– GÉOPOLITIQUES : relations internationales, zones géographiques …
– DÉFENSES : militaire, sécurité intérieure, terrorisme …
– ÉCONOMIES : entreprise, industrie, technologie ….

Par Jacques Raimond

 

  • GÉOPOLITIQUES :
  1. Pourquoi les Etats-Unis cessent-ils de financer l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens ?
  2. Corée du Nord : les discrets messages de la parade militaire de Kim Jong-Un à l’égard du monde
  3. La stratégie humanitaire de la République française 2018 – 2022 », fruit d’un dialogue avec des ONG 
  • DÉFENSES :
  1. Les chiffres-clés de la défense 2018
  2. Après son second arrêt technique majeur, le porte-avions Charles de Gaulle entame une phase d’essais en mer
  3. Nouvelle gouvernance (service de santé des armées) le ravitaillement sanitaire, précurseur de l’organisation déconcentrée du service
  4. La France va-t-elle partager sa bombe atomique avec l’Allemagne ?
  • ÉCONOMIES :
  1. Croissance : la Banque de France baisse encore ses prévisions
  2. Le deuxième enjeu vital des océans
  3. Chine – Afrique : au-delà des intérêts économiques, l’indifférence réciproque

 

GÉOPOLITIQUES

 

1 – Pourquoi les Etats-Unis cessent-ils de financer l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens ? (Orient XXI,  Isabelle Avran)

 

Les États-Unis, qui étaient les plus grands contributeurs au budget de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East, Unrwa), ont annoncé vendredi 31 août 2018 qu’ils cessaient tout financement de cette organisation.

QUI SONT LES RÉFUGIÉS PALESTINIENS ?

En novembre 1947, les Nations unies ont voté le partage de la Palestine alors sous mandat britannique en deux États, Israël et Palestine. Israël a proclamé son indépendance le 14 mai 1948, la Palestine attend toujours sa reconnaissance internationale. Dès 1947, les forces qui allaient devenir israéliennes ont entamé l’expulsion de la majorité des Palestiniens de leurs terres. À l’issue de la guerre menée par les armées des États arabes contre ce partage, Israël a agrandi le territoire qui lui était alloué, sans jamais fixer les frontières de son État. Depuis sa guerre-éclair de juin 1967, Israël occupe illégalement désormais la Cisjordanie, la bande de Gaza, et a annexé tout aussi illégalement toute la ville de Jérusalem dont la partie orientale, palestinienne, largement au-delà des limites historiques de la ville. Pendant et après la guerre de 1948, les forces du futur État d’Israël puis son armée ont poursuivi l’expulsion des Palestiniens au moins jusqu’au cessez-le feu de janvier 1949. Quelque 800 000 d’entre eux ont ainsi été chassés de leurs terres entre 1947 et 1949, soit vers la Cisjordanie et la bande de Gaza, soit vers les États voisins : Jordanie, Liban et Syrie. Ils sont devenus des réfugiés. Par la résolution 194 (III) du 11 décembre 1948, l’Assemblée générale des Nations unies a affirmé le droit des Palestiniens réfugiés et de leurs enfants au retour sur leurs terres et à une compensation pour les dommages causés. Afin d’être admis à l’ONU, l’État d’Israël avait dû accepter cette résolution. Mais il refuse depuis de la mettre en œuvre.

QU’EST-CE QUE L’UNRWA ?

L’Unrwa, ou Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine, a été établi en décembre 1949 par l’Assemblée générale de l’ONU. Il succède à l’Aide des Nations unies aux réfugiés de Palestine (Anurp), créée en 1948. L’agence a pour objectif de répondre aux besoins économiques et sociaux des réfugiés palestiniens et garantit de fait leur statut. Il fournit ainsi une aide à plus de 3 millions de Palestiniens sur les 5 millions enregistrés comme réfugiés, à travers des programmes d’aide sociale, un réseau d’écoles (plus de 520 000 enfants étudient dans les écoles de l’Unrwa, dont l’éducation représente 54 % du budget) et des centres de santé, à la fois en Palestine occupée et dans trois pays où vivent ces réfugiés : Liban, Jordanie et Syrie. La majorité des réfugiés vivent dans 58 camps reconnus par l’agence onusienne, dont 19 en Cisjordanie, et ils constituent plus des deux tiers de la population vivant aujourd’hui dans la bande de Gaza assiégée par Israël. L’Unrwa emploie plus de 20 000 salariés, en majorité palestiniens.

POURQUOI DONALD TRUMP A-T-IL PRIS CETTE DÉCISION ?

Il y a trois raisons majeures.

— D’abord, l’administration américaine a pris fait et cause pour la politique du gouvernement israélien, le plus à l’extrême droite de son histoire, vis-à-vis de l’avenir de la Palestine, en particulier son refus de voir émerger un État palestinien viable dans les frontières qui existaient en 1967. Ainsi Donald Trump a-t-il annoncé qu’il pourrait envisager d’autres options que la solution à deux États prévue par le droit international. Il refuse toute condamnation de la colonisation israélienne du territoire palestinien, de même que des assassinats ciblés des manifestants palestiniens par l’armée israélienne (singulièrement dans la bande de Gaza), et toute enquête indépendante internationale. 

Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
https://orientxxi.info/va-comprendre/pourquoi-les-etats-unis-cessent-ils-de-financer-l-agence-des-nations-unies-pour,2620

 

2 –    Corée du Nord : les discrets messages de la parade militaire de Kim Jong-Un à l’égard du monde ( Atlantico, Barthélémy Courmont)

 

Pour célébrer les 70 ans de la fondation du régime nord-coréen, une très spectaculaire parade militaire et populaire était organisée à Pyongyang.

