orsay rappelant, pour la première fois de son histoire, les ambassadeurs français à Washington et en Australie. Pourtant, malgré l’ampleur de la déception, en particulier dans les milieux industriels de défense français, la coopération militaire avec les États-Unis ne semble pas affectée, la Marine Nationale signant par exemple en décembre 2021 avec l’US Navy un partenariat structurant, d’une durée de vingt ans, visant à améliorer leur interopérabilité, et les États-Unis renforçant leur engagement au profit des opérations militaires françaises au Sahel.

Les relations au sein de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), sont également complexes. Lors de sa présidence, Donald Trump avait notamment déclaré que l’OTAN était « obsolète », et semblait même prêt à annoncer le retrait américain de l’organisation lors du sommet des États-membres de 2018, avant (semble-t-il) de se raviser. Pourtant, en 2022, l’OTAN semble connaître un renouveau à la suite de l’invasion russe de l’Ukraine, qui confirmait sa vocation d’instrument de coordination des politiques de défense en Europe.

Ces deux exemples illustrent certains des grands enjeux des alliances au XXIe siècle. Dans le contexte d’un retour de la guerre et de la compétition stratégique, la coordination des politiques de défense (fonction initiale des alliances) connaît un nouveau souffle. Pourtant, cette fonction de coordination (voire d’intégration) est structurellement opposée à une interprétation maximaliste de la souveraineté des États. De plus, l’interdépendance des économies permise par la globalisation a créé des intérêts contradictoires : des États alliés dans le domaine de la défense peuvent ainsi être des concurrents féroces dans le domaine économique. Dans ce contexte, comment penser la reconfiguration des alliances au XXIe siècle et l’articulation entre défense, souveraineté et la multiplicité des intérêts des États ? Il convient donc d’identifier quelques grands principes de fonctionnements des alliances avant d’étudier la manière dont la reconfiguration du système international influencera leur développement au XXIe siècle.

Les principes des alliances en politique internationale

Trois caractéristiques fondamentales de l’exercice de la stratégie se retrouvent systématiquement, quels que soient le lieu ou l’époque. Il s’agit de l’utilisation instrumentale de la violence, de la capacité à la tromperie et à la ruse, et, ce qui nous intéresse plus particulièrement ici, de la formation de coalitions et d’alliances pour accroître sa puissance.

Une alliance peut être définie comme une structure politique et militaire dans laquelle des acteurs se joignent à d’autres acteurs visant des objectifs similaires, pour donner suite à un intérêt commun de sécurité, notamment affronter un ennemi ou une menace commune. L’alliance se caractérise ainsi par la garantie de sécurité mutuelle (souvent une clause de défense mutuelle) que les alliés s’accordent. L’alliance est donc dirigée vers l’extérieur, vers un adversaire dont il faut se prémunir.

Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
💻https://laviedesidees.fr/La-recomposition-des-alliances-au-XXIe-siecle.html?fbclid=IwAR3G2ceK-xwynqUOvcOEr8FSGn_aUZyJlHxyznSxzj_dm5aVxIvejwP3F5M#.YlaAcvC_98k.twitter

 

Pour aller plus loin :

👉 « ALLIÉS » – ÉVOLUTION D’UNE NOTION AU FIL DU TEMPS
(Alliertemuseum)

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À première vue, la notion d’Alliierte ou « alliés » est précisément définie dans le monde germanophone. Pour le grand public, ce terme est associé aux puissances qui ont dirigé la coalition contre Hitler pendant la Seconde Guerre mondiale. Or la tradition de ce mot dans la langue allemande est bien plus longue. Sa signification a évolué au fil du temps. Pendant la Guerre froide avant tout, il a pris un sens nouveau en République fédérale, tout particulièrement à Berlin-Ouest, auquel se réfère le nom du Musée des Alliés.En 1993, le dictionnaire Duden définit le terme Alliierte comme suit : « a) puissance appartenant à une alliance, coalisé, confédéré b) États coalisés pendant la Seconde Guerre mondiale ». L’histoire du concept révèle qu’il existe depuis plus de 350 ans dans la langue allemande. Il est issu du latin, mais est entré dans le vocabulaire allemand via un terme connexe en français. Au milieu du XVIIe siècle, le verbe alliieren et l’adjectif alliiert furent substantivés. Ces deux notions dérivent du verbe français « s’allier ». Du point de vue historiographique, la notion d’Alliierte joua pour la première fois un rôle important dans les guerres de coalition contre Napoléon. Jusqu’à aujourd’hui, la littérature spécialisée qualifie d’Alliierte les États du même camp dans les diverses guerres. Les partenaires conclurent par traité une alliance contre la France napoléonienne. Le traité d’alliance, à l’image de celui signé par les adversaires de Napoléon, est donc un critère déterminant de ce mot.

