- ACTUALITÉS INTERNATIONALES
- LES ENJEUX DE LA DÉFENSE FRANÇAISE
- INDUSTRIE ET ÉCONOMIE
- GRANDS PROBLÈMES DE DÉFENSE ET DE SÉCURITÉ
Jacques Raimond
- ACTUALITÉS INTERNATIONALES :
- Ce que cache l’intrigant rapprochement entre l’Arabie saoudite et la Russie
- Mr Trump et Jérusalem – un nouveau signal de désengagement américain des affaires du Proche-Orient ?
- Afrique subsaharienne : pas de développement sans sécurité et vice-versa ?
- LES ENJEUX DE LA DÉFENSE FRANÇAISE :
- LPM : « le mort saisit le vif »
- Une innovation pour sauver la vie des soldats blessés au combat
- La marine défend l’idée d’un second porte-avions
- INDUSTRIE ET ÉCONOMIE :
- Rafale et VBCI, le Qatar fait le choix de l’industrie française
- Young leaders, fondation Euris, IHEDN
- Conjuguer finance, stratégie et gouvernance de l’entreprise
- GRANDS PROBLÈMES DE DÉFENSE ET DE SÉCURITÉ :
- Intelligence : la France a-t-elle déjà perdu la guerre ?
- Des chercheurs belges lancent un appel pour une interdiction des « Killer robots »
- Tsahal s’investit dans le « Big Data »
ACTUALITÉS INTERNATIONALES
1 – Ce que cache l’intrigant rapprochement entre l’Arabie saoudite et la Russie (Challenges, Jean-Sylvestre Mongrenier, chercheur associé à l’institut Thomas Moore)
L’ouverture à Genève d’un nouveau cycle de négociations sur l’avenir de la Syrie (« Genève V ») a été précédée de diverses manœuvres diplomatiques. L’organisation à Sotchi d’un ballet chorégraphié par Vladimir Poutine et la restructuration de l’opposition syrienne, conviée à Riyad, invitent à se pencher sur les relations russo-saoudiennes et leurs perspectives. Pour mémoire, il importe de rappeler que les relations diplomatiques entre Moscou et Riyad n’ont été instaurées qu’en 1991. Le soutien de la Russie aux forces serbes en Bosnie, puis les deux guerres menées contre la république de Tchétchénie (1994-1996 et 1999-2005) ont eu leurs contrecoups, Riyad se posant en protecteur des populations musulmanes des Balkans et du Caucase. Au vrai, les relations russo-saoudiennes sont plus suivies qu’on peut le penser, l’alliance entre Moscou et Téhéran limitant toutefois la possibilité d’une étroite entente.
Riyad parraine la Russie au sein de l’OCI
De prime abord, il convient de comprendre que les dirigeants russes considèrent leur pays comme une puissance musulmane, et ce depuis les conquêtes opérées par Ivan le Terrible, qui règne de 1533 à 1584, aux dépens des Tatars de la Horde d’Or, puis lors de la poussée territoriale au-delà de l’Oural et vers le Turkestan occidental. De fait, la Russie contemporaine compte environ un cinquième de musulmans et elle constitue le réceptacle d’une importante immigration en provenance d’Asie centrale. C’est à ce titre que Moscou a revendiqué un statut d’observateur au sein de l’OCI (Organisation de la Coopération Islamique), qu’elle obtient en 2005, avec l’appui de l’Iran, mais aussi celui de l’Arabie Saoudite. A cette occasion, Sergueï Lavrov, inamovible ministre des Affaires étrangères, déclare : « La Russie est une grande puissance eurasienne située à la charnière des civilisations et riche d’une expérience unique de la coexistence et de la coopération de multiples cultures. Nous faisons partie intégrante des mondes chrétien aussi bien que musulman. L’Islam nous est parvenu dès les origines » (Sanaa, 29 juin 2005). Poutine reprend ensuite à son compte cette profession de foi multiculturaliste (Riyad, 12 juin 2007). Notons que ce discours est méconnu par tous ceux qui voient en la Russie une barrière contre l’Islam. Au milieu des années 2000, l’amélioration sensible des relations avec l’Arabie Saoudite laisse donc espérer une percée diplomatique dans le Golfe, avec son lot de contrats d’armements et de commissions juteuses. Du côté de Riyad, l’idée directrice consiste à instrumentaliser ces hypothétiques contrats afin d’introduire un coin au beau milieu du partenariat géopolitique russo-iranien élaboré dans le cadre de la « doctrine Primakov » et d’obtenir de la Russie qu’elle rallie le front des pays hostiles au programme nucléaire de Téhéran. Déjà, les régimes arabes sunnites s’inquiètent des ambitions régionales de l’Iran et d’un futur « croissant chiite », faussement présenté en Europe comme une pure construction idéologique.
