ON LES APPELLE
« MARCHANDS DE CANONS »
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Pascal Le Pautremat (*)
Rédacteur en chef d’ESPRITSURCOUF
L’édition 2020 du Calepin des entreprises internationales de Défense vient de paraître. C’est l’occasion de réfléchir quelques instants sur ce domaine industriel, méconnu d’une majorité de français, et mésestimé par d’autres, qui se plaignent d’y sentir le soufre et la poudre. Il est pourtant bigrement intéressant de faire le point sur l’importance de l’économie de la Défense à l’échelle mondiale.
Enjeux économiques et géostratégiques…Si la géopolitique est apparue comme discipline à part entière à la fin du XIXe siècle, les éléments constitutifs, les situations multiséculaire ne cessent finalement de réitérer les mêmes constantes : jeux d’influence et enjeux de puissance, dans un monde multipolaire, à géométrie variable. Les obsessions de préservation des leaderships s’entrechoquent, et les États les plus en vue se montrent souvent aveuglés par leurs idéologies dogmatiques, dans un profond déni quant à leur fragilité nouvelle.
Toujours est-il que sur le plan international, nombre d’États, depuis plusieurs années, s’appliquent de nouveau à favoriser leurs politiques de Défense, en renouvelant leurs systèmes d’armes, en jouant de l’innovation proposée par les nouvelles technologies. Ainsi, le secteur d’achats et de ventes d’armes atteint des sommets.
En 2019, les dépenses mondiales ont franchi le plafond de 1 800 milliards de dollars sachant que les Etats-Unis, depuis le milieu du XXe siècle, occupent la première place en assurant, à eux seuls, quelques 40% des dépenses enregistrées. Leurs dépenses militaires se sont élevées l’an dernier à 726,2 milliards de dollars, soit quasiment l’équivalent de leur déficit annuel en 2018 ; déficit annuel qui, en 2019, est d’ailleurs presque de 1 000 milliards de dollars. Situation devenue surréaliste pour un pays dont l’endettement est dorénavant supérieur à 22 000 milliards de dollars !
Comparativement, la Chine, 2ème place mondiale en matière de dépenses dédiées à la Défense, avait un budget, en 2019, de 129 milliards de dollars.
Parmi les 8 autres pays qui constituent le groupe des plus grands investisseurs en matière de défense, citons, en ordre décroissant : l’Arabie saoudite, l’Inde, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la France et la Russie.
L’augmentation des dépenses d’armement est confirmée, dans l’Union européenne, avec une hause de 5,9%. Cela s’explique en partie par l’aspiration à concrétiser une véritable politique de Sécurité et de Défense commune (PSDC) mais aussi en vertu des directives de l’OTAN appelant à ce que l’effort de ses membres soit conséquent… On sait aussi combien les pays d’Europe de l’ouest sont convaincus de la nécessité de consolider la PSDC – leurs budgets de défense ont augmenté de 4%. Les pays d’Europe centrale et orientale (PECO), dont les budgets de défense ont augmenté de 12% en moyenne, sont quant à eux plus portés sur l’OTAN, attachés viscéralement à la puissance militaire des Etats-Unis, perçue comme seule garantie au regard de leurs préoccupations sécuritaires et de leurs appréhensions quant à la géopolitique russe.
Intelligence artificielle, robotisation, furtivité, optronie , véhicules d combat, aéronefs de nouvelle génération, marine de guerre, entre sous-marins et bâtiments de surface… Autant de domaines pour lesquels les industries de défense mettent en avant un panel de savoir-faire, sur un marché particulièrement concurrentiel.
Pour ceux qui s’intéressent au monde militaro-industriel, nous ne pouvons que recommander le Calepin des entreprises internationales de Défense, édition 2020, proposé par la Délégation générale de l’Armement et Xerfi MCI Market & Competitive Intelligence. En quelque 193 pages, est ainsi dressée une sélection d’une soixantaine d’entreprises multinationales, considérées comme les plus représentatives sur le marché mondial spécifique.
Chiffre d’affaires, parts défense et export, résultats d’exploitation sont ainsi les éléments mis en avant, au même titre que les carnets de commande, les principaux programmes, les coopérations et partenariats. Des éléments concrets, tangibles et précieux.
(*) Pascal Le Pautremat est docteur en Histoire contemporaine, diplômé en Défense et Relations Internationales, conférencier et chargé de cours dans l’enseignement supérieur sur les crises et conflits contemporains, en Économie Internationale et en Géopolitique, Sociologie, Doctrines politiques et Éthique politique et militaire.
Depuis 2017, il s’est tourné vers les sociétés et les structures publiques en matière d’analyses géopolitiques et géoéconomiques, de positionnement à l’étranger, d’analyses des risques et opportunités pays. Il est le directeur du cabinet ACTIONGEOS, Analyses et Conseils. https://www.actiongeos.com/
Officier (diplômé ORSEM) dans la réserve opérationnelle depuis 1993, il est auditeur de l’IHEDN, et rédacteur en chef d’Espritsurcouf.
Bonne lecture et rendez-vous le 10 février 2020
avec le n°131 d’ESPRITSURCOUF
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