• ACTUALITÉS INTERNATIONALES
  • LES ENJEUX DE LA DÉFENSE FRANÇAISE
  • INDUSTRIE ET ÉCONOMIE
  • GRANDS PROBLÈMES DE DÉFENSE ET DE SÉCURITÉ 

Jacques Raimond

  • ACTUALITÉS INTERNATIONALES :
  1. Dialogue entre les deux Corées : réelles avancées ou simple trêve olympique ?
  2. L’Union européenne peut-elle réussir l’intégration des Balkans occidentaux ?
  3. Février 2018, les Etats-Unis tentent de reprendre la main en Amérique latine
  • LES ENJEUX DE LA DÉFENSE FRANÇAISE :
  1. Les quatre atouts de la future Loi de programmation militaire
  2. Les cinq graves vulnérabilités qui pèsent sur la future Loi de programmation militaire
  3. Terrain miné pour le service national universel
  • INDUSTRIE ET ÉCONOMIE :
  1. Loi de programmation militaire 2019 – 2025. Préparation de l’avenir et autonomie stratégique, les enjeux pour l’industrie de défense française
  2. Airbus envisage de mettre sur le marché une version militaire de l’A320neo
  3. Airbus a obtenu un accord sur la révision du calendrier des livraisons de l’avion de transport A400M « Atlas »
  • GRANDS PROBLÈMES DE DÉFENSE ET DE SÉCURITÉ :
  1. L’extraterritorialité du droit américain, instrument de guerre économique
  2. Chine/Etats-Unis : jeux d’espions
  3. Géopolitique de l’énergie nucléaire et du risque terroriste

 

 

ACTUALITÉS INTERNATIONALES

 

1 – Dialogue entre les deux Corées : réelles avancées ou simple trêve olympique ? ( The Conversation, Arnaud Clément)

Tradition du fondateur de la République populaire et démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) remise au goût du jour par son petit-fils Kim Jong‑un en 2013, le discours du Nouvel an est l’occasion pour Pyongyang d’aborder le sujet des relations Nord-Sud et de faire un point sur le processus de réunification d’une péninsule divisée depuis 1945. La version 2018 de ce discours, scrutée de près par les analystes étrangers, n’a pas failli à cette règle puisque Kim Jong‑un conclût son propos en expliquant qu’il était urgent de diminuer les tensions militaires dans la péninsule coréenne et que les Jeux olympiques sud-coréens de Pyeongchang constituent une belle occasion de « démontrer le prestige de la Nation [coréenne] ». Le « Leader Suprême » nord-coréen indique, par ailleurs, son souhait d’envoyer des délégations et même de proposer une rencontre de haut niveau entre Sud et Nord – ce qui n’avait plus été le cas depuis 2015 : la présidence conservatrice de Park Geun-hye, peu disposée au dialogue intercoréen, et les programmes nucléaires et balistiques nord-coréens avaient rendu quasiment impossible toute coopération entre Séoul et Pyongyang.

Le cadeau très stratégique de Kim Jong‑un

L’offre de Kim Jong‑un est tardif et surprenant au vu d’une année très difficile et tendue, mais particulièrement bien inspirée d’un point de vue politique et stratégique. En effet, à quelques semaines de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques d’hiver de Pyeongchang, en Corée du Sud, la promesse d’une accalmie rapide des tensions sécuritaires ayant crispé toute l’Asie du Nord-Est depuis l’élection de Donald Trump constitue un véritable cadeau pour les organisateurs des Jeux, et notamment pour l’administration démocrate (centre-gauche) de Monn Jae-in, élue en mai 2017 sur un programme de rapprochement avec le Nord. C’est un cadeau qui n’oublie cependant pas les intérêts de Pyongyang puisque cette soudaine main tendue place Séoul dans une position de porte-à-faux diplomatique : allié militaire et politique des États-Unis, la Corée du Sud peut difficilement refuser une offre de rapprochement du « frère ennemi » du Nord, au grand dam de Washington, qui persévère dans une politique d’isolement et de pression (« maximum pressure ») à l’égard de Pyongyang. La RPDC signe donc une initiative diplomatique bien calculée permettant à la fois de distendre (temporairement) l’alliance américano-sud-coréenne et de fragmenter la complexe architecture des relations internationales de l’Asie du Nord-Est en deux problématiques distinctes. D’un côté, la question de la réunification et des relations Nord-Sud ; de l’autre, la question des programmes nucléaires nord-coréens et le bras de fer avec Washington. Ainsi, comme s’est empressé de l’expliquer Ri Song-won, le délégué nord-coréen lors de l’ouverture des discussions avec le Sud, le 9 janvier dernier : « Les armes nucléaires, à hydrogène et missiles balistiques [nord-coréens] visent uniquement les États-Unis, mais pas nos frères [du Sud], ni la Chine ou la Russie. »

Volonté d’apaisement de part et d’autre

Si les actuelles discussions Nord-Sud portent essentiellement sur des sujets d’ordre symbolique, sportif ou culturel, les échanges ont été effectivement fructueux et les négociations constructives : Pyongyang a envoyé plusieurs délégations de travail et de reconnaissance, des sportifs sud-coréens sont allés visiter les infrastructures de tourisme sportif du Nord (dont la fameuse piste de ski de Masikryong, projet chéri de Kim Jong‑un), et il a d’ores et déjà été décidé que les équipes des deux Corée défileront ensemble, sous drapeau unique, lors de la cérémonie d’ouverture des JO.

Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
https://theconversation.com/dialogue-entre-les-deux-corees-reelles-avancees-ou-simple-treve-olympique-91450

 

2 –  L’Union européenne peut-elle réussir l’intégration des Balkans occidentaux ? (Iris, Loïc Trégourès, docteur en science politique, spécialiste des Balkans)

La Commission européenne a présenté ce lundi à Strasbourg une nouvelle stratégie portant sur l’élargissement de l’UE aux six pays des Balkans occidentaux. Après une mise en sommeil, relative mais très préjudiciable dans la région, dès la prise de fonction de la Commission Juncker, le sujet de l’élargissement et des Balkans remonte progressivement sur l’agenda en 2018 à la faveur de plusieurs éléments. Parmi ceux-ci se trouvent les présidences bulgare et autrichienne, la poursuite du processus de Berlin qui est venu compléter le processus d’intégration par des initiatives plus formelles, les positions de plus en plus affirmées dans la région d’acteurs comme la Russie, la Turquie et la Chine, la possibilité réelle de trouver une solution au conflit entre la Grèce et la Macédoine, l’assassinat du leader serbe du Kosovo, Oliver Ivanovic, mi-janvier, ou encore les élections générales en Bosnie-Herzégovine en octobre qui n’annoncent rien de positif. Dans son document intitulé « une perspective crédible d’élargissement et un renforcement de l’engagement européen avec les Balkans occidentaux », la Commission rappelle une fois de plus que ces pays ont vocation à rejoindre l’UE, conformément à la promesse qui leur a été faite au sommet de Thessalonique en 2003. Elle met en avant six domaines d’initiative qui seront prioritaires : l’état de droit, le développement socio-économique, le développement des infrastructures de transport et de connectivité, une stratégie digitale, la sécurité et les migrations, et enfin le règlement des différends bilatéraux. Deux inflexions importantes sont à signaler dans le document. Tout d’abord, la Commission fixe un horizon déterminé, 2025, pour les pays candidats les plus avancés, c’est-à-dire la Serbie et le Monténégro. Cela signifie que les portes de l’UE sont ouvertes autour de cette date à ces deux pays à condition qu’ils se conforment à toutes les exigences requises dans le cadre du processus d’intégration. Il était ainsi essentiel pour la Commission, afin que l’élargissement reste une idée crédible, de pouvoir l’envisager à un horizon raisonnable. Évidemment, cette date est en réalité fort improbable, car cela signifierait que les négociations soient achevées environ deux ans auparavant, ce qui n’est pas crédible. Il s’agit donc d’un encouragement, mais aussi d’un transfert de responsabilité sur les gouvernements locaux ainsi qu’un message aux populations locales : « Notre porte est ouverte pour 2025, si vous n’entrez pas, ce sera de la faute de vos responsables politiques ». La seconde inflexion, très notable, relève du vocabulaire utilisé, qui tranche singulièrement avec les rapports habituellement très policés de la Commission. On peut lire des expressions telles que « capture de l’État », ainsi que des constats très directs sur l’absence d’État de droit, la mise en danger par les gouvernements locaux de la liberté de la presse, la présence massive de corruption et du crime organisé en lien avec le monde politique au plus haut niveau. La Commission ose enfin appeler un chat un chat, serait-on tenté de dire.

À partir de là, plusieurs observations peuvent être faites.

D’abord, à travers ce ton nouveau et l’utilisation du terme « nouvelle stratégie », la Commission semble reconnaître, au moins en creux, que sa stratégie actuelle est un échec avec un constat difficile à admettre, mais pourtant réel : les pays de la région ont tous, à des degrés divers, régressé sur le plan démocratique sur la dernière décennie, alors même que tous, à des degrés divers, étaient sur le chemin de l’intégration européenne supposé les entraîner vers l’État de droit et la démocratie. Ensuite, l’hypothèse d’une intégration groupée, totalement ou partiellement, est à nouveau écartée au profit d’une intégration au mérite, pays par pays, ce qui évite des comportements de passager clandestin, sans pour autant induire nécessairement de comportement positif de coopération. Par ailleurs, la définition de six domaines stratégiques d’initiative, l’augmentation programmée des fonds IPA (instruments d’aide de préadhésion), de même que toutes les avancées prévues en matière de connectivité dans le cadre du processus de Berlin sont de bonnes nouvelles en soi, à condition que ces projets voient le jour rapidement, et que les fonds puissent être absorbés par les administrations locales, avec des pertes liées à la corruption réduites.

Retrouvez l’intégralité de l’article (et la vidéo) avec ce lien :
http://www.iris-france.org/107190-lunion-europeenne-peut-elle-reussir-lintegration-des-balkans-occidentaux/

 

3 – Février 2018, les Etats-Unis tentent de reprendre la main en Amérique latine (IRIS, Jean-Jacques Kourliandsky)

Donald Trump, président des États-Unis, élu le 8 novembre 2016, avait, dès les débuts de sa campagne électorale, montré du doigt un bouc émissaire à ses concitoyens, l’Amérique latine. Criminalité, maladies, trafics en tout genre, commerce des stupéfiants, terrorisme, concurrences commerciales déloyales, le mal était au Sud. Pour faire bonne mesure, les musulmans du monde avaient été associés à cet opprobre électoraliste. Entré à la Maison-Blanche le 1er janvier 2017, Donald Trump avait confirmé et persévéré. Les déclarations agressives se sont succédé. Le Mexique a été sommé de payer un mur frontalier. Les migrants clandestins ont été menacés. Une réforme de la politique des visas a été annoncée. Ainsi qu’une révision des accords commerciaux en cours de négociation ou déjà signés. Un appel d’offres pour construire un mur sur la frontière sud a permis de vérifier sa faisabilité. Les arrestations de clandestins ont été plus nombreuses. Les États-Unis se sont retirés des négociations engagées pour mener à bon port un Traité de libre-échange transpacifique, ou TPP. Mexique et Canada ont été fermement invités à revoir la copie de l’ALENA, l’accord de libre-échange nord-américain. L’Amérique d’abord, America First. Le mot d’ordre a déstabilisé la relation avec les partenaires des États-Unis les plus inégaux. En clair, ceux du Sud, ceux qui se trouvent à la périphérie des puissants, au premier rang desquels on trouve les Latino-Américains. Le 22 décembre 2017, Donald Trump a menacé de rétorsions ceux qui n’acceptaient pas de déplacer leur ambassade en Israël à Jérusalem. Les propos brutaux tenus devant un groupe de congressistes par le chef des États-Unis le 12 janvier 2018, sont cohérents avec sa pensée, sa vision géopolitique du monde et ses orientations diplomatiques. Haïti, le Salvador et les Africains sont des « pays de merde »[1]. Parallèlement, pourtant, devant un parterre choisi d’interlocuteurs privés et officiels, à Davos, le 28 janvier 2018, comme le 30 janvier devant le Congrès des États-Unis, le président a fait preuve d’une logorrhée en coitus interruptus. Lisant le texte sur prompteur, et donc un discours préparé, il a défendu la priorité américaine en termes mesurés. La défense de l’intérêt national, la sécurité des ressortissants nord-américains, la révision des conditions d’entrée et de séjour sur le sol des États-Unis ont bien occupé une place importante dans le propos présidentiel. Mais sans viser personne, pays ou peuple en termes désobligeants.

Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
http://www.iris-france.org/107300-fevrier-2018-les-etats-unis-tentent-de-reprendre-la-main-en-amerique-latine/

 

LES ENJEUX DE LA DÉFENSE FRANÇAISE 

 

1 –  Les quatre atouts de la future Loi de programmation militaire ( la Tribune, Michel Cabirol)

La future loi de programmation militaire relance indéniablement l’effort de défense de la France (près de 300 milliards d’euros) après une LPM de survie sous le quinquennat de François Hollande. (Photo : à Toulon, le vendredi 19 janvier, le président de la République et sa ministre des Armées à bord du bateau de commandement et de projection Dixmude pour la présentation de ses voeux aux Armées. Les crédits budgétaires en nette hausse vont permettre aux armées de faire souffler les hommes et les matériels. Sur la période 2019-2025, ils vont disposer de près de 300 milliards d’euros. L’argent ne fait pas le bonheur mais il y contribue. C’est le cas pour les militaires avec la future loi prochaine de programmation militaire (LPM), qui courra sur sept ans (2019-2025). Présentée jeudi matin en conseil des ministres, la LPM relance indéniablement l’effort de défense de la France (près de 300 milliards d’euros) après une LPM de survie sous le quinquennat de François Hollande. Comme il est indéniable que la préparation  de cette LPM a été bien plus confortable que la précédente façonnée dans un contexte de réduction drastique de crédits… même si elle a été achevée en un temps record. Soit seulement quatre mois après la publication de la revue stratégique de défense et de sécurité nationale. Pourquoi? Parce que l’édredon (l’ensemble des besoins des armées sur toute la durée de la LPM) a été beaucoup plus facile cette fois à rentrer dans la valise (cadre budgétaire défini) nettement plus volumineuse que la précédente. Même si la LPM 2014-2019 a quand même réussi l’exploit, en dépit d’impasses sur des capacités opérationnelles, à conserver le modèle d’armée à la française. L’équipe actuelle hérite d’une armée à bout de souffle aussi bien les hommes que les matériels. A elle de les faire souffler grâce aux marges de manœuvre financière permises par la future LPM et de remettre un peu plus de cohérence dans le modèle des armées.

1/ Un effort financier significatif

La prochaine LPM prévoit sur une période de sept ans des besoins à hauteur de 295 milliards d’euros, couverts de manière ferme jusqu’en 2023 (198 milliards d’euros de crédits budgétaires)… à condition que les budgets soient exécutés à l’euro près chaque année. Le cadre financier des LPM n’a jamais été respecté jusqu’ici. En tout cas, la future LPM va porter l’effort de défense de la France à 1,91% du PIB en 2023, contre 1,78% en 2017. « Les ressources pour les armées 2024 et 2025 seront précisées lors d’une actualisation prévue en 2021 », qui prendra en compte « la situation macroéconomique à cette date, dans l’objectif de porter l’effort national de défense à 2% du PIB en 2025 », a expliqué jeudi le ministère des Armées. Pour réaliser cette montée en puissance, le budget des armées augmentera de 1,7 milliard d’euros par an entre 2019 et 2022, puis de 3 milliards en 2023. Sur la période 2019-2023, le montant du budget du ministère s’élèvera en moyenne à 39,6 milliards d’euros par an (hors pensions). Ce qui représente un effort de 7,4 milliards d’euros de plus par an en moyenne par rapport à la période 2014-2018 (32,2 milliards d’euros par an en moyenne). Au total, les ressources des armées augmentent de près d’un quart (+ 23%) sur la période 2019-2023 par rapport à 2014-2018. Ces crédits budgétaires supplémentaires permettront notamment la création de 3.000 postes civils et militaires (+ 3.000 postes créés en 2024 et 2025).

2/ Une accélération de la modernisation des équipements

Une accélération de la modernisation des parcs et des flottes étaient une demande récurrente des armées. Les crédits budgétaires supplémentaires vont le permettre. En tout cas, pour certains programmes comme Scorpion.  Ainsi, à l’horizon 2025, la moitié des véhicules du segment médian aura été livrée dans le cadre du programme Scorpion : 936 véhicules blindés multi-rôles lourds Griffon, 150 engins blindés de reconnaissance et de combat Jaguar, 122 chars de combat Leclerc rénovés et 489 véhicules blindés multi-rôles légers VBMR-L. Ce sera le cas également des livraisons de fusils d’assaut HK 416 F qui seront accélérées (93.000 exemplaires livrés d’ici à 2025, contre 60.000 précédemment) ainsi que les missiles MMP ou Missiles moyenne portée (1.950 missiles livrés en 2025, contre 1.550 prévus auparavant). Les cibles de certains programmes ont été par ailleurs augmentées comme l’avait révélé La Tribune. Pour l’armée de terre, la cible des Griffon et des Jaguar augmentera dans le cadre de l’ambition opérationnelle 2030 respectivement de 150 véhicules (1.872 exemplaires) et de 52 exemplaires (300). C’est le cas également de Frotlog, le programme de pétrolier-ravitailleur pour la marine réalisé en coopération avec l’Italie, dont la cible a été rehaussé à quatre (contre trois précédemment). Les deux premiers seront livrés en 2025. La cible de patrouilleurs a aussi été augmentée (19 bâtiments). Enfin, la rénovation des avions de patrouille maritime ATL2 sera pour sa part étendue à 18 appareils (contre 15) tous livrés avant 2025 pour faire face à la résurgence de la menace sous-marine.

Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien  :
https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/les-quatre-atouts-de-la-future-loi-de-programmation-militaire-1-2-767835.html

 

2 –  Les cinq graves vulnérabilités qui pèsent sur la future Loi de programmation militaire (La Tribune, Michel Cabirol)

Les budgétaires du ministère des Armées vont devoir s’équiper de piolets et de crampons pour respirer l’air des sommets. Car pour atteindre le pic de 50 milliards d’euros et donc les fameux 2% du PIB en 2025, le budget des Armées devra être augmenté de trois milliards d’euros par an sur trois ans (2023-2025). Une trajectoire financière inédite. (Crédits : POOL New)Le retour de la poudre de Perlimpinpin? Possible avec la loi de programmation militaire qui se termine au-delà du quinquennat d’Emmanuel Macron en 2025. D’autant que la trajectoire financière se cabre très fort en fin de LPM (2023-2025). La future loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025 est-elle aussi sincère que la présente l’Elysée et le ministère des Armées. Son exécution sera le seul juge. Faut-il rappeler que la trajectoire financière des précédentes LPM n’a jamais été respectée. Au-delà de ce constat, on peut d’ores et déjà pointer trois très graves menaces qui pèsent sur la sincérité de la LPM 2019-2025 … Même si cette dernière consacre néanmoins une remontée en puissance de l’effort de défense de la France. Du moins au niveau des promesses. Ce qui n’est déjà pas si mal.

1/ Une LPM qui finit après le quinquennat d’Emmanuel Macron

Première vulnérabilité, et non des moindres, la loi de programmation militaire se termine au-delà du quinquennat d’Emmanuel Macron en 2025. Et c’est cette année-là que l’effort de défense atteindra les fameux 2% du PIB. Cela n’engage bien sûr qu’Emmanuel Macron et son gouvernement mais certainement pas le prochain président… à moins que les Français votent à nouveau en 2025 en faveur de l’actuel Chef de l’Etat pour qu’il rempile à l’Elysée. Pour l’heure, cette promesse des 2% en 2025 est très clairement de la poudre de Perlimpinpin, une expression utilisée en mai 2017 par Emmanuel Macron alors en campagne, lorsqu’il évoquait le programme de Marine Le Pen. A suivre…

2/ Une hausse des crédits vertigineuse en fin de LPM

La LPM 2019-2025 prévoit sur une période de sept ans des besoins à hauteur de 295 milliards d’euros, couverts de manière ferme jusqu’en 2023 (198 milliards d’euros de crédits budgétaires). Pour atteindre un effort de défense à 2% du PIB – l’objectif affiché par Emmanuel Macron -, la trajectoire financière se cabre très fort en fin de LPM (2023-2025). Entre 2019 et 2022, la hausse des crédits de la mission Défense est programmée à hauteur de 1,7 milliard d’euros. En 2022, le budget du ministère des Armées atteindra alors 41 milliards d’euros (hors pensions). C’est donc après 2022 que les budgétaires du ministère vont devoir s’équiper de piolets et de crampons pour respirer l’air des sommets. Car pour atteindre le pic de 50 milliards d’euros et donc les fameux 2% du PIB en 2025, le budget des Armées devra être augmenté de trois milliards d’euros par an sur trois ans (2023-2025). Une trajectoire financière inédite, qui exigera une volonté politique sans faille et une guérilla féroce face à Bercy. Le ministère de l’Action et des Comptes publics aura d’ailleurs son mot à dire dès 2021. « Les ressources pour les armées 2024 et 2025 seront précisées lors d’une actualisation prévue en 2021 », qui prendra en compte « la situation macroéconomique à cette date, dans l’objectif de porter l’effort national de défense à 2% du PIB en 2025 », a expliqué jeudi le ministère des Armées.

3/ Trois théâtres d’opérations extérieures, est-ce sincère ?

Le débat sur le nombre des théâtres d’opération extérieure (OPEX) sur lesquels les armées peuvent s’engager simultanément a été l’une des source de conflits entre les armées et le gouvernement. Durant le quinquennat de François Hollande, la multiplication des OPEX a été à l’origine de la surchauffe des armées. Ce débat a été clos par le ministère des Armées. Ce sera trois au maximum (contre deux à trois dans le Livre blanc de 2013). Or l’armée française intervient déjà au Sahel (Barkhane), au Levant (Chammal) et au Liban (FINUL) comme l’a rappelé tout récemment Emmanuel Macron lors de ses vœux aux armées. Il y a peu de temps encore  le Centrafrique était considéré comme une OPEX à part entière.

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https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/les-cinq-graves-vulnerabilites-qui-pesent-sur-la-future-loi-de-programmation-militaire-2-2-767863.html

 

3 – Terrain miné pour le service national universel (La dépêche du midi, Cyril Brioulet)

Le candidat Emmanuel Macron l’avait promis : s’il devenait Président, le service national serait de retour pour les jeunes Français entre 18 et 21 ans. Le futur chef de l’Etat avait parlé, en mars 2017, de « projet de société majeur » 21 ans après la suppression du service militaire par Jacques Chirac. Cette promesse de campagne a aujourd’hui du plomb dans l’aile. Un rapport, commandé  par le Premier ministre Edouard Philippe en septembre, alerte sur « les contraintes, la complexité et le coût » du projet selon le quotidien économique les Echos. Il a été rédigé par les cinq inspections générales (administration, armées, finances, éducation, jeunesse et sports).

