- ACTUALITÉS INTERNATIONALES
- LES ENJEUX DE LA DÉFENSE FRANÇAISE
- INDUSTRIE ET ÉCONOMIE
- GRANDS PROBLÈMES DE DÉFENSE ET DE SÉCURITÉ
Jacques Raimond
- ACTUALITES INTERNATIONALES :
- La Chine, nouvel artisan de l’ordre mondial ?
- 10/17 actualité internationale – synthèse de l’actualité internationale d’octobre 2017
- La nécessaire prise de conscience des Etats européens face aux enjeux sécuritaires dans les Balkans occidentaux
- LES ENJEUX DE LA DEFENSE FRANÇAISE :
- Outre-Mer : une poudrière, selon le patron de la gendarmerie
- Les opérations aériennes françaises devraient continuer au Levant, même après la fin de « califat » de l’EI
- INDUSTRIE ET ECONOMIE :
- Pétrole : vers un réveil des cours en 2018 ?
- La STAT innove
- Amazon et Microsoft unis sur le marché des assistants personnels
- GRANDS PROBLEMES DE DEFENSE ET DE SECURITE:
- La Méditerranée devra figurer à l’agenda du renouveau européen
- La contre-révolution arabe empêtrée dans ses contradictions
- Massacres et mascarades
ACTUALITÉS INTERNATIONALES
1 – La Chine, nouvel artisan de l’ordre mondial ? (IRIS, Interview de Barthélémy Courmont)
Sans surprise, le président de la République populaire de Chine a été reconduit comme Secrétaire général du Parti communiste chinois ce 25 octobre à l’issue d’un 19ème congrès qui n’a pas manqué de susciter l’émoi de la presse internationale. La Chine de Xi Jinping y a affiché la ferme ambition de prendre la tête du leadership économique et technologique. Le peut-elle également sur les questions stratégiques ? Pour nous éclairer, le point de vue de Barthélémy Courmont, directeur de recherche à l’IRIS
Au lendemain du 19e Congrès du Parti communiste chinois (PPC), Xi Jinping, le président de la République populaire de Chine, est conforté sur le plan politique et idéologique. Le terme « maoïsme » usité largement par la presse internationale au lendemain de sa réélection est-il pertinent pour qualifier ce nouvel horizon politique ?
Tout dépend de ce que l’on entend par maoïsme. S’il s’agit du contenu de la politique de Mao Zedong, alors Xi Jinping avec son socialisme à la chinoise et sa glorification de l’économie de marché en est très éloigné. Il est, sur ce point, plutôt l’héritier de Deng Xiaoping. Si on comprend par maoïsme la tactique politique, qui serait, pour paraphraser Clausewitz, la poursuite de la guerre par d’autres moyens, alors on retrouve sans doute chez Xi des éléments inspirés par Mao, que la campagne anti-corruption de son premier mandat symbolise. Mais de manière générale les comparaisons sont déplacées, et assez simplistes, sans doute par manque de recul et de connaissance sur ce pays. C’est un peu comparable à la tentation pour les observateurs étrangers de vouloir trouver, chez tous les dirigeants français, un peu de Napoléon ou de de Gaulle. Pourquoi faire systématiquement référence à Mao pour chercher à comprendre les dirigeants de la Chine, sinon pour mieux montrer notre incapacité à prendre la mesure des développements exceptionnels de ce pays depuis la mort du Grand timonier, il y a plus de quarante ans ? Xi Jinping a son propre style, et surtout un contexte que ses prédécesseurs n’ont pas connu, celui d’une Chine en position de force sur la scène internationale, et qui est en voie de devenir la première puissance économique mondiale. Certes, dans la méthode, l’habileté du président Chinois a consisté à réconcilier Mao et Deng, les deux figures de référence de la Chine contemporaine, comme pour mieux s’inscrire dans la continuité de ces dirigeants emblématiques. Mais le qualifier de maoïste est réducteur.
La Chine tend à se débarrasser définitivement de son statut « d’atelier du monde » qui l’a caractérisé au 20ème siècle pour se hisser à la pointe du progrès économique et technologique. Quelle est la Chine du 21ème siècle dessinée par Xi Jinping ?
Il s’agit là d’un vaste projet de reconversion de l’économie chinoise déjà amorcé par Hu Jintao, le prédécesseur de Xi, et son Premier ministre Wen Jiabao. Rappelons d’ailleurs au passage que le Premier ministre actuel, Li Keqiang, est proche de Hu. Les dirigeants de la Chine contemporaine ont compris que l’atelier du monde, s’il a permis à ce pays de sortir de la misère, doit désormais laisser place à une montée en gamme de l’économie. Il s’agit d’ailleurs là d’une réalité en partie consommée, et qui n’a pas attendu le 19e congrès du PCC pour se manifester. Ces efforts se traduisent par une réduction de la pauvreté, l’émergence de classes moyennes dans des proportions qui donnent le vertige, et une augmentation de la consommation intérieure. Cela se fait au prix d’une croissance moins soutenue et d’une transformation progressive de l’économie chinoise, qui était indispensable.
