Enseignements publics – privés : Et agricoles ?
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André Dulou (*)
Directeur Média, Mémoire et Patrimoine
d’ESPRITSURCOUF
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Dès qu’une parole est prononcée, si elle ne se situe pas dans les « normes » voulues par des pouvoirs médiatiques, elle fait l’objet de critiques de tous bords, comme si aujourd’hui, le simple fait de recevoir un enseignement de qualité était un gros mot, voire une contre mesure républicaine.
Parce que les enfants de la ministre de l’éducation ont appris dans un établissement privé, voilà que des roitelets se parant de privilèges, comme on peut en lire dans des médias soutenus par une idéologie contestable, oublient la nuit du 4 août 1789, et en féodaux qu’ils sont, attaquent violemment des décisions de parents, dont la liberté ne devrait jamais être contestée.
En effet, la France dispose d’une histoire, d’une culture, et on l’entend de plus en plus, non pas pour s’opposer à qui que ce soit – encore que -, mais bien pour rappeler que les premières valeurs de notre République sont celles de la liberté.
Et que dire alors de ces agriculteurs, qui aujourd’hui se révoltent ? Pour la plupart d’entre eux, et on ne le sait pas assez, ils sont Français, ils sont agriculteurs français. En France, l’enseignement agricole ne dépend pas du ministère de l’éducation, mais de celui de l’agriculture.
Les agriculteurs français ont appris, eux aussi, dans des établissements d’enseignement, qui sont soit publics, soit privés, avec cette spécificité d’excellence agricole que les paysans apprécient, pour que la Nation reconnaisse leur travail, et leur confère leur dignité.
Car, pour bien apprendre, chaque citoyen qui est l’héritier de ceux qui viennent avant lui, prend la mesure de son devenir, à travers les choix de ses parents, de ses aïeux, pour se disposer, à son tour, à s’investir au service de la Nation.
Seule l’école, au sens large du terme, apparaît comme l’actrice majeure de ce devenir, où l’enfant devient élève, c’est-à-dire qu’il fréquente à la fois ses maîtres, ses congénères, et les vertus comme les talents qu’on lui enseigne.
Faudra-t-il croire que quelques anciens élèves aient à ce point perdu une part de mémoire, qu’ils veuillent détruire la liberté parentale de choisir ce que les parents souhaitent de mieux pour leurs enfants ?
Ils devraient copier cent fois ce couplet de notre hymne national :
« Liberté, liberté chérie… »
Bonne lecture.
A LA UNE
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Ecole privée : « Nous voulons la liberté, pas la guerre ! »
(Figarovox, 24 janvier 2024, Lisa Kamen-hirsig)
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FIGAROVOX/TRIBUNE – Après l’affaire Stanislas, Lisa Kamen, enseignante dans un établissement privé sous contrat, défend la liberté des parents de choisir le système éducatif qu’ils souhaitent pour leurs enfants.
Il y a une vingtaine d’années, j’ai changé de métier. J’étais consultante comme on dit, dans une agence de communication. À la faveur d’une période un peu moins faste, mon rêve de petite fille a ressurgi : devenir maîtresse d’école, transmettre ma passion pour la littérature, aider des enfants à découvrir leur domaine d’excellence, cultiver leur curiosité, leur indépendance, leur donner les clés pour apprendre seuls par la suite.
Ma décision prise, j’étais impatiente de changer de vie. J’ai adressé ma candidature aux instituts de formation des maîtres du public et du privé. Les premiers m’ont envoyé des formulaires à remplir ; les seconds m’ont reçue et questionnée sur mes motivations et mes attentes. Mon choix était fait : je passerais le concours pour intégrer une école privée. Aux algorithmes, j’ai préféré les êtres humains.
À l’occasion d’un dîner avec les amis que je fréquentais le plus, majoritairement diplômés de Sciences Po et d’écoles de commerce, j’ai joyeusement annoncé ma reconversion et précisé que j’avais décidé de passer le concours des écoles privées. Après un instant de consternation générale, les questions ont fusé, puis la remarque: «mais tu te rends compte que tu seras payée pour laver le cerveau de tes élèves ?» On m’a alors expliqué que je faisais œuvre de séparatisme en allant travailler dans une école catholique, même sous contrat, et que je ferais bien de reconsidérer ma position. Instit’ oui, formidable, quel beau métier ! Mais il fallait devenir soldat de la république et du vivre ensemble alors !
