-GÉOPOLITIQUES : relations internationales, zones géographiques …
-DÉFENSES : militaire, sécurité intérieure, terrorisme …
-ÉCONOMIES : entreprise, industrie ….

Par Jacques Raimond

La revue de presse « Esprit Surcouf » vous propose une sélection hebdomadaire d’une dizaine d’articles, peu diffusés dans les médias traditionnels, présentés dans trois rubriques : géopolitiques, défenses, économies. La revue de presse y ajoute un tour d’horizon des médias spécialisés, ainsi que les textes officiels parus dans la semaine passée, utiles à consulter et à retenir.

 

 

SOMMAIRE 

 

  • GÉOPOLITIQUES 
  1. Trumpisme, saison 2 : la stratégie du raidissement
  2. Israël – Arabie Saoudite : retour sur un rapprochement discret
  3. « Les armes nucléaires constituent un danger permanent et bien réel pour la communauté internationale »
  • DÉFENSES 
  1. MBDA démontre les capacités opérationnelles élargies du système MMP à plus de 15 pays
  2. En 2018, 30 militaires du rang ont intégré l’école militaire interarmes pour devenir officier
  3. Général Bosser : « les soldats de l’armée de terre sont et seront toujours les soldats de l’idéal »
  • ÉCONOMIES 
  1. Le gaz levantin : une aubaine pour la Méditerranée toute entière ?
  2. Constellations de satellites : Thales rafle un projet de surveillance de l’espace
  3. Vente des VBL à Ryad : des ONG canadiennes appellent Ottawa à plus de prudence à l’avenir
  • TOUR D’HORIZON DE MEDIAS SPÉCIALISÉS
  • TEXTES PARUS AU JOURNAL OFFICIEL

 

de Jacques Raimond

 

 

 

GÉOPOLITIQUES

 

Trois sujets très inédits dans la sphère géopolitique sont proposés aux lecteurs. Tout d’abord il s’agit d’ « America first », avec cette nuance capitale de la position du président des Etats-Unis ; ensuite, les clés du Moyen-Orient analysent le rapprochement discret entre les pays arabes et Israël ; enfin la question de l’arme nucléaire surgit périodiquement, sans que les lecteurs ne manifestent un quelconque rejet aux déclarations présidentielles.

 

1. Trumpisme, saison 2 : la stratégie du raidissement (The Conversation, Marie-Cécile Naves)

Docteure en science politique, chercheuse associée à l’IRIS, directrice des études de Sport et Citoyenneté, Université Paris Nanterre – Université Paris Lumières

 « La stratégie de Trump, c’est de survivre coûte que coûte », écrit l’éditorialiste Charles M. Blow dans le New York Times au lendemain des élections de mi-mandat. Ces Midterms se sont traduites par le changement de majorité à la Chambre des représentants au profit des démocrates et le gain, par ces derniers, d’au moins sept postes de gouverneurs et plus de 300 sièges dans les assemblées locales – le décompte des voix n’est pas terminé. Bien qu’il s’agisse d’élections locales et législatives, le Président a personnalisé au maximum le scrutin et cristallisé, pour ne pas dire hystérisé les débats sur, notamment, l’immigration et sa vision « racialisée » et excluante de la citoyenneté américaine. La tentation s’est fait jour de penser que Trump allait accepter sereinement le verdict des urnes et faire retomber la pression inhérente à toute campagne électorale – bien que celle-ci ait atteint un niveau inédit de violence verbale et de désinformation et qu’elle ait été entachée par l’attentat antisémite de Pittsburgh et l’affaire des colis piégés. Il n’en a rien été. Estimant que ces élections sont, pour lui, une « immense victoire », critiquant la fin du comptage ou le recomptage des voix dans plusieurs scrutins, il a aussi affirmé vouloir collaborer avec la Chambre démocrate… à condition qu’elle n’engage aucune enquête parlementaire à son encontre. Sinon, a-t-il menacé, il ordonnera des enquêtes contre les démocrates, ajoutant qu’« à ce jeu, nous sommes meilleurs ». Le Président met donc en place, pièce après pièce, une stratégie de raidissement, au service de sa réélection en 2020. Car Trump est « toujours déjà » en campagne.

Protéger le pays et sa personne

En quelques jours, une série de déclarations et de décisions contre la presse et la justice, si elles expriment la grande frustration d’un Président confronté à ce qu’il faut bel et bien interpréter comme un échec dans les urnes, témoignent aussi d’une volonté de durcir son storytelling et sa ligne politique marqués par l’obsession identitaire et le refus de toute contradiction. Ce qui le rend plus dangereux encore que pendant les deux années qui viennent de s’écouler, selon plusieurs journalistes américains. Trump sait qu’il ne jouera pas une partie facile avec un Parti démocrate qui a refait le plein de confiance, et confirme qu’il est un Président tenté par l’autoritarisme en démocratie. À l’objectif de préservation de l’identité américaine blanche et patriarcale s’ajoute celui de la protection de sa propre personne et de ses intérêts. Le Président fait corps avec, non pas la nation, mais avec le noyau de ses supporters, surtout les nativistes et les évangélistes.

Outre son projet politique, il s’agit surtout de garantir l’absence de poursuites judiciaires et la pérennité de la bonne santé de la Trump Organization. « Trump croit que ses amis et lui sont au-dessus des lois », écrit ainsi Adam Serwer dans The Atlantic.. Il ajoute: [Il] pense que la loi est un bouclier qui le protège, et une épée qui peut être utilisée pour empaler ses ennemis. C’est on ne peut plus clair quand on voit ses exigences constantes de poursuivre ceux qui le critiquent, et sa décision de gracier des hommes comme Dinesh D’Souza and Joe Arpaio, dont il considère les violations de la loi comme banales parce qu’ils sont des flagorneurs pro-Trump.

