.Europe  :
L’Allemagne à la peine

;

;
Jean-Dominique Giuliani (*)
Président de la Fondation Robert Schuman
;

;
L’auteur mâchonne sa déception. Pour lui, l’Allemagne la joue perso, et néglige ses responsabilités européennes. Il est des bouffées d’humeurs qu’il faut libérer.
;
Comme en France, les élections législatives allemandes de septembre 2021 ont abouti à une majorité hétéroclite composée de verts, de socialistes et de libéraux. L’esprit civique si particulier des Allemands a conféré aussitôt à la coalition gouvernementale une stabilité surprenante. Il est vrai que les défis qui attendent les dirigeants sont considérables. Ils sont autant économiques que diplomatiques et politiques.

De mauvais choix économiques passés vont se payer très cher. Le brutal rejet de l’énergie nucléaire, la dépendance assumée au gaz russe malgré les alertes amicales, la préférence solitaire pour l’exportation lointaine, vont entraîner cet hiver coupures et rationnement, goulets d’étranglement et pénuries.

Des ministres écologistes rouvrent les centrales à charbon, et à Bruxelles les constructeurs automobiles résistent à l’électrique. Le ministre des Finances, chantre d’un ordo libéralisme d’un autre âge, et contrairement au Traité de coalition de son gouvernement, recommence à plaider pour l’austérité alors que la croissance s’essouffle…

Un certain mercantilisme imperturbable n’est plus possible à la 1ère économie de l’Union européenne désormais confrontée à d’importants défis stratégiques. Dans ce domaine l’Allemagne est largement désarmée. Elle a confié sa sécurité à l’OTAN, son armée à son Parlement, ses équipements à ses industriels. Au point que son Chancelier a annoncé un plan de 100 milliards € de dépenses d’équipements sensé faire de la Bundeswehr « la 1ère armée conventionnelle d’Europe ». Outre que cet objectif peut être questionné à plusieurs titres, il est probable qu’il ne sera pas atteint facilement.

Il a au passage, renoncé aux accords passés entre Angela Merkel et Emmanuel Macron en vue de construire ensemble et à parité l’avion et le char de combat du futur, afin de jeter les bases d’une industrie de défense européenne, condition préalable à une véritable défense commune.

Préférant acheter américain, l’Allemagne ne choisit pas la voie européenne.

Déjà dans la crise sanitaire, son premier réflexe a été de fermer ses frontières avant que de se raviser sous pression française. Dans la crise ukrainienne, elle s’est d’abord gardée de toute position claire, se confortant dans une attitude « d’honnête courtier », comme elle l’a fait face à la Turquie qui menace la Grèce de son comportement et de ses déclarations.

Il n’y a pour l’Allemagne comme pour toute autre nation du continent, de réponse efficace et forte aux défis du moment qu’à travers la coopération européenne. Il lui faut donc réapprendre la solidarité et à savoir faire passer ses intérêts politiques à court terme derrière une vision claire de l’avenir de l’Europe.

Avec la France, elle en est comptable et responsable car c’est aux plus grands,  et spécialement à ces deux pays, de montrer l’exemple d’une intégration qui progresse. On en est loin malgré les grandes déclarations officielles. C’est dans les faits que la solidarité doit être prouvée.

;

***
Cet article vous a intéressé ? Vous avez une remarque à nous faire ?
Vous souhaitez nous le faire savoir ?
  Cliquer ICI


(*) Jean-Dominique GIULIANI est Président de la Fondation Robert Schuman, centre de recherche de référence sur l’Union européenne et ses politiques. Conseiller spécial à la commission européenne (2008-2010, il a précédemment été Maître des Requêtes au Conseil d’Etat, directeur de cabinet du Président du Sénat (1992-1988) et directeur à la direction générale du groupe Taylor Nelson Sofres (1998-2001). Il a fondé J-DG.Com International Consultants, qu’il préside. Membre du Conseil de Surveillance d’ARTE France (depuis 2009) et Président de l’ILERI (Institut Libre d’Etude des Relations Internationales) depuis 2019.

Vous pouvez suivre Jean-Dominique Giuliani sur son site : https://www.jd-giuliani.eu/

La Fondation Robert Schuman, créée en 1991 et reconnue d’utilité publique, est le principal centre de recherches français sur l’Europe. Elle développe des études sur l’Union européenne et ses politiques et en promeut le contenu en France, en Europe et à l’étranger.

Elle est répertoriée dans la rubrique THINK TANK de la Communauté Géopolitique, Économie, Défense et Sécurité.


Bonne lecture et bonnes vacances
Rendez-vous le 9 août prochain pour le N°195
D’ici là, pour une bonne santé, prenez soin de vous
RESPECTEZ LES CONSIGNES :
Distanciation, port du masque  …

NOUS AVONS BESOIN DE VOUS !

Soutenez-nous !

Nous ne recevons aucune subvention, nous ne sommes financés que par les lecteurs d’ESPRITSURCOUF. Adhérez ou faites un don défiscalisé à Espritcors@ire , association reconnue d’intérêt général qui l’édite.

Ainsi vous serez informé en priorité et recevrez le SEMAPHORE Lettre d’actualité, réservée à nos membres.

 

ADHÉSION 2024 :

  • Cotisation: 50€ net fiscal 17€,
  • Bienfaiteur: 100€ net fiscal 34€,
  • Soutien: 150€ net fiscal 57€.

VERSEMENT :

  •  par chèque, à l'ordre d'Espritcors@ire (7, rue Rosa Bonheur, 75015 Paris
  • par Paypal ou par Carte bancaire, cliquez sur"Cotisation, défiscalisation" ou sur "Don-IFI"
  • par virement demander notre RIB à secretariat@espritscorsaire.fr

ESPRITSURCOUF

« UN AUTRE REGARD SUR LE MONDE »

Vous appréciez cet article, transmettez-le à vos amis et relations en donnant le lien de l'article ou l’adresse du site ESPRITSURCOUF

Merci pour votre action au service du rayonnement de notre "Observatoire de Géopolitique, Économie, Défense et Sécurité"

Suivez-nous sur FacebookTwitter, LinkedIn, Instagram et YouTube

Sur les réseaux sociaux, donnez votre avis, indiquez  que vous aimez notre site, incitez vos amis à "liker" ESPRITSURCOUF

Si vous souhaitez intégrer les réseaux sociaux d’ESPRITSURCOUF, merci de nous indiquer le libellé exact du nom de chacun de vos comptes Facebook, LinkedIn, Twitter … à contact@espritsurcouf.fr