- ACTUALITÉS INTERNATIONALES
- LES ENJEUX DE LA DÉFENSE FRANÇAISE
- INDUSTRIE ET ÉCONOMIE
- GRANDS PROBLÈMES DE DÉFENSE ET DE SÉCURITÉ
Jacques Raimond
- ACTUALITÉS INTERNATIONALES :
- Nouvelles routes de la soie : le Kazakhstan en terrain glissant avec la Chine
- Macron et l’Iran : les défis de la diplomatie de l’exigence
- Face au chaos libyen, l’Europe se cherche encore
- LES ENJEUX DE LA DÉFENSE FRANÇAISE :
- Environ 10% des militaires français déployés en opérations extérieures appartiennent aux forces spéciales
- Budget des armées : les incroyables montagnes russes de 2017
- Macron confirme le service national universel, lors de ses vœux aux armées
- INDUSTRIE ET ÉCONOMIE :
- Loin d’être révolue, la globalisation change de rythme
- Le gouvernement lance une mission sur les cryptomonnaies
- La Chine, futur géant aéronautique ?
- GRANDS PROBLÈMES DE DÉFENSE ET DE SÉCURITÉ :
- Accord de Grande coalition en Allemagne : un système qui ne va plus de soi ?
- Préservons l’alliance franco-britannique de défense.
- WEF : la cyber-guerre, troisième plus grande menace pour l’humanité
ACTUALITÉS INTERNATIONALES
1 – Nouvelles routes de la soie : le Kazakhstan en terrain glissant avec la Chine (Asia List, Philippe Le Corre, Kemal Kirisci)
Cela fait plusieurs années que la Chine essaie de renforcer sa relation avec l’Asie Centrale. La rivalité avec la Russie, la plus grande puissance de la région, a toujours rendu la chose difficile. Les projets chinois de « Nouvelles Routes de la Soie » sont censés améliorer considérablement la connectivité entre la production industrielle croissante de la Chine et le toujours prospère marché de consommation européen. Toujours à promouvoir son concept émergent de « Belt and Road Initiative » (BRI), Pékin a également promis des résultats aux pays où passe la Route. La Chine déclare dépenser plusieurs milliards de dollars chaque année dans l’ensemble des États concernés par la BRI. Parmi eux, le Kazakhstan, qui est sur le point de devenir un allié privilégier de Pékin. Sans surprise, le gouvernement kazakh est enclin à bénéficier de ce contexte favorable et à diversifier son économie, trop dépendante des exportations de pétrole et autres ressources naturelles. Les autorités veulent par exemple améliorer leurs infrastructures routières et ferroviaires afin d’assurer l’essor de son secteur logistique national. Si tout fonctionne, le Kazakhstan pourra devenir un pays à revenu élevé et non plus moyen, augmentant ainsi sensiblement la prospérité de son peuple. Notre visite au Kazakhstan autour de la porte orientale de Korghos nous a révélé crûment le dilemme du pays. S’il veut atteindre ce cap économique, il sera essentiel que les États-Unis, l’Union européenne et les autres pays asiatiques majeurs (Japon et Inde) revendiquent un intérêt stratégique dans la région. La Russie est loin d’offrir un débouché économique pour le Kazakhstan et le reste de l’Asie Centrale. Mais en garantissant que la BRI ne violera pas le libre-échange et les principes d’un marché ouvert, l’Amérique et l’UE pourront aider le Kazakhstan à prospérer tout en protégeant l’ordre économique libéral international.
La découverte de Khorgos et ses promesses
Notre révélation à la porte orientale de Korghos a commencé par une visite des centres commerciaux duty free qui chevauchent la frontière sino-kazakhe. Contrairement à l’atmosphère trépidante du côté chinois, le côté kazakh était plutôt calme. L’épicerie pratiquement vide dans laquelle nous sommes entrés avaient ses rayons emplis de produits chinois. Cela ressemblait à une boutique louée par des négociants chinois pour répondre aux besoins de clients chinois. Les statistiques qui nous ont été présentées révélaient clairement le poids de l’influence chinoise -qui ne peut aller qu’en augmentant. Autrefois endormie et longtemps considérée comme étant au milieu de nulle part, cette région kazakhe proche de la frontière chinoise s’enrichit maintenant notamment grâce au port sec de Korghos, de la voie ferré qui arrive et part d’Altynkol, ainsi que de tous les travaux en cours. Sans oublier la zone frontalière détaxée Chine-Kazakhstan gérée par l’International center for Business Cooperation (ICBC). Une ville de 100 000 habitants doit ainsi émerger pour loger les employés de ces différentes infrastructures. Située au centre du continent asiatique, Korghos peut-elle devenir la « Rotterdam du futur », comme certains le prédisent ? Le Kazakhstan est le 9ème pays le plus grand au monde en termes de superficie. Mais sa population et son PIB sont totalement écrasés par le voisin chinois. Le pays compte moins d’habitants que la seule municipalité de Pékin. En 2016, l’économie kazakhe représentait moins du quarante-cinquième de l’économie chinoise. Cependant, sa valeur aux yeux de la Chine est très importante : le Kazakhstan est une ceinture logistique clé pour faire parvenir les produits chinois en Europe. Les intérêts de Pékin dans le pays sont à la fois une bénédiction et une malédiction. Selon le discours chinois, le Kazakhstan serait le 68ème pays (d’après le dernier décompte) à recevoir des réseaux d’infrastructure bâtis par la Chine (autoroutes, chemins de fer, installations numériques, ports, aéroports ou centrales énergétiques).
