HISTOIRE DES CHEFS D’ÉTAT-MAJOR DES ARMÉES
(CEMA)
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Le CEMA est l’officier général qui concentre les plus hautes responsabilités militaires.
Jusqu’à une période récente, il dépendait directement du chef de l’État, en ce qui concerne les décisions, les conseils, les relations concernant le règlement des questions de défense.
C’est monsieur Jean-Yves Le Drian, alors Ministre de la Défense, qui a changé la donne dans ces relations singulières entre le Chef des Armées, et le chef d’état-major des Armées, en ajoutant en quelque sorte une marche entre les deux fonctions, celle du titulaire du portefeuille ministériel ayant à en connaître qui est passé du titre de Ministre de la Défense à celui de Ministre des Armées.
Cette semaine, d’ailleurs, l’information est venue de l’Élysée, relayée quelques moments après par le communiqué officiel de la ministre des Armées que nous avons mentionné dans la Revue de presse d’ESPRITSURCOUF de ce lundi 14 juin.
Nous vous présentons ci-dessous quelques articles sur ce sujet et les biographies du général Lecointre et celle de son remplaçant le général Burkhard.
1. GRANDE MUETTE – Le chef d’état-major des Armées, le général Lecointre, va quitter ses fonctions, a annoncé dimanche l’Élysée. Il s’agit du second départ à ce poste sous la présidence d’Emmanuel Macron. Rien d’exceptionnel au sein de l’armée, où les précédents de ce type sont nombreux.
Extrait de LCI
Et de trois. Avec le départ du général Lecointre officialisé ce dimanche, Emmanuel Macron va connaitre un troisième chef d’état-major des Armées sous un même mandat. La preuve d’une instabilité au sommet des armées françaises? Pas forcément. Au cours des dernières décennies, les prédécesseurs du chef de l’État ont, eux aussi, connu un jeu de chaises musicales. Souvent en raison de divergences sur la réduction des budgets et des effectifs militaires.
Un cas emblématique ? Le général Jean Lagarde, durant la présidence de Valéry Giscard d’Estaing. Chef d’état-major de l’armée de Terre depuis le 1er avril 1975, il avait quitté ses fonctions silencieusement le 30 septembre 1980, six mois avant la limite d’âge. Mais, neuf ans plus tard, il avait critiqué implicitement dans les colonnes du Monde la loi de programmation militaire qui avait alors été adoptée (1977-1982), déplorant que les gouvernements aient une « fâcheuse tendance à diminuer les crédits » de programmes dits secondaires, comme « les munitions ou les carburants ».
Plusieurs départs sous les mandats de François Mitterrand
Les critiques des lois de programmations militaires, François Mitterrand va y faire face durant ses deux mandats. Le général Jean Delaunay, qui avait succédé le 1er octobre 1980 au général Lagarde, a lui aussi anticipé son départ, le 9 mars 1983. Il s’était opposé au ministre socialiste de la Défense, Charles Hernu, à propos de la réduction de 10% des effectifs de l’armée de Terre, et avait mis en doute l’efficacité de la dissuasion nucléaire.
Quelques mois plus tard, c’est au tour de l’amiral Pierre Lacoste d’être au cœur de l’actualité : le 20 septembre 1985, ce chef de la Direction Générale de la Sécurité Extérieure (DGSE, services secrets) est limogé à la suite de l’affaire du Rainbow Warrior. Ce navire de Greenpeace avait été coulé le 15 juillet précédent par les services secrets dans le port d’Auckland, provoquant la mort d’un photographe portugais. Nouveau scandale, le 27 août 1991, quand le général de corps d’Armée Jean Salvan démissionne de son poste de commandant de la région militaire de l’Atlantique. Objectif ? Protester contre la réduction d’effectifs et de crédits.
« Je suis votre chef »
Il faudra attendre quelques années et le mandat de Nicolas Sarkozy pour que la « Grande muette » recommence à faire parler d’elle. Plus précisément le 1er juillet 2008, quand le général Bruno Cuche, chef de l’état-major de l’armée de Terre, démissionne suite à la fusillade intervenue le 29 juin à Carcassonne. Ce jour-là, 17 personnes avaient été blessées par un sergent ayant tiré par erreur à balles réelles lors d’une démonstration publique du 3e régiment de parachutistes d’infanterie de marine. « Il y a eu des négligences inacceptables. Elles devront être sanctionnées », avait déclaré le président Nicolas Sarkozy après les faits.
Plus récemment, c’est le général Pierre de Villiers qui avait défrayé la chronique. « Je suis votre chef », avait martelé en juillet 2017 Emmanuel Macron, devant un parterre de hauts gradés dans les jardins du ministère des Armées. En cause : les critiques émises par le général Pierre de Villiers sur les économies de 850 millions d’euros imposées à la défense. Le lendemain de ce violent recadrage, le chef d’état-major assistait, visage fermé, au traditionnel défilé militaire. Quelques jours plus tard, il quittait son bureau sous les applaudissements nourris de ses subordonnés, choqués par l’humiliation publique infligée à leur chef.
