• ACTUALITÉS INTERNATIONALES
  • LES ENJEUX DE LA DÉFENSE FRANÇAISE
  • INDUSTRIE ET ÉCONOMIE
  • GRANDS PROBLÈMES DE DÉFENSE ET DE SÉCURITÉ

 Jacques Raimond

  • ACTUALITÉS INTERNATIONALES 
  1. L’avenir du Golfe se joue à Riyad
  2. L’OTAN n’a pas trouvé d’accord sur les effectifs de la mission Resolute Support en Afghanistan
  3. Terrorisme : que fait l’armée américaine en Afrique ?
  • LES ENJEUX DE LA DÉFENSE FRANÇAISE 
  1. Sécurité nationale : quels moyens pour quelles priorités ?
  2. Ecole de guerre, quelles places pour nos aviateurs ?
  3. Trois ans de retard pour le sous-marin nucléaire d’attaque Barracuda
  • INDUSTRIE ET ÉCONOMIE 
  1. Israël soutient ses exportations militaires
  2. Une majorité de salariés victimes de ransomwares paient de leur poche
  3. L’armée de terre souffre de fragilités capacitaires majeures
  • GRANDS PROBLÈMES DE DÉFENSE ET DE SÉCURITÉ
  1. Intelligence artificielle : le leadership américain en question
  2. Le Liban dans la guerre des axes après la démission de Hariri : la peur d’un nouveau chaos
  3. Les réseaux sociaux, d’abord une bénédiction, désormais un handicap pour la démocratie

 

ACTUALITÉS INTERNATIONALES

 

1 – L’avenir du Golfe se joue à Riyad (Les Echos, Laurence Daziano)

Laurence Daziano, maître de conférences en économie à Sciences Po, est membre du conseil scientifique de la Fondation pour l’innovation politique.

L’actuelle transformation de l’Arabie saoudite laisse penser qu’elle finira par prendre le dessus sur l’Iran. Au lendemain d’une vague d’arrestations sans précédent et à l’heure où la prise de pouvoir de Mohammed ben Salmane, le jeune prince héritier de trente-deux ans, s’accélère à Riyad, le Golfe traverse une période inédite de bouleversements géopolitiques, économiques et sociaux avec, en toile de fond, une compétition à marche forcée entre l’Iran et l’Arabie saoudite. L’Iran est engagé, à l’instar de la Russie et de la Turquie, sur la voie d’une renaissance impériale sur le plan géopolitique et militaire. Téhéran, qui possède le sentiment national le plus affirmé dans la région et la tradition administrative la plus développée, est l’héritier direct de l’Empire perse. De cette période, l’Iran a conservé une forte culture militaire et le sens de l’administration de provinces dominées par Persépolis, ce qui explique la force des unités militaires d’élite du régime, les Pasdaran, et la capacité iranienne à « administrer » sa relation avec ses alliés directs dans la région, le Hezbollah libanais, le régime syrien ou encore le Qatar. De l’autre côté, l’Arabie saoudite, régime qui fut pendant longtemps ultraconservateur sur le plan politique, social et religieux, a pris le tournant de la modernisation sous la férule d’un jeune prince, Mohammed ben Salmane qui s’est fixé comme objectif de sortir Riyad de sa dépendance par rapport au « tout-pétrole ». Après avoir évincé les autres princes de la succession directe, « MBS » a multiplié les annonces d’ouverture du royaume wahhabite : nouveaux droits ouverts aux femmes (droit de conduire,d’assister à des matchs dans les stades…), délivrance de visas touristiques, émission d’un premier emprunt, projets d’énergies renouvelables et d’ouverture du capital d’Aramco, la compagnie pétrolière saoudienne.

Renouvellement

La mise en place d’une commission chargée d’enquêter sur la corruption dans le secteur public, dirigée par le prince Mohammed ben Salmane, et l’arrestation d’une dizaine de princes, dont le prince milliardaire Al Walid ben Talal, et de plusieurs ministres, si elles marquent un raidissement, vont également dans le sens d’un profond renouvellement au sein du système saoudien, qui était largement clanique et corrompu.

Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/030850396609-lavenir-du-golfe-se-joue-a-riyad-2129149.php

2 –  L’OTAN n’a pas trouvé d’accord sur les effectifs de la mission Resolute Support en Afghanistan (Zone militaire, Laurent Lagneau)

