– GÉOPOLITIQUES : relations internationales, zones géographiques …
– DÉFENSES : militaire, sécurité intérieure, terrorisme …
– ÉCONOMIES : entreprise, industrie, technologie ….

Par Jacques Raimond

 

  • GÉOPOLITIQUES :

  1. Vers un budget record de la défense japonaise, la défense antimissiles prioritaire
  2. Haute mer : l’ONU ouvre les négociations pour un traité commun
  3. La politique étrangère d’Emmanuel Macron – architecture et politique
  • DÉFENSES :
  1. Florence Parly, ministre des armées, visite le centre spatial de Toulouse : Le CNES, un acteur majeur de la défense.
  2. Le général Lecointre veut un système de retraite plus « équitable » pour les militaires sous contrat
  3. 16ème université de la défense
  4. Espionnage spatial : il faut « préparer des réponses à ces menaces pour protéger nos satellites »
  • ÉCONOMIES :
  1. Vers un impérialisme chinois en Afrique ?
  2. Règlementation ITAR : la France veut réduire sa dépendance aux Etats-Unis
  3. Le Venezuela peut-il se sortir de la crise ?

 

GÉOPOLITIQUES

 

1 – Vers un budget record de la défense japonaise, la défense antimissiles prioritaire (IRIS, Edouard Pflimlin)

 

Le ministère de la défense japonaise souhaite un budget record pour l’an prochain afin d’améliorer de façon significative les capacités de défense du pays, alors que la menace nord-coréenne est toujours perçue avec une grande inquiétude par Tokyo malgré le dialogue renoué entre Pyongyang et Washington. Le ministère de la défense a indiqué vendredi 31 août qu’il souhaitait une augmentation de 2,1 % du budget militaire à 5 298 milliards de yens (40 milliards d’euros au taux de change actuel ou quelque 48 milliards de dollars), couvrant la période allant du 1er avril 2019 au 31 mars 2020. Ce serait, si le budget est adopté, la septième hausse consécutive annuelle. Le budget militaire reste cependant encore en deçà du plafond fixé en 1976 de 1 % du PIB, remarque Nippon.com. Le « réarmement » japonais demeure encore modéré même si le gouvernement du Premier ministre Shinzo Abe a approuvé en juillet l’option du conseil économique et fiscal de « renforcer de façon substantielle ses capacités de défense ». Dans son dernier livre annuel sur la défense, le ministère de la défense japonais met, comme depuis plusieurs années, l’accent sur la nécessité de renforcer les défenses antimissiles du fait que la Corée du Nord n’a pas fait d’efforts concrets pour dénucléariser son arsenal malgré sa promesse de le faire. Depuis 2016, Pyonyang a procédé à plusieurs essais nucléaires, dont un sixième en septembre 2017, et a testé plus de 40 missiles, y compris des missiles balistiques intercontinentaux passant au-dessus ou tombant près du Japon. La Corée du Nord a également déployé plusieurs centaines de missiles à plus courte portée capables de frapper l’archipel.

 

Défenses antimissiles améliorées

La plus grande dépense proposée dans le budget militaire concerne donc la défense antimissile balistique. Le Japon va acquérir des systèmes d’armes américains qui lui permettront de mieux couvrir son territoire face aux missiles balistiques à haute altitude. Le ministère de la défense demande 235 milliards de yens (environ 1.8 milliards d’euros au taux de change actuel) pour acquérir deux nouvelles stations radar de poursuite de missiles Aegis Ashore, qui sont basées au sol et sont construites par Lockheed Martin Corp. L’armée japonaise veut également allouer des fonds, d’une part pour acheter des missiles intercepteurs SM-3 Block IIA Raytheon Co. à longue portée, qui sont conçus pour frapper des missiles ennemis dans l’espace, et, d’autre part, des moyens pour améliorer la portée et la précision de ses batteries de missiles PAC-3. Cela confirme ce que le gouvernement japonais avait déjà annoncé fin juillet 2018, à savoir un investissement de 3,6 milliards d’euros sur les 30 prochaines années pour installer et exploiter le dispositif terrestre américain d’interception de missiles, destiné à parer une éventuelle attaque nord-coréenne. Le Japon a actuellement un système de défenses antimissiles à deux étages : des intercepteurs sur des destroyers dans la mer du Japon et, en cas de défaillance, des systèmes PAC-3 mobiles pour l’approche finale des missiles ennemis. Techniquement, la configuration actuelle des systèmes antimissiles peut traiter des débris ou des missiles visant le Japon, mais elle est insuffisante face aux missiles à haute altitude ou face à des attaques multiples, selon les experts. Selon ces experts, des systèmes Aegis basés au sol pourront couvrir l’ensemble du territoire japonais. « Il faudra environ six ans pour que le système devienne opérationnel, ont déclaré des responsables de la défense. Cela pourrait également prendre plus de temps car le plan fait face à l’opposition de nombreux habitants des sites de déploiement prévus – Akita au nord du Japon et Yamaguchi au sud-ouest. » indique le Asahi Shimbun. Par ailleurs, le Japon met actuellement à jour ses directives de défense nationale et son programme de défense à moyen terme – des annonces sont prévues pour la fin de l’année -, afin de mieux prendre en compte la menace de la Corée du Nord.

Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
http://www.iris-france.org/117222-vers-un-budget-record-de-la-defense-japonaise-la-defense-antimissiles-prioritaire/

 
Le site de l'IRIS  est répertorié 
dans la rubrique THINKTANKS de la "Communauté Défense et Sécurité" d'ESPRITSURCOUF.fr

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2 – Haute mer : l’ONU ouvre les négociations pour un traité commun (Le Marin)

 

Ce mardi 4 septembre, s’ouvrent à New York les négociations pour l’élaboration d’un traité sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité en haute mer. La conférence intergouvernementale organisée par l’Onu doit aboutir à une feuille de route attendue en 2020 pour établir, à terme, une législation. Jusqu’au 17 septembre, les états réunis devront parvenir à élaborer un instrument juridique sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine dans ces espaces situés au-delà des juridictions nationales et qui couvrent 46 % de la surface du globe. Exploitation des ressources marines génétiques, création d’aires marines protégées, mise en place d’études environnementales, seront au cœur des débats. Un renforcement de l’aide aux pays en voie de développement, en termes de transfert de technologies, doit être également ratifié. Un grand chantier s’ouvre, qui s’annonce long et complexe. Car si l’urgence de gérer collectivement la protection de la haute mer menacée face aux développements des activités humaines fait aujourd’hui consensus, chaque pays voudra préserver ses intérêts.

 

 Ressources marines génétiques

Les ressources marines génétiques, dont l’exploitation par l’industrie pharmaceutique fait croître de manière exponentielle les brevets associés à des gènes d’organismes marins, constituent par exemple un enjeu de taille. Et un point de désaccord. Les pays en voie de développement, plutôt favorables à l’application du principe de patrimoine commun de l’humanité aux ressources marines génétiques, seront confrontés à l’opposition probable de la Russie et des États-Unis invoquant, quant à eux, le principe de liberté attaché à l’exploitation de ces ressources… Un principe favorable aux plus puissants et créant des monopoles. Ainsi, selon une étude parue dans Science Advances au mois de juin, le géant de la chimie allemand BASF détient déjà, à lui seul, 47 % des brevets concernant les ressources marines comme les séquences génétiques des micro-organismes. Autre question épineuse, la gestion de la pêche en haute mer sera exclue du débat : certains états qui ont des intérêts dans ce secteur s’y sont dès le départ fermement opposé. Or, l’essentiel de cette activité, non réglementée par les instruments juridiquement existants, reste aujourd’hui entre les mains d’une poignée d’entreprises enregistrées dans les pays développés.

 

3 – La politique étrangère d’Emmanuel Macron – architecture et politique (Institut Montaigne, Michel Duclos)

 

Ses biographes décrivent souvent Emmanuel Macron comme un froid calculateur, doté d’un sens politique aigu. Il se montre aussi, notamment dans ses interventions orales, homme de convictions fortes, passionné par l’action mais aussi grand agitateur d’idées. C’est sous ce jour qu’il est apparu dans son intervention du 27 août à l’Elysée devant les Ambassadeurs et les Ambassadrices rassemblés pour leur traditionnelle conférence annuelle. L’exercice du pouvoir a évidemment renforcé sa familiarité avec les affaires internationales. Il sait de mieux en mieux de quoi il parle, constataient ses auditeurs à l’Elysée ce lundi. Enclin initialement à se défier des « postures moralisatrices », il n’hésite plus à assumer les principes qui guident l’action de la France : « nous n’avons pas à céder à […] ces fascinations que nous voyons poindre un peu partout à travers l’Union européenne, pour les démocraties illibérales ou pour une forme d’efficacité qui passerait par le renoncement à tous nos principes. Non. Notre sécurité passe par la réaffirmation de nos valeurs, des Droits de l’Homme, qui sont au fondement même de l’Union européenne » Sur un sujet qui a souvent (à tort) servi de test dans le débat sur le réalisme et les principes, à savoir la Syrie, le Président est allé plus loin qu’auparavant dans le rejet de Bachar al-Assad : « Nous voyons bien ceux qui voudraient, une fois la guerre contre Daech achevée, faciliter ce que d’aucuns appellent un retour à la normale. Bachar al-Assad resterait au pouvoir, les réfugiés de Jordanie, du Liban, de Turquie, retourneraient chez eux, et l’Europe et quelques autres reconstruiraient. Si je considère depuis le premier jour que notre premier ennemi est Daech et que je n’ai jamais fait de la destitution de Bachar al-Assad une condition préalable à notre action diplomatique ou humanitaire, je pense qu’un tel scénario serait néanmoins une erreur funeste. Qui a provoqué ces millions de réfugiés ? Qui a massacré son propre peuple ? »Dans cet exposé devant les Ambassadeurs et Ambassadrices, le président a accordé cette année une place moins saillante au Proche-Orient. Il a indiqué qu’il allait revenir prochainement, avec des propositions concrètes, sur plusieurs sujets :  le Yémen, la crise dans le Golfe et les relations israélo-palestiniennes. Il a rappelé longuement la priorité que la France accorde à la crise libyenne – « je crois profondément à la restauration de la souveraineté libyenne et à l’unité du pays » – et réitéré sa volonté de préserver les acquis de l’accord nucléaire avec l’Iran à travers une renégociation générale des équilibres de la région. S’agissant de la Syrie, la ligne demeure de poursuivre la lutte contre le djihadisme, de chercher à assister les populations et de pousser une solution politique dite « inclusive ». La trame de son discours, ce qui lui a donné son ton de gravité et conféré une indéniable portée, était surtout constituée par la prise en compte lucide de deux nouveaux facteurs qui « testent » (pour reprendre l’expression de M. Macron) notre politique : la montée des populistes en Europe et la crise du multilatéralisme, en raison notamment de l’attitude de l’administration Trump.