L’Arabie Saoudite face au front russo-chiite
Bientôt, le « Printemps arabe » (2011) et ses développements guerriers mettent fin à ce rapprochement inabouti entre la Russie et l’Arabie Saoudite. En Syrie, Moscou et Riyad se tiennent sur les deux versants opposés du conflit. Quand l’Arabie Saoudite et d’autres pays arabes sunnites, ainsi que la Turquie, soutiennent l’opposition syrienne et une nébuleuse de groupes armés, la Russie renforce ses liens avec le régime de Bachar Al-Assad, lui-même allié depuis les années 1980 au régime chiite-islamique de Téhéran. C’est au cours des premières années de guerre qu’une stratégie russe de retour sur la scène moyen-orientale est élaborée. Dans le même mouvement, le partenariat russo-iranien se transforme en une alliance militaire, les forces des deux pays intervenant sur le théâtre syrien (septembre 2015). Avec cette intervention combinée, un front russo-chiite prend forme ; il permet à Moscou comme à Téhéran de développer leur domination dans la partie septentrionale du Moyen-Orient. En contrepartie, la Russie se retrouve engagée dans la guerre froide irano-saoudienne, avec en toile de fond un double affrontement séculaire : entre Perses et Arabes sur le plan ethnico-linguistique ; entre Chiites et Sunnites sur le plan religieux. La guerre en Syrie, le surgissement de l’« Etat islamique » dans une zone à cheval sur les frontières issues de la dislocation de l’Empire ottoman et ses prolongements en Irak, mis à mal par le retrait précipité des troupes américaines, placent le Moyen-Orient sous la menace d’une déflagration régionale. Le contexte géopolitique met fortement à l’épreuve les relations entre l’Arabie Saoudite et la Russie. A certains égards et sans véritablement le vouloir, les deux pays sont plongés dans une guerre par procuration. A contrario des thèses anti-interventionnistes qui dominent les politiques occidentales, le chaos syrien ne peut pas être strictement borné.
Le rapprochement entre Moscou et Riyad
Dans cette superposition de conflits conduits par des alliances hétérogènes entre acteurs aux objectifs contradictoires, il existe cependant des marges de manœuvre pour une diplomatie de guerre. L’impéritie de la politique menée par Barack Obama, avant tout soucieux de négocier un accord nucléaire avec Téhéran, a ouvert un boulevard à l’activisme militaire de la Russie et de l’Iran, renforcés par le Hezbollah et les milices panchiites qui lui sont affidées. Au total, le régime de Damas et ses « parrains » parviennent à reconquérir une large partie du territoire perdu, davantage au détriment de l’opposition syrienne que de l’« Etat islamique » et du djihadisme sunnite. Il faut bien que l’Arabie Saoudite prenne en compte le nouveau rapport des forces.
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https://www.challenges.fr/monde/moyen-orient/ce-que-cache-l-intrigante-alliance-entre-l-arabie-saoudite-et-la-russie_516048
2 – Mr Trump et Jérusalem – un nouveau signal de désengagement américain des affaires du Proche-Orient ? (Institut Montaigne, Michel Duclos, conseiller spécial géopolitique)
En reconnaissant Jérusalem comme capitale de l’Etat d’Israël et en lançant le transfert de l’ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem, le président Trump a donc rompu avec la politique de tous ses prédécesseurs – et s’est écarté du consensus international fixé par les résolutions du Conseil de Sécurité des Nations Unies.
Quelles pourraient être, dans l’immédiat, à court terme et à plus longue échéance, les conséquences de cette décision ?
« La reconnaissance par Washington de Jérusalem comme capitale de l’Etat hébreu aura pour premier effet de compromettre l’entreprise de relance du processus de paix entamée par M. Trump »
Dans l’immédiat, l’attention va se porter sur les réactions populaires dans le monde arabe et sur les prises de position des gouvernements de la région. On peut craindre des manifestations, voire des attaques sur les ressortissants américains ou les implantations des Etats-Unis, en particulier dans les territoires occupés ou dans des pays plus sensibles comme la Jordanie. Depuis plusieurs années, les experts du Proche-Orient débattent de l’importance que conserve la question palestinienne dans l’opinion des pays arabes et musulmans. Certains estiment que les esprits ont évolué et que la « cause palestinienne » a perdu auprès des générations actuelles du monde arabo-musulman, beaucoup du caractère central, presque sacré, qu’elle avait dans les générations précédentes. D’autres considèrent que, sous des formes différentes d’il y a quelques décennies, de manière sans doute moins politique, le sort de la Palestine continue à revêtir une portée très forte dans la psyché arabe et musulmane. Jérusalem se situe en tout cas au cœur de la sensibilité musulmane et donc arabe. La décision de Donald Trump pourrait de ce point de vue constituer une sorte de « reality check« , à condition toutefois d’interpréter les réactions immédiates de la « rue arabe » avec circonspection : à l’époque de la transition démographique et des réseaux sociaux, le sentiment profond des peuples du Proche-Orient peut se manifester autrement que par des mouvements de foule spectaculaires ou des actes de violences – et de manière en fait plus durable. Au-delà des réactions immédiates, la reconnaissance par Washington de Jérusalem comme capitale de l’Etat hébreu aura pour premier effet de compromettre l’entreprise de relance du processus de paix entamée par M. Trump. On peut dire avec cynisme que c’est là un effet mineur car personne ne croyait vraiment à la possibilité de progrès dans un dossier généralement considéré comme sans espoir.
« C’est d’ailleurs le timing qui surprend le plus dans la décision de M. Trump : pourquoi maintenant, au risque de tuer dans l’œuf son « initiative de paix » ? »
Le fait est cependant que le président Trump avait été très loin dans l’affirmation qu’il allait réussir à établir la paix – le « deal ultime » dans son langage – et avait confié une mission précise en ce sens à son gendre, Jared Kushner, et à certains de ses plus proches conseillers. Ceux-ci ont multiplié les contacts dans la région et leurs idées étaient attendues pour le début de l’année prochaine. Le poids des symboles est plus fort que la valeur des mots. Prise au pied de la lettre, la déclaration de M. Trump n’exclut pas que Jérusalem Est puisse un jour devenir capitale de l’Etat palestinien. Elle précise que les Etats-Unis réservent leur position sur le périmètre de la souveraineté israélienne à Jérusalem et rappelle même que le statut et les limites de la ville sainte ne pourront être fixés que par les parties. Il reste que M. Trump est perçu comme donnant satisfaction à Israël, sur un sujet particulièrement sensible, au mépris des droits des Palestiniens. On ne voit pas, dans ces conditions, comment M. Abbas pourrait continuer à jouer le jeu d’une attitude constructive vis-à-vis d’une médiation américaine qui fait preuve d’une telle partialité. C’est d’ailleurs le timing qui surprend le plus dans la décision de M. Trump : pourquoi maintenant, au risque de tuer dans l’œuf son « initiative de paix » ?
