-GÉOPOLITIQUE : relations internationales, zones pays
-DÉFENSE : militaire, sécurité intérieure, terrorisme
-ÉCONOMIE : entreprise, industrie

La revue de presse de Jacques Raimond

La revue de presse « Esprit Surcouf » vous propose une sélection hebdomadaire d’une dizaine d’articles, peu diffusés dans les médias traditionnels, présentés dans trois rubriques : géopolitiques, défenses, économies. La revue de presse y ajoute un tour d’horizon des médias spécialisés, ainsi que les textes officiels parus dans la semaine passée, utiles à consulter et à retenir.

Esprit Surcouf a repéré, cette semaine, trois sujets de relations internationales et de géostratégie majeurs, pour la réflexion et pour la connaissance des lecteurs du site. La fin de la guerre en Syrie annonce le retour de Damas sur la scène des Etats avec lesquels il faut compter dans la région ; l’Océan Indien consacre la montée en puissance de l’Inde, notamment en ce qui concerne ses relations avec la Chine ; le rôle du secrétaire général de l’ONU est valorisé par les avancées du multilatéralisme.

Trois articles nous indiquent que la défense est toujours globale, et ressortit aux trois disciplines, militaire, civile, économique, (par l’éducation) avec trois sujets qui conduisent le lecteur dans l’actualité de l’arc de crise africain, dans l’action innovante de sécurité intérieure, et dans l’excellence de l’éducation, tournée vers l’institution d’une école doctorale de rang mondial.

Une semaine riche en nouvelles stratégiques, en matière économique vient de s’écouler. L’incompréhension face au refus de Bruxelles de la fusion qui aurait créé un champion européen du ferroviaire, le dispute au gazoduc qui ne fait pas l’unanimité au sein de la commission européenne, et ce fait technologique essentiel dans l’industrie navale : la naissance d’une pale imprimée en 3D.

 

  • GÉOPOLITIQUE :
  1. Entretien avec Fabrice Balanche – « Avec la fin de la guerre en Syrie, on s’achemine vers une normalisation des rapports avec Damas ».
  2. L’Océan Indien, nouveau centre du monde ?
  3. Le (très) discret pèlerin du multilatéralisme
  • DÉFENSE :
  1. La France est entrée en guerre au Tchad
  2. La gendarmerie nationale se lance dans la voie de « l’innovation de rupture »
  3. Campus Paris Saclay : le nouveau regroupement d’écoles sera baptisé « Institut polytechnique de Paris »
  • ÉCONOMIE :
  1. Frédéric Piérucci : « Il y a une opportunité stratégique de rachat à GE de la branche nucléaire d’Alstom »
  2. Mégacontrat de 1,7 milliard d’euros pour les Chantiers de l’Atlantique et Naval Group
  3. Les enjeux cachés de la sécurisation des moyens de paiement bancaire
  • TOUR D’HORIZON DE MEDIAS SPÉCIALISÉS
  • TEXTES PARUS AU JOURNAL OFFICIEL

 

 

 

GÉOPOLITIQUE

 

Esprit Surcouf a repéré, cette semaine, trois sujets de relations internationales et de géostratégie majeurs, pour la réflexion et pour la connaissance des lecteurs du site. La fin de la guerre en Syrie annonce le retour de Damas sur la scène des Etats avec lesquels il faut compter dans la région ; l’Océan Indien consacre la montée en puissance de l’Inde, notamment en ce qui concerne ses relations avec la Chine ; le rôle du secrétaire général de l’ONU est valorisé par les avancées du multilatéralisme.

 

1- Entretien avec Fabrice Balanche – « Avec la fin de la guerre en Syrie, on s’achemine vers une normalisation des rapports avec Damas ». (Les clés du Moyen-Orient, propos recueillis par Léa -Massequin)

Alors que le nouvel émissaire de l’ONU en Syrie, Geir Pedersen, vient d’effectuer sa première mission à Damas, le spécialiste de la Syrie Fabrice Balanche revient pour Les clés du Moyen-Orient sur les défis auxquels sera confronté le diplomate norvégien.

Fabrice Balanche est Maître de conférences HDR à l’Université Lyon 2 et Chercheur associé au Washington Institute. Il a été chercheur invité en 2015-2017 au Washington Institute et en 2017-2018 à l’Université de Stanford (Hoover Institution).

Le nouvel émissaire de l’ONU pour la Syrie Geir Pedersen vient d’achever son premier voyage à Damas et dans la région. Il est le quatrième émissaire en Syrie depuis 2011 et ses trois prédécesseurs ont tous échoué à faire la paix en Syrie. Comment ce diplomate norvégien peut-il parvenir à résoudre le conflit syrien ?

Le nouvel émissaire de l’ONU pour la Syrie a beaucoup de chance étant donné qu’il a pris ses fonctions à la quasi fin du conflit et que l’on assiste à une victoire militaire de Damas et de ses alliés sur l’opposition. Bachar el-Assad n’a jamais rien cédé et ce n’est donc pas maintenant qu’il va le faire, alors qu’il est en train de gagner la guerre. La tâche de Geir Pedersen sera donc plus aisée que ses prédécesseurs. Je pense par ailleurs que le fait qu’il soit Norvégien peut jouer en sa faveur. La Norvège a bonne presse à Damas ; une grande ONG norvégienne (Norwegian Refugee Council) est par exemple une des rares à pouvoir travailler à la fois du côté du régime et de l’opposition. Enfin, la Norvège a fait ses preuves au Moyen-Orient, en particulier lors des accords d’Oslo et avec le processus de paix. Comme les autres pays scandinaves, elle a également de gros moyens financiers et mène une politique étrangère neutre et désintéressée, notamment en ce qui concerne le développement.

Pourquoi les prédécesseurs de Geir Pedersen ont-ils échoué à résoudre le conflit syrien ?

Les deux derniers médiateurs de l’ONU sur la Syrie, Staffan de Mistura et le diplomate algérien Lakhdar Brahimi, ont tous les deux tenté de jouer les « Messieurs bons offices », mais la communauté internationale n’était pas encore prête à résoudre le conflit, les Occidentaux étant simplement préoccupés par la chute du régime de Damas. Lakhdar Brahimi n’a jamais vraiment cru à sa mission, il savait d’avance que les Occidentaux ne céderaient pas, même si son successeur Staffan de Mistura était un peu plus investi. En revanche, l’ancien Secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan (février – août 2012), avait tout à fait compris ce qui se passait et allait se passer en Syrie si la communauté internationale ne trouvait pas une sortie de crise rapide.