L’Europe

Dès son propos liminaire, M. Macron fixe avec clarté les données du problème : « La France a proposé une Europe qui protège, plus souveraine, unie et démocratique mais, dans le même temps, les extrêmes ont progressé et les nationalismes se sont réveillés. Est-ce une raison pour abandonner ? Certainement pas. Serait-ce une raison pour dire que nous avons tort ? Tout le contraire. Nous payons là plusieurs décennies d’une Europe qui, il faut le regarder en face, s’est parfois affadie, affaiblie, qui n’a peut-être pas toujours suffisamment proposé ».
 Un peu plus loin, le Président marque ce qui doit être notre réponse : « ne rien renoncer de l’ambition exprimée il y a un an. Rien. Au contraire, apporter davantage de clarté et quelques angles, que je veux ici partager avec vous ». Le choix du mot « angle » n’est peut-être pas fortuit car c’est volontiers en architecte que raisonne le président Macron sur les affaires du monde.
 On en donnera plusieurs exemples dans le champ européen. Pour lui, la crise politique qui se greffe sur la question des migrations doit être gérée par un meilleur équilibre entre la solidarité interne entre les pays européen et un meilleur contrôle aux frontières extérieures de l’Union, dans le respect du droit d’asile. A propos de la Turquie, il estime nécessaire de substituer le projet d’un partenariat stratégique à celui – devenu irréaliste et donc hypocrite – d’une adhésion. Même proposition de partenariat stratégique avec la Russie (certes, ces idées étaient déjà celles de M. Sarkozy, avec un argumentaire presque identique). Il refuse, par ailleurs, à l’heure du Brexit, d’envisager à ce stade des négociations d’adhésion avec des pays comme l’Albanie ou « tel ou tel autre pays des Balkans ». S’agissant de sécurité – et de cette « autonomie stratégique de l’Europe » dont plus personne ne conteste la nécessité – le Président avance l’idée de débattre entre Européens d’une évolution de l’actuel article 42.7 du Traité de l’Union, qui pourrait devenir (le Président lui-même n’emploie pas le terme) un équivalent de ce qu’est l’article V pour l’Alliance Atlantique, c’est-à-dire une clause de solidarité militaire en cas d’agression. Il remet sur le métier le concept d’un réexamen de l’architecture européenne de sécurité et de défense. A cette fin, il préconise un « dialogue rénové sur la cybersécurité, les armes chimiques, les armements classiques, les conflits territoriaux, la sécurité spatiale ou la protection des zones polaires ».

« Même si M. Macron le dit avec beaucoup plus de lyrisme, c’est en retrouvant sa capacité à apporter des réponses concrètes aux préoccupations des citoyens que l’Europe retrouvera grâce à leurs yeux. »

Le politique cependant n’est jamais très loin de l’architecte. Le Président insiste pour que la Russie soit associée à ce dialogue sur l’architecture de défense et de sécurité de l’Europe mais il ajoute aussitôt : « des progrès substantiels vers la résolution de la crise ukrainienne, tout comme le respect du cadre de l’OSCE – je pense en particulier à la situation des observateurs dans le Donbass – seront bien entendu des conditions préalables à des avancées réelles avec Moscou. Mais cela ne doit pas nous empêcher de travailler dès maintenant entre Européens ». Plus généralement, il rejette tout « renoncement » mais il prêche « l’humilité » : la mondialisation mal maîtrisée a fait resurgir la « psyché des peuples, c’est une bonne chose » et il faut en tenir compte. Au total, même si M. Macron le dit avec beaucoup plus de lyrisme, c’est en retrouvant sa capacité à apporter des réponses concrètes aux préoccupations des citoyens que l’Europe retrouvera grâce à leurs yeux : «  je crois qu’il y a la possibilité pour un chemin qui permettra de faire pleinement percevoir à nos concitoyens que l’Europe, sur nombre de sujets qui les inquiètent, n’est pas simplement une partie de la réponse, mais le cœur de notre autonomie stratégique, le cœur de la réponse que nous pouvons apporter à nos peuples, et vis-à-vis de nos partenaires ».


La crise du multilatéralisme

Le Président ne dissimule pas que l’actuelle administration américaine porte une grande part de responsabilité dans la dégradation des cadres de la coopération internationale. Cependant, en politique, il défend sans état d’âme la relation de proximité qu’il entretient avec M. Trump. Et, en homme d’idées, il veut voir dans l’évolution de l’Amérique un symptôme d’un phénomène plus large, « la crise de la mondialisation capitaliste contemporaine et du modèle libéral westphalien multilatéral qui l’accompagne ». Ainsi, selon M. Macron, « la véritable question n’est pas tant de savoir si je vais prendre Donald Trump par le bras au prochain sommet mais bien comment nous allons collectivement appréhender ce moment de grandes transformations que nous vivons et auxquelles nos sociétés sont toutes confrontées ».

Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
http://www.institutmontaigne.org/blog/la-politique-etrangere-demmanuel-macron-architecture-et-politique

 

 

DÉFENSES

 

 

1 – Florence Parly, ministre des armées, visite le centre spatial de Toulouse : Le CNES, un acteur majeur de la défense. (DICOD, Communiqué de presse)

 

Vendredi 7 septembre 2018, Jean-Yves Le Gall, Président du CNES, a accueilli Florence Parly, Ministre des Armées, au Centre Spatial de Toulouse. A cette occasion, le programme CSO a été présenté à la Ministre. CSO est un programme de satellites d’observation optique militaire réalisé en coopération avec l’Allemagne et la Belgique. Réalisés sous maîtrise d’ouvrage du CNES par délégation de la DGA (Direction Générale de l’Armement), les satellites vont succéder au système Hélios 2 et contribuer au renforcement des capacités des forces dans le domaine du renseignement stratégique, du soutien et de la conduite des opérations sur les théâtres d’engagement. La constellation CSO comprendra trois satellites optiques qui assureront d’une part, une mission dite Reconnaissance privilégiant les capacités de couverture, d’acquisition et de revisite et d’autre part, une mission dite Identification permettant d’atteindre le plus haut niveau de résolution, de qualité d’image et de précision d’analyse. La mise à poste et le maintien à poste des satellites seront assurés par le CNES. Pour le développement des programmes spatiaux militaires, le CNES est un acteur majeur disposant d’une expertise unique en Europe. Depuis de nombreuses années, la DGA s’appuie sur les compétences techniques du CNES et son travail de prospective dans le développement de la filière optique. Le programme CSO est emblématique de la coopération performante entre le CNES, la DGA et l’EMA (l’Etat-Major des Armées), débutée avec le programme Hélios 1 en 1995. A l’occasion de cette visite, Jean-Yves Le Gall a rappelé que « Les moyens spatiaux sont stratégiques et incontournables en terme de Défense. Aux côtés du Ministère des Armées, le CNES conçoit des outils qui contribuent à la paix et à la sécurité des citoyens tout en maintenant les industriels tricolores au plus haut niveau de compétitivité. Le lancement dans les mois à venir de CSO-1 marquera le début d’un cycle de renouvellement des capacités spatiales de la Défense avec six lancements, que nous assurerons depuis le Centre Spatial Guyanais : trois pour CSO (observation optique), un pour CERES (écoute électromagnétique) et deux pour SYRACUSE IV (télécommunications sécurisées) ».

 

2 –     Le général Lecointre veut un système de retraite plus « équitable » pour les militaires sous contrat (OPEX 360, Laurent Lagneau)

 

Contrairement à une idée visiblement largement répandue, l’on ne cotise pas pour assurer ses vieux jours, comme cela serait le cas dans le cadre d’un système par de retraite par capitalisation, mais pour financer les pensions de ceux qui sont déjà à la retraite. C’est en effet le principe du système par « répartition », dont l’équilibre financier dépend du rapport entre le nombre de cotisants et celui des retraités. Certains esprits taquins l’assimilent au « système de Ponzi », qui consiste à rémunérer les investissements des clients les plus anciens par les fonds apportés par de nouveaux entrants. Évidemment, la démographie étant ce qu’elle est (et l’on ne parle pas du marché du travail), les gouvernements successifs ont tous cherché à réformer le système de retraites, en usant le plus souvant des mêmes ficelles (rallonger la durée de cotisation, par exemple). Et celui conduit par Édouard Philippe n’y échappera pas. D’ailleurs, ce dossier l’attend en 2019. Pour le moment, et si l’on se fie au programme défendu par Emmanuel Macron lors de l’élection présidentielle de 2017, il est question d’instaurer un système par points ou un compte dit « notionnel ». Ce dossier délicat, dont les modalités sont en cours d’étude par Jean-Paul Delevoye, le haut-commissaire à la réforme des retraites, ne manque pas de susciter des interrogations, si ce n’est des craintes chez les militaires dans la mesure où la reconnaissance de la spécificité de leur métier pourrait en souffrir. « Les militaires sont principalement des gens qui sont sous contrat, qui bénéficient, de par leur engagement sur les théâtres d’opérations […] d’un certain nombres de bonifications. Or, nous n’avons aucune assurance que, dans le prochain régime [de retraite], ces dispositifs de bonifications pourront être maintenus », expliquait, en octobre 2017, Jean-Paul Bodin, le secrétaire général pour l’administration. Et les craintes sont d’autant plus vives que cette réforme des retraites va se télescoper avec celle de la Nouvelle politique de rémunération des militaires [NPRM]. Le 13 juillet, lors de son discours prononcé à l’Hôtel de Brienne, le président Macron s’était voulu rassurant, en affirmant qu’il veillerait à la prise en compte des « spécificités du métier militaire  » et de « l’exigence du modèle [d’armée] dans le cadre de cette réforme des retraites. Lors de son audition, quatre jours plus tard, par les députés de la commission de la Défense [le compte-rendu a été rendu public en début de semaine, ndlr], le chef d’état-major des armées [CEMA] a évoqué ce dossier sensible. « Concernant la réforme des retraites, nous avons reçu un premier courrier de Mme Buzyn [ministre des Solidarités et de la Santé, ndlr] et de M. Delevoye dans lequel ceux-ci ont affirmé la singularité des armées et la nécessité de conserver un système de retraite qui permette aux militaires de quitter l’armée après quelques années de service seulement, de façon à conserver une armée jeune », a affirmé le CEMA. « Aujourd’hui, les travaux sont lancés. […] Nous réfléchissons à la manière dont nous préserverons ce système. Le principe de son maintien nous semble être acquis », a ajouté le général Lecointre Pour autant, a-t-il également dit, « je souhaite que nous soyons encore plus équitables que ce que nous l’avons été jusqu’à présent. Je pense notamment que le système par points permettra d’être plus équitable vis-à-vis des militaires sous contrat, qui passent peu de temps dans les armées. » « En définitive, je souhaite être plus équitable, préserver la singularité militaire et la jeunesse de notre ressource humaine et conserver une incitation pour garder les gens qui pourraient bénéficier de la retraite à jouissance immédiate mais dont je ne souhaite pas qu’ils quittent les armées au moment où nous avons besoin de leurs compétences », a encore insisté le général Lecointre.