Le bruit des bottes

Atlantico : Pour célébrer les 70 ans de la fondation du régime nord-coréen, une parade militaire et populaire était organisée à Pyongyang. A quel point cet événement est important en termes de politique intérieure, le régime et pour les Nord-Coréens ? 

Barthélémy Courmont : Ce défilé militaire organisé chaque année est une tradition très importante pour le régime nord-coréen, qui montre ses capacités, à la manière de ce que faisait l’Union soviétique, dont il s’est inspiré. Il l’est plus encore à l’heure des célébrations du 70ème anniversaire de la fondation de la République démocratique de Corée, sachant que le régime est pour sa part en place dès 1945, avec le soutien de Moscou. L’armée est l’un des piliers du régime, et l’un des principaux garants de sa légitimité autant que sa force et sa résistance. On se souvient notamment que dans les années tumultueuses qui suivirent la fin de la Guerre froide, et en marge des sanctions internationales de plus en plus musclées, Pyongyang faisait état de sa capacité de résistance en affichant ses forces armées. De même, ces défilés furent l’occasion, au cours des dernières années, de voir exposés les missiles balistiques nord-coréens, considérés par le régime comme la meilleure garantie de survie. En matière de politique intérieure, l’armée est au service du régime, et on voit régulièrement les dirigeants s’afficher en compagnie de militaires. C’est un moyen de contrôler et de couper court à toute forme d’opposition, et c’est aussi l’une des caractéristiques propres à un régime totalitaire. Et sur la scène internationale, c’est une arme diplomatique, un message sans cesse rappelé au reste du monde que le pays est soudé derrière son dirigeant et son armée.

L’absence des missiles balistiques nord-coréens a également beaucoup fait réagir et était pointé comme « un gage de bonne volonté de Pyongyang » immédiatement salué par le président américain. Mais n’est-ce pas aussi à interpréter comme la preuve que la Chine exerce une pression suffisante sur Pyongyang ?

C’est de fait un gage de bonne volonté, qui s’inscrit dans la volonté de Pyongyang de renforcer le dialogue et d’apaiser les tensions. D’ailleurs, c’est un signe à la fois dirigé vers Washington et Séoul, tandis que la prochaine rencontre entre Kim Jong-un et Moon Jae-in, prévue à Pyongyang, approche. Le régime sait pertinemment que l’affichage de ses missiles balistiques aurait été immédiatement interprété comme une provocation, et risquait de mettre à mal le processus de dialogue. De son côté, la Chine a toujours condamné les essais nucléaires nord-coréens, et critiqué les tirs de missiles. Aussi on peut sans doute voir dans ce geste du régime la réponse à une demande de Pékin. Mais ne surestimons pas non plus l’influence chinoise sur le régime nord-coréen, qui a appris à gérer son agenda de manière très autonome. Kim Jong-un sait parfaitement ce qu’il fait, et sa priorité est de renforcer le dialogue avec Séoul, tout n bénéficiant sur ce point de la bénédiction de Washington et du soutien de Pékin.

Même si l’accent de la parade semble avoir été mis sur le développement économique du pays est-ce pour autant que cela signifie que la dénucléarisation est en bonne voie ? 

Malheureusement non. De récentes déclarations d’inspecteurs de l’AIEA ont fait état d’avancées très limitées, voire nulles, dans le processus de dénucléarisation. Cela n’est pas surprenant. Jusqu’à présent, le régime nord-coréen n’a obtenu aucune garantie concrète, notamment de la part de l’administration Trump.

Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
http://www.atlantico.fr/decryptage/coree-nord-discrets-messages-parade-militaire-kim-jong-egard-monde-3501806.html

 

3 – La stratégie humanitaire de la République française 2018 – 2022 », fruit d’un dialogue avec des ONG ? (IRIS, Jacques Serba)

 