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https://asialyst.com/fr/2018/01/16/nouvelles-routes-soie-kazakhstan-terrain-glissant-avec-chine/
2 – Macron et l’Iran : les défis de la diplomatie de l’exigence (The Conversation, clément Therme)
En déclarant, en août 2017, qu’il fallait « en finir avec le néoconservatisme mal digéré » de la politique étrangère de son pays, le président Macron a ouvert la voie à une nouvelle diplomatie française sur la question iranienne. La fausse alternative mise en avant par les présidents Sarkozy puis Hollande entre « la bombe ou le bombardement de l’Iran » avait déjà été démentie dans les faits par le courage diplomatique du Président Obama. En effet, c’est le président démocrate américain qui a démontré l’impasse idéologique et diplomatique du « néoconservatisme à la française » sur la question iranienne. Un « néoconservatisme » qui est le fruit du soutien apporté par les élites politiques aux intérêts du complexe militaro-industriel et aux préférences stratégiques de la « nucléocratie » française. La « menace nucléaire iranienne » devient donc, à partir de 2007, centrale pour la définition d’une nouvelle diplomatie française au Moyen-Orient. La relation bilatérale franco-iranienne dans les domaines culturel, économique, politique est alors sacrifiée pour atteindre l’objectif de _containment _(endiguement) nucléaire de l’Iran. Selon Paris, il faut éviter ce que l’on appelle alors, sans jamais le prouver, le risque d’une prolifération nucléaire régionale en cascade à la suite de la nucléarisation de l’Iran. Cette rupture de 2007 est aussi visible dans la politique régionale de la France. Il s’agit de limiter les conséquences négatives pour la relation transatlantique de l’opposition de Paris à la guerre d’Irak de 2003. Cette volonté de se rapprocher de l’Administration Bush junior au Moyen-Orient est visible dès 2004. Cependant, au-delà du contexte international, il existe une dynamique proactive dans la nouvelle posture diplomatique française avec la définition d’une stratégie au Moyen-Orient qui correspond à la mise en application d’une grille de lecture « néoconservatrice » des dynamiques régionales. Ainsi, depuis 2007, ce « néoconservatisme tricolore » a été placé au centre des choix diplomatiques de Paris dans le golfe Persique, notamment avec l’ouverture d’une base militaire à Abu Dhabi annoncée au lendemain de l’élection du président Sarkozy en janvier 2008. Plus encore, en 2009, dans le contexte du « Mouvement Vert » en Iran, le Président Sarkozy a même déclaré : « Le peuple iranien mérite mieux que ses dirigeants actuels. » Ces déclarations posaient alors la question d’un soutien français à une stratégie de changement de régime en Iran, alors que le président Obama faisait preuve, pour sa part, de prudence pour ne pas alimenter la propagande de la République islamique d’Iran contre les États-Unis.
« Les changements en Iran ne viendront pas de l’extérieur »
Les manifestations qui ont eu lieu en Iran du 28 décembre 2017 au 5 janvier 2018, ont donné lieu à une division du travail plus classique entre les diplomaties américaine et française. Le président américain a tweeté en soutien aux manifestants en Iran alors que la France, par la voie de son ambassadeur à l’ONU, François Delattre, soulignait qu’il appartenait « aux Iraniens et à eux seuls d’engager un dialogue pacifique » pour une sortie de crise. De même, la France estimait que « les changements en Iran ne viendront pas de l’extérieur, ils viendront du peuple iranien lui-même. » Enfin, Paris juge nécessaire de séparer les dossiers pour éviter la confusion que souhaite créer l’Administration Trump entre l’accord sur le nucléaire (JCPOA), le programme balistique iranien, la politique régionale de Téhéran et la question du non-respect des droits humains par la République islamique. La diplomatie française propose ainsi de négocier avec l’Iran de nouveaux compromis sur chaque différend situé hors du champ du JCPOA. En ce sens, on observe une continuité dans la gestion du dossier iranien avec la période dite « néoconservatrice à la française » de la politique étrangère de Paris (2007-2017). La priorité de la France dans la gestion du dossier iranien demeure bien les programmes nucléaire et balistique.
Revirement hexagonal
Cependant, on assiste à un premier ajustement de la doctrine de Paris après 2015. Jusqu’à la victoire diplomatique du président Obama avec la conclusion du JCPOA en juillet 2015, le prisme nucléaire bloquait toute autre proposition de définition des intérêts nationaux français s’agissant des relations avec Téhéran. Les impératifs économiques, géopolitiques (stabilisation de l’Irak, de la Syrie et de l’Afghanistan) ou de sécurité énergétique (notamment concernant le secteur des hydrocarbures) ne faisaient plus figure de critères permettant de définir, de manière équilibrée, avec le dossier nucléaire, la stratégie française vis-à-vis de l’Iran. Avec la signature de l’accord de 2015, la France est contrainte, une première fois, d’adapter sa stratégie iranienne en fonction du nouveau cadre juridique défini à l’initiative de Washington. Le revirement de la diplomatie hexagonale est habillé par des éléments de langage mettant en avant le rôle « en pointe » de la France pour parvenir à un « meilleur » accord. Pourtant, c’est bien le président russe Vladimir Poutine qui est remercié publiquement par le président Obama après la signature de l’accord de Vienne du 14 juillet 2015. Par ailleurs, sous l’impulsion des grandes entreprises françaises et du Medef, la diplomatie française fait preuve d’un plus grand réalisme, ouvrant la porte à des coopérations économiques souhaitées par le président Rohani, élu en 2013 à Téhéran.
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https://theconversation.com/macron-et-liran-les-defis-de-la-diplomatie-de-lexigence-90100
3 – Face au chaos libyen, l’Europe se cherche encore (France stratégie, Mohammed Ben Lamma)
La mobilisation de l’Europe n’est pas à la hauteur de l’enjeu libyen : c’est l’idée maitresse qui structure cet article. L’auteur décrit les atermoiements et les calculs des pays européens, à l’origine du chaos et incapables collectivement d’en juguler les effets et les risques, dans un pays constituant la « véritable porte de l’Afrique ».
(Les opinions exprimées dans cet article n’engagent pas le CSFRS.)
Les références originales de ce texte sont: Mohamed Ben Lamma, « Face au chaos libyen, l’Europe se cherche encore », Fondation pour la Recherche Stratégique, 14 Décembre 2017 Ce texte, ainsi que d’autres publications, peuvent être visionnés sur le site du FRS.
