Opinion, expression, presse : quelle(s) vérité(s
« Quelles sortes de vérités pouvons-nous atteindre ? »
André Dulou (*)
Directeur Média, Mémoire et Patrimoine d’ESPRITSURCOUF
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A la suite de la géopolitique de la pensée, le monde est confronté à celle de l’information. Car la vérité est souvent celle à laquelle on peut croire, compte tenu de la fiabilité de celle ou de celui qui la donne, la rédige, la diffuse.
De fait, l’intime conviction, que chacune et chacun se forge, à la manière du juge, provient de ces réalités, de ces faits que l’on considère, non parce qu’ils sont vrais, mais bien parce qu’ils sont réels, parce qu’ils existent, qu’ils proviennent de causes, produisent des effets, et engendrent des conséquences.
Parce que les idéologies ont conçu au sein de populations souvent crédules, les prémices non de la raison, mais bien de la probabilité du pouvoir, le rêve de la paix s’éloigne pour faire place à la volonté de s’emparer, par les outils de destruction de l’autre, des biens que cet autre possède.
Ce faisant, la culture de groupe fait se développer des avis, en fonction des contextes historiques et géographiques.
Il convient en conséquence de les analyser à travers des grilles, et notamment celle de la confusion de l’être : avoir, pouvoir, faire, et jouir.
L’exemple de la manipulation de la vérité, à partir de faits indéniables montre combien la responsabilité, la culpabilité, sont des éléments qui souvent masquent les faits eux-mêmes, en se substituant par l’affirmation de vérités à la dure réalité décrite.
Ce qui se déroule au Moyen-Orient nous interpelle, par la qualification criminelle du comportement du Hamas.
Ce qui se déroule sur notre sol nous interpelle, par la qualification criminelle du comportement de l’assassin du jeune professeur d’Arras.
C’est la raison pour laquelle il y a lieu de rechercher à travers les grilles de réflexion, les faits qui nous font entrer dans celles de la compréhension, pour justifier la condamnation sans réserve du terrorisme.
En espérant que la lecture des articles choisis éclaire l’opinion des lecteurs et des lectrices !
A LA UNE :
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Attaque contre Israël : le rôle ambigu du Qatar, financeur du Hamas, qui se rêve en « grand négociateur régional »
(NouvelObs Richard Godin)
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Depuis des décennies, le richissime pays du Golfe entretient des relations politiques, idéologiques et financières avec le mouvement islamiste palestinien qui a lancé samedi une offensive contre Israël. Sans condamner l’attaque, le Qatar espère jouer un rôle dans la libération des otages.
Depuis le début de l’offensive du Hamas contre Israël samedi, foule d’observateurs pointent du doigt le rôle de l’Iran et de son bras armé, la milice libanaise du Hezbollah. Mais un autre allié œuvre, en coulisses, depuis des années au maintien du mouvement islamiste palestinien dans la bande de Gaza : le Qatar. Pour des raisons idéologiques, mais aussi de pragmatisme politique, le richissime Etat du Golfe – une presqu’île à peine plus grande que la Corse – offre notamment un appui financier au Hamas. En cinq points, « l’Obs » explique le rôle ambigu du Qatar, et son ambition de s’imposer comme le libérateur des otages détenus dans la bande de Gaza.
Une relation idéologique avec le Hamas
Entre le Qatar et le Hamas, mouvement sunnite créé en 1987 par des Frères musulmans, les liens sont d’abord religieux. « Avant même la cause palestinienne, le Qatar défend un ADN islamo-frériste », explique à « l’Obs » David Rigoulet-Roze, chercheur associé à l’IRIS, spécialiste du Moyen-Orient. Dans ce cadre, l’émirat du Golfe a soutenu de nombreux régimes fréristes. « Dès 1961, le Qatar a apporté sa protection à un guide spirituel des Frères musulmans. C’est à partir de là qu’il y a un entremêlement idéologique, aux racines du soutien qatari au Hamas dès sa création », ajoute Ana Pouvreau, analyste géopolitique, auprès de « l’Obs ».
Souhaitant se présenter comme le « sponsor de la mouvance frériste », le Qatar distribue les chèques et diffuse son idéologie, notamment à travers sa chaîne de télévision, Al Jazeera. « Le Qatar n’a évidemment pas les moyens militaires nécessaires pour s’en prendre à Israël, mais il a toujours financé les Frères musulmans, toujours joué les islamistes contre les régimes arabes modérés », indiquait lundi le géopoliticien Frédéric Encel à « l’Obs ». Au-delà de l’attache religieuse, le Qatar défend donc la cause palestinienne et la lutte contre Israël. Une position renforcée durant les printemps arabes, lorsque le Qatar prend du poids dans la région en soutenant plusieurs forces fréristes, en Egypte ou en Syrie notamment.
