CHANGER
DE CAP
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Manuel Garabédian
Expert en Sécurité
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La crise sanitaire a rappelé à l’auteur sa fin d’adolescence : âgé de 16 ans, il était déjà un petit brancardier dans le service d’urgence d’un hôpital français, amenant entre autres des cadavres à la morgue. Après plus d’une trentaine d’années de par le monde, et autant de constats amers sur le terrain, souvent en zone de conflit ou d’insécurité, il est aujourd’hui retraité et vit au Congo. Il jette ici en vrac ses humeurs, avec une sincérité et une spontanéité touchantes. On aurait tort de n’y voir qu’un appel à la révolte d’un homme déçu.
Le capitalisme libéral égoïste aseptisé et son rejeton, la mondialisation, ont conquis le globe et fait disparaître en grande partie, sans le moindre scrupule, les cultures, les coutumes et bien des particularités locales. Le règne de l’argent et du profit s’est établi dans le moindre recoin, même chez les Papous.
Et voilà que ce système prend de plein fouet la pandémie du Coronavirus. Le nombre de morts causés par le covid19 est déjà important en Occident. Mais l’humanité a connu pire, avec la peste noire décimant des villes entières aux temps médiévaux. Ou avec la grippe dite espagnole qui a tué 20 à 50 millions d’individus à travers le monde en 1920. Elle avait démarré l’année précédente dans un camp militaire américain, et non chinois.
Et maintenant ?
Après une période difficile, notre monde peut soit reprendre son cours habituel, soit subir de profonds changements. A l’extrême, les systèmes politiques et économiques en place peuvent s’effondrer si d’autres facteurs aggravants suivent la crise sanitaire.
Les hommes continuent à détruire les forêts, ces poumons de la terre qui transforment le dioxyde de carbone en oxygène. Si le taux d’oxygène dans l’air, 21 % (qui ne serait déjà plus que 20% aujourd’hui), passe à 17%, l’homme commencera à avoir des troubles respiratoires.
Les forêts primaires abritent la faune sauvage dont certains animaux portent des virus transmissibles à l’homme. Des virologues de terrain ont dénoncé depuis longtemps, sans être écoutés, que si le territoire de cette faune continue à diminuer, les bêtes se rapprocheraient inévitablement des hommes et, par la force des choses, contamineraient encore plus les humains.
Certaines réalités africaines
En Afrique, où je vis depuis une vingtaine d’années, le pire était à craindre à l’arrivée de l’épidémie, du fait des mentalités locales, des conditions de vie, et surtout de l’absence presque totale de moyens médicaux. Heureusement, jusqu’à ce jour, la pandémie ne s’est pas développée comme aux États-Unis, où elle avait pourtant surgi simultanément.
Est-ce parce que les Africains, marqués pour la plupart par l’égoïsme et la corruption de leurs classes dirigeantes, savent déjà se débrouiller par eux-mêmes, sans la moindre aide, pour survivre au quotidien. Ce continent est passé en seulement un siècle de la société tribale en brousse à celle de la consommation en ville. Le smartphone a remplacé le tam-tam. Une forte majorité de la population est concentrée et entassée dans les grandes agglomérations, et vit pour beaucoup dans la misère, la médiocrité et sans fierté.
Le tableau peut se noircir encore plus. La faim refait surface sur ce continent, d’après le Plan Alimentaire Mondial, tandis que l’Organisation Mondiale pour la Santé dit à ces mêmes pays, qui commencent à être affamé, de continuer à rester confinés chez eux ! Veut-on savoir en Occident qu’avant l’arrivée de cette pandémie, faute d’hygiène, d’argent, de soins, de compétences médicales et d’établissements sanitaires dignes de ce nom, des Africains de tout âge meurent en grand nombre chaque jour. Sans que les médias, si bavards, en parle. Certaines familles n’ont même pas l’argent pour payer la morgue et enterrer leurs morts.
Remise en question des systèmes
Ceux qui détiennent le pouvoir à travers le monde vont-ils enfin prendre conscience qu’il faudrait changer de cap ? Après le dernier avertissement, lors la grave crise financière de 2008, rien n’a été fait en profondeur pour améliorer un tant soit peu le système en place. Créer un monde un peu moins égoïste et matérialiste, se tourner vers des valeurs plus humaines, et non plus basées avant tout sur le profit, est-ce vraiment impossible ?
La plupart des hommes semblent résignés, ils se disent que de toute façon ce monde ne changera pas. C’est oublier les mouvements mondialistes, comme celui des gilets jaunes, qui ont éclaté un peu partout auparavant. Ou comme celui des colères contre le racisme des policiers, qui vient tout juste d’émerger. Ces mouvements peuvent s’amplifier avec le mécontentement d’un plus grand nombre, face au chômage qui explose, et à une crise économique plus grave que les dirigeants ne le laissent croire.
Ce ne sont pas des experts technocrates, bureaucrates ou autres qui devront mener ce changement dans la pratique Mais des hommes d’expérience et de terrain, s’étant déjà engagés réellement pour des causes humaines, en vue d’une amélioration réelle des systèmes économiques, sociaux, sanitaires, éducatifs. Ils seront secondés et conseillés bien sûr par des experts dans chaque domaine, mais là aussi des experts de terrain, pas des experts de moquette.
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Bonne lecture et rendez-vous le 13 juillet 2020
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