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http://www.iris-france.org/101529-la-chine-nouvel-artisan-de-lordre-mondial/
2 – 10/17 actualité internationale – synthèse de l’actualité internationale d’octobre 2017 (Diploweb, Axelle Degans*)
*Professeure de chaire supérieure au lycée Faidherbe (Lille) où elle enseigne la géopolitique en classes préparatoires économiques et commerciales. Membre du laboratoire HABITER (EA 2076) de l’Université Reims Champagne-Ardenne. Elle est notamment co-auteure chez Ellipses de Les 50 cartes à connaître, Coll. Atout concours, Paris, 2016 ; Histoire, Géographie, Géopolitique. Concours d’entrée aux grandes écoles, Coll. Atout concours, Paris, 2015.
Voici une synthèse de l’actualité internationale d’octobre 2017 qui sera fort utile à tous ceux qui veulent disposer d’un point de l’actualité géopolitique, voire préparent un concours. Pour ne rien manquer, et recevoir nos alertes sur des documents importants, le plus simple est de s’abonner gratuitement à notre Lettre d’information hebdomadaire ou au compte twitter de veille géopolitique @diploweb (plus de 10 000 followers)
Un divorce à la catalane ?
En Espagne, la communauté autonome de Catalogne a organisé un referendum illégal le 1er octobre 2017. Sur un corps électoral de 5,3 millions de personnes, 42 % sont venus s’exprimer – les grands partis politiques les conservateurs comme les socialistes et les centristes ont appelés les Catalans à ne pas participer à une élection inconstitutionnelle – et 90 % d’entre eux se sont prononcés pour une indépendance de la région. Ce referendum est un échec à plusieurs titres : il est illégal, la faible participation (42%) lui ôte toute forme de légitimité, il l’est aussi car le premier ministre Mariano Rajoy n’a pas su nouer suffisamment de contacts et un dialogue constructif en amont. Celui-ci a d’ailleurs clairement perdu dans un premier temps la bataille des images, celles des urnes confisquées, celles de violences nées d’interventions visant à empêcher le vote, qui ont abondamment circulées sur les réseaux sociaux. Est-ce pour autant une victoire pour Carles Puidgemont, président de la région catalane ? Rien n’est moins sûr. Que faire d’une élection où la majorité des Catalans ne s’est pas exprimée ? A-t-il réellement un plan pour une Catalogne indépendante ? Ce n’est pas certain au vu de ses tergiversations. Au regard du droit international, une Catalogne indépendante ne pourrait pas rester membre de l’Union européenne. Elle devrait donc – si elle devenait indépendante – postuler au statut de candidat et donc sortir de l’euro, comme de la garantie offerte par la BCE et du marché unique. Un vent de panique, attisé par Madrid, a déjà soufflé en octobre 2017 sur les investisseurs dont une bonne partie avait choisi la Catalogne pour le marché espagnol et non pas pour le seul marché catalan. Il existe désormais un « risque Catalogne » qui a effet répulsif sur le milieu économique. Cette région représentait en 2016 près du cinquième du PIB espagnol, elle était la quatrième région espagnole pour la richesse par habitant.
Le roi d’Espagne, Felipe VI, a tenu un discours très ferme rappelant l’intégrité du territoire espagnol. L’écrivain Mario Vargas Llosa, prix Nobel de littérature, appelle à un maintien de la Catalogne en Espagne. Il s’inquiète de l’hubris ambiante qui fait la part belle aux extrémistes et à l’expression des populismes. La fête de l’Hispanité a eu une résonnance particulière, 65 000 personnes ont défilé à Barcelone pour montrer leur attachement à l’Espagne. Celle-ci voit de nombreux drapeaux attachés aux fenêtres à travers tout le pays. Fait assez inédit – en dehors des rencontres sportives – du fait de la difficulté à exprimer le sentiment national dans l’Espagne postfranquiste. Les pays européens, comme les États-Unis, affirment leur soutien à Madrid face à Barcelone. Alors que Mario Rajoy annonce qu’il utilisera l’article 155 de la Constitution espagnole pour lever l’autonomie de la Catalogne et la placer sous tutelle, le 27 octobre 2017 Carles Puidgemont annonce unilatéralement l’indépendance de la Catalogne. Puis il quitte l’Espagne pour la Belgique où il cherche à obtenir un soutien des institutions de l’Union européenne, depuis Bruxelles. La crise espagnole est inquiétante et plonge le pays dans l’inconnu. Les pays européens, comme les États-Unis, affirment leur soutien à Madrid face à Barcelone. Pour tous, la Catalogne n’est pas un sujet de droit international. Le vrai problème pour la Catalogne n’est pas de se proclamer indépendante mais d’être reconnue comme telle…
… une fragmentation en Europe ?
Le referendum organisé en Catalogne en octobre 2017 donne des idées et risque d’alimenter un phénomène de fragmentation en Union européenne. En Italie, le 22 octobre 2017, Vénétie et Lombardie organisent un referendum pour obtenir davantage d’autonomie vis-à-vis de Rome. Il s’agit encore une fois, des deux régions les plus riches du pays qui ne veulent plus contribuer autant qu’elles le font aujourd’hui au budget du pays. Cela pose encore une fois la question de la solidarité entre régions riches et régions plus pauvres d’un pays, et illustre la montée des égoïsmes régionaux.