La réunion des ministres de la Défense des pays membres de l’Otan, organisé à Bruxelles, le 9 novembre, n’a pas donné lieu à une annonce sur le renfort attendu de la mission Resolute Support, actuellement menée en Afghanistan. Pour rappel, Resolute Support, qui a pris le relais de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF) à la fin de l’année 2014, vise à soutenir et à former les forces de sécurité afghane sans . Ces dernières, malgré un appui des forces américaines déployées dans le pays, sont en difficulté face à la fois aux talibans et aux combattants de la branche afghano-pakistanaise de l’État islamique (EI-K). Désormais, elles ne contrôlent plus que 60% du territoire. Il était prévu de faire passer les effectifs de la mission Resolute Support de 13.000 à près de 16.000 militaires au début de l’année 2018. Plusieurs pays de l’Otan s’étaient dits prêts à participer à ce nouvel effort. Et cela, bien avant l’annonce faite par le président Trump d’une nouvelle stratégie américaine pour l’Afghanistan. Désormais, pour Washington, il s’agit de renforcer le soutien aux forces spéciales afghanes (qui sont plus aguerries et expérimentés que les autres unités de l’ANA) tout en faisant pression sur le Pakistan, dont les zones tribales servent de refuge aux taliban. La réunion du 9 novembre devait donc permettre d’avoir une idée précise des nouvelles contributions consenties par les Alliés. Ce qui n’a donc pas été la cas. « Nous sommes dans un processus d’augmentation du niveau de troupes » mais « nous n’avons pas finalisé cela. Il n’est donc pas possible de donner des chiffres finalisés », a en effet expliqué Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan. Les États-Unis s’étant engagés à envoyer 2.800 hommes supplémentaires au titre de la mission Resolute Support dans le cadre d’un effort plus vaste, les Alliés aurait donc à fournir un millier de soldats. Or, a priori, le compte n’y est pas étant donné que le total des contributions envisagées ne serait que de 700 militaires. « Plusieurs pays [de l’Otan] sont encore en train d’affiner leur contribution », a toutefois dit le général américain Curtis Scaparrotti, le commandant suprême des forces alliées en Europe (SACEUR). Alors que la situation se dégrade en Afghanistan, le général John Nicholson, le commandant de Resolute Support et des forces américaines déployées dans le pays, a expliqué que « nous avons dû nous battre avec les pires moyens que nous ayons eus en seize ans. » D’où  » l’impérieuse nécessité » de renforcer les effectifs de l’Otan pour former les forces de sécurité afghanes (et non pour participer aux combats). « Mon idée, c’est de me concentrer sur les choses que seules les forces américaines peuvent faire. Je ne voudrais pas employer ces forces à des choses que les alliés peuvent faire », a fait valoir le général Nicholson. L’Allemagne, qui compte un contingent important au sein de Resolute Support, est l’un des pays qui serait susceptible d’augmenter sa contribution. Mais son ministre de la Défense, Mme Ursula von der Leyen, a catégoriquement rejeté cette éventualité. « Les engagements pris jusqu’ici suffisent », a-t-elle dit.

 

3 – Terrorisme : que fait l’armée américaine en Afrique ? (Le point Afrique, Maya Kandel, pour the conversation)

L’Afrique est déjà la deuxième zone d’intervention dans le monde des forces spéciales américaines, après le Proche-Orient.

L’administration Obama a mis en avant, dans son bilan sur l’Afrique, ses initiatives phares dans les domaines de l’éducation, de l’énergie et des échanges commerciaux. Cette présentation omet toutefois une autre caractéristique de ce bilan : la militarisation croissante de la politique américaine – une tendance qui risque de s’accentuer sous son successeur Donald Trump. La lutte contre le terrorisme pourrait même devenir le prisme dominant de l’approche américaine du continent. Cette évolution découle de l’estimation de la menace à Washington, du poids croissant du Pentagone dans la mise en œuvre de la politique étrangère américaine en général, et en Afrique en particulier. Précisons d’emblée qu’elle est soutenue par le Congrès.

Dix ans d’Africom

Cette évolution signale aussi la transformation d’Africom – créé par George W. Bush en 2007 – d’un commandement censé mettre en œuvre une approche globale civilo-militaire à un commandement de plus en plus combattant. Un tournant lié à l’intervention en Libye en 2011 et à l’attaque du consulat américain de Benghazi en 2012, dans laquelle l’ambassadeur de l’époque trouva la mort. Les militaires américains présents en Afrique – environ 6 000 sur le continent, dont 4 000 sur la principale base de Djibouti – ont avant tout un rôle d’appui, de formation et d’assistance aux forces locales : il s’agit de ne pas apparaître comme un cobelligérant (le traumatisme de Mogadiscio en 1993 sous Clinton reste vif), le mot d’ordre sur le long terme demeurant celui des « solutions africaines aux problèmes africains ». Obama a en effet poursuivi la guerre globale des États-Unis contre les groupes djihadistes où qu’ils soient, tout en modifiant son approche militaire. Avec l’augmentation des groupes terroristes et de leurs activités en Afrique, le continent a constitué un laboratoire de la transformation opérée par Obama dans les engagements militaires américains. Cette mutation est elle-même guidée par le concept d’« empreinte légère » reposant sur la formation, l’équipement et l’appui aux forces armées des pays directement concernés par ces menaces sur le terrain. En témoigne la multiplication des références à des régions et pays africains dans plusieurs discours emblématiques d’Obama sur le terrorisme, en particulier le discours de West Point, ou celui de septembre 2014 annonçant la stratégie américaine vis-à-vis de l’État islamique dans lequel Obama citait en référence la stratégie mise en œuvre depuis plusieurs années en Somalie (ainsi qu’au Yémen). La montée en puissance de la présence de l’Afrique dans les intérêts américains découle de l’évaluation en hausse constante de la menace terroriste venue du continent. Ainsi, en 2012, le département d’État identifiait quatre organisations terroristes en Afrique subsaharienne ; aujourd’hui, il en identifie quatre fois plus.

Hiérarchie des priorités américaines sur le continent

La priorité des États-Unis en Afrique demeure la Somalie, les shebabs étant identifiés par Africom chaque année dans sa présentation au Congrès comme la menace principale visant les intérêts américains.

Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
http://afrique.lepoint.fr/actualites/terrorisme-que-fait-l-armee-americaine-en-afrique-10-11-2017-2171403_2365.php

 

LES ENJEUX DE LA DÉFENSE FRANÇAISE

 

1 – Sécurité nationale : quels moyens pour quelles priorités ? (Institut Montaigne, Nicolas Baverez)

« On ne ment jamais tant qu’avant les élections, pendant la guerre et après la chasse »

Georges Clemenceau

La sécurité constitue désormais, avec le chômage, la première préoccupation des Français : 46 % d’entre eux placent la lutte contre le terrorisme en tête des priorités nationales. Cette prise de conscience de nos concitoyens est légitime et cohérente. Elle est à la mesure des risques qui pèsent aujourd’hui sur les démocraties, et en particulier sur la France, et de l’accroissement des menaces.