3 scénarios possibles

Le rapport a étudié trois scénarios possibles. Le premier préconise un mois complet de service national universel avec une formation militaire de base, de l’éducation civique et citoyenne et des activités sportives « de cohésion ». Le second scénario prévoit un service d’un mois qui serait découpé entre cinq journées de la citoyenneté et trois semaines dont le contenu reste à préciser. Le troisième scénario prendrait la forme d’un parcours à réaliser entre 16 et 20 ans en collaboration avec les établissements scolaires, encadré par des militaires, des professeurs et des éducateurs sportifs. Ce 3e scénario pourrait se décliner en trois formules : avec hébergement, sans hébergement ou une formule mixte.

Les questions qui fâchent

Où héberger tous ces jeunes si cette option était retenue ? Le rapport, cité par les Echos, évoque 226 000 places d’internat des lycées et collèges disponibles pendant l’été et 120 000 places des Crous (où logent des étudiants). Encore faut-il pouvoir mobiliser les personnels d’entretien des établissements pendant l’été. Selon l’option choisie, il faudra aussi pouvoir mobiliser les enseignants. « Le réseau enseignant serait sollicité sous forme d’heures supplémentaires bonifiées, notamment les professeurs d’histoire, de géographie et d’éducation physique et sportive » explique le rapport. Ils seraient payés « en heures supplémentaires avec une bonification pour travailler le samedi ». Le retour du service national aurait un coût exorbitant : entre 2,4 et 3,1 milliards d’euros par an selon les scénarios indique le quotidien. Il faudra ajouter à cette somme 3,2 à 5,4 milliards d’euros pour investir dans les centres d’hébergement. Lors de ses vœux aux armées, le 19 janvier, Emmanuel Macron avait indiqué : « Il ne s’agit pas de réinventer le service militaire mais de donner à la jeunesse de France des causes à défendre, des combats à mener dans les domaines social, environnemental et culturel ». 

 

INDUSTRIE ET ÉCONOMIE

 

1 – Loi de programmation militaire 2019 – 2025. Préparation de l’avenir et autonomie stratégique, les enjeux pour l’industrie de défense française (CIDEF, communiqué de presse)

Le CIDEF (Conseil des Industries de Défense Françaises), qui porte les intérêts de la filière industrielle de Défense française, se félicite des orientations stratégiques adoptées par la Loi de Programmation Militaire présentée en Conseil des ministres le 8 février 2018. Ce sont de bonnes nouvelles pour nos armées et l’industrie répondra présente, avec engagement et sens des responsabilités. Ces orientations constituent en effet la condition nécessaire et indispensable à une bonne préparation de l’avenir. Parmi les principes affichés de cette nouvelle LPM, il convient de souligner l’importance accordée à l’équipement des Forces, avec l’accélération de la modernisation des armées, la coopération européenne et l’innovation. A cette occasion, Eric Trappier, Président du CIDEF, se réjouit de constater que « Le projet de LPM qui vient d’être annoncé par le Président de la République et la Ministre des armées marque un effort important de la Nation pour ses armées. Toute la filière industrielle apporte son soutien à cet effort confirmant le caractère central d’une autonomie stratégique française et européenne qui repose sur une indépendance de moyens à laquelle contribue la base industrielle et technologique de défense française compétitive, innovante, exportatrice et créatrice d’emplois stables à forte valeur ajoutée technologique. » Le CIDEF tient à préciser que les enjeux majeurs de l’industrie, tant en termes d’avenir que de souveraineté, passent en particulier par le respect des points suivants de la LPM :

  • Un montant dédié aux Programmes d’Études Amont (PEA) en nette progression.
  • Le maintien et le lancement de programmes nationaux, nécessaires pour remplacer des équipements devenus obsolètes, résorber les trous capacitaires et maintenir nos compétences, et ceci sans remise en cause ou étalement de ces nouveaux programmes.
  • La nécessité de développer une coopération européenne réaliste, dans un contexte géopolitique en évolution, afin de préparer l’avenir.
  • La réussite de la réforme du Maintien en Condition Opérationnelle (MCO) engagée par la Ministre des Armées, à laquelle l’industrie apportera tout son concours.
  • Un soutien à l’export accru. La LPM, par l’effort budgétaire consenti, témoigne de l’importance que revêt le secteur Défense pour la France.

 Le CIDEF rappelle que ce secteur représente 200.000 emplois directs dans des grands groupes, des ETI et des PME-PMI, qu’il est stratégique pour le développement des technologies les plus innovantes et la souveraineté nationale et qu’il a un réel impact sur les écosystèmes régionaux. Au sein des régions, les industries de défense concentrent en effet des talents uniques et des emplois à haute valeur ajoutée.

 

2 – Airbus envisage de mettre sur le marché une version militaire de l’A320neo (OPEX 360, Laurent Lagneau)

En se basant sur son B-737 pour développer l’avion de patrouille maritime P8 Poseidon (chose qu’il fit également pour l’E-3 Sentry « AWACS » avec le B-707 ou encore pour le KC-46 Pegasus avec le B-767), le constructeur américain a vu juste puisqu’il a ainsi pu décrocher non seulement des contrats avec l’US Navy mais aussi avec le Royaume-Uni, l’Inde, l’Australie et la Norvège. Et d’autres pourraient se concrétiser dans un avenir proche. Mais le B-737 se décline également en avion AEW&C [pour Airborne Early Warning & Control]. Là aussi avec un certain succès puisque la Turquie, la Corée du Sud et l’Australie utilisent cette version. De quoi inspirer Airbus, qui a déjà une telle expérience, après avoir notamment transformé l’A330 en avion-ravitailleur (A330 MRTT « Phénix »), non sans succès puisque cet appareil a enregistré de nombreuses commandes (France, Royaume-Uni, Australie, Arabie Saoudite, etc). En effet, le constructeur européen envisage de développer une version militaire de son A320neo, le dernier né de cette gamme de moyen-courrier mise sur le marché à la fin des années 1980. L’annonce a été faite par Fernando Alonso, le directeur de la division Avions militaires d’Airbus Defence & Space, lors du Singapore Air Show. « Nous avons l’expérience de la conversion de l’A330 en A330 MRTT et nous avons un processus plus efficace », a fait valoir M. Alonso, selon qui le rendement des moteurs de nouvelle génération (Geared Turbofan de Pratt & Whitney ou LEAP de General Electric/Safran permettra une version militaire performante. » La conversion d’un A320neo prélevé sur les chaînes d’assemblage en appareil militaire devrait prendre entre 6 et 8 mois. L’idée d’Airbus serait de proposer des A320neo modifiés pour des missions de patrouille maritime (MPA), d’ISR (Intelligence, Surveillance, Reconnaissance) ou de transport gouvernemental. « Nous pensons qu’il y a un marché et nous avons entamé le dialogue avec plusieurs clients potentiels », a affirmé M. Alonso. Et parmi ces « propects », il y aurait des forces armées de la zone Asie-Pacifique (Malaisie, Indonésie, Nouvelle-Zélande, Philippines) ainsi que les Pays-Bas, la France et l’Allemagne. Un A320neo transformé en avion de patrouille maritime pourrait effectivement intéresser les forces françaises et allemandes. Mais pas dans l’immédiat, comme l’avait expliqué l’amiral Christophe Prazuck, le chef d’état-major de la Marine nationale (CEMM), lors d’une audition parlementaire.

Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
http://www.opex360.com/2018/02/07/airbus-envisage-de-mettre-marche-version-militaire-de-la320neo/

 

3 – Airbus a obtenu un accord sur la révision du calendrier des livraisons de l’avion de transport A400M « Atlas » (OPEX 360, Laurent Lagneau)

Fin janvier, Airbus a indiqué avoir livré 19 avions militaires de transport A400M « Atlas » l’an passé, ce qui a porté le total des livraisons à 57 depuis 2013. Seulement, les exemplaires reçus par les clients ne disposent pas de l’ensemble des capacités tactiques requises. Et, avec les retards pris dans la réception de ces appareils, certains, comme l’Allemagne, ont imposé des pénalités financières au constructeur. Le développement de l’A400M n’aura pas été sans nuage. Déjà, en 2010, les clients d’Airbus avait dû se mettre d’accord pour prendre en charge les 5,2 milliards d’euros de surcoûts générés par les problèmes techniques liés à la motorisation et les retards. Ils décidèrent ainsi de mettre la main à la poche pour 2 milliards supplémentaires, d’accorder à Airbus un prêt de 1,5 milliard sous forme d’avances remboursables gagées sur les futures exportations et de renoncer aux pénalités qu’ils étaient alors en droit d’exiger (le programme accusait 4 ans de retard à l’époque). Mais cela n’a pas été suffisant. En 2016, Airbus, dont la gestion de ce programme n’est pas sans reproche, fut contraint de mettre en provision 2,2 milliards d’euros supplémentaires pour faire face à de nouvelles difficultés techniques, dues, cette fois, aux boîtes relais des réducteurs d’hélices (PGB – Propeller Gear Box) de ses turbopropulseurs TP-400. Et cela, en plus du retard pris dans la mise au point des capacités tactiques de l’A400M. L’an passé, une nouvelle charge de 1,2 milliard avait été passée dans les comptes de l’avionneur. Aussi, le constructeur européen souhaitait discuter avec ses clients de l’Otan (Allemagne, Belgique, Espagne, France, Luxembourg, Royaume-Uni et Turquie) pour les convaincre de limiter les pénalités financières et les reports de paiement. Faute de quoi, l’avenir de l’A400M risquait d’être en péril. Et visiblement, l’argument a fait mouche. En effet, à l’issue d’une réunion, à Londres, avec les États partenaires du programme et sous l’égide de l’Organisme conjoint de coopération en matière d’armement (OCCAr) , Airbus a annoncé, le 7 février avec signé une déclaration d’intention visant à revoir le calendrier des livraisons de l’A400M. Ce qui limitera les pénalités financières. « L’OCCaR, les nations clientes et Airbus ont convenu de modifier certains éléments contractuels, dont un plan de livraison remanié ainsi qu’une feuille de route pour le développement et la qualification des capacités militaires finales de l’A400M », a en effet indiqué le constructeur aéronautiquen dans un communiqué. « Ce jalon va permettre de rendre plus robuste et fiable l’exécution du programme, en réduisant les risques techniques et financiers », a-t-il insisté. « L’accord avec nos clients est une étape importante dans la réduction des risques qui pèsent encore sur le programme A400M », s’est félicité Tom Enders, le patron d’Airbus. « Depuis son lancement en 2003, ce programme a toutefois souffert non seulement de problèmes techniques, mais aussi et surtout des imperfections du cadre contractuel qui ont entraîné des pertes significatives pour Airbus en qualité de maître d’oeuvre. Nous avons désormais la possibilité de stopper ou tout au moins de réduire l’hémorragie et de livrer les capacités dont ont besoin nos clients », a-t-il ajouté. Initialement, le coût du programme A400M avait été estimé à 20 milliards d’euros. Désormais, il a dépassé les 30 milliards (+50%).

 

GRANDS PROBLÈMES
DE DÉFENSE 
ET DE SÉCURITÉ

 

1 – L’extraterritorialité du droit américain, instrument de guerre économique (Cellie, Robinson Bienfait)

Plus ou moins récemment, des affaires opposant des entreprises françaises telles que Alcatel, Alstom et BNP Paribas à la justice américaine, ont fait couler beaucoup d’encre. Dans le monde économique impitoyable d’aujourd’hui, les États-Unis ont réussi à faire de leur système juridique une arme de guerre économique redoutable. En effet, l’extraterritorialité du droit américain, incarnée par le Department of Justice (DoJ), est devenue la plus grande peur des multinationales européennes, sommées tour à tour de payer des amendes colossales au trésor américain pour diverses activités frauduleuses. Mais comment la première puissance mondiale réussit-elle à mettre en place un tel système ? Quelles sont les solutions pour le contrecarrer ?