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3 – La nécessaire prise de conscience des Etats européens face aux enjeux sécuritaires dans les Balkans occidentaux (IRIS, Pierre Colomnia)
L’écho du conflit Syrien résonne dans les Balkans occidentaux
La Revue stratégique de défense et de sécurité nationale, présentée au Président de la République par la ministre des Armées Florence Parly le 13 octobre dernier, consacre seulement quelques lignes à la région des Balkans (dont les Balkans occidentaux). Trop succinctes pour décrire la géopolitique complexe de cet espace, celles-ci soulignent tout de même à minima, l’existence d’un risque de déstabilisation dans cette zone, alimentée aujourd’hui par l’existence de mouvements radicaux, notamment jihadistes. Ce phénomène doit pousser l’Union européenne à élargir sa vision des Balkans occidentaux, en y incluant une vraie prise en compte des enjeux sécuritaires de la région.
Le premier écho est celui du passage dans cette région de milliers de personnes qui ont quitté l’Irak et la Syrie depuis le début du conflit. Les pays des Balkans occidentaux, en particulier la Serbie et la Macédoine, ont été des pays de transit pour de nombreux réfugiés, en provenance de la Syrie[1], de l’Irak, mais également d’Afghanistan, du Bangladesh, du Nigéria, de Somalie, ou encore d’Erythrée. Mais depuis 2016, la « route des Balkans » est officiellement close, plusieurs pays (Macédoine, Slovénie, Croatie, Serbie) ayant en effet fermé leurs frontières aux migrants sans visa, quelques jours seulement après que l’UE ait refusé de décréter la fermeture officielle de cette « route ». L’autre conséquence, mais non moins subversive pour les Etats de la région, est la radicalisation de certains individus issus des pays des Balkans occidentaux. Cette réalité est révélatrice des enjeux sécuritaires actuels qui agitent les différents pays de la zone. La guerre en Syrie a été, comme le relèvent dans leurs travaux Jean-Arnaud Derens et Laurent Geslin[2], un « accélérateur des dynamiques en cours dans les Balkans ». Ainsi, le conflit agit comme un catalyseur de mouvements jihadistes sur la zone[3]. Un récent rapport d’Europol[4] estime à plus de 800 le nombre de départs pour la Syrie de personnes en provenance des Balkans occidentaux et partis combattre dans les rangs de l’Etat islamique. L’une de ces figures est Lavdrim Muhaxheri. Aujourd’hui décédé, cet individu d’origine kosovare est devenu une véritable image de propagande de l’Etat islamique dans la région. Effet sous-jacent à ces départs, celui du retour de ces combattants étrangers dans leur pays d’origine. Cette vague de jihadistes qui, pour certains reviennent dans les Balkans occidentaux inquiète les autorités officielles des différents pays. D’autant plus que l’Etat islamique a, à plusieurs reprises, menacé ouvertement l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine, et notamment certaines personnalités du monde musulman dans les Balkans. Plusieurs facteurs expliquent la capacité de résonnance de l’écho de la guerre en Syrie. Il faut bien entendu se garder du lien déterministe qui consiste à relier la radicalisation de certaines populations d’individus et les difficultés économiques auxquelles elles sont confrontées. Bien sûr, le contexte politique délétère et les difficultés sociales et économiques que traversent les différents pays de la région est de nature à nourrir l’approche radicale sur laquelle s’appuie l’Etat islamique dans la région. Mais celle-ci est également, et notamment, portée par certains prêcheurs qui agissent hors du champ de contrôle des autorités religieuses locales et des structures officielles, qui elles appellent à la prudence. Non sans gommer ici les spécificités locales propres à chaque territoire, ce phénomène s’est développé en Bosnie-Herzégovine, en Albanie, au Kosovo, au Monténégro ou encore dans le Sandjak, région située au sud-ouest de la Serbie. Il existe enfin un noyau d’individus, notamment en Bosnie-Herzégovine, qui porte en lui les germes du développement de courants radicaux. Implantés à la faveur de la guerre en Bosnie-Herzégovine (1992-1995), de nombreux combattants islamistes étrangers se sont depuis installés dans le pays de la région et ils ont contribué à rendre fertile le terreau dans lequel prennent racines certains courants radicaux dont l’écho résonne aujourd’hui sur ce territoire. Cette recrudescence de mouvements radicaux porte en elle son lot de risques potentiels dont l’UE doit se préoccuper.
Les enjeux sécuritaires ne se limitent pas au seul phénomène de la radicalisation
Les enjeux sécuritaires ne se limitent pas au seul phénomène de la radicalisation. L’instabilité chronique dont pâtit la région persiste depuis de nombreuses années et elle est elle-même alimentée par des trafics en tout genre (traite d’êtres humains, trafics de drogues, corruptions à diverses échelles, trafics d’armes…) – sur lesquels, parfois, s’appuient les réseaux terroristes pour prospérer. Par ailleurs, si le risque d’embrasement de la région est fort peu probable, la dégradation de la situation est notable pour certains pays. La Bosnie-Herzégovine connait une instabilité politique réelle, d’autant que le dirigeant de la République serbe de Bosnie (Republika Srpska) Milorad Dodik ne cesse de brandir la potentielle tenue d’un référendum d’indépendance, dans un pays déjà fragilisé par de vives tensions internes entre les communautés bosniaques, serbes et croates.