La stratégie humanitaire de la République française 2018-2022 mérite de larges commentaires, mais il ne s’agit pas ici d’y contribuer. Seul l’avant-propos, qui évoque notamment le sujet des relations entre l’État français et les ONG, a retenu notre intérêt, confirmé par la parution dhttp://(1) https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/politique-etrangere-de-la-france/action-humanitaire-d-urgence/strategie-humanitaire-de-la-france-2018-2022/e l’article « Les défis de la nouvelle stratégie humanitaire française« , écrit par Benoît Miribel et d’Alain Boinet, tous deux anciens dirigeants de grandes ONG humanitaires. A une époque pas si lointaine, les gouvernements ne voyaient pas les ONG comme des actrices fiables de la scène internationale. Parfois même des noms d’oiseau volaient bas entre État et ONG : manipulation, instrumentalisation, ingérence, organisations illégitimes et non démocratiques… Ce temps paraît révolu. En effet, le pouvoir exécutif semble vouloir s’attribuer une part du succès des équipes humanitaires qui porteraient les couleurs de la France. Est-ce la conséquence d’une posture particulièrement coopérative de certaines grandes ONG françaises ou de leurs dirigeants ? Est-ce l’aboutissement d’une histoire singulière faite de proximité, voire de sentiments ? « Je tiens à leur rendre hommage [aux ONG] pour leur dévouement sans faille. […]   Le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères est fier de relever avec les ONG françaises ce défi [la réforme du système humanitaire mondial] aussi ambitieux que nécessaire. Qu’elles soient assurées que la France est et restera à leurs côtés pour protéger la vie et la dignité humaine, et conforter le droit international. » De quel plus bel éloge « sans faille » les humanitaires français pouvaient-ils rêver ? Surtout de la part d’un ministre qui, il y a peu, était celui de La Défense et qui très diplomatiquement évite l’émotion suscitée par des comportements inappropriés sur le terrain de certains humanitaires et les procédures de contrôle déontologique défaillantes de certaines grandes ONG. Il est vrai que les accusations récentes de harcèlement et d’agressions sexuelles ont d’abord touché OXFAM Great Britain. Exprimer publiquement une stratégie d’État est un acte de transparence utile. Reconnaître le travail des ONG est une chose heureuse, mais encenser les ONG dans un document à caractère normatif de l’État en est une autre, rare, qui pourrait donner le sentiment que les ONG sont sorties du champ de la critique qu’elles revendiquent pourtant, en vertu notamment de leur principe d’indépendance. Cette observation se trouve renforcée par le fait que certains réduisent encore trop souvent le débat sur l’indépendance des ONG face à l’État à la seule analyse technique sur le ratio, l’origine, la diversification et la conditionnalité des fonds publics. À titre de récente illustration, on peut citer un extrait de l’article de Benoît Miribel et Alain Boinet : « Fières de revendiquer leur indépendance d’intervention, la plupart des ONG françaises ne boudent toutefois pas, alors, les financements du gouvernement français s’ils ne sont pas conditionnés et s’ils permettent de respecter les principes humanitaires chers aux ONG. » Pour le moins, il aurait été utile d’approfondir la question suivante : quelles formes les fonds humanitaires d’État non conditionnés peuvent-ils prendre dans un pays qui affirme que « L’action humanitaire est un des piliers de [sa] politique étrangère » ? Dans un univers où la naïveté n’a pas sa place, avons-nous affaire à deux vérités conciliables en raison de l’élasticité des principes et des intérêts ? En parcourant plus avant l’avant-propos de la stratégie humanitaire de la République française 2018-2022, on pressent, après les embrassades d’un cousinage, une certaine tentation de fusion-absorption. En effet, à lire le document, on pourrait en déduire que l’action humanitaire c’est la France, le « N » d’ONG étant au passage un peu déboité : « La France a contribué de façon décisive à sa définition [l’action humanitaire], aux débats qui l’ont façonnée, à son développement et à son expansion, tant sur le terrain, grâce au rôle pionnier de ses [on notera le possessif] ONG, que dans les enceintes internationales. » Peut-être l’exécutif pense-t-il également, à juste titre, aux effets sur les grandes ONG de la loi 1901, du mécénat et bien sûr des millions de subventions qui soutiennent l’action des associations. Mais, ce faisant, il relativise l’importance des initiatives privées individuelles et collectives, y compris étrangères et les tensions sur le principe d’indépendance des ONG. Sans compter le fait qu’il interprète quelque peu le Bulletin officiel des finances publiques qui dans sa définition de l’humanitaire au regard du mécénat ne lie pas l’humanitaire à la politique des affaires étrangères :  « Présentent un caractère humanitaire les organismes dont l’activité consiste à secourir les personnes qui se trouvent en situation de détresse et de misère, en leur venant en aide pour leurs besoins indispensables et en favorisant leur insertion et leur promotion sociales. » L’histoire, dans laquelle même l’ONG MSF,  » le cavalier seul » cher à Rony Brauman, est gratifiée malgré notamment son opposition à la politique européenne d’accueil des réfugiés, est polarisée dans la stratégie humanitaire de la République française: « Depuis la négociation des conventions de Genève en 1864, en passant par l’action des « french doctors » au Biafra, l’accueil des boat people vietnamiens et la création d’ONG aussi emblématiques que Médecins sans frontières, Handicap international – respectivement prix Nobel de la paix en 1997 et 1999 -, Action Contre la Faim ou encore Médecins du Monde, la France s’est impliquée dans ce qui est devenu au fil des décennies un domaine à part entière des relations internationales. » Exit Florence Nightingale et Henri Dunant au XIXe siècle, l’Abbé Pierre et son appel de l’hiver 54, Save the Children créée en 1919, OXFAM en 1942, CARE en 1945, les mouvements des citoyens européens au profit de la population en ex-Yougoslavie dès 1991, les ONG du Sud… La tonalité et le séquençage historique utilisés dans la stratégie humanitaire de la République française peuvent se comprendre s’agissant d’un avant-propos qui tient notamment à saluer le travail des ONG, mais il n’est pas inutile alors de préciser certaines choses. En fixant les conventions de Genève comme point de départ de l’action humanitaire, le document mêle Droit international humanitaire (DIH) et action humanitaire, c’est-à-dire « droit de la guerre » et action humanitaire.

Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
http://www.iris-france.org/117339-la-strategie-humanitaire-de-la-republique-francaise-2018-2022-fruit-dun-dialogue-avec-des-ong/

 

 

DÉFENSES

 

1 – Les chiffres-clés de la défense 2018 (Défense.gouv.fr , DICOD)

 

(parution du fascicule)

Ce fascicule constitue une synthèse des principaux chiffres concernant le ministère des Armées. Il présente les données budgétaires, les effectifs, les équipements en dotation dans les armées ainsi que les forces déployées hors métropole.

Ce fascicule constitue une synthèse des principaux chiffres concernant le ministère des Armées. Il présente les données budgétaires, les effectifs, les équipements en dotation dans les armées ainsi que les forces déployées hors métropole. Depuis un an, le Président de la République n’a cessé d’affirmer très clairement son ambition pour nos armées : celle de la remontée en puissance en portant l’effort national de défense à 2 % du PIB à l’horizon 2025. Le budget du ministère des Armées pour 2018 est une première étape dans cette dynamique qui se prolonge à travers la nouvelle loi de programmation militaire pour 2019-2025, qui prévoit de consacrer 295 Md€ à la défense d’ici 2025.  D’ores et déjà, les crédits budgétaires pour 2018 sont en hausse de 1,8 Md€, portant le total de la mission « Défense » à 34,2 Md€ (soit 34,4 Md€ en incluant les recettes issues de cessions). Au total, l’effort national de défense est porté à 1,82 % du PIB, pensions comprises, contre 1,78 % en 2017. Cette hausse inédite du budget, trois fois supérieure à celle constatée entre 2016 et 2017, permet aux armées de disposer des moyens nécessaires pour poursuivre leur mission au service de la défense de la France et des Français, sur le territoire national comme en opération extérieure. Alors qu’elles ont été durablement engagées au-delà de leurs contrats opérationnels, les armées pourront, grâce à ce budget, entamer une régénération de leur capital opérationnel, poursuivre le renforcement des capacités de renseignement et de cyberdéfense, accélérer l’entretien et la modernisation de leur équipement. Parce qu’il n’y a pas de soldats forts sans familles heureuses, ce budget 2018 permettra aussi de mieux accompagner les militaires et leurs familles à travers le Plan Famille et d’assurer un soutien renforcé à la condition du personnel du ministère. Autant de priorités qui seront poursuivies et accentuées par la loi de programmation militaire 2019-2025. Une loi à « hauteur d’homme », qui répare les carences du passé et prépare résolument nos armées aux conflits de demain.