Vous évoquez la fin du conflit en Syrie. Quel bilan peut-on faire du rôle de l’ONU dans cette guerre ?

C’est une défaite totale de l’ONU telle que l’ont considérée les Occidentaux, c’est-à-dire un instrument entre leurs mains depuis la chute de l’URSS en 1991.

La victoire de Bachar el-Assad et de la Russie a prouvé que l’ONU ne fonctionnait plus de cette manière-là. Nous sommes revenus à l’ONU de la Guerre Froide. Désormais, beaucoup d’États qui soutenaient l’opposition tentent donc de faire contre mauvaise fortune bon cœur avec le régime de Damas et de s’accommoder de la présence de Bachar el-Assad. Récemment, les Émiratis ont par exemple rouvert leur ambassade à Damas et le régime syrien a annulé les visas spéciaux pour les diplomates européens qui faisaient la navette entre Beyrouth, lieu de leur résidence, et Damas afin que les gouvernements européens et l’Union européenne rouvrent également leurs ambassades dans la capitale syrienne. On s’achemine vers une normalisation des rapports avec Damas dans beaucoup de pays.

L’annonce du retrait des troupes américaines en Syrie est-elle une illustration de cette défaite occidentale ?

Donald Trump est réaliste, il ne souhaite pas s’embourber en Syrie. Il préfère partir sur une victoire contre l’État islamique que de voir des bombes exploser et décimer ses troupes comme à Manbij le 16 janvier dernier. Par ailleurs, la situation économique dans le Nord-Est de la Syrie, dirigée par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), est désastreuse. Il faudrait un plan Marshall, des milliards de dollars, pour rétablir une situation économique convenable. Or, Donald Trump et l’Europe ne souhaitent pas investir, d’autant que le PKK est considéré comme une organisation terroriste par les États-Unis et que la Turquie s’y opposerait.

Le métier d’émissaire de l’ONU en Syrie est considéré comme le « plus difficile du monde ». Êtes-vous d’accord avec ces termes ?

Effectivement, c’est un métier extrêmement difficile car l’émissaire de l’ONU en Syrie joue le rôle de « Monsieur bons offices », mais il n’a pas de pouvoir de décisions, il est tenu par les accords trouvés entre les États membres de l’ONU. Lakhdar Brahimi souhaitait déplacer le Secrétariat de Genève à New York afin d’être plus proche du Conseil de sécurité mais cela n’a pas abouti.

En Syrie, le projet de « comité constitutionnel » a t-il encore des chances d’aboutir ?

Une éventuelle réforme de la constitution syrienne ne peut être que cosmétique. A titre d’exemple, la loi sur la décentralisation à l’échelle des municipalités sera présentée comme une avancée majeure alors qu’elle ne remettra nullement en cause le pouvoir central. L’objectif de Damas est de reconstituer au niveau local une base politique en cooptant les anciens activistes et les nouveaux notables issus de la guerre. Il s’agit également de confier la reconstruction au niveau local pour plus d’efficacité mais également pour que le mécontentement se porte sur l’échelon municipal et non sur le national en cas d’échec. Certes, des élections présidentielles auront lieu en 2021, mais j’imagine mal la population syrienne s’exprimer librement à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Malgré l’insistance de l’Union européenne, Bachar el-Assad n’acceptera jamais que les réfugiés puissent voter en-dehors des consulats de Syrie.

Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
https://www.lesclesdumoyenorient.com/Entretien-avec-Fabrice-Balanche-Avec-la-fin-de-la-guerre-en-Syrie-on-s-achemine.html

 

2- L’Océan Indien, nouveau centre du monde ? ( Diploweb, Thomas Marrier d’Umienville)

Thomas Marrier d’Unienville est diplômé d’un Master 1 Géopolitique et Relations Internationales à l’Institut Catholique de Paris et d’une Licence LEA anglais/allemand, spécialité affaires et commerce à l’université Sorbonne Nouvelle – Paris 3. Cet article a été rédigé dans le cadre d’un stage auprès du Diploweb.

Pourquoi l’océan Indien est-il crucial dans la géopolitique mondiale ? Si régner sur l’océan Indien est l’objectif de beaucoup, la Chine est le pays qui s’en approche le plus. La montée en puissance de l’Inde révèle que la domination par une seule entité semble cependant peu probable. Illustré d’une carte inédite réalisée par Florent Amat.

ALFRED Thayer Mahan, officier de la marine américaine au XIXe siècle s’exprimait en ces mots : « La puissance qui dominera l’océan Indien contrôlera l’Asie et l’avenir du monde se jouera dans ses eaux » [1]. Le Général de Gaulle affirme un siècle plus tard : « L’activité des hommes se tournera de plus en plus vers la recherche de l’exploitation de la mer. Et, naturellement, les ambitions des Etats chercheront à la dominer pour en contrôler les ressources ». Outre ces considérations, nous pouvons aisément parler de l’océan Indien comme clef de voûte dans le rééquilibrage des puissances. Troisième plus grand océan du monde, il est au coeur de bons nombres d’enjeux. Ce territoire maritime est la plaque tournante permettant la projection vers l’Asiel’Europel’Afrique. Il est le centre du marché pétrolier mondial et abrite la plus grande autoroute maritime commerciale [2]. Aussi, ses littoraux sont bordés par de nombreux pays dont les conflits suscitent la crainte de la communauté régionale d’abord, de la communauté internationale ensuite. Il nous faut donc comprendre en quoi cet océan est crucial dans la géopolitique mondiale afin de démêler les différentes perspectives et réactions engagées par chacun des acteurs. Dans un premier temps, nous établirons un constat : si régner sur l’océan Indien est l’objectif de tous, la Chine est le pays qui s’en approche le plus. Dans un second temps, nous constaterons qu’un nouveau paradigme semble se mettre en place progressivement. La montée de l’Inde nous révèle que la domination par une seule entité semble peu probable.