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http://www.iris-france.org/101655-la-necessaire-prise-de-conscience-des-etats-europeens-face-aux-enjeux-securitaires-dans-les-balkans-occidentaux/
LES ENJEUX DE LA DÉFENSE FRANÇAISE
1 – Outre-Mer : une poudrière, selon le patron de la gendarmerie (La Tribune, Michel Cabirol)
Dans les outre-mer, « le niveau de violence est en augmentation, avec des situations extrêmement tendues », a expliqué aux députés de la commission de la défense le directeur général de la gendarmerie, le général Richard Lizurey Vu du directeur général de la gendarmerie, la situation dans les outre-mer est extrêmement tendue, notamment à Mayotte et en Guyane. Le général Richard Lizurey se montrait pessimiste sur la violence dans ces territoires et a d’ores et déjà renforcé ses effectifs pour enrayer tout engrenage. Bien avant la visite d’Emmanuel Macron en Guyane ce week-end, le patron de la gendarmerie, le général Richard Lizurey avait fait part aux députés de la commission de la défense, de ses « préoccupations » sur la violence dans les outre-mer. Il ne se montrait pas particulièrement optimiste sur la situation, notamment à Mayotte, en Guyane et en Nouvelle-Calédonie… « Le niveau de violence y est en augmentation, avec des situations extrêmement tendues », avait-il précisé. Pour enrayer cette violence, la gendarmerie, qui dispose aujourd’hui de 83 véhicules blindés, en a déployé 38 en outre-mer. Les prédictions du général Lizurey se sont malheureusement vérifiées avec les très durs affrontements entre forces de l’ordre et manifestants du collectif Pou Lagwiyann dékolé (Pour que la Guyane décolle) dans la nuit de jeudi à vendredi, le premier jour de la visite d’Emmanuel Macron en Guyane. Pendant plusieurs heures, les forces de l’ordre ont tiré des gaz lacrymogènes destinés au départ à disperser un rassemblement devant la préfecture de Guyane. En réponse, des jeunes souvent cagoulés ont lancé des cocktails Molotov et des projectiles, notamment aux abords du commissariat, près de la célèbre place des Palmistes.
La Guyane, « le deuxième territoire le plus préoccupant »
Selon le général Lizurey, la Guyane est « le deuxième territoire le plus préoccupant » des territoires d’outre-mer après celui de Mayotte. Le directeur général de la gendarmerie n’évoquait pas spécialement l’orpaillage mais « des zones très peuplées, comme Saint-Laurent-du-Maroni, Cayenne et Kourou ». « La situation est assez difficile à Kourou, avec le centre spatial et ses cadres qui ont un niveau de vie correct, et tout autour, des gens socialement très défavorisés qui ne cherchent qu’une chose : aller chercher l’argent là où il est », expliquait-il. « Le niveau de violence augmente en Guyane, et je ne vois pas très bien comment les choses peuvent s’arranger, sauf à y envoyer des troupes », soulignait le patron de la gendarmerie, pessimiste sur la situation dans ce département français. La gendarmerie dispose déjà aujourd’hui de sept escadrons de gendarmes mobiles en renfort en Guyane.
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2 – Les opérations aériennes françaises devraient continuer au Levant, même après la fin de « califat » de l’EI (OPEX 360, Laurent Lagneau)
Entre les missions ponctuelles de police du ciel menées au profit des États baltes, les opérations Barkhane (Sahel) et Chammal (Levant), les vols de reconnaissance régulièrement effectués en Libye et la protection de l’espace aérien français (sans oublier les missions quotidiennes de service public), l’armée de l’Air est très sollicitée, au point que cela provoque une accumulation de « déséquilibres organiques ». Et le « risque d’un effondrement est réel », selon son chef d’état-major (CEMAA), le général André Lanata. D’autant plus que désormais, des opératiosn comme Chammal et Barkhane s’inscrivent dans le temps long. Et se pose donc la question de la « capacité à durer », c’est à dire à tenir la distance. C’est la raison pour laquelle le général Lanata plaide pour maintenir le nombre d’avions de combat en ligne à 215, alors qu’il était jusqu’à présent prévu de n’en compter que 185 en 2021, après le retrait en service des Mirage 2000N et des Mirage 2000C. Pour redonner du potentiel (le CEMAA parle de « réparer le présent »), il faudrait moins d’engagements. Et au vu de la situaction actuelle, l’on ne tend pas vers cela… Pourtant, il pourrait être envisagé de réduire l’effort en Syrie et en Irak, étant donné que le Califat proclamé par l’État islamique (EI ou Daesh), vit certainement ces dernières semaines, surtout après la défaite des jihadiste à Deir ez-Zor (ville reprise par les forces syriennes, aidées par la Russie) et al-Qaim (désormais sous contôle des troupes irakiennes, appuyées par la coalition dirigée par les États-Unis). Ainsi, la semaine passée, l’aviation française n’a effectuée