K
K

« SOFT POWER CHINOIS »
Culture et conflits : le rôle de la Chine

j

L’état de puissance ne relève pas seulement des questions guerrières, mais également de ce que les géopoliticiens nomment « Soft Power », ce qui inclut les valeurs, la culture, mais aussi la manière diplomatique dont les Etats usent pour former et harmoniser, autant que faire se peut, les relations internationales.

Aujourd’hui, la guerre en Ukraine nous pousse à regarder vers l’est de l’Europe, et vers l’ouest de l’Asie, une frontière certes géographique qui semble ne plus rien vouloir signifier, en termes d’histoire, de mémoire, de culture, car les concepts se mondialisent au regard de ce que les médias rapportent humainement au travers de ce qui est tout aussi humain de connaître, de retenir, de comprendre.

Si nous allons plus loin, la guerre « de haute intensité » est bouleversante dans les relations entre les Nations, entre les Etats, et impacte sévèrement ce qui est établi pour infléchir la manière très diplomatique de se comporter dans ces relations. La Chine, qui se range vraisemblablement du côté de la Russie, utilise son Soft Power avec quelque agressivité, selon ce que l’on peut constater des avancées culturelles et médiatiques de ses diplomates. L’Occident et l’Orient peuvent-ils encore s’opposer ? La Chine est l’un des acteurs-clés des relations entre grandes puissances. L’exposé  des valeurs qui ont fait écrire qu’elle est « le bureau du monde », par complémentarité avec l’Inde qui serait « l’atelier du monde » ne paraît plus aussi pertinent aujourd’hui.

Et ce n’est pas tout : la pandémie est venue fragiliser l’image qu’offre la Chine dans une « mondialisation de la COVID-19 », où la Chine n’a pas entendu l’Occident lui demander des explications, et n’a pas convaincu.

Le Sémaphore de cette semaine se penche sur cette question et ses enjeux géopolitiques, à travers l’article paru sur le site de « Télos » : bonne lecture et réflexion !
;

👉 Le récit politique chinois percuté par la Guerre en Ukraine

(Telos Olivier Airfon)
;

Au XXIe siècle, les États savent que la puissance passe par un récit et des arguments. La construction de l’image de la Chine en direction du reste du monde repose sur un récit qui se déploie selon plusieurs axes. Ce récit ne se limite pas aux positions de politique étrangère, marquées ces dernières années par un durcissement de la confrontation aux pays occidentaux, durcissement dont témoignent les prises de paroles parfois très agressives des diplomates chinois sur les réseaux sociaux, ou l’orientation de plus en plus anti-occidentale du Global Times. Nous nous intéressons ici à ce qui relève, au contraire, du soft power (qui pour Joseph Nye, se compose de la culture, des valeurs et de la politique étrangère).

Un récit fragilisé par la pandémie

Dans ce cadre un premier axe du récit chinois passe par la promotion de la culture traditionnelle. Ce registre s’incarne, entre autres, par les instituts Confucius, le cinéma, ou encore la mise en avant du pacifique panda, dans les zoos ou aux derniers Jeux olympiques d’hiver.

Le deuxième axe de ce récit est économique. Centré sur l’idée de développement réciproque, il se matérialise par deux projets : les Nouvelles Routes de la soie (Belt and Road Initiative) et la Plateforme 16 + 1 pour l’Europe centrale et orientale. Bien documentés, ce sont des programmes de coopération où dominent les projets d’infrastructures et d’échanges. Ici, les Balkans sont un cas d’école, où intérêts et logiques de la Chine et de l’Union européenne sont en contact. Après le discours fondateur de 2013 articulé autour du « gagnant-gagnant », puis un récent verdissement dans les modalités des projets, ces deux initiatives semblent en suspens. Mise en cause en Afrique pour l’endettement creusé par ses projets, recentrée sur elle-même depuis le Covid, la Chine communique peu sur ce sujet en cette année 2022.

