L’EUROPE, L’ARGENT
ET LA DEFENSE

J


René Occhiminuti
Directeur de la publication ESPRITSURCOUF


Actuellement, la crédibilité et la pérennité de l’Union européenne sont au cœur des réflexions et des analyses.

La conjoncture est en effet marquée par un profond endettement de l’Union européenne, dont le poids et la prise en charge collective ont fait vaciller le principe de solidarité entre ses membres. Pour autant, officiellement, la communication de Bruxelles a fait savoir qu’un plan d’achat de dettes de 1 350 milliards d’euros avait été adopté, et que la Commission s’était engagée à mobiliser plus de 1 000 milliards d’euros pour le couvrir. Grâce, notamment, à 750 milliards réunis pour assurer un plan de relance, 100 milliards en vue de protéger l’emploi et de couvrir le chômage partiel, dans le cadre du dispositif SURE qui vise à soutenir les pays fragilisés par la crise sanitaire. Il faut y ajouter aussi quelques 250 milliards d’euros par le Mécanisme Européen de Solidarité.

C’est un signe du renforcement du sentiment d’interdépendance des Etats européens entre eux, puisque les Etats « fourmis » ont acceptés des partager le risque avec les Etats « cigales ».
Il reste que tous ces fonds seront surtout obtenus par le jeu des emprunts sur les marchés qui, in fine, ne font qu’aggraver l’endettement global. Les générations à venir vont en subir le poids…Mais, de cet aspect, il n’en est quasiment pas question. L’heure est à l’immédiateté et à la conjoncture, lissées par des approches qui se veulent rassurantes et péremptoires.
Mais ce signe positif du renforcement structurel de l’Union européenne est contrebalancé par les limites en matière de politique de défense commune.

Ainsi, le FED (Fonds Européen de la Défense) a fait les frais du plan de relance post-Covid, puisqu’il a été ramené à 7 milliards, dans le budget européen 2021-2017 (annonce faite le 21 juillet 2020), contre les 13 milliards régulièrement avancés depuis sa création en 2017.

Ce fonds est pourtant précieux puisqu’il vise à soutenir financièrement des projets collectifs que concrétise(rait) l’industrie européenne, en vue de la mise à disposition de moyens de défense et de technologies innovantes.

Autant d’atouts pour faire reculer la dépendance à l’égard des Etats-Unis dont la dérive systémique est actuellement glaçante. Washington dépense, malgré tout, près de 300 milliards chaque année en faveur de la recherche à des fins militaires et à la mise au point de nouveaux systèmes d’armes.

300 milliards à comparer aux objectifs de l’Europe de la défense : 13 milliards d’Euros réduits à 7 milliards. Cette modification budgétaire démontre la faiblesse de la politique de défense commune de l’Europe, politique qu’« Eurodéfense » appelait de ses vœux dès mai 2020 dans une étude dont nous présentons ici les grandes lignes dans notre rubrique « ECONOMIE ».

Si la France s’est retirée momentanément de l’opération « sea guardian » (opération de l’OTAN), la frégate Aconit reste engagée dans l’opération « Irini », autre opération de contrôle de l’embargo sur les armes en Libye, mais menée par l’Union Européenne. Photo Marine nationale

Toute la problématique se résume, pour les Européens, au choix entre des capacités strictement autonomes, ou à la facilité de déléguer aux Etats-Unis l’essentiel de leur protection, comme nous le constatons depuis des décennies.

L’Europe de la Défense peut-elle exister distinctement de l’OTAN, ou doit-elle en être une composante subalterne ? Les Pays d’Europe centrale et orientale sont traditionnellement très attachés à l’OTAN, craignant toujours une hypothétique menace russe…La France essaye périodiquement de se dégager des « obligations » de l’OTAN, la dernière manifestation en est le retrait momentané des moyens de la marine nationale de l’opération « Sea Guardian » chargée de contrôler l’embargo vis-à-vis de la Lybie, à qui la Turquie livre des armes.


LIBAN : une effroyable tragédie et ses conséquences politiques

La France au secours du Liban éprouvé
©️BMPM/MARTIN
Source : Bataillon de Marins Pompiers de Marseille

Nous n’avons pas eu la matière pour vous présenter une analyse de ce désastre et de ses conséquences politiques avec la reprises des manifestations de plus en plus violentes, ce que nous ferons dans les prochains numéros.
Néanmoins dans la revue de presse de ce numéro 144 , Jacques Raimond a réalisé un « DOSSIER SPÉCIAL LIBAN » après la venue au Liban du Président de la République, la mobilisation de la France, mais avant les manifestations du samedi 8 aout à Beyrouth, nous le remercions pour sa réactivité.


Bonne lecture

J

Cet article vous a intéressé ? Vous avez une remarque à nous faire ? Vous souhaitez nous le faire savoir ? Cliquer ICI.

(*) René Occhiminuti a d’abord mené une carrière dans les ressources humaines puis une carrière commerciale dans des entreprises françaises et internationales. Il a participé au développement d’un cabinet conseil en recrutement de dirigeants, avant de créer OMR Conseil, spécialisé dans l’optimisation des ressources managériales.
Auditeur de la 42 ème session de l’IHEDN, il a été Président de l’Union des Associations IHEDN, Directeur de la Revue DEFENSE de 2003 à 2009.
Il est membre fondateur d’espritcors@ire (Observatoire de la défense et de la sécurité) et Directeur de la publication ESPRITSURCOUF.

Bonne lecture et rendez-vous le 24 août 2020
avec le n°145 d’ESPRITSURCOUF
D’ici là, pour une bonne santé, prenez soin de vous.
RESPECTEZ LES CONSIGNES:
Distanciation, port du masque le plus souvent …

ESPRITSURCOUF :
IN ENGLISH, AUF DEUTSCH, EN ESPAÑOL, EN PORTUGUÊS, IN ITALIANO, IN HET NEDERLANDS, PO POLSKU, ПО РУССКИ.
Click HERE