 

3 –  16ème université de la défense (défense, DICOD)

 

La seizième édition de l’université d’été de la Défense (UED) se tiendra les 10 et 11 septembre 2018 à l’École militaire (Paris) ainsi que sur le camp de Versailles-Satory. Cette année, l’UED s’articulera autour de la thématique « Europe, innovation, jeunesse ».

 

Le rendez-vous incontournable des acteurs de la Défense

Rassemblant chaque année plus de 500 hauts responsables politiques nationaux et internationaux, hautes autorités militaires, ainsi que les acteurs clés du secteur industriel, l’université d’été de la Défense offre un cadre unique de réflexion et d’échanges entre les acteurs de la Défense. Florence Parly, ministre des Armées, et le général François Lecointre, chef d’état-major des armées, prendront naturellement part à cet événement tourné vers le futur. « Le budget 2018 a marqué pour la première fois depuis des décennies une augmentation nette des moyens de la défense. La Loi de programmation militaire, de son côté, a lancé le renouveau de nos Armées en leur accordant des moyens exceptionnels, nécessaires pour réparer les carences du passé et préparer l’avenir », souligne Florence Parly. « Europe, innovation, jeunesse : le thème de cette 16e Université d’été de la Défense n’aurait pas pu mieux correspondre à ce défi. »

 

Deux jours de réflexion et de présentation

Pour traiter la thématique de cette édition, des ateliers et des séances plénières seront organisés. Ces rendez-vous permettront de débattre sur les grands enjeux de la Défense (Loi de Finances 2018, LPM, contrats opérationnels…). Des présentations statiques et dynamiques illustrant les thèmes abordés (placer le soldat au centre des efforts, garantir la supériorité opérationnelle et bâtir l’autonomie stratégique européenne) seront également mises en place. Sur chaque stand, du personnel militaire se tiendra à disposition pour répondre aux sollicitations et exposer au travers de sa mission l’emploi des capacités et les équipements militaires déployés à l’occasion de cette 16e édition.

 

4 – Espionnage spatial : il faut « préparer des réponses à ces menaces pour protéger nos satellites » (France Info entretien avec le général Friedling)

 

Il faut « décourager de nouvelles actions inamicales », assure le général Michel Friedling, commandant du centre interarmées de l’espace.

« Il s’agit de préparer des réponses à ces menaces pour protéger nos satellites », a affirmé vendredi 7 septembre sur franceinfo le général Michel Friedling, commandant du centre interarmées de l’espace. Il s’est exprimé alors qu’un satellite russe a tenté l’an dernier d’espionner un satellite françaisde communications sécurisées, selon la ministre française des Armées Florence Parly. Il faut « décourager de nouvelles actions inamicales », assure le général, qui souligne que la ministre « a ouvert le débat sur des armes antisatellites au cas où nous serions amenés à utiliser la légitime défense ».

franceinfo : La France souhaite faire connaître publiquement cette affaire d’espionnage russe. Est-ce une façon de dire qu’il ne faut pas aller trop loin ?

C’est une façon de montrer que le contexte dans lequel nous évoluons a changé. L’espace a été identifié comme un enjeu stratégique. L’ensemble de nos capacités militaires spatiales vont être renouvelées dans la prochaine loi de programmation militaire, ce qui représente plus de 3,6 milliards d’euros. On observe depuis un certain temps des comportements qui sont inappropriés, voire inamicaux. Cela nous amène à envisager de nouvelles mesures.

Y a-t-il une vulnérabilité particulière ?