L’océan Indien : prisé par les grandes puissances, dominé par aucune d’entre elles

Chacun pour soi ?

L’océan Indien, espace géostratégique de par ses enjeux économiques et politiques majeurs, connaît une hausse des tensions. Cet espace névralgique regroupe de nombreux enjeux cruciaux notamment pour l’Europe et l’Asie. Il abrite plus de la moitié des réserves mondiales en hydrocarbures et en uranium, plus de trois quarts des ressources en diamants, ainsi que presque la moitié des réserves d’or et de gaz [3] [4]. Par cet espace maritime, transite une part très significative de l’économie mondiale [5]. Les Etats-Unis, disposant de flottes militaires tout autour du globe, sont particulièrement influents sur cette zone géographique, l’île de Diego Garcia représentant leur foyer le plus précieux. Evidemment, ils ne sont pas seuls à couvrir ce vaste territoire : l’Inde, la Chine, le Royaume-Uni et la France sont également des acteurs majeurs. Les puissances telles que l’Inde, la Chine, les Etats-Unis ou la France, cherchent à protéger leurs intérêts commerciaux et à pérenniser la stabilité sur ce territoire. L’Inde, par exemple, est progressivement devenue un élément incontournable des relations internationales. Elle cherche notamment à contrer la Chine, qui s’investit dans l’océan Indien. Pour ce faire, elle renforce ses forts maritimes, lui donnant ainsi le statut de puissance mondiale. Elle cherche aussi à obtenir un deuxième porte-avions. De son côté, la France dispose d’une présence permanente sur l’océan Indien. Celle-ci est de facto assurée par ses territoires d’outre-mer, ses bases militaires à Djibouti et à Abu Dhabi, ainsi que par ses accords et coopérations de défense avec les Comores, Madagascar, les Seychelles, Maurice, les Emirats Arabes Unis et l’Inde. C’est pour cela qu’il leur faut protéger l’axe Shangaï-Rotterdam : les nouvelles routes maritimes de la Soie. Les zones à risques sont notamment le golfe d’Aden et le détroit de Malacca puisque 30% du commerce mondial y transite. En effet, l’océan Indien est fortement touché par la piraterie maritime qui pullule notamment le long des côtes est-africaines, autour de la Corne de l’Afrique, elle sillonne la mer Rouge, et s’étend jusqu’aux littoraux d’Oman. La piraterie somalienne y a été très active. Puisque près d’un tiers de l’approvisionnement en énergie européen y transite, ces cibles sont prisées par leurs navires. Le golfe d’Aden en particulier est qualifié en 2011 comme zone maritime la plus dangereuse au monde, avec 49 navires attaqués dont 1016 marins pris en otage [6]. Cependant, grâce à la présence des forces maritimes européennes Atalante, des Etats-Unis, et de l’OTAN, ces chiffres tendent à baisser. En 2012, l’International Chamber of Commerce rapporte que l’on compte 15 navires attaqués et 62 otages. Ces coalitions contribuent à réduire la piraterie au large des côtes somaliennes. Autre zone sensible de l’océan Indien ayant un impact sur les relations internationales, le golfe Persique et les ambitions nucléaires iraniennes le long du plus gros foyer pétrolier mondial, n’aident pas à la stabilité de cet espace. L’Iran estime que l’océan Indien est sa zone d’opération principale. Il est donc très actif dans une zone qui s’étend du détroit de Malacca, jusqu’au détroit de Bab El-Mandeb en passant par le détroit d’Ormuz [7]. Sur cette aire géostratégique, les Etats-Unis se placent en garants de la stabilité régionale et leur présence navale à Diego Garcia et au Bahreïn notamment (Ve Flotte) sont des points d’appui. Washington coordonne de nombreux exercices maritimes dans la région avec la participation de forces alliées. Aussi, à travers l’OTAN, ils font partie de la Combined Task Force 151 et de l’opération Ocean Shield, organes luttant contre la piraterie dans le golfe d’Aden. Les Etats-Unis ne sont donc pas seuls dans la région, au contraire. Le Japon a été un élément précurseur dans la lutte contre la piraterie du golfe d’Aden, en y implantant une base à Djibouti en 2010. L’Australie dispose d’une présence navale significative dans l’océan Indien, où l’essentiel de sa flotte est stationné à la base navale de Stirling, sur le littoral opposé à Brisbane. Parmi les puissances dites « secondaires » actives dans l’océan Indien, le Pakistan, Singapour, la Malaisie et la Corée du Sud sont en tête. En outre, l’Union européenne est également omniprésente de par la présence françaisesignificative à Mayotte et à l’île de la Réunion, ou la présence britannique sur les Chagos. L’Allemagne, les Pays-Bas, l’Italie, la Grèce, la Pologne, la Bulgarie et la Roumanie, Etats membres de l’Union européenne, relèvent du Comité spécial de l’océan Indien des Nations unies. Cet organe a été créé dans le but de faire de l’océan Indien une zone de paix, et ainsi de renforcer la stabilité et la durabilité de la paix régionale.

Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
https://www.diploweb.com/L-ocean-Indien-nouveau-centre-du-monde.html

 

3- Le (très) discret pèlerin du multilatéralisme ( IRIS,  correspondances new-yorkaises, Romuald Sciora)