Le principal financeur de la bande de Gaza, avec l’aval d’Israël
« L’arme du Qatar n’est pas l’armée, mais la finance », résume David Rigoulet-Roze. Et cette arme est puissante : le Qatar dispose du sixième revenu par habitant le plus élevé au monde (près de deux fois plus que la France). « Les salaires des fonctionnaires du Hamas sont financés à hauteur de 30 millions de dollars mensuels par le Qatar », détaille le chercheur associé à l’IRIS.
D’autres financements sont également versés pour construire des infrastructures publiques, aider les familles gazaouies les plus pauvres ou subvenir aux besoins énergétiques du territoire. « Un accord a été signé en janvier 2022 pour que le Qatar approvisionne l’unique centrale électrique de Gaza en gaz naturel », précise Ana Pouvreau.
REVUE DE PRESSE ESPRITSURCOUF
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HISTOIRE :
La fin de Kadhafi
GEOPOLITIQUE :
- L’Etat islamique est-il défait ? Entretien avec M.Benraad
- Gaza : des centaines de morts dans une frappe contre un hôpital
- A Pékin, Xi-Jinping et Vladimir Poutine saluent le renforcement de liens « cruciaux »
ECONOMIE :
- Les guerres de l’espace et des microprocesseurs, deux secteurs clé de la rivalité sino-américaine
- Chapsvision poursuit ses achats dans le Market Intelligence avec l’acquisition d’Owlint, spécialiste de l’OSINT
- L’automobile électrique pourra-t-elle accompagner la réindustrialisation ?
DEFENSE ET SECURITE :
- Face aux attaques terroristes, comment protéger les enseignants ?
- La gendarmerie nationale investie dans la lutte contre la traite des êtres humains
- Alertes à la bombe. Les aéroports de Bordeaux-Mérignac, Biarritz et Pau évacués
TOUR D’HORIZON DE MEDIAS SPECIALISES
ARTICLES EN LANGUE ETRANGERE
TEXTES PARUS AU JOURNAL OFFICIEL
(*) Colonel (ER) André Dulou, auditeur de l’IHEDN (156ème session régionale) est le président de la Gironde de la Société des membres de la Légion d’honneur et le président d’Aquitaine des membres de la Légion d’honneur décorés au péril de leur vie. Il est également le responsable de la revue de presse « Défense » de l’Union des associations d’auditeurs de l’IHEDN et rédacteur en chef de la revue « Floréal an X ». Auteur chez Edilivre, il est Directeur Média, Mémoire et Patrimoine d’ESPRITSURCOUF. Il est rédacteur de la revue d’actualité d’ESPRITSURCOUF et du Sémaphore d’Espritscors@ire |
HISTOIRE
20 octobre 2011 – Kadhafi est tué par ses opposants et l’OTAN
(Hérodote, Alban Dignat)
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Après quatre décennies de pouvoir sans partage, le dictateur libyen Mouammar Kadhafi voit son autorité contestée par les habitants de Benghazi. La guerre civile s’installe.
Traqué par ses opposants, qui ont reçu l’appui des Occidentaux, le dictateur résiste à Syrte, avec le dernier carré de ses fidèle, jusqu’à ce qu’une attaque aérienne de l’OTAN frappe sa ville natale, le 20 octobre 2011. En fuite et blessé, il est abattu par ses ennemis.
Pour la Libye, cette « libération » est le début d’un cauchemar aussi effroyable que la dictature antérieure, sinon davantage.
Les déboires du « printemps arabe »
Inspirés par l’exemple de la Tunisie, les peuples de l’Égypte, du Yémen, du Bahreïn, de la Syrie et de la Libye se sont soulevés à leur tour. Tandis que les Égyptiens ont pu chasser sans trop de mal le vieil autocrate Hosni Moubarak, il n’en a pas été de même des autres.
Au Bahreïn, petit émirat du Golfe à majorité chiite mais gouverné par un souverain sunnite, la contestation est sauvagement réprimée le 15 mars 2011 avec le concours de l’armée séoudienne.
En Syrie, où les minorités religieuses (chrétiens et Alaouites, musulmans apparentés aux chiites) appréhendent la dictature de la majorité sunnite, le gouvernement alaouite de Bachar El-Assad réprime la rébellion sans état d’âme, entraînant le pays dans le chaos (200 000 morts et plusieurs millions de personnes déplacées ou exilées).
