APRÈS 1918
LE DOULOUREUX TEMPS
DE LA PAIX
par le colonel André Dulou
Ecrivain, historien
.
Merci à André Dulou, lecteur d’ESPRITSURCOUF.fr de nous avoir fait parvenir son appréciation sur notre action : « Ce média apporte une vision singulière sur le monde, la géopolitique et les sujets traités sont de nature à développer l’esprit critique, bien que, quelquefois, il y ait également de l’esprit de critique. Tout cela me convient parfaitement, et je dois dire que je fais découvrir le site, en faisant la promotion d’ESPRITSURCOUF.fr, en donnant les liens qui permettent d’accéder au site ».
Il nous a transmis aussi cet article qui est bien dans « l’espritsurcouf » et que nous publions ci-dessous.
Tout d’abord, la démobilisation posa de nombreuses questions, tant administratives que financières, tant économiques que politiques.
DES MUTINS IMPATIENTS
Cette démobilisation s’étendit sur au moins deux années, pour l’armée française. Les troupes américaines souhaitaient rentrer en Amérique. Elles manifestèrent « un énervement certain », selon la presse de l’époque. Quant aux Britanniques, ce fut à Folkestone que l’armée anglaise menaça de se mutiner. Les Canadiens tentèrent même une action, qui se termina par six morts dans leurs rangs. A Sébastopol, les marins français reprochèrent à l’amiral Amet de ne pas tenir compte de la fin de la guerre. Il y eut jusqu’à Toulouse, où les artilleurs tombèrent dans une forme de sédition importante.
LA MALADIE VIENT AUGMENTER LES PERTES DE LA GUERRE
La grippe espagnole, appelée ainsi car on pensait qu’elle venait de Chine et avait transité par l’Espagne, fut un fléau à l’échelle mondiale, qui se propagea à une vitesse terrible. Parmi les femmes et les hommes touchés par cette pandémie, soit en trois jours de fièvre intense, on en sortait guéri, soit cette même fièvre se muait en complications pulmonaires qui entraînaient la mort, dans la plupart des cas dénombrés. On ne peut estimer avec une juste administration le nombre exact de victimes. Au cours de l’hiver 1918 – 1919, cette fièvre grippale fit plus de 20 millions de morts, sur 1 milliard de personnes touchées. On compte parmi les victimes de ce terrible fléau Guillaume Apollinaire, qui mourut deux jours avant la signature de l’armistice.
LE TRAUMATISME ALLEMAND EST PROFOND.
Dès le 9 novembre 1918, la République allemande est proclamée. Mais une République rivale est également proclamée, par les spartakistes. Le 1er janvier 1919, ceux-ci s’érigent en parti communiste allemand, alors qu’Albert Ruppin souligne : « Jamais dans le monde, un peuple n’a été soumis à un tel armistice. L’homme de la rue se sent complètement perdu ». Il y eut de nombreuses marques révolutionnaires, puisqu’il fallut attendre les élections du 19 janvier 1919, et la proclamation de la République de Weimar, le 6 février 1919, pour que cesse l’agitation en provenance du mouvement bolchevique.
Une barricade spartakiste à Berlin, en janvier 1919.
Ce fut près d’un an plus tard que les chefs militaires allemands trouvèrent une formule qui montrait toute leur horreur de la défaite. Lors d’un dîner, le général Malcolm lança à Ludendorf, qui voulait expliquer la défaite par le manque de soutien des politiques : « Pensez-vous, général que vous avez été frappé dans le dos ? » L’armée allemande s’empara de la formule, et le maréchal Hindenburg la reprit à son tour, le 18 novembre 1919, la formule « l’armée allemande a reçu un coup de poignard dans le dos ». Cette phrase reçut un retentissement jusque dans l’idéologie nazie.
Eric Ludendorf
Par ailleurs, la flotte allemande se saborda le 21 juin 1919, aux ordres de von Reuter, dans la rade de Sa=capa Flow. Le premier bâtiment à couler fut le Friedrich der Grosse. Les Britanniques tirèrent sur les Allemands, en tuant 8. Les Britanniques parvinrent à faire échouer 4 bâtiments. Le dernier navire à disparaître fut le Hindenburg, à 17 heures. Les navires qui furent renfloués furent ensuite envoyer à la ferraille.
L’épave du Hindenburg
LA GUERRE PERDURE A L’EST.
Les Russes conservateurs reçurent des appuis des pays de l’entente. Une Sibérie indépendante fut proclamée, par l’amiral Koltchak, appuyé par les Japonais, les Américains, les Britanniques et les Français, qui s’emparèrent des ports de Mourmansk et d’Arkhangelsk, où étaient entreposés d’importants stocks de munitions. 4000 tchécoslovaques en une phalange s’emparèrent à leur tout des réserves d’or russe à Kazan. Cependant la brutalité de l’amiral Koltchak lui valut la défection de ses alliés, et il fut capturé et exécuté en février 1920.