qu’une seule frappe en Irak, pour 39 sorties, essentiellement dédiée au renseignement et à la reconnaissance. Mais tel n’est pas l’avis du général Lanata. « Il est difficile à ce stade de prédire avec certitude l’évolution de cette campagne dans les mois à venir. Après Raqqa, les opérations vont se poursuivre pour éliminer Daesh dans la basse vallée de l’Euphrate. La phase de stabilisation qui devrait suivre la chute du califat, sera certainement longue et exigeante en termes de moyens de renseignement, de surveillance et de reconnaissance (ISR) et d’appui aérien, bien que probablement moins cinétique que ce que nous avons vécu jusqu’à maintenant », a-t-il expliqué aux députés de la commission de la Défense. Et le CEMAA d’ajouter : « C’est du moins l’expérience que nous avons faite sur les théâtres d’opérations précédents en Afghanistan comme au Mali. Il s’agit d’une phase essentielle aux opérations militaires car elle conditionne souvent la reprise du processus politique et diplomatique. Il ne faut donc en sous-estimer ni l’importance, ni la complexité. » Par ailleurs, le général Lanata est revenu sur l’environnement complexe dans lequel doivent évoluer les aviateurs (mais aussi les marins de la chasse embarquée). « L’imbrication des forces au sol est de plus en plus marquée, au fur et à mesure que l’étau se resserre sur Daech en Syrie. Il en est de même dans les airs. Les avions de la coalition évoluent désormais quotidiennement dans un mouchoir de poche à proximité des Soukhoï russes et des Mig syriens, tout cela au cœur des systèmes de défense sol-air des forces armées russes et syriennes », a expliqué le CEMAA. Aussi, selon lui, « ceci illustre la complexité de la situation. »
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http://www.opex360.com/2017/11/04/les-operations-aeriennes-francaises-devraient-continuer-au-levant-meme-apres-la-fin-du-califat-de-lei/
INDUSTRIE ET ÉCONOMIE
1 – Pétrole : vers un réveil des cours en 2018 ? (Boursorama, Florentine Loiseau)
Le baril de Brent vient de franchir le seuil symbolique des 60 dollars et retrouve son plus haut niveau depuis 2 ans. Est-ce le début d’une hausse durable des cours du pétrole ?
Le baril de Brent vient de franchir le seuil symbolique des 60 dollars et retrouve son plus haut niveau depuis 2 ans. Le light sweet crude (WTI) se négocie quant à lui au-dessus des 54 dollars, au plus haut depuis fin février dernier. Depuis le point bas touché à 45 dollars en juin dernier, le baril de Brent a donc repris 15 dollars. Est-ce le début d’une hausse durable des cours du pétrole ? La première raison qui explique le réveil des cours tient à la perspective de resserrement de l’offre mondiale. Pour rappel, fin 2016, les membres de l’Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) et 10 autres producteurs dont la Russie décident de désengorger le marché et de soutenir les cours en réduisant leur production d’environ 1,8 million de barils par jour. Une décision qui a mis beaucoup de temps avant de porter ses fruits, car les accords de l’Opep jouent sur l’ambiguïté. L’organisation contraint les pays à réduire leur production d’or noir mais pas les exportations. Or «beaucoup de pays qui avaient des stocks considérables ont continué d’exporter massivement », analyse Benjamin Louvet, gérant matières premières chez OFI AM qui affirme qu’« aujourd’hui le déstockage est amorcé».
Les cours du pétrole ont intégré une prolongation des accords de l’Opep
Maintenant que l’accord de l’Opep remplit son rôle, les regards se tournent vers la prochaine réunion de l’organisation qui se déroulera fin novembre avec une question : y aura-t-il une nouvelle prolongation ? En attendant une décision officielle, les marchés sont à l’affut de la moindre déclaration susceptible de les éclairer sur l’issue des discussions à venir. La semaine dernière justement, ils ont salué la déclaration du prince saoudien Mohammed Ben Salmane qui a affirmé que l’Arabie Saoudite soutenait la proposition d’un renouvellement de l’accord. «Derrière cette volonté de prolonger l’accord se cache aussi un intérêt financier», ajoute Benjamin Louvet. «A court terme, Ryad n’a en effet aucun intérêt de laisser les cours chuter d’autant que depuis 2014, ses réserves de changes ont fondu comme neige au soleil», explique Benoit Hélin analyste-gérant matières premières chez SMA Gestion. Or, «la grande majorité des opérateurs financiers a déjà acheté la perspective d’une prolongation des accords de l’Opep», en témoignent «le niveau record des positions longues prises sur le Brent, la progression quasiment linéaire et la volatilité extrêmement basse des cours du pétrole depuis deux mois». Sauf que nous ne sommes pas à l’abri d’une mauvaise surprise. Si l’Opep décide de mettre fin aux quotas de production, la correction du marché pourrait être violente.
