- ACTUALITÉS INTERNATIONALES
- LES ENJEUX DE LA DÉFENSE FRANÇAISE
- INDUSTRIE ET ÉCONOMIE
- GRANDS PROBLÈMES DE DÉFENSE ET DE SÉCURITÉ
Jacques Raimond
- ACTUALITES INTERNATIONALES :
- Le Liban et le Proche-Orient ébranlés par l’effacement de Saad Hariri
- Mer de Chine du Sud : la Chine et le Vietnam signent une déclaration conjointe
- Une impulsion franco-allemande pour la défense européenne
- LES ENJEUX DE LA DEFENSE FRANÇAISE :
- On ne tient pas la mer comme on tient la terre
- Le ministère des armées n’aura pas à mettre la main à la poche pour financer le coût des opérations
- Etre chef de corps est une formidable aventure humaine
- INDUSTRIE ET ECONOMIE :
- Douze nouveaux Rafale à l’Egypte. Bercy ne bloque plus les négociations
- Les Emirats, un marché difficile pour l’industrie de défense française
- Les câbles et les GAFAM
- GRANDS PROBLEMES DE DEFENSE ET DE SECURITE:
- Les Etats-Unis restent un acteur stratégique et économique majeur en Asie, mais ils ne sont plus seuls désormais
- Intelligence artificielle : la guerre des mondes
- Rivalités et regain de tensions entre l’Arabie saoudite et l’Iran
ACTUALITÉS INTERNATIONALES
1 – Le Liban et le Proche-Orient ébranlés par l’effacement de Saad Hariri (Orient XXI, Alain Gresh)
L’Arabie saoudite pense-t-elle pouvoir effacer Saad Hariri de la scène politique ? Annoncée le 4 novembre, la démission du premier ministre libanais a ébranlé le pays et envoyé une onde de choc à travers toute la région. L’offensive de l’Arabie saoudite contre l’Iran se développe désormais sur tous les fronts avec tous les risques afférents. Mais le jeune prince héritier à l’initiative de cette stratégie a-t-il les moyens de sa politique ? Beyrouth. C’est peu dire que la démission de Saad Hariri, premier ministre libanais, annoncée le 4 novembre depuis Riyad a pris tout le monde de court ici. L’effet de sidération est total, aussi bien chez les gens ordinaires qui se mettent à suivre à nouveau les chaînes d’information en continu que chez les responsables politiques et les journalistes, embarrassés à déchiffrer les raisons de cette crise inattendue. Mais l’inquiétude est palpable, alors que certaines banques refusent à leurs clients de retirer leur épargne avant terme et que l’on parle de sanctions économiques saoudiennes ou arabes, voire de l’expulsion des centaines de milliers de Libanais travaillant dans le Golfe. Certes, la stabilité du Liban relevait d’une alchimie complexe, incertaine, miraculeuse disaient certains, qui surprenait tous les observateurs extérieurs et les Libanais eux-mêmes. Pourtant, malgré la guerre en Syrie, l’afflux de centaines de milliers de réfugiés, et une situation économique plus que préoccupante, le Liban maintenait une apparence de paix. L’accord pour l’élection à la présidence de la République de Michel Aoun le 31 octobre 2016, suivie de l’accession au poste de premier ministre de Saad Hariri, ainsi que la formation d’un gouvernement où cohabitaient les forces politiques essentielles — y compris le Hezbollah —, tout cela semblait garantir que le pays resterait à l’abri des turbulences régionales, et surtout de la guerre froide entre Téhéran et Riyad. Et ceci, même si l’économie était à la peine, dans une situation bien plus préoccupante que n’ont l’air de le réaliser les analystes locaux ou extérieurs.
ASSIGNÉ À RÉSIDENCE, SANS SON PORTABL
Que s’est-il donc passé ? On commence à en savoir un peu plus sur le déroulement des événements qui ont conduit à cette nouvelle crise1. C’est le 2 novembre que Saad Hariri est convoqué en Arabie saoudite pour rencontrer le roi. Rien d’étonnant à cette invitation : Hariri — qui possède la double nationalité libanaise et saoudienne — est un fréquent visiteur du royaume où il s’était encore rendu le 31 octobre. Les autorités lui avaient alors fait part de leurs préoccupations concernant l’influence du Hezbollah. Pourtant, à son retour, Hariri semblait, selon ses proches, plutôt rassuré, ayant expliqué à ses interlocuteurs qu’il ne pouvait pas se débarrasser de ce parti, une grande force politique, mais aussi militaire. Rien ne présageait ce qui allait suivre. C’est donc sans inquiétude particulière qu’il s’envole pour Riyad le 3 novembre. Mais, dès son arrivée, il se voit accorder un traitement hors norme : alors que les Saoudiens lui ont demandé de venir sans aucun conseiller, il est assigné à sa villa à Riyad, privé de son téléphone portable et de tout moyen de communication avec le monde extérieur. Le lendemain, il est convoqué par Mohammed Ben Salman (MBS), le prince hériter et fils du roi, et sommé de démissionner. Il est contraint de lire un discours écrit à l’avance. Hariri dénonce la mainmise de l’Iran sur le Liban, le poids du Hezbollah et les risques qui pèseraient sur sa vie.