Montée et mutation des menaces

Les surprises stratégiques s’enchaînent. Depuis 2014, les chocs et les ruptures se sont multipliés, bousculant les analyses développées par les Livres Blancs de 2008 et de 2013. Le monde du XXIème siècle devient extrêmement dangereux pour les démocraties confrontées simultanément au terrorisme islamique et à la pression des démocratures chinoise, russe et turque ; cette pression s’ajoute à l’hostilité de la théocratie iranienne et au chantage nucléaire de la Corée du nord, qui s’émancipe de la tutelle de Pékin. Dans le même temps, les attaques cybernétiques se multiplient contre les entreprises, les institutions mais aussi la vie de la cité, comme le montrent les interventions de la Russie pour manipuler les opinions dans les campagnes électorales aux États-Unis et en Europe. La guerre est de retour et sort des cadres qui lui avaient été assignés durant la guerre froide. Elle mute en échappant au monopole des États, en se faisant asymétrique ou hybride et en se déployant au cœur des sociétés. Depuis 2015, s’affirme un puissant mouvement de réarmement dans le monde. Les dépenses militaires représentent environ 1 700 milliards de dollars, soit 2,3 % du PIB mondial, et augmentent de 5 à 10 % par an. L’Asie investit 100 milliards de dollars de plus que l’Europe dans sa défense, notamment la Chine qui a augmenté son effort de 132 % en dix ans. Les nations émergentes se dotent de capacités aériennes, spatiales et de marines de haute mer. La prolifération nucléaire s’accroît, portée par la Corée du nord, l’Inde et le Pakistan, tandis que l’Iran menace de relancer son programme militaire en cas de remise en cause de l’accord de Genève par les États-Unis. La Chine et la Russie déploient des moyens de cyberguerre considérables et multiplient les offensives, à l’image des attaques russes sur la Géorgie, l’Estonie, l’Ukraine ou sur le site du parti démocrate durant la campagne présidentielle américaine. En bref, l’Occident voit se réduire, voire disparaître, l’avantage technologique dont il disposait. Les démocraties sont, par ailleurs, profondément ébranlées par l’embardée populiste des États-Unis qui, après avoir été très proches de provoquer une nouvelle déflation mondiale en 2008, minent les cadres et les règles de l’ordre mondial, à commencer par les traités de libre-échange et les alliances stratégiques, OTAN en tête. Les démocratures s’engouffrent dans la brèche et s’accordent sur l’émergence d’un nouvel ordre mondial post-occidental. Leurs régimes, qui institutionnalisent la violence à l’intérieur comme à l’extérieur, n’ont pas pour premier ennemi le fanatisme religieux mais les démocraties. 

La France en première ligne

En première ligne, la France et l’Europe sont particulièrement vulnérables. L’Europe est un continent vieux, riche et désarmé face à des peuples jeunes, pauvres et surarmés. La crise des migrants a démontré qu’elle ne contrôlait pas ses frontières. Les acquis de son intégration sont remis en question par le Brexit, au moment où elle ne bénéficie plus d’une garantie de sécurité automatique et fiable des États-Unis. Or, l’Europe subit la pression directe de la Russie de Vladimir Poutine et de la Turquie de Recep Erdogan. Elle constitue aussi un théâtre d’opérations privilégié pour les djihadistes, dont l’importance est renforcée par le recul de l’État islamique au Moyen-Orient à la suite des chutes programmées de Mossoul et Rakka. La France, du fait de son histoire, de ses valeurs et de ses engagements au Sahel comme au Levant, est tout particulièrement visée par les islamistes. Ceux-ci dénient toute profondeur stratégique à notre pays en projetant des opérations militaires sur le territoire français et en retournant contre la nation une partie de la population radicalisée grâce aux réseaux sociaux. Notre pays est ainsi, depuis le début de 2015, au troisième rang dans le monde pour les victimes du terrorisme – en dehors des zones de guerre. La France endosse, par ailleurs, une responsabilité particulière. Après le Brexit, elle demeure la seule nation européenne à disposer d’un siège de membre permanent au sein du conseil de sécurité de l’ONU, à assurer son autonomie de décision, à mettre en œuvre une dissuasion nucléaire indépendante, à posséder un modèle complet d’armée. Le redressement économique de la France et le rétablissement de la sécurité intérieure et extérieure sont indissociables. Il n’existe pas de développement sans sécurité, comme l’a montré la chute du tourisme et des investissements à la suite des attentats de Paris et de Nice. Il n’existe pas davantage de sécurité sans développement qui, seul, peut assurer la soutenabilité de l’effort financier requis afin de protéger la population et le territoire français.

Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
http://www.institutmontaigne.org/publications/securite-nationale-quels-moyens-pour-quelles-priorites

2 –  Ecole de guerre, quelles places pour nos aviateurs ? (défense.gouiv.fr, armée de l’air)

Passage incontournable des meilleurs officiers supérieurs de nos armées, l’École de Guerre forme chaque année de nombreux aviateurs. Une formation ouverte à tous, sans restriction et sans quota. Située à Paris, dans l’enceinte de l’École Militaire, l’École de Guerre (EdG) prépare les meilleurs officiers supérieurs des armées françaises et alliées. Ses critères d’exigence et d’excellence font de cette école, une référence en France comme à l’international. Chaque année, 150 à 200 officiers supérieurs la rejoignent au terme d’un processus particulièrement sélectif. Ils ont tous assumé avec succès au cours d’une première partie de carrière des responsabilités opérationnelles et de commandement au sein de leur armée d’appartenance. En 2017, ce sont 41 officiers de l’Armée de l’Air qui ont été admis et rejoindront à terme les rangs de l’EdG suite à leur réussite au concours d’entrée pour lequel l’Armée de l’Air n’appose aucun quota, de corps ou d’appartenance. Parmi ces 41 officiers, 23 sont issus du personnel navigant (PN) et 18 du personnel non navigant (PNN) ; et 1 aviateur sur 5 évolue en environnement interarmées.