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http://www.boursorama.com/actualites/petrole-vers-un-reveil-des-cours-en-2018-0635fc21b3bf80ac444bc266897b7e7a
2 – La STAT innove ( TTU Online)
Intervenant depuis l’expression du besoin jusqu’au retrait du service des matériels, la Section technique de l’armée de Terre (STAT) est notamment en charge de l’adaptation réactive, aussi appelée innovation technico-opérationnelle. Il s’agit d’abord d’adapter, au sein des ateliers de la STAT ou avec l’industriel fournisseur, les équipements «basiques» à leur environnement, leurs missions et aux menaces auxquelles ils seront confrontés et qui sont parfois difficiles à anticiper. Parfois pour améliorer la survivabilité et réduire la fatigue des équipages, comme avec le rajout d’un marchepied sur VBCI, facilitant les montées fréquentes des fantassins lourdement équipés en Afghanistan. D’autres pour s’adapter à de nouvelles règles d’engagement, comme l’adaptation du fusil d’assaut pour opérer sur le territoire national (dispositif permettant de voir si une munition est dans la chambre du fait des chargeurs scellés et d’armes plombées). La STAT doit aussi faire preuve d’anticipation et de créativité en proposant des innovations techniquement accessibles et à coûts maîtrisés pouvant déboucher sur des expressions de besoin concrètes. C’est le cas du ballon léger de soutien expérimental, réalisé en interne et actuellement déployé dans la BSS pour la surveillance d’axes, ou d’un brancard spécifique aux hélicoptères de manœuvre Caiman (avec matériel médical intégré) lui aussi déployé en opex et qui sera bientôt fabriqué en série. «Catalyseur de bonnes idées», pour reprendre les termes de son patron, le général Rémi Fouilland, la STAT veille aussi à faire émerger et à capter les idées innovantes dans l’ensemble de l’armée de Terre. Ainsi, Auxylium, premier réseau de communications militaires sur le territoire national, équipant actuellement la force Sentinelle, est né de l’idée d’un lieutenant d’infanterie que la STAT a ensuite intégré. Autre exemple d’innovation «in house», le système de camouflage pour véhicule par scratchs amovibles : les changements de camouflages étant longs et relativement chers, les normes environnementales s’étant durcies et au vu des besoins futurs (Scorpion), cet ingénieux procédé permet, sur une couche de peinture uniforme et commune à tous les véhicules, d’ajouter des scratchs de couleur en un temps minimal («deux hommes deux heures»). Un concept qui devrait être adopté par l’armée de Terre, après une expression de besoin formulée l’année dernière
3 – Amazon et Microsoft unis sur le marché des assistants personnels (Le Temps, Loïc Pialat)
Amazon et Microsoft ont annoncé qu’Alexa et Cortana, leurs assistants personnels respectifs, seraient bientôt capables d’interagir. L’alliance met la pression sur Google et Apple
«Alexa s’est fait une nouvelle amie.» La formule utilisée par Jeff Bezos sur Twitter aurait presque l’air innocente. Elle annonce pourtant un événement majeur dans l’économie émergente de l’intelligence artificielle. Alexa, l’assistant personnel d’Amazon, sera compatible d’ici à la fin de l’année avec Cortana, son équivalent sur l’écosystème Windows. Ce partenariat inattendu a été suggéré par le patron d’Amazon à son homologue de Microsoft en mai 2016 lors d’un rassemblement de chefs d’entreprise à Seattle, la ville qui abrite les sièges des deux géants de la tech. Satya Nadella a rapidement adhéré au projet. «La personnalité et l’expertise de chacun des assistants seront telles que s’ils interagissent correctement, l’utilisateur en profitera. C’est une chose qui a résonné en moi et en lui. C’est ce qui a mené nos équipes à travailler ensemble », raconte le patron de Microsoft au New York Times. Dans quelques semaines, il suffira donc de dire «Alexa, ouvre Cortana» à son enceinte Echo pour activer l’assistant de Microsoft. Même chose dans l’autre sens pour profiter des 18 000 «skills» (compétences) qu’Alexa a à offrir. Interrogé par l’agence Reuters, Michael Pachter, un analyste de Wedbush Securities, confie sa surprise de voir les deux entreprises, concurrentes directes sur le marché du cloud – où Amazon Web Services devance Microsoft Azure – collaborer ainsi. «Cela dit beaucoup sur la qualité des deux dirigeants. Ils ont compris qu’il y avait plus à gagner à travailler ensemble qu’à essayer de se détruire», explique Michael Pachter.
Microsoft entre dans les salons, Amazon dans les bureaux
Le rapprochement a effectivement du sens. D’après EMarketer, le marché des assistants personnels va connaître une croissance de plus de 23% cette année. RBC Capital Markets a calculé qu’Alexa pourrait générer 10 milliards de dollars de chiffre d’affaires d’ici à 2020. Grâce à ses 10 millions d’Echo vendus aux Etats-Unis, Amazon représente 70% du marché des enceintes intelligentes. Le Home de Google pointe loin derrière en attendant l’arrivée du HomePod d’Apple. Pour Cortana, installée automatiquement sur Windows 10, c’est donc l’occasion d’exister ailleurs que sur PC. «S’assurer que Cortana est disponible pour nos clients partout et sur n’importe quel appareil est une priorité pour nous», a expliqué Satya Nadella dans un communiqué. Microsoft entre ainsi dans la vie quotidienne de ses clients : Echo peut se connecter à une télévision ou à un frigidaire et peut bien entendu passer une commande sur le site d’Amazon. La création de Jeff Bezos, de son côté, sort du cadre privé pour accéder, à travers Office365, au monde professionnel ainsi qu’aux 145 millions d’utilisateurs actifs de Windows 10. Le tout en profitant de l’expertise de Microsoft en matière d’intelligence artificielle. Bref, Alexa et Cortana compensent leurs faiblesses avec leurs atouts.
