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«Vers un nouvel équilibre de la terreur  ?»
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✒️ LA DISSUASION NUCLEAIRE RUSSE : QUELLE DOCTRINE ?
(Revue Conflits, Laurent Gayard)

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Vladimir Poutine a annoncé, dimanche 27 février, mettre en alerte la « force de dissuasion » de l’armée russe, qui peut comprendre une composante nucléaire, au quatrième jour de l’invasion de l’Ukraine par Moscou. Entre guerre psychologique et risque d’escalade, de quoi est réellement faite la doctrine nucléaire russe en 2022 ?

Du temps de l’Union soviétique, la doctrine d’emploi des forces nucléaires reste largement sujette à interprétation durant presque toute la guerre froide. Les Soviétiques font exploser leur première bombe atomique le 29 août 1949, ce qui surprit le président américain Harry Truman, comme il le confia un peu plus tard dans ses mémoires. Les États-Unis découvrirent donc avec effroi l’existence de Joe, le petit surnom donné à la bombe A soviétique, en référence à Joseph Staline, et réalisèrent qu’ils avaient péché par naïveté – comme souvent – en n’imaginant pas les Russes capables de concevoir aussi rapidement une réponse au monopole nucléaire américain. Et quand « Joe 4 », surnom donné à la première bombe thermonucléaire soviétique, explose le 12 août 1953, huit mois après la bombe H américaine (Ivy Mike, le 1er novembre 1952), les États-Unis comprennent que le monopole nucléaire a définitivement vécu. Le lancement du satellite Spoutnik, le 4 octobre 1957, montre quatre ans plus tard que les Soviétiques sont capables de développer des missiles intercontinentaux. Le monde entre alors dans une nouvelle ère, marquée par la course aux armements bien sûr, mais aussi par la difficile mise en place d’une doctrine d’emploi des armes atomiques pour chacun des deux grands, doctrine fondée pour les États-Unis comme l’URSS, sur une contradiction insoluble entre la nécessité d’empiler les stocks d’armes nucléaires pour conserver la supériorité nucléaire et la volonté de faire de l’arme nucléaire une arme de seule dissuasion, dont l’usage doit être absolument prohibé… Sauf en dernière extrémité. Cela conduit les États-Unis et l’URSS à développer la doctrine conjointe de la « Destruction Mutuelle Assurée », plus joliment nommée doctrine « MAD » en anglais, Mutual Assured Destruction, qui définit la capacité à posséder un stock d’armes nucléaires suffisant pour se détruire mutuellement et éviter qu’une « première frappe » adverse ne désarme l’un ou l’autre.

Représailles massives ou ripostes graduées ?

Les États-Unis finissent par revoir largement cette philosophie d’emploi de l’arme nucléaire pour remplacer la stratégie des « représailles massives », à la moindre attaque, par celle de la « riposte graduée », en fonction de l’intensité de l’attaque ennemie. Pour l’URSS en revanche, l’arme nucléaire n’est pas tant décorrélée des forces conventionnelles. Elle représente un moyen plus sûr d’établir sa suprématie ou d’annihiler l’adversaire, comme le rappelle le géopolitologue Jean-Paul Mayer dans son excellent ouvrage Dieu de colère. Stratégie et puritanisme aux États-Unis, ou encore le spécialiste de l’URSS, H. Paris, auteur, en 1980, de cette analyse glaçante : pour les Soviétiques, « l’arme nucléaire, principal instrument de la stratégie, obtient immédiatement la décision, qui autrefois ne pouvait être atteinte que par une somme de succès tactiques. »

Pour lire la totalité de l’article : 💻 https://www.revueconflits.com/ladissuasion-nucleaire-russe-quelle-doctrine/
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⬇️ POUR ALLER PLUS LOIN :
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1 – Et l’OTAN ?

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✒️ Déclaration du secrétaire général de l’OTAN en Pologne : les pays de l’Alliance resteront
toujours unis pour se protéger mutuellement
(NATO nouvelles)
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Ce mardi (1er mars 2022), le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a entamé un voyage en Pologne par une visite de la base aérienne de Łask. Accompagné du président polonais, Andrzej Duda, il a
rencontré des soldats polonais et américains, et il a salué leur dévouement et leur sacrifice.
Le secrétaire général a souligné que l’OTAN renforce sa présence défensive dans la partie orientale du territoire de l’Alliance, en réaction à l’invasion brutale de l’Ukraine par la Russie. « Sur cette base aérienne, nous pouvons observer un exemple concret de la solidarité entre Alliés : des avions de chasse américains volent aux côtés de l’armée de l’air polonaise afin de préserver la sécurité de l’espace aérien de l’OTAN 24h/24 et 7j/7 », a-t-il déclaré.

Le secrétaire général s’est également entretenu avec le président Duda afin d’évoquer l’invasion russe ainsi que le soutien de l’OTAN à l’Ukraine et à la posture de dissuasion et de défense. « Je remercie la Pologne pour son soutien et sa force à un moment aussi dangereux pour la sécurité européenne », a déclaré M. Stoltenberg. Il s’est félicité du fait que la Pologne ait ouvert ses frontières à des centaines de milliers de réfugiés fuyant le conflit.

« La guerre de M. Poutine nous touche tous, et les pays de l’Alliance resteront toujours unis pour se défendre et se protéger mutuellement », a-t-il indiqué. Le secrétaire général a également fait observer que pour la première fois de son histoire, l’OTAN déploie des éléments de sa Force de réaction. « Des soldats français arrivent aujourd’hui en Roumanie en tant qu’élément précurseur de cette force. Notre attachement à l’article 5, notre clause de défense collective, est sans faille », a-t-il déclaré. Dans le même temps, le secrétaire général a souligné que l’OTAN est une alliance défensive qui ne cherche pas le conflit avec la Russie. Il a exhorté la Russie à cesser immédiatement cette guerre, à retirer ses forces d’Ukraine et à s’engager de bonne foi dans un processus diplomatique.