J’avais beau expliquer que je n’avais rencontré aucun prosélytisme chez mes interlocuteurs, qu’ils se contentaient d’exiger de moi «une bienveillante neutralité» quant à la religion et qu’ils accueillaient avec intérêt mes propres doutes et questions, je m’étais disqualifiée en quelques mots. J’étais pourtant toujours la même, vivant avec un homme sans être mariée, sortant danser en minijupe à paillettes et fréquentant des gens de toutes origines et de toutes religions. Rien n’y faisait : j’étais irrémédiablement entachée d’un crime originel d’obscurantisme religieux. De fille «so swag» j’étais passée à «bigote-réac-no-make-up-talons-plats». Depuis lors je n’ai cessé d’essuyer ce genre de critiques, à peu près partout, même si les écoles dans lesquelles j’ai travaillé accueillent des élèves de toutes origines et de toutes conditions.
https://www.lefigaro.fr/vox/societe/ecole-privee-nous-voulons-la-liberte-pas-la-guerre-20240124
RAPPEL
Dernier SEMAPHORE n°57 du 19 janvier
(l’intégralité est réservée et adressée aux adhérents à Espritcors@ire)
« METTRE SES VALEURS EN ACTION !
FORCES MORALES
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REVUE DE PRESSE ESPRITSURCOUF
SOMMAIRE
HISTOIRE :
1530 : Création du Collège Royal devenu Collège de France.
GEOPOLITIQUE :
- Les menaces hybrides : quels enjeux pour nos démocraties ?
- La France, de puissance modèle à modèle de puissance
- Tournée africaine du ministre des Affaires étrangères chinois : vers un renouvellement des relations entre la Chine et l’Afrique ?
ECONOMIE :
- L’industrie de défense, proie des Alliés de la France
- Colère agricole : le « dialogue stratégique » de la commission fustigé par les Etats membres
- L’industrie française au défi de l’économie de guerre
DEFENSE ET SECURITE :
- Steadfast Defender : 90 000 soldats de l’OTAN en manœuvre sur 4 mois
- Présentation du dispositif de sécurisation des relais de la flamme olympique et paralympique
- Double coup gagnant avec le client français pour Airbus Helicopters
TOUR D’HORIZON DE MEDIAS SPECIALISES
ARTICLES EN LANGUE ETRANGERE
TEXTES PARUS AU JOURNAL OFFICIEL
HISTOIRE
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1530 : François 1er, pour « rassembler papistes et réformés », crée le Collège Royal, devenu Collège de France (Le Collège de France. Quelques données sur son histoire et son caractère propre)
Les lecteurs royaux. – Le Collège de France doit son origine à l’institution des lecteurs royaux par le roi François Ier, en 1530.
L’Université de Paris avait alors le monopole de l’enseignement dans toute l’étendue de son ressort. Attachée à ses traditions comme à ses privilèges, elle se refusait aux innovations. Ses quatre facultés : Théologie, Droit, Médecine, Arts, prétendaient embrasser tout ce qu’il y avait d’utile et de licite en fait d’études et de savoir. Le latin était la seule langue dont on fît usage. Les sciences proprement dites, sauf la médecine, se réduisaient en somme au quadrivium du moyen âge. L’esprit étroit de la scolastique décadente y régnait universellement. Les écoles de Paris étaient surtout des foyers de dispute. On y argumentait assidûment ; on y apprenait peu de chose. Et il semblait bien difficile que cette corporation, jalouse et fermée, pût se réformer par elle-même ou se laisser réformer.
Pourtant, un esprit nouveau, l’esprit de la Renaissance, se répandait à travers l’Europe. Les intelligences s’ouvraient à des curiosités inédites. Quelques précurseurs faisaient savoir quels trésors de pensée étaient contenus dans ces chefs-d’œuvre de l’Antiquité, que l’imprimerie avait commencé de propager. On se reprochait de les avoir ignorés ou méconnus. On demandait des maîtres capables de les interpréter et de les commenter. Sous l’influence d’Érasme, un généreux mécène flamand, Jérôme Busleiden, venait de fonder à Louvain, en 1518, un Collège des trois langues, où l’on traduisait des textes grecs, latins, hébreux, au grand scandale des aveugles champions d’une tradition sclérosée. L’Université de Paris restait étrangère à ce mouvement.