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http://orientxxi.info/magazine/le-liban-et-le-proche-orient-ebranles-par-l-effacement-de-saad-hariri,2119
2 – Mer de Chine du Sud : la Chine et le Vietnam signent une déclaration conjointe (RFI, Igor Gauquelin)
Le sommet annuel de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est s’achève ce mardi 14 novembre 2017 à Manille, aux Philippines. En coulisse, ce rendez-vous, auquel a partiellement assisté le président américain, a été l’occasion pour les vieux rivaux chinois et vietnamiens de mettre de l’eau dans leur vin concernant le lourd contentieux qui les oppose en mer de Chine méridionale. Lundi, alors que les nations du sud-est asiatique discutaient à Manille dans le cadre multilatéral de l’ASEAN, le président chinois achevait pour sa part une visite bilatérale à Hanoï, au Vietnam. Dimanche, l’agence de presse officielle Chine nouvelle avait annoncé qu’un « consensus » se dégageait entre les deux vieux rivaux régionaux, quant à leurs revendications territoriales antagonistes en mer de Chine du Sud. Une information confirmée à l’issue du voyage de Xi Jinping.
« Maintenir la paix et la stabilité en mer de Chine méridionale »
Après ce rendez-vous, Hanoï et Pékin se sont en effet engagés par écrit, dans une déclaration conjointe, à ne prendre aucune « initiative » susceptible de « compliquer le conflit » qui les oppose dans cette zone maritime de l’Asie du Sud-Est, un carrefour majeur du commerce et de la géostratégie mondiale actuels. Un signe de bonne volonté notable, compte tenu des deux batailles meurtrières qui ont opposé la Chine et le Vietnam à ce sujet par le passé (1974, 1988). Pékin et Hanoï l’assurent : ils sont d’accord pour « maintenir la paix et la stabilité en mer de Chine méridionale ». Cette zone, faite principalement de récifs coralliens sur lesquels sont construites des îles artificielles bardées d’équipements stratégiques, et donc potentiellement militaires, est historiquement disputée entre le Vietnam, la Chine, Taïwan, la Malaisie, les Philippines et Brunei. Chacun campe sur ses positions et dénonce les progressions des autres de longue date. La Chine populaire est de loin le protagoniste le plus actif ces dernières années, puisqu’elle « poldérise » à tout-va, créant en mer ses propres îles artificielles, qui abritent des radars, des ports ou encore des pistes d’atterrissage faisant fi des Zones économiques exclusives de ses voisins (garanties par la Convention des Nations unies sur le droit de la mer, la CNUDM). Pékin brandit en effet des arguties historiques pour certifier que la quasi-totalité de cette mer lui revient. L’enjeu, indépendamment du contrôle des routes maritimes ou des ressources réelles ou supposées qu’abriteraient cette région marine (ressources halieutiques, énergétiques, etc.), est de nature militaire, puisqu’il s’agit pour la Chine de sortir progressivement de l’étau mis en place par les Etats-Unis au sortir de la Seconde Guerre mondiale, et pour les Etats-Unis de rester le maître de l’océan Pacifique, grâce à sa célèbre 7e flotte navale et son jeu d’alliances dans la région. Jusqu’à présent, la Chine et le Vietnam se sont fait bien peu de cadeaux quand il s’est agi de la mer de Chine méridionale. Comme Pékin, Hanoï met en avant des justifications historiques pour affirmer que les archipels Paracels et Spratleys, dans cette mer, lui appartiennent. S’ils se sont fait chasser du premier chapelet il y a plus de 40 ans, les Vietnamiens contrôlent encore des positions dans le second, comme les autres protagonistes de ce conflit (les Philippines, surtout).
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http://www.rfi.fr/asie-pacifique/20171114-chine-vietnam-trump-mer-chine-sud-spratleys-paracels-code-conduite
3 – Une impulsion franco-allemande pour la défense européenne (La Croix, Jean-Pierre Maulny, Renaud Bellais)
Un des objectifs de la construction européenne était de faire du continent européen un espace de paix après plus d’un siècle de conflits entre les États européens. La France et l’Allemagne notamment ont voulu mettre fin à leur antagonisme et la signature du traité de Rome en 1957 fut suivie du traité de l’Élysée entre la France et l’Allemagne en 1963. Depuis lors, la France et l’Allemagne ont toujours œuvré afin que l’Union européenne ait une politique étrangère et une politique de défense commune. Depuis cinq ans, la France et l’Allemagne ont renoué un dialogue qui s’était distendu sur la défense depuis la signature du traité franco-britannique de Lancaster House en 2010. Ce processus s’est accéléré depuis un an. L’objectif est de faire plus et mieux pour la défense en des temps incertains, c’est-à-dire en fixant des objectifs communs en matière de dépenses militaires et de recherche de défense. Or une défense européenne efficace et garante de notre liberté d’action ne peut s’envisager qu’avec un rôle moteur conjoint de l’Allemagne et de la France. Même si le Royaume-Uni restera un partenaire essentiel pour l’un et pour l’autre et pour l’ensemble de l’Europe, sa sortie de l’Union européenne rend difficile ce nécessaire effet d’impulsion et d’entraînement sans lequel rien n’avancera. Le couple franco-allemand est donc impératif. Au niveau de l’Union européenne, Français et Allemands ont commencé à définir en juillet 2017 les critères de la coopération structurée permanente prévue (CSP) dans le traité de Lisbonne mais jamais mise en œuvre. Son objectif est de mieux intégrer les politiques de défense des pays membres pour aboutir à une plus grande autonomie stratégique. Toutefois, la coopération entre la France et l’Allemagne ne doit pas se limiter à la CSP. Nos deux pays doivent aussi travailler de manière bilatérale sur des projets structurants, qui auront vocation à être ouverts à d’autres pays européens. La France et l’Allemagne ont déjà commencé à coopérer sur de futures capacités militaires stratégiques. C’est le cas du futur drone de surveillance, programme auquel participent également l’Italie et l’Espagne – outil essentiel de souveraineté dont les Européens ont tardé à se doter en pleine autonomie. Cependant, il est essentiel que cette dynamique perdure et qu’elle ne se perde pas dans une dispersion des efforts. L’approche bilatérale doit être prioritaire ; elle doit se construire en réponse aux besoins sécuritaires nationaux, qui sont inséparables de ceux de l’ensemble de l’Europe.
