JEANNE DE BELLEVILLE
CORSAIRE

par Philippe Mallard (*)
Amiral


Corsaire du roi…d’Angleterre !


Pendant cette période estivale quelques lecteurs d’ESPRITSURCOUF vont vous conter quelques histoires de corsaires. Dès le numéro 115 du 8 juillet, l’amiral Mallard nous a donné quelques « définitions » des corsaires. Cette semaine il nous présente Jeanne de Belleville, une femme corsaire.

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Parmi tous ces aventuriers/héros il n’y a pas eu que des hommes… la première femme reconnue est la reine Teuta, vers 230 avant JC, qui opérait en Adriatique contre les romains !). Notons aussi quelques viking(e)s, une irlandaise, une marocaine (alliée de Barberousse) et deux anglaises, dont la récente Gertrude Stubbs, qui sévit jusque vers 1900. Enfin, pour les friands d’actualité, comment ne pas citer « Sister Ping », chinoise, devenue célèbre comme trafiquant(e) de migrants vers les USA et l’Europe et qui a travaillé jusqu’en 2104 !

Côté français, arrêtons-nous sur le destin assez extraordinaire de Jeanne de Belleville, généralement étiquetée comme bretonne, qui vécut à l’aube de la Guerre de Cents Ans, entre 1300 et 1350.
Jeanne est née dans le Poitou. Elle est la fille de Maurice de Montaigu de Belleville et de Létice de Parthenay, qui ont de nombreuses terres dans l’Ouest. On la marie à 13 ans à Geoffroy de Chateaubriant dont elle aura deux enfants, puis veuve, elle épouse en 1328 Guy de Penthièvre mais son mariage est annulé par le Pape et en 1330 elle épouse Olivier IV de Clisson, dont elle aura cinq enfants (dont le célèbre Olivier V ,connétable de France). Son mari est arrêté et décapité en 1343 pour félonie (il soutenait Jean de Montfort, allié des Anglais, dans la guerre de succession de Bretagne). Jeanne est bannie du royaume (de France).

Révoltée, elle lève une armée. Menacée sur terre en Bretagne, elle arme trois navires dont elle fait peindre la coque en noir et qui portent des voiles rouges .Elle mène la guerre contre les vaisseaux français et n’hésite à faire exécuter les marins prisonniers. Au bout de neuf mois, surnommée « la lionne sanglante », ses bâtiments sont capturés mais elle s’échappe, avec deux fils, sur une embarcation qui dérive pendant cinq jours (un fils meurt d’épuisement) avant d’être recueillie à Morlaix par les partisans de Montfort. Elle se réfugie en Angleterre avec son fils Olivier et épouse, en 1349, Walter Bentley, capitaine des troupes d’Edouard III en Bretagne ( et possédant de nombreux fiefs en Bretagne).

Épuisée, elle se retire à Hennebont et meurt, probablement en Angleterre, en 1359.

L’Histoire la considère comme corsaire- et non pirate- car elle avait sans doute reçu une lettre de course du Roi d’Angleterre, sur le modèle d’une « chasse partie »  (ou Charter Party ). Ce document est vu comme le prédécesseur des  « codes des corsaires » qui se répandront plus tard pour bien distinguer les corsaires des pirates. Il s’agissait d’une sorte de contrat de travail, engagement signé par chaque membre d’équipage. Le plus connu est celui d’Henry Morgan où l’on précise, par exemple, que celui qui perd ses deux jambes recevra 15 écus ou 15 esclaves, prendre un prisonnier qui donne des renseignements rapportera 100 piastres etc.…


Que voilà une belle aventure…. ne nous posons pas trop la question de sa légitimité. mais elle recèle bien, par ailleurs, les qualités reconnues aux corsaires : bons marins, audacieux, courageux et persévérants, bons combattants enfin. Quelques siècles plus tard, environ entre 1650 et 1850, les choses seront plus « structurées », mais l’esprit corsaire demeurera, même de nos jours bien sûr !

Pour compléter ce récit une brève histoire à écouter sur YouTube : « Qui est la Tigresse bretonne ?»


***************************……………..**Philippe Mallard

Philippe Mallard, amiral, a servi dans la Marine tant comme navigant que pilote. Après avoir exercé plusieurs commandements d’unités il a, notamment, été Préfet Maritime , Commandant de la Force d’Action Navale et Contrôleur Général des Armées. En Etat-major il a principalement traité de sujets politico-stratégiques. Il est membre de la 42è promotion de l’IHEDN.

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