FACE AU CHAOS LIBYEN, L’EUROPE SE CHERCHE ENCORE
Pendant six années, après la mort du Colonel Mouammar Kadhafi, le cheminement de la Libye aura été malaisé. La guerre civile est liée à l’échec de l’État post-Kadhafi et à son incapacité à établir une autorité effective ou à réduire de profondes divergences sur une structure politique et sécuritaire. Cette caractéristique s’est encore aggravée depuis l’été 2014. Malgré le cercle vertueux que l’accord de Skhirat 2015 avait pu dessiner, certains acteurs se satisfont d’un statu quo qui leur permet de préserver leur part d’influence politique et économique ; ils sont bien décidés à le faire échouer. Sans oublier l’implication de puissances régionales rivales dans le conflit. La Libye était, et demeure, une région importante pour l’Europe du fait de sa proximité géographique et de sa position stratégique : celle d’une véritable porte de l’Afrique. La traversée de la mer par un flux migratoire de clandestins vers l’Italie est devenue un problème de plus en plus inextricable pour l’Europe et la montée du courant migratoire s’est accompagnée d’une augmentation conséquente des tensions entre les pays de l’Union européenne pour la gestion de l’accueil des migrants. Le plaidoyer italien pour un partage plus important du fardeau avec d’autres pays de l’UE n’a pas été entendu jusqu’à présent. Par ailleurs, les capitales occidentales s’inquiètent sérieusement de l’impact potentiel d’une nouvelle crise des réfugiés sur la sécurité en Europe. Malgré l’urgence de trouver un règlement à la migration illégale et au terrorisme débordant à partir de la Libye, on n’a toujours pas élaboré de stratégie complète et cohérente pour atteindre ses objectifs.
L’onde de choc libyenne sur l’Europe
Il y a une relation directe, de cause à effet. Plus on intervient dans des situations qu’on ne connaît pas bien ou qu’on ne maîtrise pas suffisamment, plus le risque d’ajouter du désordre au désordre est grand. C’est ce qui s’est passé avec la Libye et l’intervention militaire de 2011. La question fondamentale est de comprendre pourquoi l’Europe n’utilise pas tout le poids de son appareil diplomatique et économique pour résoudre cette crise après avoir provoqué la guerre en 2011[1]. La réalité est que la mobilisation de l’Europe en faveur du règlement du conflit libyen n’est pas à la hauteur des enjeux. Dans la gestion de la crise libyenne, l’Europe a considéré la guerre civile comme un conflit secondaire ; grave erreur stratégique. Pour l’Europe, la Libye présente de nombreux intérêts : elle constitue d’abord un fournisseur d’énergie au moment où la sécurisation et la diversification des approvisionnements en gaz et en pétrole, donc une question hautement stratégique ; elle peut ensuite constituer un élément de la politique méditerranéenne de l’Union ; elle peut enfin participer à la lutte contre l’immigration clandestine en provenance d’Afrique subsaharienne. Il importe de rappeler que le défaut majeur des politiques post-Kadhafi tient à l’absence de volonté de nation-building[2], due elle-même à l’attention insuffisante prêtée au renforcement des institutions post-conflit. La chute du régime Kadhafi, amplifiée par la recomposition saharo-sahélienne, a créé une nouvelle définition géopolitique régionale. L’effondrement du régime de Tripoli était surtout un facteur déstabilisant pour un Sahel confronté à la disparition d’un acteur important car son influence dans la région était considérable. Son absence permettra une redistribution des cartes dans un environnement incertain. L’espace saharo-sahélien s’est ouvert à toutes les influences possibles dont celle des immigrations illégales[3]. Le rôle de sas que la Libye jouait pour les migrations venues du Sahara a également disparu. L’effet final a été un retour de plus en plus évident, de la part de l’Italie et de l’Union européenne, aux politiques de contrôle de l’immigration à travers la Méditerranée et la Libye. Les passages clandestins de main-d’œuvre vers la Libye sont organisés par des réseaux de passeurs-trafiquants qui en ont fait une affaire très lucrative.
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https://www.frstrategie.org/publications/notes/face-au-chaos-libyen-l-europe-se-cherche-encore-21-2017
LES ENJEUX DE LA DÉFENSE FRANÇAISE
1 – Environ 10% des militaires français déployés en opérations extérieures appartiennent aux forces spéciales (Zone militaire, Laurent Lagneau)
La Loi de programmation militaire (LPM) 2014-2019 qui s’achève a été favorable aux forces spéciales, même si des difficultés subsistent, notamment au niveau de leurs équipements. Au cours de ces dernières années, les unités mises à la disposition du Commandement des opérations spéciales (COS) ont vu leurs effectifs augmenter : +430 personnels pour l’armée de Terre, +200 pour la Marine, qui a pu créer un septième commando marine (« Ponchardier »), +240 pour l’armée de l’Air, ce qui a permis de renforcer l’escadron de transport 3/61 Poitou. Seule ombre au tableau : le commando parachutiste de l’Air (CPA) 10 demeure encore en sous-effectif. Cependant, cet effort, aussi important qu’il ait été, est encore insuffisant. « Les engagements sont plus nombreux et vont au-delà des contrats opérationnels fixés : deux Task Force (forces d’intervention) majeures, au lieu d’une seule, sont déployées pour l’une au Sahel et pour l’autre au Levant », a souligné l’amiral Laurent Isnard, le commandant des opérations spéciales, lors d’une audition devant la commission « Défense », à l’Assemblée nationale. Actuellement, près de 6.000 militaires français sont engagés dans une opération extérieure (OPEX), dont 4.000 au Sahel (Barkhane), 1.200 au Levant (Chammal) et 750 au Liban (Daman). Et parmi eux, l’on compte une part relativement importante de commandos des forces spéciales.