« Un « accord de paix » israélo-palestinien, fût-ce au rabais, aurait ouvert la voie à une normalisation des relations entre les Etats du Golfe et l’Etat hébreu. »
La vraie portée de la décision américaine pourrait toutefois n’apparaitre qu’à plus long terme.
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http://www.institutmontaigne.org/blog/m-trump-et-jerusalem-un-nouveau-signal-de-desengagement-americain-des-affaires-du-proche-orient
3 – Afrique subsaharienne : pas de développement sans sécurité et vice-versa ? (IRIS, le point de vue de Serge Michailof)
Alors que s’est tenue la 5e édition du sommet Union africaine/Union européenne la semaine dernière, le véritable enjeu semble porter sur la situation sécuritaire au sein de la zone sahélo-saharienne et la création d’une force multinationale conjointe du G5 Sahel. Celle-ci sera d’ailleurs l’objet d’une rencontre internationale le 13 décembre prochain. Le point de vue de Serge Michailof, chercheur associé à l’IRIS, ancien directeur à la Banque mondiale et ancien directeur exécutif de l’Agence française de développement.
La 5e édition du sommet Union européenne / Union africaine d’Abidjan a placé la thématique sécuritaire au cœur des discussions, au premier rang desquelles, la lutte contre le terrorisme. Qu’en est-il de l’africanisation des politiques de sécurité et de défense par les organisations régionales ?
Dans l’immédiat, le véritable enjeu porte sur la zone sahélo-saharienne. La création d’une force multinationale conjointe des pays du G5 Sahel – comprenant la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad – a constitué à ce titre, une initiative africaine importante. Il s’agit d’une véritable force d’intervention avec ses moyens propres. Actuellement la décision de constitution de cette force est actée, une partie des financements permettant son fonctionnement a été sécurisée. Le budget initial qui portait sur un montant de 423 millions d’euros a été réajusté entre 220 et 250 millions, ce qui apparaît suffisant pour faire fonctionner cette force. Aujourd’hui, il y a une participation de la France en équipement et de l’Union européenne à hauteur de 50 millions d’euros, ce qui laisse penser que l’opérationnalisation ne devrait être qu’une question de mois. Il importe également de mentionner la récente inflexion américaine sur le plan budgétaire, ainsi que le concours de l’Arabie Saoudite. Cela étant, si les Etats-Unis ont l’équivalent d’un bataillon entre le Mali, le Niger et la Mauritanie, leur veto concernant le rattachement de cette force sous l’égide de l’ONU montre que certains aspects ne sont pas encore clarifiés.
Une rencontre internationale aura lieu ce 13 décembre dans le but d’accélérer l’opérationnalisation de cette force conjointe du G5 Sahel. Que doit-on en attendre ?
Cette réunion du 13 décembre est essentiellement consacrée à la mobilisation des ressources financières nécessaires à son opérationnalisation. Les montant mobilisés devront avoir un aspect récurrent sur un temps correspondant à la durée d’engagement de cette force. Les missions qui lui sont assignées sont assez claires : il s’agira de sécuriser les frontières et d’éviter leur perméabilité afin d’entraver la circulation des groupes armés. Sur le plan logistique, cette force conjointe bénéficiera de l’appui de l’opération Barkhane ainsi que de la Mission de maintien de la paix des Nations unies au Mali (MINUSMA). Il faut néanmoins prendre conscience du fait que des opérations militaires ne règleront pas d’elles-mêmes le problème de la sécurité. Au-delà de l’élimination des groupes djihadistes, doit se mettre en place un appareil étatique et sécuritaire qui fait cruellement défaut au Mali, même s’il fait preuve d’une plus grande résilience dans les pays voisins.
En marge du sommet UE/UA, une réunion d’urgence a été organisée à l’initiative d’Emmanuel Macron pour apporter des solutions à court terme à la situation migratoire en Libye. Avec ou sans le soutien de la France, se dirige-t-on vers une intervention militaire interafricaine ?
Les déclarations du président Emmanuel Macron ont donné lieu à des interprétations diverses et variées. En réalité, on ne sait pas à l’heure actuelle ce qu’il a exactement en projet. Tout en sachant qu’il est plus judicieux qu’il ne précise pas plus ses intentions en la matière si intervention militaire il devait y avoir.