Sur le site : https://www.defense.gouv.fr/portail/mediatheque/publications/chiffres-cles-de-la-defense-2018
Téléchargez le document en PDF version FR (36 pages, 1,47 Mo)

 

2 –     Après son second arrêt technique majeur, le porte-avions Charles de Gaulle entame une phase d’essais en mer (OPEX 360, Laurent Lagneau)

 

En mai dernier, soit après 15 mois passés en cale sèche pour son second arrêt technique majeur (ATM) mi-vie, le porte-avions Charles de Gaulle avait quitté le bassin Vauban, à Toulon, afin de permettre la poursuivre encore quelques travaux et vérifier le bon fonctionnement de ses installations. Ce qui aura pris quatre mois de plus. En effet, ce 14 septembre, le navire amiral de la Marine nationale a pu effectuer sa première sortie en mer après une immobilisation de 19 mois. Avec cet appareillage, c’est une nouvelle phase de son ATM qui commence. En effet, durant les jours à venir, le porte-avions aura à subir quelques 200 essais, notamment au niveau de son système de propulsion et de ses capacités de navigation. Cette phase fera l’objet de toutes les attentions. En 2008, à l’issue de son premier arrêt technique majeur, un turbo alternateur de l’une de ses chaudières s’était cassé, ce qui entraîna une fuite de vapeur. Puis, en mars 2009, lors de sa phase de remontée en puissance, le Charles de Gulle avait été victime d’un « problèmes de fabrication et de conception » d’une pièce du groupe réducteur sur une ligne d’arbre. Par la suite, il faudra encore vérifier le bon fonctionnement des installations aéronautiques (le navire dispose d’une nouvelle optique d’appontage IFLOLS et d’un Système Automatique de TRAnquillisation et de Pilotage révisé) puis celui de son système de combat, modernisé avec l’intégration d’un radar SMART-S et du système optronique multifonction EOMS NG de Safran ainsi qu’avec la refonte de ses réseaux informatiques. Enfin, il restera à « requalifier » son équipage et le groupe aérien embarqué (GAé). Si tout se passe bien, le Charles de Gaulle, désormais adapté au « tout Rafale », devrait être opérationnel pour un nouveau déploiement au début de l’année prochaine. Pour rappel, cette refonte à mi-vie a exigé plus de 4 millions d’heures de travail, dont 1,8 millions rien que pour l’ingénierie et la conception. Ce chantier de 1,3 milliard d’euros a mobilisé, chaque jour, plus de 2.100 personnes et 160 entreprises sous-traitantes.

 

3 –   Nouvelle gouvernance (service de santé des armées) le ravitaillement sanitaire, précurseur de l’organisation déconcentrée du service (Défense.gouv.fr, DCSSA)

 

Le service de santé des armées (SSA) se modernise, la Direction des approvisionnements en produits de santé des armées (DAPSA) renforce son fonctionnement. Fort de son expérience de centralisation des achats et de direction déconcentrée depuis 2014, le ravitaillement sanitaire (RAVSAN) s’intègre parfaitement dans la nouvelle gouvernance du Service mise en place à compter du 3 septembre 2018. Retour sur une composante en constante amélioration et quête de performance, assurant la livraison du bon produit de santé au bon moment et au plus près des forces armées.

À proximité d’Orléans, le camp militaire de Chanteau abrite la Direction de la composante RAVSAN. Sa mission : permettre aux forces armées de bénéficier, en métropole et sur tous les théâtres, des produits de santé nécessaires au soutien du blessé et du malade. Pour cela, la DAPSA en tant que direction de chaîne, commande 5 établissements. Productrice unique de nombreux médicaments à usage militaire, la pharmacie centrale des armées (PCA) concourt à la santé des combattants, mais également des citoyens dans le cadre de plans nationaux. La production de comprimés d’iodure de potassium illustre cette participation à la résilience de la nation. Egalement situé sur le site de Chanteau, l’établissement central des matériels du service de santé des armées (ECMSSA) porte la maintenance et projection des matériels médicaux. Disposant de formations adaptées nécessaires à une mise à disposition immédiate de scanners, pousse-seringues ou autres défibrillateurs, l’ECMSSA permet de vérifier continuellement la qualité de la livraison vers les théâtres. Pour compléter, deux établissements de ravitaillement sanitaire (ERSA) sont situés à Vitry-Le-François et Marseille. Ces établissements pharmaceutiques de distribution sont répartis sur le territoire national pour permettre une mise à disposition efficace des médicaments à destination des centres médicaux des armées, hôpitaux d’instruction des armées et unités de distribution en produits de santé (UDPS). Ils sont l’ultime maillon de la chaîne avant l’emploi des produits de santé. La plateforme achats finances Santé (PFAF-S), structure nouvellement créée, assure les achats et le paiement des factures pour toutes les dépenses nécessaires au fonctionnement du SSA. Par ailleurs, le centre de transfusion sanguine des armées (CTSA) est rattaché à la DAPSA. Il a pour mission le soutien transfusionnel des forces armées, collectant le sang, le préparant et le contrôlant. Il est à noter que la fabrication du plasma lyophilisé est une spécificité du CTSA. À la tête de la DAPSA, le pharmacien général Pascal Favaro a été nommé depuis le 3 septembre 2018, assurant la continuité des missions et maîtrisant les principes de subsidiarité et transversalité voulus par la nouvelle gouvernance. Au même titre que les autres directions, la DAPSA décline la stratégie et les politiques fixées par la direction centrale du SSA sur son périmètre. En tant que direction déconcentrée et échelon opératif, ses attributions sont renforcées. Lors de la cérémonie du 100e anniversaire de la DAPSA, la médecin général des armées Maryline Gygax Généro, directrice centrale du service de santé des armées, félicitait le personnel de cette direction : « Le ravitaillement sanitaire remplit parfaitement son rôle dans le soutien santé aux force armées. Je vous le demande : continuez à avoir à cœur de servir les forces partout dans le monde et du mieux que vous pouvez. Vous servez le ministère des armées, soyez fiers, que vous soyez civils ou militaires, de faire de cette chaîne du ravitaillement un maillon indispensable et efficace dans la prise en charge santé des femmes et des hommes projetés ; comme des femmes et des hommes soignés sur le territoire national ».

