– ACTUALITÉS INTERNATIONALES
– LES ENJEUX DE LA DÉFENSE FRANÇAISE
– INDUSTRIE ET ÉCONOMIE
– GRANDS PROBLÈMES DE DÉFENSE ET DE SÉCURITÉ 

Jacques Raimond

  • ACTUALITÉS INTERNATIONALES :
  1. Péninsule coréenne : le dialogue bilatéral comme alternative à un multilatéralisme usé ?
  2. Vers une « salmanisation » du pouvoir en Arabie saoudite ?
  3. L’union européenne, soupape de sécurité au Proche-Orient ?
  • LES ENJEUX DE LA DÉFENSE FRANÇAISE :
  1. La réforme de la rémunération des militaires s’annonce aussi délicate que compliquée
  2. 3 questions au général Nicol, commandant la 6ème brigade légère blindée
  3. Louis Gautier, un bilan très riche à la tête du SGDSN
  • INDUSTRIE ET ECONOMIE :
  1. Rafale Falcon : les trois défis de Dassault Aviation pour 2018
  2. Commerce sino-américain : la Chine aimerait faire encore plus
  3. Le gouvernement veut renégocier les contrats des éoliennes en mer
  • GRANDS PROBLÈMES DE DÉFENSE ET DE SÉCURITÉ :
  1. La Chine relance-t-elle la course aux armements ?
  2. Portrait énergétique de l’Inde à l’ère Modi
  3. Elections présidentielles en Russie : un « manège » millimétré à la veille d’un quatrième mandat assuré

 

ACTUALITÉS INTERNATIONALES

 

1 – Péninsule coréenne : le dialogue bilatéral comme alternative à un multilatéralisme usé ? ( IRIS, Barthélémy Courmont)

Le début de l’année 2018 a été marqué par une multiplication des signaux indiquant une volonté de relancer un processus de normalisation entre la Corée du Sud et la Corée du Nord. Les initiatives bilatérales de ces dernières semaines ne semblent pourtant pas faire l’unanimité. Les États-Unis, alliés de Séoul, voient d’un mauvais œil ce dialogue qui pourrait signifier une perte d’influence régionale durable sur le plan géopolitique. La visite de la délégation sud-coréenne à Washington dans les prochains jours sera de ce point de vue à la fois éclairante et déterminante. L’analyse de Barthélémy Courmont, directeur de recherche à l’IRIS.

Au-delà des déclarations d’intentions de part et d’autre visant à une « normalisation » des rapports entre la Corée du Nord et la Corée du Sud, quelle est la réalité de l’évolution de la relation de ces deux pays au cours de ces dernières années ?

Cette relation fut pour le moins chaotique, et globalement difficile. Sous les présidences des conservateurs Lee Myung-bak (2007-2012) et Park Geun-hye (2012-2017) en Corée du Sud, la fermeté fut de mise dans le dialogue avec le Nord, mettant ainsi un terme aux années précédentes, marquées par la Sunshine Policy. En réponse au premier essai nucléaire nord-coréen d’octobre 2006, l’option visant à ouvrir le dialogue et à renforcer la coopération en vue de pacifier la péninsule laissa ainsi place à des exigences quant à l’abandon du programme nucléaire nord-coréen au préalable de toute négociation. La mort de Kim Jong-il en décembre 2011 et l’arrivée au pouvoir de Kim Jong-un eurent un effet amplificateur dans les tensions entre les deux pays, qui se soldèrent notamment par une escalade en 2012. Park, qui semblait au départ plus souple que son prédécesseur, fut dépassée par un cabinet dans lequel les conservateurs avaient conservé des postes clefs, et c’est même sous sa présidence que les mesures les plus fermes à l’encontre du Nord furent prises, avec notamment la fermeture du site industriel de Kaesong (situé au Nord, et dans lequel des entreprises sud-coréennes employaient environ 60 000 travailleurs nord-coréens), ou encore l’accord avec les États-Unis sur le déploiement du bouclier antimissile THAAD. De son côté, la Corée du Nord a accéléré son programme nucléaire, avec un total porté à six essais en onze ans. L’ancien avocat spécialisé dans les droits de l’homme, Moon Jae-in, le président sud-coréen élu en mai dernier à une large majorité – qui fut accessoirement l’un des artisans du dialogue intercoréen en 2007 (le dernier en date) -, mit en avant une volonté de reprise du dialogue avec Pyongyang pendant sa campagne, insistant par ailleurs sur la nécessité de repenser l’accord sur le dispositif THAAD. Il est en ce sens profondément inspiré par la Sunshine Policy, et en particulier l’héritage de Roh Moo-hyn, l’ancien président (2002-2007), dont il fut l’un des proches collaborateurs jusqu’à son suicide en 2009. Mais sa marge de manœuvre reste limitée, d’abord par les pressions extérieures exercées par Pyongyang et par Washington ; ensuite sur la scène intérieure où sa main tendue vers Pyongyang ne fait pas l’unanimité. Mais clairement, c’est la première fois depuis 2008 qu’un chef d’État sud-coréen manifeste à ce point une volonté d’engager un dialogue avec Pyongyang.

Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
http://www.iris-france.org/108517-peninsule-coreenne-le-dialogue-bilateral-comme-alternative-a-un-multilateralisme-use/

 

2 –   Vers une « salmanisation » du pouvoir en Arabie saoudite ? (Diploweb, Kamal Kajja)

Docteur de géopolitique de l’Institut Français de Géopolitique à l’Université de Paris VIII Vincennes – Saint Denis (2014). Analyste de l’Observatoire du Cybermonde Arabophone (OCA) (depuis avril 2016), une équipe de recherche rattachée à la Chaire Castex en Cyber stratégie et à l’Institut Français de Géopolitique.

Voici une géopolitique du pouvoir saoudien, à l’occasion du déplacement du prince héritier en Egypte. L’objectif du prince héritier Mohammad Ben Salman (MBS) est de devenir l’unique source de pouvoir, en attente de la première transition verticale du pouvoir dans l’histoire du royaume d’Arabie saoudite. Kamal Kajja explique comment Mohammad Ben Salman procède, en synergie avec son père le roi Salman.

LA « PURGE » sans précédent effectuée le 4 novembre 2017 par le nouvel homme fort de l’Arabie Saoudite, le prince héritier Mohammad Ben Salman (MBS), quelques heures après sa nomination par décret royal à la tête de la Haute Commission de lutte anti-corruption, constitue le dernier « coup de force » de ce jeune prince en vue de sa quête du trône saoudien. Ce vaste coup de filet a pris de court tous les observateurs du royaume. Il a donné lieu à l’arrestation de plus de 500 personnes dont d’éminents princes saoudiens, une dizaine de ministres (anciens et en exercice) ainsi que des hommes d’affaires et des militaires. Elle a également donné lieu au gel de 1 300 comptes bancaires. Cet événement a remis le royaume sous les projecteurs et a relancé le débat sur la transition de pouvoir en Arabie Saoudite et les rivalités au sein des al-Saoud. La question de succession est une question est très importante, considère avec une attention très particulière par les al-Saoud et par leur allié américain.  Cette « purge » met également la lumière sur l’ascension fulgurante de Mohammad Ben Salman et son emprise sur le pouvoir, constituant ainsi un précédent dans l’histoire du royaume, car c’est la première fois qu’on assiste à une transition verticale du pouvoir en Arabie Saoudite, et non plus horizontale comme le voulait la tradition. 

NDLR : Le mode de succession adelphique

Le mode de succession que les al-Saoud avaient précédemment adopté était adelphique, reposant sur la transmission du pouvoir au sein de la même génération du lignage dominant avant de passer la main à la suivante. Dans ce système, les luttes pour le pouvoir sont récurrentes. Les moments de succession, notamment de transition générationnelle, sont des instants de crise par excellence. Pour canaliser les luttes fratricides, la famille royale a mis en place dans les années 1960 une distribution horizontale du pouvoir : chaque faction des Al-Saoud contrôle un pan de l’appareil étatique, ce qui engendre des dysfonctionnements à cause de la multiplication des centres de pouvoir et des luttes de faction.

Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
https://www.diploweb.com/Vers-une-salmanisation-du-pouvoir-en-Arabie-Saoudite.html

 

3 – L’union européenne, soupape de sécurité au Proche-Orient ? (Les Yeux du Monde, Isabelle Kennel)

A l’initiative de l’Union européenne et de la Norvège, et suite à la menace des États-Unis de geler leur contribution aux fonds de l’UNWRA (United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East), les pays donateurs à l’Autorité palestinienne se sont réunis mercredi 31 janvier 2018 à Bruxelles.

Un ultimatum

En agitant l’argument financier, Donald Trump espère forcer l’Autorité palestinienne à revenir à la table des négociations qu’elle avait quittée suite à la reconnaissance américaine de Jérusalem comme capitale de l’État d’Israël. Non seulement cette table des négociations s’annonce inéquitable au vu de l’appui des États-Unis, mais l’Autorité palestinienne dénonce depuis plusieurs années une violation des accords d’Oslo de la part d’Israël (1). En réalité, ce n’est pas la première fois que la question financière sert de moyen de pression. En 2015 déjà, lors de l’adhésion de la Palestine à la Cour pénale internationale, Israël avait bloqué le versement d’aides financières, mettant en péril le paiement des salaires de fonctionnaires palestiniens (2). L’Autorité palestinienne n’est elle-même pas étrangère à l’utilisation de pressions financières. Dans le cadre des négociations avec le Hamas, elle a cessé le paiement des factures d’électricité de la bande de Gaza. L’enclave a connu une restriction de la fourniture d’électricité par Israël de juin 2017 à janvier 2018. Si un accord de réconciliation entre le Hamas et le Fatah a été signé en octobre 2017, Israël pose néanmoins comme condition à toute négociation avec un gouvernement d’union nationale, la reconnaissance de son État par le Hamas et le désarmement de ce dernier. Or, face à l’inflexibilité du Hamas, ces conditions ne peuvent mener qu’à une impasse, compromettant les négociations Israélo-palestiniennes et la stabilité-même de la Cisjordanie.