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https://www.la-croix.com/Journal/impulsion-franco-allemande-defense-europeenne-2017-11-13-1100891437
LES ENJEUX DE LA DÉFENSE FRANÇAISE
1 – On ne tient pas la mer comme on tient la terre (Le Nouvel économiste, interview de l’amiral Christophe Prazuck, CEMM, par Philippe Plassart)
“On ne tient pas la mer comme on tient la terre.” Que signifie cette formulation ?
Amiral Christophe Prazuck. La haute mer diffère des espaces terrestres pour au moins trois raisons principales. Premièrement, elle est inhabitée. Deuxièmement, elle ne possède pas de frontières naturelles. Troisièmement, ses étendues sont plus vastes. Ces trois caractéristiques empêchent les espaces maritimes d’être occupés, au sens d’une présence militaire statique, permanente et s’appuyant sur les caractéristiques physiques et humaines du milieu. Les grands stratégistes navals (Mahan, Castex) offrent une alternative dynamique à l’occupation terrestre : il faut tenir les lignes de communications maritimes. Cette prescription est aujourd’hui plus actuelle que jamais, alors que 90 % des flux de notre économie mondialisée passent par quelques routes maritimes bien identifiées, comme celle qui relie le détroit de Malacca au canal de Suez.
Quelles sont les spécificités de la défense de nos ZEE ? À quelles menaces sont-elles confrontées ?
Nos droits souverains sur ces immenses zones maritimes, qui s’étendent, à concurrence de nos voisins, jusqu’à 360 km au large de chaque terre française, ne datent que de 1982, date de signature de la convention de Montego Bay. Auparavant, tout notre outil de défense, notre organisation territoriale et étatique étaient conçus pour combattre au large et défendre nos intérêts économiques (pêche, forages…) dans une bande côtière beaucoup plus réduite (20 km, soit la portée du boulet d’un gros canon). Nos ZEE sont immenses : elles s’étendent sur une surface équivalente aux USA et au Mexique réunis. Elles recèlent des richesses pour certaines connues (poissons, pétrole, gaz…), pour d’autres putatives (nodules polymétalliques, terres rares), enfin pour d’autres inconnues. Ces richesses sont convoitées. Nous menons des opérations de plus en plus fréquentes de lutte contre la pêche illégale, notamment au large de la Nouvelle-Calédonie et des côtes guyanaises. Les contrevenants sont de plus en plus violents. Dans le domaine de l’exploration minière, nous avons intercepté en 2013 dans le canal du Mozambique un navire de recherche sismique, qui conduisait des travaux pouvant permettre de détecter d’éventuels gisements d’hydrocarbures. “L’action de l’État en mer requiert, outre-mer, une grande complémentarité des moyens de la marine (douanes, gendarmerie, affaires maritimes…)” Au-delà de ces menaces directes sur les ressources nationales, le pillage non raisonné peut conduire à des désastres écologiques. Ainsi, la pêche clandestine à l’holothurie [ou concombre des mers, très apprécié dans la gastronomie asiatique, ndlr] au large des îles Éparses a des conséquences lourdes pour l’écosystème régional, qui nécessitent le déploiement fréquent de patrouilleurs hauturiers de la Marine nationale. Enfin, à l’instar d’une maison cambriolée puis “squattée”, laisser piller ses ressources maritimes constitue un début d’abandon de souveraineté, d’autant plus délicat à contrecarrer que, comme je l’expliquais plus haut, on ne tient pas la mer comme on tient la terre. La haute mer est un espace sans piquet ni clôture, où rapidement, les habitudes sont rebaptisées droits historiques et les droits historiques finissent par valoir titre de propriété.
En quoi la ZEE métropolitaine se distingue-t-elle sur le plan de la défense des ZEE d’outre-mer ?
En métropole, le rapport entre les espaces à surveiller et le nombre de bâtiments, du porte-avions au patrouilleur, est plus favorable. Outre-mer, les moyens dédiés à la protection des ZEE sont comptés au plus juste, et parfois même en deçà. C’est la raison pour laquelle l’action de l’État en mer requiert, outre-mer, une grande complémentarité des moyens de la marine (par théâtre, généralement une frégate légère, deux patrouilleurs et un bâtiment logistique) avec les moyens des autres administrations (douanes, gendarmerie, affaires maritimes…).