2. Malaise à l’état-major et au Quay d’Orsay (extraits)
Le canard enchainé
« Avant d’annoncer que les soldats français que les soldats français pourraient quitter le Mali, Macron n’avait pas pris une minute pour demander son n avis au chef d’état-major des Armées, François Lecointe. … Réaction d’un général : « Ou on reste et on continue à faire notre boulot ou on se retire, et ce ne sera pas facile, d’une opération qui a commencé en 2013 … cela risque de ressembler au déculottage des Américains en Afghanistan… »
La grogne gagne aussi les forces spéciales placées sous l’autorité du général Éric Viaud….
C’est aussi « à bas bruit » que des officiers de la DGSE s’expriment, affirmant qu’ils n’ont pas terminé leur boulot. ;
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3. « Le départ du général Lecointre ouvre le grand mercato des généraux » par Jean-Dominique Merchet de l’Opinion.
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Le départ du général François Lecointre, chef d’état-major des Armées, qu’il a personnellement annoncé ce dimanche 13 juin sur RTL, ouvre le grand mercato des généraux.
Dans la foulée, un communiqué du ministère des Armées a confirmé que le général Thierry Burkhard lui succèdera comme CEMA. La principale question est aujourd’hui de savoir qui le remplacera au poste de chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT) ?
Plusieurs noms circulent dont l’un revient avec insistance : celui de Pierre Schill, actuellement chef de la division emploi des forces- protection, à l’état-major des Armées. Il est un pur produit du 3e RIMa (malgré un passage au 2) et la 9e BIMa, comme le général Lecointre. Il a été plusieurs années à l’Élysée (état-major particulier). Les autres noms évoqués sont Hervé Gomart, major-général de l’armée de Terre, Éric Bellot des Minières, inspecteur général des Armées et Bruno Durieux, directeur du cabinet militaire du Premier ministre.
Dans l’armée de l’Air, on a appris le 2 juin que le chef d’état-major, Philippe Lavigne, partirait – comme ses prédécesseurs depuis 2009 – à Norfolk, comme commandant suprême Allié pour la transformation (SACT) de l’OTAN. Deux noms sont avancés pour lui succéder Fréderic Parisot (major général) et Stéphane Mille (sous-chef opérations à l’état-major des Armées).
D’autres postes de premier plan pourraient également changer. Notamment celui de G-COS (commandement des opérations spéciales). Éric Vidaud pourrait partir à la DRSD (Direction du Renseignement et de la Sécurité de la Défense), l’actuel détenteur du poste Éric Bucquet partant à l’Inspection générale des Armées. Le général Laurent Boïté, des forces spéciales de l’armée de l’Air, deviendrait alors G-COS. Aucun aviateur n’a eu ce poste depuis Jacques Saleun (1996-1999).
Le poste de Directeur du Renseignement Militaire (DRM) pourrait lui aussi changer, Jean-François Ferlet étant à ce poste depuis l’été 2017.
Enfin, le porte-parole de l’état-major des Armées (EMA-Com) changera lui aussi de titulaire cet été, le colonel Fréderic Barby (qui prendra le commandement de la 4e brigade d’aérocombat, avec ses étoiles) cédant son poste au colonel Pascal Ianni, en charge de l’Afrique au cabinet militaire de la ministre des Armées.
https://www.lopinion.fr/blog/secret-defense/depart-general-lecointre-ouvre-grand-mercato-generaux-246950
Quand les nominations seront officialisées nous vous apporterons quelques précisions.
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Biographie
du général d’armée François Lecointre, chef d’état-major des Armées.
Le général d’armée François Lecointre est né le 6 février 1962 à Cherbourg. Il est marié et père de quatre enfants.
Saint-cyrien de la promotion « Général Monclar » (1984 -1987), il choisit l’arme des troupes de marine, spécialité infanterie, et poursuit sa formation à l’École d’application de l’infanterie à Montpellier.
Il sert principalement au 3e régiment d’infanterie de marine à Vannes, comme chef de section de 1988 à 1991, officier adjoint puis commandant de compagnie entre 1993 et 1996, et enfin, en qualité de chef de corps de 2005 à 2007. Il sert également au 5e régiment interarmes d’outre-mer à Djibouti de 1991 à 1993.
Il a connu de nombreuses expériences
opérationnelles, en République Centrafricaine en 1989, lors de la Guerre du Golfe en 1991, en Somalie en 1993, au Gabon puis au Rwanda en 1994, à Sarajevo en 1995. C’est lors de cette mission effectuée sous mandat de l’ONU qu’il monte à l’assaut le 27 mai 1995 avec le lieutenant Bruno Heluin et ses hommes pour reprendre le poste du pont de Vrbanja. Il sera projeté en Côte d’Ivoire en tant que chef de corps avec son régiment lors de l’opération Licorne à l’hiver 2006.