Un médiateur frileux

La Commission européenne a donc décidé d’adopter un nouveau plan d’aide à hauteur de 42,5 millions d’euro en soutien à la « construction d’un État palestinien démocratique et responsable » (3) et à la présence palestinienne à Jérusalem-Est (4). Mais ce jeu des chaises musicales suffira-t-il à éviter une déstabilisation de la région ? Entre la fragilité des institutions palestiniennes et le blocus de la bande de Gaza, les aides financières à l’Autorité palestinienne et les programmes de l’UNWRA sont plus que nécessaires pour éviter l’implosion de la région. Elles ne représentent cependant que des solutions à court terme. Quand on s’intéresse à un contexte aussi complexe que le Proche-Orient, avec un conflit enlisé depuis presque 70 ans, il est difficile de penser qu’une simple aide financière puisse construire une paix durable, ou tout le moins maintenir un statu quo.

Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
http://les-yeux-du-monde.fr/actualite/actualite-analysee/33765-lunion-europeenne-soupape-de-securite-proche-orient

 

LES ENJEUX DE LA DÉFENSE FRANÇAISE

 

1 –  La réforme de la rémunération des militaires s’annonce aussi délicate que compliquée (OPEX 360, Laurent Lagneau)

Il aurait certainement fallu commencer par mettre en place une nouvelle politique de rémunération des militaires avant de développer le système Louvois (Logiciel unique à vocation interarmées de la solde), dont les dysfonctionnements, qui a mis de nombreuses familles en difficulté, ont conduit au lancement du programme Source Solde. Toutefois, il est vrai que cette nouvelle politique de rémunération des militaires (NPRM), pour laquelle une « équipe de projet » est déjà à l’oeuvre, sera à la fois compliquée et délicate à conduire, dans la mesure où plusieurs paramètres vont entrer en jeu. À commencer par celui de la réforme des retraites promise par le président Macron et dont on ignore comment elle s’appliquera aux militaires. Pour le moment, l’on sait que l’objectif sera d’uniformiser les règles de calcul des pensions en mettant en place un système par points ou un compte notionnel. L’enjeu est donc de savoir comment cela pourra coïncider avec les spécificités propres aux militaires (qui sont, pour la plupart des contractuels) et les besoins des armées. « Nous traitons ce dossier en suivant très étroitement la réforme des retraites. Si des dispositifs comme la retraite à jouissance immédiate ou la bonification pour services ou pour campagne étaient remis en cause, cela aurait un impact négatif sur l’attractivité des armées, ce qui nous conduirait à envisager des compensations en termes de rémunérations, pour assurer le flux de militaires jeunes dont nous avons absolument besoin », a ainsi résumé Jean-Paul Bodin, le Secrétaire général pour l’administration (SGA), lors de sa dernière audition par les députés de la commission de la Défense nationale. En outre, le projet de Loi de programmation militaire 2019-2025 confie au gouvernement « le soin de définir par ordonnance les dispositifs d’aides au départ spécifiques qui seront maintenus ou amendés », a continué le SGA. « Nous verrons dans quel sens les adapter en fonction de ce qui sera décidé dans le cadre de la réforme des retraites », a-t-il conclu sur ce point. Un autre enjeu de cette NPRM, lié aussi à la réforme des retraites, porte sur l’attractivité des armées. Démographie oblige, ces dernières devront augmenter leurs flux de recrutements, dans un contexte marqué, du moins pour les spécialités les plus « pointues », par la concurrence du secteur privé. « Pour ce qui est des personnels militaires, nous réfléchissons, dans le cadre de la nouvelle politique de rémunération, à l’instauration de primes spécifiques de haute qualification et, à très court terme, nous allons nous efforcer de donner une visibilité aux parcours de carrière et à l’évolution des rémunérations. Les modalités de rémunération ne sont pas tout à fait les mêmes selon qu’il s’agisse de civils ou de militaires. Reste, j’y insiste, que faire preuve d’attractivité vis-à-vis des industriels qui souhaitent capter ces compétences est un sujet de préoccupation », a ainsi expliqué Anne-Sophie Avé, la directrice des ressources humaines du ministère des Armées (DRH-MA), lors de son audition à l’Assemblée. Cela étant, ce chantier de la modernisation de la rémunération des militaires s’attaquera aux 172 (ou 174) primes du minstère des Armées, auxquelles correspondent autant de mode de calcules différents.

Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
http://www.opex360.com/2018/03/10/reforme-de-remuneration-militaires-sannonce-delicate-compliquee/

 

2 –  3 questions au général Nicol, commandant la 6ème brigade légère blindée (défense, armée de terre)

Intégration du 1er régiment de spahis et de la 13e demi-brigade de Légion étrangère, expérimentation du Groupement d’aide à l’engagement amphibie,  manœuvres interarmées et interalliés d’envergure (SKRENVILNARVALBold Alligator).

L’actualité de la 6e brigade légère blindée, spécialiste amphibie de l’armée de Terre, a été bien chargée ces deux dernières années. Quelques mois après son arrivée à la tête de la brigade, le général Nicol revient sur ses ambitions 2018, notamment quant au niveau de qualification entre les régiments et au maintien des efforts de formations pour l’ensemble des unités de la brigade1 – Mon général, quel intérêt représente le développement de savoir-faire amphibie pour un chef interarmes ?