La politique des coups de poing

Le limogeage, le 7 novembre, du ministre de la Justice, Jeff Sessions et son remplacement par son directeur de cabinet, Matthew G. Whitaker, en est le dernier exemple. Whitaker est opposé à l’enquête du procureur Mueller, à propos de laquelle Trump n’a jamais pardonné à Sessions de se récuser. Il aurait, selon le New York Times, conseillé dans l’ombre Trump depuis des mois à propos de cette affaire qui constitue pour l’heure la principale – mais non la seule – épée de Damoclès sur la tête du Président. Trump a-t-il pour projet de mettre un terme à l’enquête de Mueller avant que la nouvelle Chambre des représentants ne s’installe, en janvier, et que les démocrates ne multiplient les investigations ? Par ailleurs, les insultes contre plusieurs journalistes, dont Jim Acosta de CNN – qui s’est vu retirer son accréditation presse et qui a été l’objet d’une vidéo mensongère et trafiquée par la Maison blanche pour le discréditer –, mais aussi trois Africaines-Américaines – Abby Phillip, April Ryan and Yamiche Alcindor – accusées respectivement de poser une question « stupide », d’être une « loser » et d’être « raciste », montrent que Trump vise à disqualifier non seulement ses adversaires démocrates mais aussi toutes celles et tous ceux qui, par leurs questions et leurs enquêtes, le perturbent alors qu’il semble chaque jour plus vraisemblable qu’il consacre beaucoup d’énergie et de temps à faire obstruction à la justice. En période électorale comme en période de routine, il envoie à ses électeurs le message qu’il s’efforce de les satisfaire – avec des mesures drastiques sur l’immigration, par exemple – mais qu’il en est empêché par le Congrès, les associations des droits de l’homme et des « fake news medias » de Washington aux mains de la gauche culturelle. Car l’autre enseignement des Midterms est que le trumpisme s’est installé dans la société américaine. Ses partisans se sont déplacés pour aller voter et de nombreux candidats se réclamant de lui, sur le fond et dans la forme, ont été élus. Les Midterms ont donc ouvert la deuxième phase du trumpisme – qui mobilise aussi contre Trump, ce qui est une autre confirmation de son existence. Les États-Unis débutent ainsi la deuxième saison d’une série télévisée marquée par les codes de la téléréalité, celle-là même qui, avec la presse people, a fait connaître Trump au grand public et a accompagné son ascension vers le pouvoir suprême.

La présidence Trump ou la téléréalité pour de vrai

Trump, c’est le « show » permanent. Depuis qu’il est à la Maison blanche, il a personnifié sa politique à l’extrême et construit son propre feuilleton, sa propre dramaturgie, comme il le faisait en tant qu’homme d’affaires. Il « tease » sans cesse son action et ses prises de position, sans intermédiaire grâce à Twitter, à ses meetings et aux conférences de presse. Il impose le tempo, crée le suspense, coupe le rythme médiatique et fait diversion sur les sujets qui le dérangent. Comme dans une émission de téléréalité, c’est Trump qui raconte l’histoire et la livre au relais des réseaux sociaux et à l’analyse des médias. Il y plonge les observateurs, de gré ou de force, décide par sa rhétorique clivante quels personnages sont les « gentils » et les « méchants ». Il fournit souvent des informations laconiques, contraignant les observateurs à l’interprétation, voire à la surinterprétation, inévitables dans la mesure où il s’agit du président des États-Unis et qu’il est inimaginable de ne pas commenter ses propos et son action. La peur, le doute, l’attente sont rois. L’attention est focalisée sur la « petite phrase » ou le coup d’éclat. D’autres éléments fondamentaux de la téléréalité comme le mensonge, la manipulation, l’intimidation, voire la menace posent les jalons du récit trumpien. « What, art thou mad ? art thou mad ? is not the truth the truth ? », demande Falstaff dans Henry IV de Shakespeare. Avec Trump, la hiérarchie entre la fiction et les faits disparaît car lui et ses soutiens cherchent à faire prévaloir l’expérience émotionnelle.

La gloire, l’épanouissement de soi… et la survie

Dans l’avion qui le transportait à Paris pour les commémorations du centenaire du 11 novembre 1918, Trump a tweeté qu’il se sentait « profondément insulté » par le souhait du Président français de relancer une stratégie de défense européenne. Ce propos, parfaitement contradictoire avec son souhait affiché depuis 2017 de voir ses partenaires augmenter leur budget de défense afin que « les États-Unis ne paient plus pour les autres », a été le plus commenté pendant 24 heures. On retrouve ici son goût de la compétition, son souhait d’avoir le dernier mot, quitte à revenir sur des déclarations passées.

Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
https://theconversation.com/trumpisme-saison-2-la-strategie-du-raidissement-106758

2. Israël – Arabie Saoudite : retour sur un rapprochement discret (Les clés du Moyen-Orient, Inès Gil)

Par Ines Gil, journaliste basée à Tel-Aviv. Article réalisé avec l’éclairage d’Elisabeth Marteu, Docteur en Sciences Politiques à l’IEP de Paris, spécialisée sur le Conflit israélo-palestinien. 

En avril 2018, dans un entretien accordé à la revue américaine The Atlantique, le Prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed Ben Salman affirmait qu’Israël a le “droit d’exister”. Cette main tendue vers l’Etat hébreu symbolise le rapprochement à l’œuvre entre les deux Etats. Alors qu’Israël avait toujours fait partie de la liste des ennemis de l’Arabie saoudite, comme de la plupart des Etats arabes, les relations entre les deux pays se sont discrètement réchauffées ces dernières années.

L’Arabie saoudite et Israël, des relations historiquement limitées

Durant les décennies suivant la création de l’Etat hébreu (1948), les relations entre l’Arabie saoudite et Israël ont été très limitées, sans être pour autant belliqueuses. Le royaume wahhabite n’a jamais reconnu officiellement l’existence d’Israël. Cependant, comme les autre pays du Golfe, il n’a pas non plus « joué de rôle significatif dans les conflits israélo-arabes » (1). En comparaison à l’Egypte, l’Algérie, la Syrie ou encore l’Irak, l’Arabie saoudite s’est montrée plus détachée de la cause palestinienne. Sur le plan diplomatique, elle « n’a donc pas de position radicale sur le conflit », comme l’affirme Elisabeth Marteu. En revanche, la société saoudienne a développé une « culture anti-israélienne, principalement diffusée par l’éducation », comme le souligne la chercheuse. Les premiers contacts entre Saoudiens et Israéliens remonteraient aux années 1960. Dans le cadre de la guerre au Yémen (1962-1970) « les deux pays développent des relations ponctuelles, basées sur une convergence d’intérêts » pour « soutenir le camp royaliste contre les nationalistes appuyés par Gamal Abdel Nasser » (2). Cependant, ces échanges restent alors extrêmement limités.