Au Yémen, à la pointe de la péninsule arabique, des immolations par le feu, suivant l’exemple tunisien, débouchent sur de massives manifestations de rues. Le vieux président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, dont 21 à la tête du Yémen réunifié, quitte le pouvoir en février 2012. Son successeur, confronté à une rébellion chiite soutenue par l’Iran, doit s’enfuir en Arabie séoudite. Celle-ci engage aussitôt son armée au Yémen dans une guerre sans merci.
Rien de tel en Libye où une révolte éclate dès le 13 février 2011 à Benghazi, capitale de la Cyrénaïque, province orientale rivale de la Tripolitaine, laquelle demeure grosso modo fidèle à Mouammar Kadhafi. Celui-ci déclenche une véritable guerre contre la rébellion en faisant appel à des mercenaires africains. En suivant la côte méditerranéenne, ses troupes envahissent la Cyrénaïque en multipliant les exactions contre les populations civiles.
https://www.herodote.net/20_octobre_2011-evenement-20111020.php
GEOPOLITIQUE
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Cette attaque du Hamas, la destruction d’un hôpital gazaoui, l’assassinat du professeur d’Arras, mais aussi le renforcement des liens entre la Chine et la Russie doivent alerter sur la dangerosité du monde. Les informations transmises sont à recouper, et la réalité des faits doit être recherchée de manière permanente.
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1 – L’Etat islamique est-il défait ? Entretien avec M.Benraad
(Diploweb, Myriam Benraad, Pierre Verluise)
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L’auteur de l’attaque au couteau qui a tué un professeur, Dominique Bernard, le 13 octobre 2023 dans un lycée d’Arras (Pas de Calais) avait préalablement publié une vidéo revendiquant son geste au nom de l’Etat islamique (EI).
Voilà qui explique pourquoi nous remettons à la Une cet entretien initialement publié le 28 juin 2023. Nous ajouterons d’ici peu un complément spécifique au sujet de l’attentat d’Arras.
Pierre Verluise (P. V.) : En 2023, où se localisent les forces restantes de l’État islamique ?
Myriam Benraad (M. B.) : De manière certes paradoxale en raison des nombreux et cuisants revers essuyés par ce mouvement, le centre de gravité de l’État islamique demeure ancré en zone syro-irakienne, ne serait-ce que sur un plan symbolique. C’est dans cette région, en effet, que le groupe terroriste a réussi, même de manière éphémère, à implanter son « califat » et que ses leaders, vétérans du jihad irakien puis syrien, continuent de transmettre le flambeau de leur combat.
Depuis plusieurs années, on assiste par ailleurs à une résurgence de l’État islamique en Irak et en Syrie, attestée par une multiplication des attaques et assassinats ciblés, en particulier dans les zones les moins contrôlées par les forces armées et de sécurité. Les militants jihadistes sont donc loin d’avoir disparu de leur terreau moyen-oriental et recherchent toute opportunité qui permettra de déstabiliser les processus de reconstruction en cours. Pour le moins, ces hommes et femmes sont déterminés à user de leur pouvoir de nuisance autant qu’ils le peuvent.
Au-delà, l’une des grandes réussites de l’État islamique est d’avoir su propager sa cause en de nombreux points du globe, en Asie et en Afrique notamment. À la suite de la proclamation triomphaliste de son gouvernement en juin 2014 depuis Mossoul par Abou Bakr al-Baghdadi, tué dans une frappe de la coalition au cours de l’automne 2019, l’État islamique a placé dans son giron une constellation de formations armées en quête de reconnaissance et de prestige.
https://www.diploweb.com/L-Etat-islamique-est-il-defait-Entretien-avec-M-Benraad.html
2 – Gaza : des centaines de morts dans une frappe contre un hôpital
(RFI, avec Michel Paul, correspondant à Jérusalem)
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Au moins 200 personnes ont été tuées, mardi 17 octobre, dans une frappe sur l’enceinte de l’hôpital Al Ahli Arab de la ville de Gaza, ont annoncé les autorités du Hamas, qui accusent Israël. Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a dénoncé un « massacre » et a décrété trois jours de deuil national. Dans la soirée, l’armée israélienne a attribué la responsabilité de ce tir de roquette à l’organisation palestinienne Jihad islamique. Ce drame est intervenu quelques heures avant la visite de Joe Biden en Israël.
Le Hamas parle dans un premier temps de centaines de morts dans le périmètre de l’hôpital Al Ahli Arab, en plein Gaza. Par la suite, un autre communiqué de l’organisation palestinienne a donné des chiffres moins élevés. Selon le communiqué du ministère de la Santé du territoire palestinien contrôlé par le Hamas, « entre 200 et 300 » personnes sont mortes, et « des centaines de victimes se trouvent encore dans les décombres ».
