Pourquoi projeter une défaite russe ?
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André Dulou (*)
Directeur Média, Mémoire et Patrimoine
d’ESPRITSURCOUF
Les médias ne se privent pas de commentaires sur les propos du chef de l’Etat français, et lorsque l’on entend les termes employés par le Premier ministre lors du vote du 12 mars à l’Assemblée, les questions d’une position « va-t’en guerre » de l’exécutif français prennent le ton de mise à l’écart brusque et définitif de la Russie, « pour faire gagner l’Ukraine ».
Or, à y regarder de plus près, la France est dans le camp occidental, sans pour autant suivre les prescriptions américaines, ou otaniennes : il faut donc examiner ce qui relève de l’hostilité culturelle contre la Russie, comme il convient de rechercher des causes plus profondes au comportement d’une « realpolitik », qui permet de livrer des canons, des moyens de défense moderne à l’ennemi de la Russie.
Que reprocher à cette Russie, qui paraît se rapprocher, dos-à-dos de la Chine, laquelle convoite Taïwan, alors que l’Europe s’inquiète de sa position géographique, autant que de ses capacités militaires ?
De fait, la France a quitté le Sahel, et la Russie vient de s’implanter, comme l’a fait la Chine, sur le continent africain.
On peut qualifier ce qui nous angoisse, de cette « Grande Asie » que convoitent les Asiatiques, en comptant sur un déclin des démocraties occidentales, que ce déclin soit à la fois global, et surtout militaire.
Gare alors à une victoire en Europe de cette Asie : l’Europe réduite à négocier une paix avec cette « Grande Asie » serait contrainte à se comporter comme le prédisent des slogans hostiles actuels envers l’Occident.
Et cependant, la partie est loin d’être gagnée, et pour les uns et pour les autres. Les marges de manœuvre ne sont négligeables, ni d’un côté, ni de l’autre, que l’on se place sur le plan diplomatique, ou/et sur le plan militaire.
Le seul regard des intérêts ne peut suffire à une prédiction quelconque.
En effet, quand la France « promet » des dépenses importantes sur le plan militaire à l’Ukraine, non sans avoir évoqué des possibilités de se trouver « physiquement sur le terrain », cette évocation renvoie inexorablement non à l’histoire passée, mais bien à une alternative très étrange.
Les questions douloureuses demeurent celles-ci.
Ne pas vouloir que la Russie gagne est-elle synonyme de ne pas vouloir non plus que l’Ukraine puisse être victorieuse ?
Les moyens de la diplomatie occidentale ne peuvent-ils pas rendre à l’Occident un rôle d’équilibriste, au nom de la quête d’un nouvel équilibre mondial qui ne serait pas celui issu d’une Asie dominatrice ?
Bonne lecture.
A LA UNE
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Comment caractériser la place de la Russie dans le monde ? Entretien avec J.S. Mongrenier
(Diploweb, 12 mars 2024, Daphné Van Ossel, Jean(Sylvestre Mongrenier)
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Daphné Van Ossel (D. V. O.) : En 2023, les dirigeants russes ont déployé une grande énergie diplomatique. Faut-il parler de « gesticulation » ou l’Occident a-t-il échoué à faire du président russe un paria ?
Jean-Sylvestre Mongrenier (J.-S. M.) : Ces grandes manœuvres diplomatiques sont bien plus que des « gesticulations ». La Russie maintient des relations normales et correctes – voire amicales, au sens politique du terme -, avec un grand nombre de pays extérieurs à la sphère de l’« Occident global » (l’expression semble plus adéquate que celle d’« Occident collectif », prisée par Vladimir Poutine). La « Russie-Eurasie » poutinienne, où l’on parle de fonder une nouvelle capitale en Sibérie, fait figure de « Grand Autre » de l’Occident, à la pointe d’un combat qui, à défaut d’être partagé de façon active par les pays en développement, rencontre leur sympathie. Nous aurions tort de négliger ce phénomène ou de croire que le dénigrement suffira à le dissiper. Passions et ressentiments sont d’importants facteurs historiques et politiques. Nietzsche a beaucoup écrit sur le ressentiment.
- V. O. : Faut-il parler d’alliances russes ou de simples partenariats ?