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https://www.lenouveleconomiste.fr/amiral-christophe-prazuck-chef-detat-major-de-marine-61720/
2 – Le ministère des armées n’aura pas à mettre la main à la poche pour financer le coût des opérations (zone militaire, Laurent Lagneau)
Voilà un sujet de préoccupation en moins pour Mme le ministre des Armées, Florence Parly. Alors que, il y a encore quelques jours, elle ne pouvait dire avec certitude qu’elle obtiendrait de la part du ministère de l’Action et des Comptes publics les 300 à 400 millions d’euros nécessaires pour financer les opérations extérieures, c’est désormais chose faite. « Nous avons été entendus sur une […] demande très importante que nous avions formulée au ministère des Finances. C’est le fait que le complément de financement pour les opérations extérieures viendrait par le canal de la solidarité gouvernementale », a en effet indiqué Mme Parly, ce 15 novembre, sur les ondes de RFI. « Ce n’est donc pas le budget des armées qui contribuera à ce complément de financement, qui est nécessaire pour boucler le financement des opérations extérieures de l’année 2017 », a-t-elle précisé. « Le complément de financement dont nous avions besoin, de presque 400 millions d’euros, sera apporté par une contribution des autres ministères et donc le budget des armées n’aura pas à assurer ce complément », a encore insisté Mme Parly. Pour rappel, les surcoûts liés aux opérations extérieures et intérieures (Sentinelle, ouragan Irma) devraient atteindre 1,5 milliards d’euros. Et il manquait donc au moins 350 millions d’euros au ministère des Armées pour faire face à ces dépenses, alors qu’il en avait déjà pris une très grande partie à sa charge avec l’annulation de 850 millions de ses crédits décidée en juillet dernier (auxquels il faut ajouter les 450 millions de dotation initiale). Le deuxième projet de loi de finances rectificative pour l’exercice 2017, présenté ce 15 novembre en Conseil des ministres, confirme « les annulations de crédits de près de 840 M€ nécessaires pour gager un montant équivalent d’ouvertures urgentes en décret d’avance et financer le surcoût des opérations extérieures du ministère de la Défense (sic) et les dépenses salariales pour l’Education nationale », explique Bercy. Cela étant, si Mme Parly a remporté une bataille, il lui faut gagner la seconde, également très importante : obtenir le dégel de 700 millions d’euros. « C’est un sujet que j’ai traité depuis Dakar, puisque j’ai renouvelé des demandes que j’ai exprimées depuis quelques semaines, d’un dégel complet de ces crédits », a-t-elle confié à RFI. « La demande est en cours d’examen et je ne désespère pas, bien au contraire, de pouvoir obtenir une réponse dans les prochains jours », a-t-elle ajouté.
3 – Etre chef de corps est une formidable aventure humaine (évocation du colonel Guillaume Venard sur defense.gouv.fr – armée de terre)
Aujourd’hui directeur des formations d’élèves des écoles aux Saint-Cyr Coëtquidan, le colonel Guillaume Venard est l’ancien chef de corps (CDC) du 31e RG. Pendant trois ans, il a travaillé avec ses cadres et sapeurs pour donner au régiment de sapeurs d’Afrique une place de choix au sein de l’armée de Terre.
Subordonné à la 3e division« À mon arrivée en 2014, je connaissais déjà bien le 31e régiment du génie (31e RG). J’y ai commandé une compagnie au début des années 2000, puis j’en suis devenu le chef du bureau opérations-instruction de 2009 à 2011. Cela m’a permis de mettre en œuvre un plan d’action très rapidement, pour sortir le régiment du doute qui l’habitait quant à son avenir et lui per-mettre de remplir au mieux ses missions. Mon travail a consisté à mobiliser les hommes et à gagner leur confiance. D’abord dans de domaine de la maintenance, afin d’augmenter la disponibilité technique – indispensable à l’instruction et l’entraînement – à 70 %. Ce fut une première victoire. Ensuite, il a fallu travailler sur la fidélisation des EVAT et jeunes sous-officiers au sein d’un régiment de plus de 1 100 hommes. Nous l’avons augmentée de 10% grâce à une revue d’effectifs annuelle visant l’individualisation des parcours professionnels.
Le temps fort a été l’annonce du modèle « Au Contact » en mars 2015 qui a donné des perspectives au régiment. Le 31e RG est depuis subordonné à la 3e division. En récupérant la seconde compagnie de production d’énergie du 6e RG, le régiment s’est imposé comme leader en production d’énergie pour l’armée de Terre. Ce fut aussi un moment déterminant car les commandants d’unités et chefs de service se sont investis, sous mon impulsion, dans la réflexion doctrinale relative à l’emploi du génie au niveau de la division. L’idée était d’éviter tout doublon avec les régiments du génie des brigades interarmes et de les renforcer ou d’agir en autonomie aux ordres de la division ou des éléments des forces terrestres dépourvus de génie organique. Nos propositions ont presque toutes été acceptées, en particulier la spécialisation en appui génie au profit de la 4e brigade d’aérocombat. Le général commandant la 3e division a soutenu les propositions et la montée en puissance de son régiment du génie. Bien entendu, tout n’a pas toujours été simple.
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http://www.defense.gouv.fr/terre/actu-terre/etre-chef-de-corps-est-une-formidable-aventure-humaine
INDUSTRIE ET ÉCONOMIE
1 – Douze nouveaux Rafale à l’Egypte. Bercy ne bloque plus les négociations (La Tribune, Michel Cabirol)
Selon des sources concordantes, Bercy ne bloque plus la poursuite des négociations portant sur un nouveau contrat de douze Rafale à l’Égypte. Le Caire demandait à Paris des facilités de paiement à l’image des précédents contrats signés entre Le Caire et les industriels de l’armement français. n’était pas imaginable pour l’Égypte que la France change les conditions de , explique-ton à la Tribune. Lors de la visite du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi de trois jours à Paris en octobre, Emmanuel Macron a expliqué à son hôte qu’il tenait à poursuivre la relation de confiance entre l’Égypte et la France inscrit notamment dans le cadre du partenariat stratégique entre les deux pays relancé en 2015. C’est ce qu’était d’ailleurs venu chercher le président égyptien à Paris. Depuis deux ans, l’Égypte a lancé la modernisation de ses forces armées avec le soutien de la France. Paris s’est engagé à fournir de nouveaux équipements, en particulier à la force aérienne (24 Rafale, un satellite de télécoms militaire) et à la marine (quatre corvettes Gowind, une FREMMd eux BPC). Ce qui a représenté près de sept milliards d euros (6,83 milliards) de contrats pour l’industrie d’armement française entre 2014 et 2016.