70% de la population mondiale vit dans la bande côtière des 100 km. Les vecteurs amphibies permettent de s’affranchir des frontières en utilisant l’espace maritime international, par exemple en pré-positionnant une force conséquente au large des zones de crise et de conflit potentiel.  Le développement du savoir-faire amphibie est donc une question de dissuasion et de crédibilité pour la France, en montrant par des exercices réguliers et médiatisés, seul ou au sein d’une coalition interalliés, sa capacité à projeter une force avec des troupes et des moyens lourds, partout dans le monde et dans des délais très restreints. Pour le commandement, l’amphibie est donc un concentré de moyens interarmes et interarmées. Cette capacité exige une parfaite maîtrise et compréhension de ce que peuvent nous apporter dans la manœuvre les moyens navals et aériens de la Marine nationale qui, en plus de posséder les vecteurs amphibie sur lesquels la force terrestre embarquera et sera mise à terre, commandera l’opération amphibie. Cette nécessaire connaissance mutuelle des us et coutumes, des procédures de travail et de planification doivent donc se préparer au quotidien pour être efficient le jour J. En outre, le groupement tactique embarqué possède l’ensemble des capacités interarmes :blindés,infanterie, génie, artillerie, aviation légère de l’armée de Terre et forces avancées. Le développement de savoir-faire amphibie représente donc une double opportunité pour le chef interarmes. Il est à la fois une opportunité d’entrainement pour hausser son niveau de préparation opérationnelle et une capacité supplémentaire pour projeter de la puissance au plus près des foyers de crise.

 

2 – La France représente l’un des rares pays dans lequel l’amphibie est une copropriété entre l’armée de Terre et la Marine nationale. Comment sont gérées les interactions avec ces partenaires ?

La Marine nationale fournit les vecteurs amphibies jusqu’aux moyens de mise à terreet possède la responsabilité d’acquérir la nécessaire supériorité  maritime au-dessus et au-dessous de la surface. La Force de réaction embarquée (composée de la force terrestre, des moyens de la 6e BLB et de tous les renforts ALAT et logistique) doit donc maîtriser des procédures spécifiques aux opérations amphibies.  Par ailleurs, la planification de l’opération est de la coresponsabilité des CATF marins (commander amphibious task force) et du CLF terrien (commander landing Force). Enfin, l’opération est conduite par un état-major conjoint avec des représentants des deux armées dans chaque branche. Cette répartition des taches assure une expertise qui permet de conduire la phase délicate de changement de milieu dans les meilleures conditions. Il est donc primordial de s’entraîner conjointement, au quotidien, avec la Marine pour développer une synergie nécessaire et entretenir notre connaissance mutuelle.

 

3 – La 6e BLB a participé récemment à l’exercice Bold Alligator avec nos alliés américains. Quel en est l’intérêt ?

Les opérations amphibies sont complexes mais restent une capacité que peu de nations possèdent. Ces exercices sont donc l’occasion de s’entraîner et de montrer notre capacité à mener une opération amphibie au sein d’une coalition, renforçant du même coup la crédibilité de notre outil de défense. 

Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
https://www.defense.gouv.fr/terre/actu-terre/3-questions-au-general-nicol-commandant-la-6e-brigade-legere-blindee 

 

3 – Louis Gautier, un bilan très riche à la tête du SGDSN (Blog Secret défense, Jean-Dominique Merchet)

Avec son départ, l’équipe Macron aura entièrement renouvelé les grands responsables de la sécurité du pays (à l’exception de l’amiral Rogel, chef d’état-major particulier), qui participent chaque mercredi au conseil de défense à l’Elysée. Ancien conseiller à la défense de Lionel Jospin à Matignon (1997-2002), ce conseiller maître à la cour des comptes a longtemps été militant du parti socialiste. Spécialiste reconnu des affaires de défense, auteur de plusieurs ouvrages, il a été l’animateur du groupe Orion sur les questions de défense et dirige toujours la chaire sur les Grands enjeux stratégiques contemporains à la Sorbonne. Il était par ailleurs un proche de Pierre Bergé, dont il représentait, avant sa nomination au SGDSN, les intérêts dans la presse, notamment au Monde. Son bilan de ces 40 mois passés à la tête de cette institution mal connue est riche. Dépendant du Premier ministre, le SGDSN intervient dans de très nombreux domaines. Cette période a été en particulier marquée par les attentats de 2015 et la montée en puissance des problématiques de cyberdéfense. En matière de lutte contre le terrorisme, le SGDSN s’est impliqué dans le nouveau plan Vigirate, le plan d’action contre la radicalisation et le terrorisme, la participation des armées à la protection du territoire, la sortie de l’état d’urgence, le renforcement de la sécurité dans les transports, le PNR aérien ou la sécurité maritime et nucléaire, etc. Le SGDSN assure la tutelle de l’ANSSI, et joue un rôle déterminant dans la cyberdéfense. Il a rédigé la revue stratégique cyber publiée en février dernier. Le SGDSN joue également un rôle de coordination et de planification dans la gestion des crises (survol de drones, Ebola, cyclone Irma, crues de la Seine en 2016 et 2018). A l’international, Louis Gautier a personnellement démêlé l’affaire du BPC Mistral avec la Russie durant l’été 2015. Le SGDSN est en charge du fonctionnement de la CIEEMG pour le contrôle des exportations d’armement. A la tête du SGDSN, Louis Gautier a entrepris de réformer le secret-défense, tout en ouvrant la maison vers l’extérieur, avec la publication annuelle d’un bilan d’activité ou l’organisation de colloque.