On ne peut pas dire qu’il y a une vulnérabilité. Il y a un certain nombre de choses que nous étudions. Nous allons renforcer la surveillance de l’espace. On a un trafic qui augmente. On a un peu moins de 2 000 satellites dans l’espace, on en aura 6 000 d’ici sept ou huit ans. On a un sujet d’encombrement de l’espace. On a un problème avec les débris qui sont dans l’espace. La surveillance de l’espace est un sujet primordial. Il faut que nous sachions qui se trouve dans l’espace, à qui appartient ce satellite et quel comportement il adopte.

 

Quelles mesures de prévention et de riposte peut-on prendre ?

Jusqu’à présent on a eu des mesures de mise en protection de nos satellites, de nos communications, de nos données classifiées. Il faut maintenant que nous envisagions de protéger davantage, mais surtout de décourager de nouvelles actions inamicales. La ministre a ouvert le débat sur des armes antisatellites au cas où nous serions amenés à utiliser la légitime défense. Les menaces peuvent être de toutes natures. Elles sont aussi bien cinétiques avec des armes à énergie dirigée, ou des menaces cyber avec du brouillage. Il s’agit de préparer des réponses à ces menaces pour protéger nos satellites. Nos satellites sont indispensables à nos opérations militaires, à la sécurité des Français et à la vie quotidienne des Français.

 

ÉCONOMIES 

 


1 –  
 Vers un impérialisme chinois en Afrique ? (The Conversation, Emmanuel Véron)

 

Les 3 et 4 septembre, 53 chefs d’État et de gouvernements étaient réunis à Pékin pour le 7e sommet international Chine-Afrique (FOCAC, Forum on China-Africa Cooperation, Forum sur la coopération sino-africaine), espace diplomatique et économique initié par la Chine en 2000. Véritable exercice d’influence de l’agenda international, ce sommet dépasse le cadre des relations entre la Chine et l’Afrique, envoyant un signal diplomatique fort à l’Occident, mais aussi aux grands acteurs présents en Afrique.

 

Une feuille de route travaillée depuis 20 ans

Avec plus d’un millier de participants attendus, le sommet témoigne de la montée en puissance des relations sino-africaines dans la continuité de la politique étrangère de Pékin à l’égard de l’ensemble du continent. Trois principaux éléments de diplomatie ont motivé ce sommet : légitimer l’image d’un « grand pays en développement » en continuité avec la conférence de Bandung (1955), resserrer l’étau diplomatique autour de Taiwan et sécuriser les approvisionnements chinois (hydrocarbures, matières premières et produits agricoles). Ce choix politique de Pékin a progressivement pris la forme d’un réseau d’influences très diverses, représentées à l’occasion du FOCAC, une instance de coopération créée en 2000 et destinée à asseoir dans la durée l’emprise chinoise sur le continent africain et peser dans la gouvernance mondiale. Le FOCAC est rapidement devenu le symbole des capacités et des ambitions diplomatiques chinoises faisant de l’Afrique un territoire particulièrement important dans sa politique internationale. Organisé tous les trois ans et alternant entre un pays africain et la Chine, le FOCAC a travaillé depuis près de 20 ans la feuille de route des relations sino-africaines, en matière de développements, d’investissement et de « dialogue sud-sud » en dehors de l’orbite diplomatique occidentale.

 

Une communauté sino-africaine

Avec pour thème « Chine et Afrique : vers une communauté de destin encore plus solide via la coopération gagnant-gagnant », ce 7e sommet a réuni la totalité des états africains, excepté le eSwatini (ex-Swaziland), dernier pays à reconnaître Taiwan, organisant ainsi un espace de dialogue sino-africain mais aussi inter-africain. Parmi les chefs d’État présents (Sall, Kagame, Al Sissi, Ouattara, Sassou N’Guesso, Ramaphosa, Buhari etc.), la participation du secrétaire général des Nations unies, Antonio Gutteres suggère l’importance de ce rendez-vous et le rôle moteur que prend la Chine dans la gouvernance mondiale. Deux thèmes majeurs ont été discutés dans la continuité de la tournée africaine de Xi Jinping fin juillet (sa quatrième visite depuis son arrivée au pouvoir en 2012) : l’intégration des pays africains au projet de Nouvelles routes de la soie et la construction d’une « communauté sino-africaine ». Le secrétaire général des Nations Unies déclarait la veille de l’ouverture du sommet : « la coopération sino-africaine était fondamentale pour le succès de l’Afrique », poursuivant en précisant que « c’est un moyen important pour améliorer les modèles de développement de la planète, la gouvernance mondiale et un développement sain de la mondialisation économique ». Xi Jinping a ainsi promis une enveloppe de 60 milliards de dollars pour le développement répartie entre investissements et prêts supplémentaires (15 milliards de dollars d’aide gratuite et de prêts sans intérêts).

 

La Chine, créancier du continent africain

Le sentiment d’une Chine investissant lourdement sur le continent africain demeure cependant une perception fantasmée. Dans les faits, la présence chinoise en Afrique, bien réelle, est plus compliquée. Avant d’être un investisseur massif, la Chine fournit surtout des marchandises et des services. Les investissements directs étrangers (IDE) de la Chine vers l’Afrique s’élèvent à 2,4 milliards de dollars en 2016 contre 2,9 milliards en 2015. Alors que la Chine est devenue en moins d’une décennie le principal créancier du continent, les incertitudes liées à l’endettement des économies africaines sont de plus en plus criantes.

Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
https://theconversation.com/vers-un-imperialisme-chinois-en-afrique-102592

 

2 –    Règlementation ITAR : la France veut réduire sa dépendance aux Etats-Unis (La Tribune, Michel Cabirol)

 

La France a lancé un plan pour réduire les dépendances de l’industrie d’armement aux composants américains qui entrent dans la fabrication de certains programmes français.

La France veut réduire sa dépendance aux composants américains dans la Défense afin de ne pas gêner l’exportation de ses programmes, a déclaré jeudi la ministre des Armées Florence Parly. La France doit actuellement demander aux Etats-Unis la levée d’interdictions sur certains composants. « Nous avons besoin progressivement de nous désensibiliser par rapport à un certain nombre de composants américains, ce qui ne veut pas dire nécessairement pouvoir se désensibiliser complètement », a-t-elle expliqué lors d’une rencontre avec l’Association des journalistes professionnels de l’aéronautique et de l’espace (AJPAE). La France a d’ailleurs lancé un plan pour réduire les dépendances par rapport à ces composants américains. « Je ne donnerai pas d’exemple précis mais nous avons été confrontés, dans des échanges liés à des prospects exportations, à des difficultés. Et nous savons bien que ces difficultés sont liées en apparence à des questionnements stratégiques et en réalité souvent à des problèmes de concurrence commerciale. Il ne faut pas en être dupes », a-t-elle expliqué. Si un système d’armes contient au moins un composant américain sous le régime de la réglementation américaine ITAR, les Etats-Unis ont le pouvoir d’en interdire la vente à l’export à un pays tiers. Ainsi, ils ont récemment bloqué la vente de missile de croisière Scalp, qui devait armer le Rafale, à l’Egypte et au Qatar. En 2013, Washington avait déjà refusé une demande de réexportation de la France aux Emirats Arabes Unis de composants « made in USA »  nécessaires à la fabrication de deux satellites espions français (Airbus et Thales). La visite de François Hollande aux États-Unis en février 2014 avait permis de régler positivement ce dossier. Lors de son audition en juillet dernier à l’Assemblée nationale, Florence Parly avait reconnu que « nous sommes à la merci des Américains quand nos matériels sont concernés ».

« Avons-nous les moyens d’être totalement indépendants des composants américains ? Je ne le crois pas. Cherchons-nous à améliorer la situation ? La réponse est oui », avait-elle déjà assuré en juillet.

Une moindre dépendance pour les futurs programmes

La France travaille notamment à désensibiliser les futurs programmes d’armement. Ainsi Florence Parly a affirmé que cette moindre dépendance serait cruciale pour la viabilité du futur programme d’avion de combat (SCAF). Cela passe pour Paris et Berlin d’avoir la capacité d’exporter ce futur système d’armes. Elle a estimé que les industriels devaient prendre en compte ce dossier en lançant des investissements en matière de recherche et de technologie pour être en mesure de fabriquer un composant analogue qui échapperait au dispositif ITAR. « Certains industriels l’ont compris », a-t-elle précisé. C’est le cas du missilier MBDA dans le cadre du développement du futur missile air-air MICA-NG. Ce programme, qui sera opérationnel en 2025, est développé en prenant en compte la contrainte ITAR. Ils seront ITAR Free, assure-t-on à La Tribune.

Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/reglementation-itar-la-france-veut-reduire-sa-dependance-aux-composants-americains-789612.html

 

3 –   Le Venezuela peut-il se sortir de la crise ? (IRIS, le point de vue de Christophe Ventura)

 

Le Venezuela connaît une grave crise économique depuis 2014. Hyperinflation, pénuries, instabilité politique… Face à ces difficultés, des milliers de Vénézuéliens quittent chaque jour le pays. En quatre ans, entre 1,6 et 2,3 millions de personnes ont ainsi choisi l’exil, soit 7 % de la population du pays. Selon l’agence des Nations unies pour les réfugiés, c’est l’un des mouvements de population les plus massifs de l’histoire de l’Amérique latine. Le point sur la situation avec Christophe Ventura, chercheur à l’IRIS.

 

Pour quelles raisons la situation vénézuélienne a-t-elle à ce point dérapé ? Quelles sont les raisons de la crise ?