Un contrat en bonne voie
Résultat, l’Élysée a demandé à Bercy de ne plus bloquer les négociations portant la vente de l’avion de combat de Dassault Aviation. Selon nos informations, c’est le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian qui est allé porter la nouvelle proposition française à Sissi à Charm el-Cheikh, où se tenait un forum de la jeunesse. Les deux hommes entretiennent de très bonnes relations empreintes de confiance. Le déblocage des facilités de paiement par le ministère des Finances n’est pas pour autant synonyme d’un contrat signé demain. Les négociations peuvent donc reprendre dans un climat apaisé. Des sources interrogées par La Tribune estimaient qu’il y avait toutefois de grandes chances de succès pour la signature d’un contrat dans quelques semaines
L’Égypte producteur de gaz
Le Rafale ne faisait pas figure d’exception. Bercy bloquait tous les contrats sur l’Égypte qu’ils soient militaires ou civils. Pourquoi? C’est un problème d’encours sur ce pays.
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http://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/douze-nouveaux-rafale-a-l-egypte-bercy-ne-bloque-plus-les-negociations-758088.html
2 – Les Emirats, un marché difficile pour l’industrie de défense française (Les Echos, Anne Bauer)
Au Salon de Dubaï qui s’est terminé ce jeudi, l ‘ armée des Emirats arabes unis (EAU) a distribué à gauche et à droite de nombreux contrats , malgré les craintes d ‘ une chute des commandes en raison des contraintes budgétaires liées à la guerre avec le Yémen .Aucun contrat spectaculaire n’ a été particulièrement mis en avant , mais les forces émiraties n’ ont pas totalement délaissé leurs partenaires indus triels au profit des Américains . Ces derniers ont raflé l ‘ essentiel des marchés, mais les EAU ont donné des gages de leur volonté de poursuivre une coopération historique avec la France Elles ont promis à Dassault et Thales un prochain contrat pour la rénovation dc la flotte de Mirage 2000-9 ,et ont confirmé Airbu l ‘ achat pour quelque 250 millions de dollars de 5 avions militaires tactiques C-295. Pour les entreprises françaises défense, toutes présentes à Dubaï, le Moyen-Orient reste un enjeu majeur de leur développement. Pascale Sourisse, directrice de l ‘ international chez Thales, souligne que le Moyen-Orient représente près de 15 %% des prises de commande du groupe , à 60%% dans la défense et 40 %%dans le civil . Thales, qui assure déjà la sécurité du terminal aérien d ‘ Emirates Airlines et le nouveau métro sans pilote de Dubaï , a décroché plusieurs contrats de compagnies aériennes du Golfe pour ses systèmes de divertissement à bord.
Premiers Rafale pour l ‘ Egypte et le Qatar
Dans la région , la croissance était de 15 %%pour nous sur les neuf premiers mois de l ‘ année , souligne Pascale Sourisse . Dassault a vendu ses premiers Rafale au Moyen-Orient (Qatar et Egypte) et est l ‘ un des principaux fournisseurs de l ‘ armée de l ‘ air émiratie depuis quarante ans . Pour le missilier européen MBDA , les pays du Golfe comptent habituellement pour environ 60 %% de ses activités d ‘ export . Pendant longtemps , les industries de défense tricolores ont réussi à amortir en partie leurs frais de développement pour l ‘ armée française en exportant dans les pays du Golfe . Mais la situation se corse. La concurrence s’ est incroyablement intensifiée :
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https://www.lesechos.fr/industrie-services/air-defense/030884774828-les-emirats-un-marche-difficile-pour-lindustrie-de-defense-francaise-2130789.php
3 – Les câbles et les GAFAM (Brèves Marine N°205)
Nouveau record de débit pour le câble sous-marin Marea : 160 Tbit/s ! Au-delà de la performance technique, c’est le financement de ce projet par deux géants du Net, Facebook et Microsoft, qui est à noter. Une excellente illustration de la mutation actuelle du monde sous-marin des télécommunications.
Les entreprises privées, instigatrices d’un réseau mondial.
La première liaison par câble sous-marin est établie dans la Manche, en décembre 1851, entre Calais et Douvres. La seconde grande étape sera la traversée de l’Atlantique en 1866. Puis, les câbles se multiplient vers les destinations les plus variées. Au tournant du XXe siècle, l’hégémonie des compagnies britanniques sur le réseau est incontestable, avec près de 220 000 km de câbles dans le monde. Les Américains, qui se sont lancés plus tardivement dans la pose de câbles, en possèdent 52 000 km en 1901, quand, à la même date, les compagnies françaises occupent le troisième rang mondial, avec 34 000 km. Pourtant, la France des télécommunications est dynamique : les premières usines de câbles ouvrent dès 1880. C’est là encore l’initiative privée à but lucratif qui est d’abord motrice, mais le gouvernement entend également développer le réseau français, aussi bien dans des buts d’indépendance nationale que de lien avec les points les plus lointains de l’Empire colonial. Pour ce faire, il pousse à la réunification des acteurs par domaine (fabricants, poseurs et exploitants), pour disposer de compagnies suffisamment solides, chapeautées par le ministère des Postes. La France (comme l’Allemagne d’ailleurs) possède alors un important réseau gouvernemental tandis que les Anglo-Saxons s’en remettent quasiment totalement au privé. Ce partage et
La libéralisation du marché.