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http://www.iris-france.org/104022-afrique-subsaharienne-pas-de-developpement-sans-securite-et-vice-versa/
LES ENJEUX DE LA DÉFENSE FRANÇAISE
1 – LPM : « le mort saisit le vif » (TTU Online)
Comment la future Loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025 parviendra-t-elle à résoudre la difficile équation consistant à intégrer les commandes passées par les gouvernements précédents – le «mort saisissant le vif» – tout en préparant l’outil militaire de demain ? Ceci compte tenu du «format» actuel des armées françaises, structurées autour du binôme dissuasion/armée expéditionnaire. Après une LPM bâtie autour de la survie industrielle, devant surtout assurer suffisamment de production pour préserver les savoir-faire industriels, il s’agira cette fois de réussir le pari de la cohérence capacitaire, étant entendu que la trajectoire budgétaire prévue ne permet pas d’envisager en même temps le renforcement – indispensable – du modèle existant et le lancement d’une panoplie de capacités dites du «haut du spectre». L’urgence est aujourd’hui à la densification d’un modèle d’armée polyvalent qui a fait ses preuves sur les théâtres de la BSS ou du Moyen-Orient, mais qui manque d’épaisseur – de masse – et reste fragile. Cela concerne autant le renouvellement des blindés de l’armée de terre et des avions-ravitailleurs que la densification des moyens de transport tactique, de chasse ou d’artillerie. Mais aussi (et surtout) la question du déficit en matière de ressources humaines, sur lequel ont particulièrement insisté les trois chefs d’état-major dans leurs récentes auditions. D’autant que les besoins du soutex et l’évolution des grands contrats exports vers davantage d’accords de gouvernement à gouvernement risquent de faire peser un poids croissant sur les effectifs du ministère. La question du lancement de certaines capacités stratégiques ou du haut du spectre ne pourra donc se poser qu’en fin de LPM, si, bien sûr, la trajectoire budgétaire le permet. Alors que les premières études devraient être lancées en début de cycle. Pour partie portées par la dissuasion, ces capacités seront essentielles au maintien de certaines compétences industrielles, à celui de la crédibilité capacitaire de la France dans ses opérations en coalition comme vis-à-vis des menaces étatiques. En particulier les capacités d’entrée en premier, la densification des moyens de défense sol-air, le renforcement des moyens spatiaux ou l’augmentation de la cible de SNA. Mais aussi deux chantiers majeurs relevant directement d’une volonté politique : l’avenir de l’aviation de chasse (et en même temps de l’aéronautique militaire européenne !) et le choix d’un second porte-avions Faudra-t-il envisager une rénovation à mi-vie significative du Rafale (avec ajout de briques de furtivité, de nouveaux moyens de guerre électronique…) ou après l’accord de juillet 2017, Paris et Berlin aboutiront-ils à un projet franco-allemand de futur avion de combat, soutenu notamment par Airbus et préservant l’avenir de l’ensemble de la filière ? L’enveloppe budgétaire, revue à la hausse, des études amonts devrait permettre à l’industrie de préparer ces hypothétiques capacités d’avenir, même s’il leur faudra être en mesure «d’absorber» ce pic à un milliard d’euros.
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https://www.ttu.fr/lpm%E2%80%88-mort-saisit-vif/
2 – Une innovation pour sauver la vie des soldats blessés au combat (zone militaire, Laurent Lagneau)
Parmi les principales causes de décès de soldats blessés au combat, les hémorragies, provoquées par balle ou par éclat, sont l’une des plus importantes. Et quelques innovations (système XStat, garot jonctionnel) ont été mis au point afin d’augmenter les chances de survie en arrêtant au plus vite la perte de sang. Mais l’hémorragie n’est pas le seul risque mortel pour un soldat blessé : il y a également l’infection d’une plaie, susceptible d’évoluer en septicémie. Ce risque est d’autant plus grand que certains environnements sont propices au développement de microbes. D’où le projet développé par MDB Texinov, une PME française qui n’est plus vraiment une start-up puisqu’elle a été créée en 1972. Spécialisée dans l’ingénierie et la conception de textiles techniques, cette entreprise implantée à Saint Didier de la Tour (Isère) a mis au point le pansement « Lacto-Tex », censé éviter l’infection d’un soldat blessé. Concrètement, ce pansement intègre une enzyme qui a la capacité d’arrêter la prolifération des bactéries et d’inhiber leur virulence, en bloquant leur système de communication. L’avantage est ainsi d’éviter de recourir aux antibiotiques, auxquels les bactéries sont de plus en plus résistantes. Ce pansement « Lacto-Tex » a été présenté à l’occasion du Forum Innovation de la Direction générale de l’armement (DGA), organisé le 7 décembre à Palaiseau.
3 – La marine défend l’idée d’un second porte-avions (Challenges)
Le chef d’état-major de la Marine, l’amiral Christophe Prazuck, a défendu lundi « l’ambition de deux porte-avions » pour la France, qui permettraient d’assurer une « permanence à la mer », alors que la prochaine Loi de programmation militaire (2019-2025) est en cours d’élaboration. Le chef d’état-major de la Marine, l’amiral Christophe Prazuck, a défendu lundi « l’ambition de deux porte-avions » pour la France, qui permettraient d’assurer une « permanence à la mer », alors que la prochaine Loi de programmation militaire (2019-2025) est en cours d’élaboration. « L’ambition de deux porte-avions, la permanence d’un porte-avion (en mer, ndr), peut être une ambition pour notre pays », a-t-il déclaré lors d’une rencontre avec l’Association des journalistes de défense. « C’est un outil militaire incomparable et c’est un outil politique, qui permet d’entraîner nos partenaires européens », a fait valoir l’amiral, en rappelant que « le Charles de Gaulle est allé frapper Daech (acronyme arabe du groupe Etat islamique, ndr) trois fois, chaque fois il était accompagné par une frégate belge, une frégate allemande, britannique ou italienne ». Le « Charles de Gaulle », seul porte-avions français, subit depuis février à Toulon une vaste rénovation longue de 18 mois, qui doit redonner une seconde vie à ce bâtiment pour les 20 prochaines années. Mis en service en 2001, il avait déjà été immobilisé une première fois en 2007.
Quelle ambition pour la France ?