Le troisième axe regroupe les actions de communication plus ciblées, comme l’achat de médias, la diffusion de messages précis vers des politiques et des universitaires afin de profiter de relais d’influence et de contrer certaines mises en cause.

Or la réception de ces discours pose aujourd’hui un problème car l’image de la Chine s’est significativement dégradée, comme le montrent plusieurs sondages et études publiés en 2021 et 2022.

Cette dégradation, antérieure au Covid, connaît incontestablement une accélération. Des incertitudes flottent encore quant à la provenance du virus, le régime se voit reprocher d’avoir dissimulé la situation durant les premières semaines de la pandémie, et la diplomatie du masque n’a pas donné les résultats espérés. Plus largement le « modèle » chinois de contrôle de la maladie, admiré en 2020, s’est aujourd’hui retourné en un antimodèle, la politique zéro-covid apparaissant à la fois intenable et d’essence répressive. Face à ces mises en cause directes et indirectes, les modes de communication déployés par Beijing semblent peu adaptés aux publics occidentaux, en Europe du moins.

C’est dans ce contexte que la guerre en Ukraine vient mettre à l’épreuve un récit chinois fragilisé.

Pour accéder à la totalité de l’article :
💻 https://www.telos-eu.com/fr/politique-francaise-et-internationale/le-recit-politique-chinois-percute-par-la-guerre-e.html

Pour aller plus loin sur le soft power chinois :

👉 Bruxelles : exposition des œuvres primées du concours mondial de conception du zodiaque chinois

(Xinhua)
k

Bruxelles – Quarante œuvres primées du Concours mondial de conception du zodiaque et portant sur le thème de l’année du Tigre 2022 sont exposées à partir de ce mardi au Centre culturel de Chine à Bruxelles, en vue de présenter la culture du zodiaque chinois au public européen.

Ces œuvres sélectionnées présentent des thèmes centrés sur l’année du Tigre et les coutumes de la fête du Printemps, ainsi que des éléments culturels et créatifs tels que l’ancien Palais d’été de la Chine, connu aussi sous le nom du parc Yuanming.

Une trentaine de personnes ont assisté à la cérémonie d’ouverture de l’exposition, dont le président de la Chambre de commerce belgo-chinoise Bernard Dewit.

« L’exposition du zodiaque est très intéressante, qui présente des œuvres d’artistes chevronnés et ceux de jeunes talents. Ces œuvres ont à la fois l’expression de la culture traditionnelle et la présentation des techniques modernes. J’espère que plus de personnes viendront à l’exposition

💻 http://french.news.cn/2022-03/30/c_1310534880.htm

k
👉 Les soft powers asiatiques

(IRIS France, Interview de Barthélémy CourmontEric Mottet – Diplomatie Magazine, Areion24news)
j

Alors que l’intérêt des puissances asiatiques pour le soft power est croissant, c’est la place grandissante de la politique dans la réappropriation du soft power qui est à l’origine de rivalités sur un terrain longtemps ignoré. Si les stratégies asiatiques de soft power sont aujourd’hui multiples, elles ont cependant toutes été soumises à la crise de Covid-19, avec des fortunes diverses.


Les puissances asiatiques sont friandes du soft power, perçu par certains comme un outil au service d’une puissance moyenne souhaitant jouer un rôle plus important sur la scène régionale et internationale (Corée du Sud, Singapour…), par d’autres comme la justification d’une grande puissance de retour sur le devant de la scène (Chine, Inde) ou encore comme un moyen de résistance face à de nouveaux équilibres régionaux jugés défavorables (Japon). Bien qu’il ait été conçu dans le monde occidental et soit sans relation directe avec la région, le soft power (ou pouvoir d’influence, dans sa version française) a fait des émules en Asie, au point de devenir une stratégie nationale officielle dans certains cas, et de justifier des politiques étrangères basées sur la recherche de l’influence. On peut même considérer que le soft power se conjugue désormais au pluriel en Asie tant il se manifeste différemment selon les cas, et que ce concept au départ libéral nourrit aujourd’hui une vision réaliste des relations interétatiques et sert l’intérêt national, jusqu’à générer de nouvelles formes de compétitions. Le politologue américain Joseph Nye lui-même admet que son concept a été réinterprété, au risque de parfois s’éloigner de son sens initial (1).

