L’ALLEMAGNE
APRES MERKEL
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Hugo Marneffe (*)
Johann Airieau (*)
Journalistes-stagiaires chez ESPRITSURCOUF
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La Fondation Robert Schuman a organisé récemment une conférence traitant des élections allemandes et du futur de l’Allemagne. Les auteurs en tirent ici la substantifique moelle. Après avoir, dans notre précédente publication, dressé le bilan des années Merkel, ils rassemblent ce qu’on peut dire dès à présent sur l’Allemagne de l’après Merkel. Les élections qui désigneront le nouveau chancelier (ou la nouvelle chancelière) auront lieu en septembre.
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Les deux « volkspartei » allemands sont engagés sur des trajectoires différentes. Alors que les chrétiens-démocrates misent sur le changement dans la continuité, les sociaux-démocrates ont fait le choix de la rupture.
La CDU-CSU (de centre-droit) mise sur le retour à la rigueur au niveau européen après le plan de relance qui doit être, selon eux, une exception. Ils rejettent par ailleurs l’augmentation de la fiscalité et insistent sur la numérisation, l’importance du maintien du mécanisme de frein à la dette et la réforme du fédéralisme pour faciliter les investissements. Ils prévoient aussi des mesures favorables aux ménages, comme l’abrogation de la taxe sur la solidarité. En revanche, du côté du SPD (de centre-gauche), on mise sur un changement plus marqué, avec une augmentation des impôts pour les plus aisés et un accroissement des allocations familiales.
Les deux partis traditionnels ont en commun la préoccupation écologique dont ils ne souhaitent pas laisser le monopole aux Verts Si les chrétiens-démocrates ont renoncé à l’interdiction du diesel pour 2035, ils veulent promouvoir le développement des véhicules électriques et hydrogènes notamment. Le SPD, lui, se fixe comme objectif la neutralité carbone pour 2045 et le 100 % d’énergies renouvelables pour 2040. Ils proposent aussi que la vitesse sur les autoroutes allemandes soit limitée à 130 km/h.
Les sondages leurs prêtent des résultats aux antipodes. Si la coalition CDU-CSU arrive en tête, avec 30 % d’intentions de vote, le SPD se trouve à un niveau bien plus bas. De fait, malgré les tensions qui sont apparues entre les deux candidats pour la représentation de la CDU-CSU, Markus Söder et Armin Laschet, la nomination de ce dernier pour mener la campagne n’a pas provoqué la division de la coalition. Le SPD avec son candidat Olaf Scholz, considéré comme peu charismatique, stagne autour de 15%.
Des challengers en difficulté
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Les verts avaient le vent en poupe au début de l’année 2021. La nomination d’Annalena Baerbock en tant que candidate avait suscité l’enthousiasme. Par ailleurs, son programme en phase avec l’urgence climatique semblait fortement séduire. Les verts suggèrent un plan d’investissement de 50 milliards servant notamment pour des infrastructures neutres sur le plan climatique. Ils veulent également l’abrogation de la restriction du déficit stipulée dans la loi fondamentale depuis 2009. Ils suggèrent aussi la création d’un impôt sur la fortune et l’augmentation du salaire horaire pour atteindre 12 euros. En termes de politique internationale, les verts souhaitent accorder davantage de moyens à la prévention de conflits et limiter les exportations d’armes.
Mais ce parti a souffert de quelques scandales. La leader des verts est accusée d’avoir en partie menti dans son CV et d’avoir, dans le livre qu’elle a publié, plagié des informations. Dès lors, les verts ont été dépassés dans les sondages par les conservateurs et se situent sous la barre des 20%.
Les libéraux du FDP (centre-droit) bénéficient quant à eux de la méfiance envers le gouvernement dû à la crise sanitaire. Ils se sont démarqués par la défense des libertés, mises à mal selon eux par les mesures contraignantes et le pass saniraire. Dans leur programme, ils se disent favorables à la diminution des impôts, notamment pour les plus modestes et le maintien du frein à l’endettement. Ils attirent les plus jeunes en mettant l’accent sur l’accélération de la 5G et le développement du numérique.