 

INDUSTRIE ET ÉCONOMIE

 

1 –  Rafale Falcon : les trois défis de Dassault Aviation pour 2018 (La Tribune, Michel Cabirol)

Dassault Aviation a amélioré ses résultats en 2017 par rapport à 2016 : 4,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2017 (3,58 milliard en 2016) et 489 millions de résultat net ajusté (384 millions). Trois défis pour le PDG de Dassault Aviation Eric Trappier : vendre des Falcon pour regonfler le carnet de commande des avions d’affaires aujourd’hui à plat, trouver de nouveaux pays clients pour le Rafale et réussir le décollage du 6X. Face à un marché de l’aviation d’affaires déprimé, Dassault Aviation continue de faire le dos rond. Et l’avionneur tricolore le fait bien mais ce n’est pas nouveau. Car à l’exception du carnet de commandes qui se réduit comme peau de chagrin dans l’aviation d’affaires, les fondamentaux économiques et financiers du constructeur des avions d’affaires Falcon et du Rafale restent très positifs. Mieux, Dassault Aviation améliore ses résultats par rapport à 2016 : 4,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2017 (3,58 milliard en 2016), 489 millions de résultat net ajusté (384 millions) et 4,1 milliards de trésorerie grâce à une baisse des stocks (3,1 milliards). Pour 2018, le PDG de Dassault Aviation Eric Trappier, en présence de son actionnaire majoritaire Serge Dassault, est resté optimiste. Alors que Dassault Aviation prévoit de livrer moins de Falcon (40 appareils) en 2018 qu’en 2017 pour tenir compte de la faiblesse des commandes, l’avionneur estime que son chiffre d’affaires sera proche de celui de 2017. Pourquoi une telle stabilité? Il livrera trois Rafale de plus (12 contre 9 en 2017), dont trois à l’armée de l’air française, et un mix plus favorable dans les livraisons de Falcon. Surtout, Dassault Aviation va encaisser en 2018 un gros chèque avec la livraison du nouveau standard du Rafale à la France, le F3R, armé par le missile air-air Meteor, a expliqué Eric Trappier, lors de la conférence de présentation des résultats 2017. Cette version doit être qualifiée cette année.

Vendre des Falcon

Premier défi pour Dassault Aviation, vendre des avions d’affaires. Un défi qui n’est pas nouveau pour son PDG Eric Trappier, qui a vu les ventes de Falcon augmentées en 2017. S’il y a du mieux (38 appareils vendus contre 31 en 2016), cela reste toutefois insuffisant pour regonfler un carnet de commandes à plat, passant à près de 500 appareils fin 2008 à 52 Falcon en incluant des 5X à fin 2017 (contre 63 fin 2016, 91 fin 2015 et 121 fin 2014). Une chute spectaculaire logique puisque les ventes de Falcon ont toujours été inférieures aux livraisons depuis 2008 à l’exception de 2014 (66 Falcon livrés, 90 commandés). 2017 n’a pas dérogé à cette tendance inquiétante : 49 Falcon livrés contre 38 commandés. Après plusieurs années de marasme, Eric Trappier voit enfin des signes annonçant une probable reprise du marché de l’aviation d’affaires.

Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/les-trois-defis-de-dassault-aviation-pour-2018-771131.html

 

 

2 –  Commerce sino-américain : la Chine aimerait faire encore plus (Le Nouvel économiste, Philippe Barret)

Les préoccupations idéologiques et politiques passeront ici toujours après l’intérêt économique Certes, il faut compter avec l’imprévisible Donald Trump et ses déclarations en faveur du protectionnisme. Il faut aussi compter avec certaines mesures prises par le gouvernement américain, comme de lourds droits de douane sur les produits en aluminium d’origine chinoise, au nom de la lutte contre le dumping et contre les subventions d’État aux entreprises chinoises : entre 48,6% et 106,1 %. La Chine conteste ce dispositif au motif qu’il y a maintenant près de vingt ans que les entreprises américaines ont abandonné la production de feuilles d’aluminium, parce que cette production n’était pas assez rentable. De son côté, la Chine prend des dispositions parfois opposées : elle impose des mesures anti-dumping sur le styrène monomère (indispensable à la fabrication du polystyrène) importé de la Corée du Sud et des États-Unis ; elle s’apprête à en prendre d’autres contre les importations de sorgho d’origine américaine. Dans le même temps, elle supprime tout droit de douane à l’importation du poulet américain.