J.-S. M. : N’ayons pas peur des termes d’« allié » et d’« alliance ». A définir de façon excessivement restrictive le concept d’alliance, au prétexte de ne pas le galvauder, la moitié des alliances ayant existé au cours de l’histoire universelle ne devrait plus être considérée comme telles. Le terme de « partenariat » est quant à lui beaucoup trop général ; il renvoie à une époque, les années 1990-2000, où tout le monde prétendait être le partenaire de tout le monde, ce qui n’avait pas grand sens. La Russie est bel et bien engagée dans différentes formes d’alliances avec la Chine populaire, l’Iran chiite ou encore la Corée du Nord, sans parler de l’OTSC (Organisation du traité de sécurité collective) qui, c’est vrai, est branlante (voir plus bas le cas de l’Arménie).
REVUE DE PRESSE ESPRITSURCOUF
SOMMAIRE
HISTOIRE :
15 mars – 44 : l’assassinat de Jules César
GEOPOLITIQUE :
- Corée du Nord/ Corée du Sud : tensions régionales, divergences géopolitiques
- La Suède participe pour la première fois en tant qu’allié à une réunion du Conseil de l’Atlantique Nord, axée sur la coopération OTAN-UE
- A partir de quand peut-on considérer qu’un Etat est « en guerre » contre un autre ?
ECONOMIE :
- L’héritage du charbon en Europe reste un obstacle majeur à la lutte contre le réchauffement climatique
- Immobilier : les banquiers veulent prêter à nouveau, estime le patron de la Banque de France
- Carester et Solvay s’allient pour mieux recycler les terres rares
DEFENSE ET SECURITE :
- Les jeunes, l’univers de la défense, et l’ordre régalien : une vision inattendue et peu connue
- La Cour des comptes appelle les armées françaises à se décarboner davantage
- L’arrivée du 1er planeur Front Electric Sustainer sur la BA 701
TOUR D’HORIZON DE MEDIAS SPECIALISES
ARTICLES EN LANGUE ETRANGERE
TEXTES PARUS AU JOURNAL OFFICIEL
(*) Colonel (ER) André Dulou, auditeur de l’IHEDN (156ème session régionale) est le président de la Gironde de la Société des membres de la Légion d’honneur et le président d’Aquitaine des membres de la Légion d’honneur décorés au péril de leur vie. Il est également le responsable de la revue de presse « Défense » de l’Union des associations d’auditeurs de l’IHEDN et rédacteur en chef de la revue « Floréal an X ». Auteur chez Edilivre, il est Directeur Média, Mémoire et Patrimoine d’ESPRITSURCOUF. Il est rédacteur de la revue d’actualité d’ESPRITSURCOUF et du Sémaphore d’Espritscors@ire |
HISTOIRE
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15 mars – 44 : l’assassinat de Jules César
(l’histoire, Paul M.Martin)
Le conquérant des Gaules, le défenseur des humbles, le « galant chauve », l’aristocrate ambitieux devenu maître de Rome et de son Empire, gît, abandonné, dans la salle de réunion du Sénat, le corps criblé de coups… César vient d’être assassiné. Le silence subit qui suit cette mort, en ce matin des ides de mars de l’an 710 après la fondation de Rome (15 mars 44 av. J.-C), a été recouvert, depuis vingt et un siècles, par un tumulte de récits et d’interprétations. Mais il leur manque à tous un élément important à nos yeux : il n’y a pas eu d’enquête de police sur le meurtre, et il ne pouvait y en avoir, car la Rome antique n’avait ni forces ni services de police comparables à ceux d’un État moderne [1]. Tenter, aujourd’hui, de combler cette lacune est peut-être un bon moyen de porter un regard neuf sur cette journée des Ides de mars qui précipita la République romaine dans son ultime guerre civile, dont elle mourra.
Silence autour du cadavre, mais rumeur dans la Ville. César aurait été tué parce qu’il s’apprêtait, ce jour-là, à demander au Sénat le rétablissement de la royauté, un mois après avoir refusé le diadème royal que lui tendait son fidèle ami Marc Antoine et être devenu dictateur* perpetuus (sans limitation de durée). Cette rumeur est invérifiable, pour une simple question de procédure : les convocations adressées aux sénateurs spécifiaient bien la date et le lieu de la séance, mais jamais l’ordre du jour. Or César a été tué dès son arrivée, avant même d’avoir eu le temps de l’indiquer. Négligeant pour l’instant la rumeur, transportons-nous sur le lieu du crime. Le Sénat* ne se réunissait pas nécessairement dans la Curie* du Forum, vaste bâtiment restauré par César. N’importe quel bâtiment consacré faisait l’affaire, pourvu qu’il fût assez vaste pour accueillir les 900 sénateurs et situé à moins d’un mille (1 480 mètres) de Rome où les sénateurs étaient tenus de résider. Cette fois, comme souvent, c’est la Curie de Pompée qui avait été choisie, une grande salle en gradins, d’une superficie de 400 mètres carrés environ, située sur le Champ de Mars. Le choix de cet édifice particulier n’est pas indifférent et nous livre les premiers indices.
https://www.lhistoire.fr/lassassinat-de-jules-c%C3%A9sar
GEOPOLITIQUE
Cette semaine, des tensions, des nouveautés, une explication.