Le FDP est en 4ème position dans les sondages et se voit attribuer environ 13% des voix, ce qui est suffisant pour jouer un rôle d’arbitre quand il faudra créer une nouvelle coalition.
Des alternatives stagnantes : Die Linke et l’AfD
L’AfD (extrême-droite) prend, pour ces élections, un ton encore plus radical. Le parti fixe désormais la sortie de l’Union Européenne non plus comme une option mais bien comme un objectif. Ressortent particulièrement dans le programme la lutte contre l’immigration, la fin des restrictions mises en place pour lutter contre la pandémie, ainsi que le rejet du multiculturalisme et des questions d’identité de genre.
Cependant, les sondages ne prêtent pas à l’AfD une importante dynamique, ils n’arrivent pas à dépasser les 11% d’intention de vote.
Die Linke (extrême gauche) est en difficulté dans les sondages. Elle voit une partie de son électorat se faire grignoter par l’AfD à l’est. Cependant, elle représente mieux la contestation sociale que les verts, qui se positionnent comme libéraux, attirant davantage un électorat aisé et cultivé.
Dans son programme, Die Linke suggère un new deal. Elle veut se battre contre la dégradation des services publics et offrir d’importantes compensations financières face aux conséquences du coronavirus. Cet ensemble de mesures semblerait ne convaincre que 6% du corps électoral allemand.
Les coalitions possibles pour gouverner
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Compte-tenu du système électoral allemand et du paysage politique, le prochain chancelier devra être soutenu par une coalition. Le plus probable, compte tenu des sondages, est une coalition incluant la CDU-CSU. Elle pourrait de nouveau se faire avec le SPD dans le cadre d’une grande coalition telle qu’elle existe aujourd’hui. Mais les faibles résultats annoncés pour les sociaux-démocrates rendent cette hypothèse fragile.
Un autre scénario crédible est une coalition « Jamaïque » réunissant les conservateurs, les libéraux et les Verts. Compte-tenu de la capacité d’adaptation des Verts en termes d’économie et la prise en compte des préoccupations écologiques par la CDU-CSU, une telle alliance est possible. Par ailleurs, les sondages laissent à penser qu’ils peuvent réunir suffisamment de voix pour gouverner.
Moins probable en revanche est une alliance entre le SPD, Die Linke et les Verts. Elle peut être envisagée, mais les obstacles sont nombreux pour voir une telle coalition se réaliser. Les dissensions de fond entre le SPD et Die Linke ne sont pas négligeables. Par ailleurs, les Verts, affrayés par le dirigisme économique de Die Linke, ont affirmé qu’ils visaient plutôt un compromis avec les conservateurs.
Est aussi imaginable une coalition entre les verts, le SPD et le FDP. Le secrétaire général de la direction nationale de ce dernier admet y être favorable. Cependant, les différences programmatiques sur la fiscalité et le rôle de l’Etat pourraient compromettre une convergence de fond.
Ces élections sont capitales pour l’Allemagne. Elles peuvent déboucher sur une continuité de la politique d’Angela Merkel, ou bien sur une rupture, qui pourrait affecter le pays, mais également son rang européen et international.
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(*) Hugo Marneffe. Diplômé d’un Bachelor de Relations Internationales et de Sciences Politiques. Il effectue actuellement un Master de Diplomatie au sein de l’École des Hautes Études Internationales et Politiques de Paris et prépare une thèse sur les nationalismes dans l’Union Européenne. Engagé dans le domaine associatif, il s’investit au sein de la Fédération Francophone de Débat. et Journaliste-stagiaire chez ESPRITSURCOUF |
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(*) Johann AIRIEAU est diplômé d’une licence d’histoire de l’Université Lumière Lyon 2, dont une année a été réalisée à l’Université de Virginie. Il est actuellement étudiant en master de relations internationales aux Hautes Etudes Internationales et Politiques et réserviste dans l’Armée de Terre et Journaliste-stagiaire chez ESPRITSURCOUF |
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