Les images en tout cas sont très dures et ont rapidement circulé sur les réseaux sociaux. Israël a tout de suite affirmé que cela faisait l’objet d’une vérification. Cela intervient au moment de barrages de roquettes tirées depuis l’enclave palestinienne sur le centre d’Israël, notamment la région de Tel Aviv. Un regain de violence qui pourrait être le résultat de l’élimination dans le courant de l’après-
midi d’Ayman Nofal, le commandant de la brigade centrale des brigades Izz al-Din al-Qassam, la branche armée du Hamas. Un des chefs de guerre du Hamas le plus ciblé par l’armée israélienne.
En Israël, on estime qu’à quelques heures de la venue du président Biden, les tirs vont encore redoubler d’intensité.
Pour Israël, « le Jihad islamique est responsable »
L’armée israélienne a communiqué dans la soirée. Elle rejette toute responsabilité dans cette frappe, qu’elle attribue à l’organisation palestinienne Jihad islamique. « D’après des informations des services de renseignements, basées sur plusieurs sources que nous avons obtenues, le Jihad islamique est responsable du tir de roquette raté qui a touché l’hôpital », affirme l’armée dans un communiqué. Un porte-parole insiste : Israël ne cible pas les hôpitaux.
article de Air et cosmos :
3 – A Pékin, Xi-Jinping et Vladimir Poutine saluent le renforcement de liens « cruciaux »
(France24)
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La Chine et la Russie maintiennent une coordination stratégique étroite et efficace, a déclaré, mercredi, le président chinois, Xi Jinping, à son homologue russe, Vladimir Poutine, lors d’un entretien dans la capitale chinoise. Les volumes d’échanges commerciaux bilatéraux ont atteint un pic historique, selon Xi.
Confiance mutuelle « croissante ». C’est ainsi qu’a qualifié Xi Jinping, mercredi 18 octobre, les liens « cruciaux » qui unissent la Chine et la Russie lors d’un entretien à Pékin avec son homologue russe Vladimir Poutine.
« La confiance politique mutuelle entre les deux pays est en croissance constante », a-t-il déclaré à son allié selon l’agence officielle Chine nouvelle, au moment où les deux hommes affichent leur unité face à l’Occident.
Le dirigeant a appelé les deux pays à « sauvegarder l’équité internationale » et « la justice », selon la même source, soulignant « la coordination stratégique proche et efficace » entre la Chine et la Russie.
Les deux hommes se sont rencontrés en marge du forum des Nouvelles routes de la soie à Pékin.
Lourdement sanctionnée par les Occidentaux en raison de son offensive contre l’Ukraine, la Russie cherche à resserrer ses liens, déjà très étroits, avec la Chine, laquelle semble avoir pris l’ascendant dans leurs relations bilatérales.
Vladimir Poutine est l’invité de marque du forum qui se tient jusqu’à mercredi, avec la présence de représentants de quelque 130 pays, principalement du Sud. Il s’agit de son premier déplacement dans une grande puissance mondiale depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022, qui a isolé la Russie sur la scène internationale.
ECONOMIE
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L’économie, celle des marchés et des conditions de la réalisation des objectifs politiques révèle les luttes internes et externes qui vont dans la dynamique des tensions s’atteler à faire progresser les uns pour affaiblir les autres, notamment dans le domaine industriel.
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1 – Les guerres de l’espace et des microprocesseurs, deux secteurs clé de la rivalité sino-américaine
(Question Chine, François Danjou)
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De taille plus réduite que l’ISS, Tian Gong 天宫, la station spatiale chinoise, d’un poids total de près 70 tonnes, opérationnelle depuis fin 2022, peut accueillir trois astronautes. A une capsule centrale baptisée Tianhe 天和 – Harmonie céleste – d’un poids de 22,5 tonnes, lieu de vie et de travail des astronautes sont attachés deux laboratoires.
Le 4 octobre 2023 à Bakou, lors du 47e congrès mondial d’astronautique, Zhang Qiao de l’Association des technologies de l’espace (CAST) a annoncé une extension de la station à six modules qui portera son poids total à 180 tonnes.
Alors que Pékin exclu de l’ISS par Washington, espère en faire un point d’ancrage international pour l’exploration de l’espace, après le retrait de l’ISS en 2030, les Occidentaux échaudés par les tensions sino-américaines sont réticents.
Cette note analyse la compétition de puissance entre la Chine et les États-Unis vue sous l’angle des affichages très médiatisés des progrès technologiques chinois à partir de deux exemples récents rendus publics par Pékin.