François Ier, conseillé par le savant humaniste Guillaume Budé, « maître de sa librairie », ne s’attarda pas à la convaincre. Il institua en 1530, en vertu de son autorité souveraine, six lecteurs royaux, deux pour le grec, Pierre Danès et Jacques Toussaint ; trois pour l’hébreu, Agathias Guidacerius, François Vatable et Paul Paradis ; un pour les mathématiques, Oronce Finé ; puis, un peu plus tard, en 1534, un autre lecteur, Barthélémy Masson (Latomus), pour l’éloquence latine. Les langues orientales autres que l’hébreu firent leur entrée au Collège avec Guillaume Postel (1538-1543), l’arabe en particulier, avec Arnoul de L’isle (1587-1613).
Le succès justifia cette heureuse initiative. Les auditeurs affluèrent auprès des nouveaux maîtres. Par là, un coup mortel venait d’être porté aux arguties stériles, aux discussions à coups de syllogismes, aux recueils artificiels qui avaient trop longtemps tenu la place des textes eux-mêmes. Par l’étude des langues, on remontait aux sources. On y retrouvait le pur jaillissement d’une pensée libre et féconde.
https://journals.openedition.org/annuaire-cdf/126
GEOPOLITIQUE
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Cette semaine, diplomatie, puissance et menaces de guerre informationnelle sont développées dans ces trois articles.
1- Les menaces hybrides : quels enjeux pour nos démocraties ?
(Diploweb, 24 janvier, Estelle HOORICKX)
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Quelles sont les principales menaces hybrides auxquelles nous devons faire face aujourd’hui et vis-à-vis desquelles nous devrons nous prémunir demain pour préserver nos démocraties ? Question cruciale à laquelle il est pourtant difficile de répondre. Ne vaudrait-il d’ailleurs pas mieux parler d’attaques hybrides plutôt que de « menaces hybrides » ? Dans le contexte actuel – où les conflits sont de plus en plus dématérialisés –, les attaques hybrides sont en effet devenues continues, sans que nous en ayons nécessairement conscience. Comme le souligne très justement Nathalie Loiseau, députée française au Parlement européen, il est en effet « difficile de savoir où s’arrête la paix quand la guerre de l’information fait rage en permanence ». [1] En d’autres termes, et sans vouloir être alarmiste, nous sommes toutes et tous, potentiellement, en guerre. Une cyberattaque ou une campagne de désinformation peut en effet avoir des conséquences létales.
Commandante d’aviation, PhD Estelle Hoorickx est chercheuse au Centre d’études de sécurité et défense (CESD).
Crédit photo : RTL-Info (Belgique)
Depuis une dizaine d’années, les « attaques hybrides » à l’encontre de nos pays occidentaux se sont intensifiées mais également diversifiées. Des « acteurs étrangers, malveillants et autoritaires, étatiques ou non, parmi lesquels la Russie et la Chine » [2], recourent à ces pratiques pour nuire à l’Union européenne (UE) et à ses États membres, saper la confiance de l’opinion publique dans les institutions gouvernementales, empêcher le débat démocratique, attaquer nos valeurs fondamentales et exacerber la polarisation sociale.
https://www.diploweb.com/Les-menaces-hybrides-quels-enjeux-pour-nos-democraties.html
2- La France, de puissance modèle à modèle de puissance
(Revue Conflit, 22 janvier 2024, Matthieu Creux )
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La France peut-elle conserver son rang de puissance sans puissance financière ? Le coût de la puissance est-il supportable ou bien doit-elle changer son modèle ? Analyse des enjeux de la puissance française.
Nous connaissons les deux principaux attributs de la puissance française : le hard power, incarné par l’arme nucléaire et la force de son armée professionnelle, et le soft power, lié à son réseau diplomatique et à sa richesse culturelle. Pourtant, bien des commentateurs déclinistes nous renvoient à nos échecs, expliquant que la France de Diên Biên Phu n’est plus celle du Grand Siècle, et qu’au regard de l’état de nos finances publiques, nous sommes sur le chemin annoncé dès 1987 par Paul Kennedy, dans son ouvrage The Rise and Fall of Great Power, qui expliquait que sans le golden power, la décadence est inéluctable lorsque le coût de la puissance n’est plus supportable. En synthèse et par oxymore, le Président Giscard d’Estaing parlait alors de la France comme d’une « grande puissance moyenne ».