Des relations commerciales en bonne forme

Mais au total, les relations commerciales entre la Chine et les États-Unis ne se portent pas trop mal : 630 milliards de dollars en 2017, en augmentation de 15,2 % sur un an. D’après les douanes chinoises, l’excédent commercial de la Chine s’est établi, la même année, à 275,8 milliards de dollars. Le département américain du Commerce assure que le déficit commercial des États-Unis avec la Chine a atteint 375,2 milliards de dollars. “Les relations commerciales entre la Chine et les États-Unis ne se portent pas trop mal : 630 milliards de dollars en 2017, en augmentation de 15,2 % sur un an” Cependant, les autorités chinoises ne négligent pas les initiatives diplomatiques pour améliorer encore ces relations commerciales. Au tournant du mois de février et du mois de mars, à l’invitation du gouvernement américain, Liu He, membre du comité central du PCC et directeur du Bureau général du groupe dirigeant pour les affaires financières et économiques, s’est rendu à Washington. Il succédait à Yang Jiechi, membre du bureau politique et conseiller d’État, venu un mois plus tôt aux États-Unis pour discuter des relations économiques et commerciales entre les deux pays. Évidemment, ces visites ne sont pas sans rapport avec les frictions intervenues dans ces relations. Depuis le début de l’année, les autorités américaines ont ouvert quatre enquêtes sur les exportations chinoises d’acier et d’autres produits. Et depuis 2016, 46 enquêtes ont été lancées contre des entreprises chinoises, tandis que plusieurs projets d’investissements chinois aux États-Unis étaient bloqués, pour des raisons relatives à la “sécurité nationale”. En ce domaine, la Chine n’a qu’un but : malgré sa volonté de fonder davantage sa croissance économique sur la consommation intérieure, elle reste attachée au commerce international, particulièrement avec les États-Unis, parce qu’il est volumineux et bénéficiaire. Les préoccupations idéologiques et politiques passeront ici toujours après l’intérêt économique.

 

3 – Le gouvernement veut renégocier les contrats des éoliennes en mer (Boursorama, Reuters)

PARIS (Reuters) – Le gouvernement a déposé un amendement au Sénat pour fixer le cadre d’une renégociation permettant jusqu’à l’annulation de six projets de parcs éoliens en mer, selon ce que rapportent les Echos vendredi. Le gouvernement a déposé un amendement dans le cadre du projet de loi sur l’Etat au service d’une société de confiance afin de renégocier voire annuler les projets attribués en 2012 et 2014 pour construire six parcs au large des côtes de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), Courseulles-sur-Mer (Calvados), Fécamp (Seine-Maritime), Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), du Tréport (Seine-Maritime) et de Noirmoutier (Vendée). « Dans certains cas, notamment lorsque le progrès technique permet d’envisager des baisses de coût substantielles, l’Etat pourrait souhaiter renégocier les conditions de l’offre retenue à l’issue de la procédure de mise en concurrence afin de l’améliorer, et en particulier de diminuer le montant du tarif retenu », indique l’amendement selon le quotidien économique. « Si la renégociation n’était pas possible, une des options pourrait être de mettre fin à ces projets et de relancer une nouvelle procédure dans les meilleurs délais afin de pleinement profiter des améliorations technologiques », ajoute l’exposé des motifs. La subvention publique accordée à ces premiers parcs dont la date de mise en service est prévue au plus tôt pour 2021 est de 40,7 millions d’euros sur la durée de vie totale des contrats (vingt ans) pour une puissance accumulée de près de 3.000 mégawatts (MW). « Le tarif accordé à ces installations est très élevé et ne correspond plus aux prix actuels de l’éolien en mer, entraînant des rémunérations excessives pour les candidats retenus », explique le texte. Les constructeurs retenus pour ces parcs éoliens sont EDF et Engie. Les projets ont fait face à de nombreuses oppositions locales qui ont retardé leur mise en service.

 

GRANDS PROBLÈMES DE DÉFENSE 

ET DE SÉCURITÉ

 

1 –  La Chine relance-t-elle la course aux armements ? (IRIS (Edouard Pflimlin)

La Chine va redonner un coup d’accélérateur à ses dépenses militaires en 2018, vient-elle de réaffirmer au début d’une grand-messe du régime communiste qui permettra au président Xi Jinping de rester au pouvoir aussi longtemps qu’il le souhaitera. Le budget militaire augmentera de 8,1% cette année, à 1.107 milliards de yuans (175 milliards de dollars), a annoncé le Premier ministre Li Keqiang dans un discours devant les députés. C’est une hausse par rapport au taux de l’an passé (+7 %). La Chine a dépensé en 2017 un total de 151 milliards de dollars pour son armée, selon un rapport des experts de l’Institut international pour les études stratégiques (IISS), basé à Londres. C’est quatre fois moins que les États-Unis (603 milliards). Mais nettement plus que l’Arabie saoudite (77), la Russie (61), l’Inde (53), le Royaume-Uni (51), ou encore la France (49). La Chine est engagée depuis 30 ans dans un processus de modernisation pour combler son retard sur les armées occidentales. Elle mise sur la technologie (avoir des armes et équipements de pointe), la professionnalisation (elle a réduit ses effectifs de 2,3 millions, à 2 millions depuis 2015) et l’organisation (meilleure coordination entre armée de terre, de l’air et marine). En Asie, la Chine est intransigeante vis-à-vis des territoires qu’elle considère comme relevant de sa souveraineté historique : l’île de Taïwan (Pékin en a perdu le contrôle en 1949 au profit d’un régime rival), les îles Senkaku-Diaoyu (disputées avec le Japon), des territoires frontaliers (avec l’Inde) et des îlots en mer de Chine méridionale (où le Vietnam, les Philippines et la Malaisie ont des prétentions rivales). L’armée chinoise a renforcé à cet effet sa force de dissuasion ces 12 derniers mois, avec un nouveau navire-destroyer lance-missiles (modèle 052D), et un chasseur-bombardier furtif de pointe (modèle J-20). Selon des rumeurs insistantes, la Chine construirait également son troisième porte-avions. Un seul (le « Liaoning ») est actuellement en service, le deuxième étant en phase d’essais. Le Premier ministre chinois a mis lundi en garde Taïwan, où est actuellement au pouvoir un parti traditionnellement favorable à l’indépendance de l’île : Pékin continuera à promouvoir une « réunification pacifique », mais « défendra fermement la souveraineté et l’intégrité territoriale du pays et ne tolérera jamais aucune tentative ou action séparatiste ». Pourtant, la hausse du budget chinois est continue depuis 1989 où il n’était que de quelque 20,2 milliards de dollars. Celle-ci n’est pas de nature à calmer les tensions.