Au milieu des offensives de Washington et de ses alliés occidentaux pour tenter de les étouffer par les sanctions, les embargos et un contrôle plus sévère des échanges scientifiques, Pékin vient de faire état de progrès spectaculaires dans deux secteurs clés, qui sont aussi des emblèmes particulièrement observés par le grand public.
Cibles privilégiées des ostracismes américains et fleurons symboliques de la maîtrise par la Chine des hautes technologies, il s’agit de la station spatiale Tiangong 天宮 et du champion chinois de la téléphonie mobile Huawei 华 érigés par Pékin en flambeaux de la capacité de riposte indépendante de la Chine aux sanctions américaines.
L’espace entre performances et propagande.
Le 4 octobre dernier, lors du 47e Congrès international d’astronautique à Bakou en Azerbaïdjan, un représentant de la CAST (Association chinoise des Technologies Spatiales – 中国科学技术协会 –) a révélé que la station spatiale Tiangong 天宮 serait agrandie de trois à six modules et que sa durée de vie opérationnelle serait prolongée au-delà de quinze ans.
Au moment où l’ISS approche de l’échéance de sa fin opérationnelle prévue en 2030, Pékin espère que, prolongeant un schéma que la NASA fait vivre depuis 22 ans, l’ajustement qui offrira à la communauté mondiale des astronautes une plateforme alternative pour des séjours en orbite spatiale, placera la Chine au centre des missions humaines dans l’espace proche de la terre.
2 – Chapsvision poursuit ses achats dans le Market Intelligence avec l’acquisition d’Owlint, spécialiste de l’OSINT
(Le Portail de l’IE, Agathe Bodelot)
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A l’occasion du Club IES organisé par Chapsvision ce mardi 17 octobre, son fondateur et PDG Oliver Dellenbach présentait la vision stratégique du groupe, ainsi que les synergies d’IE entre les solutions de Qwam, AMI EI et Geotrend. L’annonce de l’aboutissement d’Argonos positionne favorablement l’entreprise en lice pour l’OTDH demandé par la DGSI.
Une stratégie d’acquisition assumée pour peser sur le marché mondial
Une semaine après une nouvelle levée de fonds de 90 millions d’euros, Chapsvision acquiert la start-up française Owlint spécialisée dans la collecte et le traitement d’empreintes numériques grâce à l’OSINT. Qualium Investissement et Geneo se sont joints aux investisseurs historiques Tikehau Capital et BPIFrance, pour financer le développement sur le marché européen de Chapsvision à travers des acquisitions ciblées, telles que Geotrend et ACIC rachetées en juin dernier. La nomination de la reine de la fusion-acquisition Chantal Genermont à la tête de Chapsvision CyberGov en mars dernier affiche cette stratégie claire du groupe, dans l’objectif de devenir le champion européen de l’intelligence économique et stratégique.
Owlint complète ainsi les offres de Market Intelligence proposée par la plate-forme AMI EI intégrant les informations collectées massivement par Qwam, que les entreprises peuvent ensuite visualiser grâce à la cartographie Geotrend. L’OSINT s’inscrit en effet dans la logique d’une « importante multiplication de sources de l’information » a expliqué Thomas Binant, le fondateur de Geotrend. Lydie Nguyen Van TU, responsable du pôle conseil chez AMI EI, insiste notamment sur le fait que ces informations permettent d’alimenter une veille qui « n’est rien d’autre que de la connaissance client », ce en quoi convient Ali Laïdi, qui érige « l’intelligence économique comme un outil stratégique pour l’entreprise», depuis plusieurs années déjà à l’antenne de France 2
Suspens sans fin pour le projet de collaboration majeure avec la DGSI : OTDH
Le PDG Olivier Dellenbach annonce également lors de ce Club IES l’arrivée à maturité du système d’exploitation de données Argonos, proposant une alternative européenne à la plate-forme américaine Gotham du géant Palantir. Leader incontesté du traitement massif de données depuis 20 ans, la société Palantir partiellement financée par la branche capital-risque In-Q-Tel de la CIA travaille avec les renseignements américains… et français : elle équipe depuis 2016 la DGSI, faute de solution souveraine existante à l’époque.
Le risque majeur d’une back door cachée sur le logiciel américain a poussé la DGSI à lancer un appel d’offre national en 2020 pour l’élaboration d’un outil de traitement des données hétérogènes (OTDH), soit l’équivalent du Gotham américain. Chapsvision est alors sélectionné avec Blueway et Athéa pour la seconde phase du programme, et propose aujourd’hui la solution opérationnelle Argonos face à Athéa, la co-entreprise Thalès et Atos du big data souverain.