Nouvelle puissance
À défaut de pouvoir rester une puissance dominante, façon américaine ou chinoise, le général de Gaulle avait compris que la seule ambition lucide pour la France était de soutenir une politique de grandeur raisonnée, dont le succès, et même la popularité internationale, devait tenir à un sens élevé de l’indépendance. Celle-ci devait donner force et authenticité aux coopérations et aux alliances, et elle inspirait le courage dans les difficultés et dans les crises. Mais aujourd’hui, avec la fragmentation et la conflictualité croissantes du système international, avec la montée en puissance d’acteurs régionaux et l’exacerbation de l’adversité stratégique sino-américaine, avec les difficultés socioéconomiques qui s’accumulent chez nous et en Europe, il peut sembler absurde de poursuivre le discours français sur la mission d’universalité et sur notre rôle de puissance d’équilibre.
Néanmoins, l’évolution du monde et des sociétés humaines rend de plus en plus utile ce positionnement français, et un regard panoramique sur les grandes tendances globales montre que la ligne politique et diplomatique défendue traditionnellement par la France est la plus adaptée aux aspirations profondes des peuples et de la classe moyenne mondiale qui englobera bientôt cinq milliards de citoyens.
https://www.revueconflits.com/la-france-de-puissance-modele-a-modele-de-puissance/
3- Tournée africaine du ministre des Affaires étrangères chinois : vers un renouvellement des relations entre la Chine et l’Afrique ?
(IRIS, 22 janvier 2024, le point de vue de Jean-Joseph Boillot)
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Alors qu’il s’est rendu en Égypte, en Tunisie, au Togo et en Côte d’Ivoire, comment expliquer ce choix ? Quels sont les intérêts mutuels de la coopération entre la Chine et les pays africains et pourquoi la Chine souhaite-t-elle renforcer ses relations avec les pays du Sud ?
À défaut d’être très communicante, la diplomatie chinoise a la réputation de ne rien laisser au hasard. La visite du puissant ministre des Affaires étrangères en Afrique, la première de l’année à l’étranger en effet, n’est pas sans présenter des signes forts à plusieurs titres. D’abord le choix, à nouveau, du continent africain comme première étape de sa tournée internationale, avec deux préoccupations principales. La première est directement politique : la Chine a de plus en plus besoin de la cinquantaine de voix de l’Afrique dans les enceintes internationales, alors qu’elle est en pleine confrontation stratégique avec le monde occidental sur tous les sujets, dont tout dernièrement Taïwan. La seconde est évidemment économique : la situation de l’économie chinoise n’est pas bonne. Au-delà du 5,2% de croissance annoncé pour 2023, assez fictif en réalité, les échanges extérieurs ne tirent plus la croissance du pays et la guerre commerciale avec les pays occidentaux n’augure rien de bon pour l’avenir. La Chine tente donc de relancer massivement l’enfant chéri du président Xi Jinping, à savoir les « Nouvelles Routes de la soie » ou OBOR, dont l’Afrique est devenue un segment clé en dépit de sa taille commerciale encore réduite. Sur ce plan, il lui faut notamment trouver des moyens de résoudre la crise de la dette à laquelle sa stratégie passée a conduit de nombreux pays africains.
ECONOMIE
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La position fragile de certaines économies, en matière industrielle, ne peut masquer le malaise agricole qui s’amplifie, et dont les causes sont connues ; Il faudra être vigilant, et aller de l’avant.
1- L’industrie de défense, proie des Alliés de la France
(Le portail de l’IE, 22 janvier 2024)
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A l’heure où Thierry Breton discute de créer un fond de 100 milliards pour la défense européenne, la France doit mener une politique d’intelligence économique offensive pour mieux anticiper les menaces de ses Alliés sur ses actifs stratégiques. En 2022, 23,7% des investissements étrangers en France concernait l’industrie de défense, presque deux fois plus qu’en 2021 (13,7%). Les principaux investisseurs contrôlants ultimes sont les pays des Five Eyes et l’Allemagne.
