EUROPE, AFFRONTEMENT ÉNERGÉTIQUE
ENTRE RUSSIE ET ETATS-UNIS ?
par Neil de Papernest (*)
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Les tensions politiques en Europe sur le projet Nord Stream 2 sont palpables. Ce projet visant à relier la Russie à l’Allemagne par un gazoduc soulève de vives contestations au sein même du continent mais également outre-Atlantique. Les États-Unis, via le Président Trump, n’hésitent pas à critiquer ce projet visant à assurer l’apport en gaz de l’Allemagne et de l’UE. Mais qu’en est-il vraiment ? Pourquoi Nord Stream 2 est-il autant décrié par des membres de l’Union Européenne et par les Etats-Unis ?
Nord Stream est un gazoduc reliant directement l’Allemagne à la Russie en passant par la mer Baltique. Il permet notamment à la Russie d’approvisionner en gaz, via le géant gazier russe Gazprom, l’Allemagne directement, sans passer par l’Ukraine. Actuellement on parle de Nord Stream 1 pour désigner le gazoduc existant et effectif depuis 2012, et de Nord Stream 2 pour parler du projet consistant à construire un gazoduc similaire ayant le même tracé pour doubler l’approvisionnement en gaz (prévu pour 2020).
Le gazoduc Nord Stream et le projet Nord Stream 2 ne concernent cependant pas uniquement l’Allemagne, et là réside une partie du problème. Nous aurions tort de considérer ce projet uniquement d’un point de vue économique sans prendre en compte l’aspect politique et géopolitique d’un enjeu aussi majeur qu’est l’approvisionnement en énergie. Ces gazoducs sont des portes d’entrées sur l’Europe et alimentent directement le continent en gaz. Or les tensions grandissantes entre la Russie et l’Europe refroidissent les pays du vieux continent de voir apparaître un nouveau gazoduc russe. Le projet Nord Stream 2 pourra délivrer annuellement 55 milliards de mètres cubes de gaz, ce qui correspond à 11 % de la consommation annuelle de l’UE, l’achèvement de sa construction est prévu pour 2020 et est estimé à 9,5 milliards d’euros.
Quand le projet Nord Stream 2 sera inauguré, 30% du gaz consommé en Europe proviendra de la société Gazprom donc de la Russie.
Les intérêts allemands avant les intérêts européens ?
Le projet est ardemment défendu par l’Allemagne. Aux yeux du gouvernement, ce gazoduc entretiendra une interdépendance et non une simple dépendance, vis-à-vis de la Russie, dans la mesure où la vente de gaz à l’Europe est vitale à l’économie russe. Cultiver cette politique d’échange apparaît comme le meilleur moyen de limiter les tensions avec Moscou. La relation énergétique entre la Russie et l’UE constitue la condition à la stabilité de la relation politique entre la Russie et l’UE.
Le projet est financé à 50% par le russe Gazprom mais également par le français Engie, les allemands Uniper et Wintershall, l’autrichien OMV et l’anglo-néerlandais Shell, à hauteur de 10 % chacun.
Cependant au sein même de l’Union Européenne, le projet se heurte à des résistances. D’un point de vue économique ce projet renforcerait considérablement l’Allemagne, qui concentrerait alors l’arrivée de 30 % des importations européennes de gaz, contre seulement 15 % aujourd’hui via le premier tronçon du Nord Stream. Les autres principaux points d’arrivée du gaz russe sont la Pologne et l’Ukraine. Des États comme la Slovaquie mettent en avant la perte des revenus de transit qu’engendrerait pour eux Nord Stream 2, qui contourne les États baltes et d’Europe de l’Est.
Cependant, la Commission et le Parlement européen ont trouvé un compromis le 4 avril pour revoir la réglementation sur le transport de gaz. L’objectif est de mieux contrôler les gazoducs qui alimentent le marché européen. Ce n’est pas dit officiellement, mais la révision de la directive datée de 2009 vise essentiellement la Russie qui couvre environ un tiers des besoins européens en gaz. Cette part pourrait d’ailleurs grimper dans les prochaines années, avec le déclin des gisements en mer du Nord au Royaume-Uni ou en Norvège. Beaucoup de questions restent malgré tout en suspens, en particulier sur la manière dont Gazprom peut répondre aux demandes européennes de séparer dans Nord Stream 2 ses fonctions de fournisseur de gaz et de gestionnaire du gazoduc.
Il existe également une crainte d’ordre militaire. Les pays riverains de la mer Baltique s’inquiètent d’un possible renforcement des positions de la Russie dans la région. Les inquiétudes se cristallisent notamment autour de l’île de Gotland, récemment remilitarisée, et du port de Kalrskrona, deux zones militaires importantes pour la Suède.
Un affrontement entre Etats-Unis et Russie ?
Les États-Unis sont toujours très hostiles à Nord Stream 2. Ils l’étaient déjà sous la présidence Obama et ils le sont encore plus avec Donald Trump à la Maison-Blanche. En visite à Varsovie, le 12 février 2019, le secrétaire d’État américain a ainsi affirmé que les États-Unis allaient tout faire pour stopper Nord Stream 2 qui nuit, selon lui, à la sécurité de l’Europe.
Le porte-parole de l’ambassade américaine à Berlin a indiqué que les entreprises impliquées dans le secteur des gazoducs pour l’exportation d’énergie russe s’exposent à des sanctions américaines. Ce risque de sanctions est prévu par la “Loi sur les sanctions pour lutter contre les adversaires de l’Amérique » (CAATSA), adoptée en 2017 et qui vise l’Iran, la Corée du Nord et la Russie. Des sanctions contre le groupe industriel français Engie sont donc à prévoir.
Pour les Américains, s’opposer au projet est aussi un moyen de vendre leur gaz de schiste. Ils y parviennent déjà en Pologne, qui a construit un impressionnant terminal méthanier pour recevoir par bateau du gaz de Norvège, du Qatar et des États-Unis pour cesser ses approvisionnements de gaz russe en 2022. « Nous livrons déjà du gaz à 10 pays en Europe, dont la France et la Grande-Bretagne, mais pas encore l’Allemagne », affirmait Dan Brouillette, le secrétaire adjoint américain à l’énergie, à Berlin, le 12 février 2019.
Le projet Nord Stream 2 soulève d’importantes questions d’ordres géopolitiques. Quand on connaît l’importance stratégique qu’est l’énergie, la question de l’approvisionnement en gaz de tout un continent est crucial. Mais pourquoi autant de polémique pour ce deuxième gazoduc ? Nord Stream 1 avait en effet suscité nettement moins de contestations et de divisions. C’était cependant avant l’annexion de la Crimée, l’assassinat de l’ex-espion Russe Skripal à Londres, et les ingérences répétées de Moscou dans les élections américaines et du Brexit. En somme, la Russie n’est plus un partenaire aussi fréquentable. Mais elle reste un partenaire obligé, car l’Union Européenne lui achète 30% de ses besoins en gaz.
(*) PAPERNEST
Papernest (ex-Souscritoo) est une startup française fondée en 2015 par Philippe de la Chevasnerie et Benoît Fabre. Spécialisée dans la simplification des démarches administratives liées au déménagement elle offre la souscription et la résiliation des contrats d’énergie, d’internet, d’assurance ou encore la redirection de courrier vers la nouvelle adresse de l’utilisateur.
Pour lire l’article complet : https://www.fournisseur-energie.com/leurope-theatre-affrontement-russie-etats-unis/
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