Le développement du réseau sous-marin se poursuit ensuite à vitesse variable, accéléré par des innovations (usage du câble coaxial, développement du téléphone) ou freiné par les avancées de son éternelle ennemie, l’onde radioélectrique (télégraphie sans fil, « ondes courtes », satellite). Tout change dans les années 1980 avec la déréglementation des télécommunications et l’essor de la fibre optique, véritable révolution technique. Le premier câble transatlantique doté de cette technologie (TAT 8) est inauguré en 1988 avec un débit de 560 Mbit/s (soit 40 000 voies téléphoniques). Cette libéralisation et ce développement conforteront in fine l’importance de leaders mondiaux comme NEC, TE SubCom et Alcatel. Orange, l’héritier des premières compagnies françaises, a toujours un rôle majeur dans le monde des câbles sous-marins, sa filiale Orange Marine a déjà posé 160 000 km de câbles en fibre optique et possède 15 % de la flotte mondiale de câbliers. Un second armateur français joue un rôle important pour la pose : Louis Dreyfus Armateurs, qui assure la mise en œuvre de sept navires câbliers.
L’arrivée des GAFAM : Demandeurs et désormais convoyeurs de débit.
Le second bouleversement des réseaux sous-marins s’est produit avec l’arrivée d’Internet et son formidable développement. Le besoin de débit de données ne cesse de s’amplifier avec les échanges de vidéos, l‘Internet des objets (IOT) et les communications sans opérateur (OTT). Pour les géants du Net, dont principalement ceux que l’on appelle les GAFAM (pour Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft), posséder un câble devient économiquement intéressant. Mais s’ils possèdent la puissance financière, ils ont encore besoin des capacités techniques des opérateurs historiques. Les financements de nouveaux câbles voient donc désormais la réunion des anciens monopoles et de ces nouvelles entités, accompagnées de puissants fonds d’investissement. Le développement du réseau poursuit deux buts : accompagner la croissance des trafics existants et créer les conditions d’apparition de nouveaux réseaux (le câble ACE par exemple, déployé par Orange, relie la France à toute la côte ouest de l’Afrique). De nouvelles routes sont ouvertes, telles celles du Nord qui, si elles ne sont pas encore intéressantes pour les navires, permettent un gain de 30 % de longueur de câble : Quintillion va relier le Japon au Royaume-Uni en passant par l’Arctique et d’autres projets vont bientôt emprunter la même voie ou de nouveaux trajets originaux. Après les GAFAM, c’est l’expansion des NATU (Netflix, Airbnb, Tesla, Uber) et des usages du cloud qui provoque un accroissement des volumes de données échangées. Technologie performante, besoin confirmé, capacité d’investissement, tout est réuni pour que les câbles sous-marins prennent, dans le réseau numérique mondial, une place grandissante, facilitée par la précieuse liberté de pose en mer.
GRANDS PROBLÈMES DE DÉFENSE
ET DE SÉCURITÉ
1 – Les Etats-Unis restent un acteur stratégique et économique majeur en Asie, mais ils ne sont plus seuls désormais (IRIS, Barthélémy Courmont)
La tournée de douze jours du président des Etats-Unis en Asie est considérée comme historique depuis celle du président Nixon 43 ans plus tôt. Pour autant l’environnement international qui entoure cette visite est radicalement différent. L’isolationnisme de Donald Trump a notamment changé la donne des relations entre Washington et ses alliés régionaux traditionnels qui considèrent cette inflexion comme une érosion de la confiance envers leur allié américain tandis que d’autres pays ont choisi de tourner leur regard vers Pékin. Pour nous éclairer sur les enjeux et perspectives de cette tournée américaine, le point de vue de Barthélémy Courmont, directeur de recherche à l’IRIS.
La longue visite de Donald Trump en Asie vient de s’achever. Que doit-on en retenir ? Comment a-t-elle été accueillie par les pays visités ?
Cette visite, la première du président américain en Asie, était très attendue en raison des décisions importantes prises par Donald Trump depuis son entrée en fonction, comme le retrait du traité trans-Pacifique (TPP), et de la crise nord-coréenne dans laquelle il s’est engagé avec force peu après son entrée à la Maison-Blanche, mais sans doute sans en avoir mesuré les effets. Les enjeux de cette tournée étaient multiples, entre la nécessité de rassurer les alliés traditionnels sur la fiabilité de Washington, fortement ébranlée dans des pays comme la Corée du Sud, l’impératif de se repositionner en Asie du Sud-Est après le retrait du TPP, ou encore le test grandeur nature face à la Chine juste après le 19ème Congrès du PCC. Autoproclamé fin négociateur, Donald Trump devait revenir de Pékin avec des éléments concrets confortant l’idée selon laquelle sa stratégie serait meilleure que celle de ses prédécesseurs. Dans tous les pays qu’il visita, l’accueil fut assez froid au final, à l’exception du Japon. Passage éclair en Corée du Sud, visite très consensuelle en Chine, et surtout des mouvements de protestation en marge de son passage aux Philippines, où le crédit accordé aux Américains est sérieusement ébranlé. Au final et de manière prévisible, rien de spectaculaire, mais un sentiment qui n’est que renforcé que les Etats-Unis sont en net retrait sur la scène asiatique, et que Trump ne pourra enrayer cette dynamique.