La France a des Alliés, ces derniers ont des intérêts
La France est-elle naïve dans ses relations internationales ? Ses mésaventures géoéconomiques semblent le montrer. Alstom, le mythe autour du « couple franco-allemand », l’affaire Aukus ou le cas Technip, autant d’exemples prouvant que la France manque de méfiance envers ses Alliés. Refusant les rapports de force, elle oublie que ses alliances devraient d’abord défendre ses intérêts nationaux.
En cause ? Dans La Force et la Ruse, Jean-Vincent Holeindre montre que la culture judéo-chrétienne dénigre toute forme de ruse, et que la Seconde Guerre mondiale a fait naître un pacifisme sans nuance. Or, la France est en perte d’influence et de compétitivité sur la scène internationale. Son commerce extérieur, excédentaire en 2002, était déficitaire de 70 milliards d’euros en 2012. Pour peser sur les décisions du monde, elle s’appuie donc sur le multilatéralisme et la coopération.
Les dangers de la coopération
L’industrie de défense française, secteur économique vital avec ses 20 milliards de bénéfices annuels et ses 250 000 emplois non délocalisables, pâtit de ces alliances. Troisième exportateur mondiale d’armements en 2022, elle est extrêmement compétitive, et incarne une proie des compétiteurs de la France.
Mais l’industrie de défense entretient aussi des dépendances déterminantes en énergies, matières premières et composants. Elle importe 33% des terres rares nécessaires à sa production. La France ne s’affranchira des coopérations et technologies étrangères qu’en réussissant à s’approvisionner intelligemment ou à produire. Elle doit trouver le moyen de préserver ses coopérations mais aussi mobiliser son « économie de guerre ».
2- Colère agricole : le « dialogue stratégique » de la commission fustigé par les Etats membres
(Euractiv, 24 janvier 2024, Maria Simon Arboleas)
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Alors qu’un « dialogue stratégique » organisé entre la Commission européenne, les députés européens et les agriculteurs commence à peine à voir le jour ces mercredi et jeudi (24-25 janvier), les ministres de l’Agriculture européens ont fustigé mardi (23 janvier) une mise en œuvre trop tardive de cette initiative.
Le « dialogue stratégique sur l’avenir de l’agriculture » a été proposé par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, en septembre afin de favoriser « plus de dialogue et moins de polarisation » dans l’élaboration des politiques agricoles.
L’objectif était donc de mettre dans une seule et même pièce des agriculteurs, des ONG et d’autres parties prenantes afin de trouver des dénominateurs communs entre tous.
Cependant, alors que les protestations des agriculteurs font rage à travers l’UE, plusieurs ministres de l’agriculture ont exprimé leurs inquiétudes quant au « timing » du plan de la Commission européenne.
« La Commission [européenne] a imposé au secteur [agricole] des exigences environnementales (…) sans explication, dialogue ou soutien financier », a déclaré le ministre espagnol de l’Agriculture Luis Planas aux journalistes mardi (23 janvier).
Lors de la réunion elle-même, le vice-président de la Commission européenne, Maroš Šefčovič, a insisté sur le fait que le lancement du dialogue stratégique était « opportun » — bien que certains ministres aient maintenu qu’il était — dans les faits — trop tardif.
« Le dialogue stratégique n’a eu lieu qu’après une série de problèmes, il aurait pu commencer plus tôt », a déclaré le ministre autrichien de l’Agriculture, Norbert Totschnig.
De même, M. Planas a déclaré que la Commission européenne aurait dû lancer l’initiative « lorsque les nouvelles propositions pour la politique agricole commune ont été présentées en 2018 » ou au moment de la présentation du Green Deal et de la stratégie de la ferme à la table — la politique alimentaire phare de l’UE.
Interrogé sur son optimisme quant à la capacité de l’initiative à produire des résultats significatifs, M. Planas a déclaré qu’il serait « difficile » de parvenir à des conclusions avant les élections européennes de juin.
3- L’industrie française au défi de l’économie de guerre
(RFI, 24 janvier 2024, Franck Alexandre)
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Davantage de canons, d’obus et de missiles… La France veut accélérer la production de matériel critique pour armer notamment l’Ukraine. Emmanuel Macron exhorte les industriels à gagner en rapidité et en volume et ainsi passer en économie de guerre. Simple slogan ou réalité ?