Les propositions de plans de paix de Ryad : matrice de la position saoudienne sur le conflit

En 1981, le prince héritier saoudien Fahd Ibn Al Aziz présente un plan de paix pour le Proche-Orient. Il repose sur le retrait d’Israël des Territoires occupés, « le démantèlement des colonies », « le retour des réfugiés palestiniens ou leur indemnisation », « la liberté des lieux de culte dans les lieux saints et à la création d’un Etat palestinien », en échange du « droit de tous les Etats de la région de vivre dans la paix ». Rendues publiques, ces propositions provoquent la polémique dans le monde arabe, car elles évoquent une reconnaissance de l’Etat d’Israël. A l’époque, ce plan n’est considéré que comme un « ballon d’essai », mais il pose les bases de la position saoudienne vis-à-vis du conflit israélo-palestinien. Durant les décennies suivantes, les relations israélo-saoudiennes sont presque inexistantes, alors même qu’en parallèle, l’Etat hébreu commence à développer des relations avec Oman et le Qatar. En 2002, en pleine seconde Intifada (2000-2005), l’Arabie saoudite entérine la possibilité d’une normalisation des relations avec Israël, en échange de la création d’un Etat palestinien. Cette proposition est cependant rejetée par l’Etat hébreu. Quelques années plus tard, en 2011, l’éclatement du Printemps arabe modifie considérablement les rapports régionaux. Par crainte de la montée en puissance des Frères musulmans et de l’Iran, Tel-Aviv se rapproche de certains Etats du Golfe proches de Ryad. Mais les relations avec l’Arabie saoudite n’ont connu une évolution rapide que tout récemment. Selon Elisabeth Marteu, avec l’arrivée de Mohammed Ben Salman sur le devant de la scène politique saoudienne, « les verrous ont sauté », « MBS a poussé au rapprochement entre les deux pays ».

Arabie saoudite-Israël : le développement récent d’intérêts convergents contre l’ennemi commun iranien

Ces dernières années, sous l’impulsion du Prince héritier MBS, les signes d’un rapprochement Tel-Aviv – Ryad sont significatifs. Ils se traduisent principalement par le renforcement de liens économiques indirects entre les deux pays, mais aussi par la multiplication des rencontres très symboliques. En novembre 2017, Mohamed Abdelkarim Al-Issa, le secrétaire général de la Ligue islamique mondiale, bras religieux de la diplomatie saoudienne et proche de MBS, visite la Grande Synagogue de Paris. Un mois plus tôt, le prince saoudien Turki Al-Fayçal, ancien chef des services de renseignements, participe à un débat dans une synagogue de New York, avec Ephraïm Halévy, ex-directeur du Mossad. En parallèle, diverses rencontres sont aussi organisées entre des think tank saoudiens et israéliens. Le Bahreïn et les Emirats arabes unis, alliés de Ryad, ne sont pas laissés en marge. Le rabbin Marvin Hier, fondateur du centre Simon-Wiesenthal de Los Angeles, a récemment indiqué que le souverain du Bahreïn était favorable à la levée du boycottage d’Israël par les Etats arabes. La fédération des Emirats arabes unis, quant à elle, a permis à l’Etat hébreu d’ouvrir une représentation sur son territoire (3). Le Premier ministre Netanyahou a profité de la main tendue des pays du Golfe. En novembre dernier, il affirmait : « la coordination productive que nous avons avec les Etats arabes est habituellement secrète, mais je crois que nos relations avec eux vont continuer à mûrir et à donner des fruits ». Le Premier ministre israélien compte sur un rapprochement entre les Etat arabes sunnites et Israël, afin de contrer « l’arc chiite ». Selon Elisabeth Marteu, « la constitution d’un axe anti-iranien allant de Tel-Aviv à Washington en passant par Abou Dhabi et Ryad n’est plus un secret pour personne ». Ce rapprochement entre Ryad et Tel-Aviv est principalement motivé par le souhait d’affaiblir un ennemi commun, l’Iran. C’est surtout pendant la présidence Obama que ces intérêts communs entre Israël et l’Arabie saoudite se dessinent. Se sentant délaissés par le rapprochement américain avec Téhéran, notamment lors de la signature de l’Accord sur le nucléaire iranien en 2015, Israël et l’Arabie saoudite décident de faire front commun.  Pour le Royaume wahhabite, la menace de l’Iran est devenue plus importante que la question palestinienne. Le changement de priorités dans la géopolitique régionale saoudienne s’explique notamment par la mutation du conflit israélo-palestinien, qui n’est plus aujourd’hui au centre des évolutions proche-orientales. Selon Elisabeth Marteu, le rapprochement entre Tel-Aviv et Ryad a entraîné un événement majeur : « la décision du président Trump de retirer les Etats-Unis de l’accord de Vienne », le 8 mai 2018. Suite à de multiples rencontres avec des représentants de l’administration Trump, « et notamment avec son gendre Jared Kushner », qui entretient de bonnes relations avec MBS, l’Arabie saoudite et Israël ont réussi à faire pression sur Washington pour mettre à mal cet accord, dénoncé par les deux pays comme un danger pour la sécurité régionale. La lune de miel de moins en moins discrète entre les deux pays est aussi de plus en plus solide. Même l’affaire Khashoggi, qui a provoqué une vague d’indignation internationale « n’a pas », selon Elisabeth Marteu, « entaché les relations entre Israéliens et Saoudiens ».

MBS : la tentative de redéfinir la position saoudienne sur Israël

Durant l’entretien de Mohammed Ben Salman à The Atlantique, le Prince héritier affirme le « droit d’exister » pour l’Etat hébreu, mais aussi l’absence d’« objection religieuse » à son existence. 

Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
https://www.lesclesdumoyenorient.com/Israel-Arabie-saoudite-retour-sur-un-rapprochement-discret.html

3. « Les armes nucléaires constituent un danger permanent et bien réel pour la communauté internationale » (IRIS, entretien avec Jean-Marie Collin)

Jean-Marie Collin est le porte-parole de ICAN France, relais national de la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires, prix Nobel de la paix 2017. Il est intervenu lors du premier Forum de Paris sur la Paix qui s’est déroulé du 11 au 13 novembre (Halle de la Villette) pour présenter son projet : « Le Traité d’interdiction sur les armes nucléaires : un instrument au service de la paix ! ».  Une différence de vision politique nette est apparue entre le Japon et les États-Unis lors de consultations bilatérales avant qu’un groupe spécial de l’ONU adopte une résolution japonaise ce mois-ci appelant à l’élimination totale des armes nucléaires, selon des sources diplomatiques. Les États-Unis s’étaient opposés à l’inclusion de certaines phrases faisant référence à l’article 6 du traité de non-prolifération nucléaire et aux accords conclus lors des conférences d’examen du TNP en 1995, 2000 et 2010 dans la résolution de l’ONU parrainée par le Japon. L’article, qui n’avait pas été mentionné dans une résolution similaire adoptée l’année précédente par le Royaume-Uni, appelle les États dotés de l’arme nucléaire à poursuivre le désarmement nucléaire. La résolution intitulée « Action unie avec une détermination renouvelée en faveur de l’élimination totale des armes nucléaires » a ainsi été adoptée par la Première Commission sur les questions de désarmement lors de l’Assemblée générale des Nations unies le 1er novembre.