« En permanence, ce sont environ 800 militaires, dont 600 des forces spéciales, qui sont placés sous mon contrôle opérationnel et déployés en opérations extérieures , ce qui représente environ 10 % des forces françaises déployées en OPEX », a indiqué l’amiral Isnard. « Ces forces sont engagées dans trois types d’action : des actions offensives directes (à raison de plusieurs par semaine, notamment en Afrique ou au Levant), des missions de renseignement, pour mieux comprendre les situations ou pour préparer des opérations et enfin des missions dites d’environnement, qui comprennent notamment la formation et l’accompagnement de partenaires », a expliqué le COS. De par la nature de leurs missions des forces spéciales sont particulièrement exposées. D’après les chiffres donnés par l’amiral Isnard, elles ont ainsi déploré 26 blessés et 2 tués au cours de ces trois dernières années. Cela étant, les opérations spéciales mobilisent au-delà des seules unités du COS. En moyenne, « 30% des aviateurs déployés au profit du Commandement des opérations spéciales proviennent d’unités conventionnelles qui s’intègrent naturellement aux opérations spéciales ou fournissent à ces dernières des capacités rares », avait ainsi expliqué, la semaine passée, le général Louis Fontant, le « Général Forces spéciales air » (GFSA). « En ce qui concerne le positionnement du COS entre les forces spéciales, les forces conventionnelles et les forces clandestines, nous avons su trouver un équilibre. Les opérations Barkhane et Sabre se déroulent toutes deux au Sahel mais nos forces n’y font pas le même métier. Les logistiques y sont parfois intégrées : les forces spéciales de l’opération Sabre soutiennent les hélicoptères Cougar tandis que l’opération Barkhane soutient les Tigre; nous assurons le soutien énergétique à Tombouctou tandis que les forces conventionnelles nous assurent la garde », a expliqué l’amiral Isnard. « Forces conventionnelles et forces spéciales peuvent s’appuyer mutuellement si elles ont une difficulté ou un geste technique particulier à accomplir », a-t-il précisé. Quoi qu’il en soit, le rythme opérationnel des forces spéciales est intense. « Les pilotes d’hélicoptères partent une à deux fois par an, sur les théâtres d’opération au Sahel. Quant aux commandos, ils font au minimum une opération par an. Lorsque vous ajoutez à cela les formations et les séances d’entraînement, au bout du compte cela fait beaucoup de périodes d’absence loin des familles, ce qui provoque un stress. De surcroît, quand un événement imprévu survient et que telle équipe doit partir plus tôt que prévu en opération, cela suscite beaucoup d’angoisse dans nos familles », a expliqué le COS, tout en soulignant que « ce problème n’est pas propre aux forces spéciales. »
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http://www.opex360.com/2018/01/19/environ-10-militaires-francais-deployes-operations-exterieures-appartiennent-aux-forces-speciales/
2 – Budget des armées : les incroyables montagnes russes de 2017 (La Tribune, Michel Cabirol)
Avec le dégel des 700 millions d’euros en fin d’année, Florence Parly aura certainement regagné du crédit auprès de ses troupes traumatisées par la démission du général Pierre de Villiers en juillet. (Crédits : Reuters) Trois ministres, une démission inédite du chef d’état-major des armées, un gel de 2,7 milliards d’euros et, au final, un dégel de 1,9 milliard d’euros. Les militaires ont connu en 2017 des très hauts et des très bas tout au long du dernier exercice budgétaire. Une année incroyablement dense… Âmes sensibles s’abstenir. En 2017, l’exécution du budget du ministère des Armées a balloté toute l’année dernière les militaires sur des montagnes russes. Trois ministres, une démission inédite du chef d’état-major des armées, un gel de 2,7 milliards d’euros et, au final, un dégel de 1,9 milliard d’euros. Le budget des Armées n’est pas passé loin d’un crash mais, finalement, dans les tout derniers jours de 2017, la pièce est tombée du bon côté le 26 décembre pour les militaires avec l’octroi in extremis des 700 millions d’euros encore gelés. C’était semble-t-il inespéré pour les militaires, car Bercy bataillait encore à la veille des fêtes de fin d’année pour ne dégeler que la moitié de la somme gelée. Pas de trêve pour Bercy et l’hôtel de Brienne. Mais, au final, Florence Parly a eu gain de cause auprès de Matignon, explique-t-on de source proche du dossier.
Une crédibilité retrouvée ?
Avec ce succès, la ministre aura certainement regagné du crédit auprès de ses troupes traumatisées par la démission du général Pierre de Villiers en juillet. Dans la foulée, la direction générale de l’armement (DGA) et l’état-major des armées se sont employés à dépenser au plus vite ces 700 millions d’euros avant la fin de 2017. Ainsi, le ministère des Armées a dépensé au total 33,4 milliards d’euros. Soit 700 millions de plus que le budget exécuté en 2016 (32,7 milliards) et que… le budget 2017 voté en loi de finances initiale. Ce tour de force a également permis de réduire le report de charge de 200 millions d’euros, passant de 3,1 milliards à 2,9 milliards d’euros… alors que le ministère le prévoyait en septembre à hauteur de 3,4 milliards. « Le report de charge passe sous la barre des 3 milliards pour la première fois depuis 2011 », se réjouit un proche du dossier.
Un gel de 2,7 milliards d’euros
Pourtant tout avait mal commencé. Début 2017, Bercy gèle 2,7 milliards d’euros comme La Tribune le révélait en juin. Le cabinet de la ministre des Armées, Sylvie Goulard, qui a succédé à Jean-Yves Le Drian, confirme à l’AFP ce gel d’environ 2,66 milliards d’euros (réserve de précaution, gels et surgel) : une réserve de précaution (1,6 milliard d’euros), des crédits de report gelés (715 millions d’euros environ) ainsi que d’autres mesures de régulation adoptées. Un véritable « stress test » pour la nouvelle ministre Sylvie Goulard, qui démissionne quelques jours plu tard en plein salon du Bourget en raison d’une enquête sur des assistants parlementaires fictifs du MoDem. Elle est remplacée par Florence Parly. Quelques semaines après l’élection d’Emmanuel Macron, qui a beaucoup promis aux militaires pendant la campagne présidentielle, la tension monte de plusieurs crans entre l’exécutif et les militaires. Elle ira crescendo jusqu’à la démission du chef d’état-major des armées un peu après le 14 juillet. Car Bercy, après avoir été mis sous l’éteignoir par Jean-Yves Le Drian, ne désarme jamais.