Lors de la rencontre Trump/Xi, le président américain a prôné une Amérique souhaitant mettre un terme à de « grands accords multilatéraux qui lient les mains, obligent à renoncer à notre souveraineté et rendent toute application efficace quasiment impossible », tandis que le président chinois a lui évoqué une Chine prônant des échanges « plus ouverts, plus équilibrés, plus équitables et bénéfiques pour tous ». N’assistons-nous pas à une polarisation inédite du discours sur la mondialisation ?
C’est surtout une sorte de révolution copernicienne à laquelle nous assistons depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, avec une remise en cause par ce dernier des règles qui garantissent une mondialisation des échanges et la promotion du libre-échange, et la position opportuniste de la Chine qui s’est muée en championne du libre-échange, comme pour mieux prendre la place laissée vacante. Certains observateurs vont jusqu’à considérer que l’élection de Trump était en ce sens la meilleure chose qui pouvait arriver à Pékin. Le problème fondamental vient du rapport de force qui s’est inversé. La Chine dispose de capitaux importants et elle est en mesure de les investir dans ses projets pharaoniques dans le monde entier, là où les Etats-Unis ne sont pas en capacité de suivre. C’est donc plus par défaut que par choix que Trump semble souhaiter d’autres règles du jeu commercial, tandis que son Secrétaire d’Etat Rex Tillerson prône de son côté la mise en place de structures alternatives à l’initiative chinoise de la ceinture et de la route. Mais avec quels financements ? Là est la question.
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http://www.iris-france.org/102526-les-etats-unis-restent-un-acteur-strategique-et-economique-majeur-en-asie-mais-ils-ne-sont-plus-seuls-desormais/
2 – Intelligence artificielle : la guerre des mondes (ZDnet, Christophe Auffray)
Etait organisé le 14 novembre à Paris, le premier Forum de l’intelligence artificielle, en présence donc de nombreux parlementaires. La clôture de l’évènement par un discours du ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, soulignait clairement l’intérêt porté à l’IA sur le plan économique. Face aux milliards de dollars investis par les Etats-Unis et la Chine, la France ne peut pas demeurer inactive. « Souveraineté », « géopolitique », « GAFA », « prédateurs », « encadrer, mais pas trop » sont quelques-uns des mots prononcés à l’occasion de ce forum.
« La mainmise presque totale sur les algorithmes » de puissances étrangères
Des déclarations attribuées à Poutine ont même été citées plusieurs fois. Et celles-ci donnent le ton des enjeux qui traversent l’esprit – pas artificiel celui-ci, peut-on espérer – de nos décideurs politiques : « Celui qui devient le leader dans cette sphère [l’IA] deviendra le souverain du monde. » Une citation largement tronquée, mais passons. Sous-entendu néanmoins : on ne peut tout de même pas laisser la Russie enfiler le costume du monarque. Les élus LREM et LR – aucun parlementaire de gauche n’avait visiblement été convié à prendre la parole – s’interrogent donc sur la façon de faire de « la France un leader mondial de l’intelligence artificielle. » Les deux partis politiques semblent d’ores et déjà d’accord pour adopter une ligne plutôt libérale, sans tenter de bâtir des « digues de sables », déclare la députée de droite et marraine de la conférence, Laure de la Raudière. Education, santé, formation sont quelques-uns des domaines où, selon elle, l’IA pourrait être source de progrès. « Mais voulons-nous que toutes ces politiques publiques soient conçues par des entreprises américaines ou chinoises ? (…) La mainmise presque totale sur les algorithmes (…) c’est-à-dire sur le savoir-faire, et sur les bases de données, qui sont la matière, ouvre la possibilité d’une prise de contrôle de nos destins sans que nous ayons notre mot à dire » prévient la députée d’Eure-et-Loir. « De quoi nous inquiéter quand on voit la puissance quasi-étatique des géants de l’Internet, que ce soit Google, Facebook, Alibaba ou Baidu » ajoute-t-elle encore. Signalons cependant que les deux premières firmes figurent parmi les quatre partenaires privés de ce forum, aux côtés d’Accenture et Talan. Des sponsors souvent interpellés lors des débats destinés à imaginer les moyens de faire émerger en Europe des « géants mondiaux de l’Internet et de l’intelligence artificielle ». Pour Virginie Dubuy-Muller(députée LR), pas de doute non plus, il est nécessaire que la France « soit partie prenante sur ce sujet ».
Cool l’IA ? « C’est tout sauf cool. C’est essentiel. »
« Il y a des enjeux en termes de souveraineté et, de façon plus globale, de géopolitique. La Chine et les Etats-Unis ont beaucoup investi en la matière. La France est un peu en retard (…) Sur la recherche publique, on est un peu en retard et il faut la développer, et développer aussi des synergies entre les acteurs du privé et du public. » La bataille des grandes puissances se profile donc à l’horizon. A moins que les véritables acteurs ne soient plutôt les multinationales du numérique ? Une chose est sûre, pour le député LREM du Rhône, Bruno Bonnell, « c’est une véritable guerre, une guerre de civilisation. 90% des moteurs d’IA fonctionnent en anglais et en mandarin (…) Ne faisons pas de l’angélisme en nous disant qu’on va faire le bien avec l’IA (…) On ne va pas discuter et disserter pour savoir si c’est cool de faire de l’IA. C’est tout sauf cool. C’est essentiel. » Mais pour l’élu macronien, la France a au moins un atout dans cette « guerre » : « nos idées, c’est notre talent en IA (…) et on nous les pompe pour pas cher ». Il appelle par conséquent à faire en sorte de « protéger notre patrimoine intellectuel. » Oui, mais comment ? « En commençant par éviter de considérer qu’installer un centre de recherche à Paris en collaboration avec tous nos laboratoires de recherche, c’est formidable » dénonce Bruno Bonnell, visant ainsi directement Facebook, pour insister sur « la fuite des cerveaux. » « Il va bien falloir qu’en termes de législation, nous trouvions une solution à ces équations d’investissement que nous faisons sur les cerveaux et sur lesquels nous n’avons pas de retour par la création de sociétés françaises » note-t-il. Un appel au patriotisme économique ? Un peu comme les joueurs de tennis français sont régulièrement critiqués par les politiques pour avoir été formés par la fédération, avant de partir se domicilier à l’étranger – tout en jouant dans l’équipe nationale. Malgré des reproches récurrents, aucune solution n’a jamais été portée, ni votée.