1 – Corée du Nord/ Corée du Sud : tensions régionales, divergences géopolitiques
(IRIS, 11 mars 2024, Le point de vue de Barthélémy Courmont)
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Comment caractériser les relations entre la Corée du Nord et la Corée du Sud depuis l’élection du président sud-coréen Yoon Suk-yeol en mars 2022 ?
La relation est mauvaise, et nous rappelle les tensions déjà observées à plusieurs reprises, notamment sous les présidences conservatrices de Lee Myung-bak (2007-2012) et Park Geun-ye (2012-2017). Le mandat du libéral Moon Jae-In (2017-2022) fut marqué par un réchauffement très significatif de la relation entre Séoul et Pyongyang, en particulier en 2018, avec plusieurs rencontres et l’établissement d’une ligne directe permettant de prévenir d’un conflit accidentel. Mais les tensions sont progressivement réapparues, et la crise du Covid-19, puis l’arrivée au pouvoir de Joe Biden aux États-Unis eurent un impact négatif sur le dialogue intercoréen. Avec l’arrivée au pouvoir de Yoon Suk-yeol, qui sera en poste jusqu’en 2027, les tensions ont à nouveau atteint un sommet, et se sont même traduites par des affrontements, en plus d’une escalade verbale et la rupture de la ligne de communication directe. Bien sûr, les deux pays qui sont officiellement en guerre (la guerre de Corée ne se termina qu’avec un armistice en 1953, mais aucun traité de paix ne fut jamais signé) sont coutumiers de ces périodes de tensions, mais le contexte international venant s’ajouter à cette relation délicate doit nous alerter sur les risques d’escalade.
2 – La Suède participe pour la première fois en tant qu’allié à une réunion du Conseil de l’Atlantique Nord, axée sur la coopération OTAN-UE
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(NATO Nouvelles, 12 mars 2024, MAJ 13 mars 2024)
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Ce mardi (12 mars 2024), 32 Alliés ont siégé au Conseil de l’Atlantique Nord, une première dans l’histoire. L’ambassadeur de Suède, M. Axel Wernhoff, s’est installé à la place qui lui revient selon l’ordre alphabétique anglais des noms de pays.
Le 7 mars, la Suède a officiellement rejoint l’Alliance, ce qui a été célébré quatre jours plus tard lors d’une cérémonie de lever des couleurs au siège de l’OTAN. S’exprimant à cette occasion, le secrétaire général, Jens Stoltenberg, a tenu à rappeler ceci : « l’adhésion de la Suède est bénéfique pour sa sécurité, renforce l’OTAN et rend l’ensemble de l’Alliance plus sûre. […] Elle montre une fois encore que la porte de l’OTAN reste ouverte, et que nul ne peut la fermer. »
La réunion du Conseil de ce mardi était présidée par le secrétaire général délégué, Mircea Geoană, et a porté sur la coopération entre l’OTAN et l’Union européenne. Deux représentants du Service européen pour l’action extérieure – Stefano Sannino, secrétaire général, et Charles Fries, secrétaire général adjoint pour la paix, la sécurité et la défense – y ont participé.
https://www.nato.int/cps/fr/natohq/news_223476.htm?selectedLocale=fr
3 – A partir de quand peut-on considérer qu’un Etat est « en guerre » contre un autre ?
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(The Conversation, 12 mars 2024, Adrien Schu)
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Le 26 février, Emmanuel Macron a entrouvert la porte à un déploiement possible de troupes de l’OTAN au sol en Ukraine, « de manière officielle, assumée et endossée », jugeant que « rien ne [devait] être exclu pour poursuivre l’objectif qui est le nôtre : la Russie ne peut ni ne doit gagner cette guerre ».
La sortie du président de la République a suscité une levée de boucliers, tant du côté des principaux alliés de la France, que des partis d’opposition en interne. Alors que les Occidentaux ont jusqu’à présent fait preuve d’une grande prudence vis-à-vis de la Russie, puissance dotée de l’arme nucléaire, la perspective du déploiement de troupes au sol est perçue comme une escalade dangereuse, à même de donner un nouveau statut aux partenaires de l’Ukraine : celui de cobelligérant.