💻 https://www.nato.int/cps/fr/natohq/news_192548.htm?selectedLocale=fr
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2 – Autre avis sur le sujet émis par l’Amérique
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✒️Les Etats-Unis minimisent la « menace » nucléaire russe
(20 minutes, avec AFP)
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DISSUASION Selon Joe Biden, il ne faut pas s’inquiéter d’une guerre nucléaire. Les Américains ne voient « aucune raison » de changer leurs « niveaux d’alerte »
A la suite de la décision de Vladimir Poutine de mettre en alerte les forces de dissuasion de Moscou, faut-il s’inquiéter d’une guerre nucléaire ? Pour Joe Biden la réponse est claire : c’est « non ». Les Etats-Unis ont voulu relativiser lundi le risque d’une confrontation nucléaire avec la Russie, assurant n’avoir constaté aucun mouvement « concret ».
Tout en dénonçant une « rhétorique provocatrice inutile et dangereuse », qui « accroît les risques d’incident », la diplomatie américaine a semblé minimiser la menace et vouloir éviter d’y répondre. « Nous ne voyons aucune raison de changer nos propres niveaux d’alerte », a ainsi réagi le porte-parole du département d’Etat Ned Price. « Nous n’avons pas modifié notre propre posture », a confirmé sa collègue de la Maison-Blanche, Jen Psaki, revendiquant vouloir faire « baisser les tensions ».

💻 https://www.20minutes.fr/monde/3243903-20220301-guerre-ukraine-etats-unisminimisent-menace-nucleaire-russ
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3 – Et la France ?
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✒️ Interview du général d’armée Thierry Burkard
(RFI, Franck Alexandre, Armelle Charrier)
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Sa parole est rare. C’est la première fois qu’il s’exprime dans un long entretien depuis sa prise de fonction à l’été 2021. Le général Thierry Burkhard est l’invité exceptionnel de RFI et France 24. La guerre en Ukraine, le retrait des forces françaises du Mali, le chef d’état-major des armées répond aux questions de Franck Alexandre (RFI) et Armelle Charrier (France 24).
Armelle Charrier: On voit que les Russes sont allés à Kiev, leur offensive est allée extrêmement vite… Est-ce que cela vous a surpris, vous, qui êtes un spécialiste ? Thierry Burkhard: Vous avez raison, la guerre est de retour en Europe, pour la première fois depuis 1945. Depuis 1945, pour la première fois, un État attaque un autre État et cherche à le soumettre à sa volonté. Je pense que c’est bien évidemment quelque chose que l’on doit bien observer… Et pour moi, il y a deux réflexions qui me viennent. C’est, tout d’abord que cela montre bien le rapport de force, la force est de nouveau un mode de règlement des conflits. C’est la première chose. La deuxième chose qu’il ne faut pas oublier, c’est qu’en fait, manifestement, pour faire la paix, il faut être deux. Pour faire la guerre, un seul suffit. On ne doit pas l’oublier.
On avait rappelé aussi qu’on a eu une grande période de paix et on avait oublié la guerre. Est-ce que vous avez l’impression que cette situation que l’on voit aujourd’hui risque de déborder ? Et en France, est-ce que, quelque part, les soldats sont prêts ? Est-ce qu’on est réactif à ce genre de situation ?
La guerre, effectivement, est quelque chose qui ne concerne pas seulement l’armée ou les armées. C’est quelque chose qui concerne la nation entière et en particulier l’importance de l’esprit de défense. Donc on voit bien que c’est quelque chose à laquelle tout le monde doit se préparer. Ça, c’est la première chose.
La deuxième chose – le rôle des armées -, pour moi il y a deux volets. Il y a un volet qui est protégé des Français contre la dangerosité du quotidien, plus probablement, d’ailleurs, contribuer à protéger les Français contre la dangerosité du quotidien. La dangerosité du quotidien ce sont les attaques terroristes, c’est la crise sanitaire, ce sont les catastrophes climatiques ou écologiques. Le deuxième volet, qui est bien plus dimensionnant, mais néanmoins qui est l’autre volet, c’est bien évidemment protéger les Français contre la  du monde. Et en fait, là-dedans on y trouve la guerre qui est un peu l’affrontement utile.
Ce que l’on comprend également, c’est qu’il faut qu’on mette en place une nouvelle grille de lecture stratégique, pour bien analyser la conflictualité aujourd’hui et ce qui se passe dans le monde. Et au-delà de paix-crise-guerre sur lequel on a vécu depuis la fin de la Guerre froide, je pense qu’on n’est plus totalement adaptés. Et aujourd’hui, la grille de lecture stratégique qu’on essaie de mettre en place pour analyser – pas pour imposer aux autres – est plutôt quelque chose qui tourne autour de compétitions, contestations et affrontements, et qu’en fait, la phase de compétition est quelque chose qui est permanente. Pour les armées, aujourd’hui – pour l’armée française -, l’objectif est bien de gagner la guerre, avant la guerre. C’est-à-dire, de réussir à imposer sa volonté à l’adversaire, dès la phase de compétition. Ceci, pour éviter d’aller à l’affrontement. Mais que, pour réussir à gagner la guerre avant la guerre, il faut être crédible et donc disposer d’une armée qui est prête à aller à l’affrontement

💻 https://www.rfi.fr/fr/france/20220225-g%C3%A9n%C3%A9ral-thierry-burkhard-la-france-et-l-otan-sont-pr%C3%AAtes-%C3%A0-faire-face-%C3%A0-toute-agression

 

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