Breveté de l’école de guerre en 2001, il sert durant quatre ans à l’état-major de l’armée de Terre, comme rédacteur des interventions du chef d’état-major, puis au bureau de conception des systèmes de forces. Après son temps de commandement de chef de corps, il est stagiaire au centre des hautes études militaires et auditeur à l’institut des hautes études de la défense nationale de 2007 à 2008, puis il assure la direction de la formation de la 58e session du centre des hautes études militaires des études. De 2009 à 2011, il sert au cabinet militaire du ministre de la Défense.
Le 1er août 2011, promu officier général, il prend la tête de la 9e brigade d’infanterie de marine, à Poitiers, pendant deux années. Il est engagé au Mali à la tête de la première mission européenne de formation de l’armée malienne de janvier à juillet 2013.
Le 1er août 2013, il retrouve l’état-major de l’armée de Terre comme chargé de mission, puis aux fonctions de sous-chef d’état-major « performance-synthèse » de 2014 à 2016. Il est promu général de division le 1er janvier 2015.
Depuis le 1er août 2016, il occupe les fonctions de chef du cabinet militaire du Premier ministre. Il est élevé aux rang et appellation de général de corps d’Armée le 1er mars 2017.
Le 19 juillet 2017, en Conseil des ministres, le général de corps d’armée Lecointre est élevé aux rang et appellation de général d’armée, et nommé chef d’état-major des Armées à compter du 20 juillet 2017.
Breveté d’études militaires supérieures, titulaire de quatre citations, le général d’armée François Lecointre est grand officier de la Légion d’honneur et commandeur de l’ordre national du Mérite.
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Biographie
du général d’Armée Thierry Burkhard, futur chef d’état-major des Armées.
Le général d’armée Thierry Burkhard est né le 30 juillet 1964 à Delle (90). Saint-cyrien de la promotion Cadets de la France libre (1985-1988), il choisit à l’issue de sa scolarité de servir dans l’arme de l’infanterie.
Après sa formation de chef de section à Montpellier, il est affecté au 2e régiment étranger de parachutistes (2e REP) à Calvi en Corse, où il prend notamment la fonction de chef de la section de commandos parachutistes. Promu capitaine en 1992, il est successivement officier adjoint puis commandant de compagnie. Il est projeté en Guyane, en Irak, en Ex-Yougoslavie, au Tchad et au Gabon.
En 1996, il rejoint l’état-major des Armées comme officier de quart au centre de planification et de conduite des opérations (CPCO). Promu chef de bataillon en 1997, il est breveté du collège interarmées de défense en 2000. Il est affecté ensuite au 4e régiment étranger (4e RE), à Castelnaudary, comme chef du bureau instruction emploi.
Promu au grade de lieutenant-colonel en 2001, il est affecté en 2002 à Cayenne, comme chef de la division opération de l’état-major interarmées des forces armées en Guyane (FAG). Il retourne à l’état-major des Armées en 2004 en tant que rédacteur puis adjoint à la cellule J3 EUROPE du CPCO. Il est promu colonel en 2005.
Il est ensuite détaché pendant une année en République de Côte d’Ivoire comme assistant militaire du général commandant la Force Licorne. Il occupe de 2007 à 2008 la fonction d’adjoint au conseiller communication du chef d’état-major des Armées. Dans ce cadre, il effectue deux missions en Afghanistan.
En 2008, il prend le commandement de la 13e demi-brigade de Légion étrangère (13e DBLE) à Djibouti. A partir d’août 2010, il assure la fonction de conseiller communication du chef d’état-major des Armées.
En septembre 2013, il est conseiller du coordonnateur national du renseignement à la présidence de la République. Promu général de brigade en 2014, il est ensuite affecté en août 2015 comme chef conduite du centre de planification et de conduite des opérations (CPCO) à l’état-major des Armées, avant d’en prendre le commandement en août 2017. Il est général de division la même année.
Général de corps d’Armée en 2018, il devient inspecteur de l’armée de Terre.
Il est nommé chef d’état-major de l’armée de Terre à compter du 31 juillet 2019, élevé le même jour au rang et appellation de général d’armée.
Le général d’armée Thierry Burkhard est commandeur de la Légion d’honneur, commandeur de l’Ordre national du Mérite, titulaire de la Croix de guerre des théâtres d’opérations extérieures et de la Croix de la Valeur militaire.
Ce qui n’est pas dit (NDLR) :
le général Thierry Burkhard a porté l’uniforme comme adolescent, d’abord à l’école militaire préparatoire technique du Mans, puis au Lycée militaire d’Aix-en-Provence …
Son prédécesseur comme CEMAT, le général d’armée Jean-Pierre Bosser, était issu du lycée militaire de Saint-Cyr l’École, et le général d’armée Elrick Irastorza, le précédent, des écoles militaires préparatoires d’Autun et d’Aix-en-Provence.
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