3 – L’automobile électrique pourra-t-elle accompagner la réindustrialisation ?
(Télos, Pierre-André Buigues, Denis Lacoste)
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Si pendant des années, l’industrie n’était pas la priorité des politiques économiques en France, un consensus existe désormais : sans industrie solide, pas de croissance économique durable, pas d’excédent commercial, pas d’innovation, pas de gains de productivité (et donc de gains de pouvoir d’achat), pas de souveraineté économique. L’industrie française s’étant effondrée pendant les années 2000, pour ne plus représenter que 11,5% du PIB (contre 20% en Allemagne), la réindustrialisation est devenue la priorité.
Compte tenu du poids économique de la filière automobile, on ne peut envisager cette réindustrialisation sans que cette industrie soit largement impliquée. Avant la crise du Covid, elle représentait en France, environ 400 000 salariés, plus de 10% des exportations de biens et plus de 20 milliards d’euros de valeur ajoutée (Direction Générale des Entreprises, Octobre 2022)
Pour le gouvernement, la transition vers les véhicules électriques pourrait être une formidable opportunité pour enrayer enfin le déclin de la production de voitures en France et amorcer rapidement la réindustrialisation. Est-ce crédible ?
Le déclin de l’industrie automobile en France et ses causes
Le déclin automobile français depuis le début des années 2000 a renforcé la désindustrialisation de la France. En vingt ans, entre 1995 et 2015, la France a perdu près de la moitié de ses usines et un tiers de ses emplois industriels. La contre-performance sectorielle de l’automobile est spectaculaire. La production des constructeurs automobiles français dans l’hexagone est passée de 2,88 millions de voitures particulières en 2000 à seulement 1,68 en 2012, et à 1,38 millions en 2022, au même niveau… qu’en 1973.
C’est un chiffre très inférieur à celui de l’Espagne, qui n’a pas de constructeur national et a produit, en 2022, 2,22 millions de véhicules ! Cinquième exportateur mondial de véhicules légers en 2000, la France ne fait plus partie du top 10 aujourd’hui. Sa part de marché à l’exportation au niveau mondial pour le secteur automobile est passée de 8 % en 2004 à 4 % en 2019
https://www.telos-eu.com/fr/lautomobile-electrique-pourra-t-elle-accompagner-l.html
DEFENSE ET SECURITE
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Trois articles relatifs à l’actualité de sécurité, qui démontrent la nécessité de la vigilance en la matière.
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1 – Face aux attaques terroristes, comment protéger les enseignants ?
(The Conversation, Claude Lelièvre)
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Trois ans après la mort de Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie tué à la sortie de son collège à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), l’assassinat ce vendredi 13 octobre 2023 de Dominique Bernard, professeur de français de la cité scolaire Gambetta-Carnot d’Arras ouvre à nouveau la question des protections à assurer dans les établissements scolaires, en particulier pour les professeurs qui peuvent subir des agressions venant de l’extérieur mais doivent aussi faire face à des mises en cause inadmissibles en interne, en particulier pour ce qui concerne les enseignements en EPS, SVT ou histoire.
Peut-on vraiment « sanctuariser » les établissements et les enseignements ? Un certain nombre d’annonces qui ont été faites dans le passé apparaissent difficilement applicables ou laissent dans l’ombre certains aspects du problème pourtant bien réels.
L’expérimentation des portiques à l’entrée des établissements
Pour sécuriser l’entrée des établissements scolaires, on songe immédiatement aux annonces concernant la mise en place de portiques, évoquée depuis une quinzaine d’années. En mai 2009, en visite au collège de Fenouillet en Haute-Garonne où une enseignante avait été poignardée par un élève de cinquième après son refus de lui retirer une punition, le ministre de l’Éducation Xavier Darcos avait ainsi déclaré envisager l’installation de dispositifs de détection de métaux devant certains établissements.
https://theconversation.com/face-aux-attaques-terroristes-comment-proteger-les-enseignants-215724
2 – La gendarmerie nationale investie dans la lutte contre la traite des êtres humains
(Gendinfo, Chef d’escadron Charlotte Desjardins et l’OCLTI)
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Le 18 octobre est la journée européenne de lutte contre la traite des êtres humains. Elle intervient peu après une semaine d’action européenne, les Joint action days Workers (JAD Workers), pour lesquels la France est leader par le biais de l’Office central de lutte contre le travail illégal (OLCTI). L’objectif est la recherche, sur le territoire européen, des situations de traite des êtres humains à des fins d’exploitation par le travail. Une opération réussie !