Emmanuel Macron appelle de ses vœux l’économie de guerre depuis le salon d’Eurosatory au printemps 2022. Quelques mois après le début de l’invasion russe en Ukraine, le président français mettait la pression sur les industriels pour qu’ils accélèrent la production d’armements. Ce message, il l’a réitéré vendredi 19 janvier depuis Cherbourg : « Ce qui est attendu de chacun, c’est au fond de gagner en rapidité, en volume, en innovation et de savoir gagner aussi en rusticité de savoir faire de la série longue. Il y a eu des années confortables parfois, nous avons connu une forme d’engourdissement satisfait qui nous permettait de conserver un très haut niveau de qualité, mais cher à petits flux, ce monde ne le permet plus. »
Et c’est notamment dans le domaine des munitions qu’il a été demandé de produire plus. Le groupe Nexter a par exemple ouvert à Bourges une deuxième ligne de fabrication d’obus d’artillerie lui permettant de doubler sa production avec désormais plus de 100 000 obus de 155 mm produits chaque année. Le canon Caesar, plébiscitée par l’Ukraine, a vu son délai de fabrication passer de 30 à 15 mois et sa cadence de production de deux à six canons par mois.
Nexter passe donc pour le bon élève de l’économie de guerre et le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, lors du lancement le 18 janvier de la coalition artillerie pour l’Ukraine, distribuait les bons et les mauvais points aux industriels : « Sur les missiles Mistral qui vous savez sont de la défense sol air de courte portée, là aussi on a des résultats qui sont spectaculaires, de 24 mois de production d’un missile, on est tombé à 15 mois. Protection du ciel, les radars GM 200 de Thalès qui sont bien connus, on est passé de 18 mois à 6 mois. Là où on a un énorme sujet, ce sont sur les missiles Aster (missiles de défense sol air de longue portée qui équipent notamment les frégates de la Marine nationale) les délais de production d’un Aster que je garde pour moi sont aujourd’hui beaucoup trop longs. »
DEFENSE ET SECURITE
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Trois articles pour nous renforcer au sein de l’OTAN, pour sécuriser les jeux de 2024, et pour que nos forces disposent des moyens adéquats.
1- Steadfast Defender : 90 000 soldats de l’OTAN en manœuvre sur 4 mois
(Lignes de défense, 23 janvier 2024, Philippe Chapleau)
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L’Otan annonce pour ce printemps son plus vaste « jeu de guerre » depuis l’exercice Reforger de 1988. Alors en pleine Guerre froide entre le Pacte de Varsovie et l’Alliance atlantique, 125 000 soldats alliés avaient manœuvré en Allemagne pour tester la planification et l’exécution d’un déploiement militaire massif pour contrer une attaque des forces du Pacte de Varsovie.
L’édition 2024 de Steadfast Defender est la deuxième du genre. La première, en mai-juin 2021, avait mobilisé 9 000 soldats. Cette année, quelque 90 000 hommes dont 20 000 Britanniques, 15 000 Polonais et 10 000 Allemands (aucun chiffre pour la France puisque l’EMA et l’Otan se renvoie la balle), 50 navires de guerre, 80 avions et 1 100 véhicules de combat vont être déployés.
Steadfast Defender 24 est en fait une succession d’exercices (Nordic Response 24, Dragon 24, Saber strike 24, Immediate Response 24, Swift Response 24 et Quadriga 24, qui rassemble lui-même quatre exercices allemands). D’où l’effet de masse suggéré par l’annonce otanienne.
La manœuvre Steadfast Defender 24 s’étendra du 31 janvier au 31 mai, de l’Atlantique au flanc est de l’Otan. Elle prendra la forme d’un scénario de conflit contre un « adversaire de taille comparable », selon la terminologie de l’Alliance, qui désigne ainsi, sans la nommer, la Russie.
2- Présentation du dispositif de sécurisation des relais de la flamme olympique et paralympique
(Gendinfo, 23 janvier 2024, Antoine Faure)
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Lundi 22 janvier 2024, place Beauvau, en présence du Directeur général de la gendarmerie nationale, le général d’armée Christian Rodriguez, du Directeur général de la police nationale, Frédéric Veaux, et du Préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, a présenté le dispositif de sécurisation des deux relais de la flamme : olympique, du 8 mai au 26 juillet, et paralympique, du 25 au 28 août.