Que pensez-vous de la position du Japon ? Est-elle unique parmi les grandes puissances de la planète ?

Cet exemple illustre malheureusement la politique actuelle des États-Unis qui est très éloignée de celle pratiquée auparavant par le président Obama en termes de politique de contrôle et de non-prolifération nucléaire. Cela montre également à quel point la pression des États-Unis est grande sur un État comme le Japon qui veut à la fois conserver son lien privilégié avec les États-Unis, mais tente aussi de montrer sa bonne foi sur l’importance du désarmement nucléaire… Cette pression est classique de la part des puissances nucléaires, elle est ainsi exercée sur de nombreux États et par toutes les puissances nucléaires, à l’image de la France qui ne cesse d’envoyer des pressions politiques fortes vers des États francophones afin qu’ils ne deviennent pas membres du Traité d’interdiction des armes nucléaires (TIAN).

Les armes nucléaires sont-elles un danger pour la planète ?

Cette question est étonnante, car je ne pense pas que celle-ci se poserait au sujet des armes biologiques et chimiques. Oui, les armes nucléaires constituent un danger permanent et bien réel pour la communauté internationale. Si ce n’était pas le cas, aucune règle internationale (comme le Traité de non-prolifération nucléaire ou le nouveau Traité d’interdiction des armes nucléaires) n’aurait été adoptée par l’ONU. La prolifération nucléaire, par ailleurs, ne constituerait pas une menace. Il est essentiel d’avoir toujours en tête que les armes nucléaires sont des armes de destruction massive dont les conséquences de leur utilisation (volontaire ou accidentelle) peuvent remettre en cause la survie de l’humanité. Ces armes sont donc une menace pour les populations et notre environnement. De plus, elles sont absolument incompatibles avec le droit international humanitaire comme l’a exprimé à plusieurs reprises le Comité international de la Croix-Rouge. En effet, à l’occasion des trois conférences internationales sur l’impact humanitaire des armes nucléaires, le CICR a souligné qu’aucun plan international ni aucun acteur ne sera à même de répondre de manière adéquate aux besoins des victimes en cas d’emploi d’armes nucléaires. De plus, les effets des armes nucléaires ne connaissent pas de frontières, ni dans le temps ni dans l’espace, car leur impact génétique se transmet aux générations suivantes.

N’assurent-elles pas un équilibre ?

Si vous pensez à l’équilibre de la terreur, alors oui. Mais le problème de l’équilibre c’est que le risque de tomber est toujours grand. D’autre part cet « équilibre » n’est pas souhaité par une écrasante majorité du monde, car leur sécurité est directement mise en cause. À l’heure où le mot multilatéralisme est largement utilisé, il serait donc temps de prendre en compte les besoins de sécurité de toutes les populations et pas seulement de quelques États. Cette notion d’équilibre est donc absurde, dangereuse et illusoire comme nous l’expliquons dans « L’illusion nucléaire : la face cachée de la bombe atomique ». Le discours sur la nécessité de la bombe et de son maintien repose sur des mythes. Or, en 2018, nous constatons de plus en plus que les failles de cette ligne Maginot nucléaire sont de plus en plus béantes. En continuant à mettre en avant cette politique de dissuasion (et l’on peut se référer aux derniers discours de la ministre des Armées), c’est un appel à la prolifération nucléaire. De plus, il faut être aveugle pour ne pas voir que cette politique ne peut mener à terme qu’à l’usage de ces armes. Le développement accéléré des nouvelles technologies (notamment le cyber) rend encore plus incertains et fragiles les systèmes de sécurité de ces armes. L’invisibilité prochaine des sous-marins est également remise en question comme l’a souligné le député M. François Cornut-Gentille (qui n’est pas un opposant à l’arme nucléaire) avec l’arrivée de satellites capables de les repérer…

Quelles sont les chances d’une élimination complète des armes nucléaires et à quelle échéance ?

Depuis la fin de la guerre froide, l’arsenal nucléaire mondial est passé de près de 70 000 à moins de 15 000 armes, preuve que la diminution et le démantèlement sont bien des réalités et peuvent être réalisés en quelques années. Le processus d’élimination inclut de nombreuses étapes qui vont du retrait des armes en état d’alerte, au stockage puis au démantèlement. En 2017, à l’ONU, le Traité d’interdiction des armes nucléaires a été adopté par 122 États. Le TIAN entrera en vigueur en fin d’année 2019. La volonté politique de ces États est de ne plus se retrouver confrontés à une menace nucléaire. Ce traité était la pièce manquante du puzzle pour disposer d’une interdiction globale et engager des négociations sur l’élimination des armes nucléaires.

Le Président sur le porte-avions Charles-de-Gaulle a souhaité rassurer les Français sur l’équipement des forces armées.

Le président Macron lors de son interview a souligné que la nouvelle loi de programmation militaire (LPM) était en forte hausse pour rééquiper les forces armées françaises.

Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
http://www.iris-france.org/123916-les-armes-nucleaires-constituent-un-danger-permanent-et-bien-reel-pour-la-communaute-internationale/

 

 
Le site IRIS est répertorié 
dans la rubrique THINKTANKS de la "Communauté Défense et Sécurité" d'ESPRITSURCOUF.fr

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DÉFENSES

Ce sont trois articles de fond que les lecteurs vont découvrir sous ce chapitre. Le système MMP  va étendre les capacités jusqu’à « tire et oublie », stratégiques lors du tir.  L’escalier social est mis en valeur par le site OPEX 360. Le général d’armée Jean-Pierre Bosser évoque dans une interview les fondements de la vocation militaire.