La crise vénézuélienne est multifactorielle. Plusieurs dimensions au départ dissociées se sont progressivement combinées pour atteindre aujourd’hui leur climax. Tout d’abord, il faut se souvenir qu’au Venezuela, la première élection du président Nicolás Maduro en 2013 s’est déroulée dans des conditions particulières puisque non prévues. En effet, à la suite de la mort du président Hugo Chávez (5 mars 2013), Nicolás Maduro devint président de la République par intérim, puis remporta l’élection présidentielle anticipée avec 50,6 % des voix face à Henrique Capriles. Dès le soir même de son élection, une partie de l’opposition ne va pas reconnaître cette victoire et se radicaliser pensant qu’elle peut enfin obtenir la chute du chavisme du fait d’un leadership qu’elle considère affaibli après la mort du Chávez et fragile à la sortie d’un résultat si serré. Ceci va jouer un rôle important dans la suite des événements. Au même moment, l’onde de choc provoquée par la crise mondiale de 2008 frappe l’Amérique latine de plein fouet. Au Venezuela, cela s’est traduit avant toute chose par le fait de faire face très rapidement et sans anticipation à l’effondrement des exportations et des cours du pétrole, dont le pays dépend très largement, et même exclusivement. Ainsi, d’un côté, nous avons le nouveau cours que prend l’affrontement politique entre le chavisme et l’opposition – les deux courants s’opposent frontalement depuis 1998- avec l’élection que Nicolás Maduro. Et d’un autre côté, nous voyons le Venezuela entrer dans une crise économique qui va devenir sociale et alimenter, pour l’intensifier, la crise politique. L’opposition va voir dans ces difficultés économiques la confirmation de l’affaiblissement politique du gouvernement et la possibilité pour elle d’avancer. Cette période de crise se traduit par l’effondrement des ressources de l’État vénézuélien, notamment celles nécessaires aux financements des programmes sociaux et aux importations des produits de consommation. Cette situation est d’autant plus grave pour le Venezuela, car la population consomme largement plus ce qu’elle importe que ce qu’elle produit. L’Etat va manquer de ressources pour importer. Sur cette situation vont se greffer de multiples phénomènes de spéculation, de sabotages intentionnels et de corruption qui vont produire les séquences de pénuries à partir de 2016. C’est donc ce qui crée la première strate de la crise vénézuélienne. La seconde strate de cette crise est constituée, dans ce contexte de crise économique que le gouvernement n’inverse pas, par l’intensification de la polarisation politique.  La dynamique d’affrontements s’aiguise entre l’opposition et le gouvernement de Nicolás Maduro dès 2014 et va prendre de multiples formes. L’aile dur au sein de l’opposition va s’imposer et opter, dès 2014 puis à partir de sa victoire aux élections législatives de décembre 2015, pour une « sortie » rapide du président par tous les moyens (politiques, institutionnels, mais aussi insurrectionnels et violents, et en cherchant des appuis extérieurs, notamment auprès des Etats-Unis et des nouveaux gouvernements de droite en Amérique latine). De son côté, Nicolás Maduro va répondre avec tous les moyens – y compris répressifs – du pouvoir d’Etat et va marginaliser l’opposition dans l’appareil d’Etat. En fin de compte, sans résolution politique et institutionnelle de toutes ces tensions accumulées, la situation est passée à un autre niveau, celle des violences politiques. Et ce, sur fond de crises sociale et économique toujours plus dégradées et non réglées. Il faut aussi ajouter que l’opposition n’a cessé de se diviser pendant cette période entre durs rejetant toute reconnaissance du président et du gouvernement, ainsi que toute possibilité de dialogue, et secteurs prônant la voie légaliste et électorale.  Les violences de 2014 et de 2017 (très médiatisées dans le monde entier) ont largement décrédibilisé l’opposition au sein de la population, qui pouvait tout aussi bien être critique dans le même temps contre le gouvernement. L’opposition est apparue incapable de proposer un leadership unifié, une stratégie en mesure de répondre aux problèmes concrets des Vénézuéliens et un projet autre que celui de l’affrontement. Cette situation explique en partie les victoires électorales du chavisme – qui s’est de son côté remobilisé – dans les mois qui ont suivi. Désormais, le Venezuela est également soumis aux sanctions financières et commerciales qui lui sont imposées depuis mars 2015 par les Etats-Unis (Barack Obama puis Donald Trump).  Celles-ci pèsent sur la non-résolution des problèmes économiques et sociaux – dont la question migratoire actuelle est une illustration – et politiques- les sanctions renforcent les dynamiques de radicalisation internes – que traverse le pays. C’est donc la troisième strate de la crise vénézuélienne. Enfin, le dernier développement de cette crise est donc l’enjeu migratoire qui fait aujourd’hui l’actualité médiatique. Cette question n’est en réalité pas nouvelle, puisqu’elle existe depuis 2014. Mais elle a pris aujourd’hui des proportions importantes qui viennent s’ajouter à cette crise vénézuélienne et qui en révèlent la dimension régionale et non plus seulement nationale.

Quelles sont les conséquences régionales de la crise vénézuélienne ? 

La crise vénézuélienne est au cœur des recompositions des alliances régionales, au niveau latino-américain et surtout sud-américain. La situation au Venezuela s’accompagne d’un autre mouvement en Amérique latine : le basculement politique vers des choix d’alternance, plutôt à droite entre 2015 et 2018, mais aussi au centre gauche comme au Mexique. Le centre droit et la droite ont repris le pouvoir depuis 2015 en Argentine (par les urnes), au Brésil sous la forme d’un coup de force parlementaro-judiciaire, et dans d’autres pays sud-américains. Dans tous ces pays, le Venezuela est une question de politique intérieure et anime les clivages lors des campagnes électorales. La crise vénézuélienne cristallise aujourd’hui l’affrontement entre ces nouveaux gouvernements de centre-droit et de droite, et ce qui reste des gouvernements de la vague dite progressiste des années 2000.

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http://www.iris-france.org/117155-le-venezuela-peut-il-se-sortir-de-la-crise/

 

 

 
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