Selon l’amiral Prazuck, une dizaine de pilotes de l’aéronavale iront s’entraîner sur un porte-avions américain en avril-mai, avant une première sortie à la mer du Charles de Gaulle « en milieu d’année », qui permettra la reprise de l’entraînement du groupe aéronaval. La Marine table sur « une qualification de l’ensemble début 2019 » avant le retour du porte-avions en opération. « Quinze ou vingt ans avant le retrait du service actif du Charles de Gaulle, la question de savoir par quoi on va le remplacer se pose aujourd’hui, avec quel avion, quel drone de combat? » , a argumenté le chef d’état-major de la Marine, en évaluant le coût des études pour le renouvellement du porte-avions à « quelques centaines de millions » d’euros. « La deuxième question, c’est: a-t-on l’ambition de revenir à la situation qu’on a connue jusqu’en 1997, c’est-à-dire avoir une permanence de porte-avions? » avec toujours un à la mer quand l’autre est en rénovation, s’est-il interrogé. Jusqu’à cette date, la France disposait de deux porte-avions, le « Foch » et le « Clémenceau ». Au premier semestre 2018, la loi de programmation militaire déclinera les moyens alloués aux armées de 2019 à 2025 en fonction de leurs missions, donnant lieu à un intense lobbying de la Marine, de l’armée de l’Air et de l’armée de Terre en faveur de leurs besoins respectifs.
INDUSTRIE ET ÉCONOMIE
1 – Rafale et VBCI, le Qatar fait le choix de l’industrie française (Défense. Gouv.fr, Dicod)
Lors de la visite du président de la République, Emmanuel Macron, dans la capitale du Qatar, le 7 décembre 2017, Florence Parly et son homologue qatarien , Khalid bin Mohamed al-Attiyah, ont signé l’accord de vente pour 12 avions Rafale complémentaires et la lettre d’intention d’achat de 490 véhicules blindés VBCI. La ministre des armées se félicite de la volonté exprimée par le Qatar, à l’occasion de la visite du président de la République à Doha, le 7 décembre 2017, d’acquérir 12 Rafale complémentaires. Elle se réjouit également de la signature d’une lettre d’intention pour acquérir 490 véhicules blindés VBCI, désignés vainqueurs de la compétition organisée par le Qatar. Florence Parly avait invité fin novembre à Paris son homologue du Qatar pour échanger en détail sur ces sujets, qui ont par ailleurs fait l’objet d’intenses négociations au cours des dernières semaines avec Dassault Aviation et Nexter. La ministre a pu également à cette occasion évoquer d’autres sujets d’armement, et préparer une lettre d’intention en vue d’un accord sur le statut des forces françaises au Qatar et qatariennes en France. L’ensemble de ces sujets a été évoqué à nouveau lors d’un entretien téléphonique, à la demande de la ministre, le 6 décembre, pour parvenir à un accord en vue de la visite présidentielle. Le choix qu’a fait le Qatar de l’industrie française témoigne à la fois de la qualité de la coopération bilatérale et de l’excellence technologique des entreprises françaises. Les exportations sont vitales pour l’industrie de défense et l’équipement des forces armées tricolores. Elles contribuent à l’autonomie stratégique et au rayonnement de la France.
2 – Young leaders, fondation Euris, IHEDN (Le Nouvel économiste, Patrick Arnoux)
Les élites se forgent aussi hors des fabriques conventionnelles des grandes écoles
Les réseaux, ce n’est pas nouveau, sont devenus des marches essentielles pour gravir l’échelle de la réussite. Les liens tissés entre ses membres, l’entre-aide, ce sentiment d’appartenir à un monde aux valeurs partagées, font figure d’atouts de plus en plus décisifs dans cet univers humain mondialisé et parfois déshumanisé. La “coagulation” se transforme parfois en amitié, parfois en gage de futures opportunités. Ce vieux concept quelque peu usé – les “relations” – prend des allures de modernité quand il s’agit d’évoluer sur des parcours si peu balisés. Les contacts capitalisés dans les jeunes années se révèlent alors de précieux auxiliaires de navigation. Dans des genres particulièrement différents, c’est l’esprit de ces trois “réseaux” choisis parmi bien d’autres. Ils ont le mérite justement de miser sur la méritocratie, choisissant les meilleurs pour les rendre encore meilleurs. Comme le font depuis 1981 les young leaders de la FrenchAmerican, et depuis 2000 la Fondation Euris et l’IHEDN (Institut des hautes études de Défense nationale).
L’accélérateur des young leaders
Quel est donc le point commun partagé par Alain Juppé, Jérôme Clément, Emmanuel Macron, Édouard Philippe, Emmanuel Chain, Laurent Joffrin, Henri de Castries, Frédéric Mazzella, Mathieu Pigasse, Alexandre Bompard, Pierre Kosciusko-Morizet, Alexandre de Juniac, François Henrot, ou Cedric Villani, François Hollande, Jean-Marie Colombani ? Avoir communié, à un moment de leur jeune destinée, aux valeurs de l’amitié franco-américaine par la grâce de deux courts séminaires d’une semaine, l’un dans l’Hexagone et l’autre outre-Atlantique, qui ont consacré leur talent de Young Leaders. Il faisait bien froid dans les relations entre les deux pays quand en 1981, la French-American Foundation décide de les réchauffer quelque peu, sur le long terme, en semant dans quelques beaux esprits bien choisis les graines d’une entente épanouie. Ce travail d’influence de fond sur les élites porte en anglais un joli nom, celui de “soft power”. Nicolas Dupont-Aignan, Najat Vallau-Belkacem, Sylvie Kauffmann, Alain Minc, Arnaud Montebourg, Aquilino Morelle, Pierre Moscovici, Yves de Kerdrel, Nathalie Kosciusko-Morizet, Anne Lauvergeon en ont également bénéficié. Et si l’on en croit les trajectoires professionnelles de ces ex-trenta déjà équipés de leadership, les jurys successifs n’ont pas trop mal choisi ! Cette confrérie n’est pas secrète, mais plutôt discrète voire confidentielle. Il est vrai que ses avantages ne sont distillés qu’à une micro-cohorte de talents prometteurs. Une dizaine. Avec un parti pris d’élitisme assumé, puisque légitimé par la méritocratie. Le professeur de sociologie Ezra Suleiman, fin connaisseur des élites françaises et surtout parrain de la première promotion, explique dans son livre ‘Schizophrénies françaises’ sa mission : “trouver les personnes qui feraient l’opinion et seraient les dirigeants de leurs sociétés respectives”. “Le fait qu’un nombre limité de personnes bardées de diplômes puisse être sélectionné satisfait au plus haut point l’esprit de compétition de l’élite française”, dit-il.
