AFRIQUE : UNE REPONSE
A L’INSECURITE ALIMENTAIRE

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Meriem Houzir (*), Consultante
Inès Lézin (*), Etudiante

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En Afrique, l’uniformité du mode de production agricole, le difficile accès à l’eau et à l’énergie, la dépendance vis-à-vis des fertilisants, des pesticides chimiques et des semences sélectionnées entraînent de nombreux effets négatifs. De jeunes Africains des pays francophones ont adopté des modèles d’agriculture fondamentalement différents, fondés sur des modes de production agricoles diversifiés, refusant l’emploi des intrants chimiques, préservant la biodiversité et stimulant les interactions entre les différents éléments. Ils ont créé des systèmes agro-écologiques, diversifiés qui permettent de préserver les écosystèmes et de générer des moyens de subsistance.

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L’agro-écologie est une approche écosystémique de la production agricole, s’inspirant des techniques traditionnelles des paysans pour en tirer des connaissances scientifiques modernes. L’agriculture biologique, l’agriculture de conservation, l’agroforesterie, la lutte biologique, les cultures associées et la gestion mixte culture-élevage s’inspirent tous d’un ou de plusieurs principes de l’agro-écologie.


L’Agro-écologie


L’agro-écologie vise la valorisation des systèmes agricoles qui permettent de fixer le carbone dans le sol, de préserver la biodiversité, de redonner fertilité aux sols et d’assurer des rendements dans le long terme. Dans le contexte des changements climatiques, un meilleur accès aux ressources productives (semences résilientes, techniques de lutte biologique) permettrait d’augmenter les rendements, de générer de nouveaux revenus et d’accroître le bien-être et la résilience des populations.

 Photo pleine page. Légende sous la photo

Les Jardins de l’Espoir, Bénin
Photo ICAF

En outre, avec la révolution verte et plus généralement l’extension des modes de culture industrielle, les agriculteurs, pour l’accès aux semences, sont devenus de plus en plus dépendants des structures d’encadrement et de sociétés privées. Celles-ci, dans un contexte d’évolution du marché et de changements climatiques, ne sont pas toujours adaptées. Aussi, ici et là, des coopératives et des groupements s’organisent pour faciliter l’accès aux semences. Cela passe notamment par la recherche de variétés traditionnelles, leur collecte, leur stockage et la mise à disposition des producteurs.

C’est dans ce contexte qu’a été créé, par l’association Initiatives Climat, en partenariat avec l’association Arkane, le « Cluster africain Agro-écologie / semences paysannes et résilientes ».


Un Cluster africain  


Ce cluster a pour objectif d’animer et de renforcer les capacités d’un réseau d’acteurs de la société civile, producteurs agro-écologiques en Afrique francophone. Sapremière activité a été l’élaboration d’un annuaire de porteurs de projets. Il comprend à ce jour 26 producteurs africains engagés dans la conservation des semences paysannes et dans la production de biofertilisants.

L’annuaire vise plusieurs objectifs : montrer la diversité des porteurs de projets d’Afrique francophone ; encourager des échanges de pratiques entre porteurs de projets ; faciliter les mises en relation entre les distributeurs de semences paysannes et d’intrants biologiques et les agriculteurs qui ont besoin de ces intrants.

Une autre activité a consisté en la rédaction d’un recueil de bonnes pratiques. La publication est disponible en versions française et anglaise. Elle comporte une partie théorique et seize bonnes pratiques conduites dans neuf pays africains francophones. Le recueil offre ainsi un ensemble de solutions en relation avec la collecte, le stockage et l’accès aux semences pour les communautés rurales qui vivent de l’agriculture. Ces solutions résident dans l’adoption de nouvelles pratiques, la mobilisation des communautés locales pour garantir l’accès aux semences, la préservation des semences traditionnelles ou bien encore la réduction des pertes et des gaspillages. Un accès garanti à des semences productives et résilientes au climat est un élément clé de la sécurité. Il s’agit plus précisément de décrire la démarche de création de cases de semences (ou grainothèques).

Une formation collaborative a également été organisée au Togo, en novembre 2019 ; elle a regroupé des participants venant de 11 pays d’Afrique. La formation a rassemblé des représentants d’organisations de la société civile, des chercheurs, formateurs, entrepreneurs et personnels d’organismes d’encadrement, soucieux de la préservation de la biodiversité, et qui mettent en œuvre des projets de conservation des semences résilientes.

Les objectifs de cette formation consistaient à favoriser le réseautage, à rassembler les synergies entre les différents producteurs engagés dans l’agroécologie, à partager les réussites et les expériences menées dans différentes régions, à échanger les savoirs et les savoir-faire locaux dans le domaine de la conservation des semences paysannes et résilientes, et enfin à évoquer des pistes de collaboration.

Enfin, un travail de capitalisation a été mené, ainsi que des actions de communication à travers les réseaux sociaux, et la production de reportages vidéo, notamment lors d’une foire des Semences qui s’est tenue au Burkina Faso, en novembre 2019.

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(*) Meriem Houzir est fondatrice et directrice du cabinet de conseil franco-marocain AlliaDev, Ingénieur-écologue et titulaire d’un doctorat en Aménagement du territoire et développement durable, elle intervient en tant que consultante au Maroc, dans les espaces méditerranéens et francophones auprès d’Institutions publiques (aux niveaux national et local), d’ONG et d’Organisations Internationales (PNUD, PNUE, IFDD, GIZ, ESCWA…). Elle est convaincue qu’il est temps de remettre l’homme au centre des préoccupations du développement, et que l’approche territoriale ainsi que le renforcement des capacités des acteurs est un levier d’action.

(*) Inès Lézin, passionnée par les questions de géopolitique, est titulaire d’une double licence Parcours Europe allemand de l’université de Nantes et étudiante au sein du master 2 Conflictualités et Médiation de l’Université Catholique de l’Ouest d’Angers. Elle a d’abord effectué un stage au sein du sénat avant de partir en Jordanie dans le cadre de son mémoire de recherche sur la question des réfugiés syriens en Jordanie, où elle a enseigné l’anglais à des jeunes réfugiées. Toujours à la recherche de nouvelles expériences, elle travaille maintenant avec Meriem Houzir dans le cadre d’un stage au sein de l’association Initiatives Climat.

Voir : http://www.initiativesclimat.org/Mediatheque/Reportages/Les-semences-paysannes-pour-favoriser-l-autonomie-alimentaire

Site Internet Initiatives climat : http://www.initiativesclimat.org/


Bonne lecture et rendez-vous le 07 septembre 2020
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