Annulation de 850 millions d’euros de crédits
Début juillet, le ministère de l’Economie transmet à Matignon une proposition pour réduire de 850 millions d’euros le budget de la défense en 2017. Cette proposition met le feu aux poudres au sein de l’état-major des armées, qui s’inquiète pour la remontée en puissance du budget de la défense promise par Emmanuel Macron. A raison car le 11 juillet, le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin confirme à la veille du 14 juillet dans une interview accordée au Parisien l’annulation de 850 millions d’euros.
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3 – Macron confirme le service national universel, lors de ses vœux aux armées (BFMTV)
Lors de ses premiers vœux aux forces armées, Emmanuel Macron a annoncé la mise en place du service national universel, ainsi qu’une augmentation du budget de la Défense pour le porter à 34,2 milliards d’euros d’ici à 2025. Le chef de l’État a présenté ce vendredi ses vœux aux forces armées, s’exprimant face à 1500 militaires à la base navale Toulon, à bord du navire Dixmude. Emmanuel Macron a annoncé lors de ce discours que la loi de programmation militaire serait prochainement présentée aux armées, prévoyant une « modernisation » de la dissuasion nucléaire, mais également de certains matériels de l’armée.
Le service national universel verra le jour
Le service national universel, promesse de campagne d’Emmanuel Macron, « sera mené à son terme », a également annoncé le chef des armées. « Je veux rassurer chacun, il sera mené à son terme, il entrera à bon port, il sera conduit par l’ensemble des ministères concernés, et pas simplement par le ministère des Armées, il aura un financement ad hoc, qui ne viendra en rien impacter la loi de programmation militaire » 2019-2025 qui doit être prochainement présentée, a-t-il déclaré. Emmanuel Macron a également annoncé que le « renseignement (serait) un volet important de la programmation militaire ». « Défendre notre territoire c’est parfois lutter contre les terroristes qui fomentent des attentats à plusieurs milliers de kilomètres d’ici », a précisé le président. « Nous sommes entrés dans une aire de grande turbulence », a indiqué le président. « L’organisation de Daesh au Levant est presque totalement défaite », a-t-il précisé, prévoyant une « victoire dans les prochaines semaines ».
Le budget de la Défense revu à la hausse
Le président a également annoncé une augmentation du budget de la Défense, décrivant « un effort budgétaire inédit », pour porter le budget de la Défense à 2% du PIB d’ici à 2025. Le président a confirmé que le budget de la Défense était augmenté de 1,8 milliard d’euros en 2018 pour le porter à 34,2 milliards. « J’assume devant la nation mes choix de vous donner ces budgets, mais ils traduiront par ailleurs une réduction d’autres politiques publiques. Je vous donne donc des moyens mais en même temps, ce sera pour vous plus de responsabilité », a prévenu Emmanuel Macron. Cette augmentation de budget sera également utilisée pour accélérer le renouvellement du matériel militaire.
INDUSTRIE ET ÉCONOMIE
1 – Loin d’être révolue, la globalisation change de rythme (La Tribune, Jean-Christophe Catalon)
Le ralentissement des échanges internationaux et les surprises politiques de 2016 laissaient à penser une fin rapide de la globalisation. Mais celle-ci est seulement en train de se stabiliser après une longue période de forte expansion. Entre le Brexit et l’élection de Donald Trump, l’idée que le protectionnisme allait faire son grand retour avait gagné les esprits à l’aube de l’année 2017, poussant des observateurs à annoncer la fin proche de la globalisation. L’éventualité, alors prise beaucoup plus au sérieux, d’une victoire du Front national en France n’arrangeait pas l’affaire. Il faut dire que, à l’époque, les indicateurs donnaient des arguments à cette crainte. Le commerce mondial, freiné depuis la crise, enregistrait, entre début 2015 et l’automne 2016, l’une de ses plus mauvaises performances, avec des niveaux de croissance inférieurs à ceux du PIB mondial.
De la simple « phase de pause »…
Un an plus tard, force est de constater que la situation est loin d’être aussi alarmante. Les données disponibles pour 2017 montrent que les échanges de marchandises ont repris du poil de la bête en début d’année, le trafic de conteneurs ayant enregistré une croissance record de 5,2% en rythme annualisé pour le mois de février, selon l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Du reste, les projections attestent que 2017 devrait être un bon cru. Les mauvaises performances enregistrées sur les deux années précédentes étaient en réalité « une phase de pause », résume l’économiste Sébastien Jean, directeur du Centre d’études prospectives et d’informations internationales (Cepii), dans L’Économie mondiale 2018 (éd. La Découverte). Sur le plan des échanges financiers, un ralentissement a également été observé depuis la crise, mais il concerne principalement les « flux de capitaux volatils qui se sont considérablement réduits », a pointé Anton Brender, chef économiste de Candriam Investors Group. Depuis 2008, les banques européennes notamment se sont désengagées à l’international, mais les flux de capitaux des autres pays développés et des émergents sont restés stables. Il ne faut pas s’y tromper : certes, les échanges commerciaux ont reçu un coup de fouet et la croissance mondiale repart, mais la situation d’avant-crise ne reviendra pas. Pendant près de quinze ans jusqu’en 2008, la croissance du commerce mondial était deux fois plus rapide que celle du PIB, un rythme qualifié « d’excessif » par Sébastien Jean, dans une interview pour la revue audiovisuelle Xerfi Canal. Depuis 2011, leurs taux de croissance respectifs progressent au même rythme, signe d’un retour à une situation « normale », selon le directeur du Cepii. Une analyse partagée par Anton Brender, pour qui le commerce international « se stabilise » mais ne chute pas.
… À un cycle de transformation
Ce changement de tempo s’explique par plusieurs facteurs. D’abord, la croissance du commerce mondial était en partie dopée par l’expansion de l’économie chinoise, devenue, en 2009, le premier pays exportateur du monde. Aujourd’hui, le géant asiatique est en transition vers une économie fondée non plus sur les échanges commerciaux, mais sur la consommation intérieure. De 35% en 2007, ses exportations ne représentaient plus que 26% de son PIB en 2015. Lorsque les échanges de «l’atelier du monde » baissent, il est logique que cela se répercute sur le reste du monde.