Un arsenal juridique surpuissant

Depuis la fin de la guerre froide et la chute de son rival soviétique, les États-Unis ont assuré quasiment seuls leur rôle de “gendarme du monde”. Les opérations militaires menées au Moyen-Orient témoignent d’une volonté interventionniste certaine. Cependant, le sentiment nationaliste américain (“America First”) est toujours resté très fort, et l’élection de Donald Trump et de son slogan “Make America great again” en est la nouvelle démonstration. Ce mélange d’interventionnisme et de nationalisme se traduit par une guerre économique intensive qui fait des ravages, auprès des entreprises européennes notamment. La clé de voûte de cette politique agressive n’est autre que le système juridique des Etats-Unis, sans aucun doute le plus influent au niveau mondial. Le Département de la Justice américaine (DoJ) possède d’énormes pouvoirs et d’énormes moyens, aussi bien humains (40 000 employés, appui du FBI et de la DEA) que financiers (7 milliards de dollars de budget). Il collabore également avec la NSA et échange directement des informations avec les multinationales américaines. Le DoJ fait peur, et pas uniquement sur le territoire national. En effet, l’extraterritorialité du droit américain, présentée dans le Foreign Corrupt Practices Act (FCPA) de 1977, donne le droit au DoJ de poursuivre toute entreprise internationale s’adonnant à des activités frauduleuses, notamment en matière de corruption, lorsque l’entreprise en question possède un quelconque lien avec les Etats-Unis. Pour faire simple, utiliser le dollar dans ses transactions ou même le fait d’avoir une adresse mail dont le serveur est situé aux Etats-Unis suffit pour être poursuivi. Autant dire que toutes les multinationales tombent sous le coup de cette loi. Pour illustrer l’impact considérable du FCPA, on peut citer quelques chiffres. Tout d’abord, 64% du total des sommes récoltées par le trésor américain suite à l’action du DoJ provient d’entreprises européennes, qui écopent d’amendes faramineuses. Ensuite, rien qu’en France, les entreprises ont dû débourser 20 milliards d’euros d’amendes entre 2014 et 2016, la BNP Paribas ayant explosé tous les scores en payant 8 milliards d’euros, somme sans précédent, en 2014. La France n’est bien sûr pas le seul pays européen touché. L’Allemagne, avec par exemple les entreprises Siemens et Volkswagen, n’est pas épargnée non plus. Pour arriver à ses fins, le DoJ dispose de moyens de pression et de dissuasion considérables. Premièrement, les amendes fixées par les procureurs américains sont faramineuses et feraient peur à n’importe quelle entreprise, aussi puissante soit-elle. Deuxièmement, les États-Unis sont souvent un marché important pour n’importe quelle multinationale, et le DoJ a le pouvoir de faire disparaître une entreprise du marché américain, comme elle menaçait de le faire à la BNP Paribas (suppression de leur statut bancaire aux USA). Troisièmement, les cadres et dirigeants des entreprises poursuivies par la justice américaine peuvent être détenus à tout moment s’ils se rendent sur le sol américain. C’est ce qui s’est passé pour Alstom qui a vu plusieurs de ses cadres arrêtés et emprisonnés. Tout cet arsenal juridique ne profite pas uniquement au trésor public américain, mais aussi aux grosses entreprises américaines, par le biais de l’affaiblissement de leurs concurrents, européens notamment.

Un système au service des entreprises américaines

Si les poursuites judiciaires menées par le DoJ sont basées sur des faits répréhensibles de corruption et sont donc d’une certaine façon justifiées, celles-ci bénéficient fortement aux multinationales américaines, qui, avec l’appui officieux de la justice américaine, tirent des avantages économiques et informationnels clairs du système.

Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
https://www.cellie.fr/2017/12/27/lextraterritorialite-du-droit-americain-instrument-de-guerre-economique/

 

2 – Chine/Etats-Unis : jeux d’espions (TTU Online)