 

1. MBDA démontre les capacités opérationnelles élargies du système MMP à plus de 15 pays  (MBDA, info presse)

Le 12 octobre 2018, MBDA a présenté toute l’étendue des capacités du missile de combat terrestre de 5ème génération Missile Moyenne Portée (MMP) aux membres de 15 délégations étrangères ainsi qu’à des représentants de l’Agence Européenne de Défense et de l’Agence OTAN de soutien et d’acquisition (NSPA). Organisée au Camp de Canjuers, en présence de l’Armée de Terre et de la Direction Générale de l’Armement (DGA), cette démonstration s’est déroulée en deux temps : une première partie dynamique permettant aux représentants du monde entier d’assister à trois tirs réalisés par la Section Technique de l’Armée de Terre (STAT) ; une seconde partie statique basée sur des présentations et des ateliers avec mise en œuvre de matériels opérationnels de série, de simulation, d’entraînement et de support. Les trois tirs, qui ont tous impacté avec précision leur cible, ont permis d’illustrer tous les modes opératoires du missile en le confrontant à différents scénarios. Les cibles, aussi bien fixes que mobiles et à des distances comprises entre 2,5 kilomètres et plus de 4 kilomètres, ont permis de démontrer la précision du MMP dans toutes les circonstances y compris dans le cadre d’un tir audelà de la vue directe sur objectif masqué. La démonstration, qui incluait des tirs avec accrochage de l’autodirecteur sur la cible avant et après mise à feu, en voie infrarouge et en voie TV, a également permis de mettre en valeur les capacités « tire et oublie » et « homme dans la boucle » du MMP. La capacité d’engagement de cible au-delà de la vue directe par le biais d’une tablette connectée au réseau infocentré ou bien via des images retransmises par des micro-drones a également fait l’objet de démonstrations, illustrant la symbiose du système MMP aux moyens de coordination et aux senseurs du terrain. Les délégations ont également pu découvrir le MMP dans différentes configurations : avec un support rudimentaire fixé sur le véhicule de combat SHERPA Forces Spéciales d’Arquus, avec une tourelle télé opérée IMPACT montée sur le véhicule de combat SHERPA blindé d’Arquus et avec une tourelle canon T40 montée sur l’Engin blindé de combat VBCI de Nexter. Cette démonstration fait suite à la campagne d’évaluation temps chaud réalisée en septembre par l’armée de Terre à Djibouti qui a démontré l’aptitude à l’emploi du MMP en milieu désertique et autorisé son déploiement dans le cadre de la mission Barkhane dans la bande sahélo-saharienne. En France, le programme MMP prévoit au total un parc interarmées constitué de 400 postes de tir et de 1950 missiles d’ici 2025.

2. En 2018, 30 militaires du rang ont intégré l’école militaire interarmes pour devenir officier (OPËX 360, Laurent Lagneau)

Dans l’armée de Terre, l’on ne parle pas d’ »ascenseur social » mais d’ »escalier social ». Ces deux expressions ne veulent pas exactement dire la même chose car la seconde suppose que des efforts soient faits pour s’élever au sein de la hiérarchie. Et cela apparaît dans les chiffres livrés l’an passé par le Haut Comité d’évaluation de la condition militaire (HCECM). Ainsi, et cela ne concerne pas la seule armée de Terre, 21,6% des officiers ont un baccalauréat, 5,4% sont titulaires d’un CAP/BEP et 2,5% n’ont aucun diplôme. « L’opportunité de progresser socialement dans notre armée est une vérité historique », souligne ainsi le général Marc Conruyt, sous-directeur des études et de la politique de la direction de ressources humaines de l’armée de Terre (DRHAT). Et c’est même, insiste-t-il « une singularité de l’armée de Terre » puisqu’en 2018, « 50 % de nos officiers sont d’anciens sous-officiers, et plus de 60 % de ces derniers sont issus du rang ». Aussi, se félicite-t-il, « peu d’organismes peuvent s’enorgueillir de favoriser à ce point la promotion interne. » Mais depuis 2010, pour peu qu’il soit titulaire d’un baccalauréat, il possible à un militaire du rang d’intégrer le corps des officiers en cas de réussite au concours (interne) de l’École militaire interarmes [EMIA] de Saint-Cyr Coëtquidan. C’est le cas pour 30 d’entre-eux en 2018, annonce l’armée de Terre. Pour rappel, l’EMIA « délivre une formation pluridisciplinaire de niveau Bac+3 conjuguant formation humaine, militaire et académique. » Quoi qu’il en soit, souligne le général Conruyt, « notre système, principalement basé sur l’idée de méritocratie, s’appuie sur les valeurs profondes de l’armée de Terre : la promotion au mérite fondée sur la seule qualité du soldat, la valorisation des talents de chacun au profit d’un collectif efficace et le crédit porté à l’expérience. »

3. Général Bosser : « les soldats de l’armée de terre sont et seront toujours les soldats de l’idéal » (défense, armée de terre « au contact »)

La notion de ”valeurs” parle à certains, moins à d’autres. Pour comprendre ce qu’elle implique pour l’armée de Terre, rien de mieux que d’avoir la vision de son chef.

Entretien avec le général d’armée Jean-Pierre Bosser.

Que vous inspire ce terme de ”valeurs” ?

C’est un mot auquel il faut sans doute rendre sa juste place. S’il a parfois été mal considéré autrefois, il court peut-être le risque aujourd’hui d’envahir notre quotidien à tort et à travers. Il faut rappeler que les valeurs sont des idéaux auxquels on adhère au-delà de tout calcul et en sacrifiant parfois son intérêt individuel. Au fond, elles représentent ce qui n’a pas de prix, ou plutôt ce pour quoi on est prêt à payer le prix le plus élevé, c’est-à-dire le prix du sang. S’interroger sur les valeurs, c’est donc se demander ce pour quoi nous sommes prêts à mourir, et c’est sans doute pour cela que l’armée est parfois regardée lorsqu’on aborde ce thème.

Quelles sont les valeurs propres à l’armée de Terre ?

Il y a une équation particulière entre les valeurs de la France et la façon dont elles sont vécues dans l’armée de Terre. L’armée n’existe que par la volonté de la Nation d’assurer sa défense par la force des armes. Elle ne revendique pas l’exclusivité de valeurs qui lui soient propres, mais cultive et pratique au quotidien les valeurs qu’elle a fonction de défendre, c’est-à-dire celles qui fondent la communauté nationale. Prenons par exemple la devise de la République française, « Liberté, égalité, fraternité », inscrite sur les frontons des écoles et des édifices publics. Ce sont trois belles valeurs. Mais les soldats ne peuvent pas se contenter de les admirer de loin ! Ils s’en nourrissent et les vivent au jour le jour. Ils sont liés à la liberté, parce qu’ils sont amenés à combattre ici et là-bas pour cet universel qui vaut d’être défendu partout dans le monde. Les militaires aiment profondément l’égalité, parce qu’ils portent tous le même uniforme, se soumettent à la même discipline et progressent à la seule mesure de leurs mérites et de leurs capacités. Enfin, ils sont unis par une profonde fraternité d’armes, parce qu’ils ont besoin les uns des autres et appartiennent à une communauté humaine forte et confiante, qui ne laisse personne au bord du chemin.