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https://www.latribune.fr/economie/international/loin-d-etre-revolue-la-globalisation-change-de-rythme-764164.html
2 – Le gouvernement lance une mission sur les cryptomonnaies (ZDnet, Christophe Adam)
Confiée à un ancien haut fonctionnaire de la Banque de France, Jean Pierre Landau, cette mission cherchera à établir une régulation viable pour les cryptomonnaies. Difficile de passer à côté des cryptomonnaies aujourd’hui : après plusieurs années passées cantonnées aux places de marché illégales, les cryptomonnaies connaissent depuis quelque temps leur heure de gloire et la popularité du bitcoin, d’ethereum, de Ripple et autres monero explose. Bien évidemment, les gouvernements n’entendent pas laisser passer ce phénomène sans agir et entendent se pencher sur la régulation de ces cryptomonnaies. Bruno Le maire a ainsi abordé la question lors de ses vœux de la nouvelle année, lundi 15 janvier. Comme le rapporte le Point, le ministre des Finances a annoncé son intention d’inscrire le sujet des cryptomonnaies à l’agenda du G20, afin de pousser les pays membres à se saisir de cette nouvelle problématique. Le ministre a également annoncé la création en France d’une mission dédiée aux cryptomonnaie, confiée à Jean Pierre Landau, ancien haut fonctionnaire de la banque de France. Ce dernier aura pour mission de « proposer des orientations sur l’évolution de la réglementation pour mieux en maîtriser le développement. » Le ministre aimerait en effet disposer d’un arsenal suffisant pour s’assurer que ces cryptomonnaies ne sont pas utilisées pour le financement d’opérations illégales, ou à des fins d’évasion fiscale. Jean Pierre Landau a enchaîné de nombreux postes à responsabilité au sein de hautes instances financières : il est ainsi passé par le FMI, la Banque de France, ou encore la direction des relations économiques extérieures. Landau est également l’auteur d’une tribune de 2014 dans le Financial Times, comparant l’engouement pour le bitcoin à celui pour les tulipes au 17e siècle. Landau n’est donc visiblement pas un enthousiaste des cryptomonnaies, mais son rôle sera après tout de trouver des moyens de réglementer ces nouveaux actifs numériques, pas de les encourager.
3 – La Chine, futur géant aéronautique ? (Portail de l’IE, Julien Cacciaguerra)
Les premiers vols d’essai du C919, et la présentation du projet C929 donnent un crédit nouveau à la stratégie aéronautique de la Chine, qui cherche à se positionner comme un acteur majeur dans un marché asiatique en très forte croissance. La croissance du secteur aéronautique est au cœur de la stratégie industrielle chinoise
La concurrence, essentiellement américaine et européenne, domine le marché mondial
Les efforts chinois en matière d’aéronautique n’ont jusqu’à présent pas eu les effets escomptés. Les mésaventures d’AVIC (Aviation Industry Corporation of China) illustrent ces difficultés : initialement prévue pour 2007, la mise en service de l’ARJ21 n’est intervenue qu’en 2016 pour une commande globale de 360 exemplaires seulement, les caractéristiques de l’appareil (entre 70 et 80 places) ne répondant pas (plus) aux besoins des compagnies chinoises. Cette faible présence industrielle explique la domination massive d’Airbus et de Boeing. L’Asie et la Chine sont pourtant les moteurs essentiels de la croissance du secteur. Selon le groupe Safran, le marché chinois pourrait connaitre une croissance de 6% par an pour quadrupler d’ici 2035 et devenir le 1er marché mondial en volume, devant les États-Unis, avec 35 000 appareils en service.
Cette croissance du secteur oriente désormais la stratégie industrielle chinoise
L’échec de la commercialisation de l’ARJ21 a mis en évidence les insuffisances de la filière, à tout le moins de son organisation. La création en 2008 de COMAC (Commercial Aircraft Corporation of China) fut une première tentative pour contourner les lourdeurs d’AVIC, structure alors forte d’environ 550 000 salariés. La création en 2016 d’AECC (Aero Engine Corporation of China), destinée à la production des systèmes de propulsion, participe de cette même intention. Conscientes de leur retard, les autorités en charge de l’industrie ont placé le domaine des équipements aéronautiques en troisième position des 10 secteurs industriels prioritaires. La stratégie « Made in China 2025 » a vocation à renforcer les capacités de l’ensemble de la filière et à crédibiliser la position de l’industrie aéronautique sur les marchés internationaux. Dans le cadre de ce plan, et constatant les insuffisances de la filière, le MIIT (Ministry of Industry and Information Technology) a annoncé avoir autorisé la mise à disposition de ressources supplémentaires sur la période 2016-2020 : 3 milliards de dollars (20 milliards RMB) à charge du MIIT et des gouvernements locaux, et 45 milliards (300 milliards RMB) par divers canaux (prêts, obligations,…) en collaboration avec la Banque de développement de Chine.
Les réalisations industrielles sont en décalage manifeste avec les objectifs politiques
Les autorités chinoises se sont engagées dans une démarche active d’appropriation technologique
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GRANDS PROBLÈMES DE DÉFENSE
ET DE SÉCURITÉ
1 – Accord de Grande coalition en Allemagne : un système qui ne va plus de soi ? (IRIS, Rémi Bourgeot)
Après des semaines de négociations et de tergiversations, un accord de coalition gouvernementale avait été trouvé entre les hautes sphères des conservateurs (CDU) et des sociaux-démocrates (SPD). Or, la remise en cause de ces négociations n’a pas tardé au sein de l’aile gauche du SPD. Au-delà des dissensions internes à un parti considérablement affaibli, l’ascension de l’extrême droite (AFD) aux législatives de septembre dernier amène les principales formations à se repenser sur le plan idéologique et programmatique ainsi que sur leurs systèmes d’alliances. Plus largement, c’est le modèle de grande coalition initié par la chancelière Angela Merkel en tant que système de gouvernement qui semble remis en cause aujourd’hui. Le point de vue de Rémi Bourgeot, chercheur associé à l’IRIS.
