CAMPAGNE ELECTORALE
EN MOT À MAUX

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Christian Fremaux (*)
Avocat honoraire
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Les élections régionales et départementales ont évidemment excité la verve de l’auteur. Il jette ici en vrac les humeurs qui lui sont venues à la lecture de quelques anecdotes de campagne.

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onsieur Séjourné, député européen et proche conseiller du président de la république, a déclaré, si j’ai bien compris, qu’il fallait interdire Cnews et surtout monsieur Zemmour, car ils rabaissaient le débat public. Je ne sais pas si sur d’autres chaînes d’infos en continu ou si sur le service public le niveau du débat est rehaussé, mais je constate que les dirigeants et parlementaires de LREM participent allègrement aux échanges d’invectives sur les plateaux télé. M. Séjourné, sauf erreur ancien socialiste, fait simple : pour ne pas diffuser une idée qui lui déplait, il suffit de supprimer l’émetteur. La liberté d’expression ne doit concerner que le camp auto-proclamé du bien, qui choisit les sujets et décrète ce qu’il faut faire.  Vive l’ORTF et à bas la couleur (quitte à être accusé de racisme) !       

Madame Pulvar, ex-journaliste engagée, qui postulait à la présidence de la plus grande région de France où les opinions sont diverses et les intérêts divergents, a surenchéri. Elle a demandé que le journaliste Zemmour soit déclaré persona non grata sur les plateaux. Elle refusait déjà que des blancs assistent à certaines réunions, sauf à rester muets. Elle récidive et elle cumule les rejets : bon début d’union ! A force de vouloir écarter cet analyste-polémiste de la vie publique, je vais finir par l’écouter régulièrement, bien qu’il soit parfois excessif d’après ce qu’on m’en dit, car je défends ceux qui sont attaqués, c‘est mon métier !  Je précise que je ne vote pas en Ile-de-France mais dans une zone bien rurale.

Le gifleur du président de la république n’a pas supporté que M. Macron vienne vers lui sourire aux lèvres pour tenter de le convaincre de sa bonne politique. Une baffe contre un sourire : une violence ordinaire, par un simple quidam qui se revendique des gilets jaunes et des chevaliers royalistes au cri de « Montjoie-Saint-Denis » ! C’est tendance ! Une violence ordinaire sanctionnée, c’est plus rare ! Elle vaut 4 mois ferme avec mandat de dépôt et privation de droits civiques : c’est le prix du non- respect envers le chef de l’État.

M. Mélenchon, qui a prédit qu’avant la présidentielles un acte grave permettrait de stigmatiser les musulmans, a été entendu. Il a eu le visage enfariné, expression populaire qui est issue de la fable de Jean de la Fontaine « le chat et un vieux rat ». Bien d’autres personnalités ont été enfarinées ou entartées dans le passé, dont un président se disant normal.  C’est donc un bizutage classique. La Justice va cependant s’occuper de l’agresseur, car on ne peut décidemment pas tolérer ces violences culinaires, alors qu’on accuse certains politiques de rouler l’électeur dans la farine.

M. De Rugy ancien ministre qui aimait trop les fruits de mer quand il présidait l’assemblée nationale, a lui aussi été enfariné à Nantes pendant sa campagne électorale. La femme qui l’a blanchi a crié, parait-il : « rends les homards ». Sic transit gloria Mundi.

Monsieur Dupond- Moretti, ministre en campagne électorale pour les régionales, s’est fait apostropher par un candidat du Rassemblement National, et par M. Ruffin, député de la France insoumise. Il a répondu vertement à l’un et à l’autre, et le niveau culturel et civique des dialogues, je veux dire des engueulades, a été confondant. Je ne sais pas si la dignité d’un ministre de la Justice l’autorise à participer à une foire d’empoigne. Mais je n’ai aucune leçon à donner. Maitre Dupont-Moretti a du caractère : aux électeurs d’apprécier ces débats de comptoir  

Le ministre des élections, monsieur Darmanin, a parlé de marque satanique à propos d’une éventuelle victoire du RN dans une région, ce qui repousserait tout investisseur. Il est aussi ministre des cultes dans une république laïque qui se bat contre les séparatismes théocratiques. Qu’il laisse Dieu ou le diable en dehors du champ de bataille électoral.  

Alphonse Karr a écrit : « je suis contre la peine de mort, mais que messieurs les assassins commencent ».  Les hommes et femmes politiques doivent donner l’exemple, il leur revient de hausser le niveau à la hauteur des grands principes, de la tolérance, et de notre démocratie. Les électeurs votent pour ceux qui leur montrent un chemin clair, apaisé, qui conduit à l’efficacité sans oublier personne. Le citoyen doit parfois être plus responsable que ceux qui veulent le représenter en proposant des changements extrêmes.  On veut y croire. 

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(*) Christian Fremaux, avocat honoraire du barreau de Paris, est diplômé de CEDS (centre d’études diplomatiques et stratégiques), auditeur de l’IHEDN, et président d’honneur, après en avoir été président actif pendant douze ans, de l’association des auditeurs de l’INHESJ (Institut National des Hautes Études de Sécurité et de Justice). Il a enseigné jusqu’en 2005 à HEC et dans plusieurs universités parisiennes. Il a été élu à l’Académie des Sciences d’Outre-mer et est actuellement président de séance auprès du Conseil des Prudhommes de Paris.
Il a publié de nombreux articles dans la presse régionale, nationale ou spécialisée. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont « les Français victimes de leur administration » aux éditions Michel Lafon en 2002.

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