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GRANDS PROBLÈMES DE DÉFENSE
ET DE SÉCURITÉ
1 – La Méditerranée devra figurer à l’agenda du renouveau européen (Econostrum, Henri Marty-Gayuquié*)
*directeur honoraire de la BEI, membre du groupe d’analyse JFC Conseil
Sous le double effet de la crise économique mondiale et du terrorisme généralisé, les relations euro-méditerranéennes ont été marquées par le retour des logiques d’ordre, de l’objectif sécuritaire et du bilatéralisme interétatique. Il en est résulté une baisse généralisée de la volonté de coopérer – ce qui a affaibli durablement le peu d’instances régionales mises en place face aux crises : l’Union pour la Méditerranée, le Partenariat de Deauville ou le programme « Tunisia 2020 ». De même, la perte de vision régionale et la monté des populismes – eux-mêmes puissants facteurs d’incohérence dans le comportement des États – ont érodé, aux yeux des opinions européennes, l’intérêt d’une gestion collective des grands enjeux que sont la solution des conflits, la transition climatique et les migrations. Plus grave encore, l’Union européenne a peiné à adapter sa politique de voisinage méridional. Ainsi, de 2010 à 2016 trois politiques euro-méditerranéennes ont été proposées, sans être effectivement réalisées avant d’être révisées. Il en est résulté une multiplication confuse d’objectifs pour éviter d’avoir à définir des priorités et une politique concentrée sur deux leviers : les traitements différenciés par pays et la primauté de l’agenda sécuritaire.
Une affaire intérieure
Cette absence de l’Europe en Méditerranée est d’autant plus paradoxale que la région est bien plus qu’un voisinage, c’est une affaire intérieure. Outre les interdépendances humaines, culturelles, économiques et à présent climatiques que partagent tous les riverains de la « Mer commune » et leurs hinterlands respectifs, l’Europe et ses pays membres ont en commun de s’être reconstruits au sortir de la Seconde Guerre mondiale sur l’intégration régionale comme cicatrisant du conflit et de la décolonisation. D’où la résonnance si positive qu’avait reçu le sursaut démocratique arabe en Europe ; d’où, également, la présence si forte des institutions allemandes dans les pays arabes pour y porter la pratique de la démocratie. Mais, si la Méditerranée éveille de fortes connotations positives, elle est aussi associée à des peurs et ranime des clivages dans nos sociétés. Ceux-ci élèvent de fortes difficultés à la prise de conscience qu’ici encore, l’Europe a du sens et représente une opportunité. En outre, les pays de la rive sud peuvent difficilement prendre l’initiative d’une relance de la coopération régionale, tant leurs points d’appuis respectifs – qu’ils soient politiques, militaires ou financiers – diffèrent en cette période de sortie de crise ; notamment pour les pays du Machrek qui, plus que tous autres dans la région, dépendent de Washington pour l’aide internationale et des pays du Golfe ou de l’Iran pour la gestion des conséquences des conflits locaux.
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2 – La contre-révolution arabe empêtrée dans ses contradictions ( Orient XXI, Hicham Alaoui)
Près de sept ans après le début des révolutions arabes, la contre-révolution est partout à l’offensive. Pourtant, malgré ses succès, elle ne semble pas capable d’atteindre ses objectifs et d’imposer le retour à un ordre ancien.
Il ne fallut pas longtemps, après les premières protestations de masse qui ébranlèrent le monde arabe en 2010, pour que la contre-révolution organise la riposte. Elle allait faire ses débuts au Bahreïn, avec la proclamation du couvre-feu en mars 2011 et la répression du soulèvement populaire surgi dans cette petite monarchie du Golfe. L’onde de choc gagna ensuite la Syrie. Si au Bahreïn c’était un régime sunnite qui réprimait son peuple, en Syrie c’était le pouvoir représentant une minorité assimilée aux chiites qui faisait de même avec le sien. En peu de temps, la contre-révolution arabe prit les couleurs d’une guerre civile confessionnelle. La rivalité entre sunnites et chiites avait servi de prétexte à l’écrasement des manifestations au Bahreïn ; elle constitue à présent l’un des axes majeurs de confrontation interne au Yémen, en Syrie et en Irak. Les contre-révolutionnaires sunnites ont pourtant déjà perdu la partie. Certes, ils peuvent encore faire des dégâts, mais ils sont moins que jamais en mesure d’inverser le cours des événements. Le seul atout dont ils peuvent jouer est le fait que les sociétés avides de changement redoutent en même temps les pièges de l’aventurisme et de la guerre civile. L’État syrien a beau être devenu une abstraction pour une majorité de Syriens, il n’en reste pas moins un appareil contrôlé d’une main d’acier par le clan Assad. Par ailleurs, il paraît peu probable que la tension entre les États-Unis et l’Iran dégénère en conflit armé. Sa tapageuse dénonciation de l’accord sur le nucléaire iranien démontre que Donald Trump ne dispose en réalité que du terrain diplomatique pour en découdre avec son ennemi. Les Saoudiens ont commis l’erreur de préparer l’avenir à partir de la rhétorique du président américain plutôt que des intérêts politiques de son administration. Or ces intérêts dictent aux États-Unis de préserver leur accord avec l’Iran.