 

4 – La France va-t-elle partager sa bombe atomique avec l’Allemagne ? (L’Obs, Vincent Jauvert)

 

Depuis quelques semaines, l’idée d’un partenariat nucléaire militaire entre la France et l’Allemagne fait beaucoup parler à Berlin et Paris. Est-ce sérieux?

Un article de « l’Opinion », signé par l’excellent Jean-Dominique Merchet, a fait bruisser le tout-Paris. Alors que le ministre allemand de la Défense participe ces 10 et 11 septembre, avec son homologue Florence Parly, à l’Université d’été de la Défense, l’article en question traitait d’une question taboue depuis des décennies mais ouvertement posée outre-Rhin depuis quelques mois : « L’Allemagne veut-elle la bombe ? » – une question qui concerne directement la France. Elle se pose avec une acuité particulière depuis l’élection de Donald Trump à la Maison-Blanche. En effet, depuis le début de la Guerre Froide, en 1947, l’Amérique était le grand protecteur de l’Europe et particulièrement de l’Allemagne de l’Ouest d’abord puis du pays réunifié en 1990. Et c’est avec son arsenal – son parapluie dit-on – nucléaire que l’oncle Sam a tenu l’URSS puis la Russie à distance de l’Allemagne. Or Angela Merkel a récemment mis publiquement en cause la fiabilité du Grand Frère dirigé par un président lunatique, soutien des populistes, eux-mêmes ennemis des modérés au pouvoir à Berlin. Un Trump qui, en outre, semble très lié à l’adversaire militaire principal  de l’Europe jusqu’à présent : la Russie. Si bien que des voix s’élèvent outre-Rhin pour que l’Allemagne se dote – d’une manière ou d‘une autre – de l’arme suprême, garantie ultime de la souveraineté : la bombe thermonucléaire. Seulement voilà, signataire du traité de non-prolifération (rédigé d’ailleurs dans ce but en 1967), le pays qui a ravagé l’Europe dans les années 40 n’a pas le droit de construire un tel engin. Que faire ? Passer outre l’interdiction ? L’Allemagne deviendrait alors un Etat voyou – ce qu’en l’état actuel elle ne semble pas du tout prête à devenir. Elle pourrait, écrit Jean Dominique Merchet, payer une partie des coûts de l’armement nucléaire français (qui vont fortement augmenter dans les années à venir) et ainsi « acheter » la protection atomique de notre pays – sous le parapluie duquel elle serait désormais abritée.

Une « dissuasion élargie » ?

Sur le papier, l’idée est plutôt séduisante. Très endettée, la France pourrait profiter de l’aisance financière de son voisin et allié qui a besoin de son savoir-faire et son statut de pays dit « doté », c’est-à-dire l’un des cinq à avoir le droit de posséder l’arme atomique. Mais cette vision se heurte à nombre d’obstacles. D’abord rien ne dit que les Allemands, peuple farouchement anti-nucléaire, accepte ce genre de deal. Ensuite, à Berlin, les officiels ont toujours bataillé ferme, dans les instances internationales, contre la politique nucléaire militaire française, c’est même le sujet de discorde le plus violent entre Paris et Berlin depuis des décennies. On objectera qu’un projet similaire d’alliance nucléaire franco-allemand a existé à la fin des années 50, mais ce serait oublier que le fondateur de la cinquième République y a mis son holà – on dit même que le Général De Gaulle n’a jamais nommé ministre Jacques Chaban-Delmas, pourtant fidèle parmi les fidèles, parce qu’il était le négociateur français de cet accord secret, avec l’Allemand Franz Josef Strauss. Ce qui conduit au dernier argument contre cette idée : on ne voit pas les militaires français accepter de dépendre un tant soit peu du financement allemand pour l’arme suprême. Ainsi, il y a fort à parier qu’Emmanuel Macron proposera au mieux à Angela Merkel une « dissuasion élargie » voire « concertée » : autrement dit, en cas de crise gravissime qui pourrait conduire à déclencher le feu nucléaire, le président français promettrait de s’entretenir, dans la mesure du possible, avec la Chancelière avant le lancer une ogive thermonucléaire. Un gage de bonne volonté, qui n’engage pas à grand-chose, qu’en leur temps François Mitterrand puis Alain Juppé ont déjà proposé.