Les dates des Jeux Olympiques (26 juillet – 11 août) et Paralympiques (28 août – 8 septembre) sont connues depuis longtemps, mais pour les Français, et a fortiori pour le ministère de l’Intérieur et des Outre-mer, tout commencera dès le 8 mai 2024. Ce jour-là, la flamme olympique entrera dans la rade de Marseille, vers 12 h 45, en provenance d’Olympie, à bord du trois-mâts Belem, entouré d’une armada d’embarcations. Vers 18 heures, elle débarquera sur le Vieux-Port, avant d’embraser le premier chaudron olympique d’une longue série.
Un effort important et soutenu
Symbole des Jeux, la flamme est, à chaque Olympiade, l’objet d’actions ciblées, menées par des mouvements contestataires, qu’ils soient environnementalistes, économiques et sociaux, d’ultra-gauche, d’ultra-droite… À ce risque s’ajoute la menace terroriste, dans un climat particulièrement tendu, en raison notamment du conflit au Proche-Orient.
3- Double coup gagnant avec le client français pour Airbus Helicopters
(Home Fob, 24 janvier 20243 Nathan Gain)
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Coup sur coup, Airbus Helicopters a décroché en fin d’année dernière deux commandes de la part des ministères de l’Intérieur et des Armées. D’un côté pour une quarantaine de H145 D3, de l’autre pour huit NH90 au standard forces spéciales.
Un investissement de plus de 750 M€
Annoncée lors des travaux relatifs au projet de loi de finances pour 2024, l’acquisition de 42 hélicoptères H145 D3 était officialisée hier par le ministère de l’Intérieur et des Outre-mer. Évalué à plus de 750 M€, ce marché conduit par la Direction générale de l’armement (DGA) a été attribué le 28 décembre à la filiale allemande de Donauwörth, là où sont produits les H145.
Prioritaire « en raison de la très forte sollicitation de ses hélicoptères », la Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises (DGSCGC) bénéficiera de 36 appareils neufs attendus entre 2024 et 2028. Les six autres, livrés entre 2025 et 2028, seront d’abord destinés aux sections aériennes de la Gendarmerie nationale basées à Amiens, Chamonix et Cayenne. Ce contrat comprend également une option pour 22 appareils supplémentaires pour la Gendarmerie nationale ainsi qu’un éventail de services logistiques et de soutien.
« L’appareil H145 a vocation à remplacer la flotte obsolète du modèle EC145 qui équipe actuellement les deux flottes du ministère de l’Intérieur et des Outre-mer, particulièrement utilisées par les unités en outre-mer et en haute montagne », pointe le ministère de l’Intérieur et des Outre-mer dans un communiqué. Du côté des gendarmes, ils permettront aussi d’initier le renouvellement des EC135.
TOUR D’HORIZON DE MEDIAS SPECIALISES
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ESPRIT SURCOUF vous offre un tour d’horizon des titres de fond propres à susciter la réflexion de défense et de sécurité
1- La France au Sahel : l’usure d’un ethos politique et militaire en Afrique
(Télos, 22 janvier 2024, Yousra Abourabi, Julien Durand de Sanctis, Jean-Noël Ferrié)
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Le 2 janvier, la France a fermé son ambassade à Niamey en même temps que ses derniers soldats cantonnés au Niger le quittaient. Il y peu, les troupes maliennes, précédées par le groupe Wagner, reprenaient Kidal aux indépendantistes touaregs, ramenant dans le giron du pouvoir central la grande ville du centre du Mali que l’essentiel des élites politiques du pays considéraient comme avoir été indûment abandonnée aux Touaregs par les forces françaises, lors de l’opération Serval. Ainsi se clôt une séquence qui avait débuté en 2013 par l’envoi de troupes au Mali afin de pallier les insuffisances de l’armée malienne, malmenée par les indépendantistes et les jihadistes touaregs. Le président malien ne demandait initialement qu’un appui aérien ; l’état-major français souhaitait un dispositif étoffé, plus à même de renverser la situation au profit du gouvernement malien. C’est ce dispositif que le Mali a accepté d’adopter en reformulant sa demande. Le point de départ de la séquence est différente du récit qui en a été retenu et qui peut se résumer en une phrase : « Les Maliens nous ont appelés à l’aide, nous sommes venus ». Il en est de même de la fin de la séquence, qui ne saurait se résumer à une succession de coup d’Etat chassant la France du Mali, du Burkina et, finalement, du Niger. L’antagonisme entre le gouvernement français et les putschistes n’avait rien d’inéluctable comme en témoignent les cas du Tchad et du Gabon. D’autres raisons sont forcément à l’œuvre, qu’il importe de comprendre afin de rendre compte de la situation.
