REMISES
EN QUESTION

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Pascal Le Pautremat (*)
Rédacteur en chef d’ESPRITSURCOUF
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’ Histoire retiendra de ce mois d’août 2021 le départ précipité d’Afghanistan des derniers éléments occidentaux. La conjoncture témoigne aussi de bouleversements climatiques qui ne cessent de s’amplifier, exposant certains territoires à des pluies diluviennes, tandis que d’autres subissent une sécheresse de plus en plus âpre et durable. Pour autant, les superpuissances ne renoncent nullement à leurs convictions de posture géostratégiques, obsédées par la quête des ressources et la préservation de leurs pré-carrés.

C’est donc naturellement que nous consacrons une part essentielle de notre nouveau numéro d’Espritsurcouf à la situation effroyable dans laquelle bascule à nouveau l’Afghanistan. L’Exécutif américain a assurément fait preuve d’un amateurisme ahurissant, en dépit pourtant de lourds antécédents dans l’histoire… Qui n’a pas cité, en comparaison de ces derniers jours, le départ des derniers Américains du Vietnam, en 1975, dans un chaos quasi comparable ?

L’Afghanistan abandonnée : culpabilité et honte partagées

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Trois articles sont consacrés à l’Afghanistan, pour dresser un état des lieux tant géopolitiques et diplomatiques que militaires. Guillaume Berlat, avec « Afghanistan : étrange défaite et grande illusion ! », Vincent Gourvil, avec « Les guerres perdues de l’Occident », et Jean-Pierre Ferey, avec le « Nouvel arsenal des Talibans », établissent ainsi un constat pluridisciplinaire des plus justes d’une nouvelle réalité dont les conséquences à moyen et long terme vont être des plus lourdes. Ne serait-ce que pour les Afghans eux-mêmes qui aspiraient, peu à peu, à une nouvelle vie loin d’une sclérose comportementale et mentale, sous couvert religieux.

Si certains incriminent les Etats-Unis seuls dans cet abandon, négocié mais non préparé, ils oublient vite que les pays partenaires de l’OTAN, dont le nôtre, ont joué un rôle non négligeable dans cette démarche collective visant à redynamiser un pays en proie à de sempiternelles luttes interethniques, tribales et intra-musulmanes (entre chiites et sunnites). Une période de vingt années est dérisoire, sur l’échelle du temps. Mais elle peut sembler interminable pour ceux qui souhaitent des changements sur le court terme. Surtout lorsque l’effort collectif est marqué par des milliers de morts et des dizaines de millier de blessés au sein des forces déployées. Le sentiment d’un immense gâchis ne peut être minoré.

En géopolitique, comme dans l’histoire des civilisations, rien ne se fait sur des périodes ramassées. Par contre, les déclins et chutes peuvent être nettement plus lapidaires. Surtout lorsque la corruption locale, la négligence, les divergences quant aux politiques à adopter, ont contribué aussi à ce que les Afghans eux-mêmes se révèlent majoritairement incapables de changer la donne.

Realpolitik…toujours et encore…

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Il n’en demeure pas moins que s’opère en Afghanistan une redistribution des cartes. La realpolitik, au pragmatisme froid et insensible, imprègne, entache même, une fois de plus, l’actualité de l’Asie centrale. Avec ses richesses minières évaluées entre 1 000 et 3 000 milliards, l’Afghanistan est au cœur d’un plan de partage et de rayonnement avec, au premier plan, le Qatar, le Pakistan…et la Chine !

La Chine et l’Afghanistan ont 76 kilomètres de frontière commune, à l’extrémité du corridor de Wakhan, une langue de terre en altitude dans la montagne, particulièrement inhospitalière, où les occidentaux ont rarement mis le pied. Côté chinois, c’est la province du Xinjiang, celle des Ouigours.

La République populaire de Chine, depuis plus de 20 ans, à grand renforts de subsides financiers versés aux diverses parties prenantes afghanes, n’a eu de cesse d’asseoir son implantation en Afghanistan pour mieux y exploiter les mines de cuivre et de terres rares.
Opportuniste et calculateur, Pékin n’a aucun état d’âme à reconnaître le pouvoir taliban et à négocier avec lui.

Les êtres humains ne pèsent pas lourds face à des marchés qui portent sur la captation de minerais stratégiques à haute valeur ajoutée, sur fond de développement de nouveaux vecteurs de mobilité et de locomotion. Alain Juillet, dans la rubrique Economie, aborde ainsi, via une intervention filmée, la question des « Terres rares : maxi-pollution pour haute technologie ».

Mais qu’importe pour la majorité des individus, tant que leurs obsessions consuméristes, malignement entretenues par les multinationales, sont satisfaites.

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(*) Pascal Le Pautremat est Docteur en Histoire Contemporaine, diplômé en Défense et Relations internationales, Officier (diplômé ORSEM) dans la Reserve opérationnelle depuis 1993. Conférencier et Chargé de cours dans l’Enseignement supérieur sur les crises et conflits contemporains, il enseigne aussi en Économie internationale et Géopolitique, Sociologie, Doctrines politiques et Éthique politique et militaire. Depuis 2017, Pascal Le Pautremat s’est tourné vers les sociétés et les structures publiques en matière d’analyses géopolitiques et géoéconomiques, de positionnement à l’étranger, d’analyses des Risques et Opportunités Pays. Auditeur de l’IHEDN (Institut des Hautes Études de Défense nationale), ancien membre du comité de rédaction de la revue Défense, il est le rédacteur en chef d’ESPRITSURCOUF.
Son dernier ouvrage « Géopolitique de l’eau : L’or Bleu” est présenté dans le numéro 152 d’ESPRITSURCOUF du 30 novembre 2020


 

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