Dans le même temps, la Russie semble, elle aussi, céder aux sirènes des dépenses militaires. 

Le Kremlin a démenti vendredi dernier vouloir se lancer dans une nouvelle « course aux armements » avec les États-Unis en vantant ses nouvelles armes « invincibles », et en donnant ainsi une tonalité belliqueuse à des relations russo-américaines déjà catastrophiques. Le président russe a expliqué que la mise au point de nouvelles armes, qu’il a personnellement supervisée, était une réponse à l’activité militaire des États-Unis, et notamment au déploiement de systèmes antimissiles en Europe de l’Est et en Corée du Sud. Il a ainsi présenté de nouveaux types de missiles de croisière ayant une « portée illimitée », ou hypersoniques, des mini-submersibles à propulsion nucléaire, ou encore une arme laser « dont il est trop tôt pour évoquer les détails ». Vladimir Poutine avait ajouté que l’industrie militaire « travaillait depuis longtemps » sur ces nouvelles armes. En 2016, la Russie a consacré 69,2 milliards de dollars à sa défense, soit 5,9% de plus qu’en 2015, selon l’institut de recherche suédois Sipri.

Ceci n’est pas de nature à freiner les États-Unis. Le budget militaire américain s’apprête à connaître une hausse historique pour l’année 2018.

Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
http://www.iris-france.org/108380-la-chine-relance-t-elle-la-course-aux-armements/

 

2 – Portrait énergétique de l’Inde à l’ère Modi (The conversation, Emmanuel Hache et Marine Simoën)

Comptant pour environ 3 % du PIB mondial en 2016, contre 1,6 % en 1980, l’Inde a enregistré depuis les années 2000 une accélération de sa croissance, avec un pic en 2010 à plus de 10 %. Depuis, la croissance indienne se maintient à environ 6,8 % avec un point haut à près de 8 % en 2015, ce qui permet ainsi à New Delhi de se placer en tête des pays du G20 en matière de dynamisme économique. Depuis 2014 et l’élection de Narendra Modi, l’Inde est entrée dans une nouvelle ère de son développement économique avec la mise en place d’une politique baptisée « Make in India ». Cette dernière vise à accélérer l’industrialisation du pays et à lui permettre de s’insérer de manière plus marquée sur les marchés internationaux. Dans ce contexte, les défis auxquels l’Inde doit faire face sont nombreux, puisque New Delhi doit gérer une dépendance grandissante aux approvisionnements extérieurs et un nouveau modèle de développement dans un contexte de transition énergétique. Si le troisième consommateur énergétique mondial derrière la Chine et les États-Unis maintient des investissements autour de 10 milliards de dollars dans les énergies renouvelables (ENR) depuis 2015, soit environ 4 % des investissements mondiaux – en comparaison, la Chine a investi près de 78,3 milliards de dollars en 2016, soit 33 % du total mondial – son volontarisme industriel et sa politique énergétique et pétrolière soulèvent de nombreuses questions ; et tout particulièrement sur sa capacité à allier industrialisation et lutte contre le changement climatique.

Un appétit énergétique de géant

Relativement à sa population et à l’immensité de son territoire (plus de 3 millions de km2, soit environ six fois la France), l’Inde est pauvrement dotée en ressources énergétiques. Deuxième pays le plus peuplé au monde après la Chine et ses 1,379 milliard d’habitants, l’Inde représente environ 17 % de la population mondiale mais ne possède que 0,65 % des réserves mondiales de gaz, 0,3 % des réserves de pétrole et 8,3 % des réserves de charbon, selon les données du BP Statistical Review.

L’Inde a enregistré un doublement de sa consommation énergétique entre 2000 et 2016. Toutefois, sa consommation par tête (0,67 Tonne équivalent pétrole/tep) reste encore relativement faible et l’Inde ne représente à l’heure actuelle qu’environ 6,5 % de la consommation énergétique mondiale, loin derrière la Chine (22 %) et les États-Unis (16 %).

Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
https://theconversation.com/portrait-energetique-de-linde-a-lere-modi-92764

 

3 – Elections présidentielles en Russie : un « manège » millimétré à la veille d’un quatrième mandat assuré (IRIS Interview de Jean de Gliniasty)

À quelques jours du premier tour des élections présidentielles en Russie, l’actuel président Vladimir Poutine a prononcé le 1er mars dernier un discours-fleuve devant un parterre d’environ 1500 invités. Le premier volet de son allocution était centré sur la question économique et sociale avec la nécessité de faire face à la baisse du niveau de vie enregistrée ces derniers mois. La seconde partie, axée sur le complexe militaro-industriel à usage de vitrine technologique, était destinée autant à son électorat qu’à l’international, avec en première ligne de mire Washington. Seuls le taux d’abstention et, dans une moindre mesure, l’enrayement diplomatique en Syrie pourraient ternir l’ampleur d’une victoire électorale largement assurée. Le point de vue de Jean de Gliniasty, directeur de recherche à l’IRIS et ancien ambassadeur de France en Russie.