Comment les plus jeunes parviennent-ils à s’approprier ces valeurs ?

Je constate que les jeunes qui entrent dans l’armée de Terre sont en quête de valeurs. Ils utilisent le mot ”servir”, qui ne leur fait pas peur. Ils ont soif d’idéal, d’engagement, d’une grande cause qui les dépasse. Ils viennent chercher du sens, mais aussi un cadre. Ils cherchent profondément à s’intégrer dans un collectif et dans une dynamique de dépassement de soi. En opérations et au quotidien, ils font souvent preuve d’un courage, d’une discipline et d’une disponibilité qui forcent l’admiration des Français. L’armée de Terre a donc raison de croire en eux et en leur potentiel ; j’ai plus que jamais la conviction que l’on peut encore leur transmettre nos valeurs aujourd’hui.

Comment ces valeurs sont-elles entretenues au quotidien ?

Comme l’y invite le Livre Vert sur l’exercice du métier des armes que l’armée de Terre vient de rééditer, je propose à tout soldat de commencer par regarder et aimer le drapeau ou l’étendard de son régiment. Il y verra d’abord nos trois couleurs, qui lui rappellent que l’armée est au service de la Nation. C’est la Nation qui lui confie la responsabilité de combattre en son nom, d’accomplir sa mission avec énergie et abnégation, y compris au péril de sa vie. Ensuite, il lira l’inscription ”Honneur et Patrie”, ou ”Honneur et Fidélité” dans la Légion étrangère. Existe-t-il un meilleur guide pour l’action ? L’honneur incite à conserver l’estime de soi et des autres. C’est un aiguillon qui pousse chacun à se surpasser en triomphant de ses faiblesses. Quant à la Patrie, elle est un territoire à défendre, mais plus encore une manière d’être ensemble, une fidélité à une idée qui rassemble, un sentiment d’appartenance. Enfin, sur l’autre face de l’emblème, le soldat lira les noms des batailles dans lesquelles le régiment s’est illustré. Ces batailles lui rappellent qu’il est l’héritier d’une lignée glorieuse. Ses aînés se sont battus durement pour conserver à la France sa force et sa grandeur. Du rappel de leur sacrifice se dégage pour chacun une invincible espérance.

Pourquoi sont-elles si importantes ?

Les valeurs sont essentielles parce qu’elles sont toujours une exigence à reprendre et à remettre en oeuvre. Elles exercent un attrait, elles nous mettent en mouvement, elles sont une invitation à l’action. Elles nous apportent finalement plus de terre promise que de terrain gagné ! Clémenceau a dit, lors de la séance du 11 novembre 1918 à l’Assemblée nationale : « Honneur à nos grands morts qui ont fait cette victoire […] Grâce à eux, la France, hier soldat de Dieu, aujourd’hui soldat de l’Humanité, sera toujours le soldat de l’idéal ». Je crois que les soldats de l’armée de Terre sont et seront toujours les soldats de l’idéal.

 

ÉCONOMIES

 

L’énergie est à notre portée, mais elle est aussi à la portée du pourtour de la Méditerranée. Comment peut-on apprécier cette prise en compte nécessaire pour toute l’Europe ? Thales réussit à décrocher un contrat avantageux, et nos amis canadiens se trouvent sur la sellette pour avoir cédé des VBL à l’Arabie.

 

1. Le gaz levantin : une aubaine pour la Méditerranée toute entière ? (Brèves Marine 217, géopolitique des océans)

Chypre et l’Égypte ont signé le 19 septembre 2018 un accord pour la construction d’un premier pipeline sous-marin afin de transporter le gaz chypriote vers les terminaux de liquéfaction du nord de l’Égypte, avant une réexportation vers l’Europe. Le gaz, un nouvel outil diplomatique ? Depuis 1974 et la partition de l’île en deux, les différentes tentatives de réunification de Chypre, telles que le Plan Annan, n’ont jamais connu de succès. Mais ce « conflit gelé » est revenu sous les feux de l’actualité à la suite des découvertes d’importants gisements de gaz en Méditerranée orientale.

DU GAZ DANS L’EAU

La convention de Montego Bay (CNUDM, Convention des Nations unies sur le droit de la mer, signée en 1984) définit plusieurs types d’espaces maritimes, avec des droits pour l’État côtier qui varient selon la distance au rivage. La zone économique exclusive (ZEE) offre ainsi des droits exclusifs d’exploitation jusqu’à 200 nautiques des côtes. Par application de la CNUDM, tous les vastes gisements d’hydrocarbures gazeux récemment découverts en Méditerranée orientale se retrouvent rattachés à l’un des États du bassin Levantin, sous réserve bien sûr que les pays voisins s’accordent sur les délimitations de leurs zones respectives… Les champs Tamar (découvert en 2009) et Leviathan (2010) reviennent à Israël, Aphrodite à Chypre (2011) et le gisement géant Zohr (2015) à l’Égypte. Pour chacun des pays, la découverte de telles richesses est une chance : les crises économiques internes peuvent être résolues, l’indépendance énergétique nationale est envisageable (même pour l’Égypte qui connaît actuellement une hausse de la consommation domestique importante) et les possibles exportations auront un effet très positif sur la balance commerciale. Qui plus est, la concentration dans le temps et dans l’espace de ces découvertes majeures leur permet à tous trois d’envisager de dépasser le simple marché régional et de se tourner vers de plus lointains clients, au prix d’une coordination des producteurs.

EASTMED, LA ROUTE VERS L’UNION EUROPÉENNE

Pour l’Union européenne (UE), ces nouveaux gisements de gaz dans une zone relativement proche sont une source d’approvisionnement à éventuellement prendre en compte. Les besoins en gaz de l’UE croissent alors que la production du continent se réduit, notamment à cause de l’épuisement des ressources de mer du Nord. Il est difficile, dans ce contexte, de s’affranchir des sources de gaz russes mais il est important, dans le même temps, de ne pas augmenter leur part dans le total importé (Gazprom a livré en 2016 180 milliards de mètres cubes de gaz à l’UE, soit le tiers de nos apports extérieurs). Si ces récentes découvertes en Méditerranée ne suffiront pas à couvrir tous les besoins de l’UE, ni à remplacer en totalité le gaz russe, il s’agit d’une nouvelle opportunité énergétique tout à fait intéressante pour l’UE, qui rencontre aussi sa politique de stabilisation du Moyen-Orient. Ainsi le projet du gazoduc EastMed traversant la Méditerranée a-t-il été classé comme « projet d’intérêt commun » par Bruxelles. Reste pour les trois États producteurs à mettre en place le consortium capable d’en supporter les investissements dans un contexte diplomatique historiquement tendu.