“Le fait qu’un nombre limité de personnes bardées de diplômes puisse être sélectionné satisfait au plus haut point l’esprit de compétition de l’élite française”
Le ciment qui réunit ses membres tient essentiellement aux débats animant ces intenses sessions d’une semaine, durant le programme de deux ans, l’un aux États-Unis, l’autre en France. Afin de resserrer certes les liens de l’entente franco-américaine, surtout lorsque les tensions transatlantiques les bousculent ! Mais ce sont en fait les liens qu’ils réussissent à tisser entre eux qui seront beaucoup plus décisifs pour leur avenir professionnel. Le secret de fabrication de ces séminaires tient aux frottements fructueux d’esprits forts différents, ajoutés aux rencontres aux plus hauts niveaux avec les grands décideurs américains, grâce à quelques plongées au cœur des réacteurs – cette année dans la Silicon Valley et le centre de commandement de l’OTAN. D’où l’importance du casting, particulièrement soigné, et stimulé auprès d’un jury de 15 membres par une cohorte de flatteuses recommandations. Le filtre a ensuite des allures d’entonnoir fatal. Si chaque année, près de 200 candidats font parvenir leur dossier, une centaine de postulants seulement sont retenus pour un examen approfondi, parmi lesquels survivront une dizaine de young leaders.
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https://www.lenouveleconomiste.fr/young-leaders-fondation-euris-ihedn-61964/
3 – Conjuguer finance, stratégie et gouvernance de l’entreprise (The Conversation, Roland Perez, professeur des universités (ER))
« Cet article est publié dans le cadre du premier festival de la Revue Française de Gestion, « Finance, stratégie, gouvernance : 40 ans de Revue Française de Gestion » organisé le 17 novembre 2017 à l’IAE de Grenoble en partenariat avec le CERAG, The Conversation France et XERFI Canal Productions. Les auteurs du numéro spécial de la RFG « Concilier finance et management » publié en 2009 et coordonné par Michel Albouy, étaient invités à s’exprimer sur le thème : « Une décennie après la crise financière : quel regard, quelles évolutions… ? »
La vie des entreprises, depuis toujours, est remplie d’évènements de nature diverse : une success story ici, des difficultés, voire un crash là, un spectaculaire redressement ailleurs ; histoires concrètes dont l’analyse met l’accent, selon les faits étudiés, sur la finance, la stratégie ou la gouvernance du/des entreprise(s) concernée(s), parfois sur l’ensemble de ces éléments représentatifs des relations des firmes entre elles et avec les sociétés humaines dans lesquelles ces firmes agissent.
Croiser les éléments d’analyse
L’analyste peut faire appel aux corpus qui se sont progressivement constitués sur chacune de ces composantes – la Finance, la Stratégie, la Gouvernance – mais ne peut en rester là ; il doit s’efforcer de mettre en relief les relations, parfois antagonistes, entre ces éléments d’analyse.
Cette recommandation nous paraît justifiée pour plusieurs raisons convergentes :
- d’une part, la réalité des entreprises appelle forcément à croiser, sur un même terrain, les analyses issues de ces différents corpus, les amenant à dialoguer
- d’autre part, le rapprochement de différents angles d’études permet de mettre en relief des liaisons, des tensions, voire des impasses dans la vie des firmes concernées
- enfin, utiliser conjointement des outils d’analyse en provenance de corpus différents permet parfois de révéler le cadre conceptuel, parfois implicite, de ces outils.
Après un rappel des principales liaisons entre les domaines étudiés, rappel étayé de quelques exemples, on présentera quelques réflexions sur les évolutions en cours.
Des liaisons fructueuses
En schématisant, on peut observer les grandes liaisons suivantes
Le projet d’entreprise et la stratégie qui lui est associée sont à relier au régime de gouvernance :
- Les dirigeants d’une entreprise familiale s’inscrivant dans une lignée intergénérations auront à cœur d’en conserver le contrôle ; en conséquence, dans leur projet d’entreprise sous-tendant la stratégie, les objectifs de pérennité l’emporteront souvent, ici sur la rentabilité, là sur la croissance ;
- Une start-up, au contraire, sera orientée vers une forte croissance portée par l’innovation majeure qui l’a vue naître ; elle n’hésitera pas à prendre des risques importants pour cela (la mortalité de ces start-up est élevée) ; la rentabilité ne sera pas la finalité principale, du moins immédiate, car en cas de succès elle peut se révéler considérable (cf les fameuses « licornes ») ;
- Une grande société cotée, dont le capital est diffusé, notamment entre de multiples fonds d’investissement, y compris quelques fonds dits « activistes », sera amenée à être plus attentive à sa rentabilité et à justifier ses choix stratégiques auprès de ses actionnaires.
Stratégie et Finance forment un couple indissociable et parfois antagoniste :
La liaison paraît évidente à quiconque a été amené à établir ou étudier un business plan, que ce soit pour un entrepreneur individuel ou pour un projet d’envergure émanant d’un grand groupe. Toute stratégie industrielle et commerciale, pour être mise en œuvre, a besoin de ressources et donc de finance pour acquérir ces ressources en externe ou pour les produire en interne. Les contraintes financières peuvent limiter la constitution de ces potentiels de ressources et par là brider la stratégie.