 

Que doit-on retenir de l’allocution de Vladimir Poutine prononcée ce 1er mars ? S’inscrit-il dans la continuité, ou entend-il marquer un nouvel élan pour le pays ?

Il s’agit d’un discours programmatique qui a duré près de trois heures. Vladimir Poutine a prononcé son allocution devant l’équivalent du Congrès, c’est-à-dire devant les sénateurs et les députés de la Douma, afin de lui donner une répercussion plus grande. Deux axes sont à retenir : un aspect économique et social et un aspect militaire. Sur le plan économique et social, il a vendu à son électorat de grandes avancées. Certains avancent que c’est Alexeï Koudrine, ancien ministre des Finances, d’obédience libérale, qui aurait pris part à l’écriture du premier volet de ce discours. Cette initiative est cependant à relativiser, car les thématiques du numérique et des infrastructures auraient pu être écrites par l’école néokeynésienne opposée à Koudrine. Boris Titov, dirigeant du Parti de la Croissance et candidat à la présidentielle, préconise par exemple une injection monétaire dans l’économie, tout en mettant un accent moindre sur les réformes structurelles. Cette première partie laisse entendre que beaucoup de choses vont changer. Vladimir Poutine a donné pour le pays des objectifs de croissance, des objectifs pour la politique de santé et pour la politique sociale, visant à une augmentation du pouvoir d’achat. Si le discours en lui-même est traditionnel, sur les moyens d’y parvenir, le futur président se donne une totale liberté d’action. La seconde partie du discours a porté sur les questions militaires. L’ensemble des annonces faites sur ces problématiques étaient connues des observateurs et de la presse. C’est le cas du projet de missile hypersonique indétectable, d’une torpille sous-marine, ou encore d’une arme laser. Néanmoins, il serait hasardeux d’en tirer des conclusions trop hâtives. Sur la forme, toutes ces annonces ont été regroupées afin d’offrir aux citoyens russes une vitrine techno-militaire sur les performances de la Russie. L’objectif affiché était de confirmer un retour définitif de la Russie au plus haut niveau en matière d’armement. C’est aussi une réponse aux Américains dans le cadre de la lutte éternelle entre le bouclier et le glaive. Washington a en effet énormément investi d’argent ces dernières années dans la défense antimissile, et les Russes ont trouvé plus économique d’investir dans la capacité de pénétrer les défenses américaines. Ainsi, sans avoir à dépenser des dizaines de milliards de roubles, ils ont tout de même les moyens de mettre en porte-à-faux les défenses américaines. Cette course à l’armement a pour origine la dénonciation en 2002 par Washington de l’accord SALT 1 de non-prolifération, signé à Helsinki en 1972 dont les Russes craignent qu’elle n’aboutisse à neutraliser leur dissuasion. Pour Vladimir Poutine, le chemin pris par la Russie en matière d’armement stratégique en est la conséquence directe.

Comment se profilent les élections du 18 mars prochain ?

L’actuel président russe va gagner ces élections dès le premier tour. Le seul enjeu de cette échéance électorale est la participation. Or, pour l’instant, les données ne sont pas suffisamment consistantes. Des sondages du Centre russe d’étude de l’opinion publique (VTsIOM) sont assez favorables à Vladimir Poutine. Quant à Levada, institut indépendant, il s’est interdit de publier des résultats avant le premier tour de l’élection, car il a été classé par le gouvernement comme « agent de l’étranger ». Concernant l’abstention, celle-ci est passée de 40% à 52% lors des législatives de 2016. Il n’est donc pas impossible que des gouverneurs fassent du zèle durant le scrutin, et qu’on assiste même à du bourrage d’urnes. Un élément nouveau est tout de même apparu durant cette campagne. Pavel Groudinine, candidat du parti communiste russe (KPRF), grande force  politique à la gauche de Vladimir Poutine, vient de faire l’objet d’une enquête. On a découvert qu’il avait plusieurs comptes en Suisse bien garnis avec des lingots d’or. Cela a fortement écorné l’image du parti, alors qu’il arrive systématiquement derrière le parti au pouvoir Russie unie à chaque élection. Vladimir Poutine aura donc un boulevard devant lui. Le président russe candidat à sa réélection entend également se donner une marge de manœuvre complète pour les nominations gouvernementales. Il semble que Sergeï Lavrov, actuel ministre des Affaires étrangères, soit sur le départ après une longue carrière de diplomate. Et l’incertitude est totale quant au nom du futur Premier ministre ou encore sur ce qu’il adviendra de Dmitri Medvedev, ou encore d’Alexeï Koudrine.

Retrouvez l’intégralité de l’article avec ce lien :
http://www.iris-france.org/108639-elections-presidentielles-en-russie-un-manege-millimetre-a-la-veille-dun-quatrieme-mandat-assure/