LA PAIX OU LA GUERRE

Les premières découvertes de gaz ont eu un effet pacificateur : Chypre et l’Égypte en 2003, puis Chypre et Israël en 2010 se sont entendus sur la définition de leurs ZEE. Le Liban quant à lui continue de contester sa frontière maritime avec Israël. Les premiers besoins d’exportations ont donné à l’Égypte un rôle central : elle est le seul pays de la région à disposer de deux stations de liquéfaction, à Idku et Damiette. Une entente s’est donc formée facilement entre Chypre, Israël et l’Égypte et a débouché récemment sur le projet de pipeline des champs levantins vers les terminaux égyptiens. Construire d’autres usines de liquéfaction pour permettre le traitement des nouvelles découvertes serait long et cher et les obstacles nombreux (objection turque pour tout projet à Chypre et menaces du Hezbollah libanais sur les installations offshore israéliennes). La solution a donc été, pour les trois États producteurs, de s’entendre pour la construction du gazoduc sous-marin EastMed qui, partant de Chypre et arrivant en Grèce, pourrait se connecter au réseau européen. L’ampleur et l’intérêt du projet n’ont pas laissé la communauté internationale indifférente, à commencer par la Turquie : ayant des différends politiques avec Chypre, Israël et l’Égypte, elle se retrouve isolée face à l’alliance de ses voisins. Pour revenir dans le jeu, Ankara mène de front ses propres recherches de gisements dans la zone (le navire d’exploration Fatih va conduire une première mission de sondage en novembre), des manœuvres de ralentissement des travaux de ses concurrents (en refoulant les navires d’exploration s’approchant trop du nord de l’île) et en déployant une activité diplomatique plus bienveillante. Pour des acteurs plus lointains, et parce que les grandes compagnies d’hydrocarbures s’intéressent désormais aux champs de Méditerranée orientale, on peut voir les ÉtatsUnis essayer de jouer un rôle de médiateur pour garantir les investissements dans la zone des compagnies gazières américaines telles qu’ExxonMobil. La Russie, quant à elle, cherche à s’implanter durablement dans la région et surveille de près ce qui pourrait constituer un concurrent à son gaz : 30 % du gisement Zohr égyptien ont été rachetés par le groupe semi-étatique Rosneft. Enfin, du côté européen, parallèlement à l’intérêt de l’Union pour EastMed, on remarque une présence significative de grands groupes tels que Total et ENI qui ont signé des contrats dans la zone. L’exploitation des ressources gazières dans la région est récente et les recherches se poursuivent afin d’en trouver davantage. La rente économique promise par ces découvertes jouera-t-elle un rôle de facilitateur ? Ou de raviveur de tensions ?

 

2. Constellations de satellites : Thales rafle un projet de surveillance de l’espace ( La Tribune, Michel Cabirol)

NorthStar est une constellation qui  regarde vers le haut pour surveiller notamment les débris spatiaux mais aussi les satellites qu’ils soient espions ou pas (photo d’un satellite de la:constellation Iridium développée et conçue par Thales Alenia Space)Coup double pour Thales qui investit dans la constellation NorthStar, à travers la Space Alliance (Thales Alenia Space et Telespazio). Thales Alenia Space se renforce encore dans les constellations et débarque dans le marché de la surveillance de l’espace. Décidément Thales est toujours dans les bons coups pour participer au développement et à la conception de constellations de satellites. Après avoir lancé O3b et Iridium, Thales Alenia Space (TAS) est monté à bord de constellations prometteuses comme Leosat (78 à 108 satellites)BlackSky (60 satellites) et plus récemment de Kineis (Argos), une constellation de 20 nanosatellites. A travers la Space Alliance, composée de Telespazio et de TAS, le constructeur de satellites a cette fois-ci investi dans la constellation NorthStar Ciel et Terre, pilotée par la société de services d’information canadienne NorthStar, basée à Montréal. Une constellation qui fleure bon le New Space… Les premiers contacts entre NorthStar et la Space Alliance, et plus particulièrement Telespazio, remontent à environ deux ans. Les Canadiens étaient notamment intéressés par les services proposés par Telespazio, qui lui a proposé un partenariat beaucoup  plus complet dans le cadre de la Space Alliance. Près de deux ans ont été nécessaires pour finaliser ce partenariat entre les deux entités. NorthStar a notamment dans son capital deux actionnaires fondateurs, Telesystem Ltd, présent dans les domaines des médias et de la technologie, et KinetX, une société américaine spécialisée dans le domaine de la dynamique orbitale.

Une première levée de fonds à 35 millions d’euros environ

Ce groupe canadien a réalisé une première levée de fonds de 52 millions de dollars canadiens au total (34,7 millions d’euros). Un premier round auquel participent la Space Alliance, qui ne souhaite pas donner le montant de son investissement, ainsi que le ministère de l’Economie du Québec (8,6 millions d’euros conclus en août dernier) et le gouvernement du Canada (sous forme de prêts remboursables). Un deuxième round est espéré dans un an une fois les études préliminaires et le modèle économique définitivement affinés. La Space Alliance fournira également les solutions pour la conception, le développement et la réalisation d’une constellation de 40 satellites, qui pourraient être d’un poids à peu près équivalent à ceux d’Iridium (860 kg). NorthStar Ciel et Terre fera de la surveillance de l’espace et de la géo-information ainsi que de l’observation de la Terre grâce à des capteurs hyperspectraux, qui vont analyser la composition chimique et minérale de la matière sur Terre (surveillance des océans, détection des départs de feux…). NorthStar Ciel et Terre proposera notamment des services pour l’agriculture, la pêche, l’urbanisme, les marchés du pétrole et gaz.

Thales en orbite dans la surveillance de l’espace

C’est également un très joli coup pour Thales dans le domaine de l’observation de l’espace ou SSA (Space Surveillance Awareness), où l’électronicien débarque enfin dans un secteur où il était étrangement absent. Car NorthStar développe le système le plus avancé dans le monde de la surveillance de l’environnement et de l’espace proche, explique à La Tribune Joël Chenet, conseiller du président de TAS, Jean-Loïc Galle. C’est une constellation qui regarde vers le haut pour surveiller notamment les débris spatiaux mais aussi pourquoi pas les satellites qu’ils soient espions ou pas. C’est d’ailleurs ce qu’avait laissé entendre la ministre des Armées, Florence Parly, lors de son discours au CNES à Toulouse en septembre.

Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/constellations-de-satellites-thales-continue-la-course-en-tete-797524.html

3. Vente des VBL à Ryad : des ONG canadiennes appellent Ottawa à plus de prudence à l’avenir ( 45° Nord, la rédaction)

La Corporation commerciale canadienne, la société d’État canadienne responsable des ventes d’armes à l’étranger, ne devrait pas pouvoir conclure des ententes pratiquement irrévocables avec des pays qui violent les droits de la personne, font valoir ici au Canada deux ONG. Selon Project Ploughshares, une division du Conseil canadien des Églises faisant la promotion des politiques et actions visant à prévenir la guerre et la violence armée et à construire la paix, et la section canadienne d’Amnistie internationale, qui oeuvre pour la défense des droits de l’Homme, la ratification imminente du Traité des Nations unies sur le commerce des armes donne à Ottawa l’occasion de prévenir la signature d’un autre accord comme celui conclu par la Corporation commerciale canadienne avec l’Arabie saoudite en 2014, pour l’exportation de véhicules blindés légers d’une valeur de 15 milliards. Kenneth Epps, chercheur chez Ploughshares, juge particulièrement outrageant que la Corporation ait conclu l’accord de ventes des blindés canadiens avec l’Arabie saoudite en 2014, soit plus de deux ans avant que le gouvernement n’approuve officiellement les permis d’exportation. «À notre avis, c’est procéder à l’envers. La Corporation commerciale canadienne ne devrait pas être en mesure de signer des contrats impliquant des permis d’exportation tant et aussi longtemps que ces permis d’exportation n’ont pas été autorisés», déclare le chercheur, cité par La Presse Canadienne. Récemment, dans la foulée de l’affaire Khashoggi, le journaliste du Washington Post assassiné au consulat saoudien d’Istanbul, le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, face à la plus importante vente d’armes canadienne de l’Histoire, a assuré «étudier nos options», tout en soulignant qu’il était «extrêmement difficile» de l’annuler. Le contrat de General Dynamics Land Systems Canada de près de 15 milliards $ CAD sur 14 ans (avec les options) signé en 2014 sous le règne conservateur et approuvé en 2016 par le gouvernement libéral de Justin Trudeau prévoit la livraison des véhicules blindés légers dans huit configurations différentes: des LAV-25, des ambulance, des véhicules de génie, des véhicules de transport de munitions, des véhicules de dépannage, des véhicule de commandement, des véhicules de transport de personnel; et des véhicules d’assaut équipées de canons de 90 mm de CMI Defence, «un puissant canon […] offrant ainsi une grande capacité de destruction pour un poids extrêmement léger», selon le fournisseur de l’arme, qui ajoute même qu’il s’agit du canon «le plus puissant jamais monté sur des véhicules de cette catégorie.»

Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
http://www.45enord.ca/2018/11/ventes-canadienne-vbl-arabie-saoudite-deux-ong-project-ploughshares-amnesty-international-canada-appellent-ottawa-a-plus-de-prudence-dans-ces-ventes-darmes/


TOUR D’HORIZON DE MEDIAS SPÉCIALISÉS

 

Esprit Surcouf vous offre un tour d’horizon des titres de fond propres à susciter la réflexion de défense et de sécurité.

Espionnage : les modes opératoires des États-Unis
http://www.lefigaro.fr/international/2018/11/13/01003-20181113ARTFIG00387-espionnage-les-modes-operatoires-des-etats-unis.php

Comment les États-Unis espionnent nos entreprises
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2018/11/13/01016-20181113ARTFIG00310-comment-les-etats-unis-espionnent-nos-entreprises.php

Trois mises en garde de la Grande Guerre
https://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/0600117353884-trois-mises-en-garde-de-la-grande-guerre-2220714.php

Le sens du sacrifice (ASAF)
https://www.asafrance.fr/item/le-sens-du-sacrifice-lire-la-derniere-lettre-de-l-asaf.html

Inquiétude en Russie : des médias chinois évoquent la possibilité pour la Chine d’annexer une partie de la Sibérie
https://reinformation.tv/russie-chine-siberie-bault-90153-2/

Pourquoi le règlement de la question libyenne est-il si complexe ? Le point de vue de Brahim Oumansour
http://www.iris-france.org/123744-pourquoi-le-reglement-de-la-question-libyenne-est-il-si-complexe/

« L’Europe peut sortir de la dépendance technologique américaine »
https://www.latribune.fr/technos-medias/l-europe-peut-sortir-de-la-dependance-technologique-americaine-797496.html

Et si Trump confisquait l’or algérien stocké à Fort Knox
https://www.elwatan.com/edition/economie/et-si-trump-confisquait-lor-algerien-stocke-a-fort-knox-01-10-2018

 

PARUS AU JOURNAL OFFICIEL 

 

Textes à ne pas négliger pour comprendre l’actualité de défense et de sécurité.

Arrêté du 5 novembre 2018 fixant la valeur du point d’indice de pension militaire d’invalidité au 1er janvier 2017 et au 1er avril 2017 en application des articles L. 125-2 et R. 125-1 du code des pensions militaires d’invalidité et des victimes de guerre
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=B8807D2A0CEAA9BA1184DF2331A67087.tplgfr35s_2cidTexte=JORFTEXT000037608255&dateTexte=&oldAction=rechJO&categorieLien=id&idJO=JORFCONT000037608179

Décret du 15 novembre 2018 portant élévation aux dignités de grand’croix et de grand officier (Ordre national du Mérite)
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=B8807D2A0CEAA9BA1184DF2331A67087.tplgfr35s_2cidTexte=JORFTEXT000037615087&dateTexte=&oldAction=rechJO&categorieLien=id&idJO=JORFCONT000037615083

Décret du 15 novembre 2018 portant promotion et nomination (Ordre national du Mérite)
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=B8807D2A0CEAA9BA1184DF2331A67087.tplgfr35s_2cidTexte=JORFTEXT000037615089&dateTexte=&oldAction=rechJO&categorieLien=id&idJO=JORFCONT000037615083

Décret du 15 novembre 2018 portant nomination à titre exceptionnel (Ordre national du Mérite)
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=B8807D2A0CEAA9BA1184DF2331A67087.tplgfr35s_2cidTexte=JORFTEXT000037615091&dateTexte=&oldAction=rechJO&categorieLien=id&idJO=JORFCONT000037615083

Décret du 15 novembre 2018 portant nomination (Ordre national du Mérite)
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=B8807D2A0CEAA9BA1184DF2331A67087.tplgfr35s_2cidTexte=JORFTEXT000037615094&dateTexte=&oldAction=rechJO&categorieLien=id&idJO=JORFCONT000037615083 

 


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