Une répartition PN/PNN et un ratio « interarmées » qui peuvent s’expliquer par les éléments suivants : 

  • depuis les dernières évolutions RH de l’Armée de l’Air, certains officiers du corps des PNN, notamment les officiers des unités combattantes, ont vocation à rester en poste plus longtemps au sein de leurs unités opérationnelles et donc à effectuer le cursus interarmées après leur passage en EdG ;
  • la majorité des élèves de l’École de l’Air est issue du corps des PN. Cette répartition se retrouve donc tout naturellement parmi les postulants à l’École de Guerre. 

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http://www.defense.gouv.fr/actualites/fil-defense/ecole-de-guerre-quelles-places-pour-nos-aviateurs

3 – Trois ans de retard pour le sous-marin nucléaire d’attaque Barracuda (La Tribune, Michel Cabirol)

Le premier exemplaire des sous-marins de la classe des Barracuda « entrera en service avec retard, vers 2020 au lieu de 2017″, avait expliqué le chef d’état-major de la marine, l’amiral Christophe Prazuck. Ce n’est pas une trottinette mais un engin difficile à construire ». Le premier sous-marin nucléaire d’attaque de nouvelle génération Barracuda sera finalement livré à la Marine en 2020 au lieu de 2017. La Marine attendra encore. Au lieu de monter à bord du premier des six sous-marins Barracuda dès 2017, puis en 2019, les sous-mariniers patienteront donc jusqu’en 2020 pour plonger dans les eaux profondes à bord du Suffren. « En raison du retard industriel dans la construction du premier sous-marin, le calendrier de commande a été réexaminé et optimisé », a expliqué un document officiel du ministère de la l’Economie. Ainsi, la commande du cinquième sous-marin a été décalée en 2018 sans impact sur son calendrier de livraison, les équipements à long cycle d’approvisionnement ayant été commandés en 2017. La commande du sixième sous-marin est maintenue en 2019, les équipements à long cycle d’approvisionnement ayant été également commandés en 2017. « Le premier exemplaire entrera en service avec retard, vers 2020 au lieu de 2017, avait expliqué le 26 juillet 2017, devant la commission de la défense de l’Assemblée nationale, le chef d’état-major de la marine, l’amiral Christophe Prazuck. Ce n’est pas une trottinette mais un engin difficile à construire et des erreurs ont été commises, qu’il faut identifier, corriger puis rattraper ». Le décalage de livraison du premier sous-marin est dû à un retard industriel, avait expliqué le ministère de l’Economie. Un retard qui n’est pas très surprenant. Les audits lancés par Naval Group avaient mis en évidence en 2014 une augmentation des coûts à terminaison, particulièrement sur le programme Barracuda, en raison de retard dans les livraisons du groupe naval. Le calendrier du premier sous-marin Barracuda est resté très tendu. D’où le décalage de l’ordre de trois ans du Suffren. Ce qui oblige la marine nationale à prolonger l’usage des sous-marins Rubis. La disponibilité des sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) est tendue car il était prévu de diminuer ce parc d’une unité dès janvier 2017. « Nous avons constitué notre premier équipage et utilisons des simulateurs pour les former, mais j’attends avec impatience ce bateau, avait précisé le chef d’état-major de la marine. Le retard de livraison du premier de série, le Suffren, va m’obliger à prolonger l’usage des Rubis pour avoir en permanence six sous-marins nucléaires d’attaque en parc. Quand j’ai six SNA, un est en entretien de longue durée – pendant un an et demi ou deux ans -, un autre en entretien intermédiaire, un troisième en entraînement, un quatrième dans l’Atlantique, un cinquième en Méditerranée et le dernier soit dans l’Atlantique, soit en Méditerranée, soit dans l’océan Indien. Le format de six SNA – les Britanniques en ont sept – correspond donc à notre besoin opérationnel ».

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http://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/trois-ans-de-retard-pour-le-sous-marin-nucleaire-d-attaque-barracuda-756792.html

 

INDUSTRIE ET ÉCONOMIE

 

1 – Israël soutient ses exportations militaires (TTU Online)