Jerry Chun Shing Lee serait-il le nouvel «Aldrich Ames» de la CIA, qui aurait vendu les joyaux de la couronne (une vingtaine de sources de la CIA en Chine, interpellées entre 2010 et 2012) aux services secrets de Pékin ? La presse américaine paraît le penser. Sauf que l’acte d’accusation contre l’ancien officier traitant de la CIA rendu public n’évoque que des accusations de «rétention illégale d’informations relevant de la défense nationale». Selon le New York Times, après avoir démissionné, Jerry Lee serait parti travailler au département chargé de la contrefaçon de cigarettes de Japan Tobacco International, d’où il aurait été licencié à la mi-2009, à cause de ses contacts avec des officiers du renseignement chinois, mais également de suspicions qu’il faisait fuiter des informations sur les investigations de son équipe. Ironie de l’histoire, Jerry Chun Shing Lee entre à la CIA l’année même où Aldrich Ames est interpellé pour espionnage au profit du renseignement russe (1994). Et, quand il quitte l’Agence américaine de renseignement en 2007, déçu par le manque d’avancement de sa carrière, il était en poste à Pékin, où il servait sous la couverture de deuxième secrétaire de l’ambassade américaine. Si les affaires d’espionnage impliquant les services chinois ont fait beaucoup de bruit, la presse est un peu plus discrète quant aux cas de citoyens chinois interpellés par le ministère de la Sécurité d’Etat chinois, le Guojia Anquanbu, pour espionnage au profit des services étrangers. Pourtant, déjà, en 1989, les autorités chinoises mentionnaient une centaine d’interpellations, pour espionnage, de personnes travaillant dans les domaines gouvernementaux, l’armée ou le domaine politique, et ce rien que pour 1987 et 1988. D’autres cas ont été brièvement mentionnés depuis. Entre autres, l’exécution en 1999 du général chinois Liu Liangkun, qui travaillait pour les services secrets taïwanais. En septembre 2011, une vidéo publiée sur le Net fait sensation : le général Jin Yinan de l’armée chinoise révèle plusieurs scandales d’espionnage impliquant de hauts responsables chinois. Entre autres, l’envoyé spécial chinois pour la péninsule coréenne, Li Bin, recruté par le National Intelligence Service sud-coréen, et Kang Rixin, le responsable de la China National Nuclear Corporation ! Parmi les cas dévoilés par le général Yinan, deux concernent des «taupes» des services secrets américains : le chercheur de l’Académie des sciences sociales Lu Jianhua, interpellé en 2006, et le colonel de l’armée de l’air chinoise Jia Shiqing. Un seul cas de trahison rendu public peut être relié aux pertes des sources de la CIA. Il a pour cadre Hong-Kong, vers 2009 : la station de la CIA (dirigée par Monsieur K, puis à partir de mi-2009 par Christopher Pockette, aujourd’hui dans le privé) réussit à recruter Li Hui, le secrétaire du vice-ministre de la Sécurité d’Etat Lu Zhongwei ! Un très beau succès. Mais cette source de la CIA, dont les informations permettent au FBI de faire des dégâts considérables dans les réseaux de la Sécurité d’Etat chinoise aux Etats-Unis, est démasquée et interpellée vers 2012. La chute de la taupe de la CIA entraîne, par ricochet, le limogeage de Lu Zhongwei. En 2016, les autorités chinoises annonçaient l’exécution de Huang Yu. Ce chercheur dans un institut de recherches scientifiques a transmis des informations à un service de renseignement étranger de 2002 jusqu’à son interpellation en 2011. Si l’identité du service étranger en question n’est pas mentionnée, il ne peut être exclu qu’il s’agisse d’une parmi la vingtaine de sources de la CIA. Ces sources étaient traitées pour certaines par la station de la CIA à Beijing. Avec prudence : non seulement le contre-espionnage chinois ne chôme pas, mais les autorités chinoises n’ont pas hésité, en 2002, à expulser le chef de station de la CIA sur place, Stephen Holder (décédé en juin 2016). Ses remplaçants dans la capitale chinoise, John Mullen (2005-2007, aujourd’hui dans le privé) puis Monsieur L. (2007-2009) contribueront également à l’édification du réseau. Mais c’est leurs successeurs qui subiront les avanies du contre-espionnage chinois… Professionnel du renseignement, ancien responsable du département Chine à Langley (2000-2003), Randal Philipps arrive début 2009 au poste de chef de station à Beijing, sous la couverture de conseiller de l’ambassade. Début 2010, comme le relate le New York Times, «la qualité des informations de la CIA sur le fonctionnement interne du gouvernement chinois était la meilleure depuis des années». C’est à partir de fin 2010 que la CIA commence à perdre ses sources, les unes après les autres. Mi-2011, de retour à Langley, Randal Philipps quitte la CIA pour partir dans le privé. C’est son successeur qui assiste, impuissant, au démantèlement total du réseau. L’interpellation de Jerry Lee permettra-elle de résoudre le mystère de la perte, pour la CIA, de ses sources en Chine ? Possible. A moins que l’histoire ne se répète : suite au démantèlement d’une grande partie de son réseau de sources soviétiques en 1985 et 1986, la CIA avait identifié l’origine de ce désastre, en interpellant Aldrich Ames en 1994. Avant que le FBI ne découvre, plusieurs années après, que l’un de ses agents, Robert Hanssen, avait également transmis au KGB des informations sur des sources soviétiques, et ce de 1979 à 1980 puis de 1985 à 1991 ! Pourtant, la question de l’existence d’une autre taupe du renseignement soviétique, dans les années 80, se pose toujours ! TTU note que, rien que pour 1981, le contre-espionnage du KGB avait interpellé pas moins de cinq sources de la CIA, citoyens soviétiques, en URSS, avant d’enchaîner d’autres succès contre la CIA en 1982 et 1983…

3 – Géopolitique de l’énergie nucléaire et du risque terroriste (Diploweb, Manon Louvet et marie Moignard)

Manon Louvet, étudiante au Magistère de Relations Internationales et Action à l’Etranger à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, où elle suit une formation pluridisciplinaire. Marie Mognard étudiante en Master Relations Internationales et Action à l’Etranger à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

Le nucléaire, en tant qu’énergie alternative aux énergies fossiles, est un instrument de puissance puisqu’il permet une indépendance énergétique relative aux Etats qui font le choix d’investir dedans. Cet instrument de puissance représente pourtant un danger car il est susceptible d’être une cible de terrorisme. Comment la France et les pays européens font-ils face au risque de terrorisme nucléaire ? Ce texte est né d’un exposé réalisé dans le cours de Géographie politique de Pierre Verluise dans le cadre du MRIAE de l’Université Panthéon-Sorbonne (Paris 1). « FAUT-il attendre qu’un acte de malveillance subvienne sur une centrale pour qu’EDF sorte enfin du déni dans lequel elle est engluée ? ». Suite à l’action de Greenpeace en octobre 2017, dont des membres ont pénétré dans l’enceinte de la centrale de Cattenom en Moselle et y ont fait éclater des feux d’artifice, Yannick Rousselet, chargé de campagne nucléaire auprès de Greenpeace France, dénonce la protection insuffisante des centrales en France contre des actes de malveillance terroriste. La France est le deuxième Etat le plus nucléarisé au monde, possédant sur son territoire plus de la moitié des réacteurs en Europe, elle est donc concernée en premier lieu par la sécurité nucléaire. La notion de sécurité nucléaire renvoie à la mise en place des dispositifs vis-à-vis de la malveillance, c’est-à-dire le vol de matières nucléaires ou le sabotage des installations, alors que celle de sûreté nucléaire concerne les dispositions assurant le fonctionnement normal d’une installation. Les trois principales zones nucléarisées, c’est-à-dire avec la plus forte implantation de réacteurs ainsi que de déchets nucléaires, dans le monde sont les Etats-Unis, le Japon et l’Europe. Nous nous concentrerons sur l’Europe et tout particulièrement sur la France. Comment la France et les pays européens font-ils face au risque de terrorisme nucléaire ? Les risques de terrorisme nucléaire, bien réels, font l’objet de mesures de protection similaires mais non homogènes selon les Etats, et mobilisent différents types d’acteurs.

Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
https://www.diploweb.com/Geopolitique-de-l-energie-nucleaire-et-du-risque-terroriste.html

 

 

 

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