Un autre contexte historique dans lequel le terme Alliierte fut souvent employé est la Première Guerre mondiale. Bien que la notion d’Entente soit aussi couramment utilisée en allemand pour désigner la coalition contre l’Empire allemand, l’Autriche-Hongrie et l’Empire ottoman, l’appellation officielle, traduite de l’anglais, est « Alliés et puissances associées ». Ainsi l’Encyclopedia Britannica (2007) écrit à ce propos :

« The major Allied Powers in World War I were the British Empire, France and the Russian Empire, formally linked by the Treaty of London of Sept. 5, 1914; […] other nations, including the United States after its entry on April 6, 1917- that were arranged against the Central Powers were called ‘Associated Powers’, not Allied Powers; U.S. President Woodrow Wilson emphasized this distinction to preserve America’s free hand […]. » [« Les principales puissances alliées de la Première Guerre mondiale étaient l’Empire britannique, la France et l’Empire russe, formellement liées par la convention de Londres du 5 septembre 1914 ; […] les autres nations qui étaient organisées contre les puissances centrales, y compris les États-Unis après leur entrée dans le conflit le 6 avril 1917, furent appelées « puissances associées », et non puissances alliées ; le président américain Woodrow Wilson insista sur cette distinction pour préserver la liberté d’action de l’Amérique. »] Cette citation met elle aussi en évidence que le traité formel constitue un élément important de l’histoire de ce concept. Les États-Unis se dérobèrent sciemment aux obligations d’un traité d’alliance pendant la Première Guerre mondiale et restèrent une « puissance associée » (Associated Power). (Ce choix terminologique fait ressortir qu’une alliance repose sur une base formelle et contraignante. En ne ratifiant pas de traité d’alliance, les États-Unis échappèrent aux obligations qu’il impliquait.)

Lors de la Seconde Guerre mondiale, divers traités et pactes lièrent les Américains, Britanniques, Soviétiques et Français dans une coalition. Avant même l’entrée en guerre officielle des États-Unis, le programme Lend-Lease ou prêt-bail avait créé un lien contractuel entre les Alliés. Après la guerre, le terme Alliierte en Allemagne, comme celui d’Alliés avec majuscule en France, devint synonyme des quatre puissances victorieuses et d’occupation. L’adjectif fut intégré au nom d’organes administratifs, tels la Kommandantura interalliée ou le Conseil de contrôle allié, qui étaient les autorités suprêmes à Berlin et en Allemagne, et se grava dans la conscience publique.

Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
💻https://www.alliiertenmuseum.de/fr/thema/allies-evolution-dune-notion-au-fil-du-temps/

 

👉 TURQUIE-RUSSIE : PARTENAIRES OU ADVERSAIRES ?
(IRIS, le point de vue de Didier Billion)

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La Turquie et la Russie s’opposent sur plusieurs fronts (Syrie et Libye). Pourtant, elles envisagent de coopérer dans la production d’avions de combat et de sous-marins. La Turquie va éventuellement également acheter un deuxième lot du système de défense antiaérien russe S400. Comment analysez-vous cette politique assez paradoxale avec la Russie où Erdogan semble dissocier politique commerciale et interventions extérieures ? Partenaires ou adversaires.

Au cours des derniers mois, voire des dernières années, Turcs et Russes se sont retrouvés ou ont soutenu, sur des théâtres d’opérations militaires, des forces opposées (Syrie, Libye tout particulièrement). Pour autant, la relation turco-russe est marquée par le double sceau du réalisme et du calcul : les deux pays trouvent à chaque fois terrain d’entente et formes de compromis. Bien entendu, les considérations qui poussent Turcs et Russes à agir dans ce sens sont différentes. Pour Vladimir Poutine, tout ce qui peut fragiliser l’unité de l’OTAN et/ou des forces occidentales est bon à prendre : il joue ainsi des contradictions occidentales avec un certain succès. Pour Erdogan, on constate que lorsqu’il parvient à mettre en œuvre des compromis avec la Russie, c’est tout d’abord par réalisme, au nom de ce qu’il considère comme la défense des intérêts nationaux de la Turquie. En outre, il ne faut pas oublier qu’Erdogan développe fréquemment une rhétorique critique à l’égard des puissances occidentales. Il veut aussi montrer qu’il ne s’interdit pas de négocier et de passer des accords avec les Russes. C’est l’expression du déploiement à 360 degrés de la politique extérieure de la Turquie.

Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
💻https://www.iris-france.org/161414-turquie-russie-partenaires-ou-adversaires/

 

👉 PAYS CANDIDAT A L’UE : LA MACEDOINE DU NORD. QUELLES SONT LES SOURCES HISTORIQUES DE LA QUESTION MACEDONIENNE ?
(Diploweb, Olivier Buirette)

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A l’approche de la présidence française de l’Union européenne (1er sem. 2022), le Diploweb.com a demandé à O. Buirette une mise en perspective de la candidature de la République de Macédoine du Nord à l’Union européenne. Parce que les candidatures à l’UE (Albanie, Macédoine du Nord, Monténégro, Serbie, Turquie) et les candidats potentiels (Bosnie-Herzégovine et le Kosovo) passent un peu trop « sous les radars ». Ce texte a donc été rédigé durant l’été 2021, en l’attente du début de la PFUE. Celle-ci a débuté le 1er janvier 2022… et la guerre russe en Ukraine le 24 février 2022. Ce qui a renforcé la demande de l’Ukraine d’ouverture d’une amorce de candidature à l’Union européenne. Le 8 avril 2022, Ursula von der Leyen a remis à Volodymyr Zelensky les documents pour faire une demande d’adhésion de l’Ukraine à l’UE. Autrement dit, la guerre russe en Ukraine vient réactiver la thématique des élargissements à venir de l’Union européenne. Après sept élargissements successifs et une sortie pacifique – le Brexit, 2020 – l’UE reste attractive.
Cet éclairage de la question macédonienne rédigé par O. Buirette vient donc doublement à propos pour rappeler l’épaisseur historique d’un territoire candidat officiel à l’UE. Cette même mise en perspective des autres pays candidats officiels, potentiels ou officieux serait nécessaire.

Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
💻Pays candidat à l’UE : la Macédoine du Nord. Quelles sont les sources historiques de la question macédonienne ? (diploweb.com)

 

👉 COMMENT LA TECHNOLOGIE REBAT-ELLE LES CARTES DE LA COMPETITION MONDIALE ?
(Le portail de l’IE, Alexandre Jeandat)
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Le 20 mars 2022, Microsoft annonçait avoir réalisé une avancée majeure en matière de quantique, faisant un pas de plus vers la mise au point d’un supercalculateur qui laisse entrevoir des possibilités d’une ampleur inégalée. Les nouvelles technologies s’affirment comme un levier de puissance incontournable et font émerger un nouveau paradigme. Plus que jamais, l’analyse des rapports de force nécessite d’adopter le prisme des nouvelles technologies, car elles rebattent les cartes de la compétition mondiale, avec plusieurs conséquences : les indicateurs traditionnels de puissance (poids démographique, taille de l’économie) cèdent le pas face à la capacité à innover. Miniaturisation, quantique, intelligence artificielle, sont autant d’éléments de puissance qui seront le socle de toute hégémonie dans les décennies qui s’ouvrent.

 

L’égalisation des rapports de force par la technologie 

L’arme atomique permet au faible de tutoyer le puissant. Parce qu’elle donne un potentiel de destruction démesuré à ses détenteurs, ces derniers se voient placés sur un même piédestal. Dans ce nouveau schéma, exposé par le général Pierre Gallois, père de la dissuasion nucléaire française, dans son ouvrage Stratégie de l’âge nucléaire (1960), la taille ne compte pas autant que l’arme employée. Si le 20ᵉ siècle fut celui de l’égalisation par l’atome, les nouvelles technologies pourraient se voir jouer un rôle semblable dans la sphère économique et scientifique, mais aussi militaire au 21ᵉ.

Elles induisent en effet une nouveauté fondamentale dans l’évaluation des rapports de force. Elles brouillent les hiérarchies en donnant l’avantage non plus au volume des moyens engagés, mais au degré d’innovation. Si le poids des budgets dédiés à la recherche est déterminant dans l’accouchement des nouveautés technologiques, il serait profondément réducteur de ne pas prendre en compte des facteurs plus subtils et non quantifiables, qui relèvent de la psychologie humaine : créativité, sens de l’initiative, esprit de compétition. Aussi constate-t-on que si le budget en recherche et développement d’Israël s’élève à 13,5 milliards de dollars, soit moins d’un dixième de celui des États-Unis, cela n’empêche pas l’État hébreux d’être à la pointe des technologies civiles comme militaires dans de nombreux domaines : sécurité, santé, fintechs pour ne citer qu’eux. Il faut mentionner également Taïwan, qui parvient à s’attribuer une place géopolitique importante en dépit de son poids économique et démographique limité. Cela est rendu possible grâce à sa maîtrise de la conception des semi-conducteurs, fruit d’une stratégie d’investissement et de recherches ciblés. Dans ces cas comme dans bien d’autres, la question de l’innovation permet de compenser des faiblesses qui seraient autrement lourdement incapacitantes pour peser dans le jeu mondial.

Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
💻https://portail-ie.fr/analysis/4049/comment-la-technologie-rebat-elle-les-cartes-de-la-competition-mondiale

 

👉 L’EXERCICE LOCKED SHIELDS 2022 SE TERMINE
(NATO Nouvelles)

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MONS, Belgique – Locked Shields 2022, l’exercice international de cyberdéfense à tir réel le plus grand et le plus complexe au monde, s’est terminé le vendredi 22 avril 2022.

Cet exercice de défense de réseau en temps réel, organisé par le Centre d’excellence coopératif de cyberdéfense de l’OTAN (CCDCOE) à Tallin, en Estonie, a lieu chaque année depuis 2010 et met à l’épreuve l’Alliance, les pays membres de l’OTAN et ses partenaires.

« Locked Shields est une opportunité unique pour les participants de pratiquer la protection des systèmes informatiques civils et militaires nationaux et des infrastructures critiques. Il est mené dans des conditions de pression intense, avec des équipes qui contrecarrent des séries sophistiquées et intenses de cyberattaques », a déclaré Ian West, chef du Centre de cybersécurité de l’OTAN.

Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
💻 https://shape.nato.int/news-archive/2022/exercise-locked-shields-2022-concludes