Israël est décidé à doper ses exportations de matériel de défense en levant le maximum de restrictions imposées par l’agence de contrôle des ventes à l’étranger du ministère de la Défense. Cette politique, qui sera appliquée au début de l’année prochaine, vise en particulier à aider les entreprises spécialisées dans le domaine de la cybersécurité, les systèmes électro-optiques et les outils de lutte contre le terrorisme. Des centaines de sociétés n’auront plus à obtenir une licence de commercialisation délivrée par le ministère de la Défense pour leurs activités dans plus de cent pays. Jusqu’à présent, les exportateurs devaient dans un premier temps se doter de cette licence pour ouvrir des négociations avec un client, avant d’obtenir à la signature du contrat une licence d’exportation du ministère de la Défense. Cette procédure restera en place pour le matériel militaire «classifié». Les contrôles allégés profiteront notamment aux grands groupes tels que Rafael Advanced Defense Systems, qui a développé une importante activité dans l’électro-optique, Elbit Systems et Israel Aerospace Industries, qui ont investi dans la cyber-technologie. Mais ces nouvelles règles aideront également des centaines de PME, surtout dans les cyber-technologies. «Les délais pour l’obtention d’une licence de commercialisation s’étalaient en moyenne sur quatre mois», indique un responsable du ministère de la Défense. Sur les soixante-treize cyber-produits supervisés par l’Agence du ministère, seuls seize resteront «classifiés». «En 2016, mille deux cents licences de commercialisation ont été délivrées», ajoute cette responsable. Au hit-parade des ventes, figurent des systèmes conçus pour glaner des informations à partir de smartphones, des solutions pour la cyber-défense, des missions de renseignement, ainsi que des centres de formations. Détail important : les dispositifs «offensifs» permettant de lancer des opérations de sabotage ne sont pas concernés par les nouvelles règles. Les responsables israéliens espèrent que l’allègement des obligations imposées aux entreprises permettra la poursuite de la croissance des exportations de défense, qui ont augmenté de 14% l’an dernier, à 5,6 milliards de dollars. Plus de 35 000 demandes de commercialisation étaient jusqu’à présent présentées chaque année à l’agence de contrôle des exportations du ministère de la Défense, qui a du mal à gérer cette masse de procédures.

2 – Une majorité de salariés victimes de ransomwares paient de leur poche (Silicon, Christophe Lagane)

L’embarras et la préoccupation de récupérer les données poussent les salariés à payer de leur poche les rançons des ransomwares. La majorité des rançons réclamées pour récupérer des fichiers chiffrés suite à une attaque de ransomwares est payée par… les employés eux-mêmes. C’est du moins ce qu’affirment 59% des plus de 1000 salariés interrogés par Intermedia dans le cadre du second volet de son Data Vulnerability Report 2017. Le rapport de l’intégrateur de solutions Cloud nous apprend par ailleurs que « seuls » 37% des employeurs sortent le carnet de chèques (numériques) pour libérer les données prises en otage par un Wannacry, Petya ou autre Locky. Qu’est-ce qui motive un salarié de sortir jusqu’à 1 400 dollars, en moyenne, de sa poche ? La honte, l’embarras et la préoccupation de récupérer des données personnelles, avance Intermedia. Autrement dit, la plupart des victimes sont prêtes à payer pour ne pas dévoiler qu’elles sont tombées dans le panneau d’un rançongiciel. Ou limiter les risques de chute de productivité de l’entreprise.

19% des victimes ne récupèrent jamais leurs données

Parmi les 59% de collaborateurs qui crachent au bassinet, 73% sont des milléniaux, la génération pourtant considérée comme la plus au fait des nouvelles technologies. Dommage pour les 19% de cas qui ne récupèrent jamais leurs données même si la rançon a été payée. L’étude n’aborde pas la question de la responsabilité de l’infection que feraient peser les employeurs sur leurs salariés.

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https://www.silicon.fr/une-majorite-de-salaries-victimes-de-ransomwares-paient-de-leur-poche-189151.html?inf_by=59e0e60b671db83a3b8b48d2

3 – L’armée de terre souffre de fragilités capacitaires majeures (Zone militaire, Laurent Lagneau)