Peu avant de partir pour Davos, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait déclaré lors d’une conférence de presse qu’il était « grand temps de faire en sorte que les négociations entre Washington et Pyongyang sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne reprennent sérieusement ». Selon des sources diplomatiques, le président américain, qui veut un accord à tout prix, serait prêt à lâcher du lest sur les sanctions sans obtenir une dénucléarisation totale. C’est pour cela, pensent plusieurs observateurs, que Kim Jong-un préfère négocier en direct avec lui. On est un peu loin ici du sérieux souhaité par Antonio Guterres. Dans tous les cas, et au-delà de cette farce diplomatique orchestrée par Donald Trump, il est à noter que pour une fois le secrétaire général de l’ONU « a ouvert sa g… », ainsi que le souligne un diplomate de haut rang qui préfère ne pas être cité. « Le monde est en proie à une fragmentation inquiétante, en raison en particulier des relations tendues entre Russie, États-Unis et Chine », a ensuite déclaré à Davos Antonio Guterres. « Les rapports de force sont de moins en moins clairs », a-t-il ajouté en appelant à défendre le principe du multilatéralisme et parlant d’une situation chaotique. Les États-Unis et la Chine sont en effet engagés dans une confrontation commerciale à l’issue incertaine. Et les rapports entre Washington et Moscou semblent se tendre de jour en jour, entre les soupçons de manipulation russe durant les élections américaines, et plus récemment l’accusation d’ingérence en partie fondée portée par le Kremlin contre les pays occidentaux dans la crise au Venezuela. « Nous vivons dans un monde où les problèmes sont de plus en plus fragmentés, et les réponses de plus en plus fragmentées », a encore appuyé le secrétaire général des Nations unies. « Si cette tendance ne s’inverse pas, nous courons au désastre ». « Antonio Guterres se serait-il enfin réveillé ? », se demande donc une partie de la communauté internationale. En effet, l’élection du Portugais fin 2016 avait suscité de grands espoirs de redynamisation de l’ONU. Chacun se prenant à rêver d’un secrétaire général ne comptant pas ses heures pour porter la bonne parole dans le monde au moment où grandissent les périls. Pourtant, les premiers pas du nouveau patron de la maison de verre parurent décevants, celui-ci se montrant, entre autres choses, lent à désigner ses principaux collaborateurs, dont – tout un symbole – le secrétaire général adjoint chargé de la communication et de l’information. Ainsi que me le confiait récemment Stéphane Dujarric, porte-parole de l’ONU, « Antonio Guterres a bien évidemment conscience de l’importance de la crise sans précédent que connaît le système multilatéral à travers le monde. Il considère que son rôle est d’en défendre les valeurs sur la scène internationale, d’en expliquer l’importance aux populations. Il se voit comme le pèlerin du multilatéralisme dont le monde a aujourd’hui si besoin. » Très bien, mais alors pourquoi s’être transformé de directeur actif du HCR en nouvel homme invisible de l’ONU, ainsi que l’on surnommait assez injustement Ban Ki-moon ? Pourquoi, alors que de Genève il savait se faire entendre, parle-t-il aujourd’hui en sourdine quand il n’est pas simplement muet ? Antonio Guterres pensait être le secrétaire général de la nouvelle ère Clinton, il se retrouve être celui de l’ère Trump. Cela a certes pu être déstabilisant au départ et exige bien évidemment quelques prudences, mais quelle opportunité pour remettre l’ONU au centre du jeu mondial ! Pour être la voix des peuples face au pire locataire de la Maison-Blanche – n’en déplaise à Michel Houellebecq – depuis plus d’un siècle ! Mais non. Aucune déclaration publique forte à la Emmanuel Macron lorsque les États-Unis ont quitté l’Accord de Paris sur le climat, un murmure à leur départ de l’UNESCO, idem lorsque Trump a jeté le deal iranien à la poubelle … « Les retraits américains de l’Accord de Paris, de l’UNESCO, ou encore de la Commission des droits de l’homme sont bien évidemment de mauvaises nouvelles. Mais elles étaient en quelque sorte annoncées. Nous n’avons donc pas été surpris. Sur le long terme, les effets ne seront pas si catastrophiques », se justifie Stéphane Dujarric. « Regardez l’Accord sur le climat : malgré le retrait du gouvernement américain, les principales villes du pays, certaines des grandes entreprises privées, etc., poursuivent leur engagement en faveur de celui-ci ». Bien sûr, il n’a pas totalement tort, mais une réaction virile d’Antonio Guterres n’aurait pas nui aux défenseurs de l’Accord de Paris et aurait permis, même symboliquement, de positionner à nouveau le Secrétariat général des Nations unies comme un acteur central. Comme me le soulignait il y a quelques jours Franz Baumann, ancien secrétaire général adjoint aux Nations unies, Guterres a également mis en sourdine ses critiques quant à l’expansionnisme de Pékin en mer de Chine et à son support au régime du Myanmar. Idem avec la Russie : Ukraine, soutien à Damas… « Antonio Guterres est le premier secrétaire général de l’ONU à avoir été chef de gouvernement. Au-delà de l’expérience que cela lui a apporté, ceci lui permet de comprendre l’impact de la politique intérieure sur la politique étrangère et donc des positions que les États membres sont parfois obligés d’observer », me dit encore Stéphane Dujarric. Ce qui expliquerait le choix de ne pas heurter de front certains États membres … Les mauvaises langues pourraient également prétendre que Guterres souhaite ne pas se faire d’ennemis en vue de son second mandat. Dans tous les cas, l’occasion de replacer l’ONU au centre de l’échiquier mondial et d’être la voix forte qui appelle à résister aux attaques contre le multilatéralisme a jusqu’ ici été ratée. J’ai eu la chance de connaître l’ensemble des secrétaires généraux de l’ONU depuis Kurt Waldheim et d’être l’ami de deux d’entre eux, Javier Pérez de Cuéllar et Boutros Boutros-Ghali. J’imagine très bien comment ces deux derniers auraient réagi dans ce moment de crise. Pendant plus de soixante-dix ans, l’ordre international a été ancré dans le système multilatéral onusien. Or, l’Organisation des Nations unies qui demeure toujours malgré ses imperfections le seul forum propice à la construction d’une société mondiale progressiste est aujourd’hui dans un état de crise structurelle à long terme. Bien sûr, elle ne risque pas de s’effondrer du jour au lendemain. Elle est plus susceptible de mourir à petit feu, dérivant doucement dans l’inconséquence politique, ne devenant plus qu’une ONG parmi d’autres, une coquille vide, déclenchant une fuite de la véritable prise de décision diplomatique vers d’autres acteurs. Les exemples se multiplient des gouvernements contournant tout simplement l’ONU, non seulement pour les questions vitales de paix et de sécurité, mais également pour ce qui touche à la finance, aux infrastructures, au développement, à la santé et à l’éducation.

Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
http://www.iris-france.org/130209-le-tres-discret-pelerin-du-multilateralisme/

 
Le site IRIS est répertorié 
dans la rubrique THINKTANKS de la "Communauté Défense et Sécurité" d'ESPRITSURCOUF.fr

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DÉFENSE

 

Trois articles nous indiquent que la défense est toujours globale, et ressortit aux trois disciplines, militaire, civile, économique, (par l’éducation) avec trois sujets qui conduisent le lecteur dans l’actualité de l’arc de crise africain, dans l’action innovante de sécurité intérieure, et dans l’excellence de l’éducation, tournée vers l’institution d’une école doctorale de rang mondial.