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3 – Rivalités et regain de tensions entre l’Arabie saoudite et l’Iran ( Les clés du Moyen-Orient, Clément Therme)
Clément Therme est chercheur pour le programme Moyen-Orient de l’International Institute for Strategic Studies (IISS) de Londres.
Sur le plan historique, pouvez-vous revenir brièvement sur les raisons de la rivalité entre l’Iran et l’Arabie saoudite ?
Je pense que la première grille de lecture pour comprendre la rivalité est géostratégique. Ce sont les deux principales puissances régionales du golfe Persique depuis 1991 et l’affaiblissement de l’Irak. Après la Révolution de 1978-1979, deux facteurs sont venus accentuer cette confrontation. L’arrivée au pouvoir de l’islam politique khomeyniste en Iran et l’institutionnalisation de la rivalité irano-américaine. Néanmoins, même à l’époque du Shah la compétition entre Ryad et Téhéran est une réalité ; cependant elle ne s’exprime alors que dans le cadre de l’alliance commune avec Washington. L’arrivée de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis a libéré les énergies anti-iraniennes dans la plupart des pays de la péninsule arabique car la nouvelle Administration a pris fait et cause dans la polarisation régionale en cours pour son allié saoudien. Au contraire, l’Administration Obama s’efforçait de réguler les tensions entre les deux rives du golfe Persique. Il existe aussi une rivalité historique entre Perses et Arabes. Cependant, cette compétition est avant tout le produit d’une construction des nationalismes iranien et arabe à l’époque contemporaine. Il y a certes des sentiments ataviques mais on retrouve aussi une longue histoire partagée de migrations entre les deux rives du golfe Persique et un très grand métissage. L’hybridation est particulièrement visible sur les plans culturel, linguistique ou culinaire par exemple. De plus, les tensions sectaires chiites-sunnites ont émergé comme un paramètre majeur de la rivalité irano-saoudienne au lendemain de l’intervention militaire américaine en Irak (2003) mais surtout après les printemps arabes de 2011. Les Etats arabes sont apparus comme vulnérables et l’Iran a été alors défini comme la principale menace pour la stabilité régionale par Ryad et ses alliés. Aujourd’hui, l’influence iranienne est même perçue dans la péninsule arabique comme plus problématique que l’occupation israélienne des terres arabes par Ryad et ses alliés. Mais il existe aussi des intérêts communs comme dans le domaine pétrolier où les Etats de la péninsule arabique ont aujourd’hui les mêmes intérêts que l’Iran par rapport à une hausse des prix du baril. Enfin, la crise du Qatar a montré qu’il existe une fracture qui, à mon sens, est la plus importante, c’est-à-dire la division entre partisans de l’islam politique qu’il soit chiite ou sunnite (l’Iran, la Turquie et le Qatar) et ceux qui s’opposent à toutes les formes d’islamismes (les Emirats arabes unis notamment).
Quels sont les derniers événements ayant participé au regain de tension entre l’Arabie saoudite et l’Iran ? Quels pays de la région sont-ils les relais de la rivalité entre l’Iran et l’Arabie saoudite ?
La première cause des tensions actuelles est liée à l’affrontement par intermédiaires entre l’Iran et l’Arabie saoudite. Dans les années 1990, une normalisation irano-saoudienne a été réussie en raison de la Realpolitik des autorités des deux pays. Mais, pendant cette période, il n’y avait pas ces affrontements par proxies au Yémen, en Irak ou en Syrie. Par ailleurs, avec l’affaiblissement de Daesh, on voit réapparaître des lignes de fractures plus anciennes une fois l’ennemi commun affaibli. Pour autant, cela ne signifie pas que l’Arabie saoudite peut pousser Israël à une guerre contre le Hezbollah car il y a une autonomie de décision complète sur le plan militaire à Tel Aviv. Cette convergence d’intérêts israélo-saoudienne est conjoncturelle, en lien avec l’accroissement de la puissance régionale de Téhéran. Cette influence iranienne a d’ailleurs des limites importantes en raison de l’instabilité régionale, qu’il s’agisse des terrains syrien, yéménite ou irakien et du nationalisme iranien largement séculier qui pourrait contredire le projet de chiisme paramilitaire de la République islamique. Enfin, les opinions publiques arabes ne semblent pas prêtes à une normalisation israélo-arabe en dépit des ballons d’essai lancés par certains dirigeants de la péninsule arabique.
D’autres facteurs extra-régionaux peuvent-ils expliquer ce regain de tension ?
Les causes de ce regain de tensions sont d’abord liées à des raisons de politique interne saoudienne et à l’évolution de l’influence iranienne dans le monde arabe depuis les printemps arabes de 2011. Sur le plan international, le rapprochement russo-iranien en Syrie, notamment sur le plan militaire, a renforcé la nécessité pour Ryad de s’appuyer, plus encore, sur son allié américain tout en essayant de se rapprocher de Moscou.
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