Il est à espérer que la « remontée en puissance » des Armées que laisse entrevoir le projet de loi de programmation des finances publiques pour les prochaines années ne soit pas compromise par les coups de rabot budgétaires dont on a l’habitude à chaque fin de gestion. (Et sur ce point, l’on peut nourrir quelques craintes). Pour rappel, après une hausse de 1,8 milliards d’euros pour 2018, il est prévu d’augmenter le budget des armées de 1,7 milliard par an, jusqu’en 2022. Or, aussi important soit-il, cet effort reste insuffisant pour atteindre, en 2025, les 50 milliards d’euros de dépenses militaires, promis par le président Macron lors de la course à l’Élysée. Sauf à y « mettre le paquet » pendant les trois années suivantes. Au passage, cette somme de 50 milliards ne correspondra probablement pas à un effort équivalent à 2% du PIB… étant donné que ce dernier, sauf grave crise économique grave, augmentera d’au moins 1,5% par an (en tout cas, c’est le but des mesures prises par le gouvernement). En un mot, cela veut dire que les Armées pourrait s’attendre à davantage. Mais on n’en est pas encore là. Car pour le moment, il s’agit de remédier à des fragilités capacitaires inquiétantes. Ainsi en est-il pour l’armée de Terre. Selon le rapport pour avis que vient de rendre le député Thomas Gassilloud, ces dernières, majeures, sont de nature à limiter « à court et moyen terme la protection et la réactivité des forces en opérations, ainsi que leur niveau d’activité et de préparation opérationnelle avant l’engagement. » Première fragilité, qui n’est pas vraiment une surprise : le segment des blindés médians, comme les chars AMX-10RC et ERC-90, ou encore les VAB. « Leur disponibilité technique est particulièrement faible et le coût de leur maintien en condition opérationnelle [MCO] est celui de matériels ‘en fin de vie’ », note le député. Et cela pose deux problèmes : le faible nombre de véhicules disponibles sur le territoire national rend compliqué la préparation opérationnelle des forces et le maintin de blindés vieillissants « conduit à engager en OPEX [opérations extérieures, ndlr] des véhicules dont les standards de protection sont dépassés. » D’où la nécessité d’accélérer le programme SCORPION, avec de recevoir au plus vite les Jaguar et autres Griffon. Plus préoccupant : la réduction temporaire de capacité dans le domaine de l’artillerie. Selon son contrat opérationnelle, l’armée de Terre doit disposer de 109 canons, dont 77 camions équipés d’un système d’artillerie (CAESAr) et 32 AUF1, ces derniers devant être indisponibles d’ici 2025, c’est à dire demain. Cela étant, les canons AUF1 ne sont plus utilisés en opérations, « en raison des contraintes opérationnelles que fait peser leur mobilité limitée sur les théâtres d’OPEX des dernières années », note le rapport. Du coup, les CAESAr sont sur-sollicités, notamment avec l’opération Chammal. « Sur les 77 canons en parc, 27 sont trop usés pour être réemployés avant de lourdes opérations de maintenance », souligne le rapport. Soit plus d’un tiers. Quant à l’arme du Génie, elle dispose de matériels désormais trop anciens. « Les engins blindés du génie (EGB) sont actuellement l’unique moyen de déblaiement puissant dont dispose la force opérationnelle terrestre, mais leurs obsolescences sont nombreuses », relève le député. Aussi, ajoute-t-il, « l’armée de Terre plaide donc en faveur d’un remplacement rapide de ces capacités, à partir de 2023, par le module d’appui au contact (MAC) prévu au titre de l’étape 2 du programme SCORPION. » S’agissant des moyens de transport, rien n’est actuellement prévu pour remplacer les camions GBC, à bout de souffle après 40 ans de service. Les moyens C4ISR (pour Computerized Command, Control, Communications – Intelligence, Surveillance, Reconnaissance) de l’armée de Terre ont des faiblesses. Le rapport fait état d’une « rupture technique sur les réseaux de transmission de théâtre liée à la fin de vie du système de réseau intégré des transmissions automatiques (RITA) », d’une « insuffisance du nombre de plots du système de drone tactique (SDT) disponibles pour répondre aux besoins », d’une « très forte sollicitation opérationnelle des moyens tactiques de renseignement d’origine électromagnétique » et, enfon, d’un « manque de radars dits ‘de déconfliction’, nécessaires à la maîtrise des approches aériennes pour le combat aéroterrestre. » Autre lacune identifiée, qui n’est pas nouvelle : le sous-investissement en faveur des « petits » équipements dits de cohérence. Manquant de visibilité par rapport aux grands programmes d’armement, ils passent souvent à la trappe quand il s’agit de grappiller quelques euros. « Les ‘petites’ d’opérations d’équipement ont été négligées dans la programmation militaire en cours et dans la précédente », fait observer le député. Les fragilités concernent également les ressources humaines. Avec des effectifs d’une force opérationnelle terrestre portés de 66.000 à 77.000 hommes, l’on pourrait penser qu’il n’y a (plus) de problème. Erreur! Car en matière d’équipements, toutes les conséquences de la hausse de ce format n’ont pas été tirées, c’est à dire que les véhicules (de liaison, blindés, de transport) et des matériels spécifiques ne sont pas en nombre suffisant. Ainsi, par exemple, au 3e Régiment d’Infanterie de Marine (RIMa), seulement 4 compagnies sur 5 sont dotées d’équipements FELIN (fantassin à équipement et liaisons intégrés). « Globalement, porter le format de la FOT à 77 000 hommes aurait supposé que l’ensemble du parc d’équipements ait une dimension cohérente avec celle des effectifs, et c’est pour l’heure un ‘angle mort’ de la programmation aux yeux du général Bosser, le chef d’état-major de l’armée de Terre », souligne le député.

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http://www.opex360.com/2017/11/06/larmee-de-terre-souffre-de-fragilites-capacitaires-majeures/

 

GRANDS PROBLÈMES
DE DÉFENSE 
ET DE SÉCURITÉ

 

1 – Intelligence artificielle : le leadership américain en question (IRIS, Charles Thibout)

« Celui qui deviendra leader en ce domaine sera le maître du monde », déclarait Vladimir Poutine à propos de l’intelligence artificielle (IA), le 1er septembre dernier. La formule a fait grand bruit aux États-Unis, où l’on observe avec crainte le développement spectaculaire de l’IA, non seulement en Russie, mais surtout en Chine. Sur Twitter, Elon Musk, PDG de Space-X, n’a pas tardé à réagir à la sentence russe : « Chine, Russie, bientôt de futures puissances informatiques. La lutte entre nations pour la supériorité en IA causera probablement la Troisième Guerre mondiale. » Le milliardaire américain a très tôt fait part de ses inquiétudes quant à l’utilisation militaire de l’IA. Dès 2015, il a d’ailleurs fondé OpenAI, un centre de recherche sur l’IA, dans le but de développer l’intelligence artificielle « au bénéfice de l’humanité ». Il s’avère cependant qu’une large part des investissements liés à l’IA dans le monde sont à visée militaire. En juillet 2017, le fabricant d’armes Kalachnikov annonçait ainsi le développement de Soratnik, une arme autonome utilisant un réseau de neurones, capable de détecter une cible et d’agir sans contrôle humain, en « choisissant » d’éliminer ladite cible ou non. Ce petit char blindé serait susceptible d’accueillir un arsenal complet : mitrailleuses, canon, missiles anti-aériens… Depuis 2015, un engin autonome est déjà utilisé par les Russes en Syrie : le Platform-M, un robot autonome de reconnaissance et de déminage.

