Guerre économique :
Qui est l’ennemi ?

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Christian Harbulot (*)
Directeur de l’Ecole de Guerre Economique

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Christian Harbulot, qu’on présente souvent comme un des maitres à penser de l’intelligence économique, nous alerte régulièrement sur les effets de la nouvelle guerre économique qui se développe. Il a accordé une interview sur la chaine numérique CanalXerfi. Ses propos ont résonné si fortement que nous avons voulu les retranscrire pour vous.

 

Pour penser la nouvelle guerre économique, il faut de nouvelles grilles de lecture. Il faut raisonner dans trois domaines : compétition, contestation, affrontement.

La compétition
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Le modèle de compétition a été changé. On voit arriver de nouveaux entrants, qui viennent avec de nouvelles technologies. Prenons par exemple le cas de l’agriculture et de l’agro-alimentaire. On voit arriver de nouveaux producteurs, qui utilisent des technologies innovantes, par exemple l’agriculture cellulaire. Ils disent : les anciennes filières ne peuvent pas perdurer à l’horizon 2050, elles consomment trop de chimie, trop d’eau, elles appauvrissent trop la terre. Et ils se drapent dans une forme d’humanisme, se présentant comme des sauveurs.

Ce serait trop beau ! On sait très bien que les choses ne se passent pas comme ça.  Ils viennent prendre des parts de marché. Et s’ils en prennent beaucoup, ils vont fortement affaiblir le socle de l’économie française, qui reste l’agriculture et l’agro-alimentaire. Donc là, la compétition ne peut plus être simplement une analyse concurrentielle.

La contestation
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On voit de plus en plus monter en puissance derrière les rapports de force économiques, des prises de paroles de la société civile. A tort ou à raison. De la part d’individus sincères ou manipulateurs, mais aussi de la part d’ONG, de collectifs, de structures d’experts, voire de structures politiques. Ils ou elles interfèrent avec l’activité du monde économique. Si l’on n’arrive pas à analyser ces phénomènes, on les subit. Et on peut en payer très chèrement le prix. C’est un défi : comment analyser ces phénomènes et leurs effets ?

L’affrontement
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On voit très bien aujourd’hui que la raréfaction des matières premières, l’accès à des matériaux stratégiques, sont très liés (ça l’était déjà par le passé, mais ça le sera de plus en plus dans l’avenir) à des confrontations. Des confrontations qui peuvent aboutir à des conflits militaires, mais qui peuvent aussi être beaucoup plus sournoises, beaucoup plus indirectes. On voit très bien, par exemple, que dans la zone Afrique, on n’hésite plus aujourd’hui à parler de prédation.

La question qui se pose à un pays comme la France, c’est comment faire face à des actes de déstabilisation, qui visent non seulement la présence militaire, mais aussi des enjeux économiques dans lesquels la France est fortement impliquée. Donc là aussi il faut une nouvelle grille de lecture.

Photo : Pixabay

Question d’influence

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Le message de ces pays pauvres, c’est qu’on ne peut plus voir le monde actuel avec une espèce de vision « monocolore ». Aujourd’hui, l’Histoire est éclatée en plusieurs morceaux, avec des plaques tectoniques, des enjeux, de nouvelles ambitions. Et avec de  nouvelles forces économiques privées, qu’elles soient liées à des empires ou qu’elles essaient de faire cavalier seul. Les affrontements qui en découlent, mais aussi le brouillard informationnel qui entoure ces affrontements, peuvent nous coûter extrêmement cher.

Le véritable défi que je constate, au moment où le Président de la République vient d’inscrire le mot influence comme fonction stratégique pour la sécurité nationale, c’est qu’il est temps d’apprendre à faire de l’influence. On peut faire la liste de nos carences. La première que je mettrai en avant, c’est que nous sommes vraiment en retard sur toutes les techniques informationnelles liées aux manœuvres d’influence. C’est vrai que nous sommes un peu victimes de notre vieille culture, de la préservation du patrimoine, on protège ce que l’on a. Mais maintenant, il faut aussi conquérir. Conquérir, cela veut dire utiliser les informations et les connaissances de manière beaucoup plus efficace. C’est donc stratégique !

 

Vous pouvez voir la vidéo d’où est tiré ce texte en cliquant sur le lien suivant :

Christian Harbulot, Ecole de Guerre Economique – La nouvelle guerre économique : compétition – contestation – affrontement – Fenêtres ouvertes sur la gestion – xerficanal.com

 

(*) Christian Harbulot, ancien militant des organisations maoïstes dans les années 60, diplômé de Sciences Politiques et de trois Universités françaises, est un pionnier de l’intelligence économique. Il a été conseiller personnel d’Henri Martre au commissariat général du Plan et enseignant-consultant au profit de l’état-major des armées. Depuis 1997, il est directeur de l’école de guerre économique et membre du Conseil Supérieur de la Formation et de la Recherche Stratégique.

Il a publié de nombreux ouvrages, le dernier en date aux éditions du Nouveau Monde : « Guerre économique, qui est l’ennemi ? (octobre 2022).

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