 

ÊCONOMIES

 

1 –   Croissance : la Banque de France baisse encore ses prévisions (La Tribune, Grégoire Normand)

 

« La consommation des ménages a été faible au premier semestre 2018, dans un contexte de hausse temporaire de l’inflation totale. Elle rebondirait néanmoins à partir du second semestre avec l’accélération des gains de pouvoir d’achat » explique la Banque de France. (Crédits : Charles Platiau)La croissance de l’économie française devrait ralentir à 1,6% en 2018 et les deux années à venir selon des prévisions publiées par la Banque de France. La banque centrale explique cette révision à la baisse pour 2018 par « un contexte international tendu » et une consommation en repli au cours du premier semestre. Les mauvaises nouvelles s’accumulent pour le gouvernement. La Banque de France a revu une nouvelle fois à la baisse ses prévisions de croissance pour 2018, à 1,6% pour 2018 comme 2019. L’institution bancaire abaisse ses projections de 0,2 point et 0,1 point respectivement par rapport à ses précédentes estimations. Elle avait révisé une première fois ses projections à la baisse au mois de juin, voyant la faiblesse de la croissance (0,2%) enregistrée au premier trimestre comme un « contrecoup temporaire » après son effervescence de fin 2017 (+0,7%). Pour l’exécutif qui tablait en début d’année sur une croissance autour de 2% pour 2018, les perspectives se compliquent à quelques jours de la présentation du budget. Les objectifs en matière de réduction du déficit public deviennent très difficiles à remplir.

Baisse de la consommation

La banque centrale explique ce coup de frein par plusieurs facteurs. Sur le plan international, l’organisation souligne une demande extérieure qui marquerait le pas. La demande adressée à la France serait à un rythme un peu inférieur à 4%, plus faible que celui recensé  en 2017 (5%). Les incertitudes se multiplient sur la scène internationale avec la montée des tensions sur le commerce mondial. Dans une note du conseil d’analyse économique (CAE) publiée au début de l’été, plusieurs économistes avaient expliqué que le scénario « d’une guerre commerciale totale » pourrait faire baisser le PIB de 3% représentant une perte annuelle moyenne de 1.125 euros par Français. En France, le montant mensuel du Smic s’élève actuellement à 1.170 euros net. En revanche la Banque de France anticipe tout de même une contribution positive du commerce extérieur à la croissance française en 2018 alors que cet agrégat contribue régulièrement de manière négative au PIB. Les experts expliquent également ce coup de mou de la croissance par un ralentissement de la consommation des Français au cours du premier semestre. La hausse du prix de l’énergie (pétrole), de la fiscalité sur le tabac et la hausse de la CSG pour les retraités ont plombé le pouvoir d’achat des Français. Pour la fin de l’année, le gouvernement espère que la suppression de la taxe d’habitation pour une grande majorité de Français et la fin des cotisations sociales des salariés pour l’assurance chômage vont doper la croissance.

Baisse des créations d’emploi

Dans le contexte d’un ralentissement de la croissance du PIB, les créations d’emploi devraient également être moins importantes pour 2018 et les années à venir. Après une année exceptionnelle en 2017 (330.000 emplois), le rythme des créations devrait tomber à 245.000 en 2018, 140.000 en 2019 pour repartir à 160.000 en 2020. Lors des rencontres de Grenelle organisées au ministère du Travail mardi dernier, la ministre du Travail Muriel Pénicaud a rappelé que l’emploi salarié avait stagné au cours du deuxième trimestre après une hausse de 0,2% sur les trois premiers mois de l’année. Pour tenter de rassurer l’auditoire, Mme Pénicaud a expliqué que « oui, il a des signaux de ralentissement, mais la situation du marché du travail reste bien orientée. Comparé à cinq ou dix ans, on est quand même dans une dynamique de création d’emplois ». Avec la baisse importante des emplois aidés, le nombre d’emplois publics s’est réduit depuis le début de l’année avec 11.800 postes en moins au cours du second trimestre. D’après le service de statistiques du ministère (Dares), il s’agit du plus fort recul enregistré dans ce secteur depuis fin 2011. En revanche, les emplois du secteur marchand continuent de progresser à un rythme plus modéré qu’au premier trimestre. 

Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
https://www.latribune.fr/economie/france/croissance-la-banque-de-france-baisse-encore-ses-previsions-790479.html

 

2 –    Le deuxième enjeu vital des océans (Infoguerre, Hubert Roche)

 

Depuis des siècles, les océans ont occupé une place centrale dans le développement des échanges. La mondialisation leur a donné une autre dimension stratégique comme le démontre le rôle des des câbles sous-marins dans l’essor de la société de l’information ainsi que l’exploitation progressive des ressources halieutiques, pétrolière, minières. Yan Giron a produit un certain nombre d’écrits sur le sujet. Cependant le débat français reste encore très restreint sur les conséquences de l’évolution du statut des Zones Economiques Exclusives maritimes. Rappelons à ce propos que la France  possède la deuxième ZEE mondiale derrière les Etats-Unis. Le vice-amiral François Pézard  estime d’ailleurs que « la vraie richesse maritime de la France se situe avant tout dans le dynamisme de son économie liée à la mer et non dans la contemplation satisfaite de ses onze millions de km² de zones économiques, deuxième domaine maritime mondial ».

 Qu’est-ce qu’une ZEE ?