 

1- La France est entrée en guerre au Tchad ( Lignes de défense, Philippe Chapleau)

Edouard Philippe, le Premier ministre, a informé le Parlement, mercredi soir, que les forces armées françaises conduisaient des opérations offensives au Tchad contre des groupes armés venus de Libye. Le Premier ministre a invoqué l’article 35 de la Constitution qui définit les conditions de mise en œuvre de la guerre et des interventions de forces armées à l’étranger. L’aviation française a effectivement effectué plusieurs raids depuis le week-end dernier, dans le nord du Tchad. Ces raids ont eu lieu à l’est du massif du Tibesti, dans la région de l’Ennedi. Dimanche, l’état-major des armées a annoncé que des Mirage 2000 avaient effectué, au matin, un show of force au-dessus d’une colonne d’un groupe armé en provenance de Libye. « La progression des pickups se poursuivant malgré cet avertissement, une seconde patrouille de Mirage 2000 a décollé dans l’après-midi pour procéder à deux frappes », précisait l’EMA. Mercredi soir, l’EMA a annoncé que de nouvelles frappes avaient eu lieu les 5 et 6 février. « L’action des Mirage 2000, engagés depuis la base de N’Djamena, appuyés par un drone Reaper, a permis au total de mettre hors de combat une vingtaine de pickups ». Les Mirage qui ont décollé de N’Djamena (sud-ouest du pays), ont largué une douzaine de bombes à guidage laser pour frapper les éléments de l’Union des forces de la résistance (UFR). Cette annonce tardive mais visiblement importante pour le pouvoir politique, est intervenue à la veille du traditionnel point presse du ministère des Armées; elle avait de quoi surprendre. En outre, peu avant, le Premier ministre avait prévenu les parlementaires de l’intervention française.

Quel est le cadre juridique de cet engagement ?

Dans son courrier, Edouard Philippe fait référence à l’article 35 (alinéa 2) de la Constitution. Ce texte précise que si « la déclaration de guerre est autorisée par le Parlement », il suffit au Gouvernement d’informer le Parlement de sa décision de faire intervenir les forces armées à l’étranger, au plus tard trois jours après le début de l’intervention. « Il précise les objectifs poursuivis. Cette information peut donner lieu à un débat qui n’est suivi d’aucun vote. Lorsque la durée de l’intervention excède quatre mois, le Gouvernement soumet sa prolongation à l’autorisation du Parlement. Il peut demander à l’Assemblée nationale de décider en dernier ressort », dit l’article. Techniquement, ces opérations au Tchad ne s’inscriraient donc pas dans le cadre de la lutte anti-terroriste et dans le cadre de l’opération Barkhane. « Cette annonce nous amène à nous poser des questions », estime le député François Cornut-Gentille, l’un des meilleurs spécialistes de la Défense au Parlement. Quelle est la stratégie de Paris ? Quels renforts sont envisagés ? « La sobriété du courrier du Premier ministre est préoccupante puisque, visiblement, on sort de Barkhane. Il y a des événements qui nous obligent à aller plus loin que Barkhane« , poursuit l’élu LR. Effectivement, nulle part n’apparaît dans les communiqués officiels français la mention d’une menace terroriste. Il s’agit donc bien d’une intervention française en soutien à un régime allié, dans le respect de règles du droit international humanitaire, comme l’a bien précisé le ministère des Armées. Mais dans le cadre de quels accords de défense?  Bien sûr, les critiques ont vite fusé. Ingérence, défense d’un régime corrompu estiment des opposants tchadiens et des élus français !

Qui est la cible des raids ?

«  Le raid de cette colonne armée dans la profondeur du territoire tchadien était de nature à déstabiliser ce pays. Les forces armées tchadiennes sont un partenaire essentiel de la France dans la lutte contre le terrorisme, tant au Mali, au sein de la Minusma, qu’au sein de la force conjointe du G5 Sahel qu’au travers de son engagement contre Boko Haram », a précisé l’EMA, sans citer qui était la cible. En réalité, ces colonnes de pick-up appartiennent à un mouvement rebelle, l’Union des forces de la résistance, emmenée par le neveu du président Déby, Timan Erdimi, et composée de combattants zaghawa, l’ethnie du Président. Selon le porte-parole de l’UFR, l’entrée de ses combattants dans le nord du Tchad était une opération prévue de longue date. Il s’agissait d’établir une base arrière dans le nord-est du Tchad ou au Soudan. Toutefois, un autre facteur est à prendre en compte. Réfugié en Libye mais sous fortes tensions depuis quelques semaines du fait d’une offensive des forces de l’homme fort de l’est libyen, Khalifa Haftar, l’UFR a donc fait mouvement vers le sud et est entré au Tchad. « On a cru que la France n’allait pas intervenir dans les affaires intérieures du Tchad. C’est extrêmement grave. La France n’a aucune solution à offrir aux Tchadiens à part maintenir M. Deby parce que c’est son chien de chasse pour ses opérations contre Boko Haram et les islamistes », a expliqué un représentant de l’UFR. A noter qu’un autre groupe rebelle est localisé dans le nord du Tchad : le Conseil de commandement militaire pour le salut de la République. Ce CCMSR est né en Libye en 2016 d’une scission de l’UFR.

Renforcement du dispositif français

Habituellement, six Mirage 2000 stationnent dans la Bande Sahélo-Saharienne : trois à Niamey (Niger) et trois à N’Djamena. Ils ont été renforcés, au hasard d’une relève.

Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2019/02/07/la-france-est-entree-en-guerre-au-tchad-20018.html

 

2- La gendarmerie nationale se lance dans la voie de « l’innovation de rupture » (OPEX 360, Laurent Lagneau)

En décembre 2017, le général Richard Lizurey, le directeur de la Gendarmerie nationale [DGGN] a présenté un plan stratégique « Recherche & Innovation 2022 » afin de profiter des avancées technologiques dont il est beaucoup question actuellement, comme l’intelligence artificielle, le numérique, le big data, la robotique, « l’homme augmenté » et les biotechnologies. En matière de recherche, la Gendarmerie est plutôt loti puisqu’elle compte 60 docteurs, plus de 300 ingénieurs, 53 masters recherches et 71 DEA scienfiques dans ses rangs. « Cette richesse, unique au sein du ministère de l’Intérieur, contribue à la définition et à la conduite des projets innovants », souligne ainsi GendInfo, son magazine interne. En outre, elle s’est dotée d’un « Conseil scientifique », qui s’est réuni le 31 janvier dernier pour présenter 12 projets de « rupture » en cours d’expérimentation dans le cadre du programme « Disrupt » [pour « démonstrateurs pour l’innovation scientifique de rupture »].

« L’objectif est de parvenir à forger, pour nos gendarmes, pour notre ministère, un véritable esprit d’innovation et de remettre en question systématiquement nos processus et nos modes de raisonnement », a expliqué le général Lizurey, dont les propos ont été rapportés par L’Essor de la Gendarmerie. « Il faut convaincre chacun et chacune de nos membres. Ceux qui sont sur le terrain bénéficient de ces innovations mais en sont aussi les acteurs », a-t-il ajouté. Parmi les projets du programme Disrupt, pour la plupart détaillés par Acteurs Publics, certains pourraient intéresser les autres armées. Comme par exemple celui appelé « Exosquelette 19 », qui, comme son nom l’indique, consiste à mettre au point le prototype d’un exosquelette pour accroître les capacités physiques et diminuer la fatigue des gendarmes en opération. L’Agence d’innovation de la Défense [AID] vient d’ailleurs de lancer une demande d’informations aux industriels spécialisés afin d’en évaluer les bénéfices éventuels pour les combattants débarqués. D’après L’Essor de la Gendarmerie, le GIGN est le principal concerné. Mais la plupart des projets visent évidemment à donner aux gendarmes de nouveaux outils pour mener leurs enquêtes judiciaires. Celui qui est sans doute le plus « révolutionnaire » consiste à développer un procédé d’exploitation des « empreintes olfactives ». En clair, il s’agit de pouvoir prélever une odeur sur une scène de crime pour ensuite l’analyser. Dans le même domaine, deux projets portent sur les empreintes génétiques. Le premier vise à déterminer la présence ou non d’une espèce végétale ou celle d’un animal de compagnie sur une scène de crime. En clair, il s’agit de pouvoir affirmer que, par exemple, des poils d’animaux trouvés sur les lieux d’un homicide appartiennent au chat ou au chien de la victime. Ou pas. Quant aux second, appelé « Gendbones », il doit permettre de faire des analyses ADN sur des ossements directement sur le lieu de la découverte d’un squelette et non plus dans un laboratoire. S’agissant des technologies liées au numérique, il est question de mettre au point un outil qui, appelé Gendscraper, doit assister les gendarmes dans leurs recherches d’infractions en ligne. Un autre projet, appelé OWL, fait appel à l’intelligence artificielle et au big data afin de permettre de trouver les informations pertinentes quand elles font besoin. Un autre outil de recherche, appelé Alice [pour Automatic labeling for image collections explorations], doit permettre l’exploration d’importants volumes d’images, ce qui peut être très utile, par exemple, dans les affaires de cyberpédophilie. « Douze millions d’images sont ainsi conservées aux centre national d’analyse pédopornographiques (Cnaip) de la Gendarmerie », précise en effet l’Essor. Enfin, parmi ces projets, l’un montre que la gendarmerie anticipe les tendances à venir. Ainsi en est-il du SM-VI, pour « sécurité des mobilités et véhicules intelligents ». Dans un avenir relativement proche, les voitures seront de plus en plus autonomes. Ce qui va poser de nouveaux problèmes de sécurité, auxquels ce projet entend répondre.

Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
http://www.opex360.com/2019/02/08/la-gendarmerie-nationale-se-lance-dans-la-voie-de-linnovation-de-rupture/

3- Campus Paris Saclay : le nouveau regroupement d’écoles sera baptisé « Institut polytechnique de Paris » (Défense, DICOD)

Florence Parly, ministre des Armées, Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation et Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’Etat auprès du Ministre de l’Economie et des Finances, en présence du délégué général pour l’armement, Joël Barre, annoncent que le nouvel établissement, regroupant l’École polytechnique, l’ENSTA ParisTech, l’ENSAE ParisTech, Télécom ParisTech et Télécom SudParis, sera baptisé « Institut Polytechnique de Paris ». En octobre 2018, ces cinq écoles signaient une convention de coopération annonçant la construction d’une institution de sciences et technologies de rang mondial demandé par le Président de la République lors de sa visite sur le plateau de Saclay en octobre 2017. Le rapprochement en cours entre les cinq établissements progresse dans le respect du calendrier de mise en œuvre et s’est encore amplifié dans de nombreux domaines. Les accréditations concernant les mentions de master et de doctorat sont en cours pour permettre d’accueillir les premiers étudiants de l’Institut Polytechnique de Paris en septembre 2019. L’École doctorale de ce nouvel établissement est à cet effet en cours de constitution. De nouveaux partenariats seront également annoncés dans les mois à venir aussi bien en France qu’à l’international. La publication des statuts au printemps 2019 permettra la création effective de l’Institut Polytechnique de Paris en vue d’une première rentrée universitaire en septembre 2019. Les ministres se félicitent que les cinq Écoles partenaires soient résolument engagées pour le succès de cet institut dont l’ambition est de figurer parmi les leaders mondiaux de l’enseignement supérieur et de la recherche.

 

ÉCONOMIE 

 

Une semaine riche en nouvelles stratégiques, en matière économique vient de s’écouler. L’incompréhension face au refus de Bruxelles de la fusion qui aurait créé un champion européen du ferroviaire, le dispute au gazoduc qui ne fait pas l’unanimité au sein de la commission européenne, et ce fait technologique essentiel dans l’industrie navale : la naissance d’une pale imprimée en 3D.

 

1-  Bruxelles s’oppose à la fusion entre Alstom et Siemens (Economie matin, Olivier Sancerre)

C’est la déception du côté du gouvernement français : Bruxelles s’oppose en effet à la fusion entre Alstom et Siemens. Paris voulait créer un « champion européen » du ferroviaire.