Inquiétudes américaines

Le développement exponentiel de l’IA militaire inquiète particulièrement le gouvernement américain, qui craint qu’à terme le leadership de ses forces armées ne soit menacé. Le 1er novembre 2017, Eric Schmidt, président exécutif d’Alphabet (société mère de Google) et directeur du Defense Innovation Advisory Board du Département de la Défense américaine, mettait en exergue le risque, pour les Etats-Unis, de perdre la première place dans le domaine de l’IA. Pour l’ancien PDG de Google, « l’intelligence artificielle est la nouvelle frontière »[1], autrement dit, le nouvel espace sur lequel les États-Unis doivent imposer leur suprématie. En reprenant à son compte la théorie de l’historien américain Frederick Jackson Turner (1893)[2], qui faisait de la « frontière » un élément central de l’identité américaine, au moment où s’achevait la conquête de l’Ouest, il sous-entend que, si les États-Unis ne se rendent pas maîtres et possesseurs de ce nouvel espace de conquête, leur identité et leur supériorité seront menacées.

Les pesanteurs bureaucratiques

Eric Schmidt exhorte, par conséquent, le Département de la Défense à investir massivement dans ce champ de recherche pour rattraper son retard. Et pour cause, les cadres de l’armée américaine sont fortement attachés à la surveillance humaine et ont largement délaissé les recherches en IA. Le problème, explique Schmidt, en matière d’intelligence artificielle, c’est que cinq, dix, voire trente années s’écoulent entre le lancement du projet et le moment où il est effectivement achevé et opérationnel. Il y a donc urgence.

Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
http://www.iris-france.org/102314-intelligence-artificielle-le-leadership-americain-en-question/

 

2 – Le Liban dans la guerre des axes après la démission de Hariri : la peur d’un nouveau chaos (L’Expression, Chaabane Bensaci)

Saâd Hariri a échappé à un attentat «opportunément déjoué», a rapporté Al-Arabiya. C’est à Beyrouth que «les malfaiteurs planifiaient de  commettre leur acte criminel».»Les organisateurs de la tentative ont perturbé le fonctionnement des tours de surveillance au passage de son convoi», a-t-elle indiqué.

La démission surprise du Premier ministre libanais Saâd Hariri, annoncée depuis l’Arabie saoudite, a retenti comme un coup de tonnerre dans le ciel du pays du Cèdre, faisant planer le spectre d’un retour au conflit qui avait profondément divisé le Liban pendant presque deux décennies. Proche de l’Arabie saoudite et adversaire déclaré du Hezbollah malgré la présence des représentants de cette formation chiite au sein du gouvernement qu’il dirigeait, Saâd Hariri a pointé un doigt accusateur sur le «travail de sape» que ce parti orchestrerait au point de rendre les équilibres issus de l’accord  de Taef extrêmement fragiles. Tous les analystes s’accordent à dire que cette décision de Hariri va avoir des répercussions dramatiques sur le Liban, preuve qu’il ne s’agit pas là d’une nouvelle mini crise gouvernementale dans un pays qui en connaît des plus graves et surtout des plus répétées. Le fait que le Premier ministre sortant ait dénoncé «la mainmise» et «l’ingérence» de l’Iran, puissance tutélaire du Hezbollah censé être le cheval de Troie dans les affaires libanaises est en outre un facteur de rupture à la fois extrême et plus lourd de conséquences que ne saurait assumer un Liban confronté depuis quatre ans au moins à des turbulences politiques et confessionnelles qui n’en finissent pas. Saâd Hariri a visiblement cherché à «pourrir» une situation qu’il sait pertinemment ne pas pouvoir contrôler et avec son «coup politique» de la démission, il provoque sciemment une guerre froide dont nul ne sait quand elle dégénèrera en guerre civile alors que seul le Hezbollah est, de tous les partis libanais, une force aussi bien militaire que politique. Au lendemain de la guerre civile qui dura de 1975 à 1990, cette formation a en effet conservé son statut et ses moyens et ce sont ces attributs qui ont suscité les critiques, au cours des sept dernières années, avec l’engagement manifeste du Hezbollah dans la guerre contre le terrorisme en Syrie.  La division entre le camp chiite et le reste des Libanais, sunnites et chrétiens confondus, est arrivée à un point de non-retour. Et ce qui se passe au Liban n’est que le reflet du bras de fer que se livrent, sur la scène du Moyen-Orient, l’Arabie saoudite et l’Iran, ce dernier ayant réussi une percée spectaculaire sur plusieurs fronts comme en Irak et au Yémen tout en sauvegardant la Syrie du président Bachar al Assad. C’est avec l’assassinat du père de Saâd Hariri, Rafik Hariri, en 2005, pour lequel le régime du président syrien Bachar al-Assâd a été pointé du doigt et cinq membres du Hezbollah mis en cause par un tribunal international que l’abcès a éclaté au grand jour. Il y eut, rappelons-le, plusieurs autres assassinats de personnalités libanaises hostiles à Damas, puis la guerre entre le Hezbollah et Israël qui dut se résoudre au retrait du territoire libanais occupé, et enfin une paralysie du Liban pendant plusieurs mois avant que ne soit trouvé un terrain d’entente précaire. Douze ans plus tard, on peut dire que le contexte n’a guère évolué et que tout le Liban est encore installé sur une poudrière. Saâd Hariri, qui le sait bien, n’a pas hésité cependant à agiter lors de l’annonce de sa démission la crainte d’être assassiné à son tour. Pourquoi? Par qui? Suivez son regard. Jamais la tension n’aura été aussi forte entre l’Arabie saoudite et l’Iran que depuis cette année, le contexte syro-irakien ayant largement contribué à la détérioration du climat politique et militaire des deux grands rivaux de la région. D’où le timing qualifié de surprenant, tout comme le lieu de l’annonce, alors qu’il n’en est rien si l’on considère les objectifs recherchés par le Premier ministre démissionnaire qui avait fini par se rallier au président Michel Aoun, contraint et forcé. Hariri veut en même temps disqualifier le gouvernement qu’il conduisait pour mettre à nu le Hezbollah devenu prédominant au point d’y dicter ses conditions et provoquer, au besoin, la rupture définitive entre les deux camps antagonistes pro-iranien et pro-saoudien. La confrontation directe entre les deux puissances régionales étant encore probable, il y trouverait matière à se positionner, anticipant le tournant. Sinon, il resterait à l’autre puissance qu’est Israël de rouvrir les hostilités avec un Hezbollah devenu par trop encombrant.