Depuis 2017, dans le cadre de la priorité « Trafficking in Human Beings » du cycle EMPACT, la plateforme européenne multidisciplinaire contre les menaces criminelles, la France, avec le concours de l’Espagne, de l’Italie et de la Roumanie, anime chaque année des journées d’action européennes de lutte contre l’exploitation par le travail. Elles ont lieu aux mois de juin et septembre et visent à apporter une réponse globale et coordonnée à ce phénomène criminel en Europe.
Pour la France, c’est la gendarmerie nationale qui est à la manœuvre, en s’appuyant sur l’Office central de lutte contre le travail illégal (OLCTI), coordinateur national de la lutte contre la traite des êtres humains aux fins d’exploitation par le travail. Europol apporte son appui dans l’organisation de l’opération, facilitant ainsi l’échange d’informations entre les partenaires, mais aussi l’identification d’organisations criminelles opérant sur le territoire européen. D’autres agences telles qu’Eurojust et Frontex y participent également.
De nombreux acteurs travaillent de concert, favorisant une prise en compte globale et efficace de la problématique, tout en apportant leur expertise. Auprès des services de gendarmerie et de police, la douane et l’Inspection du travail sont engagées, de même que la Mutualité sociale agricole (MSA), les Directions régionales de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL) ou encore l’Union de recouvrement des cotisations de Sécurité sociale et d’allocations familiales (URSSAF). Les comités opérationnels départementaux anti-fraudes (CODAF), co-dirigés par le procureur de la République et le préfet, complètent le dispositif.
3 – Alertes à la bombe. Les aéroports de Bordeaux-Mérignac, Biarritz et Pau évacués
(France3 régions, Baptiste Renaud)
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Trois aéroports d’Aquitaine ont été évacués vendredi 18 octobre suite à des alertes à la bombe. Il s’agit des aéroports de Biarritz, Pau et Bordeaux. Depuis que le plan Vigipirate a été relevé suite à l’attentat d’Arras vendredi dernier, neuf aéroports français ont été évacués en raison d’une alerte.
L’aéroport de Bordeaux-Mérignac est en cours d’évacuation suite à une alerte à la bombe, a indiqué sa direction ce mercredi peu après 14 heures. Selon les passagers, un millier environ, rencontrés à l’extérieur de l’aéroport, évacués jusqu’aux premiers parkings de l’aéroport, la sortie s’est faite dans le calme.
Au total, une douzaine d’avions ont été cloués au sol une grande partie de l’après-midi. C’est le cas du vol qui devait partir vers l’aéroport Lyon-Saint-Exupéry à 14h40 ou de celui qui devait s’envoler à 16h25 pour Brest, en Bretagne. Plusieurs vols internationaux vers Lisbonne, Londres ou Amsterdam sont également annulés. D’autres, vers Marseille ou Madrid, sont seulement retardés.
Vers 16h30, les personnels navigants étaient appelés à réintégrer l’aéroport, signe que l’inspection des démineurs est terminée. « Les doutes sur la menace ont été levés par les autorités« , informait l’aéroport quelques minutes plus tard sur les réseaux sociaux.
L’aéroport indique cependant que la prise en charge des passagers des vols retardés ou annulés sera faite, « au cas par cas« , par les compagnies aériennes. « La reprise des vols va se faire progressivement sur cette fin de journée« , informait aussi l’aéroport. Par ailleurs, 13 vols qui devaient atterrir à l’aéroport en ont été empêchés.
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Technologies stratégiques : les eurodéputés ouvrent la voie à un fonds de souveraineté européenne
(Euractiv, Théo Bourgery-Gonse)
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Le Parlement européen a voté en plénière en faveur d’un mandat de négociation pour une nouvelle plateforme sur les technologies stratégiques en Europe (STEP) mardi (17 octobre). Les eurodéputés ont néanmoins averti que cette plateforme ne doit être qu’un début vers un vrai fonds de souveraineté européenne.
Le règlement, présenté pour la première fois par la Commission en juin, vise à apporter un financement supplémentaire aux projets jugés d’importance stratégique dans certains secteurs technologiques clés.
En outre, il garantit que de tels financements soient réorientés vers les régions les plus pauvres de l’UE, assurant un soutien équitable au développement industriel européen.
Le mandat de négociation a été approuvé par 385 voix pour, 85 contre et 151 abstentions.
Il est ainsi temps que l’Europe « passe des paroles aux actes » lorsqu’il s’agit de « soutenir les investissements stratégiques », a déclaré José Manuel Fernandes, co-rapporteur de centre droit (Parti populaire européen, PPE), lors d’un débat en plénière lundi (16 octobre).