La polémique n’est pas neuve : depuis février 2022, chaque fois que les Occidentaux franchissent un pas supplémentaire dans leur réponse à l’invasion russe (en imposant de nouvelles sanctions ou en livrant de nouveaux types d’armes), quelques commentateurs se demandent si cela ne revient pas, cette fois-ci, à franchir le pas symbolique qui ferait basculer la France en guerre – en guerre contre la Russie. De fait, à partir de quand peut-on considérer qu’un État est « en guerre » contre un autre ? Où se situe concrètement la frontière entre la guerre et la paix ?
ECONOMIE
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Le dérèglement climatique, les ouvertures bancaires, et les terres rares forment cette semaine une réalité économique diversifiée.
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1 – L’héritage du charbon en Europe reste un obstacle majeur à la lutte contre le réchauffement climatique
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(Euractiv, 13 mars 2024, Nikolaus J.Kurmayer, translated by Marie-Alix Pocholuk))
L’Union européenne est responsable d’une plus grande quantité d’émissions de méthane provenant du charbon que d’autres combustibles fossiles, en raison de la poursuite des activités minières en Europe, de mesures insuffisantes et des mines abandonnées.
Le charbon est profondément ancré en Europe, et bien que l’UE tente de s’orienter vers des alternatives plus propres, qu’il s’agisse du gaz naturel ou des énergies renouvelables, le charbon reste le combustible le plus polluant utilisé et la plus grande source d’émissions de méthane du bloc.
Le méthane est un gaz à effet de serre plus puissant que le CO2, mais sa durée de vie dans l’atmosphère est plus courte. En 20 ans, son impact a été 80 fois plus important que celui du CO2.
Pour l’Union européenne, la lutte contre les émissions de méthane passe par la réduction des émissions agricoles (émissions du bétail, méthane libéré du sol par le labourage et décharges), mais c’est surtout l’utilisation des combustibles fossiles qui est en cause.
« Il est impératif de réduire de 75 % les émissions de méthane provenant des combustibles fossiles d’ici à 2030 pour empêcher la planète de se réchauffer à un niveau dangereux », a déclaré Fatih Birol, directeur de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), dans un communiqué de presse publié mercredi (13 mars).
2 – Immobilier : les banquiers veulent prêter à nouveau, estime le patron de la Banque de France
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(Challenges, 13 mars 2024, Léandre Hermann-Kasse)
Le robinet du crédit immobilier va-t-il se débloquer ? C’est en tout cas ce qu’affirme Villeroy de Galhau, le gouverneur de la banque de France, qui appelle les ménages à challenger leurs banquiers.
Faut-il retourner toquer à la porte de son agence bancaire ? Alors que la production de crédit tourne au ralenti depuis de long mois, le gouverneur de la Banque de France a assuré que la situation est en train d’évoluer. « Ce n’est plus un problème d’offre », a affirmé Villeroy de Galhau, invité de la matinale de Franceinfo ce mardi 13 mars. Selon lui, les banques françaises sont à nouveau disposées à accorder des prêts immobiliers.
Avec les rapides remontées de taux d’intérêt opérées depuis 2022 par les banques centrales pour tenter de dompter l’inflation, « la production de crédit immobilier est tombée à un niveau très bas, les derniers chiffres sont un peu décevants », a tout de même admis François Villeroy de Galhau. D’après les derniers chiffres publiés par la Banque de France, la production de crédits à l’habitat ne s’est élevée qu’à 129,5 milliards d’euros sur l’ensemble de l’année 2023. Une chute de plus de 40 % qui symbolise la fermeture du robinet du crédit par les banques.
3 – Carester et Solvay s’allient pour mieux recycler les terres rares
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(Le portail de l’IE, 12 mars 2024, Thomas Dereux)
Carester et Solvay annoncent un partenariat stratégique dans le secteur des terres rares, visant à développer une autosuffisance européenne et à sécuriser les approvisionnements critiques.
Le 8 mars dernier, les entreprises françaises Carester et Solvay ont annoncé un accord de collaboration dans le secteur des terres rares. Les deux compagnies s’engagent à former un « partenariat stratégique, qui combinera l’expertise des deux sociétés afin de saisir les opportunités en Europe, dans la chaîne de valeur des aimants permanents à base de terres rares ».