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https://theconversation.com/conjuguer-finance-strategie-et-gouvernance-de-lentreprise-88133
GRANDS PROBLÈMES DE DÉFENSE
ET DE SÉCURITÉ
1 – Intelligence : la France a-t-elle déjà perdu la guerre ? (Politique matin, Daniel Rémy)
Voilà bientôt un demi-siècle (en 1971, précisément…) que Bernard Esambert, ancien Président de l’Ecole Polytechnique, de l’Institut Pasteur et de l’Ecole des Neurosciences, inventait le concept de « guerre économique », un concept abondamment développé dans un ouvrage publié en 1977 : « Le troisième conflit mondial » (Plon).
La « guerre du feu », ancêtre de la guerre économique
Prêchant dans le désert (le landerneau politique et technocratique franco-français) son discours allait s’en trouver conforté à l’occasion de la publication, en 1988, d’un livre écrit par Richard Nixon : « 1999 : la victoire sans la guerre » (Simon et Schuster). Ce dernier, démissionnaire à la suite du Watergate, y décrivait « par le menu » la stratégie mise en place par l’Amérique aux fins de dominer le monde sans partage. Bizarrement, ce qui aurait dû provoquer un électrochoc salutaire, au sein de notre administration et de ses élites autoproclamées, laissa tout ce petit monde « de marbre », le même que celui dont on fait les tombes. Ces gens-là, pourtant si instruits, n’auraient-ils pas lu Sun Tzu, ce général chinois qui, au VIème siècle avant Jésus-Christ, écrivait : «Le meilleur savoir-faire n’est pas de gagner cent victoires dans cent batailles, mais plutôt de vaincre l’ennemi sans combattre ». (« L’Art de la guerre »). Les mêmes auraient-ils oublié que nos ancêtres préhistoriques, analphabètes, rivalisaient d’ingéniosité pour fabriquer les armes qui allaient leur permettre de s’approprier les ressources de leurs congénères : la « guerre du feu » n’est pas autre chose que l’un des tout premiers chapitres de la guerre économique. C’est dans cet esprit que, très modestement, je profitai de ma participation à la 43ème session de l’IHEDN (Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale) pour attirer, une fois de plus, l’attention de nos têtes « bien pleines » sur les ravages causés par la « guerre économique » : nous étions alors en 1990, une année charnière particulièrement dense qui vit, tout à la fois, s’effondrer le Mur de Berlin, l’Irak envahir le Koweït et l’URSS imploser. Dans un tel contexte, parler de guerre économique, devant un riche parterre de hauts-fonctionnaires militaires et civils, semblait pour le moins incongru alors que chacun de ces trois événements allaient, au moins provisoirement, tourner la page de la « guerre froide » et redistribuer les cartes politico-économiques entre les deux mondes, capitaliste et communiste. Aux morts des champs de bataille du passé se sont substitués les chômeurs, les SDF et les abonnés aux « Restos du cœur »… Or, si le dernier conflit mondial a coûté la vie à 60 millions de personnes, le nombre de chômeurs, en 2017, est évalué à 200 millions quand celui des individus vivant avec moins de 1,90 dollar par jour est estimé à 800 millions. Et s’il est acquis que l’on ne meurt qu’une fois, en revanche on peut être chômeur ou misérable durant de nombreuses années. Comment ne pas voir que la guerre économique fait autrement plus de victimes que les guerres « conventionnelles » ?… Chez nos militaires, il s’agit là infiniment moins d’un déficit d’intelligence que d’un problème de culture. Si, au lendemain de mon intervention à l’Ecole militaire, je ne pus que me réjouir d’assister à l’éclosion d’une multitude d’organismes étatiques ou parapublics dédiés à la guerre économique et à son corollaire, « l’intelligence économique », force est de constater que, comme toujours, nos élites ne sont jamais parvenues à mettre sur pied une politique et une stratégie agressives communes, chaque Ministère rivalisant d’influence en la matière.
La guerre économique fait rage dans les couloirs des Ministères
Ainsi, voilà qu’après 40 années de tergiversations, en 2013, Claude Revel qui avait été nommée Déléguée interministérielle à l’intelligence économique auprès de Jean-Marc Ayrault, Premier Ministre, fut « éjectée » de son poste le 25 juin 2015 : « Je marchais sans doute un peu trop sur les plates-bandes de Bercy. Les grands corps des finances et des mines ont jugé que mon intervention sur des sujets qu’ils considéraient comme exclusivement les leurs était inopportune. Toute une partie des finances tient à ses prérogatives. Ils se sont sentis dépossédés, ont cru que nous étions un danger pour eux… ». (Le Nouvel Economiste-15/06/2016). C’est donc le 27 janvier 2016, à l’issue du Conseil des Ministres, que l’intelligence économique fut rattachée au Ministère de l’Economie et à la Direction Générale des entreprises. Un comble, quand chacun connaît les deux tares endémiques majeures qui « plombent » la compétitivité de nos entreprises, à savoir, une fiscalité et un niveau de charges sociales démentiels. A moins, bien entendu, que ceci relève d’une stratégie délibérée de Bercy dans le seul but de bloquer toute espèce de réforme : une forme d’ « intelligence administrative », en quelque sorte, une voie dévoyée de l’ « intelligence collective »… Claude Revel (énarque et Sciences Po) le confessait à demi-mot au cours de cette même interview : « Du côté de l’X et de l’ENA, il y a encore bien des logiciels à changer… ». Des hauts-fonctionnaires désintéressés, n’ayant pas d’autre objectif que de servir l’Etat pour le seul bénéfice de l’ensemble des citoyens et des entreprises, il en existe mais ils font rarement carrière. Je pense en particulier à mon ami, le Préfet Rémi Pautrat, ancien patron de la DST et ex-Secrétaire Général Adjoint de la Défense Nationale, qui fut l’un des tout premiers à avoir pris l’exacte dimension de l’intelligence économique : à la différence de tant d’autres, il n’en a jamais fait commerce et ne s’est jamais enrichi…
La faillite de « l’Etat stratège »
Et pendant qu’en France on continue de s’interroger sur « le sexe de l’économie », des pans entiers de nos plus beaux fleurons industriels n’en finissent plus de passer sous pavillon étranger, quand nos plus brillants cerveaux y obtiennent le statut de « réfugié économique ».