Une zone économique exclusive (ZEE) est, d’après le droit de la mer, une nationalisation d’un espace maritime sur lequel un État côtier exerce des droits souverains en matière d’exploration et d’usage des ressources. Elle s’étend à partir de la ligne de base de l’État jusqu’à 200 milles marins (environ 370 km) de ses côtes au maximum, au-delà il s’agit des eaux internationales. Les ZEE, création juridique récente, sont déterminées par la troisième conférence de l’Organisation des Nations Unies sur le Droit de la Mer, lors de l’adoption de la convention des Nations Unies sur le droit de la Mer (CNUDM) Montego Bay le 10 décembre 1982, qui n’est toujours pas ratifié par les Etats Unis d’Amérique… Le contrôle d’une ZEE donne des droits, comme celui d’en exploiter les ressources, mais également des devoirs, parmi lesquels celui de la préservation de l’environnement et les opérations de recherche et de secours en mer. Les enjeux de la redéfinition de la ZEE sont axés sur la géologie et la notion de plaque continentale ce qui suscite un débat international et de vaste mouvement tactique. La France de son côté possède la 2ème plus grande ZEE mondiale avec 11millions de km² derrière les USA et devant l’Australie. Cependant il est bon de rappeler que la Zone Economique Exclusive française est grande et explosée dans le monde : à titre d’exemple les iles/ilots/atoll Clipperton, Crozet, Kerguelen, Saint Paul et Amsterdam représente moins de 1% de la population Française alors qu’ils représentent 30% de la ZEE Française. L’éloignement pousse, par exemple, les armements Mexicains et Américain à exploiter les ressources halieutiques de l’atoll Clipperton sans retour des forces Françaises, légitimement contesté car non-occupé de manière permanente par les Français. Charles de Gaulle en 1969 disait « l’activité des hommes se tournera de plus en plus vers l’exploitation des mers que les ambitions des États chercheront à dominer afin d’en contrôler les ressources ».

 Les enjeux français

Encore aujourd’hui, les contestations de souveraineté avec la France sont encore nombreuses au sein des outre-mer Français tels que :

  • Le Vanuatu au large de la Nouvelle Calédonie (Matthew et Hunter).
  • La République de Maurice pour Tromelin.
  • Les Comores pour Mayotte et les Glorieuses.
  • Madagascar pour Bassas da India, Europa, les îles Glorieuses et l’île Juan de Nova.
  • Le Mexique pour Clipperton (préparation en cours de la renégociation de l’accord de pêche de 2010 avec le Mexique) et marginalement les Etats-Unis.
  • Les Pays Bas pour Saint-Martin (préparation en cours d’accord de délimitation sur la zone de l’Étang aux Huîtres).
  • Le Canada pour Saint-Pierre-et-Miquelon.

 Afin de bien comprendre les enjeux, prenons le cas de Matthew et Hunter, îles très difficiles d’accès, qui possèdent des ressources d’oxyde de fer à cause de leurs faibles profondeurs océaniques et une grande richesse halieutique qui illustrent bien la guerre économique autour des ZEE. Eternel conflit entre Paris et Port-Vila – Vanuatu- pour une zone étendue de 190 000km², au Nord Est de la Nouvelle-Calédonie. La France en a pris possession en 1929 alors qu’elles n’étaient alors des îles inhabitées et la gestion a été rattachée à Port-Vila alors capitale du Condominium des Nouvelles-Hébrides. En 1976, l’Etat français détache la gestion de Matthew et Hunter et la rattache à Nouméa suite à l’indépendance des Nouvelles-Hébrides devenues Vanuatu. Le 9 mars 1983, le drapeau du Vanuatu est hissé avant qu’il ne soit délogé par les Français. Depuis, afin de maintenir sa légitimité l’Etat Français, entretient une station météo automatique et patrouille dans les eaux territoriales de la zone. Cet exemple nous démontre l’importance et la complexité des ZEE et leurs gestions sur des territoires éloignés dans la guerre économique.

Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
https://infoguerre.fr/2018/09/deuxieme-enjeu-vital-oceans/

 

3 –   Chine – Afrique : au-delà des intérêts économiques, l’indifférence réciproque (Institut Thomas Moore, Emmanuel Dubois de Prisque)

 

La Chine se livre les 3 et 4 septembre, lors du sixième sommet sino-africain qu’elle organise à Pékin, à une rituelle opération de diplomatie et de relations publiques. Cependant, comme le montrent les chiffres des échanges commerciaux ou des investissements, les relations Chine-Afrique n’ont pas connu ces dernières années le développement que beaucoup leurs promettaient. Si des raisons conjoncturelles expliquent cette évolution, elle est aussi causée par une indifférence réciproque structurelle de plus en plus manifeste. Au-delà des discours officiels, la Chine et les pays africains restent focalisés sur leurs relations avec l’Europe et les États-Unis.