Un renforcement des capacités européennes
Face au quasi-monopole chinois dans le raffinage de ces métaux stratégiques, Solvay a pris dès 2022, des mesures pour créer « un pôle de terres rares pour les aimants permanents » à La Rochelle, dans le but de renforcer l’autosuffisance européenne.
La DIAMMS souligne que l’association de ces deux acteurs français des terres rares renforce la stratégie de sécurisation nationale des approvisionnements en minerais et métaux critiques. Cette collaboration doit favoriser le développement des capacités de séparation et de recyclage au niveau national, à travers l’usine de La Rochelle de Solvay et la future installation de Carester prévue à Lacq. Un investissement de plusieurs millions d’euros qui devrait créer une soixantaine d’emplois dans la région.
DEFENSE ET SECURITE
Trois articles de terrain pour nous rassurer sur la perception de l’univers de la défense, pour une meilleure appréhension de la décarbonation, notamment dans la formation des pilotes.
1 – Les jeunes, l’univers de la défense, et l’ordre régalien : une vision inattendue et peu connue
;DEFENSE ET SECURITE
(Télos, 11 mars 2024, Anne Muxel)
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Les relations des jeunes avec le monde des institutions et des forces régaliennes sont généralement appréhendées par le prisme de certains stéréotypes solides, dont certains ne sont pas dénués de fondement, mais dont d’autres ne véhiculent qu’une interprétation très partielle de la réalité. Si, à l’instar de leurs aînés, les jeunes entretiennent un rapport chargé de défiance avec les institutions et le personnel politiques, s’ils se sentent éloignés et circonspects à l’égard de l’ordre judiciaire, en revanche les forces responsables de l’ordre public et de la défense bénéficient de jugements plus nuancés. Des études récentes sur les dispositions des jeunes Français à l’égard du champ professionnel de la sécurité et de la défense viennent combler la relative méconnaissance scientifique quant aux rapports que ceux-ci entretiennent avec les institutions régaliennes. Le monde de la sécurité ne les rebute pas et est loin de les laisser indifférents. Celle-ci fait partie du contrat social et du pacte démocratique. La « sûreté » est du reste, depuis plus de deux siècles, inscrite dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen comme l’un des droits naturels et imprescriptibles, avec la liberté, la propriété, et la résistance à l’oppression (art. 2). La sécurité, sa version moderne, est un droit fondamental pour tout citoyen. Les jeunes en ont bien conscience, et leur regard en la matière fait souvent preuve de maturité, tout en n’étant pas dénué d’esprit critique et de vigilance démocratique.
Leurs opinions à l’égard des acteurs de la sécurité, et plus largement en matière d’ordre public et d’enjeux de défense ne sont évidemment pas univoques tant la jeunesse est plurielle, traversée par les fractures sociales, culturelles et politiques qui sont à l’œuvre dans l’ensemble de la société française. Néanmoins, certains traits d’attitudes dominants méritent d’être mentionnés.
https://www.telos-eu.com/fr/les-jeunes-lunivers-de-la-defense-et-lordre-regali.html
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2 – La Cour des comptes appelle les armées françaises à se décarboner davantage
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(Lignes de défense, Philippe Chapleau)
Dans son rapport annuel sur l’adaptation au changement climatique, la Cour des Comptes rappelle que le ministère des Armées s’est doté en avril 2022 d’une stratégie Climat et Défense pour identifier les adaptations nécessaires au changement climatique (le général d’armée aérienne Éric Autellet, major général des armées, avait alors été désigné délégué climat).
A ce jour, ces travaux sur ce sujet « sont insuffisamment avancés pour que le ministère des Armées soit en mesure d’en évaluer les coûts », estime la Cour des Comptes, qui recommande aux armées des mesures plus précises. Le ministère doit publier une réflexion de prospective interarmées sous la houlette de Nicolas Regaud, conseiller climat du Major général des armées (à lire ici un entretien avec Nicolas Regaud sur les armées et le changement climatique).
3 – L’arrivée du 1er planeur Front Electric Sustainer sur la BA 701
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(Défense, 13 mars 2024, Armée de l’air et de l’espace)
Le mercredi 13 mars, l’Escadron d’instruction au vol à voile (EIVV) du Centre de formation aéronautique militaire initiale (CFAMI) a franchi une étape historique dans le domaine de l’aviation avec l’arrivée du tout premier planeur Front Electric Sustainer (FES). Convoyé depuis Saint-Auban, cet aéronef dévoile un avenir prometteur pour la formation au vol à voile et la décarbonation de l’activité aérienne.