 

3 – Les réseaux sociaux, d’abord une bénédiction, désormais un handicap pour la démocratie (Le nouvel économiste, The economist)

Un système fait pour susciter l’attention est facilement manipulable

“Allez les gars, soyons sérieux. Si vous voulez vraiment faire quelque chose, ne cliquez pas juste ‘like’ sous ce post. Écrivez que vous êtes prêts et que nous pouvons tenter de faire quelque chose.” Moustafa Nayem, un journaliste ukrainien, a publié ces mots sur sa page Facebook au matin du 21 novembre 2013. En une heure, son message avait généré 600 commentaires. Voyant cela, M. Nayem a posté un nouveau message, appelant ses abonnés à se rassembler le jour même sur la place Maidan, à Kiev. Trois mois plus tard, le président de l’Ukraine Viktor Ianoukovitch était destitué. À l’époque, cela n’avait presque rien d’étonnant. Depuis les manifestations autour des élections de 2009 en Iran, puis lors des soulèvements populaires suivants, le rôle de Facebook et de Twitter était connu et applaudi. Ces révoltes propulsées par les médias sociaux n’ont souvent pas accompli grand-chose. Cinq mois avant la publication du premier message de M. Nayem en Ukraine, l’armée avait repris le pouvoir en Égypte, où les médias sociaux avaient fait tomber le président Moubarak en 2011. Mais l’idée était installée : les médias sociaux étaient synonymes de pluralité, de démocratie et de progrès dans le monde entier. En connectant les simples citoyens et en leur donnant une voix.

“Depuis les manifestations autour des élections de 2009 en Iran, l’idée était installée : les médias sociaux étaient synonymes de pluralité, de démocratie et de progrès dans le monde entier. En connectant les simples citoyens et en leur donnant une voix”

Quelques mois après les manifestations “Euromaidan” de Kiev et la chute de M. Ianoukovitch, une information moins remarquée a jeté une ombre troublante sur l’utilisation des médias sociaux. En août 2014, Eron Gjoni, un chercheur en informatique vivant en Amérique, publia un long post de blog sur sa relation avec Zoe Quinn, une conceptrice de jeux vidéo, insinuant qu’elle avait couché avec un journaliste pour obtenir une bonne critique de son nouveau jeu, Depression Quest. Ce post de blog a été l’épicentre du “Gamergate”, une campagne misogyne sur les réseaux sociaux. Des hommes (blancs pour la plupart) s’encourageaient mutuellement en ligne à attaquer dans le monde du jeu vidéo, et au-delà, les féministes et autres “guerriers de la justice sociale”, qu’ils méprisent. Selon certaines estimations, plus de deux millions de messages portant le hashtag #gamergate ont été publiés entre septembre et octobre 2014. La campagne a sévi dans tout l’éventail des réseaux sociaux. Des vidéos, des articles et des documents publiés pour gêner “l’ennemi” – une pratique appelée “doxing” – ont été postés sur YouTube et des blogs. Ceux qui n’étaient pas directement impliqués ne se sont pour la plupart aperçu de rien. Et surtout, quand les grands médias ont pris conscience de la campagne, ils l’ont mal interprétée. Ils ont cru que Gamergate était un débat sérieux, dans lequel les deux camps devaient être écoutés, au lieu d’y voir une campagne de diffamation d’extrême droite. Si l’on se retourne pour mesurer l’impact des médias sociaux sur la politique ces deux dernières années, ce sont les sordides fake news (fausses informations) du Gamergate, et non l’idéalisme des activistes d’EuroMaidan, qui ont pris le dessus. En Allemagne, le parti d’extrême droite Alternative fur Deutschland (AfD) a remporté 12,6 % des sièges au parlement grâce aux peurs et mensonges répandus sur les réseaux sociaux, tel que par exemple l’information selon laquelle les réfugiés syriens percevraient des allocations supérieures à celles des Allemands. Certains en sont terrorisés. En 2010, Wael Ghonim, un entrepreneur égyptien, étudiant à Harvard, était l’un des administrateurs de la page Facebook appelée “We are all Khaled Saeed”. Cette page a été l’un des détonateurs du soulèvement de la place Tahrir. “Nous voulions la démocratie” dit-il aujourd’hui “mais nous avons eu la meute-ocratie”. Les fake news transitant par les réseaux sociaux sont l’un des “problèmes politiques les plus graves pour les dirigeants politiques du monde entier”, selon Jim Messina, consultant en stratégie politique qui a travaillé pour plusieurs présidents et Premiers ministres. Les gouvernements ne savent tout simplement pas comment faire face. À l’exception, bien sûr, de ceux qui en tirent profit. Aux Philippines, le président Rodrigo Duterte a son “armée de claviers” pour répandre de fausses informations. En Afrique du Sud, Jacob Zuma bénéficie lui aussi de la protection d’une armée de “trolls” en ligne. Et puis, il y a la Russie, source de nombreuses désinformations, avec sa culture politique peu préoccupée par le concept de vérité. La Russie s’est engouffrée dans le côté obscur des médias sociaux, comme le rat dans une conduite d’égout. Non seulement en Russie, mais également lors d’opérations à l’export.

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