Quelle est l’ampleur politique de la remise en cause de l’accord de coalition trouvé entre les cadres de la CDU et ses alliés avec le SPD ? N’est-il pas paradoxal que des appels à la responsabilité politique soient émis dans l’optique d’une énième coalition gouvernementale quand en parallèle se dresse un constat croissant sur l’usure idéologique et programmatique de ce duopole ?
L’échec des négociations visant à la formation d’une coalition dite « Jamaïque », comprenant les conservateurs, les libéraux et les écologistes ne laisse pas d’autre option politique, si ce n’est un impraticable gouvernement minoritaire ou une périlleuse nouvelle élection. Pour les sociaux-démocrates cependant, la formation d’une nouvelle grande coalition ne va pas de soi et avait même été catégoriquement écartée, au lendemain du vote, par le leadership du parti au vu d’un score considéré comme désastreux, le plus bas que le parti ait connu depuis 1933. L’idée d’une nouvelle coalition entre sociaux-démocrates et conservateurs s’est en partie imposée au leadership du parti sous la pression du président fédéral Frank-Walter Steinmeier, lui-même issu du SPD. La contestation a vu le jour chez un certain nombre de responsables qui ne sont pas forcément au sommet du parti, mais aussi, de façon résolue et massive, au sein du mouvement des jeunes sociaux-démocrates, très opposé à cet accord préalable et à l’idée même d’une nouvelle coalition avec les conservateurs. Pour beaucoup, l’érosion du parti à chaque échéance électorale est avant tout due à l’alliance avec la CDU, accusée de vider le SPD de sa substance politique. À cela s’ajoute le style de gouvernance d’Angela Merkel qui prend des idées autant à droite qu’à gauche, quitte à inverser les idées en question quelques mois plus tard comme dans le cas de la politique migratoire. Ce qui a eu tendance à assécher le substrat idéologique et programmatique du SPD. L’inquiétude se fait sentir quant à la perspective d’une extinction lente du SPD s’il persiste dans ce schéma tactique traditionnel de participation au pouvoir sans pouvoir affirmer une ligne qui lui soit propre et qui parle de nouveau à l’électorat populaire. Alors que l’alliance CDU-CSU/SPD représentait jusqu’à 80% des sièges du Bundestag, elle serait aujourd’hui en-deçà de 60% ; ce qui remet en cause l’expression même de Grande coalition dans le contexte allemand. Du côté de la CDU, c’est un moyen pour la chancelière de se maintenir au pouvoir même si ça n’était pas sur toute la durée du mandat. Elle aussi doit faire face à une équation politique très compliquée liée à l’érosion électorale du bloc conservateur qui, bien que moins sévère que dans le cas du SPD, n’est est pas moins problématique. Le fond actuel du paysage politique allemand, c’est avant tout l’envolée de l’extrême droite (AfD) qui fait tanguer le bloc conservateur et l’ensemble de l’échiquier politique. Dans le cadre des actuelles négociations avec les sociaux-démocrates, Angela Merkel est disposée à ouvrir un certain horizon sur la construction européenne, mais elle est rattrapée à sa droite par certains courants conservateurs et notamment l’AfD, dont le virulent chef de file actuel au Bundestag, Alexander Gauland, est lui-même issu de la CDU.
La presse politique pro-UE s’est largement enthousiasmée que cet accord entre Angela Merkel et Martin Schultz puisse intégrer certains aspects défendus et prônés par Emmanuel Macron sur la question européenne. Qu’en est-il réellement ? Y a-t-il un risque à ce que les dernières dissensions observées mettent en suspens cette convergence ?
La contestation de cette coalition a surtout lieu à l’heure actuelle chez les sociaux-démocrates. Mais sur la construction européenne, ils ont en général tendance à pousser pour une intégration davantage approfondie au sein de la zone euro en particulier. Il est vrai qu’il y a eu nombre de commentaires positifs à la suite de la parution de ce document préalable à l’accord de coalition ces derniers jours. Sur la forme, l’Europe apparaissait dans les premières lignes ce qui a été interprété comme un signal fort en faveur de la poursuite de l’intégration européenne, et d’un dépassement à droite d’un euroscepticisme croissant. Quand on scrute le détail des orientations mentionnées, cela reste cependant vague. Sur la dimension budgétaire, l’Allemagne serait prête en cas d’accord de coalition à accroître la contribution nationale au budget européen. Cela s’accompagnerait d’une réforme du Mécanisme européen de stabilité (MES) afin qu’il évolue vers une forme de Fonds monétaire européen qui devrait être actif en dehors également des périodes de crise en échange d’une surveillance accrue des budgets nationaux. Alors que le document semble évoquer un rattachement du fonds au budget européen, Wolfgang Schäuble, qui était ministre des Finances avant de prendre la présidence du Bundestag, excluait pourtant que ce type de structure soit sous le contrôle d’institutions européennes, en particulier de la Commission. Le mérite pour les sociaux-démocrates aura été que Martin Schultz impose l’Europe comme thématique prioritaire au sein de ce document préalable à une coalition gouvernementale. Cependant, la volonté de ne pas dépasser les tabous allemands en matière de mutualisation budgétaire, de solidarité accrue et de transferts systématiques est toujours d’actualité. Par ailleurs, le volontarisme européen du SPD n’apparait pas comme un élément à même de remettre le parti sur la voie d’une ligne qui lui permettrait de se redresser et de renouer avec l’électorat populaire. Le risque est donc de voir un SPD résolument fédéraliste, mais dont le poids politique continuerait à s’effondrer. On a ainsi vu un certain nombre de tensions autour de Sigmar Gabriel, Vice-Chancelier social-démocrate de la Grande coalition sortante, qui s’est précisément exprimé dans le sens d’une réorientation du parti dans un sens plus populaire, et a ainsi été accusé de délaisser les enjeux sociétaux notamment.