Soumission à Washington
D’autre part, la coalition arabe sunnite a fragilisé ses propres positions en s’en remettant pieds et poings liés à son allié américain. Le sommet de Riyad lors de la visite du président Trump en mai 2017 a illustré l’étendue de cette soumission. Le refus de Washington de se laisser entraîner dans une confrontation militaire avec Téhéran a pourtant mis en relief l’impuissance des gouvernements de la coalition sunnite. Le fait de payer pour la protection américaine n’a guère renforcé leur sécurité, elle a en revanche entamé leur crédit auprès de leurs opinions. Sur le plan régional, la coalition sunnite a abandonné ses partenaires sunnites irakiens. Ils ont pourtant participé à la campagne contre l’organisation de l’État islamique (OEI) et demeurent une minorité vulnérable dominée par un régime chiite placé lui-même sous la tutelle de l’Iran, même si une fracture s’est creusée au sein même du pouvoir à Bagdad. L’intransigeance de l’Arabie saoudite et surtout des Émirats arabes unis à l’égard du Qatar, accusé de trahison du fait de sa stratégie étrangère moins hostile à l’Iran et sa politique plus pragmatique à l’égard des islamistes, a provoqué une crise majeure dans le Golfe. La coalition sunnite avait déjà divisé sa base en organisant la répression des Frères musulmans ; la voici qui se divise au sommet en voulant imposer sa loi au Qatar. Qui plus est, l’un des aspects méconnus de la géopolitique locale tient à la découverte soudaine du nationalisme en Arabie saoudite et dans les Émirats, avec l’accession au pouvoir d’une nouvelle génération de dirigeants. La volonté affichée par ces derniers de défendre vigoureusement leurs intérêts à l’étranger, y compris par l’usage de la force militaire, a pu galvaniser leurs opinions publiques autour de l’affirmation d’une symbolique nationale. Il est cependant peu probable que cette adhésion soit durable. Au fond, ils exploitent ce que d’autres États arabes comme le Maroc ou l’Algérie ont su mettre en scène dans la foulée de leur indépendance.
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3 – Massacres et mascarades (L’Orient le Jour, Fifi Abou Bibi)
Dans le désordre : un islamiste ouzbek écrase délibérément des piétons et des cyclistes, dont un groupe de jeunes Argentins qui célébraient leur diplôme à New York. En Afghanistan, une citerne saute sur une mine et les flammes avalent un autobus géant chargé de passagers qui roulait derrière la citerne. Des enfants tués dans un attentat-suicide au Cameroun. Des dizaines de morts sur un marché, cible d’un raid aérien au Yémen. On n’y fait même plus attention. Nos ordinateurs sont les tam-tams d’un monde horrifiant. Pour couronner le tout, il pleut des porcs en abondance depuis que Weinstein a ouvert les vannes et que chacun balance le sien. Pas une femme, pas un enfant qui n’ait été exposé à des degrés divers à un prédateur sexuel. Désormais on le dit et c’est tant mieux. Mais cette campagne planétaire tourne à la caricature et dessert une cause fondamentale. À Venise, au XIIIe siècle, l’un des points d’orgue des festivités du Carnaval était la chasse au porc à travers les venelles de la cité. En ce moment, dans le même goût, c’est Carnaval tous les jours. Ou plutôt la Toussaint, nom commercial Halloween. On s’est déguisé. Eux en ogres ou vampires, elles en sorcières, chacun son charme, l’un cannibale, l’autre sournois. Ces personnages parallèles permettent à chacun d’évacuer sur le mode léger sa part obscure. Mais il faut croire que cette part obscure, une grande partie de l’humanité a choisi de la vivre au premier degré. Nous célébrons nos morts en nous déguisant en monstres. Ce faisant, ce ne sont pas les morts que nous célébrons, mais la Mort elle-même et ses infinis avatars difformes et nauséabonds. Son vrai visage est pourtant d’une banalité navrante et c’est pour défier cette banalité que nous tentons encore de faire de la mort un événement. Dans mon enfance, les corbillards Cadillac ornés de panaches noirs étaient précédés d’une fanfare qui jouait des airs angoissants. Sur les balcons, les commères se signaient. Au passage du cortège, les hommes arrêtaient leurs voitures, en sortaient sans claquer la portière, ôtaient leurs chapeaux, baissaient la tête. On ne met presque plus de chapeau. La mort était prétexte à resserrer les liens entre les vivants. Souvent, les chrétiens étaient enterrés par les musulmans des villages ou des quartiers voisins et les musulmans par des chrétiens. Ces usages maintenaient solidement la paix civile. Il serait bon de les remettre en pratique. Mais après tant d’épisodes de guerre, la mort et la guerre ont fini par s’entre-dévorer. Il y eut des périodes où les victimes étaient si nombreuses et la situation si dangereuse qu’à contrecœur on renonçait aux obsèques. On enterrait à la hâte, parfois loin du caveau familial, et chacun devenait pour ses proches un ultime cimetière. Aujourd’hui, au fil des informations et à mesure que nous parvient du monde entier le sinistre décompte quasi quotidien des victimes du terrorisme, nos cœurs, par habitude, font de la place à ces inconnus partis sans savoir ni comment ni pourquoi. La mondialisation, nouveau régime de ce nouveau millénaire, est aussi dans ce détail.