https://www.telos-eu.com/fr/la-france-au-sahel-lusure-dun-ethos-politique-et-m.html
2- Rennes : « les dealers doivent bien rigoler » … Après l’annulation d’une opération antidrogue, les policiers « dégoutés »
(20 minutes, 24 janvier 2024, Thibaut Chevillard)
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ENQUÊTE Les policiers, qui se préparaient à aller interpeller une quinzaine de suspects mardi matin à Rennes, ont été repérés un peu avant le début de l’opération
Une importante opération antidrogue a été annulée mardi matin à Rennes. Les policiers, qui se préparaient à aller interpeller une quinzaine de suspects, avaient été repérés sur le parking d’un centre commercial un peu avant le début de l’opération.
Selon le procureur de la République de Rennes, les personnes mises en cause ont « été manifestement informées de cette opération ». Le parquet s’apprête à ouvrir une enquête, confiée à la police des polices, afin « de rechercher les raisons de ce dysfonctionnement inadmissible et identifier les éventuels auteurs d’une violation du secret de l’instruction ».
Dans les rangs de la police judiciaire, nombreux sont les enquêteurs à estimer que cet échec est une conséquence de la réforme décriée de la police nationale, entrée en vigueur récemment. L’entourage du ministre de l’Intérieur affirme à 20 Minutes ne pas voir « le lien » entre ce ratage et la nouvelle organisation des services de police.
Les enquêteurs de la police judiciaire de Rennes l’ont mauvaise. Dans le cadre d’une information judiciaire confiée à un juge d’instruction, les policiers tentaient depuis plusieurs mois de démanteler un point de deal, dans le quartier du Blosne. En multipliant les filatures, les surveillances et les écoutes téléphoniques, ils étaient parvenus à identifier une quinzaine de suspects. Un vaste coup de filet était prévu mardi matin, à l’heure du laitier. Pour l’occasion, pas moins de 160 policiers étaient mobilisés, notamment des effectifs du Raid et de la BRI. Mais « les trafiquants ayant été manifestement informés de cette opération, elle a dû être annulée » au dernier moment, explique à 20 Minutes le procureur de la République de Rennes, Philippe Astruc, qui confirme les informations publiées par le journal Le Monde.
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- https://www.defensenews.com/industry/2024/01/24/turkey-inks-deal-to-replace-four-foreign-made-weapons-with-local-types/
- https://breakingdefense.com/2024/01/uk-leans-on-4-land-export-priority-campaigns-to-chase-26-billion-prize-army-chief/
- https://www.navaltoday.com/2024/01/24/thyssenkrupp-marine-systems-thales-form-consortium-to-modernize-hellenic-navy-meko-200-frigates/
- https://www.upi.com/Top_News/World-News/2024/01/23/North-Korea-cruise-missile-launch-Yellow-Sea-Kim-Jong-Un/3101706059104/
- https://www.defenseone.com/ideas/2024/01/foreign-interference-us-elections-isnt-old-news/393582/
- https://www.themoscowtimes.com/2024/01/24/russia-says-kyiv-shot-down-plane-carrying-ukrainian-pows-a83833
PARUS AU JOURNAL OFFICIEL
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Textes à ne pas négliger pour comprendre l’actualité de défense et de sécurité.
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Décret n° 2024-27 du 23 janvier 2024 portant annulation de crédits
https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000048998781
Arrêté du 8 janvier 2024 relatif au montant des contributions financières des services d’incendie et de secours au fonctionnement de l’infrastructure nationale partageable des transmissions pour l’année 2024
https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000048991036
Arrêté du 17 janvier 2024 portant report de crédits
https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000048982573
26 janvier 2024 at 9 h 03 min
Totalement d’accord avec cet article.