Johannes Hahn, le commissaire européen au Budget en charge du dossier, a quant à lui affirmé que la plateforme STEP contribuerait à « garantir que nous pouvons faire face [à la compétition mondiale,] renforcer l’innovation européenne et soutenir les entreprises européennes qui font face à une concurrence déloyale » créée par des acteurs tels que la Chine et les États-Unis.
La DGA lancera un « partenariat d’innovation » pour la future capacité de frappe dans la profondeur de l’armée de terre
(OPEX360, Laurent Lagneau)
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Au début de cette année, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, avait évoqué un possible achat du système d’artillerie américain M142 HIMARS [High Mobility Artillery Rocket System] pour remplacer les Lance-Roquettes Unitaires [LRU] encore en dotation au sein de l’armée de Terre. « Le principe est qu’on achète français mais il y a toujours eu des exceptions depuis le début de la Ve République », avait-il dit.
Puis, quelques semaines plus tard, lors de l’examen de la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30, le Délégué général pour l’armement [DGA], Emmanuel Chiva, expliqua qu’il y aurait un choix à faire entre deux options : l’achat sur « étagère » du M142 HIMARS, qui, ayant l’avantage d’être déjà sur le marché, était susceptible de présenter un « risque de dépense », ou le développement d’une « solution souveraine nationale ou européenne ».
Etudier la guerre. Perspectives historiographiques et épistémologiques de l’histoire de la guerre des années 1950 à nos jours
(Lignes de défense, Philippe Chapleau)
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Suivre à distance le colloque « Étudier la guerre. Perspectives historiographiques et épistémologiques de l’histoire de la guerre des années 1950 à nos jours » qui se tiendra à Montréal du 23 au 25 , c’est possible (voir ci-dessous).
Au-delà des réseaux habituels des Wars studies, ce colloque propose de dresser un autre bilan des Études historiques sur la guerre. Il s’intéresse à la guerre à travers son histoire et comme un fait total, en articulant des éclairages politiques, sociaux, cultures, géographiques et économiques. Pour favoriser les comparaisons synchroniques et diachroniques, il adopte une chronologie large et une perspective géographique résolument transnationale. Ce colloque souhaite montrer comment l’histoire militaire est devenue histoire de la guerre, en établissant le bilan de sa riche historiographie depuis le milieu du XXe siècle, en dressant un tableau de ses méthodes et de ses objets, présents et futurs et en esquissant les perspectives de ce champ de recherche. Il rassemble des chercheurs débutants et chevronnés, issus de différentes disciplines et venus de quatre continents.
QUELQUES ARTICLES EN LANGUE ÉTRANGÈRE
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- https://www.airforce-technology.com/news/honeywells-engines-to-propel-south-koreas-new-ch-47f-helicopters/
- https://www.naval-technology.com/news/general-dynamics-nassco-secures-754m-us-navy-ship-repair-contract/
- https://breakingdefense.com/2023/10/army-looks-at-revamping-acquisition-asks-for-industry-help-as-it-builds-network-of-the-future/
- https://www.spacewar.com/m/reports/Lockheed_Martin_to_deliver_high_energy_laser_systems_for_US_Armys_IFPC_HEL_Program_999.html
- https://www.spacewar.com/m/reports/BLACK_SKIES_23_3_USSF_conducts_largest_ever_joint_space_electromagnetic_warfare_exercise_999.html
- https://www.shephardmedia.com/news/digital-battlespace/multi-domain-integration-a-problem-acknowledged-solutions-foreseen-but-initiative-lacking/
- https://www.naval-technology.com/news/general-dynamics-electric-boat-delivers-virginia-class-submarine-to-us-navy/
- https://breakingdefense.com/2023/10/army-awaiting-100-plus-switchblade-600-attack-drones/
PARUS AU JOURNAL OFFICIEL
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Textes à ne pas négliger pour comprendre l’actualité de défense et de sécurité :
- Décret n° 2023-945 du 13 octobre 2023 relatif à la fixation des niveaux de prise en charge des contrats d’apprentissage
https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000048205595
- Arrêté du 11 octobre 2023 modifiant l’arrêté du 21 janvier 2019 portant application dans les ministères économiques et financiers du décret n° 2017-519 du 10 avril 2017 relatif au référent déontologue dans la fonction publique
https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000048205484
- Décret du 12 octobre 2023 portant nomination d’un directeur adjoint à l’Institut des hautes études de la défense nationale
https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000048205664
- Décret n° 2023-939 du 11 octobre 2023 relatif aux modalités de pilotage et d’évaluation de l’expérimentation de traitements algorithmiques d’images légalement collectées au moyen de systèmes de vidéoprotection et de caméras installées sur des aéronefs
https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000048197679
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