La Commission européenne a douché les espoirs du gouvernement qui soutenait le rapprochement entre Alstom et Siemens. Avant même la décision négative de Margrethe Vestager, la commissaire européenne à la Concurrence, Bruno Le Maire s’était dit déçu par ce « non ». Sur France 2, le ministre de l’Économie a ainsi qualifié cette décision d’« erreur économique » et de « faute politique », qui dessert les intérêts de l’Europe vis à vis de la Chine. Le champion européen du ferroviaire et de la signalisation qu’aurait constitué l’attelage Alstom-Siemens aurait eu le même poids que le « grand champion industriel chinois », soutient le patron de Bercy. Des arguments qui n’ont manifestement pas pesé lourd à Bruxelles.

Coup dur pour Paris

Margrethe Vestager a ainsi expliqué que l’opposition de la Commission européenne à cette concentration reposait sur le fait que les deux entreprises ne montraient aucune disposition pour remédier aux « importants problèmes de concurrence » relevés par les services à la concurrence. Sans mesures compensatoires suffisantes, la fusion aurait entraîné une « hausse des prix pour les systèmes de signalisation qui assurent la sécurité des passagers et pour les futures générations de trains à très grande vitesse ». Or, pour l’exécutif européen, il n’est pas question de voir les prix des billets augmenter.

Grandes coopérations

La commissaire ne nie pas l’intérêt des « grandes coopérations » dont l’Europe a besoin. Mais elle relève aussi que « tout notre écosystème est plus fort s’il ne dépend pas entièrement d’une ou de quelques entreprises géantes ». C’est la troisième fois seulement que Margrethe Vestager interdit ainsi une fusion depuis 2014 et le début de son mandat. La Commission européenne n’a rejeté un projet de concentration qu’une trentaine de fois sur 6 000 demandes.

 

2- Gazoduc Nord Steam 2 : piège russe ou nécessité européenne ? (La Tribune,  Angélique Palle et Sami Ramdani)

Un gazoduc reliant directement et sans pays de transit la Russie à l’Allemagne à travers la mer Baltique, telle est l’ambition du Nord Stream 2. D’une capacité annuelle de 55 milliards de mètres cubes, ce qui correspond à 11 % de la consommation annuelle de l’UE, l’achèvement de sa construction est prévu pour 2020 et estimé à 9,5 milliards d’euros. Il doublera un tronçon déjà existant d’une capacité équivalente, le Nord Stream 1. Entre les pays membres de l’Union européenne, le projet suscite encore de nombreuses controverses, alimentées par la position du président américain Donald Trump qui s’y oppose farouchement. Quand certains le jugent indispensable à l’approvisionnement européen, d’autres crient au piège russe.

Un projet défendu par l’Allemagne

Principal soutien de ce nouveau gazoduc, l’Allemagne l’a longtemps présenté comme un projet essentiellement économique, servant également les intérêts de sa propre politique de remplacement de la nucléaire initiée en 2011 par Angela Merkel. Ce n’est qu’en avril 2018 qu’elle en a évoqué publiquement les aspects politiques. Aux yeux du gouvernement allemand, ce gazoduc entretiendra une interdépendance, et non une simple dépendance, vis-à-vis de la Russie, dans la mesure où la vente de gaz à l’Europe est vitale à l’économie russe. Dans la tradition de l’ostpolitik, c’est-à-dire de la normalisation des relations de l’Allemagne avec la Russie, cultiver cette politique d’échange apparaît comme le meilleur moyen de limiter les tensions avec Moscou. La relation énergétique russo-européenne constitue la condition à la stabilité de la relation russo-allemande. Une vision partagée par un certain nombre de grands groupes européens. Le projet, financé à 50 % par le russe Gazprom, compte également sur la participation des partenaires européens : le français Engie, les allemands Uniper et Wintershall, l’autrichien OMV et l’anglo-néerlandais Shell, à hauteur de 10 % chacun. Certains de ces acteurs, notamment les entreprises et gouvernements qui soutiennent le projet, estiment que le Nord Stream 2 permettrait de lever une partie des incertitudes énergétiques qui pèsent sur l’UE, au regard des échéances des contrats gaziers en cours : celui de l’Ukraine avec la Russie prend fin en 2019 et celui de la Pologne en 2022. Dans les deux cas, des renégociations se profilent.

La crainte d’un monopole allemand

Au sein de l’Union européenne, le projet se heurte à d’importantes résistances.

Le premier est de nature économique : la position de hub gazier européen fait l’objet d’une compétition féroce entre États membres. Ce projet renforcerait considérablement l’Allemagne, qui concentrerait alors l’arrivée de 30 % des importations européennes de gaz, contre seulement 15 % aujourd’hui via le premier tronçon du Nord Stream. Les autres principaux points d’arrivée du gaz russe sont la Pologne et l’Ukraine. Des États comme la Slovaquie mettent en avant la perte des revenus de transit qu’engendrerait pour eux Nord Stream 2, qui contourne les États baltes. D’autres dénoncent également une position biaisée de la part de la Commission européenne. En s’opposant au projet South Stream – projet avorté de gazoduc paneuropéen qui aurait cheminé le gaz russe par la mer Noire -, elle a privé les « petits » États – la Bulgarie, la Grèce et la Serbie – des revenus de transit d’un gazoduc, tandis que l’Allemagne, poumon économique de l’UE, va devenir le cœur du système gazier continental. La Pologne, qui fait office de chef de file des opposants, a déjà refusé le doublement du gazoduc Yamal, qui traverse son territoire en provenance de Russie. Elle espère devenir un pilier de la diversification des approvisionnements européens en misant sur le gaz naturel liquéfié (GNL), qatari, norvégien et américain, ainsi que sur le gaz norvégien acheminé par pipeline. 

Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/gazoduc-nord-stream-2-piege-russe-ou-necessite-europeenne-806626.html

 

3- La première pale creuse d’hélice imprimée en 3D est née à Nantes ( Le Marin, Véronique Couzinou)

Naval group et l’école Centrale Nantes viennent de réaliser en fabrication additive le premier prototype de pale creuse en inox à échelle 1/3, au Technocampus ocean de Nantes. Cette pièce complexe est représentative des pales que l’on peut voir sur les systèmes propulsifs des porte-conteneurs. Conçu par la filiale de Naval group Sirehna, le design de la pale a été optimisé en termes de rendement, d’endurance et de réduction significative du bruit rayonné et des vibrations. Et il a demandé moins d’une centaine d’heures de fabrication. Avec une masse de 300 kg, « cela permet d’envisager un gain de masse de plus de 40 % par rapport à un procédé classique », expliquent les équipes de Naval group research et Centrale Nantes. En juin, Naval group avait déjà fabriqué une première pale simple de propulseur à partir du système d’impression par dépôt de fil métallique Waam, combinant des torches de soudage et un bras robotisé pour imprimer des pièces de grandes dimensions. Et maintenant ? Naval group envisage de tester à la mer d’ici la fin de l’année un premier propulseur complet réalisé par fabrication additive. L’industriel mettra d’ailleurs en œuvre d’ici quelques semaines une cellule dédiée à la fabrication additive sur le site de Nantes-Indret, avec une machine permettant de réaliser jusqu’à deux hélices en parallèle.

 

 

TOUR D’HORIZON DE MEDIAS SPÉCIALISÉS :

Esprit Surcouf vous offre un tour d’horizon des titres de fond propres à susciter la réflexion de défense et de sécurité.

Operation Thunderbolt : le coup de main le plus audacieux des forces israéliennes ? (L’Obs)
https://bibliobs.nouvelobs.com/documents/20190208.OBS9882/operation-thunderbolt-le-coup-de-main-le-plus-audacieux-des-forces-israeliennes.html

Rapport d’information sur la révision de la loi relative à la bioéthique (Assemblée nationale ( attention 378 pages))
http://www.assemblee-nationale.fr/15/pdf/rap-info/i1572.pdf

Iran 1979. Une révolution qui a ébranlé le monde (Orient XXI, Bernard Hourcade)
https://orientxxi.info/magazine/iran-1979-une-revolution-qui-a-ebranle-le-monde,2893

Essai de prospective à 50 ans dans le domaine de la défense (Geostrategia, Alain Crémieux)
https://www.geostrategia.fr/essai-de-prospective-a-50-ans-dans-le-domaine-de-larmement/

Quand la souveraineté alimentaire repose sur la mer… (IRIS, Sébastien Abis, Capitaine de frégate Xavier Regnaut)
http://www.iris-france.org/130078-quand-la-souverainete-alimentaire-repose-sur-la-mer/

FUSION DE DONNÉES Le F35, ou la colonisation numérique du monde par les technologies embarquées américaines (Atlantico, Franck DeCloquement)
https://www.atlantico.fr/decryptage/3565460/le-f35-ou-la-colonisation-numerique-du-monde-par-les-technologies-embarquees-americaines-franck-decloquement 

Europe-Méditerranée : une communauté de destin ? (L’Orient le Jour, Régis Debray)
https://www.lorientlejour.com/article/1156638/europe-mediterranee-une-communaute-de-destin-.html

La Russie accuse la Norvège de faire monter la pression dans l’Arctique et promet d’y répondre (OPEX 360, Laurent Lagneau)
http://www.opex360.com/2019/02/08/la-russie-accuse-la-norvege-de-faire-monter-la-pression-dans-larctique-et-promet-dy-repondre/

PARUS AU JOURNAL OFFICIEL 

Textes à ne pas négliger pour comprendre l’actualité de défense et de sécurité.

LOI n° 2019-72 du 5 février 2019 visant à améliorer la santé visuelle des personnes âgées en perte d’autonomie (1)
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=30DECB25D293F00528AE72EAB9C8F83A.tplgfr23s_1?cidTexte=JORFTEXT000038096841&dateTexte=&oldAction=rechJO&categorieLien=id&idJO=JORFCONT000038096838

Arrêté du 18 janvier 2019 fixant la liste des Ecoles accréditées à délivrer un titre d’ingénieur diplômé
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=30DECB25D293F00528AE72EAB9C8F83A.tplgfr23s_1?cidTexte=JORFTEXT000038096995&dateTexte=&oldAction=rechJO&categorieLien=id&idJO=JORFCONT000038096838

Arrêté du 4 février 2019 portant désignation des auditeurs de la 214e session en région de l’Institut des hautes études de défense nationale qui s’est déroulée à Rouen, Cherbourg, Caen et Lille du 13 novembre au 20 décembre 2018
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=30DECB25D293F00528AE72EAB9C8F83A.tplgfr23s_1?cidTexte=JORFTEXT000038097161&dateTexte=&oldAction=rechJO&categorieLien=id&idJO=JORFCONT000038096838

Décret n° 2019-73 du 5 février 2019 relatif à la formation professionnelle maritime et à l’organisation des services des affaires maritimes
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=30DECB25D293F00528AE72EAB9C8F83A.tplgfr23s_1?cidTexte=JORFTEXT000038100454&dateTexte=&oldAction=rechJO&categorieLien=id&idJO=JORFCONT000038100449

Ordonnance n° 2019-76 du 6 février 2019 portant diverses mesures relatives à l’entrée, au séjour, aux droits sociaux et à l’activité professionnelle, applicables en cas d’absence d’accord sur le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=30DECB25D293F00528AE72EAB9C8F83A.tplgfr23s_1?cidTexte=JORFTEXT000038100655&dateTexte=&oldAction=rechJO&categorieLien=id&idJO=JORFCONT000038100449

Ordonnance n° 2019-78 du 6 février 2019 relative à la préparation au retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne en matière de transport routier de personnes et de marchandises et de sûreté dans le tunnel sous la Manche
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=30DECB25D293F00528AE72EAB9C8F83A.tplgfr23s_1?cidTexte=JORFTEXT000038100728&dateTexte=&oldAction=rechJO&categorieLien=id&idJO=JORFCONT000038100449

Décret n° 2019-80 du 7 février 2019 portant annulation de crédits
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=30DECB25D293F00528AE72EAB9C8F83A.tplgfr23s_1?cidTexte=JORFTEXT000038103951&dateTexte=&oldAction=rechJO&categorieLien=id&idJO=JORFCONT000038103639

 

 

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