POUR LA PAIX, LES SOLDATS INCONNUS.
En Angleterre, le lieutenant-colonel Henry Williams fut chargé d’une mission hors du commun. Il s’agissait, avec une troupe de 5000 hommes environ, d’exhumer les morts, de les identifier, et de leur donner une digne sépulture. L’intéressé, soutenu par Sir Fabian Ware, responsable de la commission des tombes de guerre, suggéra qu’un soldat dont l’identité n’était pas reconnue, fut porté en terre, en Grande Bretagne, lors d’une grande cérémonie. Ce projet mit plus d’une année à être accepté par le ministère britannique de la guerre et la clergé de Westminster. Lorsque la décision fut enfin prise, le soldat britannique inconnu fut mis en bière dans un cercueil dont le bois provenait d’un chêne du jardin du palais de Hampton Court. Il fut escorté par des cavaliers français, et passa la Manche à bord du destroyer britannique Verdun. Le 11 novembre 1920, le cercueil, sur lequel avait été placé un casque et une épée, parvint à la gare Victoria, et amené à Whitehall. La cérémonie fut marqué par la poignée de terre française que le roi plaça sur le cercueil, en l’abbaye de Westminster, où le soldat est inhumé.
Au même moment, le cercueil du soldat inconnu français, choisi la veille par Auguste Thin, plus jeune engagé de 1918, était conduit, avec la solennité qui convient, sous l’arc de Triomphe. Il n’y reposa définitivement que deux mois plus tard. Un peu moins de trois ans s’écoulèrent, et on adopta l’idée d’y faire brûler une flamme éternelle : elle fut allumée le 11 novembre 1923 par le ministre de la guerre, André Maginot, lui-même Grand invalide de guerre. Depuis, cette flamme est ravivée, pour que jamais ne se perde le souvenir de nos morts de cette guerre mondiale, que les autorités et les historiens ont dénommée « la Grande guerre ».
Il y eut d’autres soldats inconnus de par le monde : les Allemands célèbrent leur « unbekannte Soldat », les Italiens leur « Milite incognito », les Américains leur « Unknown Soldier », dans le cimetière national d’Arlington. Le mémorial de l’unknow Soldier australien fut inauguré à Camberra, bien plus tard, en 1993.
Il fallait désormais remodeler le monde, et essayer de garantir la paix. C’est ainsi que naquit la Société des Nations, le 10 janvier 1920.
(*) Colonel (cr) André Dulou
Président de la Gironde de la société des membres de la Légion d’honneur, président d’Aquitaine des membres de la Légion d’honneur décorés au péril de leur vie, écrivain, rédacteur en chef de la revue Floréal an X, auditeur de l’IHEDN ( 156ème session régionale).
Dernier livre paru d’André Dulou répertorié dans la rubrique « Livres » d’ESPRITSURCOUF.fr
Dans la ligne d’Esprit Surcouf, voici un roman qui commence en mer, et qui s’inscrit dans le contexte réaliste de ce que chaque lecteur découvre avec délices.
La guerre froide a consacré l’effroi que l’on éprouve, quand on évoque le terme de « missiles ». Par ailleurs, les menaces qui pèsent sur les océans voient réapparaître les pirates maritimes. Dans ce contexte, une frégate française se déplace par les mers du sud pour porter assistance aux bateaux du golfe de Guinée. Les circonstances forment autant de drames que l’on découvre au fur et à mesure de la progression du navire. Une fois à terre, notre héros retrouve les missiles, sous une autre condition, toute aussi dangereuse. Et, pour donner au roman son intrigue, c’est un amour qui naît, sur fond d’opérations et de déroulements personnels, et qui va aller jusqu’au terme de son accomplissement, celui de la génération future.
En bref, un nouveau roman, au style enlevé, dans un contexte connu, avec cette circonstance singulière de la présence de deux personnages, héroïne et héros, campés de manière sobre et judicieuse, pour donner toute la saveur d’une aventure digne d’Esprit Surcouf !l En vente sur la Fnac et sur le site Edilivre
(*) Colonel (cr) André Dulou
André Dulou est né le 26 janvier 1947 à Sainte-Savine, dans la banlieue de Troyes, dans l’Aube.
Après avoir suivi les cours des lycées de Troyes et de Tonnerre, il entre à l’école militaire préparatoire d’Aix-en-Provence où il réussit son baccalauréat, série Mathématiques élémentaires, puis suit les classes préparatoires scientifiques.
Il a été ouvrier, puis chargé d’études dans une grande entreprise de construction navale, il bénéficie de l’extraordinaire ascenseur social qu’est l’armée française.
Ancien élève de l’école militaire d’administration, son parcours est atypique : Chancelier, chef de cabinet, spécialiste des questions d’événements graves, il quitte le service avec le grade de colonel.
Diplômé technique, breveté, il est auditeur du CFRH et de l’IHEDN.
Il est directeur des relations médias d’ESPRITSURCOUF.
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