L’indifférence de la Chine à l’Afrique se trahit par la solennité pompeuse des hommages qu’elle aime à lui rendre. Tous les trois ans depuis 2000, Pékin s’efforce de réunir le plus de chefs d’État d’Afrique sub-saharienne possible autour de ses propres dirigeants, afin de rendre manifeste aux yeux du monde entier la nature bienveillante de sa puissance retrouvée. Et c’est avec la pompe habituelle que s’ouvre à Pékin le sixième Forum de Coopération Sino-Africain (FCSA) qui rassemble les 3 et 4 septembre 2018 une cinquantaine de chefs d’Etat et de gouvernements du continent autour de Xi Jinping. La presse officielle quant à elle redouble d’enthousiasme pour célébrer « l’amitié sino-africaine », l’aide multi-sectorielle que fournit la Chine à l’Afrique et la « première place » de la Chine dans les échanges commerciaux avec le continent. Pékin vante aussi « l’expérience » de la Chine dans « la lutte contre la pauvreté » dont elle souhaiterait, par pure et simple générosité, faire profiter l’Afrique. Il faut s’attendre enfin à la rituelle avalanche de chiffres et de promesses en conclusion du sommet, promesses dont il sera bien difficile ces prochaines années de vérifier la tenue dans le maquis peu sûr des statistiques chinoises. Mais d’un forum à l’autre, le sous-texte habituel de ces articles ronflants reste le même : la Chine et l’Afrique, ayant l’une et l’autre grandement souffert de la rapacité occidentale au cours de leur histoire, ne peuvent que s’entendre pour créer un monde plus juste et plus prospère. Il y a derrière la mise en scène des relations Chine-Afrique un puissant moteur qui n’est cependant bien sûr jamais évoqué par le rouleau compresseur de la propagande chinoise : le ressentiment à l’encontre des pays occidentaux dont ces deux régions du monde ont longtemps dépendu, et à de nombreux égards dépendent encore aujourd’hui plus que jamais. Implicitement, Pékin ne cesse d’opérer un contraste entre ce qu’aurait été la violente et injuste domination coloniale et postcoloniale de l’Occident en Afrique, et la bienveillance « naturelle » de la Chine (1). Les Chinois aiment à remonter aux voyages de Zheng He au XVe siècle, systématiquement présentés sous un jour aussi avantageux que fallacieux (2), en passant par la période de solidarité tiers-mondiste sous Mao Zedong, pour scénariser une bénéfique présence chinoise en Afrique à laquelle la puissance économique actuelle de Pékin donnerait les moyens de s’exprimer de façon concrète à travers des prêts, des projets d’infrastructures et même des investissements directs. La presse officielle chinoise s’efforcera donc comme à l’accoutumé de ne rien laisser filtrer de la réalité de l’évolution des relations Chine-Afrique. Car au-delà de ce qui les unit dans leur ressentiment à l’encontre de l’Occident, et dans leurs complémentarités économiques, la Chine et l’Afrique peinent à établir des relations substantielles qui traduiraient un intérêt profond et structurel de la Chine pour l’Afrique, et de la Chine pour l’Afrique. En effet, tout dans les actions des acteurs chinois et africains trahit leur fascination persistante pour l’Occident : la Chine par la destination de ses étudiants, de ses investissements directs à l’étranger et des placements financiers de son élite ; l’Afrique par la destination de ses étudiants, des placements financiers de son élite, et plus largement de l’émigration toujours croissante de sa population. Si la Chine et l’Afrique partagent des intérêts économiques importants, elles partagent aussi plus profondément un désintérêt réciproque. Ce désintérêt qu’on pourrait qualifier d’ontologique limite en retour le développement de leurs relations dans tous les domaines, y compris économique.

De l’engouement chinois pour l’Afrique à l’indifférence réciproque

Cette indifférence réciproque a au fond de quoi surprendre. Après tout, dans la première décennie du millénaire, au moment où la Chine montait rapidement en puissance et où les projets entre la Chine et l’Afrique se multipliaient, il était aisé d’imaginer que ce phénomène entrainerait un bouleversement sans précédent pour le continent africain. Grâce à la Chine, l’Afrique, continent « oublié de tous », était enfin ramené « dans la tectonique de la mondialisation ». C’était ce que prétendaient deux journalistes aussi bien informés que Serge Michel et Michel Beuret il y a dix ans, lorsqu’ils publiaient un ouvrage très remarqué, La Chinafrique, Pékin à la conquête du continent noir. Dans cette remarquable enquête de terrain, ils décrivaient de façon vivante à leur lectorat, qui bien souvent découvrait à cette occasion le sujet, les formes diverses que prenait la présence chinoise en Afrique, et la rapidité avec laquelle les entreprises de l’Empire du milieu investissaient le continent. Ils concluaient leur propos sur une note optimiste. Ils estimaient que grâce à l’intérêt que la Chine portait dorénavant à l’Afrique, ce continent allait acquérir, tant aux yeux du monde qu’à ceux de ses propres habitants, « une vraie valeur ». L’attention portée par la Chine et ses entreprises au continent africain allait sortir l’Afrique des marges de la mondialisation et susciter un regain d’intérêt pour elle de la part des Occidentaux et d’autres acteurs. In fine, les Africains eux-mêmes allaient trouver dans cet intérêt une source d’estime de soi et de fierté. Bref, le désir d’Afrique de la Chine allait être imité par les autres, Africains compris et concluaient-ils, « la ruée vers l’Afrique ne [faisait] que commencer » (3). Avec le recul d’une décennie, force est de constater que ces pronostics ne se sont pas réalisés. En 2018, les mêmes éditions Grasset qui avaient publié La Chinafrique publiaient un essai plus fracassant encore du journaliste et universitaire Stephen Smith intitulé La Ruée vers l’Europe. Smith y décrit comment une fraction toujours croissante des forces vives des sociétés africaines est et surtout sera aspirée vers les mirages du continent européen. Les bouleversements démographiques et socio-économiques que connaît l’Afrique rendent de plus en plus attrayante la perspective de l’émigration dans les grandes métropoles africaines, puis dans les pays occidentaux. Les structures traditionnelles africaines sont mises à mal et l’horizon de l’innombrable jeunesse africaine est aujourd’hui sans limite. Loin de tourner leurs regards et leurs ambitions vers leur propre patrie comme le prédisait Michel et Beuret, les jeunes africains se sentent plus que jamais destinés à émigrer et à refaire leur vie loin de leur terre natale. En outre et à quelques remarquables exceptions, ces Africains s’intéressent bien peu à la Chine, malgré la rapidité de la croissance chinoise, source d’opportunités et de possibilités, et alors même que la croissance européenne est moribonde. La Chine, en multipliant les projets d’infrastructure en Afrique a accru la capacité des Africains à se déplacer. Mais c’est vers l’Europe, et plus largement vers l’Occident que regardent ces populations. La Chine réinvente les « routes de la soie », jusqu’en Afrique, c’est du moins ce qu’affirment ensemble dirigeants chinois et africains qui aiment à gloser sur leur avenir commun. Mais la réalité sera bien différente. Ces routes de la soie réinventées mèneront la jeunesse africaine à la réinvention de soi, loin du village natal, mais tout aussi loin de la Chine, vers l’Europe hospitalière et, si possible, vers l’Eden américain (4).

Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
http://institut-thomas-more.org/2018/09/03/chine-afrique-au-dela-des-interets-economiques-lindifference-reciproque/

 


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