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http://www.politiquematin.fr/intelligence-economique-collective-etat-gouvenement-strategie-echecs-35796
2 – Des chercheurs belges lancent un appel pour une interdiction des « Killer robots » (DataNews)
116 scientifiques belges, dont 88 chercheurs en robotique et en intelligence artificielle, lancent un appel au gouvernement de notre pays pour qu’il prévoit une interdiction nationale des armes entièrement autonomes. « Nous ne pouvons pas ouvrir cette boîte de Pandore. Les ‘robots tueurs’ doivent être interdits, avant qu’il ne soit trop tard », préviennent-ils. Aujourd’hui (mercredi) se tient une séance d’audition au sein du Parlement fédéral à propos des armes entièrement autonomes, aussi appelées ‘killer robots’ (robots tueurs). Cette séance est la conséquence d’une résolution, dans laquelle Groen et Ecolo réclament une interdiction préventive de ce genre d’armement. Les robots tueurs sont des systèmes armés capables de sélectionner des cibles et de les attaquer sans contrôle humain significatif. Dans une lettre ouverte, 88 chercheurs en robotique et en intelligence artificielle expriment leurs profonds soucis à propos de ce type d’armement. Ils y affirment que le développement de pareils systèmes armés constitue une menace sérieuse pour le droit international, les droits de l’homme et la dignité humaine. Ils mettent aussi en garde contre une course à l’armement et contre une escalade des conflits. « Nous sommes au bord d’une nouvelle ère: l’automatisation complète des conflits armés et l’externalisation des décisions de vie et de mort à des programmes informatiques. Il est par conséquent essentiel de ne rien créer qui ne puisse par la suite plus être arrêté. Les robots tueurs doivent être interdits, avant qu’il ne soit trop tard », affirment les chercheurs.
Interdiction internationale ?
L’appel lancé par les experts en robotique belges succède à de récentes initiatives comparables au Canada et en Australie, où des scientifiques plaident aussi pour une interdiction des armes complètement autonomes. En août, 116 CEO d’entreprises robotiques et AI (dont Elon Musk) s’étaient déjà prononcés contre les robots tueurs.En 2014 déjà, 125 pays s’étaient concertés à propos des armes capables de déterminer elles-mêmes leurs cibles sur base de l’intelligence artificielle. En novembre, ils se sont de nouveau réunis à Genève, mais n’ont finalement que décidé de poursuivre leurs entretiens diplomatiques. L’organisation des droits de l’homme Human Rights Watch a alors averti que les pas effectués en vue d’une réglementation étaient nettement trop modestes.
« La Belgique doit jouer un rôle en vue »
Selon les scientifiques belges, notre pays doit prendre les devants. « 22 pays au moins veulent entamer des négociations sur une interdiction préventive des robots tueurs. La Belgique doit se rallier à ce groupe et jouer un rôle en vue dans les débats internationaux », affirment les experts en robotique. Et d’indiquer que notre pays a dans le passé déjà joué un rôle de locomotive dans d’autres initiatives en matière de désarmement. « En 1996, la Belgique fut ainsi le premier pays à adopter une interdiction nationale des mines personnelles et en 2006 des munitions à fragmentations. La législation nationale a aussi joué un rôle crucial dans ce genre de négociations internationales. Une enquête IPSOS démontre que 63 pour cent de la population belge sont opposés au développement de robots tueurs. A présent, la Belgique a de nouveau l’opportunité de jouer un rôle de meneur », peut-on encore lire dans la lettre ouverte.
3 – Tsahal s’investit dans le « Big Data » (TTU Online)
L’armée israélienne entend se lancer dans la recherche consacrée au «big data» (données informatiques massives). Jusqu’à présent, Tsahal recourait à cette technologie pour des besoins opérationnels limités. «L’objectif désormais est beaucoup plus ambitieux : il s’agit d’élargir au maximum l’utilisation du big data pour tous nos besoins», affirme un officier Cette technologie a déjà été utilisée pour analyser et déterminer à l’avance le lieu d’explosion des milliers de roquettes tirées par le Hamas vers Israël à partir de Gaza durant la guerre de 2014. Il s’agissait, à l’époque, du premier recours au big data dans des situations réelles de combats. «L’époque du simple logiciel est désormais dépassée. Actuellement, nous sommes en mesure de collecter une énorme masse d’informations, mais le problème est de savoir comment l’exploiter rapidement, afin de pouvoir améliorer notre efficacité opérationnelle», commente l’officier. Parmi les utilisations potentielles du big data, figurent en bonne place les ressources humaines et notamment la sélection des recrues dans un pays où le service militaire obligatoire concerne des dizaines de milliers de jeunes chaque année. Des analyses pointues menées grâce au big data doivent permettre d’améliorer les procédures de sélection des recrues, afin de les affecter aux postes qui leur conviennent le mieux. Mais l’objectif principal demeure l’intégration d’une énorme masse de données dans la gestion quotidienne d’opérations militaires. «Le problème est de fournir cette technologie non seulement à des techniciens, mais aussi à des soldats d’unités combattantes», ajoute l’officier. Selon lui, elle pourrait également être très utile pour effectuer une évaluation plus objective des performances du matériel militaire sur le champ de bataille.