COMMENT FAVORISER
LE MADE IN FRANCE
Anaïs Voy-Gillis (*)
Consultante en opérations industrielles
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Relocaliser nos industries ! Dieu sait combien ce thème alimente nos débats depuis un an. Les journaux, les radios, les télés y ont même dédié des rubriques spécialisées. Entre les discours et la réalité, il y a cependant une faille, que notre auteur s’efforce de combler. Une de ses armes, l’information.
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La crise sanitaire a mis sur le devant de la scène les questions industrielles et le « made in France ». Dès le premier confinement, les appels aux relocalisations et à renforcer notre souveraineté se sont multipliés. Les sondages ont également montré une volonté renforcée des Français de consommer des produits français.
Pourtant, il existe encore un décalage entre volonté d’acheter français et réalité de consommation. Différentes raisons expliquent cette situation : le Pouvoir d’achat, la diversité de l’offre « made in France », la qualité de l’information et surtout l’accès à l’information sur l’origine du produit, les contraintes européennes. Il est nécessaire de rappeler que les délocalisations et les destructions d’emplois industriels sont liées à nos choix de consommation.
Le développement d’une offre française repose sur nos capacités, à nous, consommateurs, de privilégier des produits français, mais repose aussi sur les entreprises, qui peuvent faire évoluer leurs stratégies d’approvisionnement, et également sur les pouvoirs publics, via les commandes publiques.
Dans un rapport de 2018, le Conseil d’orientation pour l’emploi a estimé que si les Français achetaient 10% de produits français parmi les biens consommés, 150 000 emplois nets seraient créés. Une étude du cabinet de PWC et du Conseil National des Achats, réalisée à l’été 2020, montre qu’une sécurisation de certains approvisionnements stratégiques, avec un approvisionnement en France, permettrait de créer environ 70 000 emplois.
Ces chiffres apparaissent d’autant plus importants quand on sait qu’un emploi direct dans l’industrie génère 3 à 4 emplois indirects. Il s’agit donc de recréer un cercle vertueux après 40 années de désindustrialisation.
Au-delà des questions économiques, il faut également évoquer des raisons environnementales. Les rapports s’empilent pour dire que notre modèle n’est plus soutenable, alors même qu’une production locale, en petites séries, dans des unités de production modernisées, permet de réduire notre impact sur l’environnement. Bien entendu, il faut que cela s’accompagne d’une réflexion sur le cycle de vie du produit et sur les impacts environnementaux de l’ensemble de la chaîne de valeur.
Enfin, n’oublions pas que le droit européen complexifie la traçabilité des produits puisque. La Cour de justice des Communautés européennes a jugé, dans les années 80, que l’obligation de mentionner l’origine d’un pays était incompatible avec le traité de Rome.
Ainsi, si l’administration connaît l’origine des produits pour appliquer les règles douanières, le consommateur, lui, n’a pas accès à cette information. Or, il faut offrir au consommateur cette information sur l’origine du produit, l’origine des principaux composants, les lieux des principales transformations, et leur impact environnemental. L’Union européenne ne le permet pas aujourd’hui.
L’accès à l’information est pourtant une clef, entre autres pour privilégier les entreprises vertueuses sur le plan environnemental et social. En outre, produire à proximité des lieux de consommation répond à des problématiques d’emplois et de décarbonation de notre économie.
Donner accès à l’information, c’est donner les moyens aux citoyens de faire un choix de consommation libre, éclairé et raisonné. C’est donner les moyens de soutenir nos industries et nos territoires.
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(*) Anaïs Voy-Gillis est docteure en géographie/géopolitique de l’Institut français de géopolitique (IFG). Ses travaux portent sur les enjeux et les déterminants de la réindustrialisation de la France. Elle travaille également au sein du cabinet June Partners et conduit des missions de conseil opérationnel auprès de clients industriels.
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Elle vient de publier « Vers la renaissance industrielle », Editions Marie B. (mars 2020), co-écrit avec Olivier Lluansi, Préfaces d’Agnès Pannier-Runacher et Louis Gallois.
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