💻 https://www.iris-france.org/164363-les-soft-powers-asiatiques/

👉 Guerre en Ukraine : « La Russie de Poutine risque de devenir dépendante de la Chine »

(IRIS, Interview de Jean-Vincent Brisset – TV5-Monde)
l

La Chine joue la neutralité depuis le début de la guerre en Ukraine, et Xi Jinping a même estimé qu’un conflit n’était « dans l’intérêt de personne » lors de sa conversation avec le président américain. L’attitude de Pékin est-elle une simple réaction aux menaces américaines ? 

La Chine a constaté ce qui se passait. Elle est plutôt du côté de Poutine, pour un certain nombre de raisons, et en particulier son opposition historique à l’Occident. Mais la Chine a une peur panique des groupes de pays qui pourraient lui imposer des sanctions. Elle a gardé en mémoire l’impact des sanctions après Tian’anmen.

Autant elle se sent forte dans les rapports bilatéraux, autant elle sait que dans le multilatéral, elle ne fait pas le poids, ce qui la pousse à faire des déclarations neutralistes. Mais d’un autre côté, ce qui est en train de se passer est une aubaine extraordinaire pour elle ! On jette dans ses bras la Russie de Poutine, et en plus, on la jette dans ses bras après l’avoir affaiblie. La Russie de Poutine risque de devenir dépendante de la Chine, c’est une vraie opportunité.

Qu’est-ce que la Chine a à gagner dans un rapprochement avec la Russie ? 

Actuellement, la Russie n’a pas les moyens d’exporter directement du pétrole ou du gaz vers la Chine pour des raisons d’infrastructures. Des constructions étaient déjà prévues pour remédier à ça, mais un rapprochement pourrait accélérer le processus.

💻 https://www.iris-france.org/166123-guerre-en-ukraine-la-russie-de-poutine-risque-de-devenir-dependante-de-la-chine/

👉 La méthodologie d’enquête et le choix de l’OSINT dans le rapport sur les opérations d’influence chinoises

(Le portail de l’IE, par Club OSINT & Veille de l’AEGE)
j

Le Club OSINT & Veille de l’AEGE a reçu lundi 21 mars 2022 Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, directeur de l’Institut de Recherche Stratégique de l’École militaire (IRSEM) et Paul Charon, directeur du domaine de recherche « Renseignement, anticipation et menaces hybrides », auteurs du rapport « Les opérations d’influence chinoises. Un moment machiavélien ».

Pour la première fois, les auteurs de ce rapport sont revenus en détail sur les techniques et outils de recherche d’information en source ouverte (OSINT), qui leur ont permis de rédiger ce document unique en son genre et réalisé en intégralité sur la base d’informations accessibles en sources ouvertes.

Fruit de deux années de recherches, ce rapport de 654 pages publié par l’IRSEM en octobre 2021 reconstitue  pièce par pièce la mosaïque de projection de la nouvelle doctrine du Parti Communiste Chinois (PCC). Il met en lumière de vastes campagnes d’influence et de désinformation reposant sur des leviers parfois opaques et le soutien de milliers de militaires, fonctionnaires et influenceurs chinois et occidentaux.

La genèse du rapport

En 2018, l’IRSEM avait déjà réalisé et publié en partenariat avec le Centre d’Analyse, de Prévision et de Stratégie (CAPS) du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères un premier rapport intitulé « Les manipulations de l’information : Un défi pour nos démocraties », disponible en ligne.

Bien que ce premier rapport traitait principalement de la Russie, il avait également permis de mettre en lumière la montée en puissance capacitaire de la Chine dans le domaine des opérations d’influence et d’ingérence.
💻 https://portail-ie.fr/analysis/4021/la-methodologie-denquete-et-le-choix-de-losint-dans-le-rapport-sur-les-operations-dinfluence-chinoises