Cette initiative, fruit d’une collaboration étroite entre EFPN (Écoles de Formation du Personnel Navigant), l’EMAAE (État-major de l’armée de l’Air et de l’Espace) et la DMAé (Direction de la maintenance aéronautique), est le résultat d’efforts conjoints pour intégrer des technologies électriques de pointe dans le domaine du vol à voile.
Le planeur DG-1001 eNEO F-CFEE se distingue par son système novateur, comprenant une petite hélice repliable montée avec son moteur dans le cône avant, deux batteries de forte capacité logées dans le fuselage, et des commandes en cabine interfacées avec un calculateur de gestion des batteries (FMS). Cette combinaison permet une mise en œuvre simplifiée et offre des performances améliorées, avec une durée de vol plus importante pouvant atteindre 1h30.
L’utilisation du FES marque un tournant dans la formation des pilotes de planeur en permettant l’exploitation de conditions météorologiques moins favorables. La quasi-suppression des risques de « vaches » et la capacité de maintenir l’altitude à proximité du terrain offrent non seulement une expérience de vol plus sécurisée mais contribuent également à réguler les arrivées et à éviter les encombrements de pistes.
https://www.defense.gouv.fr/air/actualites/arrivee-du-1er-planeur-front-electric-sustainer-ba-701
TOUR D’HORIZON DE MEDIAS SPECIALISES
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ESPRITSURCOUF vous offre un tour d’horizon des titres de fond propres à susciter la réflexion de défense et de sécurité
L’Allemagne envisage de réintroduire le service militaires
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(Euractiv, 13 mars 2024, Nick Alipour, translated by Claire Lemaire)
L’Allemagne devrait revenir au service militaire à partir de 2025, a déclaré le commissaire aux Forces armées du pays mardi (12 mars). Le ministère de la Défense travaille déjà sur un nouveau modèle inspiré des pays d’Europe du nord.
L’Allemagne a aboli le service militaire en 2011, mais les choses risquent de changer, alors que le gouvernement s’efforce de renforcer les capacités défensives du pays face à la menace russe.
Le commissaire parlementaire aux Forces armées du Bundestag, le Parlement allemand, a exprimé l’espoir qu’une nouvelle forme de conscription puisse être mise en œuvre au cours de la prochaine législature afin de lutter contre la pénurie de personnel de la Bundeswehr.
« Je me réjouis que le débat sur le service militaire prenne de l’ampleur », a déclaré Eva Högl (SPD) à la presse mardi (12 mars), lors de la présentation de son rapport annuel sur l’état des forces armées.
« Si, d’ici la fin de cette législature, nous disposions d’un projet sommaire qui pourrait être mis en œuvre au cours de la prochaine législature [qui commence en 2025], j’en serais très heureuse », a-t-elle ajouté.
La relation Inde-Russie
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(Revue Conflits, 13 mars 2024, Chietigi Bajpaee)
L’Inde est la puissance dont l’émergence est incontestable. En équilibre entre l’Occident et l’Asie, elle est l’un des principaux porte-parole de la 3ème voie géopolitique. Comment a-t-elle réagi à l’ « opération spéciale » de la Russie ?
L’Inde a maintenu une approche prudente et pragmatique face à l’invasion russe en Ukraine (comme d’autres pays du Sud). D’une part, elle a exprimé ses inquiétudes concernant le conflit, comme en témoigne la déclaration très remarquée du Premier ministre Narendra Modi selon qui « l’ère actuelle n’est pas une ère de guerre ». D’autre part, elle entretient des relations avec la Russie, qui reste une source importante de matières premières (du pétrole brut au charbon, en passant par les diamants et les engrais), ainsi qu’un fournisseur important de l’industrie de la défense indienne (la Russie représentant 60 % des plates-formes militaires indiennes en service).
https://www.revueconflits.com/la-relation-inde-russie-decline/
Coopération internationale : rencontre à Alger entre les forces de gendarmerie française et algérienne
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(Gendinfo, 13 mars 2024)
Une délégation, composée de plusieurs officiers de la Direction générale de la gendarmerie nationale et d’autres organismes centraux de la gendarmerie, s’est rendue à Alger, du lundi 4 au jeudi 7 mars 2024. L’occasion d’échanger autour de différents axes de coopération.
Durant quatre jours, plusieurs officiers de la Direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN) et d’organismes centraux de la gendarmerie, sont allés à Alger pour échanger, aux côtés du Service de sécurité intérieure (SSI) de l’ambassade, avec des hauts représentants de la Gendarmerie nationale algérienne (GNA).
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