Une relève à Angela Merkel peut-elle s’imposer pendant ou à l’issue de son dernier mandat ? Quels peuvent être les risques en termes d’affaiblissement de l’Allemagne sur la scène européenne et internationale ? Comment la France appréhende-t-elle la situation ?
Le système de gouvernement pensé par Angela Merkel, depuis son arrivée au pouvoir en 2005 est actuellement arrivé à une impasse avec l’érosion de son parti et la situation d’ingouvernabilité du pays.
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2 – Préservons l’alliance franco-britannique de défense. (Les Echos, Bernard Cazeneuve et Georges Robertson)
Terrorisme, cybercriminalité, Ukraine… Dans un tel contexte, une réévaluation et un renouvellement de l’alliance franco-britannique en matière de défense et de sécurité est indispensable. Malgré le Brexit.Le 18 janvier prochain, les dirigeants politiques et militaires français et britanniques se réuniront au sud de Londres pour échanger sur la coopération de défense et de sécurité entre nos deux pays. Huit ans après les Accords de Lancaster House,dans un contexte géopolitique en mutation, il est essentiel de s’interroger à nouveau sur le sens que l’on souhaite donner au partenariat stratégique entre la France et le Royaume-Uni. Depuis la signature des accords en 2010, d’importants progrès ont été réalisés. La coopération pratique, allant de la création d’une force expéditionnaire commune à l’établissement de liens dans la recherche nucléaire, fonctionne bien. La relation entre nos forces armées est solide, en partie en raison d’échanges fréquents et de la mise en place de formations conjointes. Le partage de renseignements a permis de renforcer la lutte contre le terrorisme entre nos deux pays.
Une coopération trop limitée
Mais de nombreux défis demeurent. Certains conflits – comme au Mali et en Syrie – ont montré que les intérêts nationaux et les priorités de nos deux pays ne coïncident pas toujours. Le faible niveau des ressources budgétaires contraint à la fois le volume des activités conjointes, mais également la quantité des nouveaux équipements commandés par nos deux armée La coopération industrielle est limitée – parfois par la concurrence entre nos deux pays pour certains marchés internationaux -, mais surtout du fait de l’absence d’une activité commerciale commune à grande échelle – initiative qui aurait pu émerger si leprojet de fusion entre BAE Systems et EADS avait vu le jour en 2012. L’initiative commune portée par l’Institut Montaigne à Paris et le King’s College de Londres analysera attentivement ce bilan. Mais son principal objectif sera de porter le regard vers l’avenir afin de répondre aux questions déterminantes de la coopération entre nos deux pays.
Nombreux risques
Le terrorisme – à l’intérieur comme à l’extérieur de nos frontières – et l’instabilité de régions proches de l’Europe – de l’Ukraine à la Syrie et à l’Afrique du Nord – constituent des préoccupations sécuritaires immédiates. Les risques dans le cyberespace se sont multipliés. Pour chacun de ces enjeux, les menaces et les réponses nécessaires s’étendent au-delà des frontières nationales. Dans le même temps, des changements politiques majeurs ont eu lieu. Les Etats-Unis manifestent clairement leur intention de limiter leurs engagements extérieurs et d’encourager leurs alliés à contribuer davantage aux coûts associés. Le Royaume-Uni a engagé un processus de départ de l’Union européenne et les 27 Etats membres restants ont lancé plusieurs initiatives pour renforcer leur coopération en matière de défense.
La même vision du monde
Dans ce contexte, une réévaluation et un renouvellement de l’alliance franco-britannique en matière de défense et de sécurité est indispensable.
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https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/0301168528579-preservons-lalliance-franco-britannique-de-defense-2146434.php
3 – WEF : la cyber-guerre, troisième plus grande menace pour l’humanité (Data News)
Le Forum Economique Mondial (WEF en anglais) a sorti son Global Risk Report de 2018, à savoir une liste des principales menaces pour l’homme et la société. Point étonnant: les cyber-attaques et la cyber-guerre y occupent la troisième place, juste après les catastrophes naturelles et les conditions météorologiques extrêmes. Notre grande dépendance à internet fait en sorte que le risque de cyber-attaques deviendra l’une des principales menaces mondiales et ce, pour les cinq prochaines années. Voilà ce qu’on peut lire dans le nouveau Global Risk Report du WEF. Le Forum Economique Mondial est une réunion internationale annuelle de politiciens, académiciens, hommes d’affaires et dirigeants, ayant pour but de fixer l’agenda international.
Ransomware et WannaCry
Le rapport du WEF qualifie tout particulièrement le ‘ransomware’ (rançongiciel) d’énorme menace, étant donné que d’après les rumeurs, 64 pour cent de tous les mails d’hameçonnage (‘phishing’) expédiés l’année dernière contenaient des fichiers malware cryptés. Le Forum Economique Mondial évoque aussi les gigantesques dommages que les attaques WannaCry ont provoqués l’année dernière. On estime ainsi à 300.000 le nombre d’ordinateurs à en avoir été victimes dans 150 pays. Il n’empêche que le Gobal Risk Report signale que WannaCry n’a encore eu qu’un impact relativement limité en comparaison avec le potentiel destructeur que pourrait avoir une cyber-attaque, si elle était lancée avec le soutien d’un pays ou d’une grande organisation. « Dans le pire scénario possible, les agresseurs pourraient porter atteinte aux systèmes les plus vitaux faisant tourner les sociétés », prévient le rapport.
‘Une guerre sans aucune règle’
Selon le Forum Economique Mondial, les décideurs prennent cependant des mesures toujours plus efficientes pour protéger la cyber-sécurité. Et d’ajouter cependant aussitôt que nettement plus d’efforts seront encore nécessaires pour continuer de sécuriser les organisations et la vie en société dans son ensemble. Il y a par exemple encore une sérieuse carence de règles dans le domaine de la cyber-guerre. Le rapport du WEF met ainsi en garde contre ce qu’il appelle une ‘guerre sans aucune règle’, où un conflit pourrait connaître une grave escalade, générant des victimes collatérales.